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Les Enseignements du Maitre MORYA

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LA DOCTRINE SECRETE VOL 5

SECTION XIII - ADEPTES POST-CHRETIENS ET LEURS DOCTRINES

SECTION XIII

ADEPTES POST-CHRETIENS ET LEURS DOCTRINES

 

Que sait donc le monde en général, au sujet de Pierre et de Simon, par exemple ? L'histoire profane n'en dit rien, et ce que la prétendue littérature sacrée nous en rapporte est éparpillé et tient dans quelques phrases des Actes. Quant aux Apocryphes, leur nom même interdit aux critiques de faire état des renseignements qu'ils renferment. Les Occultistes prétendent cependant que, si partiaux, si pleins de préjugés qu'ils soient, les Evangiles apocryphes contiennent beaucoup plus d'événements et de faits historiquement vrais, que n'en renferme le Nouveau Testament, y compris les Actes. Les premiers représentent la tradition à l'état brut, les autres (les Evangiles officiels) ne constituent qu'une légende longuement élaborée. Le caractère sacré du Nouveau Testament est une question de conviction personnelle et de foi aveugle, et si l'on est tenu de respecter les opinions personnelles de son prochain, on n'est nullement forcé de les partager.

Qui était Simon le Magicien et que sait-on de lui ? On apprend simplement dans les Actes, qu'en raison de ses remarquables talents en Magie, il était appelé le "Grand Pouvoir de Dieu". On rapporte que Philippe baptisa ce Samaritain qui fut accusé plus tard d'avoir offert de l'argent à Pierre et à Jean, pour que ceux-ci lui enseignassent l'art d'accomplir de véritables "miracles", parce qu'on affirmait que les faux miracles étaient du démon 199. C'est tout, si nous laissons de côté les injures qui lui sont fréquemment adressées, pour avoir accompli des "miracles" de ce dernier genre. Origène le mentionne comme ayant visité Rome sous le règne de Néron 200 et Mosheim le classe parmi les ennemis déclarés du Christianisme 201, mais la tradition Occulte ne l'accuse de rien de plus grave que d'avoir refusé de reconnaître "Siméon" comme étant le Vicaire de Dieu et la question de savoir si ce "Siméon" était Pierre ou quelque autre est encore discutée par les critiques. [V 126]

 199 VIII, 9, 10.

200 Adu. Celsum.

201 Eccl. Hist. I, 140.

 

Ce qu'Irénée 202 et Epiphane 203 disent de Simon de Magicien – à savoir qu'il prétendait être la trinité incarnée : qu'il était le Père en Samarie, le Fils en Judée et s'était donné comme le Saint-Esprit auprès des Gentils – n'est que de la médisance. Les temps et les événements changent ; la nature humaine reste toujours la même, sous tous les cieux et à toutes  les époques. Cette accusation n'est que le résultat, le produit du traditionnel et désormais classique odium theologicum. Aucun Occultiste – tous ont personnellement éprouvé plus ou moins les effets de la rancune théologique – n'ajoutera jamais foi à ces choses sur la simple affirmation d'un Irénée, si toutefois il a jamais écrit ces lignes lui-même. On raconte, en outre, que Simon emmenait avec lui une femme qu'il présentait comme Hélène de Troie, qui avait passé par cent incarnations et qui, auparavant, à l'origine des wons, avait été Sophia, la sagesse Divine, une émanation de son propre Mental Eternel (à lui Simon) lorsqu'il (lui Simon) était le "Père" et enfin par laquelle il avait engendré les Archanges et les Anges par qui ce monde fut créé", etc.

Or, nous savons tous jusqu'à quel degré de transformation et de luxuriant développement peut être poussé un exposé quelconque, après avoir passé seulement par une demi-douzaine de bouches. En outre, on peut expliquer toutes ces déclarations et prouver même qu'elles ont un fond de vérité. Simon le Magicien fut un Cabaliste et un Mystique qui, de même que tant d'autres réformateurs, chercha à fonder une nouvelle religion basée sur l'enseignement fondamental de la DOCTRINE SECRETE, sans toutefois en divulguer les mystères au-delà de ce qui était nécessaire. Pourquoi donc un Mystique comme Simon,  profondément imbu du fait des séries d'incarnations (laissons de côté le nombre  de "cent", comme une exagération très probable de ses disciples), n'aurait-il pas parlé de quelqu'un qu'il connaissait psychiquement comme incarnation d'une héroïne de ce nom et dans les termes qu'il a employés – s'il les a jamais employés ? Ne rencontrons-nous pas à notre époque des dames et des hommes du monde, non pas des charlatans, mais des personnes intellectuelles très respectées dans la société, qui ont la conviction intime d'avoir été – l'une la Reine Cléopâtre, l'autre Alexandre le Grand, une troisième Jeanne d'Arc et que sais-je encore ? C'est une question de conviction intime, basée sur une connaissance plus ou moins grande de l'Occultisme et sur la croyance à la théorie moderne de la réincarnation. Cette dernière diffère de la véritable doctrine de jadis, ainsi que nous le montrerons, mais il n'y a pas de règle sans exception. [V 127]

202 Contra Haereses, I, XXIII, 1-4.

203 Contra Haereses, II, 1-6.

 

Quant à ce que le Magicien "ait été un avec Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit", cela encore est très raisonnable, si nous admettons qu'un Mystique et un Voyant a le droit d'employer un langage allégorique, tout à fait justifié dans ce cas par la doctrine d'Unité Universelle qu'enseigne la Philosophie Esotérique. Tout Occultiste en dirait autant, pour des raisons scientifiques et logiques (pour lui) et en restant pleinement d'accord avec les doctrines qu'il professe. Il n'y a pas un Védantin qui ne dise journellement la même chose : il est, bien entendu, Brahman et il est Parabrahman dès l'instant qu'il repousse l'individualité de son esprit personnel et reconnaît le Rayon divin qui élit domicile dans son Soi Supérieur comme un simple reflet de l'Esprit Universel. C'est, à toutes les époques et à tous les âges, l'écho de la doctrine primitive des Emanations. La première Emanation de l'Inconnu est le "Père", la seconde le "Fils" et tout procède de l'Unique ou de l'Esprit Divin qui est "inconnaissable". De là l'assertion que, par elle (Sophia ou Minerve, la Divine Sagesse) lui (Simon), lorsqu'il était encore dans le sein du Père et lui-même le Père (ou la première Emanation collective), il engendra les Archanges – le "Fils" – qui furent les créateurs de ce monde.

Les Catholiques romains eux-mêmes, mis au pied du mur par les irréfutables arguments de leurs adversaires – les savants philologues et symbologues qui mettent en pièces les Dogmes de l'Eglise et les autorités sur lesquelles ils s'appuient, et font remarquer la pluralité des Elohim dans la Bibleadmettent aujourd'hui que la première "création" de Dieu, les Tsaba ou Archanges, doivent avoir participé à la création de l'Univers. Ne pouvons-nous supposer que :

bien que "Dieu seul créa le ciel et la terre"... que si indépendants qu'ils [les Anges] aient pu être de la création primordiale ex nihilo, ils peuvent avoir été chargés de l'achever, de la continuer et de l'entretenir 204.

s'écrie de Mirville, en répondant à Benan, Lacour, Maury et  aux tutti quanti   de   l'Institut   de   France.   Sauf   certaines  modifications, c'est précisément ce que soutient la DOCTRINE SECRETE. En fait, il n'y a pas une seule doctrine prêchée par les nombreux Réformateurs du premier siècle et des siècles suivants de notre ère, qui n'ait basé ses enseignements originaux sur cette cosmogonie universelle. Consultez Mosheim et voyez ce qu'il trouve à dire au sujet des nombreuses "hérésies" qu'il décrit. Le juif Cérinthe... enseignait que le Créateur de ce monde... le Dieu Souverain du [V 128] peuple Juif était un Etre... qui tirait sa naissance du sein du Dieu Suprême ; et qu'en outre cet Etre perdit graduellement sa vertu native et sa dignité primitive.

204 Op. cit., II, 337.

 

Basilide, Carpocrate et Valentin, les Gnostiques égyptiens du IIème siècle, avaient la même idée à peu de chose près. Basilide prêchait sept Æons (Légions ou Archanges), qui jaillirent de la substance du Suprême. Deux d'entre eux, le Pouvoir et la Sagesse, engendrèrent la hiérarchie céleste de la première classe et de la première dignité ; celle-ci en émana une seconde ; cette dernière une troisième et ainsi de suite ; chaque évolution subséquente était d'une nature moins élevée que la précédente et chacune créait pour elle-même, en guise de demeure, un Ciel, et la nature de chacun de ces Cieux diminuait de splendeur et de pureté à mesure qu'il se rapprochait de la terre. Le nombre de ces demeures s'élevait ainsi à 365 et elles étaient toutes présidées par le Suprême Inconnu appelé Abraxas, nom qui, d'après la méthode grecque de numération, représente le nombre 365, qui dans son sens mystique et numérique renferme le nombre 355 ou la Valeur de l'homme 205. Cela constituait un Mystère Gnostique, basé sur celui de l'Evolution primitive, qui atteignit son point culminant dans "l'homme".

205 Dix est le nombre parfait du Dieu Suprême parmi les divinités "manifestées", car le nombre 1 est le symbole de l'Unité Universelle, ou principe mâle de la Nature, et le nombre 0 est le symbole féminin du Chaos, de l'Abîme, de sorte que les deux constituent le symbole de la nature Androgyne, ainsi que la valeur complète de l'année solaire, qui était aussi celle de Jéhovah et d'Enoch. Pour Pythagore, dix était le symbole de l'Univers ; c'était aussi celui d'Enos, le fils de Seth, ou le "Fils de l'Homme", qui représente le symbole de l'année solaire de 365 jours et dont l'âge est en conséquence représenté comme étant de 365 ans. Dans le symbolisme Egyptien, Abraxas était le soleil, le "Seigneur des Cieux".

Le cercle est le symbole unique du Principe Non-manifesté ; le plan de cette figure est l'infini éternel et il n'est coupé par un diamètre que durant les Manvantaras.

 

Saturnin d'Antioche promulgua la même  doctrine légèrement modifiée. Il enseignait l'existence de deux principes éternels, le Bien et le Mal, qui sont simplement l'Esprit et la Matière. Les sept Anges qui président aux sept Planètes sont les constructeurs de notre Univers – ce qui est une doctrine purement orientale, car Saturnin était un Gnostique Asiatique. Ces Anges sont les Gardiens naturels des sept Régions de notre Système Planétaire et l'un des plus puissants parmi ces sept Anges créateurs du troisième ordre est "Saturne", le Génie qui préside à la Planète et le Dieu du peuple hébreu, c'est-à-dire Jéhovah, qui était vénéré parmi les Juifs qui lui [V 129] dédièrent le septième jour ou Sabbat, le samedi – "le jour de Saturne" chez les Scandinaves et aussi chez les Hindous.

Marcion, qui tenait aussi pour la doctrine des deux principes opposés du Bien et du Mal, soutenait qu'il existait une troisième Divinité entre les deux – une divinité d'une "nature mixte" – le Dieu des Juifs, le Créateur (avec sa Légion) du Monde inférieur, le nôtre. Bien que toujours en conflit avec le Principe du Mal, cet Etre intermédiaire n'en était pas moins opposé aussi au Principe du Bien, dont il convoitait la place et le titre.

Simon n'était donc que le fils de son époque, un Réformateur religieux semblable à bien d'autres et un Adepte parmi les cabalistes. L'Eglise, pour laquelle la croyance à son existence réelle et à ses grands pouvoirs est une nécessité – afin de faire mieux ressortir le "miracle" accompli par Pierre et sa victoire sur Simon – exalte sans réserve ses merveilleux exploits magiques. D'autre part, le scepticisme, représenté par des savants et des critiques érudits, s'efforce de le supprimer complètement. Ainsi,  après avoir nié l'existence même de Simon, les critiques ont trouvé bon  de fondre entièrement son individualité dans celle de Paul. L'auteur anonyme de Supernaturel Religion chercha assidûment à prouver que par Simon le Magicien il faut comprendre l'apôtre Paul, dont les Epîtres étaient calomniées, tant secrètement qu'ouvertement, par Pierre, qui les accusait de renfermer un "savoir dysnoëtique". En vérité, cela semble plus que probable, lorsque nous pensons aux deux Apôtres et que nous comparons leurs caractères.

 L'Apôtre des Gentils était brave, franc, sincère et très instruit ; l'apôtre de la Circoncision poltron, prudent, dissimulé et très ignorant. Le fait que Paul ait été initié, au moins partiellement, sinon complètement, aux mystères théurgiques, laisse peu de place au doute. Son langage, le style si caractéristique des philosophes grecs, certaines expressions employées seulement par des Initiés, constituent autant de signes à l'appui de cette supposition. Nos soupçons ont été renforcés par  un savant article du docteur A. Wilder, intitulé "Paul et Platon", dans lequel l'auteur expose une observation remarquable et, pour nous, très précieuse. Il prouve que, dans les Epîtres aux Corinthiens, Paul emploie fréquemment "des expressions suggérées par les initiations de Sabazius et d'Eleusis et par la lecture des philosophes [grecs]. Il [Paul] se qualifie lui-même de idiotes – une personne inhabile dans le Verbe mais non dans la Gnoseou savoir philosophique. "Nous parlons de Sagesse parmi les parfaits ou initiés", écrit-il, même de la sagesse cachée, "non pas de la sagesse de ce monde, ni des [V 130] Archons de ce monde, mais de la sagesse divine dans un mystère, secret – qu'aucun des Archons de ce monde ne connaissait 206."

Que pouvait vouloir dire d'autre l'Apôtre par ces paroles peu équivoques, sinon qu'il parlait lui-même, comme faisant partie des Mystoe (Initiés), de choses que l'on n'exposait et expliquait que dans les Mystères ? La "sagesse divine dans un mystère que ne connaissait aucun Archon de ce monde", se rattache évidemment d'une façon directe au Basileus de l'Initiation d'Eleusis, qui, lui, savait. Le Basileus faisait partie de la suite du grand Hiérophante et était un Archon d'Athènes. En cette qualité, il était l'un des principaux Mystoe, appartenant aux Mystères intérieurs, auxquels était admis un très petit nombre de gens choisis avec soin 207. Les magistrats qui dirigeaient les Eleusinia étaient appelés des Archons 208.

206 I, Cor., II, 6-8. Nous allons toutefois nous occuper d'abord de Simon le Magicien.

207 Comparez avec les Eleusinian and Bacchic Mysteries de Taylor.

208 Isis Dévoilée, III, 13.

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