MAITRE M

Les Enseignements du Maitre MORYA

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LA CLEF DE LA THEOSOPHIE

DIEU A-T-IL LE DROIT DE PARDONNER ?

DIEU A-T-IL LE DROIT DE PARDONNER ?

 

Réponse – Je parle de la Doctrine de l'Expiation, ce dogme dangereux auquel vous croyez, et qui enseigne que, quelle que soit l'énormité de nos crimes contre les lois divines et humaines, si nous croyons seulement au sacrifice offert par Jésus pour le salut du genre humain, son sang effacera tout. Il y a vingt ans que je prêche contre ce dogme, et je vais vous citer, à ce  sujet,  un  paragraphe d'Isis  Dévoilée, écrit en  1876.  Voici  ce  que  le Christianisme enseigne, et ce que nous combattons : "La miséricorde de Dieu est insondable et illimitée. II est impossible de concevoir un péché humain assez condamnable, pour que le prix payé à l'avance pour la rédemption du pécheur ne soit pas suffisant pour l'effacer, fût-il même mille fois [315] pire. Ensuite, il n'est jamais trop tard pour se repentir. Quand bien même le coupable attendrait, jusqu'à la dernière heure du dernier jour de sa vie mortelle pour prononcer, de ses lèvres pâlies, la confession de foi, il pourrait aller au paradis ; le larron mourant l'a fait, et d'autres aussi mauvais que lui peuvent suivre son exemple. Telles sont les assertions de l'Église et du Clergé, assertions que les prédicateurs les plus en vogue en Angleterre lancent à la tête de vos compatriotes, en pleine "lumière du XIXème siècle", cet âge du paradoxe par excellence. Et à quoi cela mènerait-il ?

Question – Cela ne contribue-t-il pas à rendre le Chrétien plus heureux que le Bouddhiste ou le Brahmine ?

Réponse – Nullement ; – et surtout pas les hommes cultivés, dont la majorité a, de fait, perdu depuis longtemps toute croyance en ce dogme cruel ; mais je ne connais rien au monde qui conduise plus facilement ceux qui y croient, jusqu'au seuil de tous les crimes imaginables. Permettez-moi de vous citer Isis dévoile, encore une fois (voy. vol. II, pages 542 et 543) :

"Si, sortant du petit cercle des credos divers, nous considérons l'univers comme un ensemble équilibré  par le parfait accord de toutes ses parties, combien toute logique saine, combien même le plus faible sentiment de Justice se révolte alors contre  cette  Expiation Médiatrice ! Si le [316] criminel ne péchait que contre lui-même, et ne faisait de tort qu'à lui-même ; si, par une repentance sincère, il pouvait réussir à effacer les événements passés, non seulement de la mémoire de l'homme, mais aussi de ce registre impérissable que les plus suprêmes d'entre les déités suprêmes n'ont pas le pouvoir de faire disparaître – ce dogme ne serait peut- être pas incompréhensible. Mais ce qui est inouï, c'est de soutenir que l'on peut faire du tort à son prochain, tuer, bouleverser l'équilibre de la société et l'ordre naturel des choses, et puis, soit par lâcheté, par espoir, ou par contrainte, peu importe – obtenir l'impunité, en croyant qu'un sang répandu efface un autre sang répandu ! Les résultats d'un crime peuvent-ils être effacé, même si le crime est pardonné ? Les effets d'une cause ne sont jamais retenus dans les limites du domaine de  cette cause, et les résultats d'un crime ne se bornent pas à influencer le coupable et sa victime. Chaque bonne action, comme chaque mauvaise action, a des  effets, aussi sûrement qu'une pierre jetée dans l'eau calme. Cette comparaison n'est pas nouvelle ; mais nous l'emploierons, parce que c'est la meilleure que l'on puisse concevoir. Les cercles qui vont en tournoyant seront d'autant plus grands et plus rapides que l'objet qui les a causés est plus ou moins grand, mais le plus petit caillou, et même le moindre grain de poussière, produit des ondulations. Et ce n'est pas seulement à la surface de [317] l'eau que cette perturbation est visible ; en dessous, bien qu'invisiblement, à l'intérieur comme à l'extérieur, dans toutes les directions, chaque goutte pousse une autre goutte, jusqu'à ce que la force qui agit ait atteint les côtés et le fond. De plus, l'air, au-dessus de l'eau, est agité à son tour ; et cette perturbation, dit la physique, passe dans l'espace de couche en couche, pour toujours et à l'infini. Une impulsion a été donnée à la, matière ; elle ne peut pas être perdue, et elle  ne  peut  jamais être rappelée !... Il en est de même du crime, et de son contraire. Une action peut être instantanée ; les effets en sont éternels. Lorsque après avoir lancé une pierre dans l'étang, il nous sera possible de la reprendre dans la main, de faire retourner les rides du courant, d'anéantir la force qui a été mise en mouvement, de ramener les ondes éthériques à leur état antérieur de non-être, et d'effacer ainsi toute trace de l'acte par lequel l'objet a été déplacé, de sorte que le registre du Temps ne conserve aucune preuve que la chose ait jamais eu lieu ; alors, mais alors seulement, nous pourrons écouter patiemment les Chrétiens défendre l'efficacité de cette "Expiation" et cesser nous-mêmes de croire à la loi Karmique. Mais, pour le moment, nous en appelons au monde entier pour décider laquelle des deux doctrines semble plus digne de la justice divine, et laquelle est la plus raisonnable, au simple point de vue de la logique humaine. " [318]

Question – Et pourtant des millions de personnes croient au dogme chrétien et sont heureuses.

Réponse – Parce que leurs facultés pensante y sont complètement envahies par une pure sentimentalité qu'un véritable philanthrope ou Un altruiste n'acceptera jamais ; ce n'est pas même un rêve d'égoïsme, mais bien plutôt un cauchemar de l'intelligence humaine.

"Voyez plutôt où cela mène, et trouvez-moi le nom d'une contrée païenne où les crimes soient plus nombreux et se commettent plus facilement que dans les pays chrétiens. Parcourez la longue et effrayante statistique annuelle des crimes qui ont lieu en Europe ; et contemplez l'Amérique protestante et biblique. Là, il s'effectue plus de conversions dans les prisons qu'il ne s'en fait par la prédication et les "revivals" publics. Et observez la balance de la justice (!) chrétienne : des meurtriers, aux mains sanglantes, poussés par les démons de la volupté, de la vengeance, de la cupidité, du fanatisme, ou simplement par une soif bestiale de sang, tuent leurs victimes, ne leur laissant d'ordinaire ni le temps de se repentir ni celui de s'adresser à Jésus. Ces victimes meurent peut-être  dans le péché, et il va sans dire que, d'après la logique de la Théologie, elles recevront le salaire dû à leurs offenses plus ou moins graves. Mais le meurtrier, saisi par la justice humaine, est emprisonné les sentimentalistes pleurent sur lui, prient avec lui et pour lui ; il prononce [319] les paroles magiques de la conversion, et il monte sur l'échafaud, en enfant racheté de Jésus ! Sans le meurtre, on n'aurait pas prié avec lui, il n'aurait été ni sauvé ni pardonné. Il est évident que cet homme a bien fait de tuer, car il a gagné par-là le bonheur éternel ! Mais que devient la victime, sa famille, ses parents et tous ceux qui dépendaient d'elle ? La justice n'a-t-elle aucune compensation à leur offrir ? Sont-ils condamnés à souffrir en ce monde et dans l'autre, tandis que celui qui leur a fait tort a rejoint le "bon larron" du Calvaire et jouit de la béatitude éternelle ? Le clergé se tait prudemment sur ce sujet. " (Isis Dévoilée). Voilà pourquoi les Théosophes repoussent ce dogme ; car ils croient et espèrent fermement que la Justice règne pour tous, au ciel comme sur la terre, ils croient en KARMA.

 Question – La destinée finale de l'homme ne serait donc pas un ciel où Dieu préside, mais bien la transformation graduelle de la matière en son élément primordial, l'Esprit ?

Réponse – C'est, en effet, vers ce but que tend la nature entière.

Question – Mais n'y a-t-il pas des personnes parmi vous qui considèrent cette "chute de l'esprit dans la matière" comme un mal et la renaissance comme une affliction ?

Réponse – Il y en a qui pensent ainsi et qui, par conséquent, s'efforcent de rendre moins longue la durée de leur temps d'épreuve sur la terre. [320] Ce mal, pourtant, a son utilité ; puisque nous gagnons ainsi l'expérience qui nous conduit à la Connaissance et à la Sagesse. Je parle de cette expérience qui nous enseigne que notre nature, spirituelle ne peut jamais être satisfaite : autre chose que par un bonheur spirituel. Aussi, longtemps que nous habitons un corps, nous sommes sujets à la douleur, à la souffrance et à toutes les déceptions de la vie ; et c'est pour y remédier que nous réussissons à acquérir enfin la Connaissance qui seule peut nous en affranchir et y nous faire espérer un avenir meilleur.

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