MAITRE M

Les Enseignements du Maitre MORYA

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LA DOCTRINE SECRETE VOL 1

STANCE VI — NOTRE MONDE, SA CROISSANCE ET SON DEVELOPPEMENT

STANCE VI — NOTRE MONDE, SA CROISSANCE ET SON DEVELOPPEMENT

 

§ 1. – Par le Pouvoir de la Mère de Merci et de Connaissance (a) Kwan-Yin – le "Triple" de Kwan-Skaï- Yin demeurent en Kwan-Yin-Tien (b) – Fohat, le Souffle de leurs Descendants, le Fils des Fils ayant appelé de l'Abîme inférieur 383 la Forme Illusoire de Sien-Tchan 384 et les Sept Eléments. [I 117]

383 Le Chaos.

384 Notre Univers.

385 Theosophist, fév. 1887, p. 305. Aussi Philosophy of the Bhagavad Gîtâ, p. 16

 

[Cette STANCE est traduite du texte chinois, et les noms donnés comme équivalents des termes originaux sont conservés ici. Il est impossible de donner les vrais noms ésotériques, parce que cela embrouillerait le lecteur. La doctrine Brâhmanique n'a pas d'équivalents pour ces termes-là. Il semble que Vâch, sous plusieurs aspects, s'approche de la Kwan-Yin chinoise, mais il n'y a pas de culte régulier de Vâch sous ce nom aux Indes, comme il y en a de Kwan-Yin en Chine. Nul système religieux exotérique n'a jamais adopté un Créateur féminin, et par conséquent, depuis l'aube des religions populaires, la femme a été regardée et traitée comme l'inférieure de l'homme. Ce n'est qu'en Chine et en Egypte que Kwan-Yin et Isis sont placées de pair avec les dieux mâles. L'Esotérisme ignore les deux sexes. Sa Divinité la plus élevée n'a pas plus de sexe que de forme ; elle n'est ni Père ni Mère, et ses premiers êtres manifestés, célestes et terrestres, deviennent peu à peu androgynes, pour se séparer finalement en sexes distincts.]

(a)    La "Mère de Merci et de Connaissance" est nommée le "Triple" de Kwan-Shai-Yin, parce que, dans ses corrélations métaphysiques et cosmiques, elle est la "Mère, la Femme et la Fille" du Logos, de même que, dans les dernières traductions théologiques, elle devint le "Père, le Fils et le Saint-Esprit (féminin) – la Shakti ou Energie – l'Essence des Trois. Ainsi dans l'Esotérisme des Védântins, Daiviprakriti, la Lumière manifestée à travers Ishvara, le Logos 385 est à la fois la Mère et la Fille du Logos, ou Verbe de Parabrahman tandis que dans les enseignements transhimâlayens, c'est dans la Hiérarchie de la théogonie allégorique et métaphysique – la "MERE", ou Matière abstraite idéale, Moûlaprakriti, la Racine de la Nature au point de vue métaphysique, c'est une corrélation d'Adi-Butha 386 manifesté dans le Logos, Avalôkitéshvara et, au point de vue purement occulte et cosmique, c'est Fohat le "Fils du Fils", l'énergie androgyne résultant de cette "Lumière du Logos" et se manifestant sur le plan de l'Univers objectif comme l'Electricité, cachée autant que révélée – laquelle est la VIE.

386 Adi-Budha dans l'édition de 1893. Adi-Butha = primordial, premier produit ; Adhi-boudha ou bouddha = perçu au commencement.

 

[T. Subba Row dit : L'évolution est commencée par l'énergie intellectuelle du Logos... et non pas seulement à cause des potentialités contenues en Mûlaprakriti... Cette lumière du Logos est le lien... entre la [I 118] matière objective et la pensée subjective d'Ishvara [ou Logos]. Dans plusieurs livres bouddhistes on l'appelle Fohat. C'est le seul instrument au moyen duquel le Logos travaille 387.]

387 Op. cit., p. 306 et aussi pp. 18-19.

 

(b)    "Kwan-Yin-Tien" signifie le "Ciel Mélodieux du Son", la demeure de Kwan-Yin, ou la "Voix Divine". Cette "Voix" est le  synonyme du Verbe ou Parole, le "Langage" en tant qu'expression de la Pensée. On retrouve ici le lien et même l'origine de l'hébreu Bath-Kol, la "Fille de la Voix Divine", ou Verbe, ou Logos mâle et femelle, l' "Homme Céleste", Adam Kadmon qui est en même temps Séphira. Cette dernière fut sûrement précédée par l'hindoue Vâch, la déesse du Langage ou de la Parole. Car Vâch – fille et partie féminine, comme on dit, de Brâhma, et "générée par les dieux" – est avec Kwan-Yin et avec Isis (qui est aussi fille, femme et sœur d'Osiris) et d'autres déesses, le Logos femelle, pour ainsi dire, la déesse des forces actives dans la Nature, la Parole, la Voix, le Son et le Langage. Si Kwan-Yin est la "Voix mélodieuse", Vâch est aussi "la vache mélodieuse qui allaita pour la nourriture et la boisson [le principe féminin] qui nous donne nourriture et soutien comme Mère-Nature". Elle est associée aux Prajâpati dans le travail de la création. Elle est mâle et femelle, ad libitum, comme Eve l'est avec Adam. Elle est enfin une forme d'Aditi – principe plus élevé que l'Æther – dans l'Akâsha, synthèse de toutes les forces de la Nature. Ainsi Vâch et Kwan-Yin sont, toutes les deux, les pouvoirs magiques du Son occulte dans la Nature et dans l'Æther –   et c'est cette "Voix" qui fait sortir du Chaos et des Sept Eléments le Sien- Tchan, la forme illusoire de l'Univers. Ainsi, dans Manou, Brahmâ (aussi le Logos) est représenté comme divisant son corps en deux parties, l'une mâle et l'autre femelle, et comme créant dans la dernière, qui est Vâch, Virâj, qui est lui-même ou encore Brahmâ. Un érudit Occultiste Védântin parle de cette "déesse" dans les termes suivants, termes qui expliquent pourquoi Ishvara (ou Brahmâ) est appelé Verbe ou Logos et pourquoi, en fait, on l'appelle Sabda Brahman :

L'explication que je vais donner paraîtra des plus mystiques, mais quoique mystique elle a  une signification formidable lorsqu'elle est bien comprise. Nos vieux écrivains disaient que Vâch est de quatre espèces... (Voir le Rig Véda et les Upanishads.) Vaïkhari Vâch est ce que nous proférons. Chaque espèce de Vaïkhari Vâch existe d'abord dans sa forme Madhyama, ensuite dans [I 119] sa forme Pashyanti et finalement dans sa forme Para 388. La raison pour laquelle ce Pranava s'appelle Vâch c'est que les quatre principes du grand cosmos correspondent à ces quatre formes de Vâch. Or, le système solaire manifesté tout entier existe sous sa forme Sukshma dans la lumière ou l'énergie du Logos, parce que son énergie est enlevée et transférée à la matière cosmique... Le cosmos entier dans sa forme objective est Vaïkhari Vâch, la lumière du Logos en  est la forme Madhyama, le Logos lui-même en est la forme Pashyanti et Parabrahman en est l'aspect Para. C'est à la lumière de cette explication qu'il nous faut essayer de comprendre certaines déclarations des divers philosophes qui disent que le cosmos manifesté est le  Verbe manifesté comme cosmos 389.

 388 Madhya se dit de quelque chose dont le commencement et la fin sont inconnus, et Para signifie infini. Ces expressions se rapportent toutes à l'infini et aux divisions du temps.

389 Op. cit., P. 307.

 

STANCE VI (2)

 

§ 2. – L'Etre rapide et Radieux produit les sept Centres Laya 390 (a), contre lesquels nul ne prévaudra jusqu'au Grand Jour "Sois Avec Nous" et il place l'Univers sur ces Fondations Eternelles, entourant Sien-Tchan des Germes Elémentaires (b).

390 Du mot sanscrit Laya, le point dans la matière où toute différenciation a cessé.

 

(a)     Les sept Centres Laya sont les sept points zéro, en donnant au terme zéro le sens que lui attribuent les chimistes. En Esotérisme c'est le point où commence l'échelle de la différenciation. De ces Centres – au- delà desquels la Philosophie Esotérique nous permet d'apercevoir les vagues contours métaphysiques des "Sept Fils" de Vie et de Lumière, les Sept Logoï des philosophies Hermétiques et autres – commence la différenciation des Eléments qui entrent dans la constitution de notre Système Solaire. On a souvent demandé quelle est la définition exacte de Fohat, de ses pouvoirs et de ses fonctions, car il paraît exercer les attributs d'un Dieu Personnel semblable à celui des religions populaires. On vient de répondre à cette question dans le commentaire de la STANCE V. Comme il est bien dit dans les conférences sur la Bhagavad Gîtâ : "Il faut que le cosmos entier existe dans la source unique de l'énergie d'où émane cette lumière [Fohat]." Que nous portions les principes du Kosmos et de l'homme au nombre de sept ou seulement de [I 120] quatre, il y a Sept forces dans la nature physique, et la même autorité dit que "Prajnâ, la capacité de percevoir, existe sous sept aspects différents, correspondant aux sept conditions de la matière", car, "de même qu'un être humain est composé de sept principes, la matière différenciée du système  solaire existe sous sept conditions différentes 391." Il en est de même pour Fohat [qui, comme nous l'avons déjà démontré, a plusieurs significations. Il est appelé "le Constructeur des Constructeurs", car la Force qu'il personnifie a formé notre Chaîne Septénaire.] Il est Un et Sept et, sur le plan Cosmique, il est derrière toutes les manifestations que nous appelons lumière, chaleur, son, cohésion, etc., il est l' "esprit" de l'ELECTRICITE qui est la VIE de l'univers. Comme abstraction, nous l'appelons la VIE UNE.  Comme Réalité objective et évidente, nous parlons d'une gamme septénaire de manifestation, échelle qui commence au premier degré par la CAUSALITE Une, inconnaissable, et finit comme mental et Vie Omniprésents, immanents dans chaque atome de Matière. Ainsi, tandis que la Science parle d'une évolution à travers la matière brute, la force aveugle et le mouvement dépourvu de sens, les Occultistes indiquent une LOI Intelligente et une VIE Sensible, et ils ajoutent que Fohat est l'Esprit qui guide le tout. Cependant il n'est nullement un dieu personnel, mais l'émanation de ces Pouvoirs placés derrière lui, pouvoirs que les chrétiens appellent les "Messagers" de leur Dieu (en réalité, des Elohim, ou plutôt des Sept Créateurs nommés Elohim) que nous appelons le "Messager des Fils primordiaux de Vie et de Lumière".

391 Five years of Theosophy. Art. Personal and Impersonal God, p. 200. Edit. 1885.

 

(b)      Les "Germes Elémentaires" avec lesquels il remplit Sien-Tchan (l'Univers) et Tien-Sin (le "Ciel du Mental" ou ce qui est absolu) sont les Atomes de la Science et les Monades de Leibniz.

 

STANCE VI (3)

 

§ 3. – Des Sept 392, d'abord Un est manifesté, Six cachés : deux manifestés, Cinq cachés ; Trois manifestés, Quatre cachés : Quatre produits, Trois cachés ; Quatre et Un Tsan 393 révélés, Deux et demi cachés ; Six devant être manifestés ; Un mis de côté (a). Finalement, Sept Petites Roues tournent : l'une  donnant  naissance  à  l'autre (b). [I 121]

392 Eléments.

393 Fraction.

 

(a)      Quoique ces Stances se rapportent à l'Univers entier après un Mahâpralaya (Dissolution Universelle), cette phrase, comme tout étudiant en Occultisme peut le voir, se rapporte pourtant aussi, par analogie, à l'évolution et à la formation finale des Sept Eléments primitifs (quoique composés) de notre Terre. De ces Eléments, quatre sont maintenant pleinement manifestés, tandis que le cinquième – l'Ether – ne l'est qu'en partie, parce que nous sommes à peine dans la seconde moitié de la Quatrième Ronde, et que par conséquent le cinquième Elément ne se manifestera pleinement que dans la Cinquième. Les Mondes, le nôtre y compris, furent d'abord, comme germes, nécessairement évolués de l'Elément UN, à son second stade – "Père-Mère", l'Ame du Monde Différenciée, non pas ce qu'Emerson appelle l' "Over-Soul" – que nous l'appelions, avec la Science moderne, la poussière Cosmique et le Brouillard de Feu, ou avec l'Occultisme, Al-râsha, Jivâtmâ, la Lumière Astrale Divine ou l' "Ame du Monde". Mais ce premier stade de l'Evolution, lorsque l'heure fut sonnée, fut suivi par un autre. Ni monde ni corps céleste ne pouvait être construit sur le plan objectif avant que les Eléments n'eussent été suffisamment différenciés de l'Ilus primordial dans lequel ils se trouvent quand ils reposent en Laya. Ce dernier terme est un synonyme de Nirvâna. C'est, en fait, la dissociation Nirvânique de toutes les substances et leur retour après un Cycle de Vie à l'état latent qui constituait leur condition première. C'est l'ombre lumineuse mais incorporelle de la matière qui fut, le domaine de la négativité – où sont latentes, pendant leur période de repos, les Forces actives de l'Univers.

Or, en parlant des Eléments, on reproche toujours aux Anciens d'avoir "supposé que leurs Eléments étaient simples et indécomposables". [Les ombres de nos ancêtres préhistoriques pourraient retourner le  compliment à nos physiciens modernes maintenant que de nouvelles découvertes en chimie ont conduit le Prof. W. Crookes, F.R.S., à admettre que la Science est encore à mille lieues de connaître la composition de la plus simple molécule. Il nous apprend qu'une molécule vraiment simple, entièrement homogène, est terra incognita en chimie. "Où pouvons-nous  tracer  la ligne ? dit-il. N'y a-t-il aucun moyen de sortir de cette perplexité ? Faut-il rendre si ardus les examens élémentaires qu'à peine 60 ou 70 candidats puissent passer, ou faut-il laisser la porte si grande ouverte que le nombre des admissions ne soit limité que par le nombre de prétendants ?" Et alors, le savant chimiste cite des exemples frappants. Il dit : [I 122]

"Prenez le cas de l'yttrium. Il a un poids atomique déterminé, et montre toutes les caractéristiques  d'un corps simple ; il paraît un élément auquel nous pourrions, il est vrai, ajouter, mais duquel nous ne pourrions rien enlever. Cet yttrium cependant, ce tout supposé homogène, lorsqu'on le soumet à un certain procédé de fractionnement, est résolu en parties qui ne sont pas absolument identiques entre elles et qui montrent une gradation dans leurs propriétés. Prenons, maintenant, le cas du didyme : Voilà un corps qui montre toutes les caractéristiques reconnues d'un élément. On l'a séparé avec   beaucoup   de   difficulté   d'autres   corps   qui  lui ressemblaient sous bien des rapports, et pendant cette opération il a subi un traitement des plus sévères, un examen des plus vigoureux. Mais survient un autre chimiste qui, traitant ce prétendu corps homogène par un procédé spécial de fractionnement, le résout en deux corps, le praséodyme et le néodyme, corps entre lesquels on peut apercevoir certaines différences. De  plus, nous ne sommes pas encore sûrs que le néodyme et le praséodyme soient des corps simples. Au contraire, eux aussi montrent des tendances à la division. Or, si ce que l'on suppose un élément donne naissance, après un certain traitement, à des molécules dissemblables, nous avons le droit de demander si l'on ne pourrait pas obtenir des résultats semblables en opérant sur d'autres éléments, peut-être même sur tous les éléments. Nous pourrions même demander où le procédé de classification doit s'arrêter – car ce procédé présuppose nécessairement des variations entre les molécules individuelles de chaque espèce. Et dans ces séparations successives  nous trouvons naturellement des corps qui se rapprochent de plus en plus étroitement entre eux 394."]

394 Presidential Address before the Royal Society of Chemists. Mars., 1888.

 

Encore une fois, le reproche qu'on fait aux Anciens est inexcusable. Leurs philosophes initiés, du moins, ne peuvent pas rester sous cette imputation, puisque ce sont eux qui, depuis le commencement, ont inventé les allégories et les mythes religieux. S'ils avaient ignoré l'Hétérogénéité de leurs Eléments, ils n'auraient pas personnifié le Feu,  l'Air, l'Eau, la Terre et l'Æther ; leurs dieux et leurs déesses Cosmiques n'auraient jamais été gratifiés d'une telle postérité, de tant de fils et de filles, qui ne sont que des éléments issus de chacun des Eléments respectifs au-dedans d'eux. L'Alchimie et les phénomènes Occultes auraient été une illusion et un piège, même en théorie, si les Anciens avaient été ignorants des potentialités, des fonctions et des attributs corrélatifs de tout élément qui entre dans la composition de l'Air, de l'Eau, de la Terre et même du Feu – ce dernier est terra incognita aujourd'hui encore pour la Science Moderne, qui se trouve [I 123] forcée de l'appeler Mouvement, évolution de  lumière et de chaleur, état d'ignition – de le définir, en un mot, par ses aspects extérieurs parce qu'elle ignore sa nature.

Mais ce dont la Science Moderne semble ne pouvoir se rendre compte c'est que, quelque différenciés qu'aient été ces simples atomes chimiques – que la philosophie archaïque appelait "les créateurs de leurs Parents respectifs", les pères, frères et maris, de leurs mères, et ces mères, les filles de leurs propres fils, comme Aditi et Daksha, par exemple – quelque différenciés que fussent ces éléments au commencement, ils n'étaient cependant pas les corps composés que la Science connaît tels qu'ils sont maintenant. Ni l'Eau, ni l'Air, ni la Terre (synonyme général des solides) n'existaient sous leur forme actuelle représentant les seuls trois états de matière reconnus par la Science car tous ceux-ci, et même le Feu, ne sont que des productions déjà recombinées par les atmosphères de globes complètement formés, de sorte que, dans les premières périodes de la formation de la terre, ils étaient quelque chose tout à fait sui generis. Maintenant que les conditions et les lois qui gouvernent notre Système Solaire sont pleinement développées et que l'atmosphère de notre terre, comme celle de tout autre globe, est devenue, pour ainsi dire, un creuset particulier, la Science Occulte enseigne qu'il y a à travers l'espace un échange continuel de molécules, ou plutôt, d'atomes corrélatifs qui changent ainsi sur chaque planète leurs équivalents combinés. Quelques hommes de Science parmi les plus grands physiciens et chimistes commencent à soupçonner ce fait que les Occultistes connaissent depuis des siècles. Le spectroscope ne montre que la similitude probable (d'après témoignage externe) de la substance terrestre et de la substance sidérale ; il ne peut aller plus loin, ni montrer si les atomes gravitent les uns vers les autres de la même façon et dans les mêmes conditions qu'on présume qu'ils le font physiquement et chimiquement sur notre planète. L'échelle de température, du plus haut au plus bas degré qu'on puisse concevoir, peut être admise comme étant la même dans tout l'Univers pourtant ses propriétés, sauf celles de la dissociation et de la réassociation, diffèrent sur chaque planète, et par conséquent les atomes entrent dans de nouvelles formes d'existence, formes qui ne sont ni connues ni même imaginées par la Science Physique. Comme on l'a déjà  dit  dans  Five  years of Theosophy 395, l'essence de la matière cométaire, par exemple, "ne possède aucune des caractéristiques physiques ou chimiques familières aux plus grands chimistes [I 124] et physiciens de notre terre". Et cette matière elle-même, durant son passage rapide à travers notre atmosphère, éprouve un certain changement dans sa nature.

Par conséquent, les éléments de notre Planète, comme ceux de toutes ses sœurs du Système Solaire, diffèrent autant les uns des autres dans leurs combinaisons qu'ils diffèrent des éléments Cosmiques situés au-delà de nos limites solaires 396.

395 Collection d'écrits de H.P.B. édités en volume, p. 242. Edition de 1885.

396 C'est encore corroboré par le même Savant qui, dans la conférence dont nous avons déjà parlé, cite Clerk Maxwell lorsqu'il dit que "les éléments ne sont pas absolument homogènes". Voici ce qu'il écrit : "Il est difficile de concevoir la sélection et l'élimination de variétés intermédiaires, car, où ces molécules éliminées ont-elles pu aller si, comme nous avons raison de le croire, l'hydrogène, etc., des étoiles fixes se compose de molécules absolument identiques aux nôtres ?... D'abord, nous pourrions mettre en doute cette identité moléculaire absolue, puisque nous n'avons jusqu'ici d'autres moyens pour arriver à la déterminer que ceux fournis par le spectroscope, et l'on admet, d'autre part, que pour pouvoir comparer et discerner avec exactitude les spectres de deux corps il faut les examiner dans des états identiques de température, de pression et de toute autre condition physique. Il est certain que nous avons vu, dans le spectre du soleil, des rayons que nous n'avons  pu identifier."

 

Par conséquent, les éléments de notre planète ne peuvent pas être pris comme étalon dans la comparaison établie entre eux et les éléments des autres mondes. [En fait, chaque monde a son Fohat qui est omniprésent dans sa propre sphère d'action. Mais il y a autant de Fohats qu'il y a de mondes et chacun d'eux varie en pouvoir et en degré de manifestation. Les Fohats individuels font un Fohat universel et collectif – l'aspect-entité de la non-entité une et absolue, qui est l'Etreté absolue – SAT. Il est écrit que "des millions et des milliards de mondes sont produits à chaque Manvantara". Par conséquent, il faut qu'il y ait plusieurs Fohats que nous considérons comme des Forces conscientes et intelligentes. Ceci révolte sans doute les esprits scientifiques. Néanmoins, les Occultistes, qui ont de bonnes raisons pour cela, considèrent toutes les forces de la Nature comme de véritables, quoique super-sensuels, états de Matière et comme  des objets susceptibles d'être perçus par les êtres doués des sens nécessaires.]

Caché, en son état primordial et virginal, dans le Sein de la Mère Eternelle, tout atome né au-delà du seuil de son domaine est voué à la différenciation incessante. "La mère dort mais elle respire toujours." Et chacune de ses respirations jette sur le plan de la manifestation ses produits protéiformes qui, portés sur la vague de l'efflux, sont dispersés par Fohat et chassés vers telle ou telle atmosphère planétaire ou au-delà. Une fois  saisi par l'une de ces atmosphères, l'atome [I 125] est perdu ; sa pureté primitive est à jamais disparue, à moins que le Destin ne le dissocie en le conduisant à un "courant d'EFFLUX" (terme occulte qui signifie un processus tout autre que celui impliqué par l'expression ordinaire) qui le reporte sur la frontière où il avait auparavant péri prenant alors son vol, non pas dans l'Espace au-dessus, mais dans celui en dedans, il est mis dans un état d'équilibre différentiel et est heureusement réabsorbé. Si un Alchimiste Occultiste vraiment instruit se mettait à écrire "la Vie et les Aventures d'un Atome", il s'exposerait au mépris suprême du chimiste moderne, mais peut-être aussi plus tard à sa reconnaissance. [En vérité, s'il se trouvait qu'un tel chimiste imaginaire eût de l'intuition et voulût bien, pour un moment, sortir de l'ornière conventionnelle de la "Science Exacte", comme le faisaient les Alchimistes des anciens temps, il serait possible que son audace fût récompensée.] Quoi qu'il en soit, dit le Commentaire,  "le Souffle du Père-Mère sort froid et radieux et devient chaud et corrompu pour se refroidir de nouveau et se purifier dans le sein éternel de l'Espace interne". L'homme absorbe de l'air pur et froid au sommet des montagnes, et l'exhale chaud, impur et transformé. De même, l'atmosphère supérieure étant la bouche de chaque globe, et l'atmosphère inférieure ses poumons, l'homme de notre planète ne respire que les "déchets de la Mère" par conséquent, "la fatalité veut qu'il meure sur elle". [Celui qui transformerait l'indolent oxygène en ozone porté a son degré d'activité alchimique en le réduisant à son essence pure (et il y a des moyens pour le faire) découvrirait ainsi un substitut de l' "Elixir de Vie" et pourrait l'employer à des usages pratiques.]

(b)      Le processus mentionné par les mots "de Petites Roues qui se donnent naissance les unes aux autres" a lieu dans la sixième région en comptant d'en haut, et sur le plan du monde le plus matériel parmi tous ceux du Kosmos manifesté – notre plan terrestre. "Ces Sept Roues" sont notre Chaîne Planétaire. Par "Roues", on entend généralement les sphères et centres de force divers mais, dans ce cas-ci, elles se rapportent à notre Anneau septénaire.

 

STANCE VI (4)

 

§ 4. – Il les construit sur le modèle de Roues 397 plus anciennes, les plaçant sur les Centres Impérissables  (a). [I 126] Comment Fohat les construit-il ? Il rassemble la Poussière de Feu. Il forme des Boules de Feu, passe à travers et autour d'elles, leur infusant la vie, et il les met ensuite en mouvement, les unes dans un sens, les autres dans un autre. Elles sont froides, il les réchauffe. Elles sont sèches, il les humecte. Elles brillent, il les évente et les refroidit (b). Ainsi agit Fohat, d'un crépuscule à l'autre, pendant sept Eternités 398.

397 Mondes.

398 Une période qui, selon les calculs brâhmaniques, est composée  de  311.040.000.000.000 d'années : le Mahâ-Manvantara.

 

(a)      Les mondes sont construits à "la ressemblance de Roues plus anciennes", c.-à-d. de roues qui avaient existé dans les Manvantaras précédents et qui avaient passé en Pralaya car la Loi qui régit la connaissance, la croissance et le déclin de tout ce que contient le Kosmos, depuis le Soleil jusqu'au ver luisant qui rampe dans l'herbe, est UNE. Il y a un incessant travail de perfection à chaque naissance nouvelle, mais la Matière-Substance et les Forces sont les mêmes. Mais cette Loi agit sur chaque planète par des lois mineures diverses. Les "Centres impérissables" [Laya] sont très importants et il faut que leur signification soit bien comprise si l'on veut avoir une conception nette de la Cosmogonie Archaïque dont les théories passent maintenant dans l'Occultisme. A présent on peut dire une chose : les Mondes ne sont construits ni sur, ni au-dessus, ni dans les Centres Laya, car le point zéro est une condition et non un point mathématique.

(b)     Rappelons-nous que Fohat, la force constructrice de l'Electricité Cosmique, est sortie, dit-on, métaphoriquement, comme Rudra, de la tête de Brahmâ, "du cerveau du Père et du Sein de la Mère", et qu'il s'est métamorphosé ensuite en un mâle et une femelle, c'est-à-dire s'est polarisé en électricité positive et négative. Il a Sept Fils qui sont ses Frères. Fohat est forcé de naître souvent : chaque fois que deux de ses "Fils-Frères" se rapprochent trop, que ce soit pour s'embrasser ou pour se combattre. Pour éviter cela, il unit et lie ensemble ceux dont les natures sont opposées et sépare ceux de tempérament semblable. Comme chacun peut le voir, cela se rapporte à l'électricité générée par friction et à la loi d'attraction entre deux objets de polarité dissemblable et la répulsion entre ceux de même polarité. Les Sept "Fils-Frères", cependant, représentent et personnifient les sept formes du magnétisme cosmique, formes appelées en Occultisme [I 127] Pratique les "Sept Radicaux" et dont les rejetons actifs et collaborant entre eux sont, entre autres énergies, l'Electricité, le Magnétisme, le Son, la Lumière, la Chaleur, la Cohésion, etc. La Science Occulte les définit comme effets supersensoriels dans leur comportement caché et comme phénomènes objectifs dans le monde des sens ; les premiers demandent des facultés anormales pour être perçus, les derniers sont perceptibles à nos sens physiques ordinaires. Ils sont tous les émanations de qualités plus supersensorielles encore, non personnifiées par des CAUSES réelles et conscientes mais leur appartenant. Essayer de donner une description de telles ENTITES serait pire qu'inutile. Il faut que le lecteur se souvienne que, selon notre enseignement, lequel considère cet Univers phénoménal comme une Grande ILLUSION, plus un corps se rapproche de la SUBSTANCE INCONNUE, plus il s'approche de la Réalité, car il est ainsi d'autant plus éloigné de ce monde de la Mâyâ. Par conséquent, quoique la constitution moléculaire de ces corps ne puisse être déduite de leurs manifestations sur ce plan de conscience, ils possèdent néanmoins, au point de vue de l'Occultiste-Adepte, une structure sinon matérielle, du moins objective et distincte dans l'Univers relativement nouménal – par opposition à l'Univers phénoménal. Les hommes de Science peuvent les appeler, s'ils le veulent, Force ou Forces générées par la matière, ou encore "modes de son mouvement 399", l'Occultisme voit dans ces effets des Elémentals (forces), et dans les causes directes qui les produisent, des Travailleurs DIVINS et intelligents. Le lien intime qui existe entre ces Elémentals guidés par la main infaillible des Gouverneurs et les éléments de la Matière pure – leur corrélation, pourrions-nous même dire – avec cette matière résulte en phénomènes terrestres tels que lumière, chaleur, magnétisme, etc. Il est certain que nous ne serons jamais d'accord avec les Substantialistes Américains 400 qui appellent toute Force et toute Energie – que ce soit Lumière, Chaleur, Electricité ou Cohésion – une "Entité" car ce serait la même chose que de dire que le bruit produit par le roulement d'une voiture est une ENTITE – confondant et identifiant ainsi ce "bruit" avec le "cocher" qui est en dehors et l' "Intelligence Maîtresse" qui est en dedans de la voiture et la guide. Mais nous donnons sûrement ce nom aux "cochers" et aux "Intelligences" dirigeantes, c'est-à-dire au Dhyân Chôhans, comme nous l'avons montré. Les [I 128] "Elémentals", les Forces de la Nature, sont les causes secondaires agissantes, quoique invisibles ou plutôt imperceptibles ce sont en eux-mêmes les effets des Causes primaires derrière le voile de tout phénomène terrestre. L'électricité, la lumière, la chaleur, etc., ont été très justement nommées les "Spectres ou les Ombres de la Matière en Mouvement", c.-à-d. des états supersensoriels de matière dont nous ne pouvons connaître que les effets. Pour élargir la comparaison que nous venons de faire, nous dirons que la sensation de lumière est, comme le son des roues qui tournent – effet purement phénoménal n'ayant aucune existence en dehors de l'observateur. La cause prochaine qui produit la sensation est comparable au cocher, c'est un état supersensoriel de matière en mouvement, une Force de la Nature ou Elémental. Mais de même que le propriétaire de la voiture dirige du dedans le cocher, de même derrière cette force se tient sa cause supérieure et nouménale : l'Intelligence, dont l'essence rayonne ces Etats de la "Mère" qui génèrent à leur tour les milliards innombrables d'Elémentals ou Esprits Psychiques de la Nature, de même que chaque goutte d'eau génère ses Infusoires physiques infinitésimaux 401. C'est Fohat qui guide le transfert des principes d'une planète à une autre, d'une étoile à son étoile-fille. Quand une planète meurt, les principes qui l'animent sont transférés à un centre laya ou centre de sommeil ce centre contient en lui de l'énergie potentielle latente qui s'éveille ainsi à la vie et commence à se développer en un nouveau corps sidéral.

399 Modes du mouvement de la Matière. – (N.d.T.)

400 Voir le Scientific Arena, journal mensuel voué à l'enseignement philosophique du jour et à son action sur la pensée religieuse. New York, A. Wilford Hall. Ph. D. LL. D., Editor. Juillet, août et septembre 1886.

 

Il est très remarquable que, tout en reconnaissant leur ignorance complète au sujet de la vraie nature de la simple matière terrestre (ils considèrent la substance primordiale comme un rêve plutôt que comme une réalité), les Physiciens ne se fassent pas moins juges de cette matière et prétendent dire ce qu'elle peut et ce qu'elle ne peut pas faire dans ses diverses combinaisons. Les Savants ne connaissent qu'à peine l'extérieur de cette matière et cependant ils prétendent dogmatiser. C'est un "mode du mouvement",  disent-ils,  voilà  tout !  Mais  la  force  inhérente  au souffle d'une personne vivante qui chasse du plateau d'une table un grain de poussière est indubitablement aussi "un mode de mouvement" ; on ne peut pourtant pas nier qu'elle n'est pas une qualité de la matière ou des molécules du grain de poussière, et qu'elle émane de l'Entité vivante et pensante qui a soufflé, que l'impulsion ait été consciente ou inconsciente. En un mot, douer la matière – ce quelque chose sur lequel l'on sait si peu jusqu'ici – d'une qualité inhérente qu'on appelle Force et [I 129] qu'on connaît encore bien moins, c'est créer une difficulté bien plus sérieuse que celle qui réside dans l'acceptation de l'intervention de nos "Esprits de la Nature" dans chaque phénomène naturel.

Les Occultistes – qui, s'il voulaient s'exprimer correctement, diraient que ce n'est pas la matière, mais seulement la substance ou l'essence de la matière (c'est-à-dire Mulaprakriti, la racine de tout) qui est indestructible et éternelle – affirment que les prétendues Forces de la Nature,  l'Electricité, le Magnétisme, la Lumière, la Chaleur, etc., loin d'être des modes de mouvement de molécules matérielles, sont in esse, c.-à-d. dans leur constitution ultime, les aspects différenciés de ce Mouvement Universel qui est discuté et expliqué dans les premières pages de ce volume (voir préface). Lorsqu'on dit que Fohat produit "Sept Centres Laya", on veut dire que, dans des buts formatifs ou créateurs, la GRANDE LOI – les Théistes peuvent la nommer Dieu – arrête ou plutôt modifie son mouvement perpétuel sur sept points invisibles dans l'aire de l'Univers manifesté. "Le Grand Souffle creuse à travers l'Espace sept trous dans le Laya, pour les faire tourner en cercle pendant le Manvantara", dit le Catéchisme Occulte. Nous avons dit que le Laya est ce que la Science pourrait appeler le point ou la ligne zéro, le royaume de la négativité absolue, ou la seule Force réelle et absolue, le NOUMENE du Septième Etat de ce que nous appelons et reconnaissons, dans notre ignorance, comme "Force", ou encore, le Noumène de la Substance Cosmique Indifférenciée, qui est elle-même, pour la perception finie, un objet inaccessible et inconnaissable : racine et base de tous les états d'objectivité et de subjectivité, l'axe neutre, non pas l'un des multiples aspects mais leur centre. On peut tendre à élucider la signification de ce qui précède, en essayant d'imaginer un "centre neutre" – le rêve de ceux qui voudraient découvrir le mouvement perpétuel. Un "centre neutre" est, sous un aspect, le point limite d'un groupe quelconque de sens. Imaginons, par exemple, deux plans consécutifs de matière, correspondant chacun à un groupe approprié d'organes perceptifs. Nous  sommes forcés d'admettre    qu'entre ces deux plans de matière une incessante circulation a lieu et si nous suivons les atomes et les molécules du plan inférieur, par exemple, dans leur transformation ascendante, ils arriveront à un point où ils dépassent tout à fait le niveau des facultés dont nous nous servons sur le plan inférieur. En fait et pour nous, la matière du plan inférieur disparaît de notre perception, ou plutôt passe sur le plan supérieur, et l'état de matière qui correspond à un tel point de transition doit certainement posséder des propriétés spéciales et difficiles à découvrir. Sept tels [I 130] "Centres Neutres 402" sont donc produits par Fohat qui, lorsque, comme le dit Milton,

De belles fondations (sont) posées sur lesquelles on peut construire... incite la matière à l'activité et à l'évolution.

401 Voir Dieux, Monades et Atomes. Vol. 2, Sect. 14.

402 Tel est, croyons-nous, le nom que J.W. Keely de Philadelphie employait en parlant de ce qu'il appelait aussi des "Centres Ethériques". Il a cru avoir inventé le fameux "moteur" destiné, comme l'ont espéré ses admirateurs, à révolutionner la puissance motrice du monde...

 

L'Atome primordial (Anu) ne peut être multiplié ni dans son état prégénétique, ni dans sa primogénéité ; on l'appelle donc la "SOMME TOTALE", figurativement, bien entendu, car cette "SOMME TOTALE" est sans bornes. Ce qui, pour le Physicien qui ne connaît que le monde des causes et des effets visibles, est l'abîme du néant est, pour l'Occultiste, l'Espace sans bornes du Plenum Divin. Entre beaucoup d'autres objections faites à la doctrine d'une évolution et d'une involution sans fin (ou réabsorption) du Kosmos – processus qui, selon la Doctrine Brâhmanique Esotérique, est sans commencement ni fin – on affirme à l'Occultiste que cela ne peut pas être puisque, "selon tous les principes de la philosophie scientifique moderne, c'est une nécessité pour la Nature de s'épuiser". Si la tendance de la Nature à s' "épuiser" constitue réellement une objection si puissante à la Cosmogonie Occulte, nous demanderons comment vos Positivistes, vos Libres Penseurs et vos Savants expliquent cette masse de systèmes stellaires actifs qui nous entourent ? Ils avaient l'éternité pour s'épuiser pourquoi donc le Kosmos n'est-il pas devenu depuis une immense masse inerte ? La lune est bien supposée être une planète morte, épuisée, mais ce n'est là qu'une hypothèse, et d'ailleurs l'Astronomie ne semble pas connaître beaucoup de ces planètes mortes 403. Il n'y a pas de réponse à cette question. Mais si nous la mettons de côté, il faut remarquer que l'idée de l'épuisement  de  la  quantité  "d'énergie  transformable"  dans  notre   petit système est basée purement sur la conception erronée d'un "soleil incandescent porté au rouge-blanc", soleil dissipant sans cesse sa chaleur dans l'espace sans compensation. A cela nous répondons que la nature ne s'épuise sur le plan objectif et n'en disparaît que pour sortir de nouveau du plan subjectif après une période de repos et remonter encore. Notre Kosmos et notre Nature ne s'épuiseront [I 131] que pour reparaître sur un plan plus parfait après chaque PRALAYA. La MATIERE des philosophes orientaux n'est pas la "matière" ni la Nature des métaphysiciens occidentaux. Car, qu'est-ce que la Matière ? Et surtout, qu'est notre philosophie scientifique, sinon ce que Kant a si courtoisement et si justement défini "la science des limites de notre connaissance" ? A quoi ont abouti les nombreux efforts de la science pour lier, attacher et définir tous les phénomènes de la vie organique au moyen de manifestations purement physiques et chimiques ? Le plus généralement à de simples spéculations – des bulles de savon qui ont éclaté l'une après l'autre avant que les hommes de science aient pu découvrir des faits réels. On aurait évité tout cela et la connaissance aurait grandement progressé si seulement la science et la philosophie s'étaient abstenues d'accepter des hypothèses basées sur la connaissance partiale de leur "matière". [Le cas d'Uranus et de Neptune – dont les satellites, au nombre de quatre et un respectivement, tournaient, croyait-on, dans leurs orbites de l'Est à l'Ouest, tandis que tous les autres satellites tournent de l'Ouest à l'Est – se trouve être un très bon exemple pour montrer combien peu l'on doit se fier à des spéculations a priori, même lorsqu'elles sont basées sur l'analyse mathématique la plus stricte. L'hypothèse fameuse de la formation de notre Système Solaire au moyen d'anneaux nébulaires, hypothèse formulée par Kant et Laplace, était surtout basée sur le prétendu fait que toutes les planètes tournent dans le même sens. Laplace, s'appuyant sur ce fait qui, à son époque, était une chose mathématiquement démontrée et sur le calcul des probabilités, voulait parier trois milliards contre un que la prochaine planète à découvrir aurait dans son système la même particularité de mouvement vers l'Est. Les lois immuables des mathématiques scientifiques "furent mises à mal, dit-on, par les expériences et les observations qui ont suivi". Cette idée de l'erreur de Laplace a généralement prévalu jusqu'à nos jours mais quelques Astronomes ont fini par démontrer (?) que l'erreur résidait dans le fait d'admettre que Laplace s'était trompé et on est en train d'essayer de corriger la bévue sans attirer l'attention générale. Plus d'une surprise désagréable attend les hypothèses de nos savants, même celles qui n'ont qu'un caractère purement physique. A quelles désillusions ne doit-on, dès lors, pas s'attendre sur les questions qui touchent à la Nature Occulte et transcendante ? En tout cas, l'Occultisme enseigne que le prétendu "mouvement rétrograde" est un fait.]

403 La lune n'est morte qu'en ce qui concerne ses principes internes, c'est-à-dire psychiquement et spirituellement, quelque absurde que paraisse cette idée. Physiquement, elle ressemble à un corps à moitié paralysé. L'Occultisme l'appelle avec justice la "Mère Folle", la grande lunatique sidérale.

 

Si aucun intellect physique n'est capable de compter les grains de sable qui couvrent quelques kilomètres de rivage, ou de comprendre la nature ultime et l'essence de ces grains, [I 132] qui sont pourtant palpables et visibles sur la main du Naturaliste, comment un matérialiste peut-il limiter les lois qui gouvernent les changements de condition et d'être des atomes dans le Chaos Primordial ; comment peut-il savoir quelque chose de sûr au sujet des capacités et des pouvoirs des atomes et des molécules avant et après qu'ils ont servi à former des mondes ? Ces molécules immuables et éternelles – beaucoup plus nombreuses dans l'espace que les grains de sable sur les rivages – peuvent différer dans leur constitution suivant la ligne de leurs plans d'existence comme la substance de l'âme diffère de son véhicule, le corps. Chaque atome a sept plans d'être ou d'existence, nous dit-on, et chaque plan est gouverné par ses lois spéciales d'évolution et d'absorption. Les Astronomes, les Géologues et les Physiciens, en essayant de décider de l'âge de notre planète ou de l'origine du système solaire sans posséder une date même approximative pour assurer leur point de départ, s'éloignent, avec chaque nouvelle hypothèse, des rives du fait et se perdent dans les profondeurs insondables de l'ontologie spéculative 404. La Loi d'Analogie dans le plan de construction des systèmes trans-solaires et des planètes solaires ne s'applique pas nécessairement aux conditions finies auxquelles est sujet tout  corps objectif sur notre plan d'être. Dans la Science Occulte, cette Loi d'Analogie est la première et la plus importante des clefs de la physique Cosmique mais il faut l'étudier dans ses moindres détails et "la tourner sept fois" avant de pouvoir la comprendre. La Philosophie Occulte est la seule science qui puisse l'enseigner. Comment peut-on dès lors faire dépendre la vérité et la fausseté de la proposition des Occultistes, que "le Kosmos est éternel dans sa collectivité non conditionnée et fini seulement dans ses manifestations conditionnées", de l'affirmation partielle et incomplète que "c'est une nécessité pour la Nature de s'épuiser 405" ?

 404 Les Occultistes, cependant, ayant une foi entière en leurs annales exactes astronomiques et mathématiques, calculent l'âge de l'Humanité et affirment que l'homme (avec sexes séparés) existe, dans la présente Ronde, depuis 18.618.727 années, d'accord avec les enseignements brâhmaniques et même avec quelques calendriers hindous.

405 Les commentaires sur ces STANCES reprennent plus loin, page 224.

 

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