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"Les Vérités Éternelles", Les Fondements de la Religion

"Les Vérités Éternelles", Les Fondements de la Religion

[Traduction de 3 exposés de Robert Crosbie (fondateur de la Loge Unie des Théosophes) extraits de l’ouvrage The Friendly Philosopher, publication posthume (1934) contenant également des lettres du même auteur. Les prochains Cahiers publieront la suite de la série “Les Vérités Éternelles” d’où proviennent ces textes. (N.d.éd.)]

Pour la plupart des gens, le mot "religion" désigne quelque chose qui se distingue de l'existence humaine, et évoque l'idée d'une préparation à une vie future inconnue. Certaines religions reposent sur la connaissance de l'individu qui en a posé les fondements ; d'autres passent pour être les révélations d'un Être Suprême au moment de la création du monde. Tous les peuples ont leur Dieu propre ; tant de peuples, tant de Dieux, correspondant chacun aux productions mentales des groupes humains. Il en va de même pour les individus — les idées différant beaucoup d'une personne à l'autre — et on trouve autant de Dieux que d'individus. Tous ces Dieux ou Êtres Suprêmes sont des créations humaines et non des réalités ayant une existence propre. Mais derrière toutes ces conceptions réside une Réalité. La capacité même qu'a l'homme de créer des images et de les doter de vertus qu'il ne possède pas lui-même est l'indice d’un élément qui transcende ses créations. Les créatures ne peuvent surpasser leurs créateurs. Ce qui produit les idées en l'homme est supérieur à toute idée qu'il ait jamais eue ou qu’il aie aujourd'hui. Il nous faut donc remonter à la source de toutes les idées pour trouver le vrai "Dieu" — la vraie religion.

La vraie religion doit fournir une base de réflexion, et par voie de conséquence, une base de comportement ; elle doit nous permettre de comprendre notre nature et celle des autres êtres. La religion est un lien qui relie les hommes — et non un ensemble de dogmes ou de croyances — non seulement tous les hommes, mais également tous les êtres et toutes les choses de l'univers entier, en un grand tout. C'est cette base et ce lien qui sont présentés dans les trois propositions fondamentales de la Doctrine Secrète (Note 1).

Derrière chaque existence se trouve le Soutien de tout ce qui existe, de tout ce qui est, fut, ou sera jamais. Rien ne peut exister sans Lui. Il est omniprésent et infini. Mais si nous nous emparons de ce concept et nous efforçons de le réduire à une forme d' Être quelconque, nous découvrons que c'est impossible. Nous sommes incapables de concilier l'idée d'un être avec celle de l'omniprésence et de l'infinitude. Aucun être ne peut exister en dehors de l'espace, qui lui, est, qu'il y ait vide ou plénitude, qu'il y ait ou non des planètes, des dieux et des hommes ; qui n'est lui-même modifié en rien par les objets qui l'occupent ; qui est illimité, sans commencement ni fin. Un Être se situe forcément dans l'Espace, il est donc inférieur à l'Espace. Ainsi nous pouvons désigner le Pouvoir Suprême par un nom quelconque de notre choix — le Suprême, le Soi — pour autant que nous ne Le limitions pas, ni ne Le dotions d'attributs. Nous ne pouvons pas dire s'il est content ou en colère, s'il récompense ou punit, car ce serait Le limiter. L'ESPACE lui-même ne pouvant être mesuré ni limité, comment pourrions-nous limiter le Suprême ? Le Pouvoir Suprême ne peut être inférieur à l'Espace. Le fait même de Le nommer revient à le limiter ; et cependant il doit être la Réalité Unique, l'Unique Soutien, l'Unique Cause de toute existence, le Seul Connaisseur, l'Unique Expérimentateur, dans toutes les directions et en toute chose. Cette proposition nous ramène à la base même de toute pensée, au pouvoir de penser lui-même, qui réside dans tous les êtres.

Il nous est impossible de comprendre la nature, les autres êtres et nous-mêmes en nous référant à un être extérieur, quel qu'il soit. La connaissance doit se développer au sein du perceveur, du penseur lui-même. Toutes ses observations et ses expériences lui apportent une connaissance qu'il associe à lui-même, dans sa relation avec autrui. Chacun se situe dans le vaste assemblage des êtres, chacun les voit tous, comprend ce qu'il peut en comprendre, mais chacun est le seul à les voir ; l'ensemble des autres ne faisant qu'être vu. Tous les autres sont identiques à lui dans leur nature essentielle ; ils ont tous les mêmes qualités, les mêmes perfections et imperfections ; tous sont des copies les uns des autres, différant uniquement par la prédominance de telle ou telle qualité. Mais le penseur est le Soi — le seul Soi, en ce qui le concerne — la Vie Une, la Conscience Une, l'Unique Pouvoir. Comme l'action procède de cette base, plus les pouvoirs découlent de cette qualité spirituelle et plus la connaissance s’accroît.

Qu'est-ce qui nous empêche de connaître la vraie religion ? C'est notre mental, tout rempli qu'il est d'idées étriquées sur la vie et de représentations mesquines de l'humanité et de nous-mêmes. Ce sont nos croyances qui nous limitent. Une croyance est toujours un constat d'ignorance. Si nous croyons, c'est que nous ne savons pas  ; lorsque nous savons, il n'y a pas lieu de croire. À moins d'être éprouvées et vérifiées au feu de l'expérience, les croyances sont absolument inutiles, et ce qui est pire encore, elles nous incitent à utiliser les pouvoirs mêmes de notre être spirituel dans la mauvaise direction, ce qui nous attire souffrances et calamités. C'est notre être spirituel lui-même qui rend possible notre malheureuse condition présente, car c'est de lui que provient le Pouvoir Unique, qui peut s'exercer soit par líentremise des petites idées mesquines qui lui font obstacle, soit dans toute sa puissance et sans contraintes. Chaque homme est son propre créateur, et chacun doit devenir son propre sauveur, en apprenant à utiliser correctement le Pouvoir Unique. Ceux qui ont appris à le faire ne peuvent que nous indiquer la manière dont ils s'y sont pris ; personne ne peut l'apprendre à notre place. Nous devons écarter nous-mêmes les obstacles qui nous empêchent de connaître notre soi intérieur. Nous devons rejeter nous-mêmes les entraves de la pensée, des formes de religions, des idoles, mentales et physiques.

Pour mettre immédiatement de l'ordre dans notre mental, nous pouvons prendre conscience de Ce qui en nous reste inchangeable et inchangé. Nous sommes cet Esprit dans notre essence même. Tout ce qui s'est passé dans nos vies passées et présentes, tout ce qui arrivera dans le futur procède du pouvoir de cet Esprit même, est sous-tendu par Lui. Rien n'est séparé de nous. La Nature n'est ni séparée, ni distincte de nous. Les lois de la Nature ne sont que les corrélations et interdépendances de tous les êtres concernés par le courant actuel de l'évolution. Les forces de la nature n'ont pas d'existence propre. Il n'y eut jamais une force qui ne résultât pas d'un acte d'intelligence. En tant qu'êtres spirituels, nous sommes des forces éternellement créatrices, car chaque cerveau humain, chaque pensée a un pouvoir dynamique. Les pensées se perdent-elles ? Non : toutes les pensées, tous les sentiments de tous les êtres de l'univers alimentent une réserve d'énergie dynamique qui est à l'origine des forces de la nature que nous connaissons. Nous puisons dans ce réservoir central en fonction de nos idéaux et conformément à notre nature intérieure présente. En permanence, nous alimentons les forces de la nature, en bien ou en mal. De même, nous empruntons aux forces de la nature les contributions que leur ont apportées d'autres hommes — les forces que d'autres ont réveillées dans la nature.

Tous les pouvoirs de l'univers sont latents en nous, il suffit simplement d'ouvrir la porte menant à leur utilisation. Chacun de nous est une petite copie de l'ensemble de l'univers. Il n'existe nulle part d’élément qui ne soit possédé par chacun de nous au sein de notre sphère propre ; il n'est pas de pouvoir auquel nous ne puissions recourir. Le régent de ces facultés est toujours le Soi inhérent à chacun de nous. Et si ce Soi voit mal, c'est que le miroir dans lequel il regarde est recouvert par la poussière des idées fausses, qui en déforme les images. Le Soi se dirige vers ce que suggère le miroir, mais c'est le Soi qui permet ce mouvement. Nous donnerions libre cours à tous ces pouvoirs si nous vivions quotidiennement, à chaque instant, conformément à la nature du Soi — en comprenant que chaque être n'est qu'un aspect du Soi, et en agissant de manière à ce que chacun trouve une aide sur son chemin. Car nous ne pouvons parcourir notre chemin seuls. Nous devons remplir nos devoirs vis-à-vis de tous les êtres, qu'il s'agisse de ceux des règnes inférieurs, sans lesquels nous ne pourrions exister, ou des êtres humains. Chacun d'eux est pour nous un expiateur par procuration — une leçon de choses — et si nous avons atteint un degré d'évolution plus élevé que celui de la moyenne des gens, nous devons d'autant plus les aider.

Nous venons à l'existence physique d'incarnation en incarnation, selon la loi inhérente à notre nature, pour travailler sur les idées, les passions et les pensées humaines ; nous qui les avons créées, qui les avons nourries, sommes cependant immortels. Si nous n'étions immortels dans notre nature profonde, nous ne pourrions jamais devenir immortels, quelles que soient les circonstances. Si nous étions inférieurs à la Divinité, il n'y aurait pour nous aucune possibilité de comprendre la Divinité. Les êtres qui ont été des hommes et qui ont dépassé le stade de nos illusions actuelles — Jésus de Nazareth, Bouddha, et beaucoup d'autres — ont atteint Leur Divinité. Ils acceptent les affres de la naissance auxquelles sont voués leurs frères plus jeunes pour venir nous rappeler notre propre nature, la seule sur laquelle nous ayons un contrôle permanent — afin que nous puissions devenir comme l'Un d'Eux, unis à eux ainsi qu'à toute la nature. Vivre pour autrui, tel est le fondement et la base de la religion — de la véritable connaissance.

Note

1) [H.P. Blavatsky, The Secret Doctrine, Londres, T.P.H., 1888. Ed. fac-simile, Los Angeles, Theos. CO, 1974.]

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