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LE BIEN ETRE AU QUOTIDIEN

"Les Vérités Éternelles", Le renoncement à l’action

"Les Vérités Éternelles", Le renoncement à l’action

Ce serait une grave erreur de penser qu'en n'agissant pas on s'affranchit des conséquences de l'action : une conception totalement fausse du "renoncement à l'action". Tout l'univers est action. Du commencement à la fin, et tout le temps, un mouvement incessant sous-tend tout ce qui existe. Parmi toutes les créatures, l'impulsion au mouvement — au progrès — est action et provient de la nature même de l'Esprit ; elle ne peut être niée. Et même s'il s'imagine le contraire, nul ne peut cesser d'agir en s'abstenant de l'acte qui devrait être accompli : il y a, en effet, une action dans la pensée elle-même, puisque la pensée est le véritable plan de l'action, celui qui induit tous les genres d'activité. Sans action, pas de vie manifestée. Tant que nous vivons, nous agissons sans cesse. Il n'arrive pas un instant où l'action cesse, qu'elle soit accomplie à l'aide du mental dans un corps, ou après que le mental et le corps terrestres ont été abandonnés pour le moment, l'activité se poursuivant alors dans des instruments intérieurs et d'autres enveloppes de l'âme.

Le mouvement est à la base de l'existence physique de l'homme. Pas un atome, pas une molécule du corps qui ne se trouve en constant mouvement : c'est grâce à lui que le corps est en mesure d'enregistrer les divers effets distincts occasionnés par la matière physique elle-même. Mais à l'intérieur du corps réside le principe directeur — le mental — l'agrégat d'idées que chacun possède. En dernière analyse, chaque individu peut se rendre compte qu'il est son propre juge, jury et bourreau ; en effet, si ses pensées sont mesquines et ne concernent que l'existence physique, l'impulsion donnée va dans le mauvais sens, personnel et physique. Si, au contraire, nous comprenons que les pensées que nous avons nourries jusqu'à présent, et adoptées comme fondement de nos actions, peuvent être erronées, nous pouvons en changer, les élargir ou bien les rejeter dans leur totalité. Qui sommes-NOUS donc, nous qui avons le pouvoir, au delà du corps comme du mental, de produire ces changements ?

Nous sommes le véritable moteur qui se tient derrière les idées et derrière la volonté — l'Expérimentateur, l'Esprit lui-même — ce qui regarde à travers nos yeux et perçoit au moyen de nos organes. Ce Soi est identique dans tous les instruments. L'Esprit a la faculté de s'identifier à l'occupation sur laquelle se concentre le mental au point de se trouver impliqué dans ses instruments, et troublé par l'effet de cette involution. Bien que nous soyons Esprit — divin, éternel, sans commencement ni fin — nous nous sommes forgés de vraies ou fausses conceptions quant à notre véritable nature, sur tout ce que nous expérimentons dans tous les domaines, sur tous les plans de l'être. Nous sommes la Réalité Une derrière toutes les expériences, tous les plans de l'existence, qui ne sont que temporaires dans leur nature, alors que l'Homme lui-même, une fois dépouillé de tout moyen de communication avec ces plans, devient le créateur de ses propres instruments. La nature spirituelle recèle toute possibilité de puissance, d'énergie et de moyens pour créer un instrument de plus en plus perfectionné, et cependant, par nos propres actions, et notre création d'idéaux erronés qui leur servent de base, nous nous sommes forgé les conditions qui sont les nôtres actuellement.

Nous pourrions surmonter les problèmes qui nous affectent si nous voulions bien cesser de traiter dans chaque cas avec les effets. Nous sommes constamment au milieu d'un océan d'effets, et tentons de relier tel effet à tel autre, sans essayer un seul instant de remonter à l'origine de la causalité — le Soi, l'Esprit intérieur. Dans l'Esprit, aucun de nous n'est différent — aucun être, qu'il soit humain ou non, qu'il se situe au-dessus, en dessous ou au niveau de l'homme. L'Esprit Unique, présent en tous, est le pouvoir de perception. Il est le pouvoir exécutif, le pouvoir créateur, préservateur et régénérateur en chaque être. À l'extérieur de nous, il n'y a rien que perception, alors qu'en nous réside le pouvoir de réalisation de l'Esprit lui-même et des pouvoirs qui lui sont inhérents. Nos différences tiennent à notre avancement spirituel et à notre connaissance discriminative, qui dépendent des aspects mental et physique de la nature qui est la nôtre, par l'effet de notre propre évolution — évolution qui est toujours soumise à la loi, laquelle régit indifféremment tous les êtres, des plus infimes aux plus élevés spirituellement — loi inhérente, qui est le pouvoir d'agir. L'action n'est que l'exécution de cette loi spirituelle.

Nous apprenons sans cesse parce que nous agissons sans cesse. Dans chaque nouvelle combinaison, sa compréhension et son emploi convenable nous font avancer et nous permettent d'aller encore plus loin dans des mondes plus élevés, et des combinaisons plus diversifiées. Chacun de nous est un instrument sensible — l'incarnation de chaque aspect qui se trouve dans la nature entière ; car nous avons développé, à partir d'instruments formés d'une substance homogène, des instruments plus concrets, dans lesquels nous évoluons, en tant qu'êtres spirituels d'un passé incommensurable, afin de produire toutes les différenciations et combinaisons possibles que peut offrir le courant évolutif actuel. N'oublions pas que, lorsque nous avons commencé la présente évolution, nous n'étions pas uniquement concernés par les êtres supérieurs et par ceux de notre niveau, mais par tous les êtres des règnes inférieurs, minéral, végétal et animal. Ils sont tous interdépendants. Ce ne peut être qu'en réalisant notre propre nature, et en agissant en accord avec tous les êtres que nous atteindrons l'objectif de notre vie ici-bas, qui inclut, en fait, l'ensemble des êtres de toutes les espèces, où qu'ils se trouvent. Nous agissons sur eux tous, dans une certaine mesure, par chacune de nos pensées et chacun de nos actes, et de même que nous les affectons, l'effet produit nous revient par le biais d'êtres semblables, supérieurs ou inférieurs à nous. Ainsi, tout le processus de la compréhension — des idées correctes sur lesquelles fonder notre action — est intérieur et non extérieur à nous.

C'est une erreur de penser que nous sommes ici par hasard, qu'il n'y a pas de loi directrice, que les choses arrivent par hasard, que nous ne sommes pas responsables du fait d'être maltraités alors que d'autres voient leurs désirs se réaliser. Nous nous sommes amenés nous-mêmes dans la condition présente, en faisant des choses similaires dans le passé. Dans d'autres vies, nous avons suivi des trajectoires qui nous ont fermés à une connaissance de notre nature véritable. Avec ce pouvoir inhérent en nous, notre action a établi une sorte de cloison entre notre perception supérieure et notre vie dans le corps ; nous avons affecté nos semblables de la même manière et, à leur tour, ils reviennent nous faire souffrir et nous retenir sur ce plan de pensée et d'action. Car il est évident que nos pensées sont des actes, bien plus que nos actes eux-mêmes. C'est la manière dont nous pensons qui détermine l'action, et nos semblables sont perméables aux pensées que nous avons, qu'elles soient bonnes ou mauvaises.

Il y a dans l'homme une faculté — appelée Ahamkara, ou égotisme, dans la Bhagavad-Gîtâ — qui le fait s'identifier à toute condition où il se trouve placé. Dès que nous sommes impliqués dans un ensemble donné de circonstances particulières, heureuses ou malheureuses, nous nous identifions immédiatement à la condition du moment, en oubliant qu'il y en a eu d'autres auparavant, et qu'il y en aura d'autres à l'avenir, auxquelles nous pourrons également nous identifier si nous n'avons pas appris à faire autrement. Ainsi, nous persistons à penser que nous sommes ce corps, cette nation, ces événements, et cette époque. Toutes ces notions vont à l'encontre d'une compréhension de notre véritable nature, mais elles peuvent être déracinées, puisque c'est nous qui les avons créées et les entretenons.

Une véritable compréhension peut être acquise par quiconque, et en tout lieu, grâce à ce qui est appelé dans un texte ancien (la Mundaka Upanishad) le processus de "rasage" (Note 1). Il s'agit d'éliminer tout ce qui n'est pas le Soi. En effet, rien de ce que nous pouvons voir n'est le Soi, ni rien de ce que nous pouvons entendre, sentir, goûter ou savoir. C'est le Soi qui perçoit tout à l'aide de ses instruments, tout en n'étant aucun de ces objets. Pas plus que nous ne sommes aucune des expériences que nous avons vécues, vivons, ou vivrons jamais. Nous sommes ce qui fait l'expérience, et non un quelconque de ces changements. Nous ne sommes aucun des processus que nous traversons chaque jour, en passant du sommeil à l'état de veille, ou de la vie à la mort, selon la loi universelle. Nous ne dormons jamais, NOUS ne mourrons jamais. Le sommeil n'est que la réaction du corps, et pendant que ce dernier est endormi, NOUS continuons de penser, de percevoir et d'expérimenter pendant l'état de rêve, et ensuite dans les états du sommeil profond, où nous goûtons la pleine soi-conscience spirituelle.

Si nous rapportons si peu de souvenirs de cette activité de la conscience dans le sommeil profond, c'est que le calibre de notre appareil d'enregistrement est insuffisant. Le cerveau physique, qui est le registre de notre pensée — notre instrument de manipulation ici-bas — s'élabore, comme tous les autres éléments de notre corps, à partir de la nourriture que nous absorbons, et il change ainsi continuellement comme le font nos impressions. Il devient réceptif uniquement à l'influence constante de notre pensée terrestre. Mais si, à l'état de veille, nous adoptons une base de réflexion spirituelle — qui nous oblige à une action juste, avec la reconnaissance que tous les hommes procèdent de la même source et progressent vers le même but, même s'il existe autant de chemins que de pèlerins — si nous pensons et agissons sur cette base dans notre vie quotidienne, cela rendra le cerveau capable de répondre à ces autres formes de conscience pendant le sommeil du corps ; alors, tout ce que nous connaissons sur les plans supérieurs de l'être pourra être transmis et exprimé dans une grande mesure dans le corps.

Tout processus induit quelque changement. Ainsi, une action fondée sur la base la plus élevée de la pensée induit dans le corps lui-même une activité qui transforme la nature propre des vies qui opèrent en lui, en les rendant perméables à l'aspect intérieur de la nature, si bien qu'elles finissent par devenir transparentes, réceptives à toutes les influences supérieures plus subtiles. Toutes les formes d'existence comprennent un aspect supérieur, intérieur — qu'il s'agisse de formes minérales, végétales, animales, humaines ou surhumaines — et à mesure que notre mode de pensée et d'action devient plus universel, notre contact avec cet aspect intérieur plus élevé devient plus étroit. En nous élevant, nous percevons le monde d'une tout autre façon que lorsque nous cheminions comme de simples êtres terrestres. Nous découvrons tout ce que les modes de pensée et d'action erronés ont eu comme résultats : animosités, guerres, mésententes entre individus, épidémies, maladies, cyclones et tremblements de terre, insectes et animaux nuisibles.

Les grandes erreurs de jugement qui obscurcissent le mental de l'homme le maintiennent au stade d'un être perpétuellement actif créant lui-même les conditions qui lui apportent souffrances et handicaps. S'il n'y avait pas un seul être humain au monde pour en faire souffrir un autre, il n'y aurait plus de mal à endurer. Toutes les choses nuisibles disparaîtraient. Cependant, même s'il existe des êtres nuisibles, dont la nature ne peut être changée, il nous appartient de changer notre attitude de manière à ce qu'aucun mal venant d'eux ne puisse nous atteindre. Si on nous fait du mal, ce doit être que le mal est en nous. Le yogi oriental peut aller parmi toutes sortes de créatures dangereuses, sans qu'elles lui fassent violence, étant lui-même exempt de toute violence. Lorsque notre mental s'attache à de fausses notions, les créatures nuisibles le perçoivent, et leur instinct de conservation, comme on l'appelle, les pousse à nous attaquer parce qu'elles sentent en nous un danger. La nature des êtres des règnes inférieurs au nôtre ne peut être changée que par l'homme car ils ne peuvent se transformer eux-mêmes. Ce sont les vies que nous utilisons dans notre propre corps — vies qui sont mouvement et action — qui servent à donner corps aux êtres dans les différents règnes : nous les avons chargées de l'impression de nos pensées et de nos actions, en leur imprimant une direction, à chaque instant, et elles finissent par retourner à leur plan respectif. Nous sommes leurs créateurs et leur providence ou, au contraire, nous retardons leur progression en nous méprenant sur notre propre nature, et par conséquent, sur la leur.

L'avenir dépend de ceux qui ont le pouvoir d'agir sur tous les plans de la matière. Nous avons créé nous-mêmes la civilisation actuelle, mais derrière tout progrès véritable il doit y avoir une conception universelle de l'Esprit, du mental et de l'action. Abandonnons toute idée de renoncement à l'action. Agissons sans cesse. Nous devons agir. Tous les principes de notre nature nous poussent à l'action. Si nous craignons d'agir, ou n'y parvenons pas dans toutes les situations où une action est requise, notre action a été erronée, en ce sens que nous avons manqué une occasion. Et une erreur d'omission est pire qu'une erreur de commission. Agissons donc, mais pour le Soi et comme le Soi de toutes les créatures. Ne renonçons pas à l'action, mais à l'intérêt égoïste en toute pensée et en tout acte.

Note

1) Le mot Mundaka évoque, en Sanskrit, l'application du rasoir.

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