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Les Enseignements du Maitre MORYA

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LA CLEF DE LA THEOSOPHIE

RAPPORTS DE LA SOCIÉTÉ THÉOSOPHIQUE AVEC LES RÉFORMES POLITIQUES

RAPPORTS DE LA SOCIÉTÉ THÉOSOPHIQUE AVEC LES RÉFORMES POLITIQUES

 

Question – La Société Théosophique n'est donc pas une organisation politique ?

Réponse – Non, certes ; c'est une organisation essentiellement internationale, qui compte parmi ses membres des hommes et des femmes de toutes les races, de toutes les croyances, et de toutes les opinions possibles, unis pour travailler dans un seul et même but : l'avancement de l'humanité. Mais, comme Société, nous n'appartenons à aucun [328] parti politique, à aucune forme de politique nationale.

Question – Et pourquoi ?

Réponse – Précisément pour les raisons que je viens de vous donner. Ensuite toute action politique doit nécessairement varier d'après les circonstances de l'époque et les tendances des individus ; et tandis qu'il est de la nature même de la position des Théosophes, comme membres de la S. T. , d'être d'accord sur les principes de la Théosophie (sans cela ils ne feraient pas partie de la Société), il ne s'en suit pas qu'ils soient d'accord sur tous les autres sujets. Comme Société, ils ne peuvent agir ensemble qu'en ce qui concerne l'intérêt qui leur est commun à tous, c'est-à-dire la Théosophie ; comme individu, chacun d'eux est parfaitement libre de suivre sa propre ligne de conduite et d'opinion publiques, pourvu qu'il ne fasse rien de contraire aux principes de la Théosophie et qu'il ne cause aucun tort à la Société Théosophique.

Question – Mais là S. T. n'est sûrement pas indifférente aux questions sociales, dont l'importance augmente de jour en jour ?

Réponse – Les principes mêmes de la S. T. sont une preuve de l'intérêt qu'Elle (ou plutôt la plupart de ses membres) ne peut manquer de porter à ces questions. Si le développement intellectuel et spirituel de l'humanité dépend, avant tout, de l'exécution des lois physiologiques les plus raisonnables [329] et les plus scientifiques, il en résulte que le devoir obligatoire de tous ceux qui travaillent à ce développement est de faire tous leurs efforts pour obtenir que ces lois soient mises en pratique autant que possible. Tous les Théosophes ne savent que trop bien que, surtout dans  les  contrées  occidentales,  la  condition  sociale  des  masses rend impossible l'éducation des corps et des esprits, dont le développement, par ce fait même, se trouve entravé. Or, cette éducation et ce développement formant un des objets les plus sérieux de la Théosophie, la S. T. est en parfaite sympathie, en parfaite harmonie, avec tous les efforts véritables qui se dirigent vers ce but.

Question – Mais qu'appelez-vous "des efforts véritables" ? Tout réformateur social a sa "panacée" particulière qu'il croit être la meilleure de toutes, et la seule qui puisse redresser et sauver l'humanité.

Réponse – C'est parfaitement vrai ; et voilà pourquoi toute œuvre sociale rapporte si rarement des résultats vraiment satisfaisants. La plupart de ces panacées ne sont pas dirigées par un principe véritable, et il n'existe certes aucun principe qui les relie entre elles. De cette façon, se perdent une énergie, un temps précieux ; car, au lieu d'agir d'un commun accord, les hommes luttent les uns contre les autres ; et le but de ce conflit est souvent, hélas ! la soif de la renommée et le désir d'une récompense, plutôt que la grande [330] cause qu'ils disent avoir à cœur et qui devrait occuper la première place dans leur vie.

Question – Et de quelle façon faudrait-il donc mettre en pratique les principes de la Théosophie pour obtenir une coopération sociale, ainsi que de véritables efforts vers une amélioration sociale ?

Réponse – Permettez-moi de vous rappeler en peu de mots quels sont ces principes : l'unité et la, causalité universelles ; la solidarité humaine ; la Loi de Karma ; la Réincarnation. Tels sont les quatre chaînons de la chaîne d'or qui doit unir l'humanité en une seule famille, en une seule Fraternité Universelle.

Question – Et comment ?

Réponse – Dans l'état actuel de la société, et surtout dans les contrées soi-disant civilisées, il est un fait que nous sommes sans cesse forcés de constater : les victimes de la misère, de la pauvreté et de la maladie, sont nombreuses ; leur condition physique est misérable, et leurs facultés mentales et spirituelles sont, bien souvent, à peu près endormies. D'autre part, à l'extrémité opposée de l'échelle sociale, beaucoup de personnes passent leur vie dans une indifférence nonchalante, entourées de luxe matériel et de jouissances égoïstes. Ces deux sortes d'existence ne sont point dues au hasard, mais sont, l'une et l'autre, les suites des conditions dans lesquelles se trouvent ceux qui les mènent ; de sorte que la négligence du devoir social, qui a eu lieu d'un côté, est étroitement [331] unie au développement entravé et arrêté que l'on observe de l'autre côté. La sociologie, comme toutes les branches de la science véritable, est soumise à la loi de la causalité universelle. Mais le résultat logique de cette causalité est nécessairement, la solidarité humaine prêchée avec tant de force par la Théosophie. Si l'action d'une personne réagit sur la vie de tous (et telle est la vraie idée scientifique), il faut que tous les hommes soient frères, que toutes les femmes soient sœurs, et que cette véritable fraternité soit pratiquée journellement dans leur vie, pour que l'on puisse une fois arriver à la réelle Solidarité humaine, qui est la racine même de l'élévation de la race. C'est cette action réciproque, cette vraie fraternité par laquelle chacun vivra pour tous et tous vivront pour chacun, qui constitue un des principes fondamentaux de la Théosophie – principe que chaque Théosophe devrait, non seulement enseigner, mais aussi mettre en pratique dans sa vie individuelle.

Question – Tout cela est fort beau, comme principe en général ; mais comment en obtiendrez-vous l'application d'une manière définie ?

Réponse – Veuillez, pour un moment, jeter les yeux sur ce que vous appelez les faits définis de la société humaine. Comparez la vie, non seulement des masses du peuple, mais d'une partie de ce que l'on nomme la classe moyenne et la classe supérieure, avec ce qu'elle pourrait être dans des [332] conditions plus nobles et plus saines, sous un régime de justice, de bienveillance et d'amour, au lieu de l'égoïsme, de l'indifférence et de la brutalité qui, à présent, ne semblent que trop souvent l'emporter. Les racines de tout ce qu'il y a de bon et de mauvais dans l'humanité, se trouve dans le caractère humain ; et ce caractère est et a, été conditionné par la chaîne sans fin des causes et des effets. Mais cette condition s'applique aussi bien à l'avenir qu'au présent et au passé. Il est impossible que l'égoïsme, l'indifférence et la brutalité constituent l'état normal de la race  ; – pour croire cela, il faudrait désespérer de l'humanité ; et voilà ce qu'aucun Théosophe ne peut faire. On ne peut atteindre au progrès, que par le seul développement des qualités les plus nobles. Or, l'évolution véritable nous enseigne que, par les changements apportés à l'environnement d'un organisme, il nous est possible d'améliorer cet organisme – ce qui est aussi strictement vrai, en ce qui concerne l'homme. Le devoir de chaque Théosophe est, par conséquent, de soutenir par tous les moyens qu'il a en son  pouvoir,  chaque  effort  social  dirigé  avec intelligence vers le but d'améliorer la condition des pauvres, c'est-à-dire vers le but final d'obtenir leur émancipation sociale, ou vers le développement du sentiment du devoir chez ceux qui maintenant le négligent si souvent, à peu près dans toutes les relations de la vie. [333]

Question – Parfaitement. Mais qui décidera de la sagesse ou du manque de sagesse d'un effort social ?

Réponse – Aucune personne, aucune société ne peut se prononcer définitivement à cet égard ; il faut s'en remettre, pour une bonne part, au jugement individuel. Il est, néanmoins, une règle générale qui pourra servir de pierre de touche.

L'action que l'on se propose contribuera-t-elle à l'avancement de cette vraie fraternité dont la réalisation est le but même de la Théosophie ? Il ne sera pas fort difficile à tout sincère Théosophe d'en juger ; une fois satisfait sur ce point, il sera de son devoir de chercher à diriger l'opinion publique vers ce but. Et l'on ne peut obtenir un tel résultat qu'en répandant partout ces nobles et hautes conceptions des devoirs publics et privés, qui forment la racine de tout progrès spirituel et matériel. De toute façon, il doit être lui-même un centre d'action spirituelle, et c'est de lui et de sa vie individuelle, de sa vie de tous les jours, que doivent rayonner ces forces supérieures et spirituelles par le concours desquelles seules peut s'effectuer la régénération de ses semblables.

Question – Mais pourquoi ferait-il cela ? N'enseignez-vous pas que tous (lui et les autres) sont soumis aux conditions de leur Karma, et que Karma doit nécessairement s'accomplir d'une certaine manière ?

Réponse – C'est précisément sur cette loi de [334] Karma que j'ai basé tout ce que je viens de dire. L'individu ne peut pas plus se séparer de la race, que la race de l'individu. La loi de Karma s'applique à tous, bien que tous ne soient pas également développés. Le Théosophe, en travaillant au développement des autres, croit non seulement les aider à achever leur Karma, mais il croit aussi exécuter le sien propre, dans le sens le plus strict. Ce qu'il a en vue, c'est le développement de l'humanité dont lui et eux constituent des parties intégrales ; et il sait que s'il ne répond pas à ce qu'il y a de plus éclairé en lui-même, il retardera par là, non seulement son progrès personnel, mais celui de tous. II peut, par des actions, rendre plus facile ou plus difficile la marche de l'humanité vers le plan suivant et supérieur de l'être.

Question – Comment cela s'accorde-t-il avec la Réincarnation, le quatrième principe que vous avez mentionné ?

Réponse – Il existe un rapport intime entre ces deux points. Si notre vie présente dépend du développement de certains principes, qui ont pour germes ce qui est resté d'une existence passée, cette loi peut s'appliquer également à l'avenir. Si l'on saisit une fois l'idée que la Causalité Universelle n'est pas seulement présente, mais passée, présente et future – chaque action de notre plan actuel retombera facilement et naturellement à sa vraie place et sera aperçue dans sa vraie relation avec les autres et avec nous-mêmes. Chaque action [335] égoïste et méprisable nous fait rétrograder, au lieu d'avancer ; tandis que chaque noble pensée et chaque acte d'abnégation forment les degrés qui conduisent aux plans plus élevés et plus glorieux de l'échelle de l'être. S'il n'y avait que cette vie seulement, elle serait pauvre et misérable sous bien des rapports ; mais, si nous la considérons comme la préparation de la sphère d'existence qui va suivre, nous pourrons en faire une porte d'or par laquelle nous passerons, non pas seuls, en égoïstes, mais avec nos semblables, pour nous diriger vers les palais de l'Au-delà.

Question – Le plus haut idéal de la Théosophie consiste-t-il en une égale justice pour tous, jointe à l'amour pour toutes les créatures ?

Réponse – Non ; il y a un idéal infiniment plus élevé.

Question – Qu'est-ce que cela peut être ?

 

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