MAITRE M

Les Enseignements du Maitre MORYA

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LA CLEF DE LA THEOSOPHIE

ENSEIGNEMENTS BOUDDHISTES CONCERNANT LE SUJET MENTIONNÉ CI-DESSUS

ENSEIGNEMENTS BOUDDHISTES CONCERNANT LE SUJET MENTIONNÉ CI-DESSUS

 

Question – Quel est l'enseignement du Bouddhisme  au  sujet  de l'Ame ?

Réponse – Cela dépend de ce dont vous parlez : du Bouddhisme populaire, exotérique, ou de ses enseignements ésotériques. Voici la définition exotérique qui se trouve, à ce sujet, dans le Catéchisme Bouddhiste : "L'âme n'est qu'un mot employé par les ignorants pour exprimer une idée fausse. Du moment que le changement s'impose à tout, l'homme n'en est point exclu, et tout ce qui est matériel en lui doit changer. Ce qui est sujet au changement n'est point permanent ; de sorte qu'une chose variable ne peut pas être immortelle. " [111] C'est clair et défini. Mais, lorsque nous en venons à la question de la nouvelle personnalité qui, dans chaque renaissance successive, est une agrégation des "Skandhas" ou des attributs de l'ancienne personnalité ; et lorsque nous  demandons si cette nouvelle agrégation de Skandas est également un être nouveau qui n'a rien retenu de l'être passé voici ce que nous lisons : "Dans un sens, c'est un être nouveau ; dans un autre sens, ce n'en est pas un. Les Skandas se modifient constamment durant cette vie ; car, tandis que l'homme de quarante ans A. B. est identiquement la même personnalité que le jeune homme de 13 ans A. B. , c'est, néanmoins, un être différent par le travail continuel de destruction et de réparation qui a lieu dans son corps et le changement de son intelligence et de son caractère. Pourtant, lorsque l'homme est devenu vieux, il récolte la récompense ou la souffrance qui découle des pensées et des actions qui ont appartenu à la première partie de sa vie. Il en est de même de l'être nouveau qui, à sa renaissance, est bien la même individualité qu'autrefois (mais non la même personnalité), et qui, sous une autre forme, ou sous une nouvelle agrégation de Skandhas, récolte avec justice les conséquences des actions et des pensées de ses existences antérieures. "Voilà de la métaphysique abstruse qui évidemment ne nie en aucune façon la croyance à l'Ame."

Question – Ne se trouve-t-il pas quelque chose de ce genre dans le Bouddhisme Esotérique ? [112]

Réponse – Certainement ; car cet enseignement, appartient tout autant au Bouddhisme Exotérique ou Sagesse secrète, qu'au Bouddhisme Exotérique, philosophie religieuse de Gautama Bouddha.

Question – pourtant, on nous dit clairement que la plupart des Bouddhistes ne croient pas à l'immortalité de l'Ame.

Réponse – En effet, nous n'y croyons pas, si, pour vous, l'Ame représente l'Ego personnel ou l'Ame vivante : – Nephesth. Mais tout Bouddhiste instruit croit à l'individualité ou Ego divin ; et ceux qui n'y croient pas sont dans l'erreur. Ils se trompent tout autant sur ce point que les Chrétiens qui prennent les interpolations théologiques des derniers éditeurs des Évangiles, au sujet de la damnation et du feu de l'enfer, pour les déclarations formelles de Jésus lui-même. Ni Bouddha, ni "Christ" n'écrivirent jamais la moindre chose eux-mêmes, mais tous deux s'exprimèrent en allégories et se servirent de "paroles obscures, " comme le font tous les vrais Initiés, et comme ils continueront à le faire longtemps encore. Ces questions métaphysiques sont traitées avec une grande prudence dans les Écritures Bouddhiste et Chrétienne, qui, l'une et l'autre, pèchent par excès d'exotérisme ; – ce qui fait que la signification de la lettre morte dépasse de beaucoup l'intention dans laquelle elle a été employée.

Question – Voudriez-vous dire que les [113] enseignements de Bouddha et ceux de Christ n'ont point été compris jusqu'ici ?

 Réponse – C'est cela même que je veux dire.  Les Évangiles Bouddhiste et Chrétien furent prêchés, l'un et l'autre, dans un même but. Les deux réformateurs étaient d'ardents philanthropes, des altruistes pratiques, qui prêchèrent, sans le moindre doute, le Socialisme le plus noble et le plus élevé, l'abnégation la plus complète jusqu'au bout. "Que les péchés du monde entier retombent sur moi, afin que je puisse soulager la misère et la souffrance de l'humanité" ! Dit Bouddha !... "Je ne voudrais pas laisser pousser un seul cri qu'il me fût possible d'épargner" ! S'écrie le Prince-mendiant, enveloppé de haillons, rebuts du cimetière.  "Venez à moi, vous tous qui vous fatiguez et êtes pesamment chargés, et moi, je vous donnerai du repos" ; Tel est l'appel fait aux pauvres et aux déshérités par "l'Homme de douleurs" qui n'avait point de place où reposer sa tête. Tous deux enseignent un amour sans bornes pour l'humanité : la charité, le pardon des injures, l'oubli de soi-même et la compassion pour les multitudes bercées d'illusions ; tous deux font preuve du même mépris des richesses, tandis qu'ils n'établissent point de différence entre le mien et le tien. Sans révéler à tous les mystères sacrés de l'Initiation, ils voulaient communiquer aux malheureux ignorants et égarés, pour qui le fardeau  de la vie était trop lourd, suffisamment d'espoir pour leur  faire pressentir [114] quelque chose de la vérité et leur donner la force de supporter les heures les plus pénibles. Mais l'excès de zèle de ceux qui devinrent plus tard leurs partisans, détruisit presque tout le bien que les deux Réformateurs avaient en vue. Les paroles des Maîtres furent mal comprises, mal interprété ; et nous en voyons les conséquences.

Question – Pourtant il faut bien que Bouddha ait nié l'immortalité de l'âme, puisque, non seulement tous les Orientalistes, mais ses  prêtres même l'assurent ?

Réponse – Les Arhats adoptèrent, dès le début, la ligne de conduite de leur Maître ; la majorité des prêtres qui suivirent, n'étaient pas initiés, non plus que dans le Christianisme ; de sorte que, peu à peu, les grandes vérités ésotériques se perdirent presque tout à fait. Un exemple frappant de cette altération s'offre à nous dans le fait que, des deux sectes qui existent à Ceylan, la secte Siamoise croit que la mort est l'annihilation absolue de l'individualité et de la personnalité, tandis que l'autre secte explique Nirvana de la même façon que les Théosophes.

Question – Dans ce cas, pourquoi les deux pôles opposés de cette croyance sont-ils représentés par le Bouddhisme et le Christianisme ?

 Réponse – Parce que le Bouddhisme et le Christianisme ne furent pas prêchés dans les mêmes conditions. Les Brahmines, dans l'Inde, jaloux de conserver pour eux seuls la connaissance supérieure [115] dont ils excluaient toute autre caste que la leur, avaient, de cette façon, conduit des millions d'hommes vers une idolâtrie voisine du fétichisme. Il fallut que Bouddha donnât le coup mortel à cette exubérance d'imagination malsaine et de superstition fanatique, résultat d'une ignorance telle qu'on en a rarement connu de pareille, avant et après cette époque. Pour ceux "qui appellent leurs dieux et ne sont ni entendus ni écoutés... ", pour ceux, qui vivent et meurent dans le désespoir de la pensée, un athéisme philosophique est préférable à un culte ignorant. Avant de pouvoir révéler la vérité, Bouddha eut, d'abord, à arrêter ce torrent boueux de superstition et à déraciner les erreurs. Il ne pouvait pas tout révéler ; pas plus que Jésus, qui rappelle à ses disciples que les mystères du Ciel ne sont pas pour les masses dénuées d'intelligence, mais pour les élus seulement, ce qui "fait" qu'il leur parlait en paraboles (Mat. XIII. 11). Cette même raison de prudence conduisit Bouddha à cacher, une trop grande partie de la vérité. Il refusa même de dire au moine Vacchagotta s'il y a ou s'il n'y a pas d'Ego dans l'homme ; Et, supplié de donner une réponse, "le Grand Saint se renferma dans le silence 14. " [116]

Question – Ceci se rapporte à Gautama ; mais quel rapport y voyez- vous avec les Evangiles ?

Réponse – Lisez l'histoire et réfléchissez. Vers l'époque où les événements rapportés dans les Evangiles sont censés avoir eu lieu, une même  fermentation  intellectuelle  se  faisait  dans  le  monde  civilisé tout  entier, mais avec des résultats contraires, en Orient et en Occident. Les dieux de l'antiquité étaient mourants. Tandis que les classes civilisées, en Palestine, se laissaient entraîner, à la suite des Sadducéens incrédules, dans un dédale de négations matérialistes, s'en tenant uniquement à la lettre morte des pratiques Mosaïques, [117] et qu'à Rome elles se plongeaient dans la dissolution, les classes inférieures et pauvres se jetaient dans la sorcellerie et couraient après des dieux étrangers, ou devenaient des hypocrites et des Pharisiens. L'heure d'une nouvelle réforme spirituelle avait sonné. Le Dieu des Juifs, ce Dieu jaloux, anthropomorphe et cruel, dont les lois sanguinaires réclamaient "l'œil pour œil, et dent pour dent", et exigeaient le sang de l'animal sacrifié, devait être relégué à un rang secondaire, pour faire place au miséricordieux "Père qui est en secret".  Et il fallait que celui-ci fût prouvé être, non point un Dieu extra-cosmique, mais le Sauveur divin que l'homme mortel, le pauvre aussi bien que le riche, porte enfermé dans son propre cœur et dans son Ame. Les secrets de l'Initiation ne pouvaient pas plus être révélés en Palestine que dans l'Inde, de peur qu'en donnant les choses saintes aux chiens, et en jetant les perles devant les pourceaux, le Révélateur et les choses révélées ne fussent foulés aux pieds. Ce fut donc la réticence de Bouddha et celle de Jésus (que celui- ci vécût ou non, à l'époque historique où on l'a placé, il s'abstint également de révéler clairement les Mystères de la. Vie et de la Mort), qui d'un côté, fut la source des négations compléter du Bouddhisme du Sud ; Et qui, d'autre part, conduisit l'Eglise Chrétienne à se séparer en trois parties hostiles, tandis que l'Angleterre Protestante seule compte 300 sectes.

14 Dans le dialogue, traduit de la Samyuttaka Nikaya par Oldenburg, Bouddha donne à Ananda, son disciple initié, qui lui demande la raison de ce silence, une réponse directe et franche : "Si, Ananda, lorsque le moine errant Vacchagotta m'a demandé : "y'a-t-il un Ego ?" J'avais répondu : "L'Ego existe", alors, Ananda, j'aurais confirmé la doctrine des Samanas et des Brahmanas, qui croient à la permanence (de la vie). Si, Ananda, lorsque le moine errant Vacchagotta m'a demandé : "N'y a-t-il point d'Ego ?" J'avais répondu : "L'Ego n'existe pas", alors Ananda, J'aurai confirmé la doctrine de ce qui croient à l'annihilation Si Ananda lorsque le moine errant Vacchagotta m'a demandé : "Y a-il un Ego ?", J'avais répondu : "L'Ego existe" – aurais-je par là atteint mon but, Ananda, et lui aurais- je communiqué la connaissance que toutes les existences (dhamma) ne sont pas l'Ego ? Mais, Ananda, si j'avais répondu : "L'Ego n'existe point", alors, Ananda, je n'aurai réussi qu'à jeter le moine errant Vacchagotta d'une perplexité à l'autre : "Mon Ego n'a-t-il donc pas existé autrefois ? Et à présent il n'est plus !" Ceci démontre mieux que tout, que Gautama Bouddha ne révéla point une métaphysique aussi difficile à la multitude, afin de lui éviter de plus grandes perplexités. Il parlait ici de la différence qui existe entre l'Ego personnel et temporaire et le Soi Supérieur, qui répand sa lumière sur l'Ego impérissable, le "Moi" spirituel de l'homme.

 

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