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Les Enseignements du Maitre MORYA

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LA CLEF DE LA THEOSOPHIE

RÉCOMPENSE ET CHÂTIMENT DE L'EGO

RÉCOMPENSE ET CHÂTIMENT DE L'EGO

 

Question – Je vous ai entendu dire que l'Ego ne subit jamais aucune peine après la mort, quelle qu'ait pu être la vie menée sur la terre par la personne dans laquelle il a été incarné. [193]

Réponse – Jamais (à l'exception de cas extrêmement rares, dont nous ne parlerons pas ici), vu que la nature du "châtiment" ne ressemble en aucune manière à vos conceptions théologiques de la damnation.

 Question – Mais si l'Ego est puni, en cette vie, pour les fautes qu'il a commises dans une vie précédente, c'est encore lui qui doit être récompensé, soit en ce monde, soit à l'état désincarné.

Réponse – Et c'est aussi ce qui arrive. Si nous n'admettons point de punition ailleurs que sur cette terre, c'est parce que le Soi Spirituel ne connaît, après la vie terrestre, absolument aucun autre état que celui d'un bonheur sans mélange.

Question – Qu'est-ce que cela signifie ?

Réponse – Tout simplement que les péchés et les crimes commis sur le plan objectif et dans un monde matériel, ne peuvent pas être punis dans un monde de pure subjectivité. Le paradis et l'enfer ne sont point des localités pour nous ; nous ne croyons pas non plus à l'objectivité d'une géhenne de vers qui ne meurent point, ni à une Jérusalem aux rues pavées de saphirs et de diamants. Mais nous croyons à un état ou à une condition mentale, après la mort, semblable à ce que nous éprouvons durant un rêve lucide. Nous croyons à une loi immuable d'Amour, de Justice et de Miséricorde absolues. Et c'est cette croyance qui nous fait dire :

"Quels que soient le péché et les résultats funestes de la transgression Karmique commise [194] originairement par les Egos 39 incarnés en ce moment, aucun homme (ou aucune forme périodique et matérielle de l'Entité Spirituelle) ne peut, avec la moindre justice, être tenu responsable des conséquences de sa naissance. Il ne demande pas de naître, et il ne choisit pas les parents qui lui donneront la vie. Il est, de toute manière, la victime de son entourage, l'enfant de circonstances sur lesquelles il n'exerce aucun contrôle ; et, si chacune de ses transgressions pouvait être examinée impartialement, il s'y trouverait neuf cas sur dix, dans lesquels il a  été plutôt l'offensé que l'offenseur. La vie n'est autre chose qu'un jeu cruel, une mer houleuse à traverser, [195] un pesant fardeau, souvent trop difficile à porter ; c'est en vain que les plus grands des philosophes ont cherché à découvrir et à approfondir sa raison d'être : – aucun n'y a réussi, excepté ceux qui en possédaient la clef, savoir : les Sages de l'Orient. – La vie, comme le  dit Shakespeare, n'est "… qu'une ombre errante : – un pauvre acteur

Qui s'agite et se démène pendant une heure sur la scène, Et ne reparaît plus ensuite. C'est le récit D'un idiot, récit bruyant et furieux, Mais ne signifiant rien du tout"...

Une vie, prise séparément, n'est rien ; mais une série de vies est de la plus grande importance. Il est sûr que, presque chaque vie individuelle, dans son développement entier, est un chagrin. Et faudrait-il croire que l'homme malheureux et abandonné à lui-même, après avoir été ballotté comme un morceau de bois pourri sur les flots courroucés de la vie, s'il est trop faible pour leur résister, sera voué à la damnation sempiternelle, ou même à un châtiment temporaire ?. Jamais ! Qu'il s'agisse d'un homme ordinaire ou d'un grand pécheur, d'un être bon ou mauvais, coupable ou innocent, lorsqu'une fois le fardeau de la vie physique est déposé,  le Manou ("l'Ego pensant"), fatigué et épuisé, a gagné le droit d'obtenir une période de repos et de bonheur absolus. Cette même Loi, infailliblement sage et juste, plutôt [196] que miséricordieuse, qui inflige à l'Ego incarné le châtiment Karmique de chaque péché commis sur la terre durant sa vie précédente, veille à ce que l'Ego désincarné jouisse d'un long repos, mental, c'est-à-dire de l'oubli complet de chaque événement douloureux, et même de chaque pensée pénible qui ait appartenu à sa dernière personnalité, de façon à ne laisser dans la mémoire de l'âme que la réminiscence de tout ce qui a été heureux ou a pu conduire au bonheur. Plotin, en disant que notre corps est le vrai fleuve de Léthé, "parce que  les âmes qui s'y plongent oublient tout", avait en vue une signification plus profonde que ses paroles. Car, si notre corps terrestre est comme le Léthé, notre corps céleste, en Dévakhan, l'est infiniment davantage.

39 C'est sur cette transgression qu'a été bâti le dogme cruel et illogique des Anges Déchus ; l'explication s'en trouve dans le Vol II de la Doctrine Secrète. Tous nos "Egos" sont des entités pensantes et rationnelles (Manasaputras) qui ont vécu, sous la forme humaine ou sous une autre forme, dans le Cycle de vie (Manvantara) qui a précédé celui-ci, et que leur karma destinait s'incarner dans l'homme de ce Cycle. On enseignait dans les MYSTERES que, ayant tardé à obéir à cette loi (ou ayant "refusé de créer", comme le dit la philosophie Indoue, au sujet des Kumaras, et les légendes chrétiennes, au sujet de l'Archange Michaël), c'est-à-dire ne s'étant pas incarnés à l'époque voulue, les corps qui leur étaient destinés perdirent leur pureté (Voyez Stances VIII et IX des Slokas (le Dzyan, Vol. II de la Doctrine Secrète, p. 19 et 20), d'où provint le péché originel des formes privées d'intelligence, et le châtiment des Egos. Les Anges rebelles précipités en Enfer représentent tout simplement ces Egos ou ces Esprits purs, emprisonnés dans leurs corps de Matière impure, c'est-à-dire de chair.

 

Question – Alors il faut conclure de tout cela que le meurtrier, le transgresseur des lois divines et humaines, sous toutes leurs formes, échappera au châtiment ?

Réponse – Où avez-vous entendu dire cela ? La doctrine de notre philosophie, au sujet du châtiment, est aussi sévère que celle du plus rigide Calviniste ; mais elle est aussi beaucoup plus philosophique, car elle est d'accord avec la justice la plus absolue. Pas une action, non, pas même une seule pensée coupable, n'échappera à la punition qu'elle a méritée ; les pensées sont mêmes punies plus rigoureusement que les actions, car la pensée possède à un bien plus haut degré que l'action [197] la potentialité de créer de mauvais résultats 40.

Nous croyons à KARMA, la loi infaillible de la Rétribution, dont l'exécution se développe par une suite naturelle de causes entraînant des résultats inévitables.

40 "En vérité, je vous dis, que quiconque regarde une femme avec convoitise, a déjà commis adultère avec elle dans son cœur" (Math. v. 28).

 

Question – Mais où, et comment cela a-t-il lieu ?

Réponse – Chaque ouvrier est digne de son salaire, dit la sagesse dans l'Évangile ; chaque action, bonne ou mauvaise, est une mère féconde, dit la Sagesse des Ages. Mettez les deux ensemble et vous trouverez le "pourquoi". Après avoir accordé à l'Ame, échappée aux angoisses de la vie personnelle, une compensation suffisante et même surabondante, Karma, accompagné de son armée de Skandhas, attend au seuil de Dévakhan, d'où l'Ego surgit de nouveau pour recommencer une nouvelle incarnation. C'est le moment où la destinée future de l'Ego, reposé de ses fatigues, vacille dans la balance de la juste Rétribution, car c'est le moment où l'Ego retombe sous l'empire et sous l'action de la loi Karmique. C'est durant cette réincarnation qui attend l'Ego, réincarnation choisie et préparée par cette Loi mystérieuse, inexorable, mais infaillible dans l'équité et la sagesse de ses décrets, que les péchés de la vie précédente de l'Ego seront punis. Ce n'est pas dans un enfer imaginaire, peuplé de flammes théâtrales et de [198] diables ridicules ornés de queues et de cornes, que, l'Ego est jeté, mais bien sur cette terre, sur le plan et dans la région de ses péchés ; c'est là qu'il aura à expier chaque mauvaise pensée et chaque mauvaise action. Il moissonnera ce qu'il a semé. La Réincarnation rassemblera autour de lui tous les autres Egos qui ont souffert directement ou indirectement par sa faute, ou même par l'influence inconsciente de sa dernière personnalité. Ils seront poussés par Némésis sui la route du nouvel homme qui cache l'ancien et éternel Ego, et... .

Question – Mais en quoi consiste l'équité dont vous parlez, puisque ces nouvelles "personnalités" ne savent pas qu'elles ont péché ou qu'elles ont souffert par les péchés d'autrui ?

Réponse – Peut-on dire que l'habit arraché du dos du voleur et mis en lambeaux par l'homme auquel il appartient et qui reconnaît sa propriété, soit traité avec précaution ? La nouvelle "personnalité" n'est pas autre chose qu'un habit neuf, pourvu de sa couleur, de sa forme et de ses qualités spécifiques ; mais l'homme réel qui porte ce vêtement est le coupable d'autrefois.

C'est l'individualité qui souffre par sa "personnalité". Et c'est aussi la seule, l'unique raison, qui puisse expliquer l'injustice terrible,  en apparence seulement, qui préside à la distribution du sort dans la vie humaine. Lorsque les philosophes modernes auront réussi à nous indiquer une bonne raison pour expliquer le fait que tant d'hommes [199] justes et innocents, en apparence, ne sont nés que pour souffrir pendant une vie entière ; Pourquoi tant de malheureux sont, dès leur naissance, voués à la misère, abandonnés du sort et des hommes, dans la  boue  des grandes villes ; pourquoi les uns naissent dans le ruisseau, tandis que les autres ouvrent les yeux à la lumière dans des palais ; pourquoi la fortune et une haute naissance forment souvent l'apanage des êtres les plus pervers, et tombent rarement en partage à ceux qui les mériteraient ; pourquoi il y a des mendiants dont le Soi intérieur est égal à celui des personnages les plus nobles et les plus élevés ; lorsque tout cela, et beaucoup plus encore, aura été expliqué d'une façon satisfaisante par vos philosophes et vos théologiens, alors, mais alors seulement, vous aurez le droit de rejeter la théorie de la Réincarnation. Les plus grands et les premiers des poètes ont vaguement compris cette vérité des vérités ; Shelley y a cru, et Shakespeare doit l'avoir eue dans sa pensée, lorsqu'il s'exprima en ces termes, au sujet de l'insignifiance de la Naissance :

 "Pourquoi ma naissance retiendrait-elle mon esprit qui s'élève ?

Toutes les créatures ne sont-elles pas soumises au temps ?

Il y a, à présent, sur la terre, des légions de mendiants Qui,  dans  leur  origine,  sont  de  descendance Royale,

[200]

Et bien des monarques aussi dont les pères Furent le rebut de leur époque... "

Remplacez le mot de "pères" par celui d' "Egos", et vous aurez la vérité.

 

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