MAITRE M

Les Enseignements du Maitre MORYA

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LA DOCTRINE SECRETE VOL 2

SECTION IV - CHAOS : THEOS : COSMOS

SECTION IV

CHAOS : THEOS : COSMOS

 

Ce sont les trois contenus de l'Espace ; ou, comme l'a défini un Cabaliste érudit : "L'Espace, qui n'est pas contenu mais qui contient tout, est l'incorporation primaire de l'unité simple... l'extension sans bornes. 77" "L'extension sans bornes de quoi ?" ajoute-t-il, et il répond avec raison : "le contenant inconnu de tout l'espace, la Cause première inconnue." Voilà une définition et une réponse qui sont très correctes ; très ésotériques et vraies à tous les points de vue de l'Enseignement Occulte.

L'Espace, que, dans leur ignorance et avec leur tendance iconoclaste à détruire toutes les conceptions philosophiques de jadis, les savants modernes prétendent être "une idée abstraite" et un vide, est, en réalité, le Contenant et le corps de l'Univers dans ses sept principes. C'est un corps d'une étendue sans limites, dans les PRINCIPES, suivant la phraséologie Occulte – chacun étant lui-même un septénaire – ne manifestent dans notre Monde phénoménal que la partie la plus grossière de leurs subdivisions. "Personne n'a jamais vu les Eléments dans leur plénitude", enseigne la DOCTRINE. Nous devons puiser notre sagesse dans les expressions originales et les synonymes des premiers peuples. Même les derniers de ceux-ci, les Juifs, présentent la même idée dans leurs enseignements Cabalistiques, lorsqu'ils parlent du Serpent à sept têtes de l'Espace, appelé la "grande Mer".

Au commencement les Alhim créèrent les Cieux et la Terre ; les Six [Séphiroth]... ils en créèrent six et sur ceux-ci toutes choses sont basées. Et ceux-ci [ces six] dépendent des sept formes du Crâne jusqu'à la Dignité de toutes les Dignités 78.

77 HENRY PRATT, M. D., New Aspects of Life, pp. 3-4.

78 Siphrah Dzenioutha, I, 16.

 

Or le Vent, l'Air et l'Esprit ont toujours été synonymes chez tous les peuples. Pneuma (l'Esprit), et Anemos (le vent), chez les Grec, Spiritus et  Ventus chez les Latins étaient des termes interchangeables, même en les séparant de l'idée originales du Souffle de Vie. Dans les "Forces" de la Science, nous ne voyons que l'effet matériel de l'effet spirituel de l'un ou l'autre des quatre éléments primordiaux, qui nous [II 51] ont été transmis par la Quatrième Race, comme nous transmettrons l'Ether, ou plutôt sa subdivision la plus grossière dans sa plénitude, à la sixième Race-Racine.

Le "Chaos" était qualifié de dépourvu de sens par les Anciens, parce que – Chaos et Espace étant synonymes – il représentait et contenait en lui-même tous les Eléments, dans leur Etat rudimentaire et non-différencié. Ils firent de l'Ether, ou cinquième Elément, la synthèse des quatre autres, car l'Ether des philosophes grecs n'était pas son résidu, quoiqu'en vérité ils en connussent plus que n'en sait maintenant la science sur ces résidus que l'on considère à juste titre comme l'agent opérateur de bien des forces qui se manifestent sur Terre. Leur Ether était l'Akâsha des Hindous ; l'Ether des physiciens n'est qu'une de ses subdivisions sur notre plan, la Lumière Astrale des Cabalistes avec tous ses effets, bons et mauvais.

L'Essence de l'Ether, ou l'Espace Invisible, était tenue pour divine parce qu'on la supposait être le Voile de la Divinité ; elle fut considérée comme l'Intermédiaire entre cette vie et la suivante. Les Anciens croyaient que lorsque les intelligences actives dirigeantes – les Dieux – se retiraient de n'importe quelle partie de l'Ether, dans notre Espace, ou des quatre royaumes qu'elles gouvernent, cette partie spéciale se trouvait livrée au mal ainsi appelé en raison de l'absence du bien.

L'existence de l'Esprit dans l'Intermédiaire commun, l'Ether, est niée par le Matérialisme, tandis que la Théologie en fait un Dieu Personnel. Mais le Cabaliste maintient que les uns et les autres ont tort et dit que dans l'Ether, les éléments ne représentent que la Matière, les Forces Cosmiques aveugles de la Nature ; tandis que l'Esprit représente l'Intelligence qui les dirige. Les doctrines cosmogoniques aryennes, hermétiques, orphiques et pythagoriciennes, aussi bien que celles de Sanchoniathon et de Bérose, sont toutes basées sur une formule irréfutable, à savoir, que l'Æther et le Chaos, ou, suivant le langage platonicien, le Mental et la Matière, étaient les deux principes primordiaux et éternels de l'Univers, entièrement indépendants de toute autre chose. Le premier était le principe intellectuel qui vivifie tout, tandis que le Chaos était un principe liquide, sans  "forme ni sens" ; et de leur union naquit l'Univers, ou plutôt le Monde Universel, la  première  Divinité  Androgyne  –  la  Matière  Chaotique  devenant  son Corps et l'Ether son Ame. Selon la phraséologie d'un fragment d'Hermias : "Le Chaos, par son union avec l'Esprit, obtenant des sens, rayonna de plaisir et ainsi fut créé Protogonos, la Lumière (Première Née). 79" [II 52] C'est la Trinité universelle, basée sur les conceptions métaphysiques des Anciens, qui, raisonnant par analogie, firent de l'homme, qui est un composé d'Intellect et de Matière, le Microcosme du Macrocosme ou Grand Univers 80.

79 Damascius, dans sa Théogonie, l'appelle Dis, "le dispensateur de toutes choses". CORY, Ancient Fragments, p. 314.

80 Isis Dévoilée, II, 31.

 

"La Nature a horreur du Vide", disaient les Péripatéticiens, qui, bien que Matérialistes dans leur genre, comprenaient peut-être pourquoi Démocrite et son maître Leucippe enseignèrent que les premiers principes de toutes choses contenues dans l'Univers étaient des Atomes et le vide. Ce dernier signifie tout simplement la Divinité ou Force latente qui, avant sa première manifestation – lorsqu'elle devint VOLONTE, qui communiqua la première impulsion à ces atomes – était le grand Néant, Ain Soph ou RIEN et, par conséquent, dans tous les sens, un Vide ou le CHAOS.

Ce Chaos, cependant, devint "l'Ame du Monde", selon Platon et les Pythagoriciens. Selon l'enseignement hindou, la Divinité, sous la forme de l'Æther ou de l'Akâsha, pénètre toutes choses. C'est pourquoi il fut appelé par les Théurgistes le "Feu Vivant", "l'Esprit de Lumière" et quelquefois "Magnès". Selon Platon, la plus haute Divinité construit elle-même l'Univers, dans la forme géométrique du Dodécaèdre et son "premier engendré" naquit du Chaos et de la Lumière Primordiale – le Soleil Central. Ce "Premier-Né", n'était cependant que l'agrégat de l'Armée des "Constructeurs", les premières forces constructrices appelées dans les Cosmogonies anciennes, les Anciens nés de l'Abîme ou Chaos et le "Premier Point". C'est, pour ainsi dire, le Tétragrammaton qui se trouve à la tête des Sept Séphiroths inférieurs. C'était aussi la croyance des Chaldéens. Philon, le Juif, parlant très inconsidérément des premiers instructeurs de ses ancêtres, écrivit ce qui suit :

Ces Chaldéens étaient d'avis que le Cosmos, au milieu des choses qui existent [?], est un simple Point, étant lui-même Dieu [Théos] ou renfermant Dieu en lu et contenant l'Ame de toutes choses 81.

81 "Migration of Abraham", 82.

 

Chaos, Théos et Cosmos ne sont que les trois aspects de leur synthèse – l'ESPACE. On ne saurait espérer résoudre jamais le mystère de ce Tétraktys, en se cramponnant à la lettre morte, même des vieilles philosophies, telles qu'elles existent actuellement. Mais, même dans celles- ci, CHAOS, THEOS, COSMOS = l'ESPACE sont identifiés de toute Eternité, comme formant l'Espace Unique Inconnu, dont le dernier mot ne sera peut-être jamais connu avant notre Septième Ronde. [II 53] Néanmoins, les allégories et les symboles métaphysiques au sujet du CUBE primordial et parfait sont remarquables, même dans les Pourânas exotériques.

Là aussi, Brahmâ est Théos, évoluant hors du Chaos ou du Grand "Abîme", les Eaux sur la face desquelles l'Esprit ou l'ESPACE personnifié par ayana [périodes] l'Esprit se mouvant sur la surface du Cosmos futur et sans bornes plane en silence durant la première heure du réveil. C'est aussi Vishnou dormant sur Ananta-Shesha, le grand Serpent de l'Eternité,  dont la Théologie Occidentale, ignorante de la Cabale, seule clef qui ouvre les secrets de la Bible, a fait – le Diable. C'est le premier triangle ou la triade Pythagoricienne, le Dieu aux trois aspects", avant sa transformation, par la quadrature parfaite du Cercle infini, en Brahmâ "aux quatre visages". "De celui qui est et cependant n'est pas, du Non-Etre, la Cause Eternelle, est né l'Etre, Pourousha", dit Manou le législateur.

Dans la mythologie égyptienne, Kneph, l'Eternel, Dieu Non-Révélé, est représenté sous l'emblème du serpent de l'Eternité enroulé autour d'un vase d'eau, la tête s'agitant au-dessus de l'eau qu'il féconde de son souffle. Dans ce cas le serpent est l'Agatho-daïmon, le Bon Esprit ; dans son aspect opposé c'est le Kako-daïmon, l'Esprit Mauvais. Dans les Eddas scandinaves, la rosée de miel, le fruit des Dieux et des laborieuses abeilles créatrices Yggdrasil, tombe durant les heures de la nuit, lorsque l'atmosphère est imprégnée d'humidité et dans les mythologies du Nord, comme principe passif de la création, elle typifie la création de l'Univers issu de l'Eau. Cette rosée est la Lumière Astrale dans l'une de ses combinaisons et possède des propriétés créatrices, aussi bien que destructives. Dans la légende chaldéenne de Bérose, Oannès ou Dagon, l'homme-poisson, instruisant le peuple, montre le Monde nouveau-né comme issu de l'Eau et tous les êtres comme sortant de cette Prima Materia. Moïse enseigne qu'il n'y a que la Terre et l'Eau  qui puissent donner naissance à une Ame Vivante et nous lisons dans les Ecritures que l'herbe ne pouvait pousser, jusqu'au moment où l'Eternel fit pleuvoir sur la Terre. Dans le Popol Vuh mexicain, l'homme est créé de boue ou d'argile (terre glaise), prise au fond de l'Eau. Brahmâ, assis sur son Lotus, ne crée le grand Mouni, ou premier homme, qu'après avoir appelé les esprits à la vie, qui eurent ainsi la priorité d'existence sur les mortels, et il le tire de l'Eau, de l'Air et de la Terre. Les alchimistes prétendent que la Terre primordiale ou préadamique, lorsqu'elle est réduite à sa  substance première, est, dans son stage second de transformation, comme de l'Eau claire, tandis qu'elle est, dans le premier, l'Alkahest proprement dit. Cette substance primordiale contient dit-on en soi l'essence de tout ce qui sert à édifier l'homme ; elle contient non seulement tous les éléments de son être physique, mais même le [II 54] "souffle de vie" à l'état latent et prêt à être éveillé. Elle tire celui-ci de l' "incubation" de "l'Esprit de Dieu" sur la surface des Eaux – le Chaos. En fait, cette substance est le Chaos lui- même. C'est d'elle que Paracelse prétendait pouvoir faire ses Homoncules et c'est pourquoi Thalès, le grand philosophe naturel, soutint que l'Eau était le principe de toutes choses dans la nature 82... Job dit que  les choses mortes sont formées au-dessous des Eaux,  ainsi  que  ses  propres habitants 83. Dans le texte original, au lieu de "choses mortes", il y a Rephaïm morts, les Géants ou les puissants Hommes Primitifs, d'où l'évolution fera peut-être descendre un jour notre race actuelle 84.

82 Chez les Grecs, les "Dieux des fleuves", tous les Fils de l'Océan Primordial – le Chaos sous son aspect masculin – étaient respectivement les ancêtres des races Hellènes. Pour eux l'océan était le Père des Dieux, de sorte que de ce côté ils avaient anticipé les théories de Thalès, comme Aristote le fait remarquer avec raison (Métaph., I, 3-5).

83 XXVI, 5.

84 Isis Dévoilée, I, 258.

 

"Dans l'état primordial de la création", dit la Mythologie des Hindous de Polier, "l'Univers rudimentaire, submergé dans l'eau, reposait dans le sein de Vishnou. Issu de ce chaos et de ces ténèbres, Brahmâ, l'architecte du monde, soutenu par une feuille de lotus, flotta [se mût] sur les eaux, incapable de discerner autre chose que l'eau et les ténèbres". Remarquant un aussi triste état de choses, Brahmâ, consterné, se dit à lui-même :   "Qui suis-je ? D'où suis-je venu ?" Il entendit alors une Voix 85 : "Dirigez vos pensées sur Bhagavat." Brahmâ, quittant sa position natatoire, s'assied sur le lotus dans une attitude de contemplation et réfléchit sur l'Eternel qui, satisfait par cette preuve de piété, disperse les ténèbres primordiales et ouvre sa compréhension. "Après cela Brahmâ sort de l'Œuf Universel [le chaos Infini] sous forme de Lumière, car sa compréhension est maintenant éveillée et il se met à l'œuvre. Il se meut sur les Eaux éternelles, ayant en lui l'esprit de Dieu et, dans son rôle de Moteur des Eaux, il est Vishnou ou Nârâyana."

C'est évidemment exotérique ; cependant, d'une façon générale, c'est aussi identique que possible avec la Cosmogonie égyptienne, qui, dans ses premières phrases, montre Athtor 86 ou la Nuit-Mère, représentant les ténèbres sans limites comme l'élément primordial recouvrant l'abîme infini, animé par l'Eau et par l'esprit universel de l'Eternel, habitant seul le Chaos. De même, dans les Ecritures juives, l'histoire de la [II 55] création commence avec l'Esprit de Dieu et son Emanation créatrice – une autre Divinité 87.

Le Zohar enseigne que ce sont les éléments primordiaux – la trinité du Feu, de l'Air et de l'Eau – les quatre points cardinaux et toutes les Forces de la Nature, qui forment collectivement la voix de la VOLONTE, Memrab ou le "Verbe", le Logos du TOUT Absolu et Silencieux.  "Le Point indivisible, sans limites et inconnaissable", s'étend sur l'espace et forme ainsi un Voile, la Mūlaprakriti de Parabrahman, qui cache ce Point Absolu.

Dans les Cosmogonies de toutes les nations, ce sont les "Architectes", synthétisés par le Démiurge, dans la Biblel'Elohim ou Alhim, qui façonnent le Cosmos du Chaos et qui sont le Théos collectif, mâle-femelle, Esprit et Matière. "Par une série (yom) de fondations (hasoth), l'Alhim fait naître la terre et le ciel 88." Dans la Genèse, c'est d'abord Alhim, ensuite Jahva-Alhim, et finalement Jéhovah – après la séparation des sexes, au quatrième chapitre. Il est à remarquer que nulle part, sauf dans les plus récentes, ou plutôt dans les dernières Cosmogonies de notre cinquième Race, on ne voit le NOM ineffable et indicible 89 – symbole de la Divinité Inconnue, dont on ne se servait que dans les MYSTERES – être employé à propos de la "Création" de l'Univers. Ce sont les Remueurs, les Moteurs, les Théoi (de θέειν, courir), qui procèdent au travail de la formation, les "Messagers" de la Loi Manvantarique, devenus maintenant dans le Christianisme de simples "Messagers" (Malachim). Il semble en avoir été de même dans l'Hindouisme et dans le Brahmanisme naissant, car dans le Rig Véda ce n'est pas Brahmâ qui crée, mais les Prajâpatis, les "Seigneurs de l'Etre" qui sont aussi les Richis ; le terme de Richi, selon le professeur Mahadeo Kunte, étant rattaché au mot mouvoir, conduire, qui leur est appliqué lorsque dans leur caractère terrestre, en qualité de Patriarches, ils conduisent leurs Armées sur les Sept Rivières.

85 L'Esprit, ou la Voix cachée des Mantras ; la manifestation active de la Force  latente  ou du pouvoir occulte.

86 Orthographe du Archaic Dictionary.

87 Nous ne parlons pas de la Bibleordinaire ou acceptée, mais des vraies Ecritures Juives qui sont maintenant expliquées à l'aide de la Cabale.

88 Voir la Genèse, II, 4.

 89 Il est "indicible" pour la simple raison qu'il n'existe pas. Ce ne fut jamais ni un nom ni un mot mais une idée impossible à exprimer. On en créa une représentation dans le siècle qui précéda notre ère.

90 Dieu. (N.d.T.)

91 Bien ou Bon. (N.d.T.)

 

En outre, le mot "Dieu" lui-même, au singulier, embrassant tous les Dieux ou Theoi, est parvenu aux nations d'une civilisation "supérieure" d'une étrange source, une source aussi complètement et aussi extraordinairement phallique que l'est le Lingham Indien dans sa franchise brutale. L'idée [II 56] de faire dériver le mot God 90 du synonyme Anglo- Saxon Good 91 est abandonnée, car dans aucune autre langue, depuis le Khoda persan jusqu'au Deus latin, on n'a trouvé d'exemple du nom de Dieu dérivé de la qualité de Goodness (Bonté). Pour les races latines, il vient de l'Aryen Dyaus (le Jour) ; pour les Slaves du Bacchus grec (Bagh-Bog) et pour les races saxonnes directement de l'hébreu Yod ou Jod. Ce dernier est י, la lettre-chiffre 10, mâle et femelle, et Yod est le crochet phallique. De là vient le saxon Godh, le Gott Germanique et le God anglais. On peut dire que ce terme symbolique représente le Créateur de l'Humanité Physique sur le plan terrestre, mais sûrement il n'a rien à faire avec la Formation ou "Création" tant de l'Esprit que des Dieux ou du Cosmos.

Chaos – Théos – Cosmos, la Triple Divinité est tout dans tout. C'est pourquoi l'on dit qu'elle est mâle et femelle, bonne et mauvaise, positive et négative ; toute la série des qualités contraires. Lorsqu'elle est latente, en Pralaya, elle est inconnaissable et devient la Divinité impossible à concevoir. Elle ne peut être connue que dans ses fonctions actives, par conséquent comme Force-Matière et comme Esprit vivant, corrélations et résultat, ou expression, sur le plan visible, de l'Unité ultime et à jamais inconnue.

A son tour, cette Triple Unité est l'auteur des Quatre éléments Primaires 92 qui sont connus, dans notre Nature terrestre visible, comme les sept (jusqu'à présent les cinq) Eléments, divisibles chacun en quarante- neuf – sept fois sept – sous-éléments, parmi lesquels la Chimie en connaît à peu près soixante-dix. Chaque Elément Cosmique, tel que le Feu, l'Air, l'Eau et la Terre, ayant sa part des qualités et des défauts de ses Primaires, est, par sa nature, Bien et Mal, Force ou Esprit et Matière, etc., et chacun, par suite, est en même temps Vie et Mort, Santé et Maladie, Action et Réaction. Ils forment constamment de la Matière, sous l'impulsion incessante de l'Elément Unique, de l'Inconnaissable, représenté dans le monde des phénomènes par l'Æther. Ce sont "les Dieux immortels qui donnent la naissance et la vie à tout".

Dans les Ecrits philosophiques de Salomon Ben Yehudah Ibn Gebirol, il est dit, au sujet de la formation de l'Univers : [II 57]

  1. Yehudah commença ainsi, écrit-on : "Elohim dit : qu'il y ait un firmament au milieu des eaux" (Genèse, I, 6). Venez voir : Lorsque le Très Saint... créa le monde. Il créa 7 cieux en Haut. Il créa 7 terres en Bas, 7 mers, 7 jours, 7 fleuves, 7 semaines, 7 années, 7 époques et 7.000 années durant lesquelles le monde a existé. Le Saint est dans le septième de tout (le millenium) 93.

Outre que ceci a une étrange ressemblance avec la Cosmogonie des Pourânas 94, cela corrobore tous nos enseignements touchant le nombre sept, comme ils sont brièvement exposés dans le Bouddhisme Esotérique.

 92 Le Tabernacle Cosmique de Moïse, érigé par lui dans le Désert, était carré et représentait les quatre Points Cardinaux et les quatre Eléments, comme Josèphe l'explique à ses lecteurs (Antiq., I, VIII, ch. II). L'idée avait été tirée des pyramides d'Egypte et de celles de Tyr, où les pyramides devinrent des piliers. Les Génies, ou Anges, habitent respectivement ces quatre points.

93 Qabbalah d'Isaac Myer, publiée en 1888, p. 415.

94 Comme, par exemple, dans Vishnou Pourâna, livre I-1.

 

Les Hindous ont une interminable série d'allégories pour exprimer cette idée. Dans le Chaos Primordial, avant qu'il n'ait été transformé en Sapta Samoudra ou les Sept Océans emblème des Sept Gounas ou qualités conditionnées, composées de Trigounas (Sattva, Rajas et Tamas) – se trouvent à l'état latent Amrita, ou l'Immortalité, ainsi que Visha ou le Poison, la Mort, le Mal. Cela se retrouve dans le Barattement allégorique de l'Océan par les Dieux. Amrita est au-dessus de tous les Gounas, car elle est non-conditionnée, per se ; mais dès qu'elle fut tombée dans la création phénoménale, elle se mêla au Mal, au Chaos, renfermant Théos à l'état latent, avant que le Cosmos ne fût évolué. C'est pourquoi nous voyons Vishnou, qui est la personnification de la Loi Eternelle, appelant périodiquement le Cosmos à l'activité, ou, suivant la phraséologie allégorique, extrayant par barattement de l'Océan Primitif, ou du Chaos Sans Bornes, l'Amrita de l'Eternité réservée uniquement aux Dieux et aux Dévas et, dans l'accomplissement de sa tâche, il doit employer Nâgas et Assouras, ou les Démons de l'hindouisme exotérique. L'allégorie tout entière est hautement philosophique et, en effet, nous la trouvons reproduite dans tous les antiques systèmes de philosophie. Nous la trouvons, par exemple, dans Platon qui, ayant pleinement embrassé les idées que Pythagore avait rapportées de l'Inde, les compila et les publia sous une forme plus compréhensible que le mystérieux système numérique originel du Sage Grec. Ainsi le Cosmos, chez Platon, est le "Fils" ayant pour Père et Mère la Pensée Divine et la Matière95.

"Les Egyptiens", dit Dunlap, "établissaient une distinction entre un Horus Aîné et un Cadet ; le premier était le frère d'Osiris, le second le fils d'Osiris et d'Isis 96." Le premier représente l'Idée du Monde restant dans le Mental du Démiurge "né dans les Ténèbres avant la Création du Monde". [II 58] Le second Horus est cette "Idée" rayonnant du Logos, se revêtant de matière et assumant une existence réelle 97.

Les Oracles chaldéens parlent du "Dieu du Monde, éternel, sans bornes, jeune et vieux, de forme ondoyante" 98. Cette "forme ondoyante" est une métaphore pour exprimer le mouvement vibratoire de la Lumière Astrale que les prêtres anciens connaissaient parfaitement, bien que le nom "Lumière Astrale" ait été inventé par les Martinistes.

La Science moderne

95 PLUTARQUE, De Iside et Osiride, LVI.

96 Vestiges of the Spirit History of Man, par S.F. Dunlap, p. 189 (1858).

97 MOVERS, Phoinizer, 268.

98 CORY, Ancient Fragments, 240.

montre avec mépris du doigt la superstitieuse Cosmolâtrie. Cette science, cependant, avant d'en rire, devrait, comme le lui conseillait un savant français, "réformer complètement son propre système d'éducation cosmo-pneumatologique". Satis eloquentiae, sapientiae parum ! [Beaucoup de mots, mais peu de sens.] La Cosmolâtrie, comme le Panthéisme, dans son expression finale, peut être considérée comme employant les termes mêmes dont se servent les Pourânas pour décrire Vishnou :

Il n'est que la cause idéale des pouvoirs qui doivent être produits dans l'œuvre de la création et de lui procèdent les pouvoirs qui doivent être créés, après qu'ils sont devenus la cause réelle. A l'exception de cette cause idéale, il n'en existe aucune à laquelle on puisse rapporter le mot... Par le pouvoir de cette cause toute chose créée survient par sa nature propre 99.

 99 Vishnou Pourâna, I-66.

 [II 59]

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