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Les Enseignements du Maitre MORYA

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LA DOCTRINE SECRETE VOL 5

SECTION VIII - LE LIVRE D'ENOCH, ORIGINE ET BASE DU CHRISTIANISME

SECTION VIII

LE LIVRE D'ENOCH, ORIGINE ET BASE DU CHRISTIANISME

 

Tandis qu'ils attachent un grand prix à la Mercavahles  Juifs, on plutôt leurs synagogues, ont rejeté le Livre d'Enoch, soit parce qu'il n'était pas compris dans le premier Canon hébreu, soit, comme le pensait Tertullien, parce que les Juifs le désavouaient comme toutes les autres Ecritures qui parlent du Christ 135.

Mais aucune de ces raisons n'était la véritable. Le Sanhédrin ne voulait pas s'en occuper, simplement parce que c'était une œuvre plutôt magique que purement cabalistique. Les théologiens actuels de l'Eglise latine, comme de l'Eglise protestante, le classent au nombre des productions apocryphes. Cependant le Nouveau Testament, surtout dans les Actes et les Epîtres, fourmille d'idées et de doctrines, aujourd'hui acceptées et reconnues comme des dogmes par l'infaillible Eglise Romaine et par d'autres Eglises, voire même des phrases entières, empruntées à Enoch, ou au "pseudo-Enoch" qui écrivit sous ce nom en langue araméenne ou syro- chaldéenne, comme l'affirme l'évêque Laurence, le traducteur du texte éthiopien.

Les plagiats sont si voyants, que l'auteur de The Evolution of Christianity, qui édita la traduction de l'évêque Laurence, se trouva dans l'obligation de faire quelques remarques suggestives dans son Introduction. Des preuves internes 136 établissent que ce livre a été écrit avant la période chrétienne (que ce soit deux ou vingt siècles avant, peu importe). Ainsi que l'éditeur le fait remarquer avec raison, c'est soit la prévision inspirée d'un grand prophète hébreu, prédisant avec une miraculeuse exactitude les futurs enseignements de Jésus de Nazareth, ou le roman Sémantique auquel ce dernier emprunta Ses conceptions du retour triomphal du Fils de l'Homme, pour occuper un trône judiciaire au milieu  de  saints  qui  se réjouissent [V 94] et de pécheurs qui tremblent, dans l'attente de la béatitude éternelle ou du feu éternel. Que ces visions célestes soient acceptées comme humaines ou Divines, elles n'en ont pas moins exercé une telle influence sur les destinées de l'humanité, depuis près de deux mille ans, que les gens loyaux et impartiaux, qui cherchent la vérité religieuse, ne peuvent tarder davantage à chercher les rapports qui existent entre le Livre d'Enoch et la révélation, ou évolution du Christianisme 137.

135 Livre d'Enoch, traduction de l'archevêque Laurence, introduction, p. V.

136 Le Livre d'Enoch est resté inconnu de l'Europe durant mille ans, jusqu'au moment où Bruce en découvrit, en Abyssinie, quelques exemplaires en langue éthiopienne ; il fut traduit par l'archevêque Laurence, en 1811, d'après le texte qui se trouve dans la "Bodleian Library" d'Oxford. – Voir aussi la traduction française, avec notes de Ad. Lods.

 137 Op. cit., p. XX.

138 Loc. cit.

139 Op. cit., p. XIV, note.

 

Le Livre d'Enoch, signale aussi le contrôle surnaturel des éléments, par l'action individuelle d'anges qui président aux vents, aux mers, à la grêle, à la gelée, à la rosée, aux éclairs et au tonnerre. On y donne aussi les noms des  principaux anges déchus, parmi lesquels nous reconnaissons quelques-unes des puissances invisibles nommées dans les incantations [magiques] inscrites sur les coupes de terre cuite des conjurations Hébraïco-chaldéennes 138.

Nous trouvons aussi sur ces coupes le mot "Alleluia", ce qui prouve qu'un mot dont les anciens Syro-Chaldéens se servaient pour conjurer, est devenu, par suite des vicissitudes de la langue, l'Insigne des modernes "Revivalistes" 139.

Après cela, l'éditeur cite cinquante-sept versets tirés de  diverses parties des Evangiles et des Actes, ainsi que les passages parallèles du Livre d'Enoch, et dit :

 L'attention des théologiens s'est concentrée sur  le passage de l'Epître de Jude, parce que l'auteur y nomme le prophète, mais la coïncidence du langage et des idées chez Enoch et chez les auteurs du Nouveau Testament, telle que nous l'avons fait ressortir par les passages parallèles que nous avons réunis, indique clairement que l'œuvre du Milton sémite a été la source inépuisable à laquelle les Evangélistes et les Apôtres, ou les hommes qui écrivirent sous leurs noms, ont emprunté leurs conceptions de résurrection, de jugement, d'immortalité, de perdition et de règne universel de la justice, sous l'éternelle domination du Fils de l'Homme. Le plagiat évangélique atteint son point culminant dans l'Apocalypse de saint Jean qui adapte les visions d'Enoch au Christianisme, avec des modifications dans lesquelles nous ne retrouvons plus la sublime simplicité du grand Maître de la prédiction apocalyptique, qui prophétisait au nom du grand patriarche antédiluvien 140.

 140 Op. cit., p. XXXV.

 

Par respect pour la vérité, on aurait dû, au moins, émettre l'hypothèse que le Livre d'Enoch, sous sa forme actuelle, [V 95] n'est qu'une transcription – avec de nombreuses additions et interpolations pré- chrétiennes et post-chrétiennes – tirées de textes beaucoup plus anciens. Au cours des recherches modernes, on a été jusqu'à faire remarquer que, dans le chapitre LXXI, Enoch est représenté comme divisant le jour et la nuit en dix-huit parties et comme assignant au plus long jour de l'année douze de ces dix-huit parties, alors qu'une journée de seize heures n'avait pu exister en Palestine. L'archevêque Laurence, traducteur, fait remarquer que :

 la région dans laquelle vivait l'auteur ne devait pas être située au-dessous du quarante-cinquième degré de latitude nord, où le jour le plus long est de quinze heures et demie, ni au-dessus du quarante-neuvième degré, où le jour le plus long est précisément de seize heures. Ceci place le pays où il écrivit au moins à la hauteur des districts du nord de la mer Caspienne et du Pont-Euxin... l'auteur du Livre d'Enoch était peut-être un membre d'une des tribus que Salmanazar transporta et installa "à Halab et à Habor près de la rivière Goshen et dans les villes des Mèdes 141".

Plus loin il avoue : que l'on ne saurait dire que des preuves internes attestent la supériorité de l'Ancien Testament sur le Livre d'Enoch... le Livre d'Enoch enseigne la pré-existence du Fils de l'Homme, de l'Elu, du Messie, qui "existait en secret 142 dès le commencement et dont le nom était invoqué en présence du Seigneur des Esprits, avant  que le soleil et les signes ne fussent créés". L'auteur fait aussi allusion à "L'autre Puissance qui était, ce jour-là, sur la Terre, au dessus de l'eau" – allusion très claire  au langage de la Genèse, I, 2 143 [nous soutenons que cela se rapporte aussi bien au Narayana Hindou – "celui qui se meut sur les eaux"]. Nous avons donc le Seigneur des Esprits, l'Elu et une troisième Puissance, qui semblent esquisser à l'avance la Trinité [aussi bien que la Trimourti] de l'avenir ; mais bien que le Messie idéal d'Enoch ait incontestablement exercé une importante influence sur les conceptions primitives de la divinité du Fils de l'Homme, nous n'arrivons pas à identifier son obscure allusion à une autre "Puissance" avec la doctrine Trinitaire de l'école d'Alexandrie, d'autant plus que les "anges de puissance"  abondent  dans  les  visions d'Enoch 144.

Un Occultiste n'hésiterait guère à identifier cette "Puissance".

L'éditeur termine ses remarquables réflexions en ajoutant :

Jusque là nous apprenons que le Livre d'Enoch a été publié avant l'ère chrétienne par un grand  Inconnu de race Sémite [?], [V 96] qui, se croyant inspiré dans une époque post-prophétique, a emprunté le nom d'un patriarche antédiluvien 145 pour donner de l'authenticité à sa prévision enthousiaste du royaume du Messie. Et comme le contenu de son merveilleux livre entre librement dans la composition du Nouveau Testament, il s'ensuit que si l'auteur ne fut pas un poète inspiré qui prédit les enseignements du Christianisme, ce fut un visionnaire enthousiaste dont les illusions furent acceptées par les Evangélistes et les Apôtres comme une révélation – conclusions alternatives qui impliquent l'origine Divine ou humaine du Christianisme 146.

141 Op. cit., p. XIII.

142 Le Septième Principe, la Première Emanation.

143 Op. cit., XXXVII et XL.

144 Op. Cit., p. XL et LI.

 

Le résultat de tout cela est, suivant l'expression qu'emploie le même éditeur, la découverte que le langage et les idées d'une prétendue révélation se trouvent dans une œuvre préexistante, que les Evangélistes et les Apôtres reconnaissent comme inspirée, mais que les théologiens modernes classent parmi les productions apocryphes 147.

Cela explique aussi la répugnance des révérends bibliothécaires de la "Bodleian Library" à publier le texte éthiopien du Livre d'Enoch.

Les prophéties du Livre d'Enoch sont effectivement des prophéties, mais elles étaient destinées aux cinq Races, sur les Sept, et en embrassaient toutes les archives – ce qui avait trait aux deux dernières devant rester secret. Aussi la remarque faite par l'éditeur de la traduction anglaise, que :

Le chapitre XCII rapporte une série de prophéties s'étendant depuis l'époque d'Enoch jusqu'à mille ans au- delà de la génération actuelle 148. est erronée. Les prophéties s'étendent jusqu'à la fin de notre Race actuelle et non pas simplement jusqu'à "mille ans" au-delà de nos jours. Il est vrai que Dans le système chronologique [Chrétien] adopté,  un jour représente [parfois] cent ans, et une semaine sept cents ans 149.

145 Qui représente l'année "Solaire" ou Manvantarique.

146 Op. Cit., pp. XLI, XLII.

147 Op. Cit., p. XLVIII.

148 Op. cit., p. XXIII.

149 Loc. cit.

150 CXII, 9.

151 Op. cit., XCII, 4.

 

 Mais c'est un système arbitraire et fantaisiste adopté par les Chrétiens pour faire cadrer la chronologie biblique avec les faits ou les théories et qui ne représente pas la pensée originale. Les "jours" représentent les périodes indéterminées des Races-secondaires et les "semaines" celles des Sous-Races, car les Races-Racines sont désignées par une expression que l'on ne trouve même pas dans la traduction anglaise. En outre, la phrase qui termine la page 150 : [V 97]

Ensuite, pendant la quatrième semaine... les visions des saints et des justes apparaîtront, l'ordre de génération après génération sera établi 150.

est tout à fait erronée. Il y a dans l'original : "l'ordre de génération après génération s'était établi sur la terre", etc. ; c'est-à-dire après que la première race humaine, procréée suivant la méthode vraiment humaine, eut atteint la Troisième Race-Racine ; ce changement modifie entièrement le sens. Donc, tout ce que l'on donne dans la traduction – et probablement aussi dans le texte éthiopien, puisque les copies ont été fâcheusement altérées – comme ayant trait à des choses qui devraient se produire dans le futur, est, nous dit-on, décrit au passé dans le manuscrit original chaldéen et n'est pas une prophétie, mais un récit de ce qui s'est déjà passé. Lorsque Enoch commence "à parler d'après un livre 151", il lit le récit fait par un grand Voyant et les prophéties n'émanent pas de lui, mais du Voyant. Enoch ou Enoichion veut dire "œil interne" ou Voyant. Ainsi tout Prophète ou tout Adepte peut être appelé : "Enoichion", sans devenir un pseudo-Enoch. Mais ici le Voyant qui a compilé le Livre d'Enoch actuel est clairement représenté comme lisant dans un livre :

 Je suis né le septième dans la première semaine [la septième branche, ou Race-Latérale, de la première Sous-Race, après que la génération physique eut commencé, c'est-à-dire durant la troisième  Race-Racine]

... Mais après moi, pendant la seconde semaine [deuxième Sous-Race], une grande méchanceté se manifestera [s'est manifestée, plutôt] et durant cette semaine aura lieu la fin de la première durant laquelle l'humanité sera sauve. Mais lorsque la première sera complétée, l'iniquité grandira 152.

Ainsi traduit, cela n'a pas de sens. Tel que le comporte le texte Esotérique, cela veut simplement dire que la Première  Race-Racine prendra fin durant le cours de la seconde Sous-Race de la Troisième Race- Racine, période de temps durant laquelle l'humanité sera sauve et tout cela ne se rapporte en aucune façon au Déluge biblique. Le dixième verset parle de la sixième semaine [sixième Sous-Race de la Troisième Race-

Racine] au cours de laquelle tous ceux qui en font partie seront obscurcis, les cœurs de tous oublieront la sagesse [le savoir divin sera mourant] et en elle se lèvera un homme.

Les interprètes supposent, pour une raison mystérieuse connue d'eux seuls, que cet "homme" est Nabuchodonosor ; c'est en réalité le premier Hiérophante de la Race purement [V 98] humaine (après la Chute allégorique dans la génération), choisi pour perpétuer la mourante Sagesse des Dévas (Anges ou Elohims). C'est le premier "Fils de l'Homme" – nom mystérieux donné aux divins Initiés de la première école humaine des Mânoushi (hommes), tout à la fin de la Troisième Race-Racine. On l'appelle aussi le "Sauveur", car ce fut Lui qui, avec les autres Hiérophantes, sauva les Elus et les Parfaits de la conflagration géologique, laissant périr dans le cataclysme qui marquait la Fin 153, ceux qui avaient oublié la sagesse primordiale pour s'abandonner à la sensualité sexuelle.

   Et durant son accomplissement [de la "sixième semaine" ou de la sixième Sous-Race] il brûlera la demeure de domination [la moitié du globe ou le continent alors habité) par le feu et toute la race de la souche élue sera dispersée 154.

Ce qui précède s'applique aux Initiés-Elus et nullement aux Juifs, le soi-disant peuple élu, ou à la captivité de Babylone, suivant l'interprétation des théologiens chrétiens. Etant donné que nous voyons Enoch, ou celui qui l'a perpétué, mentionner l'exécution du "décret contre les pécheurs" durant plusieurs semaines différentes 155, en disant que "toutes les œuvres des impies disparaîtront de toute la terre" durant cette quatrième époque (la Quatrième Race), cela ne peut guère s'appliquer à l'unique Déluge de la Bibleet encore moins à la Captivité.

Il s'ensuit donc que puisque le Livre d'Enoch traite des cinq Races du Manvantara, avec quelques rares allusions aux deux dernières, il ne renferme pas des "Prophéties bibliques", mais simplement des faits tirés des Livres secrets de l'Orient. L'éditeur avoue, en outre, que :

Les six précédents versets, à savoir les 13ème,  14ème, 15ème, 16ème, 17ème et 18ème sont tirés d'entre les 14ème et 15ème versets du dix-neuvième chapitre, où on les trouve dans les manuscrits 156.

Au moyen de cette transposition arbitraire, il a encore augmenté la confusion. Il est cependant tout à fait dans le vrai lorsqu'il dit que les doctrines des Evangiles et même de l'Ancien Testament ont été extraites en bloc du Livre d'Enoch car c'est aussi visible que le soleil dans le ciel. Le Pentateuque [V 99] tout entier fut adapté de façon à cadrer avec des faits donnés et cela explique le refus des Hébreux de donner au livre une place dans leur Canon, de même que les Chrétiens ont refusé plus tard de l'admettre parmi leurs ouvrages canoniques. Le fait que l'apôtre Jude et beaucoup des Pères chrétiens en ont parlé comme d'une révélation et d'un livre sacré, constitue cependant une excellente preuve que les premiers Chrétiens l'acceptaient ; parmi ceux-ci les plus savants – comme Clément d'Alexandrie, par exemple – comprenaient le Christianisme et ses doctrines d'une tout autre façon que leurs successeurs modernes et considéraient le Christ sous un aspect que les Occultistes seuls peuvent apprécier. Les premiers Nazaréens et Chrétiens, comme les appelle Justin Martyr, étaient les disciples de Jésus, du véritable Chrestos et Christos  de l'Initiation, tandis que les Chrétiens modernes, surtout ceux d'Occident, peuvent être des Papistes, des Grecs, des Calvinistes ou des Luthériens, mais  ne peuvent guère être appelés des Chrétiens, c'est-à-dire des disciples  de Jésus, le Christ.

152 Op. cit., XCII, 4, 7.

153 A la fin de chaque Race-Racine, il se produit un cataclysme tour à tour par le feu ou par l'eau. Immédiatement après la "Chute dans la Génération", le rebut de la troisième Race-Racine – ceux qui tombèrent dans la sensualité en s'écartant des enseignements des Divins Instructeurs – fut détruit, après quoi commença la Quatrième Race-Racine, à la fin de laquelle se produisit le dernier Déluge. (Voyez les "Fils de Dieu" mentionnés dans Isis Dévoilée, II, 423 et seq.

154 Op. cit., XCII, 11.

155 Op. cit., XCII, 7, 11, 13, 15.

156 Op. cit., note, p. 152.

 

Le Livre d'Enoch est donc entièrement symbolique. Il a trait à l'histoire des Races humaines et à leurs premiers rapports avec la Théogonie, car les symboles sont mêlés à des mystères astronomiques et cosmiques. Il manque cependant un chapitre aux archives de l'époque de Noé (aussi bien dans les manuscrits de Paris que dans les manuscrits bodléiens), à savoir le chapitre LVIII de la Section X ; il n'a pu être reconstitué et a fini par disparaître, car il n'en subsistait que quelques fragments informes. Le rêve au sujet des vaches, des trois génisses, noire, rousse et blanche, a trait aux premières Races, à leur division et à leur disparition. Le chapitre LXXXVIII, dans lequel un des quatre Anges "s'approcha des vaches blanches et leur enseigna un mystère", après quoi, le mystère étant né, "devint un homme", se rapporte : au premier groupe évolué Aryens primitifs et à ce que l'on appelle le "Mystère de l'Hermaphrodite" qui a trait . à la naissance des premières Races humaines, telles qu'elles sont aujourd'hui.

Le rituel indien, bien connu, qui a survécu jusqu'à ce jour dans ce pays patriarcal et qui est désigné sous le nom de passage ou de renaissance à travers la vache cérémonie à laquelle doivent se soumettre les gens des castes inférieures qui désirent devenir des Brahmanes – tire son origine de ce mystère. Que l'Occultiste oriental lise avec une scrupuleuse attention le chapitre du Livre d'Enoch dont nous venons de parler et il constatera que le "Seigneur de la Brebis" en qui les Chrétiens et les Mystiques européens voient le Christ, n'est autre que l'Hiérophante-Victime dont nous n'osons pas  donner  le  nom  sanscrit.  En  outre,  tandis  que  les ecclésiastiques occidentaux croient reconnaître- dans [V 100] "les brebis et les loups" les Egyptiens et les Israélites, tous ces animaux ont réellement trait aux épreuves du Néophyte et au mystère de l'Initiation, aussi bien  en Inde qu'en Egypte, ainsi qu'au terrible châtiment qu'encouraient les "loups" – ceux qui révèlent indistinctement ce qui ne doit être connu que des Elus et des "Parfaits".

Les Chrétiens qui, grâce à des interpolations postérieures 157, ont transformé ce chapitre en une triple prophétie se rapportant au Déluge, à Moïse et à Jésus, sont dans l'erreur, attendu qu'il se rapporte en réalité au châtiment et à la perte de l'Atlantide et au châtiment des indiscrétions. Le "Seigneur des Brebis", c'est Karma et aussi le "Chef des Hiérophantes", l'Initiateur Suprême sur terre. Il dit à Enoch qui le supplie de sauver les conducteurs des brebis, de les empêcher d'être dévorés par les bêtes de proie :

 Je ferai procéder à une énumération en ma présence... combien en ont-ils livrés à la destruction, et... ce qu'ils feront, s'ils agissent conformément aux ordres que je leur ai donné ou non.

Ils devront cependant l'ignorer ; tu ne leur donnera aucune explication, tu ne leur adresseras aucun reproche, mais il sera établi un compte de toutes les destructions commises par eux  au  cours  de  leurs  saisons respectives 158.

... Il observa silencieusement, se réjouissant de les voir dévorés, engloutis et emportés et les abandonnant au pouvoir de toutes les bêtes en guise de nourriture... 159.

 157 Ces interpolations et altérations se retrouvent dans presque tous les cas où des chiffres sont donnés – surtout lorsque les nombre onze et douze se présentent – attendu qu'ils sont tous rapportés (par les Chrétiens) au nombre des Apôtres, des Tribus et des Patriarches. Le traducteur du texte Ethiopien – l'archevêque Laurence – les attribue généralement à "des erreurs de scribes" lorsque les deux textes, le manuscrit de Paris et le manuscrit, Bodléien, diffèrent entre eux. Nous craignons qu'il ne s'agisse pas d'erreurs, dans la plupart des cas.

158 Op. cit., LXXXVIII, 99, 100.

159 Loc. cit., 94. Ce passage, ainsi que nous allons le montrer, a conduit à une fort curieuse découverte.

 Ceux qui s'imaginent que les Occultistes de toutes les nations repoussent la Bible, dans son texte et dans son sens originaux, se trompent. Autant repousser les Livres de Thoth, la Cabalechaldéenne ou le LIVRE DE DZYAN lui-même. Les Occultistes se bornent à repousser l'interprétation partiale et l'élément humain de la Biblequi est, autant que les autres, un volume occulte et, par suite, sacré. Et terrible en vérité est le châtiment de tous ceux qui franchissent les limites assignées aux révélations secrètes. Depuis Prométhée jusqu'à Jésus et depuis Lui jusqu'au plus haut Adepte, comme jusqu'au plus humble disciple, chacun de ceux qui révèlent des mystères à dû devenir un Chrestos, un "homme de souffrance" [V 101] et un martyr. "Prenez garde, a dit un des plus grands Maîtres, de révéler le Mystère à ceux qui sont dehors" – au profane, au Sadducéen et à l'incrédule. Tous les grands Hiérophantes nous sont représentés par l'histoire comme périssant de mort violente- Bouddha 160, Pythagore, Zoroastre, la plupart des grands Gnostiques, les fondateurs de leurs écoles respectives et, à notre époque plus moderne, un  certain nombre de Philosophes du Feu, de Rose-Croix et d'Adeptes. On nous les représente tous, que ce soit clairement ou sous le voile de l'allégorie, comme étant punis à cause de leurs révélations. Le lecteur profane peut considérer cela comme une simple coïncidence. Pour l'Occultiste, la mort de chaque "Maître" est significative et grosse d'enseignements. Où trouvons-nous dans l'histoire un "Messager" grand ou petit, Initié ou Néophyte, qui, porteur d'une ou plusieurs vérités, jusqu'alors cachées, n'ait pas  été  crucifié  et  mis  en  pièces  par  les  "dogues"  de  l'envie,  de la méchanceté et de l'ignorance ? Telle est la terrible loi occulte et celui qui ne se sent pas le cœur d'un lion pour mépriser les sauvages aboiements, et l'âme d'une colombe pour pardonner aux pauvres fous ignorants, n'a qu'à abandonner la Science Sacrée. Pour réussir, l'Occultiste  doit  être sans peur ; il doit braver les dangers, le déshonneur et la mort, être prêt à pardonner et garder le silence sur ce qui ne doit pas être divulgué. Ceux qui ont vainement travaillé dans ce sens, doivent attendre maintenant – comme l'enseigne le Livre d'Enoch – "jusqu'à ce [V 102] que les malfaiteurs soient consumés" et que la puissance des méchants soit annihilée. Il n'est pas légitime pour l'Occultiste de chercher ni même de désirer la vengeance ; il doit

Attendre que le péché disparaisse ; car leurs noms [aux pêcheurs] seront effacés sur les saints livres [les archives astrales], leur semence sera détruite et leurs esprits égorgés 161.

 Esotériquement, Enoch est le "Fils de l'homme", le premier et symboliquement, il est la première Sous-Race de la Cinquième Race- Racine 162. Et si son nom signifie, en vue des glyphes numériques et astronomiques, l'année solaire, ou 365, conformément à l'âge qui lui est assigné dans la Genèse, c'est parce qu'étant le septième il est, dans des buts Occultes, la personnification de la période des deux Races précédentes avec leurs quatorze Sous-Races. Aussi le représente-t-on dans le Livre comme l'arrière-grand-père de Noé, qui personnifie à son tour l'humanité de la Cinquième Race-Racine luttant contre celle de la Quatrième – la grande période des Mystères révélés et profanés, lorsque les "Fils  de Dieu", descendant sur la Terre, prirent pour femmes les filles des hommes et leur enseignèrent les secrets des Anges ; en d'autres termes, lorsque les hommes "nés-du-mental" de la Troisième Race se mêlèrent à ceux de la Quatrième et que la Science divine fut graduellement abaissée par les hommes au niveau de la Sorcellerie.

 160 D'après l'histoire profane de Gautama Bouddha, il meurt à l'âge avancé de quatre-vingts ans et passe paisiblement de la vie à la mort avec toute la sérénité d'un grand saint comme le déclare Barthélémy Saint-Hilaire. Il n'en est pas ainsi d'après la véritable interprétation Esotérique qui révèle le véritable sens du récit profane et allégorique, qui fait très peu poétiquement mourir le Bouddha Gautama pour avoir mangé trop de viande de porc préparée pour lui par  Tsonda. Comment un homme qui prêchait que le meurtre des animaux était le plus grand des péchés, et qui était un parfait végétarien, aurait-il pu mourir pour avoir mangé du porc, c'est là une question qui n'a jamais été posée par nos Orientalistes, dont quelques-uns (tout comme nombre de charitables missionnaires de Ceylan) se sont fort amusés de ce prétendu fait. La simple vérité, c'est que ce riz et ce porc sont purement allégoriques. Le riz représente le "fruit défendu", comme la "pomme" d'Eve et signifie le Savoir Occulte, pour les Chinois et les Tibétains, et le "porc" représente les enseignements brahmaniques – Vishnou ayant pris la forme d'un sanglier dans son premier Avatar, afin de soulever la terre sur la surface des eaux de l'espace. Ce n'est donc pas pour avoir mangé du "porc" que mourut Bouddha mais pour avoir divulgué quelques-uns des mystères brahmaniques, après quoi, ayant constaté les mauvais effets produits par ces révélations sur certaines personnes indignes, il préféra, au lieu de profiter du Nirvâna, quitter sa forme terrestre, tout en restant dans la sphère des vivants, afin d'aider l'humanité à progresser. C'est la raison de ses constantes réincarnations dans la hiérarchie de Dalaï et Teshou Lamas, entre autres libéralités. Telle est l'explication Esotérique. Plus tard, la vie de Gautama sera discutée plus en détail.

161 Op. cit., CV, 21.

162 Dans la Bible(Genèse, IV et V) on trouve trois Enochs (Kanoch ou Chanoch) distincts – le fils de Caïn, le fils de Seth et le fils de Jared : mais ils sont tous identiques et deux d'entre eux sont mentionnés dans le dessein de dérouter. L'âge des deux derniers est seul donné – et l'on ne s'occupe plus du premier.

 

[V 103]

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