MAITRE M

Les Enseignements du Maitre MORYA

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LA DOCTRINE SECRETE VOL 5

SECTION III - L'ORIGINE DE LA MAGIE

SECTION III

L'ORIGINE DE LA MAGIE

 

Les choses ont changé depuis peu, c'est très vrai. Le champ des recherches s'est élargi ; les antiques religions sont un peu mieux comprises, et depuis le triste jour où le Comité de l'Académie française des Sciences, présidé par Benjamin Franklin, étudia les phénomènes de Mesmer seulement pour proclamer que ce n'était que charlatanisme et friponnerie habile, la Philosophie Païenne et le Mesmérisme ont conquis  certains droits et privilèges, et on les considère aujourd'hui en se plaçant à un point de vue tout différent. Leur rend-on, toutefois, pleine justice et sont-ils mieux appréciés ? Nous craignons que non. La nature humaine est aujourd'hui telle qu'elle était à l'époque où Pope disait, au sujet de la force du parti pris, que :

La différence est aussi grande entre

Les yeux qui voient, qu'entre les objets qui sont vus, Toutes les coutumes revêtent une teinte des nôtres,

Ou sont décolorées par les passions que nous laissons voir,

Ou bien la fantaisie les élargit, les multiplie,

Les contracte, les inverse et les revêt de mille nuances.

Ainsi, durant les premières décennies du XIXème siècle, la Philosophie Hermétique était considérée par les Clercs et les Savants sous deux points de vue complètement différents. Les premiers l'appelaient coupable et diabolique ; les autres niaient catégoriquement son authenticité, malgré les preuves mises en lumière par les hommes les plus érudits de toutes les époques, y compris la nôtre. On ne tenait même pas compte du savant Père Kircher, par exemple ; et son assertion que tous les fragments connus sous les titres d'œuvres d'Hermès Trismégiste [Hermès ou Mercure trois fois grand] de Bérose, de Phérécyde de Scyros, etc., étaient des rouleaux qui avaient été sauvés du grand incendie qui dévora 100 000 volumes de la grande Bibliothèque d'Alexandrie – était simplement tournée en ridicule. Pourtant les classes instruites d'Europe savaient alors, comme elles le savent maintenant, que la fameuse Bibliothèque d'Alexandrie, la "merveille des siècles", avait été fondée par Ptomélée Philadelphe, qu'un grand nombre de ses manuscrits avaient été scrupuleusement copiés sur des textes hiératiques et sur les plus anciens parchemins Chaldéens, Phéniciens, Persans, etc., et que ces transcriptions [V 45] et ces copies atteignaient le chiffre de 100 000 rouleaux suivant l'affirmation de Josèphe et de Strabon.

Il y a aussi le témoignage de Clément d'Alexandrie, dont il y aurait lieu de tenir compte jusqu'à un certain point 58. Clément se porte garant de l'existence d'un groupe total de 30 000 volumes des Livres de  Thoth, placés dans la bibliothèque du tombeau d'Osymandias, au-dessus de la porte duquel étaient inscrits ces mots : "Une cure pour l'Ame".

Depuis lors, comme tout le monde le sait, des textes entiers des œuvres   "apocryphes"   du   "faux"   Pymandre  et  du  non  moins   "faux" Asclépios, ont été découverts par Champollion dans les plus anciens monuments de l'Egypte 59.

58 Les quarante-deux Livres Sacrés des Egyptiens, que Clément d'Alexandrie cite comme ayant existé de son temps, ne formaient qu'une partie des Livres d'Hermès. Jamblique, s'appuyant sur l'autorité du prêtre égyptien Abammon, attribue 1 200 de ces livres à Hermès et Manéthon 36 000, mais le témoignage de Jamblique, un Néo-Platonicien et un Théurgiste, est naturellement repoussé par les critiques modernes. Manéthon, que Busen tient en haute estime en tant que "personnage purement historique", auquel "aucun des historiens égyptiens postérieurs ne saurait être comparé" (Voyez Egypte, I. 97), devient tout à coup un pseudo-Manéthon, aussitôt que les idées qu'il met en avant sont en désaccord avec le parti pris de la Science contre la Magie et le savoir Occulte que prétendaient posséder les anciens prêtres. Cependant aucun des Archéologues ne met un seul moment en doute l'antiquité presque incroyable des Livres Hermétiques. Champollion montre le plus grand respect pour leur authenticité et leur véracité, qui sont corroborées par beaucoup des plus anciens monuments et Bunsen fournit des preuves irréfutables de leur âge. Ses recherches nous apprennent, par exemple, qu'il y eut, avant l'époque de Moïse, une lignée de soixante et un rois, qui firent précéder l'époque mosaïque d'une civilisation de plusieurs milliers d'années, dont on retrouve clairement les traces. Nous sommes ainsi autorisés à croire que les œuvres d'Hermès Trismégiste existaient bien des siècles avant la naissance du législateur juif. "On a souvent découvert des stylets et des encriers dans des monuments de la Quatrième Dynastie, la plus ancienne du monde, dit Bunsen." Si l'éminent Egyptologue repousse la période de 48863 ans avant Alexandre, à laquelle Diogène Laërte fait remonter les archives des prêtres, il est évidemment plus embarrassé par les dix mille observations astronomiques et fait remarquer que "si ce furent de réelles observations, elles ont dû porter sur une période de plus de 10 000 ans" (p. 14). "Un de leurs propres ouvrages astronomiques nous apprend cependant, ajoute-t-il... que les véritables traditions égyptiennes concernant la période mythologique, portaient sur des myriades d'années". (Egypte, I, 15 ; Isis Dévoilée, I, 125.)

59 Ces détails sont empruntés à la Pneumatologie, III, pp. 204, 205.

60 Egypte, p. 143 ; Isis Dévoilée, II, 469.

 

Comme nous le disons dans Isis Dévoilée :

Après avoir consacré leurs vies entières à l'étude des archives de l'antique sagesse égyptienne, Champollion- Figeac et Champollion le Jeune ont publiquement déclaré, en dépit des nombreux jugements pleins de préventions qu'avaient hasardé certains critiques aussi vifs que peu sages, que les Livres d'Hermès "renferment véritablement une masse de traditions égyptiennes, qui sont [V 46] sans cesse corroborées par les archives les plus authentiques et par les monuments de l'Egypte qui remontent à l'antiquité la plus reculée" 60.

Personne ne mettra en doute la valeur de Champollion, en tant qu'Egyptologue, et s'il déclare que tout démontre l'exactitude des écrits du mystérieux Hermès Trismégiste ; si l'assertion que leur antiquité se perd dans la nuit des temps est corroborée par lui dans les plus minimes détails, la critique devrait se montrer pleinement satisfaite. Champollion dit que :

Ces inscriptions ne sont que l'écho fidèle et l'expression des plus antiques vérités.

Depuis l'époque où furent écrits ces mots, quelques-uns des versets "apocryphes" du "mythique" Orphée ont été découverts, reproduits mot pour mot, en hiéroglyphes, dans certaines inscriptions de la Quatrième Dynastie, dédiées à diverses Divinités. Enfin Creutzer a découvert et a immédiatement signalé le fait très significatif que de nombreux passages d'Homère et d'Hésiode ont été incontestablement empruntés par les deux grands poètes aux Hymnes Orphiques, ce qui prouve que ces dernières sont bien antérieures à l'Illiade et à l'Odyssée.

La vérité des antiques affirmations se trouve ainsi graduellement confirmée, et la critique moderne est obligée de s'incliner devant l'évidence. Nombreux sont maintenant les auteurs qui avouent que l'on ne saurait assigner une date trop reculée dans les époques préhistoriques, à une littérature du type des œuvres Hermétiques de l'Egypte. Les textes de beaucoup de ces anciens ouvrages, y compris celui d'Enoch,  si bruyamment qualifiés d' "apocryphes" au commencement de ce siècle, sont aujourd'hui découverts et reconnus dans les sanctuaires les plus secrets et les plus sacrés de la Chaldée, de l'Inde, de la Phénicie, de l'Egypte et de l'Asie Centrale, mais ces preuves elles-mêmes n'ont pas été suffisantes pour convaincre la masse de nos Matérialistes. La raison en est très simple et très évidente. Tous ces textes universellement vénérés dans l'antiquité, découverts dans les bibliothèques secrètes de tous les temples, étudiés (sinon toujours compris) par les plus grands hommes d'Etat, des auteurs classiques, des philosophes, des rois et des laïques, tout autant que par des Sages renommés – qu'étaient-ils ? Purement et simplement des traités de Magie et d'Occultisme ; la Théosophie que l'on tourne aujourd'hui en dérision et que l'on exclut – tel est le motif de cet ostracisme. [V 47]

Les gens étaient-ils donc si simples et si crédules à l'époque de Pythagore et de Platon ? Les millions d'habitants de la Babylonie, de l'Egypte, de l'Inde et de la Grèce, avec les grands Sages qui les conduisaient, étaient-ils tous des fous, pour que, durant les périodes de grand savoir et de haute civilisation qui précédèrent la première année de notre ère – qui ne donna naissance qu'aux ténèbres intellectuelles du fanatisme médiéval – tant d'hommes si grands sous d'autres rapports aient consacré leur vie à une simple illusion, à une superstition appelée Magie ? Il semblerait qu'il en fut ainsi si l'on s'en tenait aux paroles et aux conclusions de la Philosophie moderne.

Pourtant tous les Arts et toutes les Sciences, quelle qu'ait été leur valeur, ont eu des gens qui les ont découverts et pratiqués ; et d'autres qui, plus tard, les ont possédés assez complètement pour pouvoir les enseigner. Quelle est donc l'origine des Sciences Occultes, ou Magie ? Qui furent ses professeurs et que sait-on d'eux, soit par l'histoire, soit par la légende ? Clément d'Alexandrie, un des plus intelligents et des plus instruits parmi les premiers Pères Chrétiens, répond à cette question dans ses Stromates. Cet ancien élève de l'école Néo-Platonicienne dit ainsi :

S'il y a instruction, vous devez chercher l'instructeur 61.

 61 Strom., VI, chap. VII. Le paragraphe suivant est la paraphrase du même chapitre.

 

Et il montre Cléanthe instruit par Zénon, Théophraste par Aristote, Métrodore par Epicure, Platon par Socrate, etc., et il ajoute que lorsqu'il remonte plus haut jusqu'à Pythagore, Phérécyde et Thalès, il lui fallut encore chercher leurs maîtres. De même pour les Egyptiens, les Indiens, les Babyloniens et aussi les Mages. Il ne cessait d'interroger, disait-il, afin d'apprendre les noms de ceux qu'ils aient eu pour maîtres. Et lorsqu'il eut (lui, Clément) fait remonter ses recherches jusqu'au berceau même de l'humanité, jusqu'à la première génération d'hommes, il répéta une fois encore son interrogation, disant : "Qui fut leur instructeur ?" Assurément, déclarait-il, leur instructeur ne pouvait pas "avoir été l'un des humains", et même en remontant jusqu'au niveau des Anges, la même question s'imposerait : "Qui furent leurs instructeurs ?" (en parlant des Anges "divins" et "déchus").

Le but des longs arguments du bon Père de l'Eglise est, bien entendu, de découvrir deux instructeurs distincts, l'un le précepteur des patriarches bibliques, l'autre celui des Gentils, mais les étudiants de la Doctrine Secrèten'ont pas besoin de se donner tant de mal. Leurs professeurs savent fort bien qui furent les Maîtres de leurs prédécesseurs en Sciences et en Sagesse occultes. [V 48] Les deux professeurs sont enfin découverts par Clément et sont, ainsi que l'on devait s'y attendre, Dieu et son éternel ennemi et adversaire, le Diable ; objet des recherches de Clément au sujet du double aspect de la Philosophie Hermétique, en tant que cause et effet. Admettant la beauté morale des vertus prêchées dans tous les ouvrages Occultes dont il avait connaissance, Clément était désireux de connaître la cause de l'apparente contradiction qui existait entre la doctrine et la pratique, entre la bonne et la mauvaise Magie, et il en arrivait à conclure que la Magie avait deux origines – l'une divine et l'autre diabolique. Il la voyait bifurquer dans deux directions et en inférait cette déduction.

Nous constatons aussi le même fait, sans toutefois qualifier nécessairement cette bifurcation de diabolique, car nous jugeons la "voie de gauche" telle qu'elle sortit des mains de son fondateur. Autrement, s'ils jugeaient ainsi d'après les effets de la religion de Clément et par l'attitude en cette vie de certains de ses instructeurs, depuis la mort de leur Maître, les Occultistes seraient en droit d'en arriver à la même conclusion que Clément. Ils auraient le droit de proclamer que si le Christ, le Maître de tous les vrais Chrétiens, était divin sous tous les rapports, ceux qui eurent recours aux horreurs de l'inquisition, à l'extermination et à la torture des hérétiques, Juifs et Alchimistes, le Protestant Calvin, qui fit brûler  Michel Servet, et les persécuteurs Protestants qui lui succédèrent, ainsi que les flagellateurs et brûleurs de sorcières en Amérique, d'avoir eu pour leur Maître, le Diable. Mais les Occultistes, qui ne croient pas au Diable, ne peuvent se venger de cette façon.

Le témoignage de Clément a cependant de la valeur, en ce qu'il prouve 1° le nombre énorme des œuvres traitant des Sciences Occultes qui existaient de son temps ; et 2° les pouvoirs extraordinaires que certains hommes avaient acquis grâce à ces Sciences.

Il consacre ainsi, en entier, le sixième livre de ses Stromates à la recherche des deux premiers "Maîtres", de la vraie et de la fausse Philosophie, qui sont toutes deux conservées, dit-il, dans les sanctuaires égyptiens. Il apostrophe aussi les Grecs très justement, en leur demandant pourquoi ils n'acceptaient pas les "miracles" de Moïse comme tels, puisqu'ils réclament le même privilège pour leurs propres Philosophes, et il cite un certain nombre de cas. Eaque obtenant, grâce à ses pouvoirs Occultes, une pluie merveilleuse ; Aristée faisant souffler les vents ; Empédocle calmant l'ouragan et le forçant à prendre fin, etc. 62. [V 49]

Les livres d'Hermès Trismégiste attiraient surtout son attention 63. Il faisait aussi chaudement l'éloge d'Hystaspe (ou Gushtasp), des livres Sibyllins et même de la véritable Astrologie.

A toutes les époques, on usa et on abusa de la Magie, comme on use et on abuse, de nos jours, du Mesmérisme ou Hypnotisme. L'ancien monde avait ses Apollonius et ses Phérécyde, et les gens intellectuels pouvaient les distinguer entre eux, comme ils le peuvent maintenant. Alors qu'aucun auteur classique ou païen n'a jamais articulé un blâme contre Apollonius de Tyane, il n'en est pas de même en ce qui concerne Phérécyde. Hésichios de Milet, Philon de Byblos et Eustathe, accusent impitoyablement ce dernier d'avoir édifié sa Philosophie et sa Science sur des traditions diaboliques – c'est-à-dire sur la Sorcellerie. Cicéron déclare que Phérécyde est potius divinus quam medicus, "plutôt devin que médecin", et Diogène Laërte nous donne de nombreux récits ayant trait à ses prédictions. Un jour Phérécyde annonce le naufrage d'un vaisseau à des centaines de milles du point où il se trouvait ; une autre fois, il prédit la capture des Lacédémoniens par les Arcadiens ; enfin, il prévoit  sa  propre fin misérable 64.

62 Voyez Pneumatologie, III, 207. En conséquence, Empédocle est appelé χωλυθάνεµος le "dominateur du vent". Strom., VI, ch. II.

63 Pneumatologie, IV.

64 Résumé d'après Pneumatologie, III, 209.

65 Loc. cit.

 

Pensant aux objections que feront naître les enseignements de la Doctrine Esotérique, tels qu'ils sont exposés ici, l'auteur se trouve dans l'obligation d'y répondre d'avance.

Des accusations du genre de celles que Clément lance contre les Adeptes "païens" prouvent seulement qu'il existait de tous temps des facultés de clairvoyance et de prévision, mais ne constituent nullement une preuve de l'existence d'un Diable. Elles n'ont donc aucune valeur, sauf pour les Chrétiens, pour qui Satan est un des principaux piliers de la foi. Baronius et de Mirville, par exemple, trouvent une incontestable preuve de Démonologie dans la croyance à la coéternité de la Matière et de l'Esprit !

De Mirville écrit que Phérécyde

Pose en principe la primordialité de Jupiter ou de l'Ether, puis, sur le même plan, l'existence d'un principe, co- éternel et co-actif, qu'il appelle le cinquième élément, ou Ogénos 65.

Il fait alors remarquer qu'Ogénos signifie ce qui enferme, ce  qui retient captif, et que c'est le Hadès, "ou, en un mot, l'enfer". [V 50] Les synonymes sont connus de tous les écoliers, sans que le Marquis ait besoin de se donner la peine de les expliquer à l'Académie ; quant à la déduction, tous les Occultistes la repoussent, naturellement, et ne feront que rire de sa folie. Nous en arrivons maintenant à la conclusion théologique.

Le résumé des opinions de l'Eglise Latine – tel qu'il est fourni par les auteurs du même genre que le Marquis de Mirville – est que : les Livres Hermétiques, en dépit de leur sagesse – pleinement reconnue par Rome – sont "l'héritage transmis à l'humanité par Caïn, le maudit". L'Histoire "admet d'une façon générale", dit ce moderne mémorialiste de Satan qu'immédiatement après le Déluge, Cham et ses descendants propagèrent de nouveau les enseignements des Caïnites et de la Race submergée 66.

Cela prouve, en tout cas, que la Magie, ou Sorcellerie comme il l'appelle, est un art antédiluvien, et c'est toujours un point de gagné. Ainsi qu'il le dit, en effet :

Les preuves fournies par Bérose identifient Cham avec le premier Zoroastre, fondateur de Bactres, le premier auteur de tous les arts magiques de Babylone, le Chémésénua ou Cham 67 l'infâme 68  des  fidèles Noachides, enfin objet d'adoration pour l'Egypte, qui après avoir reçu son nom de χηµεα, d'où vient chimie, construisit en son honneur une ville appelée Choemnis, ou la "cité du feu 69". Cham l'adorait, dit-on, d'où le nom de Chammain donné aux pyramides, [V 51] qui ont été vulgarisées à leur tour sous le nom moderne de "cheminées 70".

 66 Op. cit., III, 208.

67 Les peuples de langue anglaise, qui adoptent pour le nom du fils irrespectueux de Noé l'orthographe "Ham", sont avertis que l'on devrait écrire "Kham" ou "Cham".

68 La Magie Noire ou Sorcellerie, est le mauvais résultat obtenu, sous quelque forme ou de quelque manière que ce soit, grâce à la pratique des Arts Occultes ; on ne peut donc la juger que par ses effets. Ni le nom de Cham, ni celui de Caïn, n'ont jamais tué personne lorsqu'on les a prononcés, tandis que si nous en croyons le même Clément d'Alexandrie, qui fait descendre du Diable les instructeurs de tous les Occultistes n'appartenant pas au Christianisme, le nom de  Jéhovah (prononcé Jévo et d'une certaine façon) avait pour effet de tuer un homme à distance. Le mystérieux Shemhamphorasch n'était pas toujours employé par les Cabalistes dans un but pieux, surtout depuis que le Sabbat, ou Samedi, consacré à Saturne ou au mauvais Shani, fut – chez les Juifs – consacré à "Jéhovah".

69 Khoemnis, la cité préhistorique, a pu être ou ne pas être construite par le fils de Noé, mais ce ne fut pas son nom qui fut donné à la ville, mais bien celui de la mystérieuse déesse Khoemnon, ou Khoemnis (forme grecque), de la divinité qui était créée par l'ardente imagination du néophyte, qui se trouvait ainsi soumis au supplice de Tantale durant ses "douze travaux" de probation, avant son initiation définitive. Sa contre-partie mâle est Khem. La ville de Choemnis ou, Khoemnis (aujourd'hui Akmin) était le siège principal du Dieu Khem. Les Grecs, identifiant Khem avec Pan, appelèrent cette ville "Panopolis".

70 Pneumatologie, III, 210. Cela ressemble à une pieuse vengeance plutôt qu'à de la philologie. Le tableau semble toutefois incomplet, car l'auteur aurait dû ajouter à la "cheminée", une sorcière en jaillissant, à cheval sur un manche à balai.

 

Cette déclaration est absolument fausse. L'Egypte était le pays natal et le berceau de la Chimie – c'est assez connu de nos jours. Seulement Kenrick et d'autres établissent que la racine du mot est chémi ou chem, ce qui n'est ni Cham ni Ham, mais Khem, le Dieu phallique égyptien des Mystères.

Mais ce n'est pas tout. De Mirville s'attache à découvrir une origine Satanique, même aux innocents Tarots d'aujourd'hui.

Il continue en ces termes :

En ce qui concerne le mode de propagation de cette mauvaise Magie, la tradition le retrouve dans certains caractères runiques tracés sur des plaques métalliques (des feuilles ou lames) qui ont échappé à la destruction par le Déluge 71. On aurait pu considérer cela comme légendaire, si des découvertes ultérieures n'avaient démontré qu'il était loin d'en être ainsi. On a découvert des lames couvertes de caractères curieux et absolument indéchiffrables, d'une incontestable antiquité, auxquels les Chamites [des sorciers d'après l'auteur] attribuent l'origine de leurs merveilleux et terribles pouvoirs 72.

Nous pouvons, en attendant, abandonner le pieux auteur à ses propres croyances orthodoxes ; lui, au moins, paraît être tout à fait sincère dans ses convictions. Néanmoins, ses arguments habiles doivent être sapés par la base, car il importe d'établir mathématiquement qui étaient, ou plutôt ce qu'étaient, Caïn et Cham. De Mirville n'est que le fils fidèle de son Eglise, intéressé à maintenir Caïn dans son caractère anthropomorphique et à sa place actuelle dans "l'Ecriture Sainte". Par contre, l'étudiant  de l'Occultisme ne s'intéresse qu'à la vérité. Mais laissons le siècle suivre le cours naturel de son évolution.

 71 Comment ont-elles pu échapper au Déluge, à moins que Dieu ne l'ait voulu ? Ce n'est guère logique.

72 Loc. cit., p. 210.

 

[V 52]

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