MAITRE M

Les Enseignements du Maitre MORYA

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LA DOCTRINE SECRETE VOL 3

STANCE XI - CIVILISATION ET DESTRUCTION DE LA QUATRIEME ET DE LA CINQUIEME RACES

STANCE XI

CIVILISATION ET DESTRUCTION DE LA QUATRIEME ET DE LA CINQUIEME RACES

 

  1. Les    Lémuro-Atlantes     édifient    des    villes    et    répandent     la civilisation. Débuts de l'anthropomorphisme.
  2. Statues qui témoignent de la taille des Lémuro-Atlantes
  3. Destruction de la Lémurie par le feu et de l'Atlantide par l'eau. Le Déluge.
  4. Destruction   de   la   Quatrième   Race   et   des   derniers   animaux monstrueux antédiluviens

 

Shloka 43. Les Lémuro-Atlantes édifient des villes et répandent la civilisation. Débuts de l'anthropomorphisme.

 

Ils 746 édifièrent des villes colossales. Ils les édifièrent avec des terres et des métaux rares. En se servant de feux 747 vomis, de la pierre blanches 748 des montagnes et de la pierre noire 749, ils taillèrent leurs propres images, en grandeur naturelle et à leur ressemblance et les adorèrent.

746 Les Lémuriens.

747 De la lave.

748 Du marbre.

749 Celle des feux souterrains.

750  C'est peut-être pour cette raison que l'île de Pâques, avec ses merveilleuses statues  gigantesques – qui constitue un témoin éloquent de l'existence de continents submergés, jadis peuplés par une humanité civilisée – est à peine mentionnée dans les Encyclopédies modernes. On évite soigneusement d'en parler, sauf dans quelques récits de voyages. La science moderne a une indiscutable prédilection pour imposer au public cultivé, comme des faits bien établis, des hypothèses basées sur des idées personnelles ; pour offrir, au lieu de science, ses propres suppositions, en les qualifiant de "conclusions scientifiques". Les spécialistes, inventeront mille et une spéculations contradictoires plutôt que de reconnaître un fait embarrassant, évident par lui- même – et, en tête de ces spécialistes, Hæckel et ses admirateurs et émules anglais. Néanmoins on nous rappelle sévèrement que "ce sont des autorités". Et après ? Le Pape de Rome est, lui aussi, une autorité et même une autorité infaillible – pour ses fidèles, tandis que la remarquable faillibilité des spéculations scientifiques est prouvée périodiquement, à chaque changement de lune.

 

A partir de maintenant, en continuant l'histoire des deux premières races humaines – la dernière des Lémuriens et la première des futurs Atlantes – nous sommes obligés de les mélanger ensemble et d'en parler collectivement pendant quelque temps.

Nous faisons aussi allusion ici aux Dynasties divines qui suivant les Egyptiens, les Chaldéens, les Grecs, etc., ont précédé leurs Rois humains. Les Hindous modernes y croient encore et elles sont énumérées dans leurs Ecritures Sacrées, mais nous en parlerons au moment voulu. Ce qui reste à démontrer, c'est que nos Géologues modernes sont maintenant entraînés à admettre que l'on peut démontrer l'existence de continents submergés. Mais confesser l'existence des continents et admettre qu'ils étaient peuplés d'hommes durant les [III 397] premières périodes géologiques, sont deux choses bien différentes 750  – oui ! d'hommes et de nations civilisés et non pas seulement de sauvages Paléolithiques ; de nations qui, sous la direction de leurs Rois divins, bâtirent de grandes villes, cultivèrent les Arts et les Sciences et connurent dans la perfection l'Astronomie, l'Architecture et les Mathématiques. La civilisation primordiale des Lémuriens ne se développa pas, comme l'on pourrait le croire, immédiatement après leur transformation physiologique. Entre l'époque de l'évolution physiologique finale et celle de la construction de la première ville, il s'écoula des centaines de milliers d'années. Nous n'en voyons pas moins les Lémuriens construire, avec des pierres et de la lave, leurs premières villes rocheuses, durant le cours de leur sixième sous-race 751. Une de ces grandes cités, de [III 398] structure primitive, était entièrement bâtie avec de la lave, à quelque trente milles à l'ouest de l'endroit où l'île de Pâques étale aujourd'hui son étroite bande de terre stérile et cette cité fut totalement détruite par une série d'éruptions volcaniques. Les plus antiques vestiges de constructions cyclopéennes sont tous l'œuvre des dernières sous-races des Lémuriens et un Occultiste ne témoigne aucune surprise en apprenant que les ruines de pierres qui ont été découvertes par le capitaine Cook, sur le lambeau de terre que l'on appelle l'île de Pâques, Ressemblent     beaucoup     aux    murs    du    temple     de Pachacamac ou aux ruines de Tia-Huanaco, au Pérou 752, et sont, elles aussi, d'un Style Cyclopéen. Toutefois, les premières grandes villes furent construites dans la partie du Continent connu aujourd'hui sous le nom d'île de Madagascar. Dans ces temps-là, il y avait, comme aujourd'hui, des peuples civilisés et des sauvages. L'évolution paracheva son œuvre de perfectionnement chez les premiers et Karma – son œuvre de destruction sur les seconds. Les Australiens, et les autres peuples du même genre sont les descendants de ceux qui, au lieu de vivifier l'Etincelle projetée en eux par les "Flammes", l'éteignirent par de longues générations de bestialité 753. Les nations Aryennes, au contraire, pouvaient faire remonter leur origine, en passant par les Atlantes, jusqu'aux races plus [III 399] spirituelles des Lémuriens, dans lesquelles les "Fils de Sagesse" s'étaient personnellement incarnés 754.

 751 Nos meilleurs romanciers modernes, bien qu'ils ne soient ni Théosophes ni Spirites, n'en commencent pas moins à faire des rêves très psychologiques et d'un caractère  Occulte  très suggestif ; par exemple M. Robert-Louis Stephenson, et son Strange Case of Doctor Jekyll and Mr. Hyde, qui est le plus remarquable essai psychologique qui existe, dans le genre Occulte. M. Rider Haggard, le romancier d'avenir, a-t-il fait lui aussi un rêve clairvoyant, prophétique ou plutôt rétrospectif, avant d'écrire She ? Son histoire de l'impériale Kor, la grande cité des morts, dont les habitants survivants firent voile dans la direction du nord après qu'une épidémie eut détruit presque toute la nation, semble, dans ses grandes lignes, être tirée des pages impérissables des annales archaïques. Ayesha suggère "que ces hommes qui firent voile vers le nord peuvent avoir été les ancêtres des premiers Egyptiens" et semble ensuite tenter de résumer certaines lettres d'un Maître qui est cité dans Bouddhisme Esotérique, car elle dit : "A maintes reprises des nations et même des nations riches et puissantes, versées dans les arts, ont vécu et disparu, puis ont été oubliées au point qu'il n'en reste plus aucun souvenir. Celle-ci [la nation de Kor] en est une parmi tant d'autres, car le temps dévore l'œuvre de l'homme, à moins qu'il ne creuse des cavernes, comme le peuple de Kor, et encore il peut arriver que la mer les engloutisse ou que des tremblements de terre les détruisent... Pourtant je ne crois pas que ces gens aient été entièrement détruits. Il en resta quelques-uns dans les autres villes, car ils en avaient un grand nombre. Mais les barbares... les attaquèrent, prirent leurs femmes pour épouses et la race des Amahagger qui existe maintenant est un rejeton bâtard des puissants fils de Kor et, voyez, elle habite les tombes auprès des ossements de ses ancêtres" (pp. 180, 181).

Le romancier semble répéter ici l'histoire de toutes les races humaines aujourd'hui dégradées et déchues. Les Géologues et les Anthropologistes voudraient placer en tête de l'humanité – comme descendant de l'Homo Primigenius – l'homme singe dont "aucun reste fossile n'est encore connu de nous", bien "qu'il ait probablement été parent du Gorille et de l'Orang-outang de nos jours" (Hæckel). En réponse à son "probablement", les Occultistes mentionnent une autre probabilité plus grande – savoir, celle qui est donnée dans notre texte.

 752 Robert Brown, The Countries of the World, vol. IV, p. 43.

753 Voyez la STANCE II Cela expliquerait la grande différence qui existe entre les capacités intellectuelles des races, des nations et des individus. Tandis qu'ils s'incarnaient dans les véhicules humains évolués par la première Race sans mental ("sans Manas") ou, dans d'autres cas, se bornaient à l'animer, les Pouvoirs et les Principes incarnants, avaient à faire un choix, en tenant compte du Karma passé des Monades auxquelles ils devaient servir de trait d'union entre elles et leurs corps. En outre, comme il est dit avec raison dans le Bouddhisme Esotérique [p. 53], "le cinquième principe, ou âme humaine (intellectuelle), n'est pas encore complètement développé, même maintenant, dans la majeure partie de l'humanité".

754 Le Logos incarné, Krishna, a dit dans la Bhagavad Gîtâ, "Les sept grands Richis, les quatre précédents Manous, participant de ma nature, naquirent de mon mental : de leur sein jaillirent [émanèrent ou naquirent] la race humaine et le monde" (X, 6).

 Ici, en parlant des sept Grands Richis, on veut dire les sept grandes Hiérarchies Roupa ou Classes de Dhyân-Chohans. N'oublions pas que les Sept Richis, Saptarshi, sont les Régents des sept étoiles de la Grande Ourse et, par suite, sont de la même nature que les Anges des Planètes ou que les sept Grands Esprits Planétaires. Ils re-naquirent tous comme hommes sur la Terre en divers Kalpas et Races. En outre, "les quatre précédents Manous" sont les quatre Classes des Dieux originairement Aroupa – les Koumaras, les Roudras, les Asouras, etc., qui, dit-on, se sont aussi incarnés. Ce ne sont pas des Prajâpatis, comme les premiers, mais les "principes" qui les animent – dont quelques- uns se sont incarnés dans les hommes, tandis que d'autres ont fait d'autres hommes les simples véhicules de leurs "reflets". Comme le dit avec raison Krishna – dont les paroles sont répétées plus tard par un autre véhicule du Logos. – "Je suis le même pour tous les êtres... ceux qui m'adorent [le sixième principe ou Ame Intellectuelle divine, Bouddhi rendu conscient par son union avec les facultés supérieures de Manas] sont en moi et je suis en eux." (Ibid., X, 20-39). Le Logos n'étant pas une "personnalité", mais le Principe Universel, est représenté par tous les Pouvoirs divins nés-de- son-Mental – les Flammes pures, ou, comme on les appelle en Occultisme, les "Souffles Intellectuels" – les Anges que l'on représente comme s'étant rendus indépendants, c'est-à-dire comme étant passés de la Soi-Conscience passive et quiescente à la Soi-Conscience en activité. Quand on le reconnaît, le véritable sens des paroles de Krishna devient compréhensible ; voyez d'ailleurs l'excellente Conférence de M.T. Subba Row sur la Bhagavad Gitâ. (Theosophist d'avril 1887, p. 444.)

755 Op. cit., p. 152.

 

C'est à partir de l'avènement des Dynasties divines que commencèrent les premières civilisations et, tandis que dans certaines parties de la Terre une fraction de l'humanité préférait mener une vie nomade et patriarcale et que dans d'autres l'homme sauvage apprenait à peine à allumer un feu et à se protéger contre les Eléments – ses frères, plus favorisés que lui par leur Karma et aidés par l'intelligence divine qui les animait, construisirent des villes et cultivèrent les Arts et les Sciences. Cependant, en dépit de la civilisation, tandis que leurs frères pasteurs jouissaient, par droit de naissance, de pouvoirs merveilleux, les "constructeurs" ne pouvaient plus obtenir les leurs que graduellement, et, même les pouvoirs qu'ils obtenaient n'étaient généralement employés qu'à maîtriser la nature physique et à servir de mauvais desseins. La civilisation a toujours amené le développement des côtés physique et intellectuel aux dépens des côtés psychique et spirituel. La maîtrise et la direction de sa propre nature psychique, que les insensés d'aujourd'hui associent avec le surnaturel, étaient des qualités innées et congénitales en l'Humanité primitive et se développaient chez l'homme aussi naturellement que la faculté de marcher et de penser. "La magie n'existe pas", déclare philosophiquement "She" – [III 400] l'auteur oubliant que le mot "magie signifiait encore au temps jadis, la grande SCIENCE de la SAGESSE et qu'il n'était pas possible à Ayesha d'avoir une idée de la perversion moderne de la pensée –... bien que, ajoute-t-elle, la connaissance des Secrets de la Nature existe." 755 Ils ne sont devenus des "Secrets" que pour notre Race et étaient propriété publique pour la Troisième. La taille de l'humanité alla graduellement en décroissant car, même avant le réel avènement de la Quatrième Race, ou Race Atlante, la majorité de l'humanité était tombée dans l'iniquité et le péché, sauf la Hiérarchie des "Elus", disciples des "Fils de la Volonté et du Yoga" – appelés plus tard les "Fils du Brouillard de Feu".

Ensuite vinrent les Atlantes ; les géants dont la beauté physique et la force atteignirent leur apogée, conformément à la loi d'évolution, vers le milieu du cours de leur quatrième sous-race. Mais comme il est dit dans le Commentaire :

 Les derniers survivants des beaux enfants de  l'Ile Blanche [la Shveta-Dvîpa primitive] avaient péri depuis bien longtemps. Ses Elus [ceux de la Lémurie] avaient cherché un abri sur l'Ile Sacrée [aujourd'hui la "fabuleuse" Shamballah, dans le Désert de Gobi], tandis que certaines de ses races maudites, se séparant du groupe principal, commencèrent à vivre dans les jungles et sous terre [les "hommes des cavernes"], lorsque la Race d'un jaune doré [la Quatrième] devint à son tour "noire de péché". D'un pôle à l'autre, la face de la Terre avait changé pour la troisième fois et n'était plus habitée par les fils de Shveta-Dvîpa, la bénie et, à l'est et à l'ouest, Adbhitanya [?] 756 la première, l'unique et  la pure, était devenue corrompue... Les Demi-Dieux de la Troisième avaient fait place aux Semi-Démons de la Quatrième Race. Shveta-Dvîpa 757, l'Ile Blanche, avait voilé sa face. Ses enfants vivaient maintenant sur la Terre Noire, où, plus tard, les Daityas venant de la septième Dvîpa (Pushkara) et les Râkshasas du septième climat remplacèrent les Sâdhus et les Ascètes du Troisième Age, qui étaient descendus jusqu'à eux venant d'autres régions plus élevées...

La lettre morte des Pourânas ressemble, en général, à un tissu absurde de contes de fées et rien de mieux. Si on lisait les trois premiers chapitres du Livre II de la Vishnou Pourâna, [III 401] en en acceptant à la lettre la géographie, la géodésie et l'ethnologie, d'après l'histoire des sept fils de Priyavrata, entre lesquels leur père partage les sept Dvîpa (Iles ou Continents) ; si l'on apprenait ensuite comment son fils aîné,  Agnîdhra, Roi de Jambou-Dvîpa, répartit le territoire de Jambou-Dvîpa entre ses neuf fils et comment Nâbhi, son fils, eut à son tour cent fils et distribua des terres à chacun d'eux – on en arriverait très probablement à jeter le livre au loin en déclarant qu'il ne renferme qu'un tissu d'insanités. Mais celui qui étudie  l'Esotérisme  comprendra  qu'à  l'époque  où les Pourânas furent écrites, on voulait que leur véritable sens ne pût être compris que des Brahmanes Initiés, de sorte que les compilateurs les écrivirent allégoriquement, sans vouloir livrer toute la vérité aux masses. Il expliquera en outre aux Orientalistes – qui, depuis le colonel Wilford jusqu'au professeur Weber, ont rendu et rendent encore la question si confuse – que les trois premiers chapitres confondent à dessein les sujets et les événements suivants :

  1. On ne tient jamais compte de la série des Kalpas ou Ages, ainsi que de celles des Races ; et les événements qui  se  sont passés dans l'un d'eux sont groupés avec ceux qui se sont passés dans un autre. L'ordre chronologique est entièrement négligé. C'est démontré par plusieurs des commentateurs en sanscrit qui expliquent l'incompatibilité des événements et des calculs en disant :

Toutes les fois qu'on remarque des contradictions dans les diverses Pourânas, elles sont attribuées... à des différences de Kalpas ou autres causes similaires.

  1. Les différents sens que comportent les mots "Manvantara" et "Kalpa" ou Age, sont cachés et l'on se borne à donner le sens général.
  2. Dans la généalogie des Rois et dans la géographie de leurs états, les Varshas (contrées) et les Dvîpas sont toutes considérées comme des régions terrestres.

Or, la vérité est que, sans entrer dans des détails minutieux, il est loisible et facile de démontrer que :

  1. Les Sept Dvîpas, attribuées à la septuple progéniture de Priyavrata, se rapportent à plusieurs localités – avant tout à notre Chaîne Planétaire. Parmi elles, Jambou-Dvîpa, seule, représente notre Globe, tandis que les six autres sont les Globes-frères, de la Chaîne, invisibles (pour nous). C'est prouvé par la nature même des descriptions allégoriques et symboliques. Jambou-Dvîpa "est au centre de tous les autres" – les soi-disant "Continents Insulaires" – et elle [III 402] est entourée par une mer d'eau salée (Lavana) tandis que Plaksha, Shâlmala, Kusha, Krauncha, Shâka et Pushkara, sont entourées chacune "par sept vastes mers... de jus de canne à sucre, de vin, de beurre clarifié, de caillé de lait, etc.", et autres métaphores de ce genre 758.
  1. Bhâskara Achârya, qui emploie des expressions tirées de livres de la DOCTRINE SECRETE, dans sa description de la position sidérale de toutes ces Dvîpas, parle de "la mer de lait et la mer de caillé", etc., comme signifiant la Voie Lactée et les divers amas de Nébuleuses ; d'autant plus qu'il appelle "la contrée au sud de l'équateur" Bhûr Loka, celle au nord, Bhuva, Svar, Mahar, Jana, Tapa et Satya Lokas et qu'il ajoute : "Ces diverses lokas sont graduellement atteintes par des mérites religieux accrus", ce qui veut dire que ce sont divers "Paradis" 759.
    1. Cette répartition géographique de sept continents,  îles, montagnes, mers et contrées allégoriques, ne se rapporte pas seulement à notre Ronde, ou même à nos Races – malgré le nom de Bhârata-varsha (l'Inde) – et c'est expliqué dans les textes mêmes par le narrateur de la Vishnou Pourânaqui nous dit que :

Bhârata [le fils de Nâbhi, qui donna son nom à Bhârata-varsha ou à l'Inde]... remit le royaume à son fils Sumati... et quitta la vie à... Shâlagrâma. Il naquit ensuite de nouveau, en qualité de Brahmane, dans une famille distinguée d'ascètes... Sous ces princes [les descendants de Bhârata] Bhârata-varsha fut divisée en neuf parties ; et leurs descendants possédèrent successivement le pays durant soixante et onze périodes de l'ensemble des quatre âges (ou durant le règne d'un Manou) [représentant un Mahâyuga de 4.320.000 ans]. 760

756 [Ce mot peut signifier "ce qui est créé hors de l'eau".]

757 Ce fut la partie nord de Toyâmboudhi, ou mer d'eau douce, de Shvetadvîpa, que visitèrent, selon la tradition exotérique, les sept Koumâras – Sanaka, Sananda, Sanâtana, Sanatkoumâra, Jâta, Vodhou [Borhon ?] et Panchashikha. (Voyez l'Uttara Khanda de la Padma Pourâna, Asiatic Researches, Vol. XI. pp. 99, 100.)

 758 Vishnou Pourâna ; trad. de Wilson, II, 109.

759 Voyez Bibliotheca Indica ; traduit de la Golâdhyâya of the Siddhânta-shiromant, III, 21-44 [Traité d'Astronomie en Sanscrit].

760 Ibid., pp. 106, 107.

Mais après avoir dit tout cela, Parâshara explique soudain que :

  C'était là la création de Svâyambhuva (Manou) par laquelle la Terre fut peuplée lorsqu'il présida le premier Manvantara, dans le Kalpa de Varâha [c'est-à-dire l'incarnation ou Avatar du Sanglier].

Or, aucun Brahmane n'ignore que notre humanité ne commença sur cette Terre (ou Ronde) qu'avec Vaivasvata Manou, et si le lecteur se reporte à la sous-section intitulée "Les Manous Primordiaux  de l'Humanité" 761, il verra que Vaivasvata [III 403] est le septième des quatorze Manous qui président notre Chaîne Planétaire durant son Cycle Vital ; mais comme chaque Ronde a deux Manous (un Manou-Racine et un Manou-Semence), il est le Manou-Racine de la Quatrième Ronde, c'est- à-dire le septième. Wilson se borne à trouver cela contradictoire et prétend que :

 Les généalogies patriarcales sont plus anciennes que le système chronologique de Manvantaras et de Kalpas et elles ont donc été réparties assez maladroitement sur les différentes périodes.

Il n'en est rien, mais, comme les Orientalistes ne connaissent rien des Enseignements Secrets, ils persistent à tout prendre au pied de la  lettre puis font volte-face et injurient les auteurs à cause de ce qu'ils ne comprennent pas.

Ces généalogies embrassent une période de trois Rondes et demie ; elles traitent de périodes pré-humaines et expliquent la descente en génération de chaque Manou – les premières étincelles manifestées de l'Unique Unité – et nous montrent en outre chacune de ces Etincelles humaines se divisant et se multipliant pour former d'abord les Pitris, les Ancêtres humains, puis les Races humaines. Aucun Etre ne peut devenir Dieu ou Déva, à moins de passer par les Cycles humains. Aussi la Shloka dit-elle :

 Heureux ceux qui naissent comme hommes dans Bhâratavarsha, même en quittant l'état [latent] de dieux, car c'est la voie qui mène à... la libération finale. 762

 761 V. ci-dessus, p. 385.

762 Wilson, ibid., p. 137.

 

Dans Jambou-Dvîpa, Bhârata est considérée comme la meilleure de ses divisions, parce que c'est la terre des œuvres. C'est là seulement que :

se produit la succession des quatre Yugas, ou âges, le Krita, le Tretâ, le Dvâpara et le Kali.

Aussi, lorsque Parâshara, auquel Maitreya demande "de lui donner la description de la Terre", revient à l'énumération des mêmes Dvîpas, avec les mêmes mers, etc., que celles qu'il avait décrites dans le Svâyambhuva Manvantara – ce n'est qu'un "voile" ; cependant, pour celui qui lit entre les lignes, on y retrouve les Quatre grandes Races et la Cinquième, ainsi que leurs subdivisions, îles et continents, dont quelques-uns sont appelés des noms de Lokas célestes et de ceux d'autres Globes. De là la confusion. [III 404]

Toutes ces îles et toutes ces contrées sont traitées par les Orientalistes de "mythiques" et de "fabuleuses" 763. Il est très vrai que quelques-unes ne sont pas de cette Terre, mais elles n'en existent pas moins. L'Ile Blanche et Atala ne sont en tout cas pas des mythes, puisqu'Atala était le terme de mépris appliqué par les premiers pionniers de la Cinquième Race à la Terre du péché – à l'Atlantide, en général, et non pas à l'île de Platon seulement ; et puisque l'Ile Blanche était (a) la Shveta-Dvîpa de la Théogonie et (b) Shâka-Dvîpa ou l'Atlantide à ses débuts (ou plutôt les premières parties de ce continent). Cela se passait lorsqu'elle possédait encore "ses sept fleuves sacrés, qui lavaient tout péché", et ses "sept districts, dans lesquels la vertu régnait, sans hésitation, sans lutte, sans déviation", car ils étaient alors habités par la caste des Magas – que les Brahmanes eux-mêmes reconnaissaient comme n'étant pas inférieure à la leur et qui fut la mère nourricière du premier Zarathustra. On nous montre les Brahmanes prenant, sur le conseil de Nârada, l'avis de Gauramukha qui leur dit d'inviter les Magas, en qualité de prêtres du Soleil, à se rendre au temple bâti par Sâmba, le prétendu fils de Krishna, lequel, en réalité, n'en avait aucun. En ceci, les Pourânas sont historiques, en dépit de l'allégorie et l'Occultisme cite des faits.

Tout le récit se trouve dans la Bhavishya-Pourâna. Il est raconté que Sâmba ayant été guéri de la lèpre par Soûrya (le Soleil), édifia un temple qu'il dédia à la Divinité. Mais lorsqu'il chercha de pieux Brahmane, pour y accomplir les cérémonies rituelles et y recevoir les offrandes faites au Dieu, Nârada – l'Ascète vierge que l'on retrouve à toutes les époques dans les Pourânas – lui conseilla de ne pas le faire, attendu que Manou défendait aux Brahmanes de recevoir des émoluments pour accomplir les cérémonies religieuses. Il envoya donc Sâmba chez Gauramukha (Blanche-face), le Purohita, ou prêtre de famille, d'Ugrasena, Roi de Mathurâ, qui lui indiquerait celui qu'il serait préférable d'employer. Le prêtre conseilla à Sâmba d'inviter les Magas, adorateurs de Sourya, pour [III 405] s'acquitter de ce devoir. Mais comme celui-ci ignorait l'endroit où ils vivaient, Sourya, le Soleil lui-même, lui indique Shâka-dvîpa au- delà de l'eau salée. Sâmba fait alors le voyage, en se servant de Garouda, le Grand Oiseau, le véhicule de Vishnou et de Krishna, qui le transporte jusque chez les Magas, etc. 764.

Or, Krishna, qui vivait il y a 5.000 ans et Nârada, que nous voyons renaître dans chaque Cycle (ou Race), sans compter Garouda – le symbole Esotérique du Grand Cycle – donnent la clef de l'allégorie ; néanmoins les Magas sont les Mages de Chaldée et leur caste ainsi que leur culte ont eu leur berceau dans l'Atlantide primitive, dans Shâka-dvîpa, l'Immaculée. Tous les Orientalistes sont d'accord pour déclarer que les Magas de Shâka- dvîpa sont les ancêtres des Parsis adorateurs du feu. Notre querelle avec eux repose toujours sur ce qu'ils rapetissent des périodes de centaines de milliers d'années au point de les ramener, cette fois, à quelques siècles seulement ;  en  dépit  de  Nârada  et  de  Sâmba, ils ne font remonter l'événement qu'à l'époque de la fuite des Parsis au Goujerat. C'est tout simplement absurde, puisque ça ne se passa qu'au VIIIème siècle de notre ère. Il est vrai que d'après la Bhavishya Pourâna, les Magas auraient encore existé dans Shâka-dvîpa à l'époque du "fils" de Krishna, mais néanmoins la dernière partie de ce Continent – "l'Atlantide" de Platon – avait péri 6.000 ans auparavant. C'étaient des Magas "jadis" de Shâka- dvîpa et à cette époque ils vivaient en Chaldée. C'est là encore une confusion voulue.

 764 Vishnou Pourâna, Wilson, V, I. pp. 381, 382.

 

Les premiers pionniers de la Quatrième Race n'étaient pas  des Atlantes et ils n'étaient pas non plus les Asouras humains et les Râkshasas qu'ils devinrent plus tard. A cette époque, des fractions considérables du futur Continent de l'Atlantide faisaient encore partie intégrante du sol de l'océan. La Lémurie, nom que nous avons donné au continent de la Troisième Race, était alors une terre gigantesque 765. Elle occupait toute la [III 406] surface comprise entre la base des Monts Himalayas, qui la séparaient de la mer intérieure dont les vagues ondulaient au-dessus de ce que nous appelons aujourd'hui le Tibet, la Mongolie et le grand désert de Shamo (Gobi), entre Chitta gong, en se dirigeant à l'ouest vers Hardwar, et s'étendait à l'est jusqu'à l'Assam [Annam ?]. De là elle s'étendait vers le sud, à travers l'Inde Méridionale, Ceylan et Sumatra, englobant, dans la direction du sud, Madagascar à droite, l'Australie et la Tasmanie à gauche et s'étendait jusqu'à quelques degrés du Cercle Antarctique. A partir de l'Australie, qui était alors une région intérieure du Continent Principal, elle s'étendait au loin dans l'Océan Pacifique, au-delà de Rapa-nui (Teapy ou l'île de Pâques), qui se trouve maintenant par 26° de latitude Sud et 110° de longitude Ouest 766. Cette affirmation paraît être corroborée par la Science – ne serait-ce que partiellement. Lorsqu'elle discute les directions des continents et qu'elle démontre que les masses infra-arctiques suivent généralement la direction du méridien, elle mentionne plusieurs anciens continents, bien que ce ne soit que par voie d'inférence. Entre autres, il est fait mention du "Continent Mascarène", qui comprenait Madagascar et s'étendait au nord et au sud, ainsi que d'un autre continent ancien qui "s'étendait du Spitzberg au Pas-de-Calais, alors que la plus grande partie du reste de l'Europe formait le fond de la mer" 767. Cela corrobore l'enseignement Occulte d'après lequel les régions polaires actuelles furent jadis le premier des sept berceaux de l'Humanité et le tombeau de la masse de l'humanité de cette région, au cours de la Troisième Race, lorsque le gigantesque Continent Lémurien commença à se fractionner en continents plus petits. Ce fut dû, suivant l'explication donnée dans le Commentaire, à une diminution de la vitesse de rotation de la Terre.

765 Comme nous l'avons montré dans les "Notes Préliminaires" de ce Volume, il va de soi que ni le nom de Lémurie, ni même celui d'Atlantide ne sont les véritables noms archaïques des Continents perdus. Nous n'avons adopté ces noms que pour donner plus de clarté à notre exposé. Atlantide était le nom donné aux parties du continent submergé de la Quatrième Race qui se trouvaient "au-delà des Colonnes d'Hercule" et qui restèrent au-dessus des eaux après le cataclysme général. Leurs derniers vestiges – l'Atlantide ou "Poseidonis" de Platon, dont le nom n'est encore qu'un substitut ou plutôt une traduction du nom véritable – constituaient la dernière partie du Continent qui fut au- dessus des eaux, il y a 11.000 ans environ. La plupart des noms corrects des pays et des îles des deux continents, sont donnés dans les Pourânas, mais pour les mentionner, tels qu'on les trouve dans des ouvrages plus anciens, comme la Sourya Siddântapar exemple, il faudrait de trop longues explications. Si, dans les premiers écrits, il semble que l'on ait établi trop peu de distinction entre les deux, la chose doit être attribuée à une lecture faite à la légère et sans réfléchir. Si, bien plus tard, les Européens sont mentionnés comme les Aryens et qu'un lecteur les confonde avec les Hindous et confonde ceux-ci avec la Quatrième Race, parce que certains d'entre eux vivaient dans l'antique Lankâ – ce n'est pas l'auteur qui mérite d'être blâmé.

766 Voyez la IIIème Partie, Section VI, dans le 4ème  Volume.

 

Lorsque la Roue tourne avec la vitesse habituelle, ses extrémités [les pôles] concordent avec son Cercle central [III 407] [l'équateur] ; lorsqu'elle tourne plus lentement et qu'elle oscille dans toutes les directions,  il se produit de grands bouleversements à la surface de la Terre. Les eaux se portent vers les deux extrémités et de nouvelles terres surgissent sur la Ceinture centrale [terres équatoriales], tandis que celles qui se trouvent aux deux extrémités sont soumises à un Pralaya par submersion.

Et encore :

Ainsi la Roue [la Terre] est soumise à l'esprit de la Lune et régie par lui, en ce qui concerne le souffle de ses eaux [les marées]. Vers la fin de la période [Kalpa] d'une grande Race [Racine], les Régents de la Lune [les Pères ou Pitris] commencent à attirer plus fort et aplatissent ainsi la Roue au Niveau de sa Ceinture, de sorte qu'elle s'affaisse en certains points et se gonfle en d'autres et le gonflement réagissant sur les extrémités [pôles], de nouvelles terres surgissent et des anciennes sont englouties.

Nous n'avons qu'à lire des ouvrages d'astronomie et de géologie pour saisir très clairement le sens de ce qui précède. Les Savants – les Spécialistes modernes – ont constaté l'influence qu'exercent les marées sur la répartition géologique de la terre et de l'eau sur la surface de la planète et   ont  noté le changement de place des océans, correspondant à l'affaissement et à l'exhaussement de continents et de nouvelles terres. La Science sait ou croit savoir que ce fait se produit périodiquement 768. Le professeur Todd croit pouvoir faire remonter l'origine de la série d'oscillations jusqu'à la période de formation de la première croûte Terrestre 769. Il semble donc facile que la Science vérifie l'enseignement ésotérique. Nous nous proposons d'en traiter plus longuement dans l'Appendice.

767  Voyez l'article du professeur J.D. Dana dans l'American Journal of Science, III, V, 442, 443 ; World Life de Winchell, p. 352.

 768 Parlant des exhaussements et abaissements périodiques des régions équatoriales et polaires et des changements de climat qui en sont la conséquence, le docteur Winchell, Professeur de Géologie à l'Université de Michigan, dit : "Comme les mouvements dont il s'agit sont cycliques, les mêmes conditions se représenteraient sans cesse et, par suite, la même faune peut reparaître sans cesse dans la même région, avec des intervalles d'occupation par une autre faune. Une sédimentation progressive conserverait les traces de ces différentes faunes et nous verrions se produire, dans la répartition verticale et horizontale des restes fossiles, le phénomène de "colonies", de "réapparition" et d'autres changements dans la faune. Ce phénomène est bien connu de ceux qui étudient la géologie." (Op. cit., p. 281.)

769 V. American naturalist, XVIII, 15-26.

 

Certains Théosophes, ayant compris par quelques mots lus dans le Bouddhisme Esotérique que "d'anciens continents" jadis submergés devaient apparaître de nouveau, ont posé la question suivante : "Comment sera l'Atlantide lorsqu'elle émergera de nouveau ?" Il s'agit, cette fois encore, d'une conception légèrement erronée. Si les mêmes terres de l'Atlantide [III 408] qui furent jadis submergées devaient émerger de nouveau, elles seraient certainement alors stériles pendant de longues périodes. Mais parce que le fond de l'Océan Atlantique est couvert maintenant de quelque 5.000 pieds de craie et qu'il continue à s'en   former

– en fait une nouvelle couche de "formation crétacée" – ce n'est pas une raison pour qu'au moment où sonne l'heure de l'apparition d'un nouveau Continent, une convulsion géologique et un soulèvement du fond de la mer n'emploient pas ces 5.000 pieds de craie à la formation de quelques montagnes et pour qu'il n'en apparaisse pas 5.000 autres à la surface. Les Cataclysmes de Races ne sont pas des déluges de Noé, d'une durée de quarante jours – des espèces de moussons de Bombay.

Nous démontrerons, dans la Section où nous avons groupé toutes les preuves, que la submersion et la réapparition périodiques des puissants Continents que les auteurs modernes appellent aujourd'hui l'Atlantide et la Lémurie, ne sont nullement des fictions. Les plus archaïques ouvrages écrits en Sanscrit et en Tamoul fourmillent d'allusions à ces deux Continents. Les sept Iles (Dvîpas) sacrées sont mentionnées dans la Soûrya Siddhânta, le plus antique ouvrage d'astronomie du monde entier et dans les œuvres d'Asoura-Maya, l'astronome atlante dont le professeur Weber a découvert que Ptolémée était la "réincarnation". C'est pourtant une erreur que de qualifier ces "Iles Sacrées" d'atlantes – comme nous le faisons, car, tout comme le reste, dans les livres sacrés des Hindous, elles se rapportent à diverses choses. L'héritage laissé par Priyavrata, le fils de Svâyambhouva Manou, à ses sept fils – n'était pas l'Atlantide bien qu'une ou deux de ces Iles eussent survécu à l'affaissement de leurs compagnes et eussent offert un abri, longtemps après, à des Atlantes dont le Continent avait été submergé à son tour. Lorsqu'elles sont mentionnées pour la première fois par Parâshara dans la Vishnou Pourâna, les sept se rapportent à une Doctrine Esotérique qui est expliquée plus loin. Dans cette circonstance Jambou-dvîpa (notre globe) est la seule des sept îles qui soit terrestre. Dans les Pourânas, toutes les allusions au Nord du Mérou se rapportent à l'Eldorado primordial aujourd'hui la région du Pôle Nord et qui fut un Continent à l'époque où le magnolia fleurissait là où nous voyons maintenant un désert de glaces inexploré et sans fin. La science parle d'un "ancien continent" qui s'étendait du Spitzberg au Pas de Calais. La DOCTRINE SECRETE enseigne que durant les premières périodes géologiques, ces régions formaient un continent en fer à cheval, dont l'extrémité orientale, située bien plus au nord que la Cornouaille du Nord, englobait le Grœnland et dont l'autre extrémité comprenait le détroit de Behring actuel, [III 409] comme territoire intérieur, et descendait au Sud jusqu'aux Iles Britanniques, qui devaient se trouver à cette époque juste au- dessous de la courbure inférieure du demi-cercle. Ce Continent émergea au moment de la submersion des parties équatoriales de la Lémurie. Bien longtemps après, quelques-uns des vestiges de la Lémurie émergèrent de nouveau à la surface des océans. Aussi, bien que l'on puisse dire, sans s'écarter de la vérité, que l'Atlantide faisait partie des sept grands Continents Insulaires, puisque les Atlantes de Quatrième Race entrèrent en possession de ce qui restait de la Lémurie et, s'installant sur les îles, les englobèrent dans leurs terres et leurs continents, il n'en faut pas moins établir une distinction et fournir des explications lorsque l'on tente de donner une description plus complète et plus exacte, comme nous le faisons ici. L'Ile de Pâques fut aussi occupée de cette façon par des Atlantes qui, ayant échappé au Cataclysme qui avait frappé leur propre pays, s'installèrent sur ce débris de la Lémurie, mais seulement pour y périr lorsqu'elle  fut  détruite  en  un  seul  jour  par  les  flammes  et  la  lave des volcans. Certains Géographes et certains Géologues sont libres de considérer cela comme une fiction ; pour les Occultistes, c'est de l'histoire. Que sait donc la science, qui puisse prouver tout le contraire ?

Jusqu'au moment où fut publiée à Bâle, en 1522, une carte mentionnant pour la première fois le nom de l'Amérique, on croyait que celle-ci faisait partie de l'Inde... La science refuse aussi de sanctionner l'audacieuse hypothèse d'après laquelle il fut un temps où la péninsule indienne d'un côté et l'Amérique du Sud de l'autre, [étaient] reliées par une ceinture formée d'îles et de continents. L'Inde des temps préhistoriques... était doublement reliée aux deux Amériques. Les terres des ancêtres de ceux qu'Ammianus Marcellinus appelle les "Brahmanes de l'Inde Supérieure", s'étendaient depuis le Cachemire jusqu'à loin dans l'intérieur des solitudes [actuelles] de Shamo. Un piéton partant du nord aurait pu atteindre – en se mouillant à peine les pieds – la péninsule de l'Alaska, en traversant la Mandchourie, le futur golfe de Tartarie, les îles Kouriles et Aléoutiennes, tandis qu'un autre voyageur, pourvu d'un canot et partant du sud aurait pu traverser le Siam, les îles de la Polynésie et gagner une partie quelconque du continent Sud- Américain. 770

770 Five Years of Theosophy, pp. 339, 340.

 

Ce passage fut écrit d'après les dires d'un Maître – ce qui constitue une autorité plutôt douteuse pour les Matérialistes et les Sceptiques. Mais nous pouvons citer les paroles d'un [III 410] écrivain qui fait partie de leur groupe. Ernest Hæckel, qui, dans sa répartition des races, corrobore presque mot à mot cet exposé :

Il semble que la partie de la surface de la terre où se fit l'évolution de ces hommes primitifs, du sein de leurs proches parents, les singes catarrhiniens [!!], doit être recherchée, soit dans le sud de l'Asie ou l'est de l'Afrique [qui, par parenthèse, n'existait même pas encore lorsque florissait la Troisième Race], ou encore dans la Lémurie. La   Lémurie était un ancien continent, aujourd'hui submergé sous les eaux de l'Océan Indien et qui se trouvait placé au sud de l'Asie actuelle et s'étendait d'un côté vers l'est jusqu'à l'Inde Supérieure et jusqu'aux Iles de la Sonde et de l'autre côté vers l'ouest jusqu'à Madagascar et jusqu'à l'Afrique. 771

A l'époque dont nous parlons, le continent Lémurien s'était déjà rompu en plusieurs endroits et formait de nouveaux continents séparés. Néanmoins, ni l'Afrique, ni les Amériques et encore moins l'Europe, n'existaient alors ; tous ces continents sommeillaient encore dans les bas- fonds de l'Océan. Il existait aussi bien peu de l'Asie actuelle, attendu que les régions Cis-Himalayennes étaient couvertes d'eau et, qu'au-delà, s'étendaient les "feuilles de Lotus" de Shvéta-dvîpa, les régions que l'on appelle aujourd'hui le Grœnland, la Sibérie orientale et occidentale, etc. L'immense Continent qui régnait jadis souverainement sur l'Océan Indien, l'Atlantique et le Pacifique, n'était plus composé que d'énormes îles qui disparaissaient les unes après les autres, jusqu'au moment où la convulsion finale en engloutit les derniers vestiges. L'île de Pâques, par exemple, appartient aux débuts de la civilisation de la Troisième Race. C'est un soudain soulèvement volcanique des bas-fonds de l'Océan qui fit émerger ce petit vestige des Epoques Archaïques – après qu'il eut été submergé avec le reste – il émergea intact avec son volcan et ses statues, durant l'époque de Champlain de la submersion polaire du nord, comme  un témoin permanent de l'existence de la Lémurie. On dit que quelques-unes des tribus australiennes représentent tout ce qui reste des derniers descendants de la Troisième Race.

En cela, nous sommes encore appuyés jusqu'à un certain point par la Science matérialiste. Hæckel, en parlant de la race brune ou Malaise de Blumenbach, ainsi que des Australiens et des Papous, fait la remarque suivante : [III 411]

Il y a beaucoup de ressemblance entre ces derniers et les Aborigènes de la Polynésie, ce monde  d'îles australiennes qui paraissent avoir constitué, à une certaine époque, un gigantesque continent et continu. 772

 771 Pedigree of Man, traduction d'Aveling, pp. 80 et 81 [en français : "Origine de l'homme" de Hæckel, traduction Letourneau].

772 Op. cit., p. 82.

 

Ce fut certainement "un gigantesque continent et continu" car, durant le cours de la Troisième Race, il s'étendait à l'Est et à l'Ouest jusqu'au point qu'occupent maintenant les deux Amériques. L'Australie actuelle n'en était qu'une fraction, à laquelle il faut ajouter quelques îles qui ont survécu et qui sont éparpillées à la surface du Pacifique, ainsi qu'une large bande de la Californie qui en faisait aussi partie. Il est assez curieux de constater que Hæckel, dans son fantastique Pedigree of Man, considère :

Les Australiens de nos jours comme les descendants directs, presque inchangés [?!] de la seconde branche de la race humaine primitive... qui se répandit dans la direction du nord, d'abord en Asie surtout, en quittant la contrée qui servit de berceau à l'enfance de l'homme et qui paraît avoir été la souche de toutes les autres races d'hommes à cheveux lisses... Celle qui avait les cheveux crépus émigra en partie vers l'ouest [c'est-à-dire vers l'Afrique et à l'est vers la Nouvelle-Guinée, contrées qui, nous l'avons dit, n'existaient pas encore à cette époque]... Celle dont les cheveux étaient lisses évolua  plus loin dans la direction du nord, en Asie  et...  peupla l'Australie. 773

Comme l'écrit un Maître :

Voyez les restes de cette nation jadis puissante [la Lémurie de la Troisième Race] dans quelques-uns des aborigènes à cheveux plats de votre Australie. 774

773 Op. cit., p. 81.

774 Bouddhisme Esotérique, p. 96.

 

Mais ils représentent les vestiges de la septième sous-race de la Troisième. Le professeur Hæckel doit avoir aussi rêvé et avoir eu pour une fois une vision vraie !

C'est à cette période que nous devons remonter pour rechercher la première apparition des ancêtres de ceux que nous appelons les plus anciens peuples du monde – c'est-à-dire les Aryens Hindous, les Egyptiens et les plus anciens Perses d'une part et les Chaldéens et Phéniciens de l'autre. Ces peuples étaient gouvernés par des Dynasties Divines, c'est-à-dire par des Rois et des Chefs qui n'avaient de l'homme mortel que l'aspect physique tel qu'il était alors et étaient des Etres appartenant à des Sphères plus hautes et plus célestes [III 412] que ne le sera la nôtre après encore de longs Manvantaras. Il est naturellement inutile de tenter de faire admettre aux sceptiques l'existence de tels Etres. Ils mettent leur orgueil à bien établir qu'ils méritent l'appellation de Catarrhiniens – fait qu'ils cherchent à démontrer en se basant sur le coccyx rattaché à leur sacrum, cette queue rudimentaire, qu'ils agiteraient sans cesse joyeusement – si elle était assez longue – en l'honneur de l'homme éminent qui l'a découverte. Ceux-là resteront aussi fidèles à leurs ancêtres simiesques, que les Chrétiens le sont à leur Adam sans queue. La DOCTRINE SECRETE remet toutefois les Théosophes et les étudiants des Sciences Occultes dans le droit chemin à ce sujet.

Si nous considérons la seconde partie de la Troisième Race comme formée des premiers représentants de la race réellement humaine pourvus d'os solides, la supposition de Hæckel que "l'évolution des hommes primitifs se fit... soit dans l'Asie Méridionale, soit... dans la Lémurie" est assez correcte, si ce n'est tout à fait, l'Afrique, tant Orientale qu'Occidentale, restant en dehors de la question. Pour être précis, toutefois, il faut dire que, de même que l'évolution de la Première Race du corps des Pitris se fit dans sept régions parfaitement distinctes du Pôle Arctique de la seule terre (d'alors) – c'est encore de cette façon que s'opéra la transformation finale de la Troisième. Elle commença dans les régions septentrionales que nous venons de décrire comme englobant le détroit de Behring et dans ce qu'il existait alors de terre ferme dans l'Asie Centrale, alors que le climat était semi-tropical même dans les régions Arctiques et se trouvait parfaitement adapté aux besoins primitifs de l'homme physique naissant. Toutefois, cette région a été plus d'une fois glacée et tropicale tour à tour, depuis l'apparition de l'homme. Le Commentaire nous dit que la Troisième Race n'avait environ atteint que le point moyen de son développement lorsque :

L'axe de la Roue s'inclina. Le Soleil et la Lune cessèrent de briller au-dessus de la tête de cette fraction des Nés- de-la-Sueur ; le peuple connut la neige, la glace et la gelée et la croissance des hommes, des plantes et des animaux   fut   rapetissée.   Ceux   qui   ne   périrent  pas, restèrent tels des enfants 775 à demi développés, comme taille et comme intellect. Ce fut le troisième Pralaya des Races 776. [III 413]

Cela signifie encore que notre Globe est soumis à sept changements périodiques et complets qui concordent avec les Races. La DOCTRINE SECRETE enseigne en effet que, durant cette Ronde, il doit y avoir sept Pralayas terrestres, provoquées par des modifications dans l'inclinaison de l'axe de la Terre. C'est une loi qui agit à des époques fixes ; non point aveuglément comme pourrait le penser la Science, mais  en stricte harmonie avec la Loi Karmique. En Occultisme, on parle de cette Loi comme de la "grande ORGANISATRICE". La Science confesse son ignorance des causes auxquelles sont dus les changements de climat et les modifications dans la direction de l'axe de la Terre, qui ont toujours pour conséquence ces vicissitudes. En fait, elle ne paraît pas être du tout certaine de ces modifications de l'axe et, se sentant incapable de les expliquer, elle est prête à nier absolument tous ces phénomènes, plutôt que d'admettre l'intervention intelligente de la Loi Karmique qui, seule, peut raisonnablement expliquer ces soudains changements et les résultats qui en sont la conséquence. Elle a tenté de les expliquer au moyen de diverses spéculations plus ou moins fantastiques ; l'une de celles-ci, imaginée par de Boucheporn reposait sur la brusque, collision de notre Terre avec une Comète, collision qui aurait été la cause de toutes les révolutions géologiques. Nous préférons, toutefois, nous en tenir à notre explication ésotérique, attendu que FOHAT vaut bien n'importe quelle Comète et, de plus, a pour guide l'Intelligence universelle.

Ainsi, depuis l'apparition sur cette Terre de l'Humanité de Vaivasvata Manou, il s'est déjà produit quatre de ces modifications de l'axe. Les anciens Continents – sauf le premier – ont été engloutis par les océans, d'autres terres ont apparu et de colossales chaînes de montagnes ont surgi là où il n'en existait pas auparavant. La surface du globe fut chaque fois complètement transformée ; la "survie des plus aptes" parmi les nations et les races fut assurée par une assistance opportune et celles qui n'étaient pas aptes – les échecs – disparurent, balayées de la Terre. De pareils classements et changements ne s'opèrent pas, comme bien on pense, entre le coucher et le lever du Soleil, mais il faut plusieurs milliers d'années pour que la nouvelle demeure soit installée.

Les Sous-races sont soumises au même processus d'épuration de même que les rameaux latéraux et les familles de race. Que tous ceux qui sont bien familiarisés avec l'Astronomie et les Mathématiques, jettent un coup d'œil rétrospectif sur le crépuscule et les ombres du Passé. Qu'ils observent et prennent note de tout ce qu'ils savent de l'histoire des peuples et des nations, puis comparent leurs phases [III 414] d'ascension et de déclin avec ce que l'on connaît des cycles astronomiques – et tout spécialement de l'Année Sidérale qui est égale à 25.868 de nos années solaires 777. Si les observateurs sont doués de la moindre intuition, ils découvriront alors à quel point le bonheur et le malheur des nations se rattache intimement aux débuts et à la fin de ce Cycle Sidéral. Il est vrai que celui qui n'est pas Occultiste a le désavantage de ne pouvoir se baser sur des temps aussi reculés. La Science exacte ne lui apprend rien de ce qui s'est passé il y a environ 10.000 ans ; il peut se consoler par la connaissance du sort dont chacune des nations modernes qu'il connaît jouira dans 16.000 ans environ, ou – s'il le préfère en se livrant à des spéculations sur ce sujet. Ce que nous voulons dire est très clair. A chaque Année Sidérale, les tropiques s'éloignent du pôle de quatre degrés dans chaque révolution partant des équinoxiaux, alors que l'équateur tourne à travers les constellations Zodiacales. Or, comme le savent bien tous les Astronomes, le tropique n'est qu'à vingt-trois degrés, et une fraction inférieure à un demi-degré, de l'équateur. Il lui reste donc deux degrés et demi à parcourir avant la fin de l'Année Sidérale, ce qui donne  à l'humanité en général et à nos races civilisées en particulier, un sursis d'environ 16.000 ans.

 775 "Des enfants à demi développés" comparés à leurs gigantesques frères des autres zones. C'est ce qui nous arriverait aujourd'hui si nous étions frappés par une calamité de ce genre.

776 Cela ne rapporte à la Lémurie.

 777 Il y a naturellement d'autres cycles, des cycles dans des cycles – et c'est précisément ce qui rend si difficile le calcul des événements qui concernent les races. Le tour de l'écliptique est achevé en 25.868 ans et, en ce qui concerne notre Terre, on calcule que le point équinoxial recule annuellement de 50,1'' mais il y a un autre cycle dans ce cycle-là. On dit que : "Puisque l'apside avance à sa rencontre à raison de 11,24'' par an, cela compléterait une révolution en cent quinze mille trois cent deux ans (115.302). Le rapprochement de l'équinoxe et de l'apside est représentée par la somme de ces mouvements, 61,34'' et, par suite, l'équinoxe revient à la même position par rapport à l'apside en 21.128 ans." (Voyez l'article sur "l'Astronomie" dans l'Encyclopædia Britannica). Nous avons mentionné ce cycle dans Isis Dévoilée (vol. I), par rapport à d'autres cycles. Chacun de ces cycles exerce une influence marquée sur les races qui lui sont contemporaines.

 

Après le Grand Déluge de la Troisième Race (les Lémuriens), d'après ce que nous dit le Trente-troisième Commentaire :

La taille des hommes décrut considérablement et  la durée de leur vie diminua. Ayant déchu au point de vue de la divinité, ils se mêlèrent à des races animales et s'unirent par le mariage à des géants et à des pygmées [les races naines des Pôles]... Nombre d'entre eux acquirent des connaissances divines – voire des connaissances illégitimes, et suivirent volontairement le SENTIER DE GAUCHE.

C'est ainsi que les Atlantes approchèrent à leur tour de la [III 415] destruction. Qui saurait dire combien il fallut de périodes géologiques pour accomplir cette quatrième destruction ! On nous dit pourtant que :

 

Shloka 44. Statues qui témoignent de la taille des Lémuro- Atlantes

 

Ils 778 érigèrent de grandes images hautes de neuf yatis 779 taille de leur corps (a). Des feux intérieurs avaient détruit le pays de leurs pères 780. L'eau menaça la Quatrième 781 (b).

778 Les Atlantes.

779 Vingt-sept pieds.

780 Les Lémuriens.

781 Race.

782 Comparez avec la Section suivante, intitulée : "Ruines Cyclopéennes et Pierres Colossales qui témoignent de l'existence de Géants", p. 427.

 

(a)      Il est bon de remarquer que la plupart des gigantesques statues découvertes dans l'Ile de Pâques, fragment d'un continent incontestablement submergé, de même que celles qui furent découvertes sur les confins du désert de Gobi, région qui était restée submergée pendant un nombre incalculable de siècles, ont toutes de vingt à trente pieds de haut. Les statues que Cook découvrit sur l'Ile de Pâques avaient presque toutes vingt-cinq pieds de haut et huit  pieds  d'une  épaule  à l'autre 782. L'auteur n'ignore pas que les Archéologues modernes ont décidé que "ces statues ne sont pas très anciennes", ainsi que l'a déclaré un des hauts fonctionnaires du British Museum où quelques-unes d'entre elles se trouvent maintenant. Mais ces décisions arbitraires de la Science moderne n'ont guère de poids.

On nous dit qu'après la destruction de la Lémurie par des feux souterrains, la taille des hommes alla sans cesse en décroissant – processus qui avait déjà commencé après leur Chute physique – et qu'elle finit, quelques millions d'années plus tard, par être réduite à six ou sept pieds et par arriver, comme chez les plus anciennes races Asiatiques, plus près de cinq pieds que de six. Ainsi que le démontre Pickering, on rencontre dans la race Malaise (sous-race de la Quatrième Race-Racine) une curieuse diversité de tailles ; les membres de la famille Polynésienne, comme les habitants des îles de Tahiti, Samoa et Tonga, ont une taille plus élevée que le reste de l'humanité, mais celle des tribus Indiennes et des habitants des contrées Indo-Chinoises est nettement inférieure à la moyenne générale. C'est facile à expliquer. Les Polynésiens appartiennent aux premières des sous-races qui ont survécu, les autres aux dernières et aux plus transitoires [III 416] du groupe. De même que la race des Tasmaniens est aujourd'hui complètement éteinte et que celle des Australiens tend rapidement à disparaître, il ne tardera pas à en être ainsi pour les autres races anciennes.

(b)          Comment ces annales ont-elles pu être conservées, nous demandera-t-on peut-être ? Même la connaissance du Zodiaque par les Hindous est niée par nos bons et savants Orientalistes qui concluent que les Hindous Aryens n'en avaient pas la moindre idée, jusqu'au moment où les Grecs l'introduisirent dans le pays. Cette calomnie injustifiée a été suffisamment réfutée par Bailly et, mieux encore, par la claire évidence des faits, pour qu'il soit inutile d'insister. Tandis que les Zodiaques Egyptiens 783 fournissent d'irréfutables preuves de l'existence d'annales embrassant une période de plus de trois Années Sidérales et demie – ou environ 87.000 ans – les calculs hindous portent sur trente-trois de ces années, ou sur 850.000. Les prêtres égyptiens assurèrent à Hérodote que le Pôle de la Terre et le Pôle de l'Ecliptique avaient jadis coïncidé, mais, comme le fait remarquer l'auteur de la Sphinxiade:

 783 Voyez le Voyage en Egypte de Denon, vol. II.

 

Ces pauvres ignorants d'Hindous ont enregistré une connaissance de l'Astronomie portant sur dix fois 25.000 ans, depuis le [dernier] Déluge [local, d'Asie] ou Age de l'Horreur.

Et ils possèdent dans leurs archives des observations datant du premier Grand Déluge qui fait partie des souvenirs historiques des Aryens – du Déluge qui engloutit ce qui restait de l'Atlantide, il y a 850.000 ans. Les précédents Déluges relèvent, naturellement, de la tradition plutôt que de l'histoire.

L'affaissement et la transformation de la Lémurie commença presque au Cercle Arctique (Norvège) et la carrière de la Troisième Race prit fin à Lankâ, ou plutôt dans ce qui devint Lankâ pour les Atlantes. Le peu qui en reste et que nous connaissons aujourd'hui sous le nom de Ceylan, constituait les hauts plateaux du Nord de l'ancienne Lankâ et l'énorme Ile de ce nom était, à l'époque de la Lémurie, le gigantesque Continent que nous avons décrit. Comme le dit un Maître :

Pourquoi vos géologues n'admettraient-ils pas que sous les continents qu'ils ont explorés et reconnus... il peut exister à des profondeurs insondables, ou plutôt sous des lits d'océans insondés, d'autres continents bien plus anciens, dont les couches n'ont jamais été explorées au point de vue géologique et dont l'existence  pourra un jour bouleverser toutes les théories [III 417] actuelles ? Pourquoi ne pas admettre que nos  continents actuels, tout comme la Lémurie et l'Atlantide, ont déjà été plusieurs fois submergés et ont eu le temps de reparaître de nouveau et de donner asile aux  nouveaux groupements de l'humanité et de la civilisation ; que lorsque se produira le premier grand soulèvement géologique, au moment du prochain cataclysme de la série des cataclysmes périodiques qui se produisent depuis le commencement jusqu'à la fin de chaque Ronde, nos continents déjà autopsiés s'affaisseront, tandis que les Lémuries et les Atlantides reparaîtront encore ? 784

 784 Voyez Bouddhisme Esotérique, p. 97.

 

Ces Continents ne seront pas identiquement les mêmes, naturellement, mais ici quelques explications sont nécessaires. La théorie de l'existence d'une Lémurie Septentrionale ne peut donner naissance à aucune confusion. Le prolongement de ce grand Continent dans l'Atlantique Nord n'est nullement en opposition avec l'opinion généralement admise au sujet de l'emplacement de l'Atlantide disparue et les deux opinions se corroborent mutuellement. Il ne faut pas oublier que la Lémurie, qui servit de berceau à la Troisième Race-Racine, occupait non seulement une vaste zone de l'Océan Pacifique et l'Océan Indien, mais encore s'étendait, en forme de fer à cheval, au delà de Madagascar, contournait "l'Afrique du Sud" (qui n'était alors qu'un simple fragment en voie de formation) et atteignait la Norvège à travers l'Océan Atlantique. Le grand dépôt provenant d'eau douce que l'on appelle le Wealden anglais – et que tous les Géologues considèrent comme l'embouchure d'un ancien grand fleuve – n'est autre que le lit du courant principal qui drainait la Lémurie Septentrionale durant l'époque Secondaire. L'existence réelle de ce fleuve, au temps jadis, est un fait acquis pour la Science – ses fidèles reconnaîtront-ils la nécessité d'accepter la Lémurie Septentrionale de l'époque Secondaire, que réclament leurs données ? Le professeur Berthold Seemann acceptait non seulement la réalité de ce puissant continent, mais encore considérait l'Australie et l'Europe comme ayant fait jadis partie d'un même continent – et corroborait ainsi toute la doctrine du "fer à cheval" que nous avons déjà énoncée. Rien ne saurait confirmer l'opinion que nous émettons d'une façon plus frappante que le fait que le haut banc de roches du bassin de l'Atlantique, dont la hauteur est de 9.000 pieds et qui s'étend vers le sud sur un parcours de deux ou trois mille milles, en partant d'un point voisin des Iles Britanniques, se dirige vers l'Amérique du Sud, puis change de direction presque à angle droit pour courir dans la direction du sud-est vers [III 418] les côtes de l'Afrique, d'où il se prolonge vers le sud jusqu'à Tristan d'Acunha. Ce banc de roches est le vestige d'un continent Atlantique et si l'on pouvait continuer à en suivre les traces, il établirait la réalité d'un point de jonction sous-marin, en forme de fer à cheval, avec un continent plus ancien de l'Océan Indien 785.

785 Consultez la carte dressée d'après les sondages du Challenger et du Dauphin, dans Atlantis : the Antediluvian World, de Donnely, p. 47.

 

La partie Atlantique de la Lémurie était la base géologique de ce que l'on connaît généralement sous le nom d'Atlantide, mais que l'on devrait considérer comme un développement du prolongement Atlantique de la Lémurie, plutôt que comme une masse de terre soulevée pour répondre aux besoins spéciaux de la Quatrième Race-Racine. Il en est des changements qui se produisent dans les masses Continentales, comme de l'évolution des Races ; on ne saurait tirer une ligne de démarcation bien nette indiquant la limite d'un ancien ordre de choses et le commencement d'un autre. La continuité des processus naturels n'est jamais interrompue. Ainsi, les Atlantes de la Quatrième Race se développèrent d'un noyau d'Hommes de la Troisième Race de la Lémurie Septentrionale, concentrés sur un coin de terre situé à peu près là où se trouve aujourd'hui le milieu de l'Océan Atlantique. Leur Continent fut formé par la réunion de nombreuses îles et péninsules qui s'élevèrent au-dessus des eaux au cours régulier des siècles, et finirent par former la véritable demeure de la grande Race connue comme Atlante. Cette formation une fois achevée, il va de soi, comme le déclarent les autorités Occultes les plus hautes, que :

La Lémurie... ne devrait pas plus être confondue avec l'Atlantide, que l'Europe avec l'Amérique. 786

Comme ce qui précède émane d'une source très discréditée par la Science orthodoxe, on le considérera comme une fiction plus ou moins heureuse. On laisse même de côté l'habile ouvrage de Donnelly déjà cité, bien que toutes les affirmations qu'il contient soient basées sur des preuves strictement scientifiques, mais nous écrivons pour l'avenir. De nouvelles découvertes dans ce domaine donneront raison aux  Philosophes Asiatiques, qui déclarent que les sciences – y compris la Géologie, l'Ethnologie et l'Histoire – étaient étudiées par les nations Antédiluviennes qui vivaient il y a d'incalculables siècles. Les futures "trouvailles" justifieront le bien fondé des observations actuelles d'esprits aussi distingués [III 419] que H.-A. Taine et Renan. Le premier démontre que la civilisation de nations aussi archaïques que les Egyptiens, les Aryens des Indes, les Chaldéens, les Chinois et les Assyriens, est le résultat de civilisations précédentes ayant duré "des myriades de siècles" 787, et le second appelle l'attention sur ce fait que :

L'Egypte, dès le début, apparaît mûre, vieille et complètement dépourvue de toute époque mythique et héroïque, comme si le pays n'avait jamais eu de jeunesse.

 786 Bouddhisme Esotérique, p. 96.

787 History of English Literature, p. 23.

788 Cité dans Atlantis, p. 132.

 

Sa civilisation n'a pas d'enfance et son art n'a pas de période archaïque. La civilisation de l'Antique Monarchie ne commença pas par l'enfance. Elle avait déjà atteint la maturité. 788

A cela, le professeur R. Owen ajoute que :

L'Egypte est citée comme ayant été une communauté civilisée et gouvernée avant l'époque de Ménès.

Et Winchell expose que :

A l'époque de Ménès, les Egyptiens formaient déjà un peuple civilisé et nombreux. Manéthon nous dit qu'Athotis, fils de ce premier roi Ménès, fit construire le palais de Memphis ; que c'était un médecin et qu'il laissa des ouvrages sur l'anatomie.

C'est tout à fait naturel si nous devons en croire les déclarations d'Hérodote, qui signale, dans Euterpe (CXLII), que l'histoire écrite que possédaient les prêtres Egyptiens remontait à environ 12.000 ans avant son époque. Mais que sont 12.000 et même 120.000 ans, comparés  aux millions d'années qui se sont écoulées depuis la période Lémurienne ? Pourtant cette période ne manque pas de témoins de son existence, malgré sa prodigieuse antiquité. Des détails complets sur la croissance, le développement et la vie sociale et politique des Lémuriens ont été conservés dans les Annales Secrètes. Malheureusement, ceux qui peuvent les lire sont rares et ceux qui le pourraient seraient incapables d'en comprendre le langage, à moins d'être familiarisés avec les sept clefs de leur symbolisme. En effet, la compréhension de la Doctrine Occulte est basée sur celle des Sept Sciences et ces Sciences trouvent leur expression dans les sept manières différentes d'appliquer les Archives Secrètes aux textes exotériques. Nous avons donc à tenir compte des modes de pensées sur sept plans entièrement différents de l'Idéal. Tous les textes se rapportent à l'un des points de vue suivants et tous doivent être interprétés en se plaçant à l'un de ces points de vue :

 Le Plan Réaliste de la Pensée.[III 420]

  1. Le Plan Idéaliste.
  2. Le Plan purement Divin ou Spirituel.

Les autres plans sont bien trop au-dessus de la conscience moyenne, surtout de l'esprit matérialiste, pour que l'on puisse admettre même, qu'ils soient symbolisés en termes du langage ordinaire. Il n'y a dans les anciens textes religieux aucun élément purement mythique, mais il faut découvrir le mode de penser qui a servi de base à leur rédaction originale et ne plus s'en écarter durant l'interprétation. En effet, le texte est symbolique s'il suit la façon de penser archaïque ; emblématique, suivant un mode usité plus tard mais toujours très ancien ; parabolique ou allégorique ; hiéroglyphique, ou bien encore logograminique, méthode la plus difficile de toutes, dans laquelle chaque lettre représente, comme en chinois, un mot tout entier. Ainsi, presque tous les noms propres, dans les Védas, dans le Livre des Morts et, jusqu'à un certain point, dans la Bible, sont composés de logogrammes de ce genre. Aucun de ceux qui ne sont pas initiés aux mystères de la logographie religieuse Occulte, ne saurait prétendre qu'il comprend ce que veut dire un nom rencontré dans un fragment antique, avant d'avoir maîtrisé la signification de chacune des lettres qui le composent. Comment pourrait-on s'attendre à ce que le simple penseur profane, si grande que puisse être son érudition en ce qui concerne le symbolisme orthodoxe – c'est-à-dire ce symbolisme qui ne saurait sortir des sentiers battus du mythe solaire et du culte sexuel – comment pourrait- on s'attendre à ce que le chercheur profane pût pénétrer les arcanes situés au-delà du voile ? Celui qui ne s'occupe que de l'écorce ou de la coque de la lettre morte et s'adonne aux transformations kaléidoscopiques de symboles verbaux stériles, ne peut jamais espérer aller au-delà des divagations des Mythologues modernes.

Ainsi, Vaivasvata, Xisouthrous, Deucalion, Noé, etc. – tous les personnages principaux des Déluges du Monde, universels ou partiels, astronomiques ou géologiques – tous fournissent par leurs noms mêmes l'exposé des causes et des effets qui ont provoqué l'événement, pourvu que l'on soit capable de déchiffrer ces noms complètement. Tous ces Déluges sont basés sur des événements qui se sont produits dans la Nature et servent d'archives historiques – qu'ils aient été sidéraux, géologiques ou même  simplement  allégoriques  –  d'événements  moraux  qui  se sont produits sur d'autres plans plus élevés de l'être. Nous pensons que cela a été suffisamment démontré au cours de la longue explication nécessitée par les STANCES allégoriques.

Parler d'une race ayant neuf yatis, ou vingt-sept pieds de haut, dans un ouvrage qui a la prétention d'avoir un caractère [III 421] plus scientifique que, par exemple, l'histoire de "Jack, le Tueur de Géants", c'est là un procédé quelque peu inusité. Où sont vos preuves, demandera-t-on à l'auteur ? Dans l'histoire et dans la tradition, telle sera la réponse. Les traditions qui mentionnent une race de Géants, au temps jadis, sont universelles ; on les retrouve dans les doctrines orales et écrites. L'Inde avait ses Dânavas et ses Daityas ; Ceylan avait ses Râkshasas ; la Grèce ses Titans ; l'Egypte ses Héros colossaux ; la Chaldée ses Izdubars (Nemrod) ; et les Juifs les Emims de la terre de Moab, ainsi que les fameux géants Anakim 789. Moïse parle d'Og, un roi dont le "lit" mesurait neuf coudées de long (15 pieds 4 pouces) et quatre de large 790 et la taille de Goliath était de "six coudées et un empan" (ou 10 pieds et 7 pouces). La seule différence que l'on trouve entre "les écritures révélées" et les preuves que nous fournissent Hérodote, Diodore de Sicile, Homère, Pline, Plutarque, Philostrate, etc., est la suivante : Alors que les Païens ne font mention que des squelettes de géants, morts bien des siècles auparavant, vestiges que certains d'entre eux avaient personnellement vus, les interprètes de la Biblene rougissent pas de demander à la Géologie et à l'Archéologie de croire que plusieurs contrées étaient habitées, à l'époque de Moïse, par de pareils géants, auprès desquels les Juifs ressemblaient à des sauterelles et qui existaient encore à l'époque de Josué et de David. Malheureusement, leur propre chronologie s'y oppose ; il leur faut choisir entre elle et les géants.

789 Nombres, XIII, 33.

790 Deut., III, 11.

 

Il y a encore quelques rares témoignages de l'existence de Continents submergés et des colosses humains qui les habitaient. L'Archéologie en cite plusieurs sur cette Terre, tout en se bornant à se demander avec étonnement "ce que cela peut bien être", sans savoir jamais sérieusement cherché à élucider le mystère. Sans parler des statues de l'Ile de Pâques, dont nous avons déjà fait mention, à quelle époque appartiennent les colossales statues qui se dressent encore intactes près de Bamian ? Comme toujours, l'Archéologie les fait remonter aux premiers siècles du Christianisme et se trompe en cela comme en bien d'autres spéculations. Une brève description fera savoir au lecteur ce que sont les statues de l'Ile de Pâques et de Bamian. Etudions d'abord ce qu'en sait la Science orthodoxe :

Teapi, Rapa-nui ou l'Ile de Pâques est un point isolé situé à près de 2.000 milles de la côte Sud-Américaine... Sa longueur est d'environ douze milles, sa largeur de quatre... et l'on voit à son [III 422] centre un cratère éteint qui a 1.050 pieds de haut. L'île est Couverte de cratères éteints depuis si longtemps qu'il ne reste aucune tradition relative à leur activité. 791

Mais par qui ont été faites les grandes statues de pierre 792 qui constituent la principale attraction pour ceux qui visitent l'île ? "Personne ne le sait", répond un auteur.

791 Robert Brown, The Countries of the World, p. 43.

792 Ibid., pp. 44 et suiv.

 

Il est plus que probable qu'elles existaient déjà lorsque arrivèrent les habitants actuels [une poignée de sauvages polynésiens]... Leur exécution est d'un ordre élevé... et l'on croit que la race à laquelle elles sont dues avait des rapports fréquents avec les naturels du Pérou et d'autres parties de l'Amérique du Sud... Même à l'époque de la visite de Cook, quelques-unes de ces statues, ayant vingt- sept pieds de hauteur et huit pieds d'une épaule à l'autre, gisaient sur le sol, tandis que d'autres, encore debout, semblaient beaucoup plus grandes. L'une  de ces dernières était si élevée, que son ombre suffisait à abriter un groupe de trente personnes, contre l'ardeur du soleil. Les piédestaux qui supportaient ces colossales statues avaient, en moyenne, trente à quarante pieds de long sur douze à seize de large... et étaient tous construits en pierres taillées dans le style cyclopéen et ressemblaient beaucoup aux murs du Temple de Pachacamac, ou aux ruines de Tia-Huanaco, au Pérou. 793

"On n'a aucune raison de supposer que ces statues aient été construites morceau par morceau au moyen d'échafaudages", ajoute suggestivement l'auteur – qui se garde d'expliquer comment elles auraient pu être faites autrement, à moins que ce ne fût par des géants ayant la même taille qu'elles. Deux des meilleures de ces statues colossales se trouvent aujourd'hui au British Museum. Il y a à Ronororaka  quatre statues, dont trois sont profondément enfoncées dans le sol, tandis que la quatrième est étendue sur le dos comme endormie. Leurs types diffèrent, bien qu'elles aient toutes la tête longue, et il est évident que ce sont des portraits, car la forme des nez, des bouches et des mentons,  varie beaucoup ; du reste leur coiffure – une sorte de casquette plate, à laquelle se rattache une pièce destinée à couvrir la nuque – prouve que  les originaux n'étaient pas des sauvages de l'âge de pierre. On peut, en vérité, se demander par qui elles ont été faites, mais il n'est pas probable que la réponse puisse être donnée par l'Archéologie ou même par la Géologie, bien que cette [III 423] dernière reconnaisse que l'île est une portion d'un continent submergé.

Mais qui donc a taillé les statues encore plus colossales de Bamian, qui sont les plus hautes, les plus gigantesques du monde entier ? En effet, la "statue de la Liberté" de Bartholdi, qui se trouve aujourd'hui à New- York, est naine lorsqu'on la compare à la plus grande des cinq statues. Burnes et plusieurs savants Jésuites qui ont visité Bamian, parlent d'une montagne "couverte de gigantesques cellules" et de deux immenses géants taillés dans le même roc. On en parle comme des modernes  Miaotsé (voyez plus haut la citation tirée du Chou-King), derniers vestiges qui subsistent des Miaotsé qui ont "troublé la terre" ; les Jésuites ont raison, et les Archéologues, qui voient des Bouddhas dans les plus grandes de ces statues, se trompent. En effet, toutes les innombrables ruines gigantesques que l'on découvre de nos jours les unes après les autres, toutes les immenses avenues bordées de ruines colossales qui traversent l'Amérique du Nord, le long et au delà des Montagnes Rocheuses, sont l'œuvre des Cyclopes, des véritables, des réels Géants de jadis. Un célèbre explorateur moderne nous dit que l'on a découvert "en Amérique, près de Munte [?] des masses énormes d'ossements humains", précisément à l'endroit que la tradition locale désigne comme le point de débarquement des géants qui parcoururent l'Amérique, lorsqu'elle venait à peine d'émerger du sein des eaux 794.

794 De la Vega IX-IX, cité dans Mirville, Pneumatologie, III, 55.

 

Les traditions de l'Asie Centrale disent la même chose des statues de Bamian. Que sont donc ces statues et qu'est donc la localité où elles se dressent depuis d'innombrables siècles, défiant les cataclysmes qui se sont produits autour d'elles et même la main de l'homme, comme ce fut le cas pour les hordes de Timour et les guerriers vandales de Nadir-Shah ? Bamian est une misérable petite ville, à moitié en ruines, située dans l'Asie Centrale, à mi-chemin entre Caboul et Balkh, au pied du Koh-i-baba, énorme montagne de la chaîne du Paropamisus, ou Hindou-Kouch, qui a une hauteur de 8.500 pieds au-dessus du niveau de la mer. Au temps jadis, Bamian faisait partie de l'ancienne cité de Djouldjoul, pillée et démolie

jusqu'à la dernière pierre par Gengis Khan au XIIIème siècle. Toute la vallée est bordée de roches colossales qui sont remplies de cavernes et de grottes,

en partie naturelles et en partie artificielles et qui servirent jadis de demeure aux moines Bouddhistes qui y avaient établi leurs Vihâras [monastères]. Jusqu'à présent on rencontre une quantité de ces Vihâras dans les temples de l'Inde creusés dans le roc et dans [III 424] les vallées de Jellâlabâd. Devant quelques-unes de ces cavernes on a découvert, ou plutôt redécouvert, dans notre siècle, car le fameux explorateur chinois

Hiouen-Thsang raconte qu'il les a vues lorsqu'il visita Bamian au VIIème siècle, on a découvert, dis-je, cinq énormes statues – que l'on suppose

représenter Bouddha.

L'affirmation qu'il n'existe pas de statues plus grandes sur toute la surface du globe, est facilement confirmée par le témoignage de tous les explorateurs qui les ont examinées et en ont pris les mesures. Ainsi, la plus grande mesure 173 pieds de haut, soit soixante-dix pieds de plus que la statue de la Liberté qui se trouve aujourd'hui à New-York, attendu que cette dernière n'a que 105 pieds, ou 34 mètres de haut. Le fameux Colosse de Rhodes lui-même, entre les jambes duquel les plus grands vaisseaux de l'époque passaient aisément, n'avait que 120 à 130 pieds de hauteur. La seconde de ces statues, au point de vue de la taille, et qui est, elle aussi, taillée dans le roc comme la première, ne mesure que 120 pieds, ou quinze de plus que la susdite "Liberté" 795. La troisième statue n'a que 60 pieds ; les deux autres sont encore plus petites et la dernière d'entre elles ne dépasse même que de peu la hauteur des hommes de grande taille de notre- Race. Le premier et le plus grand des colosses, représente un homme drapé dans une sorte de "toge" ; M. de Nadaillac pense que l'aspect général du personnage, les lignes de la tête, la draperie et surtout les grandes oreilles pendantes, indiquent d'une façon indéniable que c'est Bouddha que l'on a voulu représenter, mais, en réalité, cela ne prouve rien. Bien que la plupart des statues existant actuellement et qui représentent Bouddha dans la posture de Samâdhi, soient pourvues de longues oreilles pendantes, ce n'est là qu'une innovation relativement récente, une pensée postérieure. L'idée primitive est tirée de l'allégorie ésotérique. Les oreilles anormalement longues symbolisent l'omniscience de la Sagesse et étaient destinées à rappeler le pouvoir de Celui qui sait et entend tout, et dont l'amour bienveillant et l'attention pour toutes les créatures ne laissent  rien échapper. Comme il est dit dans une Shloka :

Le Seigneur miséricordieux, notre Maître, entend le cri [III 425] d'agonie du plus petit parmi les plus petits, au delà des vallées et des montagnes, et se hâte vers sa délivrance.

Gautama Bouddha était un Aryen Hindou et l'on ne trouve des oreilles se rapprochant de ce modèle que parmi les Birmans et Siamois mongols qui, de même qu'en Cochinchine, déforment artificiellement leurs oreilles. Les moines Bouddhistes qui transformèrent en Vihâras et cellules les grottes des Miaotsé, vinrent dans l'Asie Centrale vers le commencement du premier siècle de l'ère chrétienne. Aussi Hiouen-Tsang, parlant de la colossale statue, dit que "l'éclat des ornements d'or qui couvraient la statue", à son époque, "éblouissait les yeux", mais il ne reste actuellement aucun vestige de ces dorures. La draperie, par opposition à la statue proprement dite, taillée dans la roche vive, est faite de plâtre et modelée sur la statue de pierre. Talbot, qui s'est livré à un examen très minutieux, a découvert que cette draperie appartenait à une époque très postérieure.  On doit donc faire remonter la statue elle-même à une époque bien antérieure au Bouddhisme. Dans ces conditions, on peut se demander qui elle représente.

Une fois encore, la tradition, corrobore par les archives écrites, répond à la question et explique le mystère. Les Arhats et les Ascètes Bouddhistes découvrirent les cinq statues et bien d'autres encore qui sont maintenant tombées en poussière. Ils recouvrirent de plâtre trois d'entre elles, qui se trouvaient dans des niches colossales à l'entrée de leur future demeure et, sur les antiques statues, en modelèrent de nouvelles pour représenter le Seigneur Tathâgata. La partie intérieure des niches est recouverte jusqu'à présent de brillantes peintures représentant des êtres humains et l'image sacrée de Bouddha est reproduite dans chaque groupe. Ces fresques et ces ornements – qui rappellent le style des peintures Byzantines – sont tous dus à la piété des moines ascètes, comme le sont aussi d'autres statues plus petites et des ornements taillés dans le roc, mais les cinq statues sont l'œuvre des Initiés de la Quatrième Race qui, après la submersion de leur Continent, cherchèrent un refuge dans les solitudes et sur les sommets des chaînes de montagnes de l'Asie Centrale. Ces cinq statues constituent donc un impérissable souvenir de l'Enseignement Esotérique au sujet de l'évolution graduelle des Races.

La plus grande est destinée à représenter la Première Race de l'humanité, dont le corps éthéré était ainsi commémoré en pierre dure et impérissable, pour l'instruction des générations futures, car sans cela son souvenir n'aurait jamais survécu au Déluge Atlante. La seconde – celle  de 120 pieds de haut –  représente  les  Nés-de-la-Sueur  et  la  troisième  – [III 426] celle de 60 pieds – immortalise la race qui tomba et inaugura de la sorte la première Race physique, née d'un père et d'une mère et dont les derniers descendants sont représentés par les statues découvertes dans l'île de Pâques. La taille de ces derniers descendants n'était que de 20 à 25 pieds à l'époque où la Lémurie fut submergée, après avoir été presque détruite par le feu des volcans. La Quatrième Race était plus petite encore, bien que gigantesque si on la compare à notre Cinquième Race et la série prend fin avec cette dernière.

Tels sont les "Géants" de l'antiquité, les Gibborim ante et post- diluviens de la Bible. Ils vivaient et florissaient il y a un million d'années, plutôt qu'il y a seulement trois ou quatre mille ans. Les Anakim de Josué, dont  les  hordes  faisaient  que  les  Juifs, par comparaison paraissaient comme des sauterelles, ne sont qu'un produit de l'imagination Israélite, à moins que le peuple d'Israël n'attribue à Josué une antiquité faisant remonter son origine à l'Eocène ou, tout au moins, au Miocène, et ne change en millions d'années les milliers d'années de sa chronologie.

Pour tout ce qui a trait aux époques préhistoriques, le lecteur doit se souvenir des sages paroles de Montaigne. Voici ce que dit, en substance, le grand Philosophe Français, au chapitre XXVI, livre I de ses Essais :

C'est une preuve de sotte présomption que de dédaigner et de condamner comme faux ce qui ne nous semble comporter aucune apparence de vraisemblance ou de vérité : c'est la faute habituelle que commettent ceux qui se persuadent qu'ils sont plus capables que le vulgaire...

La raison m'a enseigné que le fait de condamner aussi résolument une chose comme fausse et impossible équivaut pour un homme à s'attribuer à lui-même l'avantage d'avoir les bornes et les limites de la volonté de Dieu et la puissance de notre mère commune  la Nature cousues à sa manche et qu'il n'y a pas en ce monde de plus grande folie que de les rapetisser à la mesure de notre capacité et aux bornes de nos aptitudes...

Si nous qualifions de monstrueuses ou de miraculeuses les choses que notre raison ne peut atteindre, combien de faits de ce genre ne se présentent-ils pas journellement à notre vue ? Considérons à travers quels voiles et combien aveuglément nous atteignons la connaissance de la plupart des choses qui nous passent par les mains ; en vérité, nous constatons que c'est plutôt l'habitude que la science qui nous en fait admettre l'étrangeté et que si ces choses nous étaient nouvellement présentées, nous les tiendrions indubitablement pour  aussi invraisemblables et incroyables, ou pour plus invraisemblables et incroyables que les autres. [III 427]

Un étudiant à l'esprit droit devrait, avant de nier la possibilité de notre histoire et de nos archives, chercher dans l'histoire moderne, ainsi que dans les traditions universelles qui abondent dans la littérature ancienne et moderne, les traces laissées par ces merveilleuses races primitives. Peu de gens, parmi ceux qui ne croient pas, soupçonnent la richesse des preuves que l'on peut découvrir éparpillées un peu partout et enfouies même dans le seul British Museum. Nous invitons le lecteur à jeter encore un coup d'œil sur le sujet qui est traité dans la Section suivante.

 

RUINES CYCLOPEENNES ET PIERRES COLOSSALES SONT DES TEMOINS DES GEANTS

 

De Mirville, en poursuivant, dans ses énormes ouvrages intitulés Mémoires adressés aux Académies, la tâche qu'il avait entreprise de prouver la réalité du Diable et d'établir qu'il résidait dans toutes les idoles anciennes et modernes, a rassemblé plusieurs centaines de pages de "preuves historiques" démontrant qu'à l'époque des "miracles", tant païens que bibliques, les pierres marchaient, parlaient, rendaient des oracles et même chantaient et que finalement la "Pierre du Christ" ou Roc du Christ, le "Roc spirituel" qui suivit Israël 796, "devint une pierre de Jupiter" avalé par son père Saturne "sous la forme d'une pierre" 797. Nous ne nous arrêterons pas à discuter le mauvais emploi évident et la matérialisation des métaphores bibliques, dans le seul but de prouver le "Satanisme" des idoles, bien qu'il y ait beaucoup à dire 798 à ce sujet. Sans vouloir attribuer à nos pierres de pareilles facultés ambulatoires et psychiques innées, nous pouvons rassembler à notre tour toutes les preuves qui sont à notre portée en vue d'établir que : (a) s'il n'avait pas existé de géants pour mouvoir des roches aussi colossales, il n'y aurait jamais eu ni un Stonehenge, ni un Carnac (Bretagne), ni aucune autre construction Cyclopéenne et (b) que si la Magie n'existait pas, il n'aurait jamais été possible de recueillir autant de témoignages au sujet de pierres qui "parlent" ou qui "rendent des oracles".

Dans l'Achaïca nous voyons Pausanias confesser qu'au début de son ouvrage il avait considéré les Grecs comme [III 428]  puissamment stupides  "parce  qu'ils  adoraient  des  pierres",  mais,  après  avoir   atteint l'Arcadie, il ajoute : "J'ai changé d'opinion" 799. Aussi, sans aller jusqu'à adorer des pierres ou, ce qui est la même chose, des idoles et statues de pierres – crime que les Catholiques Romains sont peu sages de reprocher aux Païens, comme ils le font – on peut être autorisé à partager les croyances de tant de grands Philosophes et d'hommes pieux, sans mériter pour cela d'être traité "d'idiot" par les modernes Pausanias.

Nous renvoyons à l'Académie des Inscriptions ceux des lecteurs qui désireraient étudier les diverses propriétés des silex et des cailloux au point de vue de la Magie et des pouvoirs psychiques. Dans un poème sur les "Pierres" attribué à Orphée, celles-ci sont divisées en Ophites et Sidérites, la "Pierre-Serpent" et la "Pierre-étoile".

L'ophite est raboteuse, dure lourde et noire et a le don de la parole ; quand on se prépare à la jeter, elle émet un son ressemblant au cri d'un enfant. C'est au moyen de cette pierre qu'Hélénus prédit la ruine de  Troie,  sa patrie. 800

796 1, Corinth., X, 4.

797 Pneumatologie, III, p. 283.

798 Saturne, c'est Chronos, le "Temps". Le fait qu'il avale Jupiter-pierre peut devenir un jour une prophétie. "Pierre (cephas, lapis), nous assure-t-on, est la pierre sur laquelle est édifiée l'Eglise de Rome", mais Chronos doit certainement l'avaler, un jour, comme il a avalé Jupiter-pierre et de plus grands personnages encore.

 

Sanchoniaton et Philon de Byblos, lorsqu'ils font allusion à ces "bétyles" les appellent des "pierres animées". Photius répète ce que Damascius, Asclépiade, Isidore et le médecin Eusèbe ont affirmé avant lui. Eusèbe surtout ne se séparait jamais de ses Ophites, qu'il portait sur son sein, et il en recevait des oracles rendus avec une petite voix ressemblant à un faible sifflement 801. Arnobius, homme pieux qui "de païen qu'il était, avait fini par devenir une des lumières de l'Eglise", disent les Chrétiens à leurs lecteurs, confesse qu'il ne pouvait jamais se trouver en face d'une pierre de ce genre, sans lui poser une question "à laquelle elle répondait parfois d'une petite voix claire et aiguë". Nous demandons donc où gît la différence entre les Ophites Chrétiens et Païens.

La fameuse pierre de Westminster était appelée liafail, "la pierre qui parle" et n'élevait la voix que pour nommer le roi qu'il fallait choisir.

 Cambry, dans ses Monuments Celtiques, dit qu'il la vit lorsqu'elle portait encore l'inscription suivante 802  : [III 429]

Ni fallat fatum, Scoti quocumque locatum Invenient lapident, regnasse tenantur ibidem. 803

Finalement, Suidas parle d'un certain Heræscus, qui distinguait, d'un seul coup d'œil, les pierres inanimées de celles qui étaient douées de mouvement et Pline mentionne des pierres qui "fuyaient lorsqu'une  main se tendait vers elles" 804.

799 Pneumatologie, p. 284.

800 M. Falconet, op. cit., t. VI, Mém., p. 513 : cité par de Mirville, op. cit., p. 285.

801 Naturellement, la même que la "petite voix" entendue par Elie, à l'entrée de la caverne après le tremblement de terre. (I, Rois, XIX-12.)

 802 Les pierres oscillantes ou "logan" portent divers noms ; tels que le clachabrath des Celtes, la "pierre de la destinée ou du jugement" ; la pierre qui prophétise, ou "pierre de l'épreuve" et la pierre oracle ; les pierres mouvantes ou animées des Phéniciens ; la pierre qui gronde des Irlandais. La Bretagne a ses "pierres branlantes" à Huelgoat. On en trouve dans l'ancien comme dans le nouveau monde : dans les Iles Britanniques, en France, en Espagne, en Italie, en Russie, en Allemagne, etc.. de même que dans l'Amérique du Nord. (Voyez les Letters from North America, de Hodson, vol. II,

  1. 440.) Pline mentionne l'existence de plusieurs en Asie (Hist. Nat., I, 96) et Apollonius de Rhodes s'étend longuement sur les pierres oscillantes et dit que ce sont "des pierres placées aux sommets des tumuli et qui sont si sensibles qu'elles peuvent êtres mises en mouvement par le mental", (Ackerman, Arth. Index, p. 34), voulant sans doute parler des anciens prêtres qui faisaient bouger ces pierres de loin, par la force de la volonté.

803 [A moins que le destin n'échoue, partout où les Ecossais traîneront cette pierre, ils règneront.]

804 Voyez le Dictionnaire des Religions, l'abbé Bertrand, Art. "Hériæscus" et "Bétyles" ;  de Mirville, ibid., p. 287, qui écrit "Héraiclus", mais voyez aussi l'Egypte de Bunsen, I. 95.

805 Voyez, entre autres, History of Paganism in Caledonia, par le docteur Th. A. Wise, F.R.A.S., etc.

 

De Mirville – qui cherche à justifier la Biblese demande avec beaucoup d'à-propos pourquoi les monstrueuses pierres de Stonehenge étaient jadis appelées chior-gaur ou "la danse des géants" (de côr, "danse", d'où vient chorée et de gaur "géant"). Il renvoie alors le lecteur à l'évêque Saint-Gildas pour recevoir une réponse, mais les auteurs d'ouvrages comme le Voyage dans le Comté de Cornouailles, sur les Traces des Géants et autres savants ouvrages sur les ruines de Stonehenge 805, Carnac et West Hoadley, donnent des renseignements bien plus complets et bien plus dignes de foi sur ce sujet spécial. Dans ces endroits – véritables forêts de rochers – on trouve d'immenses monolithes, "dont quelques-uns pèsent plus de 500.000 kilogrammes". Les "pierres suspendues" de la plaine de Salisbury sont considérées comme les restes d'un temple Druidique. Mais les Druides étaient des hommes historiques et non des Cyclopes ou des géants.  Qui  donc,  si  ce  n'est  des  géants,  aurait  jamais  pu  soulever de pareilles masses – principalement celles que l'on trouve à Carnac et à West-Hoadley – les ranger symétriquement de façon qu'elles représentent le planisphère, et les placer si merveilleusement en équilibre qu'elles semblent à peine toucher le sol et que, bien que le moindre attouchement du doigt les fasse bouger, elles résistent aux efforts de vingt hommes cherchant à les déplacer.

Si nous disons que ces pierres sont, en majeure partie, des vestiges des derniers Atlantes, on nous répondra que [III 430] tous les Géologues leur reconnaissent une origine naturelle ; que lorsqu'un rocher s'effrite – c'est-à- dire lorsqu'il perd des parcelles successives sous l'action du temps – il revêt cette forme et que les "tors" de l'Ouest de l'Angleterre exhibent des formes curieuses, qui sont aussi dues à la même cause. Donc, puisque tous les Savants considèrent que "les pierres oscillantes ont une origine purement naturelle et que le vent, la pluie, etc., provoquent la désagrégation, par couches, des rochers" – l'exactitude de notre affirmation sera niée, d'autant plus "que nous voyons actuellement se produire autour de nous, ce processus de modification des roches". Examinons cette question.

Lisez d'abord ce que la Géologie nous en dit et vous apprendrez que ces masses gigantesques sont souvent complètement étrangères à  la contrée où elles se trouvent maintenant fixées ; que leurs congénères géologiques appartiennent souvent à des couches inconnues dans ces contrées et que l'on ne trouve que bien loin au delà des mers. M. William Tooke, dans ses spéculations sur les énormes blocs de granit qui sont éparpillés dans la Russie Méridionale et la Sibérie, dit au lecteur que là où ils se trouvent aujourd'hui, il n'existe ni rochers, ni montagnes et qu'ils ont dû être transportés "à d'énormes distances et grâce à des efforts prodigieux" 806. Charton parle d'un spécimen d'une roche de ce genre en Irlande et qui fut soumis à l'analyse d'un éminent Géologue Anglais, qui attribua à cette roche une origine étrangère "peut-être même Africaine" 807.

C'est là une étrange coïncidence, car la tradition Irlandaise fait remonter  l'origine de  ces roches circulaires à  un  Sorcier qui les  apporta d'Afrique. De Mirville voit dans ce Sorcier "un Hamite maudit" 808. Nous voyons en lui un sombre Atlante et peut-être même un Lémurien, plus ancien encore, qui aurait vécu jusqu'à l'apparition des Iles Britanniques – en tout cas, nous voyons en lui un géant 809. Cambry s'écrie naïvement :

Les hommes n'ont rien à voir à cela... car la puissance et l'industrie humaines n'auraient jamais pu entreprendre une pareille [III 431] chose.  La  Nature  seule  a  tout fait [!!] et la science le démontrera un jour [!!]. 810

806 Sépulture des Tartares, arch. VII, p. 2227.

807 Voyageurs Anciens et Modernes, I, 230.

 808 Op. cit. ibid., p. 290. Si Cham fut un Titan ou un Géant, il s'ensuit que Sem et Japhet le furent aussi. Ce sont tous des Titans Arkites, comme le démontre Faber – ou des Mythes.

809 Diodore de Sicile affirme qu'à l'époque d'Isis quelques hommes avaient encore une haute stature et étaient qualifiés de Géants par les Hellènes. "Οί δ΄ὲν Λιγύπτω µυθολογου̃σι χατά τήν Ίσιδος ὴλιχὶαν γεγονέναι τὶνας πολυσωµὰτους"

810 Antiquités Celtiques, p. 88.

811 Cambry, ibid., p. 90.

 

Il n'en est pas moins vrai que ce fut fait par une puissance humaine, bien que gigantesque et pas plus par la "Nature" seule que par Dieu ou le Diable.

"La Science", ayant entrepris de démontrer que le Mental et l'Esprit ne sont eux-mêmes que de simples productions de "forces aveugles" est bien capable d'assumer cette tâche et nous la verrons peut-être un beau jour chercher à prouver que la Nature seule a aligné les roches gigantesques de Stonehenge, qu'elle seule a fixé leurs positions avec une précision mathématique, leur a donné la forme de la planisphère de Dendera et des signes du Zodiaque et a transporte des pierres pesant plus d'un million de livres d'Afrique et d'Asie, jusqu'en Angleterre et en Irlande !

Il est vrai que Cambry se rétracta plus tard, lorsqu'il écrivit : J'ai  longtemps  cru  à  la  Nature,  mais  je  me rétracte...

attendu que le hasard est incapable de créer d'aussi merveilleuses combinaisons... et ceux qui ont placé ces roches en équilibre, sont les mêmes que ceux qui ont dressé les masses mouvantes de l'étang d'Huelgoat, près de Concarneau.

 Le Dr John Watson, que cite ce même auteur, dit,  en  parlant des roches mouvantes, ou "pierres branlantes", qui sont situées sur la rampe de Golcar ("l'Enchanteur") :

Les étonnants mouvements de ces masses placées en équilibre les firent comparer  à  des  Dieux  par  les Celtes. 811

Dans l'ouvrage de Flinders Petrie, intitulé Stonehenge, on lit :

Stonehenge est construit avec la pierre de la région, un grés rouge, ou pierre de "sarsen" appelée dans la contrée "moutons gris", mais quelques-unes de ces pierres, surtout celles que l'on dit avoir eu une destination astronomique, ont été apportées de loin, probablement du Nord de l'Irlande.

Citons, pour conclure, les réflexions d'un Savant exposées dans un article sur ce sujet, publié en 1850 dans la Revue Archéologiqueet qui mérite d'être cité :

Chaque pierre est un bloc dont le poids mettrait à l'épreuve les plus puissantes machines. En un mot, on trouve éparpillées sur [III 432] toute la surface du globe, des masses en présence desquelles le mot matériaux semble dépourvu de sens, dont l'aspect confond l'imagination et auxquelles il a fallu donner un nom aussi colossal que les masses elles-mêmes. En outre, ces immenses pierres oscillantes, appelées parfois routers (qui mettent en déroute), dressées sur une de leurs extrémités comme sur un point, dans un équilibre si parfait que le moindre contact suffit à les mettre en mouvement... trahissent une connaissance positive de la statique chez ceux qui les ont placées. Les mouvements opposés réciproques, les surfaces planes, convexes et concaves tour à tour... tout cela les rattache aux monuments Cyclopéens dont on peut dire avec raison, en répétant   les   paroles   de   La   Véga,   que   "les   démons semblent y avoir travaillé plus que les hommes". 812

Pour une fois nous sommes d'accord avec nos amis et ennemis les Catholiques Romains, et nous demandons si de pareils prodiges de statique et d'équilibre, réalisés avec des masses pesant des millions de livres, peuvent être l'œuvre de sauvages du Paléolithique, d'hommes  des cavernes, d'une taille supérieure à celle de la moyenne des hommes de notre siècle, mais simples mortels comme nous le sommes ? Notre intention n'est pas de faire allusion aux multiples traditions qui se rattachent aux roches oscillantes, cependant, il ne serait pas mauvais de rappeler aux lecteurs anglais Giraldus Cambrensis, qui parle d'une pierre de ce genre qui se trouvait dans l'île de Mona et qui revenait à sa place, en dépit de tous les efforts que l'on faisait pour la maintenir ailleurs. A l'époque de la conquête de l'Irlande par Henry II, un certain comte Hugo Cestrensis, désireux de se convaincre de la réalité de ce fait, fit attacher la pierre de Mona à une pierre beaucoup plus [III 433] grosse et les fit jeter à la mer. Le lendemain matin on retrouva la pierre à sa place habituelle. Le savant William de Salisbury garantit le fait et témoigne de la présence  de la pierre dans le mur d'une église où il l'avait vue en 1554. Cela nous rappelle ce que dit Pline au sujet de la pierre laissée par les Argonautes à Cyzicum et que les habitants de la ville avaient placée dans le prytanée, "d'où elle s'échappa plusieurs fois, si bien que l'on dut l'alourdir au moyen de plomb" 813. Nous avons donc d'immenses pierres que toute l'antiquité déclarait être "vivantes, mouvantes, parlantes et marchantes". Elles semblent  aussi  avoir  été  capables  de  faire  fuir  les  gens,  puisqu'on les appelait des routers, du verbe "to rout", mettre en déroute, et des Mousseaux nous les dépeint comme étant toutes des pierres prophétiques, que l'on appelait parfois pierres-folles" 814.

La roche oscillante est acceptée par la science, mais pourquoi oscillait- elle ? Il faut être aveugle pour ne pas voir que ce mouvement constituait un moyen de plus de divination et que c'est pour cette raison qu'on les "appelait pierres de vérité" 815. [III 434]

C'est de l'histoire, car le passé des époques préhistoriques sert de témoignage pour les époques postérieures. Les Dracontia, consacrés à la Lune et au Serpent, étaient les plus anciens "rocs de la destinée" de nations plus antiques et leurs mouvements ou oscillations constituaient un code parfaitement clair pour les prêtres initiés qui, seuls, possédaient la clef de cette antique manière de lire. Vormius et Olaus Magnus démontrent que c'est sur les ordres de l'oracle, dont la voix parlait par "ces immenses rochers dressés par la puissance colossale des [antiques] géants", que les rois scandinaves étaient élus. Pline dit que :

Aux Indes et dans la Perse, c'est elle (l'Otizoë Perse) que les Mages devaient consulter pour l'élection de leurs souverains 816 ;

et il décrit un rocher qui surplombe Harpasa, en Asie, et qui est placé de telle façon "qu'on peut le faire remuer avec un seul doigt tandis que le poids total de la roche la fait résister" 817. Pourquoi les roches oscillantes de l'Irlande, ou celles de Brimham, dans le Yorkshire, n'auraient-elles pas servi au même mode de divination ou de communications par oracles ? Les plus énormes sont évidemment les vestiges des Atlantes : les plus petites, comme les Rocs de Brimham, qui ont des pierres tournantes à leurs sommets, sont des copies des roches plus anciennes. Si les Evêques du Moyen Age n'avaient pas détruit tous les plans des Dracontia sur lesquels ils ont pu mettre les mains, la Science en saurait davantage à ce sujet 818. En l'état des choses, nous savons que ces roches étaient universellement employées durant de longues périodes préhistoriques et toutes, dans le même but de prophétie et de MAGIE. E. Biot, membre de l'Institut de France, a publié, dans les Antiquités de France (vol. IX), un article qui établit que le Châttam-parambon (le "Champ de la mort" ou ancien lieu de sépulture du Malabar 819), occupe une situation identique à [III 435] celle des antiques tombes de Carnac ; c'est-à-dire que l'on y trouve "une proéminence et une tombe centrale". On trouve des ossements dans les tombes et M. Halliwell nous dit que quelques-uns de ces ossements sont énormes et que les naturels du pays appellent ces tombes "la demeure des Râkshasas" ou géants. Plusieurs enceintes de pierres "considérées comme l'œuvre des Panch Pandava (les cinq Pandous), comme le sont tous les monuments de ce genre aux Indes, où l'on en trouve tant", furent ouvertes sur l'ordre du Rajah Vasariddi et l'on constata "qu'elles renfermaient des ossements humains de très grande taille" 820.

 

812 Op. cit., p. 473. "Il est difficile, écrit Creuzer, de ne pas soupçonner dans les constructions de Tyrinthe et de Mycènes, l'intervention de forces planétaires mises en mouvement par des puissances célestes analogues aux fameux Dactyles" (Pélages et Cyclopes). Jusqu'à présent la Science reste dans l'ignorance, en ce qui concerne les Cyclopes. Ils sont supposés avoir construit tous les monuments prétendus "Cyclopéens" et dont l'érection eût nécessité l'intervention de plusieurs régiments de Géants, alors, qu'eux-mêmes n'étaient que soixante-dix-sept en tout, ou environ une centaine, suivant l'opinion de Creuzer. On les appelle les Constructeurs et l'Occultisme les désigne sous le nom d'INITIATEURS qui, ayant initié quelques Pélages, posèrent ainsi la pierre  de fondation de la vraie MAÇONNERIE. Hérodote associe les Cyclopes à Persée, "fils d'un démon Assyrien" (I, VI). Raoul Rochette a découvert que le Cyclope Palemon, à qui on éleva  un sanctuaire, était "l'Hercule tyrien". En tous cas, il fut le Constructeur des colonnes sacrées de Gadir, couvertes de caractères mystérieux – dont Apollonius de Tyane était le seul de son époque à posséder la clef – et de personnages que l'on peut encore voir sur les murs d'Ellora, ruines gigantesques du temple de Vishvakarman, "le constructeur et l'artisan des Dieux".

813 Hist. Nat., t. XXXVI, p. 592 ; de Mirville, op. cit. ibid., p. 289.

814 Dieu et les dieux, p. 567.

815 De Mirville, op. cit. ibid., p. 291. On dit que MM. Richardson et Barth ont été stupéfaits de trouver dans le désert du Sahara, les mêmes pierres trilithiques dressées qu'ils avaient vues en Asie, en Circassie, en Etrurie et dans tout le Nord de l'Europe. M. Rivett-Carnac, B.C.S., d'Allahabad, l'archéologue distingué, laisse voir la même stupéfaction en lisant la description donnée par Sir J. Simpson des marques en forme de coupes, découvertes sur des pierres et des roches de l'Angleterre, de l'Ecosse et d'autres contrées occidentales et qui "offrent une extraordinaire ressemblance avec les marques que portent les cailloux qui entourent les tumuli, près de Nagpour" – la cité des Serpents. L'éminent savant voit dans ce fait "une nouvelle et très extraordinaire addition à la masse de preuves... établissant qu'un rameau des tribus nomades, qui parcourut l'Europe à une  époque reculée, pénétra aussi dans les Indes". Nous disons que la Lémurie, l'Atlantide avec ses Géants et les premières races de la Cinquième Race-Mère ont toutes mis la main à l'érection de ces bétyles, de ces pierres et de ces roches "magiques", en général. Les marques en forme de coupes relevées par Sir J. Simpson et les "trous creusés à la surface" des roches et des monuments découverts par M. Rivett-Carnac, dont "la dimension variait entre six pouces et un pouce et demi de diamètre et entre un pouce et un pouce et demi de profondeur... et qui étaient généralement rangés en lignes perpendiculaires présentant beaucoup de changements dans le nombre, la taille et l'arrangement des coupes" sont de simples annales écrites des races les plus anciennes. Tous ceux qui examineront attentivement les dessins représentant ces marques, qui se trouvent dans Archeological Notes on Ancient Sculpturing on Rocks, in Kumaon, India, etc., y découvriront le mode le plus primitif servant à marquer et à enregistrer. Quelque chose de ce genre fut adopté par les inventeurs Américains du code télégraphique Morse, qui nous rappelle l'écriture Ogham, que M. Rivett-Carnac décrit comme une combinaison de lignes longues et courtes "gravées sur du grès". La Suède, la Norvège et la Scandinavie sont pleines d'annales écrites de ce genre, car les caractères Runiques suivent les marques en forme de coupes et les lignes longues et courtes. Dans l'in-folio de Jean Magnus, on peut voir la représentation du demi-dieu, le géant Starchatérus (Starkad, l'élève de Hroszharsgrani, le Magicien), tenant sous chaque bras une énorme pierre couverte de caractères Runiques. Ce Starkad, d'après la légende Scandinave, se rendit en Irlande et accomplit des choses merveilleuses dans le Nord et le Sud, l'Est et l'Ouest (Voyez Asgard and the Gods, pp. 218-221).

 816 Hist. Nat., XXXVII.

817 Ibid., II. XXXVIII.

818 Charton, Magasin Pittoresque (1853), p. 32. Cité par de Mirville, op. cit. ibid., p. 293.

819 [mot Malajâlam. Inde du Sud.]

820  T.A. Wise, History of Paganism in Caledonia, p. 36.

 821 Op. cit. ibid., p. 288.

 

De Mirville a encore raison dans sa généralisation, sinon dans ses conclusions. Comme la théorie favorite d'après laquelle les Dracontia sont surtout des témoins des "grandes commotions géologiques naturelles" (Charton) et "l'œuvre de la Nature" (Cambry) est maintenant condamnée, ses remarques sont fort justes :

Nous engageons la Science à réfléchir... et, avant tout, à ne pas classer les Titans et les Géants parmi les légendes primitives, car leurs œuvres sont là, sous nos yeux, et ces masses continueront à osciller sur leurs bases jusqu'à la fin du monde, pour aider les savants à comprendre, une fois pour toutes, que l'on ne devient pas digne d'être interné à Charenton, par le seul fait que l'on croit à des merveilles qui sont certifiées par toute l'antiquité. 821

C'est là précisément ce que nous ne saurions répéter trop souvent, bien que les voix des Occultistes et des Catholiques Romains courent le risque de s'élever vainement dans le désert. Néanmoins il est impossible que tout le monde ne constate pas que la Science est, tout au moins, aussi inconséquente dans ses spéculations modernes, que ne l'était la Théologie de l'antiquité et du Moyen Age, dans ses interprétations de la prétendue Révélation. La science prétend faire descendre l'homme du singe pithécoïde – transformation qui exigerait des millions d'années – et pourtant, elle craint de faire remonter à plus de 100.000 ans l'origine de l'Humanité ! La Science enseigne la transformation graduelle des espèces, la sélection naturelle et l'évolution de la forme la plus basse à la forme la plus haute ; du mollusque au poisson, du reptile à l'oiseau et au mammifère

– pourtant elle refuse à l'homme, qui n'est, au point de vue physiologique, qu'un [III 436] mammifère et un animal supérieur, ce mode de transformation de son aspect extérieur. Cependant, si le monstrueux Iguanodon du Wœlden peut avoir été l'ancêtre du petit Iguane de nos jours, pourquoi l'homme monstrueux de la DOCTRINE SECRETE ne serait-il pas devenu l'homme moderne – le chaînon reliant l'Animal à l'Ange ? Cette "théorie" est-elle, en quoi que ce soit, plus contraire à la science que celle en vertu de laquelle on refuse à l'homme un Ego spirituel et immortel, pour faire de lui un automate, tout en le classant en même temps comme un genre distinct dans le système de la Nature ? Les Sciences Occultes peuvent être moins scientifiques que les Sciences Exactes actuelles ; elles n'en sont pas moins plus logiques et plus conséquentes dans leurs enseignements ! Les formes physiques et les affinités naturelles des atomes peuvent être des facteurs suffisants pour transformer une plante en un animal, mais il faut plus que la simple action qu'elles exercent sur certains agrégats matériels et sur leur ambiance, pour appeler à la vie un homme pleinement conscient, même s'il n'était qu'une ramification entre deux "parents pauvres" de l'ordre des quadrumanes. Les Sciences Occultes sont d'accord avec Hæckel pour admettre que la Vie (objective) sur notre Globe "est un postulat logique de l'histoire naturelle scientifique", mais elles ajoutent que le rejet d'une semblable involution spirituelle, opérant du dedans au dehors, de la Vie-Esprit invisible et subjective – Principe Eternel dans la Nature – est plus illogique, si possible, que de dire que l'Univers avec tout ce qu'il renferme a été graduellement édifié par les "forces aveugles" inhérentes à la Matière, sans aucune assistance externe.

Supposons qu'un Occultiste prétende que les premières grandes orgues d'une cathédrale aient été originairement formées comme il suit : tout d'abord, il se serait produit dans l'espace une élaboration progressive et graduelle de matériaux susceptibles d'être organisés, ce qui aurait eu pour résultat de produire un état de la matière  dénommé  PROTEINE organique ; ensuite, sous l'influence de forces incidentes, cet état ayant passé à une phase d'équilibre instable, la matière aurait évolué lentement et majestueusement en nouvelles combinaisons de bois sculpté et poli, de tiges et de gâches de cuivre, de cuir et d'ivoire, de tuyaux à vent et de soufflets, après quoi toutes ces parties s'étant adaptées pour former une machine harmonieuse et symétrique, l'orgue aurait soudain fait résonner le Requiem de Mozart, suivi d'une Sonate de Beethoven, etc., ad infinitum, les touches jouant d'elles-mêmes et le vent soufflant dans les tuyaux suivant son caprice et en vertu de la force inhérente qui lui est propre. Que dirait la Science [III 437] d'une pareille théorie ? Pourtant c'est de cette façon que les savants matérialistes nous dépeignent la formation de l'Univers, avec ses millions d'êtres et avec l'homme qui en constitue le couronnement spirituel.

Quelle qu'ait pu être la réelle pensée intime de M. Herbert Spencer, lorsqu'il traita par écrit la question de la transformation graduelle des espèces, ses paroles s'adaptent à notre doctrine.

 

Lorsqu'on l'explique par l'évolution, chaque catégorie d'êtres est conçue comme étant le résultat des modifications produites, par gradations insensibles, chez une catégorie d'êtres préexistants. 822

Dans ce cas, pourquoi l'homme historique ne serait-il pas le résultat des modifications produites chez une race d'hommes préhistoriques, même en supposant, dans l'intérêt de la discussion, qu'il n'y ait rien en lui pour survivre à sa charpente physique, ou pour vivre indépendamment d'elle ? Mais il n'en est pas ainsi ! En effet, lorsque l'on vient nous dire que "la matière organique est produite dans les laboratoires, au moyen de ce que nous pourrions littéralement dénommer "l'évolution artificielle" 823 – nous répondons à l'éminent philosophe anglais que les Alchimistes et les grands Adeptes en faisaient autant, en faisaient même bien plus encore, avant que les Chimistes eussent jamais tenté de "produire des combinaisons complexes au moyen d'éléments dissociés". Les Homonculi de Paracelse sont un fait en Alchimie et finiront très probablement par être considérés comme tels en Chimie et le monstre de Frankenstein de Mme Shelley devra être  considéré  comme  une  prophétie.  Toutefois,  aucun  Chimiste ou Alchimiste ne pourra jamais douer un pareil monstre d'autre chose que de l'instinct animal, à moins cependant qu'il ne fasse ce qu'on attribue aux "Progéniteurs", c'est-à-dire à moins qu'il ne quitte son propre Corps physique pour s'incarner dans la "Forme Vide". Cela même  ne constituerait qu'un homme artificiel et non un homme naturel, car nos "Progéniteurs" devaient devenir, au cours de l'évolution éternelle, des Dieux, avant de devenir des Hommes.

822 Essays on Physiology, p. 144.

823 Principes of Biology, Appendix, p. 482.

 

La digression ci-dessus – si toutefois c'en est une – est un essai de justification vis-à-vis des rares penseurs du prochain siècle qui pourront lire cela.

Elle explique aussi pourquoi les hommes de notre époque, les meilleurs et les plus enclins à la spiritualité, ne peuvent [III 438] plus être satisfaits, ni par la Science, ni par la Théologie, et pourquoi ils préfèrent n'importe quelle "insanité psychique" aux assertions dogmatiques de toutes les deux, puisque aucune des deux ne peut, dans son infaillibilité, lui offrir rien de mieux que la foi aveugle. La tradition Universelle est, de beaucoup, le guide le plus sûr dans la vie et cette tradition nous montre l'Homme Primitif vivant pendant de longs siècles avec ses Créateurs et ses premiers Instructeurs – les Elohim – dans le "Jardin d'Eden" ou le "Jardin des Délices" du Monde 824.

822 Essays on Physiology, p. 144.

823 Principes of Biology, Appendix, p. 482.

 824 Nous traiterons des Divins Instructeurs dans la STANCE XII.

 

Shloka 45. Destruction de la Lémurie par le feu et de l'Atlantide par l'eau. Le Déluge.

 

Les premières grandes eaux vinrent. Elles avalèrent les sept grandes îles (a).

 

Shloka 46. Destruction de la Quatrième Race et des derniers animaux monstrueux antédiluviens

 

Tous les saints furent sauvés et les impies détruits. Avec eux la plupart des énormes animaux produits par la sueur de la Terre (b).

(a)     Comme cette question – celle du quatrième grand Déluge qui se produisit sur notre Globe durant cette Ronde – est longuement traitée dans les Sections qui suivent la dernière STANCE, nous anticiperons en en disant davantage pour le moment. Les sept Grandes Iles (Dvîpas) faisaient partie du Continent de l'Atlantide. Les Enseignements Secrets nous prouvent que le Déluge surprit la Quatrième Race Géante, non pas à cause de sa dépravation, ou parce qu'elle était devenue "noire de péché", mais simplement parce que tel est le sort de tous les continents qui – de même que toutes choses sous le Soleil – naissent, vivent, arrivent à la décrépitude et meurent. Cela se passait lorsque la Cinquième Race était dans son enfance.

(b)     Ainsi périrent les Géants – les Magiciens et les Sorciers, ajoute l'imagination de la tradition populaire ; mais "tous les saints furent sauvés" et seuls les "impies" furent "détruits". Mais ce fut autant dû à la prévision des "saints", qui n'avaient pas perdu l'usage de leur Troisième Œil, qu'au Karma et à la Loi Naturelle. Parlant de la Race suivante, notre Cinquième Humanité, le Commentaire dit :

 Seule cette poignée d'Elus, dont les Divins Instructeurs étaient allés habiter cette Ile Sacrée – "d'où viendra le dernier Sauveur" – empêchait alors la moitié de l'humanité d'en exterminer l'autre moitié [ainsi que l'humanité le fait actuellement. [III 439] H.P.B.]. Cette [humanité] fut divisée. Deux tiers furent gouvernés par des Dynasties d'Esprits de la Terre inférieurs et matériels, qui prirent possession des corps dont l'accès était facile ; le troisième tiers resta fidèle et se joignit  à la Cinquième Race naissante – les Divins Incarnés. Lorsque les Pôles se déplacèrent [pour la Quatrième fois], cela n'affecta pas ceux qui étaient protégés et qui s'étaient séparés de la Quatrième Race, comme les Lémuriens – les Atlantes impies périrent seuls et "on ne les revit plus" !...

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