MAITRE M

Les Enseignements du Maitre MORYA

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LA DOCTRINE SECRETE VOL 2

SECTION X - DES ELEMENTS ET DES ATOMES

SECTION X

DES ELEMENTS ET DES ATOMES

 

Lorsque l'Occultiste qualifie de "nature de la Matière" les "Eléments" et les Etres humains qui vivaient aux époques géologiques dont  on constate qu'il est impossible de déterminer la durée suivant l'opinion d'un des meilleurs Géologues anglais 588 – c'est qu'il sait fort bien de quoi il parle. Lorsqu'il prononce les mots Homme et Eléments, il n'entend  parler ni de "l'homme" dans sa forme physiologique et anthropologique actuelle ni des Atomes élémentals, ces conceptions hypothétiques qui peuplent actuellement les esprits scientifiques, ces entités abstraites de la Matière dans son état le plus affiné ; il n'entend même pas parler des Eléments complexes de l'Antiquité. En Occultisme, le mot Elément est toujours synonyme de rudiment. Lorsque nous parlons de "l'Homme Elémentaire" nous entendons parler soit de l'esquisse préliminaire de l'homme naissant, dans son état de développement imparfait, c'est-à-dire de la forme qui est aujourd'hui latente dans l'homme physique durant sa vie et ne se manifeste qu'occasionnellement et dans de certaines conditions, soit de la forme, qui survit au corps matériel durant un certain temps et qui est plus connue sous le nom d'Elémentaire 589. En ce qui concerne le mot Elément, il signifie, lorsqu'on l'emploie au point de vue métaphysique,  l'Homme Divin naissant, par opposition à l'homme mortel, et, si on l'emploie au point de vue physique, il désigne la Matière chaotique dans son premier état non différencié, ou état Laya, l'état éternel et normal de la Substance qui ne se différencie que périodiquement ; durant cette différenciation, la Substance est réellement dans un état anormal – en d'autres termes, ce n'est qu'une illusion transitoire des sens.

 588 Répondant à un ami, cet éminent Géologue écrit : "Tout ce que je puis dire, en réponse à votre lettre, c'est qu'il est Impossible pour le moment, et il sera peut-être toujours impossible de réduire, même approximativement, les époques géologiques en années, ou même en millénaires." (Signé, William Pengelly.)

589 Platon, lorsqu'il fait mention des Eléments irrationnels et turbulents "composés de feu, d'air, d'eau et de terre", veut parler des Démons Elémentaires (Voyez Timée).

 

Quant à ce que l'on appelle les "Atomes Elémentals", les Occultistes en parlent en leur donnant ce nom lorsqu'ils veulent lui donner une signification analogue à celle que l'Hindou donne à Brahmâ lorsqu'il l'appelle ANOU, l'Atome. [II 332] Chaque Atome Elémental,  que plus d'un Chimiste a cherché à découvrir en suivant la voie indiquée par les Alchimistes, est, suivant sa ferme conviction, quand ce n'est pas à sa connaissance, une AME ; non pas nécessairement une Ame désincarnée, mais un Jîva, comme disent les Hindous, un centre de VITALITE POTENTIELLE, possédant une intelligence latente et, dans le cas d'Ames complexes, une EXISTENCE intelligente et active, depuis la catégorie la plus haute jusqu'à la plus basse, une forme composée de différenciations plus ou moins nombreuses. Il faut être Métaphysicien – et même Métaphysicien Oriental – pour comprendre ce que nous voulons dire. Toutes ces Ames-Atomes sont des différenciations de l'UN – et ont avec lui les mêmes rapports que ceux de l'Ame Divine, Bouddhi, avec Atmâ, l'Esprit qui l'anime et en est inséparable.

La Physique moderne, en empruntant aux Anciens leur Théorie Atomique, a oublié un détail qui est le point le plus important de la doctrine, aussi ne possède-t-elle que la coque et ne sera-t-elle jamais capable d'entrer en possession de la noix. En adoptant les Atomes physiques, elle n'a pas tenu compte de ce fait, pourtant suggestif, que depuis Anaxagore jusqu'à Epicure, jusqu'au romain Lucrèce, voire même jusqu'à Galilée, tous les Philosophes croyaient plus ou moins aux Atomes animés et non pas à des parcelles invisibles de ce que l'on appelle la matière "brute". D'après eux, le mouvement rotatoire était généré par des Atomes plus grands (lisez, plus divins, plus purs) forçant d'autres  Atomes à descendre, en même temps que les plus légers étaient repoussés de bas en haut. La signification Esotérique de cela, c'est la courbe cyclique constante des Eléments différenciés, descendante et ascendante durant les phases intercycliques d'existence jusqu'à ce que chacun atteigne son point de départ au lieu de naissance. L'idée était métaphysique en même temps que physique ; l'interprétation cachée comprenait les Dieux ou les Ames, sous forme d'Atomes, comme étant les causes de tous les effets produits sur Terre par les sécrétions des corps divins 590. Aucun Philosophe Ancien, pas même les Cabalistes juifs, ne séparait l'Esprit de la Matière ou la Matière de l'Esprit. Tout tirait son origine de l'UN, et partant de l'Un devait retourner finalement à l'Un.

590 Platon se sert dans Timée du mot "sécrétions" des Eléments turbulents.

 

La lumière devient de la chaleur et se solidifie en particules ardentes qui, une fois brûlées, deviennent des particules froides, dures, rondes et lisses. C'est appelé l'Ame emprisonnée dans son revêtement de matière 591. [II 333]

Atomes et Ames étaient des synonymes dans la langue des Initiés. La doctrine des "Ames tourbillonnantes", Gilgoulim, à laquelle croyaient tant les Juifs instruits 592, n'avait pas d'autre signification ésotérique. Les savants Initiés juifs n'ont jamais entendu désigner la Palestine seule sous le nom de Terre Promise, mais ils entendaient par-là le même Nirvâna dont parlent les savants Bouddhistes et Brahmanes – le sein de l'UN Eternel, symbolisé par celui d'Abraham et par la Palestine, comme son remplaçant sur terre.

[Assurément aucun juif instruit n'a jamais pris cette allégorie dans son sens littéral, indiquant que les corps des juifs renfermaient en eux le principe d'une Ame qui ne pouvait avoir de repos si ces corps étaient disposés dans une terre étrangère, tant que la particule immortelle n'avait pas regagné le sol sacré de la "Terre Promise" 593, au moyen d'un processus appelé "tourbillonnement de l'Ame". La signification en est évidente aux yeux d'un Occultiste. On pensait que le processus s'accomplissait  au moyen d'une sorte de métempsychose qui faisait passer l'étincelle psychique par les oiseaux, les bêtes, les poissons et les insectes les plus minuscules 594. Cette allégorie se rapporte aux atomes du corps,  dont chacun doit passer par toutes les formes, avant d'atteindre l'état final, qui n'est autre que le point de départ de chaque Atome – son état Laya primitif. Toutefois, la signification primitive de Gilgoulim, ou la "Révolution des Ames", était l'idée des Ames ou des Egos réincarnants. "Toutes les âmes vont dans le Gilgoulah", traversent un processus cyclique ou révolutif, c'est-à-dire qu'elles suivent toutes la voie cyclique des renaissances. Quelques Cabalistes interprètent cette doctrine comme faisant    seulement allusion à une sorte de purgatoire pour les âmes des méchants, mais il n'en est pas ainsi.]

591 VALENTINUS, Esoteric Treatise on the Doctrine of Gilgul.

592 Voyez la Royal Masonic Cyclopœdia de MACKENSIE, pp. 250-1.

593 Voyez Isis Dévoilée, III, 206.

594 Voyez MACKENSIE, ibid., sub. voc.

 

Le passage de L'AME-ATOME "par les sept Chambres Planétaires", avait la même signification métaphysique et physique ; il prenait cette dernière signification lorsqu'on disait que l'Ame se dissolvait dans l'Ether. Epicure lui-même, le modèle des Athées et des Matérialistes, connaissait assez la Sagesse antique et croyait assez, pour enseigner que l'Ame – complètement distincte de l'Esprit immortel, lorsque celui-ci est enchâssé en elle à l'état latent, comme il l'est dans chaque parcelle atomique – était composée d'une essence fine et tendre, tirée des atomes les plus unis, les plus ronds et les plus fins 595. [II 334]

Cela indique quelle signification les anciens Initiés, que toute l'Antiquité profane a suivis de plus ou moins près, donnaient du mot "ATOME", une Ame, un Génie ou un Ange, le premier-né de la CAUSE à jamais cachée de toutes les causes, et avec cette signification leurs enseignements deviennent compréhensibles. Ils affirmaient, comme le font leurs successeurs, l'existence de Dieux et de Génies, d'Anges ou de "Démons", non pas en dehors de la Plénitude Universelle ou indépendamment d'elle, mais dans elle ; seulement cette plénitude est infinie durant les cycles vitaux. Ils admettaient et enseignaient une bonne partie de ce que la Science moderne enseigne maintenant, à savoir l'existence d'une primordiale Matière du Monde ou d'une Substance Cosmique éternellement homogène, sauf durant son existence périodique ; à ce moment, elle est universellement répandue à travers l'Espace infini, se différencie et forme graduellement les corps sidéraux qu'elle tire de son sein. Ils enseignaient la révolution des Cieux, la rotation de la Terre, le Système Héliocentrique et les Tourbillons Atomiques – les Atomes étant en réalité des Ames et des Intelligences. Ces "Atomistes" étant des Panthéistes spirituels, extrêmement transcendants et philosophes. Ce n'est pas eux qui auraient jamais conçu, ni même rêvé, cette monstrueuse conception opposée qui est le cauchemar de notre Race moderne civilisée : d'un côté des Atomes matériels inanimés, se dirigeant eux-mêmes, et de l'autre un Dieu extra-Cosmique.

Il peut être utile d'expliquer ce qu'était la Monade et quelle était son origine, dans les enseignements des anciens Initiés.

595 Isis Dévoilée, II, 36.

 

La Science exacte moderne, dès qu'elle commença à sortir  de l'enfance, comprit le grand axiome, jusqu'alors ésotérique pour elle, en vertu duquel rien, tant dans le royaume spirituel que dans le royaume psychique ou le royaume physique de l'Etre, ne peut sortir du néant. Dans l'Univers manifesté il n'existe pas de cause qui n'ait ses effets appropriés dans l'Espace ou dans le Temps, pas plus qu'il ne peut y avoir d'effets sans une cause première, née elle-même d'une cause plus élevée – la Cause finale et absolue devant rester à jamais pour l'homme une incompréhensible CAUSE SANS CAUSE. Cela n'est toutefois pas une solution et, si on l'étudie, doit être étudié en se plaçant au point de vue philosophique et métaphysique le plus élevé, sans quoi il serait préférable de ne pas entreprendre cette étude. C'est une abstraction au contact de laquelle la raison humaine – si habituée qu'elle soit aux subtilités métaphysiques – tremble et menace de s'effondrer. On peut le prouver au moyen des articles de foi du véritable Védantin, par exemple, à tout Européen qui [II 335] entreprendrait de résoudre le problème de l'existence. Qu'il lise et étudie les sublimes enseignements de Shankarâchârya au sujet de l'Ame et de l'Esprit et il se rendra compte de ce que nous disons ici 596.

Tandis qu'on enseigne au Chrétien que l'Ame humaine est un souffle de Dieu et qu'elle est créée par lui en vue d'une existence sempiternelle qui a un commencement mais pas de fin – ce qui fait qu'elle ne saurait être qualifiée d'éternelle – l'Enseignement Occulte dit : Rien n'est créé, c'est simplement transformé. Rien ne peut se manifester dans cet univers – pas plus un globe qu'une pensée vague et rapide – qui n'ait existé déjà dans l'Univers ; tout ce qui existe sur le plan subjectif est un éternel étant, de même que, sur le plan objectif, tout est un toujours devenant – parce que tout est transitoire.

La Monade – vraiment "chose indivisible", suivant la définition de Good qui ne donnait pas à ce mot le sens que nous lui donnons – désigne ici Atmâ en conjonction avec Bouddhi et avec le Manas supérieur. Cette trinité est une et éternelle, car les deux derniers sont absorbés dans le premier, lorsque toute vie conditionnée et illusoire prend fin. On ne peut donc suivre la Monade au cours de son pèlerinage et de ses changements de véhicules transitoires, qu'à partir de la phase préliminaire que traverse l'Univers manifesté. Durant le Pralaya, la période intermédiaire qui sépare deux Manvantaras, elle perd son nom, comme elle le perd lorsque le réel Soi Unique de l'homme se fond DANS BRAHMAN, dans les cas de haut Samâdhi (l'état Tourîya) ou dans le Nirvâna final. Suivant les termes de Shankara :

Lorsque le disciple, ayant atteint cet état de conscience primordial, la béatitude absolue, dont la vérité constitue la nature et qui n'a ni forme, ni action, il abandonne ce corps illusoire qu'a revêtu l'Atmâ, exactement comme un acteur (abandonne) le costume (qu'il avait endossé).

596 Viveka Chûdâmani, traduit par Mohini M. Chatterji comme voulant dire : "Le Suprême Joyau de Sagesse". Voir Theosophist d'octobre 1885 à août 1886.

 

Car Bouddhi, l'Enveloppe Anandamaya, n'est qu'un miroir  qui réfléchit la béatitude absolue, et, de plus, cette réflexion elle-même n'est pas à l'abri de l'ignorance et ne constitue pas l'Esprit Suprême, puisqu'elle est soumise à des conditions, est une modification spirituelle du Prakriti et un effet. Atmâ seul est l'unique substratum réel et éternel de tout, l'Essence et le Savoir Absolu, le Kshetrajña.

[Maintenant que l'on a publié la Version Révisée des [II 336] Evangiles et que les plus grosses fautes de traduction des anciennes versions sont corrigées, on peut mieux comprendre la phrase de saint Jean,

  1. V. 6 : "C'est l'Esprit qui témoigne, attendu que l'Esprit c'est la vérité." Les mots qui suivent, dans la version erronée, au sujet des trois qui donnent un rapport [témoins] que l'on supposait jusqu'à présent être "le Père, le Verbe et le Saint-Esprit" [V. 7], laissent voir très clairement la vraie pensée de l'auteur et identifient avec plus de force ses enseignements sur ce point avec ceux de Shankarâchârya. En effet, que peut vouloir  dire la phrase : "Il y en a trois qui témoignent... l'esprit, l'eau et le sang" [V. 8], si elle n'a aucun rapport, aucune relation, avec la déclaration plus philosophique du grand instructeur Védantin qui, parlant des Enveloppes – des principes de l'homme – Jîva, Vijñânamaya, etc., qui, dans leurs manifestations, sont "l'Eau et le Sang", ou la Vie, ajoute qu'Atmâ, l'Esprit, persiste seul après la soustraction des Enveloppes et qu'il est le SEUL TEMOIN ou la seule unité synthétisée ? L'école moins spirituelle et moins philosophique, ne voyant qu'une Trinité, fit trois témoins de "l'unique" témoin, le reliant de la sorte avec la Terre plus qu'avec le Ciel.]

 [Dans la Philosophie Esotérique, on l'appelle "l'Unique Témoin" et, durant son séjour en Dévachan, on en parle comme des "Trois Témoins de Karma".]

Atmâ, notre septième principe, étant identique à l'Esprit Universel, et l'homme ne faisant qu'un avec lui dans son essence, qu'est-ce donc que la Monade proprement dite ? C'est l'étincelle homogène qui s'irradie en millions de rayons émanant des Sept primordiaux – au sujet desquels nous dirons quelque chose plus loin. C'est L'ETINCELLE EMANANT DU RAYON INCREE – un mystère. Dans le Bouddhisme ésotérique, et même exotérique, du nord, Adi-Bouddha (Chogi Dangpoi Sangye), l'Inconnu Unique, sans commencement ni fin, identique à Parabrahman et à Aïn- Soph, fait jaillir un Rayon brillant du sein de ses Ténèbres.

C'est le Logos, le Premier ou Vajradhara, le Bouddha Suprême appelé aussi Dorjechang 597. En sa qualité de Seigneur de tous les Mystères, il ne peut se manifester, mais envoie dans le monde de la manifestation son Cœur, le "Cœur de Diamant", Vajrasattva ou Dorjesempa 598. Celui-ci est le Second Logos de la Création, du sein duquel émanent les sept – exotériquement les cinq –  Dhyâni-Bouddhas  appelés  les  Anoupâdaka, [II 337] les "Sans Parents". Ces Bouddhas sont les Monades primordiales provenant du Monde de l'Etre Incorporel, le Monde Aroûpa où les Intelligences (sur ce plan seulement) n'ont ni forme ni nom, dans le système exotérique, mais ont leurs sept noms distincts dans la Philosophie Esotérique. Ces Dhyâni-Bouddhas émanent ou tirent d'eux-mêmes, en vertu de Dhyâna, des Sois célestes – les Bodhisattvas Suprahumains. Ceux-ci, s'incarnant sur Terre au début de chaque cycle humain, en qualité d'hommes mortels, deviennent parfois, grâce à leurs mérites personnels, des Bodhisattvas parmi les Fils de l'Humanité, après quoi ils peuvent apparaître de nouveau en qualité de Bouddhas Mânoushi ou Humains. Les Anoupâdaka ou Dhyâni-Bouddhas sont ainsi identifiés avec les Mânasapoutras Brâhmaniques, "Fils Nés du Mental", soit de Brahmâ, soit de l'une des deux autres Hypostases de la Trimurti, ils sont aussi identiques aux Rishis et aux Prajâpatis. On trouve, par exemple, dans l'Anougîtâ un passage qui, lu ésotériquement, établit clairement la même idée et le même système, bien que sous une autre façon de parler. On y lit :

 Quelles que soient les entités (qui se trouvent) dans ce monde, mobiles ou immobiles, elles sont les toutes premières à se dissoudre [lors du Pralaya] ; ensuite les développements tirés des éléments [avec lesquels l'univers visible est façonné] et après  ces développements [les entités évoluées], tous les éléments. Telle est la gradation ascendante parmi les entités. Les Dieux, les Hommes, les Gandharvas, les Pishâchas, les Asoûras, les Râkshasas, tous ont été créés par la nature [Svabhâva ou Prakriti la Nature plastique] et non par des actions ou par une cause [par une cause physique]. Ces Brahmanas [les Rishis Prajâpati ?], les créateurs du monde, renaissent ici [sur terre] à plusieurs reprises et tout ce qui est tiré d'eux se dissout en temps voulu dans ces mêmes cinq grands éléments [les cinq ou plutôt les sept Dhyâni-Bouddhas, appelés aussi "Eléments" de l'Humanité], comme les vagues dans l'océan. Ces grands éléments sont sous tous les rapports (au-delà des) éléments qui ont constitué le monde [les éléments grossiers] et celui qui est libéré même de ces cinq éléments [les Tanmâtras] 599, atteint le but le plus élevé. Le Seigneur Prajâpati (Brahmâ) créa tout cela par le mental seulement [par Dhyâna ou la méditation abstraite et les pouvoirs mystiques, comme les  Dhyâni- Bouddhas] 600. [II 338]

597 [Tibétain : rdo. rje. hdsin = vajra-dhara (Sanscrit), porteur de foudre.]

598 [Tibétain rdi. rje. sems. dpah = vajra-sattva (Sanscrit), ici vajra signifie diamant, et sattva nature, essence ou principe, etc.]

 599 Les Tanmatras sont, littéralement, le type ou rudiment d'un élément dépourvu de qualités ; mais, ésotériquement, ce sont les noumènes primordiaux de ce qui devient, au cours des progrès de l'évolution, un Elément Cosmique, dans le sens donné à ce terme dans l'Antiquité et non dans la Physique. Ce sont les Logoï, les sept émanations ou rayons du Logos.

600. Chap. XXXVI : traduction de Telang, Sacred Books of the East, pp. 387-8.

 

Il est donc évident que ces Brâhmanas sont identiques aux Bodhisattvas terrestres des célestes Dhyâni-Bouddhas. Tous les deux, en leur qualité "d'Eléments" primordiaux, intelligents, deviennent  les créateurs ou les émanateurs des Monades destinées à devenir humaines dans ce cycle, après quoi ils évoluent ou, pour ainsi dire, s'étendent dans leur propre Soi en qualité de Bodhisattvas ou Brâhmanas, dans le ciel et sur terre, pour devenir à la fin de simples hommes. En vérité, "les créateurs du monde renaissent ici sur la terre à plusieurs reprises". Dans le Système Bouddhiste du nord, ou religion populaire exotérique, on enseigne que chaque Bouddha, tandis qu'il prêche la Bonne Loi sur Terre, se manifeste simultanément dans trois Mondes : dans le Monde Sans Forme en qualité de Dhyâni-Bouddha ; dans le Monde des Formes, en qualité  de Bodhisattva et dans le Monde du désir, le plus bas de tous, notre Monde, en qualité d'homme. Esotériquement, l'enseignement est différent. La Monade divine, purement Adi-Bouddhique, se manifeste comme l'universel Bouddhi, le Mahâ-Bouddhi ou Mahat des Philosophies Hindoues, la Racine spirituelle, omnisciente et omnipotente, de l'Intelligence divine, l'Anima Mundi la plus élevée ou le Logos. Celui-ci descend "comme une flamme jaillissant du Feu éternel, immuable, qui n'augmente ni ne diminue, toujours la même jusqu'à la fin" du cycle de l'existence, et devient la Vie Universelle sur le Plan du Monde. De ce Plan de Vie consciente s'élancent, comme sept langues de Feu, les Fils de la Lumière, les Logoï de la Vie ; ensuite les Dhyâni-Bouddhas de contemplation, les formes concrètes de leurs pères sans forme, les Sept Fils de Lumière, encore eux-mêmes, auxquels on peut appliquer la phrase Brâhmanique mystique : "Tu es CELA" – Brahman. C'est de ces Dhyâni- Bouddhas que furent issues leurs Chhâyâs ou ombres, les Bodhisattvas des royaumes célestes, les prototypes des Bodhisattvas supraterrestres et des Bouddhas terrestres et, finalement, des hommes. Les "Sept Fils de Lumière" sont aussi appelés des "Etoiles".

L'étoile sous laquelle une Entité humaine est née, dit l'Enseignement Occulte, restera à jamais son étoile durant tout le cycle de ses incarnations, dans un même Manvantara, mais ce n'est pas son étoile astrologique. Cette dernière n'a de rapports qu'avec la personnalité ; la première avec l'INDIVIDUALITE. "L'Ange" de cette Etoile ou le Dhyâni-Bouddha qui y est rattaché, sera "l'Ange" dirigeant ou simplement "l'Ange" surveillant, pour ainsi dire, de chaque nouvelle renaissance de la Monade, qui fait partie de sa propre essence, bien que l'homme, son véhicule, puisse ignorer toujours ce fait. Chacun des Adeptes a son Dhyâni-Bouddha, son "Ame Jumelle" plus âgée, et il la connaît et il l'appelle "Ame-Père [II 339]" et "Feu-Père". Ce n'est toutefois qu'au moment de la dernière et suprême Initiation qu'ils sont placés face à face avec la brillante "Image" et apprennent à la reconnaître. Jusqu'à quel point Bulwer Lytton avait-il connaissance de ce fait mystique, lorsque, dans un de ses moments de haute inspiration, il dépeignit Zanoni en présence de son Augoeïdès ?

 Le Logos, ou l'ensemble du Verbe non manifesté, et du Verbe manifesté, est appelé par les Hindous, Ishvara, le Seigneur, bien que les Occultistes lui donnent un autre nom. Ishvara, disent les Védantins, est la plus haute conscience dans la Nature. "Cette conscience la plus haute, répondent les Occultistes, n'est qu'une unité synthétique dans le Monde du Logos manifesté – ou sur le plan de l'illusion, car c'est la somme totale de la conscience Dhyân-Chohanique". "O sage, dit Shankarâchârya, écarte la conception d'après laquelle le non-Esprit est Esprit." Atmâ est le non- Esprit dans son état Parabrahmique final ; Ishvara ou le Logos est l'Esprit ou, comme l'explique l'Occultisme, c'est une unité complexe d'Esprits vivants manifestés, la source de toutes les Monades mondaines et terrestres, plus leurs divines Réflexions qui émanent du Logos et y retournent chacune au point culminant de son temps. Il y a sept Groupes principaux de ces Dhyân-Chohans, groupes que l'on retrouvera et que l'on reconnaîtra dans toutes les religions, car ce sont les SEPT Rayons primordiaux. L'humanité, nous dit l'Occultisme, est divisée en  sept Groupes distincts avec leurs subdivisions mentale, spirituelle et physique. [Il y a, en conséquence, sept planètes principales qui sont les sphères des sept Esprits qui les habitent et sous l'égide de chacune desquelles est né l'un des Groupes humains qui est dirigé et influencé par elle. Il n'y a que sept planètes spécialement reliées à la Terre et sept maisons, mais les combinaisons possibles de leurs aspects sont innombrables.  Comme chaque planète peut prendre douze aspects différents par rapport à chacune des autres, le nombre de leurs combinaisons doit être presque infini ; aussi infini, en fait, que le nombre des capacités spirituelles, psychiques, mentales et physiques des innombrables variétés du genus homo, variétés dont chacune est née sous l'influence de l'une des sept planètes et de l'une des innombrables combinaisons planétaires que nous avons citées 601.]

Par conséquent, la Monade, considérée comme UNE, est au-dessus du septième principe dans le Cosmos et dans l'homme ; considérée comme une Triade, c'est le radieux produit [II 340] direct de cette UNITE COMPLEXE, non pas le Souffle de "Dieu", comme on appelle cette Unité, ni une création de nihil, attendu qu'une pareille conception est tout à fait antiphilosophique et dégrade la Divinité en la rabaissant à une condition limitée et attributive. Comme le dit si bien le traducteur du Suprême Joyau de Sagesse, bien qu'Ishvara soit "Dieu" :

 Inchangé dans les plus profonds abîmes du pralaya et durant les plus intenses périodes d'activité du manvantara [pourtant], au-delà [de lui], et ATMA autour du pavillon duquel règnent les ténèbres de l'éternelle MAYA 602.

601 Voir The Theosophist d'août 1886, p. 729.

 

Les "Triades" nées sous la même Planète-Mère ou plutôt des Radiations d'un seul et même Esprit Planétaire ou Dhyâni-Bouddha sont, durant toutes les incarnations et réincarnations ultérieure, des âmes sœurs ou "jumelles" sur cette Terre. [Cette idée est la même que celle de la Trinité Chrétienne, le "Trois en Un", seulement elle est encore plus métaphysique : "Le Sur-Esprit" Universel se manifestant sur les deux plans supérieurs, ceux de Bouddhi et de Mahat. Ce sont les trois hypostases, métaphysiques, mais jamais personnelles.]

C'était connu de tous les hauts Initiés, à toutes les époques et dans tous les pays : "Moi et mon Père nous sommes un, disait Jésus 603." Lorsqu'on lui fait dire autre part : "Je monte vers mon Père et votre Père 604", cela signifie précisément ce qui vient d'être dit. [L'identité et, en même temps, la différenciation illusoire de l'Ange-monade et de la monade Humaine est établie dans les phrases : "Mon Père est plus grand que Moi 605" ; "Glorifiez votre Père qui est au ciel 606." [II 341] "Alors les justes brilleront comme le soleil dans le royaume de leur Père" (non pas notre Père) 607. Saint Paul demande aussi : "Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu et que l'Esprit de Dieu habite en vous 608  ?] Tout cela avait simplement pour but d'établir que le groupe des disciples et des fidèles qui avaient été attirés à lui appartenait au même Dhyâni-Bouddha, à la même Etoile ou Père et que celui-ci appartenait au même domaine planétaire et à la même division que lui. C'est la connaissance de cette Doctrine Occulte qui a trouvé son expression dans l'analyse de The Idyll of the White Lotus, faite par T. Subba Row lorsqu'il écrivit :

Chaque Bouddha, au moment de sa dernière Initiation, est mis en présence de tous les grands Adeptes qui ont atteint le rang de Bouddha dans les temps passés... les Adeptes de chaque catégorie ont leur lien spécial de communion spirituelle qui les relie les uns aux autres... Le seul moyen possible et effectif pour arriver à faire partie d'une pareille fraternité... consiste à se placer sous l'influence de la Lumière Spirituelle qui émane de son propre Logos. Je puis encore ajouter... qu'une pareille communion n'est possible qu'entre personnes dont les âmes tirent leur vie et leur soutien du même Rayon divin et que, comme sept Rayons distincts émanent du "Soleil Central Spirituel", tous les Adeptes et les Dhyân- Chohans peuvent être classés dans sept catégories, dont chacune est dirigée, contrôlée et adombré par l'un des sept genres de manifestation de la divine Sagesse 609.

Ce sont donc les Sept Fils de Lumière – appelés du nom de leurs planètes et souvent identifiés avec elles par la foule, c'est-à-dire Saturne, Jupiter, Mercure, Mars, Vénus et, on le présume, le Soleil et la Lune, pour les critiques modernes qui n'étudient que superficiellement les anciennes religions 610, [II 342] – qui sont, d'après nos Enseignements Occultes, nos Parents célestes ou, synthétiquement, notre "Père". D'où il résulte, comme je l'ai déjà fait remarquer, que le Polythéisme est en réalité plus philosophique et plus correct, par rapport aux faits de Nature, que ne l'est le Monothéisme anthropomorphique. Saturne, Jupiter, Mercure et Vénus, les quatre planètes, exotériques, ainsi que les trois autres qui ne doivent pas être nommées, étaient les corps célestes se trouvant en communication directe astrale et psychique, moralement et physiquement avec la Terre, ses Guides et ses Guetteurs. Les globes visibles fournissaient à notre Humanité ses caractéristiques externes et internes et leurs "Régents" ou Recteurs lui fournissaient nos Monades et nos facultés spirituelles. De crainte de faire naître de nouveaux malentendus, déclarons tout de suite que ni Uranus ni Neptune n'étaient compris parmi les trois Globes secrets ou Anges Stellaires ; non seulement parce que les anciens sages ne les connaissaient pas sous ces noms, mais parce qu'au même titre que toutes les autres planètes si nombreuses qu'elles puissent être, ce sont les Dieux et les Gardiens d'autres Chaînes septénaires de Globes, faisant partie de notre Système.

602 L'erreur, aujourd'hui universelle, qui consiste à attribuer aux anciens la connaissance de sept planètes seulement, simplement parce qu'ils n'en mentionnent pas d'autres, est basée sur la même ignorance générale de leurs doctrines Occultes. La question n'est pas de savoir s'ils connaissaient ou ne connaissaient pas l'existence des planètes découvertes ultérieurement, mais de savoir si le respect qu'ils avaient pour les quatre Grands Dieux exotériques et les trois Grands Dieux secrets – les Anges Stellaires – n'avait pas une raison d'être spéciale. L'auteur se hasarde à affirmer que cette raison existait et que c'est la suivante : même s'ils avaient connu autant de planètes que nous en connaissons maintenant – question qui ne saurait être tranchée pour le moment, ni dans un sens ni dans l'autre – ils n'auraient quand même rattaché que les sept susdites à leur culte religieux, parce que ces sept sont directement et spécialement reliées à notre Terre, ou, pour employer une expression ésotérique, à notre Cercle septénaire de Sphères.

603 Saint Jean, X, 30.

604 Ibid., XX, 17.

605 Ibid., XIV, 28.

606 Saint Matthieu, V, 16.

607 Saint Matthieu, XIII, 43.

608 I Cor., III, 16.

609 The Theosophist d'août 1886, p. 706.

610 Ces planètes ne sont acceptées que pour les besoins de l'Astrologie Judiciaire. La division astro- théogonique différait de celle ci-dessus. Le Soleil, qui est une étoile centrale et non une planète, ainsi que ses sept planètes, ont avec notre Globe des rapports plus occultes et plus mystérieux qu'on ne le pense en général. Aussi le Soleil était-il considéré comme le puissant Père de tous les Sept "Pères", et cela explique les différences que l'on constate entre, les sept et huit Grands Dieux de la Chaldée et autres contrées. Ni la Terre, ni la Lune, son satellite, ni même les étoiles, pour une autre raison, ne furent jamais que des substituts employés pour des motifs Esotériques. Pourtant, même en écartant de leurs calculs le Soleil et la Lune, les Anciens semblent avoir eu connaissance de sept planètes. Combien en connaissons-nous de plus jusqu'à présent, si nous écartons la Terre et la Lune ? Sept, pas davantage : Sept planètes primaires ou principales, les autres sont plutôt des planétoïdes que des planètes.

 

Les deux grandes planètes découvertes les dernières ne dépendent pas non plus entièrement du Soleil, comme le reste des planètes. Autrement, comment pourrions-nous expliquer le fait qu'Uranus ne reçoit que 1/390 de la lumière que reçoit notre Terre et Neptune 1/900 seulement et que leurs satellites présentent la particularité d'une rotation inverse que l'on ne retrouve chez aucune des autres planètes du Système Solaire ? En tout cas, ce que nous disons là s'applique à Uranus, bien que le fait ait encore été discuté récemment.

Tout cela sera naturellement considéré comme une simple divagation par tous ceux qui confondent l'ordre universel de l'Etre avec leurs propres systèmes de classification. Nous nous bornons ici à exposer de simples faits tirés des Enseignements Occultes, faits qui seront acceptés ou repoussés suivant le cas. Il existe des détails dans lesquels on  ne peut entrer en raison du haut degré d'abstraction métaphysique qu'ils atteignent. Nous nous contentons donc de déclarer qu'il n'y a que sept de nos planètes qui soient intimement liées à notre Globe, comme le Soleil l'est à tous les corps qui lui sont soumis dans son système. Parmi ces corps, le maigre petit nombre de planètes primaires et secondaires que connaît l'Astronomie paraît vraiment assez misérable 611. Il est donc évident qu'il [II 343] existe un grand nombre de planètes, petites et grandes, qui n'ont pas encore été découvertes mais dont les anciens Astronomes – tous les Adeptes initiés – devaient certainement avoir connaissance. Toutefois, comme leur rapport avec les Dieux était sacré, il devait rester secret, de même que les noms de diverses autres planètes et étoiles.

De plus, la Théologie Catholique Romaine elle-même parle de "soixante-dix planètes qui président aux destinées des nations de ce globe" et, à part l'application erronée qui en est faite, il y a plus de vérité dans cette tradition que dans l'Astronomie exacte moderne. Les soixante-dix planètes ont un rapport avec les soixante-dix anciens du peuple d'Israël 612 et l'on fait allusion aux Régents de ces planètes et non aux globes eux- mêmes ; le mot soixante-dix est un artifice et un voile jeté sur le nombre de 7 ´ 7 et sur ses subdivisions. Chaque peuple et chaque nation possède, comme je l'ai déjà dit, son Guetteur, son Gardien et son Père direct, dans le Ciel – un Esprit Planétaire. Nous sommes disposés à abandonner leur propre Dieu national, Jéhovah, aux descendants d'Israël, les adorateurs de Sabaoth ou SATURNE, car les Monades du peuple élu par lui sont véritablement les siennes et la Biblen'en a jamais fait un secret. Seulement, le texte de la Bible Anglaise Protestante est, comme d'habitude, en désaccord avec ceux de la Version des Septante et de la Vulgate. Ainsi, tandis que nous lisons dans le texte protestant :

Lorsque le Très Haut [pas Jéhovah] distribua leur héritage aux nations... il établit les bornes des peuples selon le nombre des enfants d'Israël 613.

611 Lorsque l'on songe qu'en employant son puissant télescope, l'éminent Astronome William Herschell – qui ne scrutait que la portion du ciel située dans le plan équatorial dont notre Terre occupe approximativement le centre – vit passer 16.000 étoiles en un quart d'heure et qu'en appliquant ce calcul à la totalité de la "Voie Lactée", il n'y découvrit pas moins de dix-huit millions de Soleils, on ne s'étonne plus que Laplace, dans une conversation avec Napoléon Ier, ait appelé Dieu une Hypothèse – qu'il était parfaitement inutile de discuter, au moins pour la Science Physiqueexacte. La Métaphysique Occulte et la Philosophie transcendante seront seules capables de soulever un très petit coin du voile impénétrable qui se trouve de ce côté.

612 Nombres, XI, 16.

613 Deutéronome, XXXII, 8.

 

Nous lisons dans le texte de la version des Septante "selon le nombre des Anges", des Anges Planétaires, version mieux d'accord avec la vérité et les faits. De plus, tous les textes sont d'accord pour reconnaître que "la part du Seigneur [Jéhovah], c'est son peuple ; Jacob est le lot de son héritage 614" et cela tranche la question. Le "Seigneur" Jéhovah prit Israël pour sa part ; qu'ont donc les autres nations à [II 344] faire à cette divinité nationale spéciale ? Laissons donc "l'Ange Gabriel" veiller sur Iran et "Michel-Jéhovah" sur les Hébreux. Ces Dieux ne sont pas ceux des autres nations et il est difficile de comprendre pourquoi les chrétiens ont choisi un Dieu contre les commandements duquel Jésus fut le premier à se révolter.

L'origine planétaire de la Monade ou Ame et de ses facultés était enseignée par les Gnostiques. Au cours de sa descente vers la Terre et de son retour de la Terre, chaque âme née dans le sein de la "Lumière Illimitée" qui l'émane 615, doit traverser les sept régions planétaires, tant à l'aller qu'au retour. Les purs Dhyânis et Dévas des plus anciennes religions étaient devenues, au cours des temps, chez les sectateurs de Zoroastre, les Sept Dévas, les ministres d'Ahriman, "enchaînés chacun à sa planète 616" ; chez les Brahmanes, les Asouras et quelques-uns des Rischis – bons, mauvais et indifférents ; chez les Gnostiques égyptiens, c'était Thoth ou Hermès qui était le chef des Sept auxquels Origène donne les noms suivants : Adonaï, génie du Soleil ; Tao, de la Lune ; Eloi, de Jupiter ; Sabaoth, de Mars ; Orai, de Vénus ; Astaphai, de Mercure et Ildabaoth (Jéhovah), de Saturne. Finalement, la Pistis Sophia, que feu C.W. King, la plus grande autorité moderne en matière de croyances exotériques des gnostiques, appelle "ce précieux monument du Gnosticisme" – se fait l'écho des antiques croyances de jadis tout en les déformant pour les adapter à un but sectaire. Les Seigneurs Astraux des Sphères, les planètes, créent les Monades ou âmes en les tirant de leur propre substance, des "larmes de leurs yeux et de la sueur de leurs tourments", les dotant d'une étincelle de leur substance qui est la Lumière Divine. Nous expliquerons dans le troisième volume pourquoi ces "Seigneurs du Zodiaque et des Sphères"  ont  été  transformés  par  la  Théologie  sectaire en les Anges Rebelles des Chrétiens, qui les ont empruntés aux Sept Dévas des Mages sans comprendre la signification de l'allégorie 617.

614 Deutéronome, XXXII, 9.

615 C. W. King dans The Gnostics and their Remains (p. 344), l'identifie avec "ce summum bonum des aspirations Orientales, le Nirvâna Bouddhiste, le repos parfait, l'Indolentia Epicurienne" et cette opinion semble exprimée à la légère, bien qu'elle ne soit pas absolument fausse.

616 Voyez la copie, due à Origène, de la Charte ou Diagramme des Ophites.

 

Comme d'habitude, ce qui est et était divin, pur et spirituel dès son origine, dans son unité première devint – par suite de sa différenciation à travers le prisme faussé des conceptions de l'homme – humain et impur, comme reflétant la propre nature pécheresse de l'homme. Ainsi la planète [II 345] Saturne fut avilie avec le temps par les adorateurs d'autres "Dieux". Les nations nées sous Saturne – la nation juive, par exemple, pour laquelle il devint Jéhovah après avoir été considéré comme un fils de Saturne, ou Ilda-Baoth par les Ophites et dans le Livre de Jasher – furent éternellement en guerre avec celles nées sous Jupiter, Mercure ou toute autre planète, sauf Saturne-Jéhovah ; quoi qu'en puissent dire les généalogies et les prophéties, Jésus l'Initié (ou Jéhoshua) – le type d'où l'on a copié le Jésus "historique" – n'était pas de pur sang juif et, par suite, ne reconnaissait pas de Jéhovah ; il n'adorait non plus aucun Dieu planétaire autre que son propre "Père", qu'il connaissait et avec lequel il communiait, comme le font tous les hauts Initiés, "Esprit à Esprit et Ame à Ame". On ne peut guère nier cela, à moins que la critique n'explique à la satisfaction de tous les étranges phrases que l'auteur du Quatrième Evangile met dans la bouche de Jésus, dans sa discussion avec les Pharisiens

Je sais que vous êtes la postérité d'Abraham 618... Je vous dis ce que j'ai vu chez mon Père et vous aussi vous faites les choses que vous avez vues chez votre père... Vous faites les œuvres de votre père... Le père dont vous êtes issus c'est le démon... il a été meurtrier dès le commencement et il n'a point persévéré dans la vérité, car la vérité n'est point en lui. Toutes les fois qu'il profère le mensonge il parle de son propre fonds, car il est menteur et le père du mensonge 619.

617 Voyez aussi Section 14.

618 Abraham et Saturne ne font qu'un dans l'astro-symbologie et Abraham est l'ancêtre des Juifs jéhovistes.

619 S. Jean, VIII, 37, 38, 41, 44.

 

Le "Père" des Pharisiens c'était Jéhovah qui ne faisait qu'un avec Caïn, Saturne, Vulcain, etc. – la planète sous laquelle ils étaient nés et le Dieu qu'ils adoraient. Il faut évidemment chercher un sens Occulte à ces paroles et à ces remontrances, si mal traduites qu'elles soient, puisqu'elles sont prononcées par quelqu'un qui menaçait du feu de l'enfer quiconque appelle son frère Raca, fou 620. Evidemment aussi les planètes ne sont pas simplement des sphères scintillant dans l'Espace et qui brillent sans but, mais ce sont les domaines de divers Etres que les non-initiés ne connaissent pas jusqu'à présent, mais qui n'en ont pas moins, avec les hommes et les globes, des rapports mystérieux, constants et puissants. Chaque corps céleste est le temple d'un Dieu et ces Dieux eux-mêmes sont les temples de DIEU, le "Non-Esprit" Inconnu. Il n'y a rien de profane dans l'Univers. Toute la nature est un lieu consacré, et, comme dit Young : [II 346]

 Chacune de ces Etoiles est une habitation religieuse.

C'est ainsi que l'on peut prouver que toutes religions exotériques sont des copies falsifiées de l'Enseignement Esotérique. C'est le clergé que l'on doit rendre responsable de la réaction qui s'opère de nos jours en faveur du Matérialisme. C'est en adorant l'apparence extérieure des idéals païens – personnifiés pour les besoins de l'allégorie – et en imposant ce culte aux masses, que les plus récentes religions exotériques ont fait des pays occidentaux un Pandémonium, dans lequel les classes supérieures adorent le veau d'or et dans lequel on fait adorer aux masses inférieures et ignorantes une idole aux pieds d'argile.

 620 S. Matthieu, V, 22.

 [II 347]

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