MAITRE M

Les Enseignements du Maitre MORYA

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LA DOCTRINE SECRETE VOL 5

SECTION XXVIII - L'ORIGINE DES MYSTERES

SECTION XXVIII

L'ORIGINE DES MYSTERES

 

Tout ce qui a été expliqué dans la section précédente, et cent fois plus encore, était enseigné de temps immémorial dans les Mystères. Si la première apparition de ces institutions est une question de tradition historique en ce qui concerne quelques-unes des nations les moins anciennes, on doit certainement faire remonter leur origine à l'époque de la Quatrième Race-Racine. Les Mystères étaient communiqués aux élus de cette Race, lorsque la moyenne des Atlantes avait déjà commencé à s'enfoncer trop profondément dans le péché pour que l'on pût leur confier les secrets de la Nature. Dans les Ouvrages Secrets, on attribue leur établissement aux Rois-Initiés des dynasties divines, à l'époque où les "Fils de Dieu" avaient permis que leur pays devînt graduellement le Kou-karma- dès (le pays du vice).

On peut déduire l'antiquité des Mystères de l'histoire du culte d'Hercule en Egypte. Cet Hercule selon ce que les prêtres dirent à Hérodote, n'était pas grec, car celui-ci en parle ainsi :

Quant à l'Hercule grec, je ne pus rien en apprendre dans aucune partie de l'Egypte... le nom n'a jamais été emprunté par l'Egypte à la Grèce... Hercule... d'après ce qu'ils [les prêtres] affirment, est un des douze (grands Dieux) qui furent reproduits des huit Dieux plus anciens, 17.000 ans avant l'année d'Amasis.

Hercule est d'origine indienne et – sa chronologie Biblique mise de côté – le Colonel Tod avait parfaitement raison de suggérer que c'était Balarâma ou Baladéva. Il faut lire les Pourânas, avec leur clef Esotérique, pour découvrir, presque à chaque page, à quel point elles corroborent la DOCTRINE SECRETE. Les anciens auteurs classiques comprenaient si bien cette vérité, qu'ils étaient unanimes à attribuer à Hercule une origine asiatique.

 Une section du Mahâbhârata est consacrée à l'histoire des Hercûla à la race desquels appartenait Vyasa... Diodore dit la même légende avec des variantes. Il dit : "Hercule naquit parmi les Indiens qui, tout comme les Grecs, lui attribuent une massue et une peau de lion." Tous les deux [Krishna et Baladéva] sont [V 285] (seigneurs) de la race (cûla) de Héri (Héri-cul-es), d'où les Grecs ont pu tirer le mot composé Hercule 492."

492 Rajasthan de Tod, I, 28.

 

La Doctrine Occulte explique qu'Hercule fut la dernière incarnation de l'un des sept "Seigneurs de la Flamme", comme Baladéva, frère de Krishna, que ses incarnations eurent lieu durant les Troisième, Quatrième et Cinquième Races-Racines et que son culte fut importé en Egypte, de Lanka et de l'Inde, par les immigrants postérieurs. Le fait que les Grecs l'ont emprunté aux Egyptiens est d'autant plus certain que les Grecs le font naître à Thèbes et ne localisent à Argos que ses douze travaux. Or, nous trouvons dans le Vishnou Pourâna une corroboration complète du récit contenu dans l'Enseignement Secret et voici un bref résumé de l'allégorie Pouranique.

Raivata, petits-fils de Sharyâti, quatrième fils de Manou, ne trouvant aucun homme digne de sa ravissante fille, se rendit avec elle dans la région de Brahmâ pour consulter le Dieu en cette occurrence. Au moment de son arrivée, Hâhâ, Hoûhoû et d'autres Gandharvas chantaient devant le trône et Raivata attendit qu'ils eussent fini, croyant qu'il n'avait passé qu'un Mouhoûrta (instant) alors que de longs âges s'étaient écoulés. Lorsqu'ils eurent fini, Raivata se prosterna et exposa son embarras. Brahmâ lui demanda alors qui il désirait avoir comme beau-fils et en l'entendant nommer quelques personnes, le Père du Monde sourit et dit : "En ce qui concerne ceux que vous avez nommés, leur troisième et leur quatrième génération [Races-Racines] ne survivent plus, car une nombreuse succession d'époques [Chatour Youga, ou les quatre cycles de Youga] se sont écoulés pendant que vous écoutiez nos chanteurs. Sur la Terre en ce moment, le vingt-huitième grand âge du Manou actuel est près de finir et la période de Kali approche. Il vous faut donc confier ce joyau-vierge à un autre époux, car vous êtes maintenant seuls."

 On prescrit alors au Râja Raitava de se rendre à Koushasthalî, son ancienne capitale, qui était appelée maintenant Dvârakâ et où régnait à sa place une portion de l'être divin (Vishnou) dans la personne de Baladéva, frère de Krishna, considéré comme la septième incarnation de Vishnou lorsque Krishna est tenu comme une divinité complète.

"Ayant ainsi reçu les instructions du Né-du-Lotus [Brahma], Raivala retourna avec sa fille sur la Terre,  où il trouva la race des hommes réduite de stature [voyez ce qui est dit dans les STANCES et les Commentaires au sujet de la stature graduellement décroissante des races humaines]... réduite en vigueur et affaiblie intellectuellement. Il se rendit [V 286] à la ville de Koushasthalî, qu'il trouva bien changée", parce que, suivant l'explication allégorique du Commentateur "Krishna avait réclamé à la mer une partie du pays", ce qui signifie en langage ordinaire que les continents avaient tous été changés entre temps – et "qu'il avait renouvelé la ville" – ou plutôt en avait bâti une nouvelle, Dvârakâ ; on lit, en effet, dans la Bhâgavata Pourânaque Koushasthalî fut fondée et construite par Raivata dans la mer et des découvertes ultérieures établirent que c'était la même que Dvârakâ ou qu'elle était construite au même endroit. C'était donc primitivement sur une île. L'allégorie de la Vishnou Pourânanous montre Raivata donnant sa fille "à celui qui maniait le soc de la  charrue" – ou plutôt "la charrue pavoisée" – Baladéva, qui "voyant que la demoiselle était d'une taille excessivement élevée... la raccourcit avec l'extrémité du soc de sa charrue, après quoi elle devint sa femme 493".

493 Op. cit., IX, III, 28.

 

C'est une allusion fort claire à la Troisième et à la Quatrième Races, aux géants Atlantes et aux incarnations successives des "Fils de la Flamme" et autres ordres de Dhyân Chohans, dans les héros et les rois de l'humanité, jusqu'au Kali Youga, ou Age Noir, dont le commencement ne remonte pas au-delà des temps historiques. Autre coïncidence encore : Thèbes est la cité aux cent portes et Dvârakâ est ainsi dénommée en raison de ses nombreux portails du mot "Dvâra" qui veut dire "portail". Hercule et Baladeva ont tous deux un caractère passionné et violent et sont tous deux renommés pour la beauté de leur peau blanche. Il est hors de doute qu'Hercule est Baladéva en costume grec. Arrien constate une grande similitude entre l'Hercule Thébain et l'Hercule Hindou qui était l'objet d'un culte de la part des Souraséniens qui construisirent Méthoréa ou Mathoûrâ, lieu de naissance de Krishna. Le même auteur place Sandracottos (Chandragoupta, le grand-père du Roi Ashoka, du clan de Morya) parmi les descendants directs de Baladéva.

On nous enseigne qu'aux débuts, il n'y avait pas de Mystère. Le Savoir (Vidyâ) était la propriété commune et régna universellement durant tout l'Age d'Or (Satya Youga). Comme le dit le Commentaire :

Les hommes n'avaient pas encore créé le mal, en ces jours de béatitude et de pureté, car leur nature était plutôt Divine qu'humaine.

Mais lorsque l'humanité, croissant rapidement en nombre, vit croître aussi la variété des idiosyncrasies de corps et de mental, l'Esprit incarné commença à laisser voir sa faiblesse. Des exagérations naturelles,  en même temps que des superstitions, [V 287] prirent naissance dans les esprits les moins cultivés et les moins sains. L'égoïsme naquit de passions et de désirs inconnus jusqu'alors, et on n'abusa que trop souvent du savoir et du pouvoir au point qu'il devint enfin nécessaire de limiter le nombre de ceux qui savaient. Ainsi naquit l'Initiation.

Chaque nation séparée se constitua alors un système religieux selon ses lumières et ses besoins spirituels. Le simple culte de la forme étant écarté par les sages, ceux-ci réservèrent le véritable savoir à de rares élus. Comme la nécessité de voiler la vérité, pour la mettre à l'abri des profanations, devenait plus apparente à chaque génération, on avait commencé par employer un léger voile qu'il fallut épaissir  graduellement, à mesure que se répandaient la personnalité et l'égoïsme, et cela conduisit aux Mystères. Ils finirent par être établis dans tous les pays et parmi tous les peuples, en même temps que pour éviter les luttes et les malentendus, on laissait des croyances exotériques se développer dans l'esprit  des masses profanes. Inoffensives et innocentes à leurs débuts – comme un événement historique arrangé sous forme de conte de fées adapté à un esprit d'enfant et compréhensible pour lui – ces croyances pouvaient, à ces époques reculées, être laissées libres de se développer et de constituer la foi populaire, sans danger pour les vérités plus philosophiques et plus abstraites enseignées dans les sanctuaires. L'observation logique et scientifique des phénomènes de la Nature, qui seule conduit l'homme à la connaissance des vérités éternelles – pourvu qu'il s'approche du seuil de l'observation, dégagé de tout préjugé, et qu'il voie avec son œil spirituel avant de considérer les choses sous leur aspect physique – n'est pas de la compétence des masses. Les merveilles de l'Unique Esprit de Vérité, de la Divinité à jamais cachée et inaccessible, ne peuvent être déchiffrées et assimilées qu'à l'aide de ses manifestations par les "Dieux" secondaires, Ses pouvoirs actifs. Alors que la Cause Unique et Universelle doit demeurer à jamais in abscondito, Son action multiple peut être constatée par ses effets dans la Nature. Comme cette dernière seule était compréhensible et manifeste pour l'humanité en général, on permettait aux Pouvoirs qui provoquaient ces effets de grandir dans l'imagination du peuple. Bien des siècles plus tard, au cours de la Cinquième  Race Aryenne, des prêtres peu scrupuleux commencèrent à abuser, dans tous les pays, des trop faciles croyances du peuple et finirent par élever ces Puissances secondaires au rang de Dieu de l'Unique Cause Universelle de toutes les causes 494. [V 288]

494 Dans l'Antiquité, les Brahmanes n'existaient pas en tant que caste héréditaire. A ces époques très reculées un homme devenait un Brahmane par son mérite personnel et par l'Initiation. Mais le despotisme s'insinua peu à peu et le fils d'un Brahmane fut créé Brahmane, d'abord par protection, puis comme héritier. Les droits du sang remplacèrent ceux du mérite réel et c'est ainsi que naquit le corps des Brahmanes, qui ne tarda pas à devenir une caste puissante.

 

Dès lors, la connaissance des vertus primordiales demeura entièrement réservée aux Initiés.

Les Mystères avaient leurs points faibles et leurs défauts comme ce doit être nécessairement le cas pour toutes les institutions qui se rattachent à l'élément humain. Néanmoins, Voltaire a caractérisé en peu de mots leurs avantages :

Au milieu du chaos des superstitions populaires, il existait une institution qui empêcha toujours l'homme de tomber dans la brutalité absolue : c'était celle des Mystères.

En vérité, comme le dit Ragon de la Franc-Maçonnerie :

 Son temple a le Temps pour durée, l'Univers pour espace... "Diviser pour régner", disaient les rusés ; "Unissons-nous pour résister", dirent les premiers Maçons 495.

Ou plutôt les Initiés, que les Maçons n'ont jamais cessé de reconnaître comme leurs Maîtres primitifs et directs. Le premier et fondamental principe de force morale et de puissance est l'association et la solidarité des pensées et du but. "Les Fils de la Volonté et du Yoga" s'unirent au début pour résister aux iniquités terribles et sans cesse croissantes des Adeptes de gauche, les Atlantes. Cela provoqua la fondation d'Ecoles Secrètes encore plus nombreuses, de temples d'instruction et de Mystères inaccessibles à tous, à moins d'avoir subi les plus terribles épreuves et probations.

Tout ce qu'on pourrait dire des premiers Adeptes et de leurs divins Maîtres serait considéré comme une fable. Il est donc nécessaire, si nous voulons savoir quelque chose des Initiés primitifs, de juger l'arbre à ses fruits ; d'étudier la conduite et les œuvres de leurs successeurs de la Cinquième Race, comme étant reflétées dans les œuvres des auteurs classiques et des grands Philosophes. Comment l'initiation et les Initiés étaient-ils considérés, durant quelque 2 000 ans, par les auteurs grecs et romains ? Cicéron renseigne ses lecteurs d'une façon très claire, en disant :

Un Initié doit pratiquer toutes les vertus en son pouvoir : justice, [V 289] fidélité,  libéralité,  modestie, tempérance ; ces vertus font oublier aux hommes les talents qui peuvent lui manquer 496.

495 Des Initiations Anciennes et Modernes. "Les mystères, dit Ragon, furent le don de l'Inde". Il se trompe en cela, car la race Aryenne avait apporté de l'Atlantide les mystères de l'Initiation. Néanmoins, il a raison de dire que les mystères précédèrent toutes les civilisations et qu'en polissant les peuples intellectuellement et moralement, ils servirent de bases à toutes les lois civiles, politiques et religieuses.

496 De Off. I, 33.

 

Ragon dit :

Lorsque les prêtres égyptiens disaient : "tout pour le peuple, rien par le peuple", ils avaient raison : dans une nation  ignorante,  la  vérité  ne  doit  être  révélée qu'aux personnes dignes de confiance... Nous avons vu de nos jours, "tout par le peuple, rien pour le peuple", ce qui est un système faux et dangereux. Le véritable axiome devrait être : "Tout pour le peuple et avec le peuple 497."

Mais pour accomplir cette réforme, il faut que les masses subissent une double transformation :

  1. se séparer de tout élément de superstition exotérique et du clergé et
  2. devenir des hommes instruits, libérés de tout danger d'être réduits en esclavage, soit par un homme, soit par une idée.

Cela peut sembler paradoxal par rapport à ce qui précède.

Les Initiés étaient des "prêtres", pourrait-on nous objecter – du moins tous les Hiérophantes et les Adeptes de l'Inde, d'Egypte, de Chaldée, de Grèce et de Phénicie étaient prêtres dans les temples et ce furent eux qui inventèrent leurs croyances exotériques respectives. A cela on peut répondre : "l'habit ne fait pas le moine". Si on peut en croire la tradition et l'opinion unanime des auteurs anciens, en y ajoutant les exemples que nous fournissent les "prêtres" de l'Inde, la nation la plus conservatrice  du monde, il devient certain que les prêtres égyptiens n'étaient pas plus prêtres, dans le sens que nous donnons à ce mot, que ne le sont les Brahmanes des temples. On ne pourrait jamais les considérer comme tels, si nous prenons pour type le clergé européen. Laurens fait observer avec beaucoup de raison que :

A strictement parler, les prêtres de l'Egypte n'étaient pas des ministres de la religion. Le mot "prêtre" dont la traduction a été mal interprétée avait une acception toute différente de celle qu'on lui donne parmi nous. Dans la langue de l'antiquité et spécialement dans le sens de l'initiation des prêtres de l'ancienne Egypte, le mot "prêtre" était synonyme de "philosophe"... L'institution des prêtres égyptiens semble avoir réellement été une confédération de sages assemblés pour étudier l'art de gouverner les hommes, pour centraliser le domaine de la vérité, régler sa propagation et arrêter sa trop dangereuse dispersion. 498.

497 Des Initiations, p. 22.

498 Essais Historiques sur la Franc-Maçonnerie, pp. 142, 143.

499 Le mot "patriarche" est composé du mot grec "patria" (famille, tribu ou nation) et de "Archos" (un chef) le principe paternel. Les Patriarches juifs, qui étaient des pasteurs, transmirent leur nom aux Patriarches chrétiens ; ce n'était pourtant pas des prêtres, mais simplement les chefs de leurs tribus, comme les Richis indiens.

500 La résurrection d'un corps vraiment mort est une impossibilité dans la nature.

 

Les prêtres égyptiens, de même que les brahmanes de jadis, tenaient les rênes des pouvoirs de gouvernement, système qui leur avait été transmis par héritage direct des Initiés [V 290] de la grande Atlantide. Le pur culte de la Nature, aux premières époques patriarcales – le mot "patriarches" s'appliquait dans son sens original, aux Progéniteurs de la race humaine 499, aux Pères, aux Chefs et aux Instructeurs des hommes primitifs – devint l'héritage de ceux-là, seuls, qui pouvaient discerner le noumène sous le phénomène. Plus tard, les Initiés transmirent leur savoir aux rois humains, de même que leurs divins Maîtres l'avaient transmis à leurs ancêtres. C'était leur prérogative et leur devoir, de révéler les secrets de la Nature qui étaient utiles à l'humanité – les vertus cachées des Plantes, l'art de guérir les malades et de faire naître l'amour fraternel et l'assistance mutuelle parmi l'humanité. Nul n'était un Initié s'il ne pouvait guérir – même rappeler à la vie, après une mort apparente (coma) ceux qui, trop longtemps négligés, seraient morts durant leur léthargie 500. Ceux qui faisaient preuve de pareils pouvoirs furent désormais placés au-dessus des foules et furent considérés comme Rois et Initiés. Gautama Bouddha était un Roi-Initié, un guérisseur, et rappelait à la vie ceux qui étaient entre les mains de la mort. Jésus et Apollonius étaient des guérisseurs et leurs fidèles s'adressaient à eux comme à des Rois. S'ils avaient été incapables de ressusciter ceux qui selon toute apparence, étaient morts, leurs noms n'auraient pas été transmis à la postérité, car c'était là la première et la plus importante épreuve, le signe certain, que s'étendait sur l'Adepte l'invisible main du Maître primordial divin, ou qu'il était l'incarnation d'un des "Dieux".

498 Essais Historiques sur la Franc-Maçonnerie, pp. 142, 143.

499 Le mot "patriarche" est composé du mot grec "patria" (famille, tribu ou nation) et de "Archos" (un chef) le principe paternel. Les Patriarches juifs, qui étaient des pasteurs, transmirent leur nom aux Patriarches chrétiens ; ce n'était pourtant pas des prêtres, mais simplement les chefs de leurs tribus, comme les Richis indiens.

500 La résurrection d'un corps vraiment mort est une impossibilité dans la nature.

 

Ce dernier privilège royal fut transmis à nos rois de la Cinquième Race par les rois de l'Egypte. Ceux-ci étaient tous initiés aux mystères de la médecine et ils guérissaient les malades même lorsqu'en raison des terribles  épreuves  et  des  derniers  travaux  de  l'Initiation,  ils étaient incapables de devenir des Hiérophantes complets. Ils étaient guérisseurs par privilège et par tradition, et étaient assistés dans l'art de guérir par les Hiérophantes, des temples, lorsqu'ils ignoraient eux-mêmes la Science curative Occulte. Aussi, durant les lointaines époques historiques, nous voyons Pyrrhus guérir les malades rien qu'en les touchant du pied ; Vespasien et Adrien n'avaient qu'à prononcer quelques mots qui leur avaient été enseignés  par  leurs  Hiérophantes,  pour  rendre  la  vue  aux [V 291] aveugles et la santé aux estropiés. A partir de cette époque, l'histoire a noté des cas où le même privilège conféré aux Rois et aux Empereurs de presque toutes les nations 501.

Ce qu'on sait des Prêtres de l'Egypte et des anciens Brahmanes et que corroborent tous les anciens auteurs classiques et historiques, nous donne le droit de croire à ce qui n'est pas traditionnel pour les sceptiques. D'où viendraient les merveilleuses connaissances des Prêtres Egyptiens dans toutes les branches de la Science, s'ils ne les avaient pas puisées à une source plus ancienne ? Les fameux "Quatre", les sièges du savoir dans l'antique Egypte, sont historiquement plus certains que  les commencements de l'Angleterre moderne. A son arrivée de l'Inde, c'est dans le grand sanctuaire de Thèbes que Pythagore étudia la Science des nombres Occultes. C'est à Memphis qu'Orphée popularisa sa métaphysique indienne trop abstraite, à l'usage de la Grande Grèce, et c'est là que Thalès et, bien des siècles plus tard, Démocrite, puisèrent toutes leurs connaissances. C'est à Sais que revient l'honneur de la merveilleuse législation et de l'art de gouverner les peuples, qui furent enseignés par ses Prêtres à Lycurgue et à Solon, et qui continueront tous deux à faire l'admiration des générations futures. Et si Platon et Eudoxe  n'avaient jamais été faire leurs dévotions au sanctuaire d'Héliopolis, il est fort probable que l'un n'eût pas étonné les générations futures par sa morale, ni l'autre par ses merveilleuses connaissances en mathématiques 502.

 501 Les rois de Hongrie prétendaient pouvoir guérir la jaunisse ; on attribuait aux ducs de Bourgogne le pouvoir de préserver les gens de la peste ; les rois d'Espagne délivraient ceux qui étaient possédés du démon. La prérogative de guérir les écrouelles était attribuée aux rois de France, en récompense des vertus du bon roi Robert. François 1er, durant un court séjour qu'il fit à Marseille pour le mariage de son fils, toucha et guérit de cette maladie plus de 500 personnes. Les rois d'Angleterre jouissaient du même privilège.

502 Voyez les Essais Historiques de Laurens, pour plus de renseignements au sujet du savoir universel des Prêtres Egyptiens.

 

Le grand auteur moderne qui a traité des Mystères de l'Initiation Egyptienne – bien qu'il n'eût aucune connaissance de ceux de l'Inde – feu Ragon n'a pas exagéré en soutenant que :

Toutes les notions que possédaient  l'Hindoustan, la Perse, la Syrie, l'Arabie, la Chaldée, la Sydonie et les prêtres de Babylonie [sur les secrets de la  Nature], étaient connues des prêtres égyptiens. C'est donc la philosophie indienne, sans mystères, qui, après avoir pénétré en Chaldée et en Perse antique, donna naissance à la doctrine des mystères égyptiens 503. [V 292]

Les Mystères précédèrent les Hiéroglyphes 504. Ils donnèrent naissance à ces derniers, parce qu'on avait besoin d'archives permanentes pour conserver et commémorer leurs secrets. C'est la Philosophie primitive 505 qui a servi de pierre d'assise à la Philosophie moderne ; seulement la progéniture, tout en perpétuant les traits du corps extérieur, a perdu en chemin l'Ame et l'Esprit de sa mère.

503 Des Initiations, p. 24.

504 Le mot vient du Grec "hiéros" (sacré) et "glupho" (je grave). Les caractères égyptiens étaient consacrés aux Dieux, de même que le Dévanâgari Indien est le langage des Dieux.

505 Le même auteur protestait (comme les Occultistes) contre l'étymologie moderne du mot "philosophie" que l'on traduit par "amour de la sagesse", ce qui n'est nullement exact. Les philosophes étaient des savants et la philosophie était une véritable science, non pas un simple verbiage comme de nos jours. Le terme est composé de deux mots grecs dont la signification est destinée à en faire connaître le sens secret et il devrait être traduit par "sagesse de l'amour". Or, c'est dans ce dernier mot "amour" que se cache le sens ésotérique : car "amour" ne représente pas là un nom, ne veut pas dire "affection" ou "tendresse", mais est le terme employé pour Eros, principe primordial de la création divine, synonyme de πόθος, le désir abstrait de procréer de la Nature qui se traduit par une éternelle série de phénomènes. Il veut dire "amour divin", l'universel élément de l'omniprésence divine répandue dans toute la Nature et qui est à la fois la cause principale et l'effet. La "sagesse de l'amour" (ou "philosophia") voulait dire l'attrait et l'amour de tout ce qui se cachait sous les phénomènes objectifs, et sa connaissance. La Philosophie signifiait le plus haut Adeptat – l'amour de la Divinité et l'assimilation avec elle. Dans sa modestie, Pythagore refusait même le titre de Philosophe (ou celui qui connaît toutes les choses cachées dans les choses visibles ; la cause et l'effet, ou la vérité absolue) et se qualifiait de Sage, d'aspirant à la Philosophie ou à la Sagesse de l'Amour, car l'Amour, dans son sens exotérique, était aussi dégradé par les hommes d'alors, qu'il l'est aujourd'hui par son application purement terrestre.

 

L'Initiation, tout en ne renfermant ni règles, ni principes, ni aucun enseignement spécial de Science – tel que nous le comprenons aujourd'hui – n'en était pas moins la Science, et la Science des Sciences. Et, bien que dépourvue  des  dogmes,  de  discipline  physique  et  d'un  rituel  excessif, c'était pourtant l'unique vraie Religion, celle de la vérité éternelle. Extérieurement, c'était une école, un collège, où l'on enseignait les sciences, les arts, la morale, la législation, la philanthropie, le culte de la véritable et réelle nature des phénomènes cosmiques ; durant les Mystères, des preuves pratiques de cette nature réelle étaient secrètement données. Ceux qui pouvaient apprendre la vérité sur toutes choses – c'est-à-dire ceux qui pouvaient contempler sans voiles la face de la grande Isis et soutenir la redoutable majesté de la Déesse – devenaient des Initiés. Mais les enfants de la Cinquième Race s'étaient trop profondément enfoncés dans la matière pour pouvoir toujours agir ainsi impunément. Ceux qui échouaient disparaissaient de ce monde sans laisser de traces. Quel Roi, [V 293] même parmi les plus grands, eût osé réclamer aux prêtres austères un individu, si haute qu'eût été sa situation, une fois que la victime avait franchi le seuil de leur Adytum sacré ?

Les nobles préceptes qu'enseignaient les Initiés des premières races, furent transmis à l'Inde, à l'Egypte, à la Grèce, à la Chine et à la Chaldée et se répandirent ainsi dans le monde entier. Tout ce qui est bon, noble et grand dans la nature humaine, toute faculté et aspiration divines, tout cela était cultivé par les Prêtres-Philosophes qui cherchaient à le développer chez leurs Initiés. Leur code de morale, basé sur l'altruisme, est devenu universel. On le trouve dans Confucius, "l'athée" qui enseignait que "celui qui n'aime pas son frère n'a en lui aucune vertu" et dans ce précepte de l'Ancien Testament, "Tu aimeras ton prochain comme toi-même 506". Les plus grands Initiés devenaient semblables à des Dieux et Socrate, dans le Phédon de Platon, est représenté comme disant :

Les Initiés sont certains d'aller dans la compagnie des Dieux.

506 Lev., XIX. 18.

 

Dans le même ouvrage, on fait dire au grand Sage athénien :

Il est tout à fait visible que ceux qui ont établi les Mystères, ou assemblées secrètes des Initiés, n'étaient pas des personnages sans importance, mais de puissants génies qui, depuis les premiers âges, s'étaient efforcés de nous faire comprendre, sous ces énigmes, que celui qui veut atteindre les régions invisibles sans être purifié, sera précipité dans l'abîme [la Huitième Sphère de la Doctrine Occulte, c'est-à-dire qu'il perdra à jamais  sa personnalité], tandis que celui qui  les  atteindra purifié des souillures de ce monde et accompli en vertu, sera reçu dans le séjour des Dieux.

Clément d'Alexandrie a dit, en parlant des Mystères :

Ici finit tout enseignement. On voit la Nature et toutes choses.

Un père de l'Eglise chrétienne s'exprime donc de la même façon que le Païen Pretextatus, proconsul d'Achaïe (quatrième siècle de notre ère), "homme de vertus éminentes", qui fit remarquer que priver les Grecs des "Mystères sacrés qui unifient l'humanité tout entière", équivaudrait à  ôter, à leurs yeux, toute valeur à leur vie. Les Mystères  auraient-ils jamais mérité les plus grands éloges des hommes les plus nobles de l'antiquité, si leur origine n'avait pas été plus qu'humaine ? Lisez tout ce qui a été écrit au sujet de cette institution sans pareille, aussi bien par ceux qui n'ont jamais été initiés, que par les Initiés eux-mêmes. Consultez Platon, Euripide, Socrate, Aristophane, Pindare, Plutarque, Isocrate, Diodore, Cicéron, Epictète, Marc Aurèle, pour ne pas citer [V 294] une douzaine d'autres Sages et auteurs fameux. Ce que les Dieux et les Anges avaient révélé, les religions exotériques, à commencer par celle de Moïse, l'ont avili et l'ont voilé pour des siècles aux regards du monde. Joseph, le fils de Jacob, était un Initié, autrement il n'eût pas épousé Aseneth, fille de Petephre ("Putiphar", "celui qui appartient à Phré", le Dieu Soleil) prêtre d'Héliopolis et gouverneur d'On 507. Toutes les vérités révélés par Jésus et que comprenaient même les Juifs et les premiers chrétiens, furent avilies par l'Eglise qui prétend Le servir. Lisez ce que dit Sénèque d'après la citation du docteur Kenealy :

"Le monde... s'étant fondu et étant rentré dans le sein de Jupiter [ou Parabrahman], ce Dieu demeure pendant quelque temps complètement concentré en lui-même et reste, en quelque sorte, complètement plongé dans la contemplation de ses propres idées. Ensuite nous voyons un  nouveau  monde  jaillir  de  lui...  Une  innocente race d'hommes est formée..." Puis, parlant d'une  dissolution du monde comme impliquant la destruction ou la mort de tout, il [Sénèque] nous enseigne que lorsque les lois de la Nature seront ensevelies sous les ruines et que le dernier jour du monde sera venu, le Pôle Sud écrasera  en tombant toutes les régions de l'Afrique et le Pôle Nord écrasera tous les pays situés sous son axe. Le Soleil effrayé sera privé de sa lumière ; le palais du ciel, tombant en ruines, produira en même temps la vie et la mort et une sorte de dissolution atteindra aussi toutes les divinités, qui retourneront de la sorte à leur chaos originel 508.

507 "On", le Soleil, nom égyptien d'Héliopolis (la "cité du Soleil").

 508 Book of God, p. 160.

 

On pourrait s'imaginer lire dans les Pourânas le récit que fait Parâshara du grand Pralaya. C'est presque la même chose, idée par idée. Le Christianisme ne possède-t-il rien de ce genre ? Que le lecteur ouvre une Bible anglaise quelconque et lise le Chapitre III de la Seconde Epître de Pierre et il trouvera là les mêmes idées.

Dans les derniers temps il viendra des moqueurs... qui diront : "Où est la promesse de son avènement ? car depuis que nos pères sont endormis tout continue comme depuis le commencement de la création." Ils veulent ignorer que, dès l'origine, des cieux existaient ainsi  que la terre, surgie, à la parole de Dieu, du sein de l'eau et au moyen de l'eau, et que ce fut par cela même que  le monde d'alors périt submergé. Quant aux cieux et à la terre d'à présent, la même parole de Dieu... les tient en réserve et les garde pour le feu... dans lequel les cieux passeront avec un grand fracas et les éléments fondront sous une ardente chaleur... Car nous... attendons de nouveaux cieux et une nouvelle terre... [V 295]

Si les interprètes prétendent voir dans cela une allusion à une création, à un déluge et à la promesse de la venue du Christ, lorsqu'ils vivront dans une nouvelle Jérusalem du ciel, ce n'est pas la faute de Pierre. Il faisait allusion à la destruction de la Cinquième Race et à l'apparition d'un nouveau continent pour la Sixième.

 Les Druides comprenaient la signification du Soleil dans le Taureau, aussi lorsque tous les feux étaient éteints le premier Novembre, leur feu sacré et inextinguible subsistait seul pour illuminer l'horizon, comme ceux des Mages et des modernes Zoroastriens. Et, ainsi que les premiers de la Cinquième Race et les Chaldéens et Grecs postérieurs, comme aussi les Chrétiens (qui le font jusqu'à présent sans en soupçonner le véritable sens) ils saluaient "l'Etoile du matin", la belle Vénus-Lucifer 509. Strabon parle d'une île près de la Bretagne où Cérès et Perséphone étaient l'objet d'un culte, avec les mêmes rites qu'en Samothrace et c'était la Ierna sacrée, où était allumé un feu perpétuel. Les Druides croyaient à la renaissance de l'homme : non pas, suivant l'explication de Lucien.

Que le même Esprit animera un nouveau corps, non pas ici, mais dans un monde différent, mais ils croyaient à une série de réincarnations dans ce même monde, car, ainsi que le dit Diodore, ils déclaraient qu'après une période déterminée, les âmes des hommes passeraient dans d'autres corps 510.

Les Aryens de la Cinquième Race reçurent ces dogmes de leurs ancêtres de la Quatrième Race, les Atlantes, Ils conservèrent pieusement ces enseignements, tandis que la Race-Racine dont ils étaient issus, devenant plus arrogante à chaque génération, grâce à l'acquisition de pouvoirs surhumains, approchait graduellement de sa fin.

  509 Dans son Book of God, Mr Kenealy cite Vallancey, qui dit : "J'avais à peine débarqué depuis une semaine en Irlande venant de Gibraltar, où j'avais étudié l'Hébreu et le Chaldéen sous la direction de Juifs de différents pays, que j'entendis une jeune paysanne dire à un garçon qui se trouvait auprès d'elle : "Féach au Maddin Nag" ("vois l'étoile du matin"), en lui montrant la planète Vénus, la Maddéna Mag des Chaldéens".

510 Il fut un temps où le monde entier, l'humanité tout entière, n'avait qu'une seule religion, de même qu'une seule "langue". "Toutes les religions n'en faisaient d'abord qu'une et émanaient d'un même centre", dit Faber.

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