MAITRE M

Les Enseignements du Maitre MORYA

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LA DOCTRINE SECRETE VOL 1

STANCE II — L'IDEE DE DIFFERENTIATION

STANCE II — L'IDEE DE DIFFERENTIATION

 

§ 1. – Où étaient les Constructeurs, les Fils Lumineux de l'Aurore Manvantarique (a) ? Dans les Ténèbres Inconnues, dans leur Ah-hi 191 Paranishpanna. Les Producteurs de la Forme 192, depuis la Non-Forme 193 – la Racine du Monde – Dévamâtri 194, et Svabhâvat reposaient dans la Félicité du Non-Etre (b).

191 Chôhanique, Dhyâni-Buddhique.

192 Rupa.

193 Arupa.

194 "La Mère des Dieux", Aditi, ou l'Espace Cosmique. Dans le Zohar elle s'appelle Séphira, la mère des Séphiroth, et Shekinah, dans sa forme primordiale, in abscondito.

 

(a)    Les "Constructeurs", les "Fils de l'Aurore Manvantarique" sont les vrais créateurs de l'Univers et dans cette doctrine, qui ne s'occupe que de notre Système Planétaire, ils sont ainsi appelés, en leur qualité d'architectes de ce système, les "Veilleurs" des Sept Sphères, qui, exotériquement, sont les sept planètes et, ésotériquement, les sept mondes ou sphères (Globes) de notre Chaîne. La phrase qui, au début de la Stance I, mentionne les "Sept Eternités", s'applique en même temps au Mahâkalpa, ou (Grand) "Age de Brahmâ", au Pralaya Solaire, et à la résurrection subséquente de notre Système Planétaire sur un plan plus élevé. Il y a de nombreuses sortes de Pralaya (dissolution d'une chose visible), comme on le montrera ailleurs.

(b)     Il faut se rappeler que le "Paranishpana" est le summum bonum, l'Absolu, donc la même chose que Paranirvâna. C'est non seulement l'état final, mais encore cette condition de subjectivité qui, sur son propre plan, n'a de relation avec rien si ce n'est avec l'Unique Vérité Absolue (Paramârthasatya). C'est cet état qui conduit à apprécier correctement la pleine signification du Non-Etre, qui, comme on l'explique, est l'Etre Absolu. Tôt ou tard, tout ce qui, maintenant, paraît exister, sera en réalité et en fait dans l'état de Paranishpana. Mais il y a une grande différence entre l'Etre conscient et l'Etre inconscient. La condition de Paranishpanna sans Paramârtha la Conscience qui s'analyse elle-même (Svasamvédâna) n'est pas la félicité, mais simplement [I 32] l'extinction pendant Sept Eternités. Par exemple, si on place une boule de fer sous les rayons brûlants du soleil, la chaleur la pénétrera, mais elle ne sentira ni n'appréciera la chaleur, tandis qu'un homme le fera. Ce n'est qu'avec un esprit clair non assombri par la Personnalité, et avec une assimilation du mérite de multiples existences dévouées à l'Etre dans sa collectivité [tout l'Univers vivant et sentant]", que l'on se débarrasse de l'existence personnelle et que l'on se mêle à cet Absolu 195, tout en restant dans la pleine possession de Paramârtha.

 

STANCE II (2)

 

§ 2. – Où était le Silence ? Où se trouvaient les oreilles pour le percevoir ? Non, il n'y avait ni Silence ni Son (a) rien que le Souffle Eternel 196 qui ne cesse jamais, ne se connaît pas lui-même (b).

195 Donc le Non-Etre est "L'EXISTENCE ABSOLUE" dans la Philosophie Esotérique. Dans les enseignements de cette dernière, Adi-Buddha même (la Sagesse Première ou Primordiale) est, en un sens – pendant qu'elle est manifestée – une illusion, Mâyâ, puisque tous les dieux, y compris Brahmâ, doivent mourir à la fin de l'âge de Brahmâ l'abstraction, nommée Parabrahman – que nous l'appelions Ain Suph, ou, avec Herbert Spencer, l'Inconnaissable – est l'Unique Réalité Absolue. L'Existence Unique, sans Seconde, est Advaïta ("sans Seconde") et tout le reste est Mâyâ tel est l'enseignement de la Philosophie Advaïta.

196 Mouvement.

 

(a)    L'idée que les choses peuvent cesser d'exister sans cesser D'ETRE est fondamentale dans la psychologie de l'Orient. Sous cette contradiction apparente de termes, il y a un fait de la Nature, qu'il est plus important de saisir par le mental que d'en discuter les mots. Un exemple vulgaire d'un paradoxe semblable nous est donné dans une combinaison chimique. La question n'est pas encore résolue de savoir si l'hydrogène et l'oxygène cessent d'exister lorsqu'ils se combinent pour former l'eau : les uns disent que, puisqu'on les retrouve lorsque l'eau est décomposée, il faut qu'ils y aient été tout le temps d'autres prétendent que, puisqu'ils se transforment à ce moment en quelque chose entièrement différent, il faut qu'ils cessent d'exister, comme tels, pendant ce temps mais ni les uns ni les autres n'ont pu former la moindre conception de la condition actuelle d'une chose, qui est devenue autre, et qui, pourtant n'a pas cessé d'être elle-même. Pour l'oxygène et l'hydrogène, l'existence – comme eau – peut être appelée un état de Non-Etre, qui est un "Etre plus réel" [I 33] que leur existence comme gaz, et cela peut faiblement symboliser la condition de l'Univers lorsqu'il s'endort, ou cesse d'être, durant les Nuits de Brahmâ – pour se réveiller   et   réapparaître    lorsque   l'aurore   du   nouveau   Manvantara    le rappelle à ce que nous appelons l'existence.

(b)        Le "Souffle" de l'Existence-Unique est une expression que l'Esotérisme Archaïque n'emploie qu'en ce qui concerne l'aspect spirituel de la Cosmogonie dans les autres cas, elle le remplace par son équivalent sur le plan matériel – le Mouvement. L'Elément Unique Eternel, ou Véhicule contenant l'élément, est l'Espace, l'espace qui est sans dimensions dans tous les sens : avec quoi coexistent la Durée sans Fin, la Matière Primordiale (et par conséquent indestructible), et le Mouvement – le "Mouvement Perpétuel" Absolu, qui est le "Souffle" de l'Elément "Unique". Ce souffle, comme on l'a vu, ne peut jamais cesser, pas même pendant les Eternités Pralayiques.

Mais le nom de "Souffle de l'Existence Unique" ne s'applique cependant pas à la Cause Une sans Cause, ou "Tout-Etreté", par opposition au Tout-Etre", qui est Brahmâ ou l'Univers. Brahmâ, le dieu aux quatre faces, qui, après avoir tiré la Terre des eaux, "accomplit la création" – est tenu pour la Cause Instrumentale seulement, ce  qui implique clairement qu'on ne le considère pas comme la Cause Idéale. Aucun Orientaliste, jusqu'ici, ne paraît pas avoir complètement compris le sens réel des versets qui traitent de la "création" dans les Purânas.

Brahmâ y est la cause des pouvoirs qui doivent être plus tard générés pour l'œuvre de la "création". Par exemple, dans le Vishnu Purâna 197, cette partie de la traduction qui dit : "Et de lui procèdent les pouvoirs  qui doivent être créés après qu'ils sont devenus la cause réelle", serait peut-être mieux rendue ainsi : "Et de CELA procèdent les pouvoirs qui créeront en devenant la cause réelle [sur le plan matériel]." A l'exception de cette Cause Unique (sans Cause) et Idéale, il n'est pas de cause à laquelle on puisse rapporter l'Univers. "Cette cause est le plus parfait des ascètes, et c'est par son pouvoir (par le pouvoir de cette cause), que tout ce qui est créé se développe par la nature qui lui est propre on inhérente." Si, "dans le Védânta et le Nyâya, nimitta est la cause efficiente opposée à Upâdâna, la cause matérielle (et), dans le Sânkhya, pradhâna implique les fonctions des deux réunies" ; dans la Philosophie Esotérique, qui réconcilie tous ces systèmes et dont la meilleure interprétation est le Védânta telle qu'il est expliqué  par  les  Védântistes  Advaïtistes,  [I 34]  on  ne  peut  faire de spéculations que sur l'oupâdâna. Ce que les Vaïshnavas (partisans du Visishthadvaïtisme) tiennent pour l'idéal, par opposition au réel – ou Parabrahman et Ishvara – ne peut trouver place dans aucune spéculation publiée, puisque cet idéal même est un terme trompeur lorsqu'il s'applique à ce qu'aucune raison humaine, pas même celle d'un Adepte ne peut concevoir.

Se connaître soi-même nécessite que la conscience et la perception soient connues, et ces deux facultés sont limitées par rapport à n'importe quel sujet, sauf Parabrahman. C'est pourquoi l'on dit que "le Souffle Eternel ne se connaît pas". L'Infini ne peut comprendre le Fini. Le sans Bornes ne peut avoir de relations avec le Borné et le Conditionné. Dans la donnée Occulte, l'Inconnu et le MOTEUR Inconnaissable, ou le Soi- Existant c'est l'Essence Divine Absolue. Et du moment que c'est la Conscience Absolue et le Mouvement Absolu – pour les sens limités de ceux qui essaient de décrire ce qui est indescriptible – c'est l'inconscience et l'immuabilité. La conscience concrète ne peut être l'attribut de la conscience abstraite, pas plus que le mouillé n'est une qualité inhérente à l'eau – l'humidité est son propre attribut et la cause de la qualité humide en d'autres choses. Conscience implique limitations et qualifications : quelque chose dont il y ait à être conscient, et quelqu'un pour en être conscient. Mais la Conscience Absolue contient celui qui connaît, la chose connue et la connaissance ; les trois choses sont à la fois en elle et ne font qu'un. Nul n'est conscient que de la partie de sa connaissance qui peut, à un moment donné, être rappelée à son mental mais le langage humain est si pauvre que nous n'avons pas de termes pour distinguer la connaissance que nous n'évoquons pas de celle que nous ne pourrions pas rappeler à la mémoire. Oublier est synonyme de ne pas se souvenir. Combien plus difficile nous est-il, dès lors, de trouver des termes pour décrire et distinguer les faits métaphysiques abstraits, et leurs différences ! Il ne faut pas oublier, non plus, que nous nommons les choses selon les apparences qu'elles présentent pour nous. Nous appelons la Conscience Absolue "inconscience" parce qu'il nous semble qu'il doit en être nécessairement ainsi de même que nous appelons l'Absolu "Obscurité", parce que, à notre compréhension finie, cela semble absolument impénétrable mais nous reconnaissons pleinement que notre perception de ces choses ne leur rend pas justice. Nous distinguons involontairement dans notre mental, par exemple, entre la Conscience Absolue inconsciente, et l'Inconscience, en donnant secrètement à la première une certaine qualité indéterminée qui correspond, sur un plan plus élevé que celui que nos pensées peuvent atteindre [I 35] avec ce que nous connaissons comme la conscience en nous-mêmes. Mais ce n'est pas là un genre de conscience que nous puissions distinguer de ce qui nous apparaît comme inconscience.

 

STANCE II (3)

 

§ 3. – L'Heure n'avait pas encore sonné ; le Rayon n'avait pas encore jailli dans le Germe (a) ; la Mâtripadma198 ne s'était pas encore gonflée (b).

198 Le Lotus-Mère.

199 Terme peu poétique, mais très expressif.

 

(a)    Le "Rayon" du "Toujours Obscur" devient, dans son émission, un Rayon de Lumière rayonnante ou de Vie, et pénètre dans le "Germe" – le Point dans l'Œuf du Monde 199, représenté par la Matière dans son sens abstrait. Mais il ne faut pas appliquer ce terme (le Point) à un point particulier de l'Espace, car un germe existe dans le centre de chaque atome, et ceux-ci, collectivement, forment "le Germe" ou plutôt, comme aucun atome ne peut être rendu visible à notre œil physique, leur collectivité (si on peut appliquer ce terme à quelque chose qui est sans bornes et infini) forme le noumène de la Matière éternelle et indestructible.

(b)    L'une des formes symboliques du Double Pouvoir Créateur dans la Nature (la matière et la force sur le plan matériel) est "Padma",  le nénuphar de l'Inde. Le Lotus est le résultat de la chaleur (feu), et de l'eau (vapeur ou éther) – le feu représentant dans tout système philosophique et religieux, même dans le christianisme, l'Esprit de la Divinité200, le principe actif, mâle, générateur et l'éther ou l'âme de la matière, la lumière du feu, représentant le principe féminin, passif, dont tout a émané dans cet Univers. Par conséquent, l'éther ou l'eau est la Mère, et le feu est le Père. Sir William Jones – et avant lui la botanique archaïque – démontra que la graine de Lotus contient – même avant sa germination – des feuilles parfaitement formées, véritable miniature de la plante qui en sortira après complet développement : la nature nous donnant ainsi un exemple de la préformation de ses, produits... car les semences de tous les phanérogames ont des fleurs qui contiennent une petite plante embryonnaire déjà formée 201. Cela explique la phrase "La Mâtri-Padma n'avait pas encore gonflé", car la forme est [I 36] ordinairement sacrifiée, dans la symbologie archaïque, à l'idée mère ou intérieure. Le Lotus, ou Padma est, en outre, un symbole favori, très ancien du Kosmos, et aussi de l'homme. Les raisons populaires qui en sont données sont : d'abord, le fait que l'on vient de citer, que la semence du Lotus contient en elle une miniature parfaite de la plante future, ce qui est typique du fait que les prototypes spirituels de toutes choses existent dans le monde non matériel, avant que ces choses soient matérialisées sur la terre ensuite, l'autre fait que la plante du Lotus pousse dans l'eau, ayant ses racines dans l'Ilus ou la boue et étendant sa fleur dans l'air qui est au-dessus. Le Lotus est ainsi le type de la vie de l'homme et de celle du Kosmos car la DOCTRINE SECRETE enseigne que les éléments des deux sont les mêmes, et que l'un et l'autre se développent dans la même direction. La racine du Lotus enfoncée dans la boue représente la vie matérielle, la tige qui passe à travers l'eau symbolise l'existence dans le monde astral, et la fleur qui flotte sur l'eau et s'ouvre au ciel est l'emblème de l'être spirituel.

200 Voir vol. 2, 2ème partie, Section 3. – Substance Primordiale et Pensée Divine.

201 Gross, The Heathen Religion, p. 195.

 

STANCE II (4)

 

§ 4. – Son Cœur ne s'était pas encore ouvert pour laisser entrer le Rayon Unique, et le laisser tomber ensuite comme Trois en Quatre, dans le Sein de Mâyâ.

La Substance Primordiale n'avait pas encore quitté son état latent précosmique, pour l'objectivité différenciée ; elle n'était même  pas devenue le Protyle de la Science, encore invisible (à l'homme jusqu'à présent). Mais dès que "l'heure sonne" et qu'elle devient réceptive à l'impression Fohatique de la Pensée Divine – le Logos ou l'aspect mâle, de l'Anima Mundi, l'Alaya – son "Cœur" s'ouvre. Il se différencie et les TROIS (Père, Mère, Fils) sont transformés en Quatre. Ici se  trouve l'origine du double mystère de la Trinité et de l'IMMACULEE CONCEPTION. Le dogme premier et fondamental de l'Occultisme, c'est l'Unité (ou Homogénéité) Universelle, sous trois aspects. Cela conduit à une conception possible de la Divinité qui, comme Unité absolue, doit rester toujours incompréhensible aux intellects finis.

 "Si tu veux croire au Pouvoir qui agit dans  la racine d'une plante, ou imaginer la racine qui est cachée sous le sol, tu dois penser à sa tige ou tronc, à ses feuilles et à ses fleurs. Tu ne peux pas imaginer ce Pouvoir indépendamment de ces objets. La vie ne peut être connue que par l'Arbre de Vie... 202." [I 37] L'idée de l'Unité Absolue serait entièrement détruite dans notre conception si nous n'avions pas devant nous quelque chose de concret pour contenir cette Unité. Et la Divinité étant absolue, est nécessairement omniprésente ; par conséquent, il n'existe pas d'atome qui ne contienne CELA en lui. Les racines, le tronc et ses nombreuses branches sont trois objets distincts, et cependant ils ne sont qu'un seul arbre. Les kabalistes disent : "La Divinité est une, parce qu'Elle est infinie. Elle est triple, parce qu'Elle est toujours en manifestation." Cette manifestation est triple dans ses aspects, car il faut, comme dit Aristote, trois principes pour que chaque corps naturel devienne objectif : la privation, la forme et la matière 203. La Privation signifiait, dans le mental du grand philosophe, ce que les Occultistes nomment les prototypes imprimés sur la Lumière Astrale – le dernier plan et monde de l'Anima Mundi. L'union de ces trois principes dépend d'un quatrième – la VIE – qui rayonne des sommets de l'Inapprochable, pour devenir une Essence d'une diffusion Universelle sur les plans manifestés de l'Existence. Et ce QUATERNAIRE (Père, Mère, Fils, comme Unité, et Quaternaire comme manifestation vivante) a été le chemin qui a conduit à l'Idée archaïque de l'Immaculée Conception, idée finalement  cristallisée maintenant  en  dogme  de l'Eglise chrétienne, laquelle a incarné cette idée métaphysique au-delà de tout sens commun. On n'a qu'à lire la Kabale, en effet, et étudier ses méthodes d'interprétation numérique pour trouver l'origine de ce dogme qui est purement astronomique, mathématique, et surtout métaphysique. L'Elément Mâle dans la Nature (personnifié par les divinités mâles et les Logoï – Virâj ou Brahmâ, Horus ou Osiris, etc.) est né par, et non pas de, une source immaculée, personnifiée par la "Mère" ; en effet, ce Mâle ayant une Mère ne peut avoir un "Père" – car la Divinité Abstraite est sans sexe, n'est même pas un Etre, mais l'Etreté ou la Vie elle-même. Exprimons cela dans le langage mathématique de l'auteur de The Source of Measures. En parlant de la "Mesure d'un Homme" et de sa [I 38] valeur numérique (kabalistique), il dit que, dans la Genèse, IV, I,

202 Precepts for Yôga.

203 Un Védântin de la Philosophie Visishthadvaïta dirait que, quoique étant la seule Réalité indépendante, Parabrahman est inséparable de Sa Trinité. Qu'il est trois, "Parabrahman, Chit et Achit", les deux derniers étant des réalités dépendantes, incapables d'exister séparément ou, pour plus de clarté, que Parabrahman est la SUBSTANCE – immuable, éternelle et inconnaissable – et Chit (Atma) et Achit (Anâtmâ), ses qualités, comme la forme et la couleur sont les qualités de n'importe quel objet. Les deux sont le vêtement ou corps, ou plutôt l'aspect (sharira) de Parabrahman. Mais un Occultiste trouverait beaucoup à dire contre cette assertion et le Vedântin Advaïta aussi.

 

"C'est appelé la Mesure "de l'Homme et même de Jehovah"  et  qu'on  l'obtient  de  la   façon   suivante : 113 ´ 5 = 565 et le nombre 565 peut être exprimé par 56,5 ´ 10. Ici le nombre-Homme 113 devient un facteur de 56,5 ´ 10, et l'interprétation (kabalistique) de cette dernière expression est Yod, He, Vau, He ou Jehovah... Le développement de 565 en 56,5 ´ 10 sert à démontrer l'émanation du principe mâle (Jod) du principe femelle (Eva) ou, pour ainsi dire, la naissance d'un élément mâle d'une source immaculée, en d'autres termes, une immaculée conception."

Voilà comment se répète, sur la terre, le mystère qui s'accomplit selon les voyants, sur le plan divin. Le "Fils" de Vierge Immaculée et Céleste (ou le Protyle Cosmique non différencié, la Matière dans son infini) est né encore une fois sur la terre comme Fils de l'Eve terrestre, notre mère la Terre, et devient l'Humanité entière – passée, présente et future – car Jéhovah ou Jod-Hé-Vau-Hé, est androgyne, ou mâle et femelle à la fois. En haut, le Fils est le Kosmos entier ; en bas, il est l'HUMANITE. La Triade ou Triangle devient la Tétraktys, le nombre sacré pythagoricien, le Carré parfait, et sur la terre, un cube à six faces. Le Macroposope (la Grande Face) est alors Microposope (la Petite Face), ou, comme disent  les Kabalistes, l'Ancien des Jours, descendant sur Adam Kadmon, dont il se sert comme véhicule de manifestation, se transforme en Tétragramme. Il est alors dans "le Sein de Mâyâ", la Grande Illusion, et entre lui et la Réalité se trouve la Lumière Astrale, le grand Trompeur des sens bornés de l'homme, à moins que la Connaissance, par le moyen de Paramârthasatva, ne vienne à son aide.

 

STANCE II (5)

 

§ 5. – Les Sept 204 n'étaient pas encore nés du Tissu de la Lumière. Les Ténèbres seules étaient Père-Mère, Svabhâvat ; et Svabhâvat était dans les Ténèbres.

204 Fils.

 

Dans les Stances ici données, la DOCTRINE SECRETE s'occupe principalement, sinon entièrement, de notre Système Solaire, et surtout de notre Chaîne Planétaire. Par conséquent, les "Sept Fils" sont les créateurs de cette dernière. On développera cela plus tard 205. [I 39]

Svabhâvat, "l'Essence Plastique" qui emplit l'Univers, est la racine de toutes choses. Svabhâvat est, pour ainsi dire, l'aspect Bouddhiste concret de l'abstraction qui est appelée, dans la philosophie hindoue, Mûlaprakriti. C'est le corps de l'Ame, et ce que serait l'Ether à l'Akasha, ce dernier étant le principe même qui anime le premier. Les mystiques chinois en ont fait le synonyme de l' "Etre". Dans la traduction chinoise de l'Ekashloka- Shastra de Nâgârjuna (le Lung-shu de la Chine) appelée Yihshu-lu-kia-lun, on dit que le terme "Etre" ou "Subhâva" (Yu 206 en chinois) signifie "la Substance donnant la substance à elle-même" ; l'auteur ou traducteur l'explique aussi comme signifiant "sans action et avec action", "la nature qui n'a pas de nature propre". Subhâva, dont Svadhâvat est dérivé, se compose de deux mots : su, joli, beau, bon et bhâva, être, ou états d'être.

 205 Voir 2ème Partie, Section 12 : La Théogonie des Dieux Créateurs.

206 Litt. Existence.

 

STANCE II (6)

 

§ 6. – Ces deux-là sont le Germe et le Germe est Un. L'Univers était encore caché dans la Pensée Divine et dans le Sein Divin.

La "Pensée divine" n'implique pas l'idée d'un Penseur Divin. L'Univers, non seulement passé, présent et futur – idée humaine et finie, rendue par une pensée finie – mais l'univers total, le Sat (terme intraduisible), l'Etre Absolu avec le Passé et l'Avenir cristallisés dans un éternel Présent, voilà cette Pensée, réfléchie dans une cause secondaire ou manifestée. Brahman (neutre), comme le Mysterium Magnum  de Paracelse, est un mystère absolu pour le mental humain. Brahmâ, le mâle- femelle, aspect et réflexion anthropomorphiques de Brahman, n'est concevable aux perceptions de la foi aveugle quoique rejeté par l'intellect humain parvenu à sa majorité 207.

C'est pourquoi il est dit que pendant le prologue, pour ainsi dire, du drame de la création, ou le commencement de l'évolution cosmique, l'Univers, ou le "Fils", est encore caché "dans la Pensée Divine" qui n'avait pas encore pénétré le "Sein Divin". Cette idée – qu'on le remarque bien – se trouve à la base et forme l'origine de toutes les allégories au sujet des "Fils de Dieu" nés de vierges immaculées.

 207 Voir vol. 2, Partie 2, Section 3 : Substance Primordiale et Pensée Divine.

 [I 40]

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