UNION

LES ENSEIGNEMENTS DES MAITRES DE LA HIERARCHIE

LE MONDE DE DEMAIN Par Annie BESANT - 1909

LA RACE DE DEMAIN

LA RACE DE DEMAIN


Ceux qui parmi vous ont assisté à cette série de conférences, ont pu observer, qu'en parlant des nouvelles portes ouvertes sur la Religion, la Science et l'Art, je ne me suis que très sommairement étendue sur les changements destinés à survenir dans l'organisme humain et sur l'évolution de la conscience. Je promis alors de revenir à cette question lorsque j'arriverais à traiter de "La Race de demain".
La nature, le caractère de cette évolution de la conscience, les changements que celle-ci apporte dans le corps humain et qui permettront aux pouvoirs de la conscience de se manifester dans notre monde physique, telles sont les questions se rattachant spécialement, et logiquement, au sujet qui fera l'objet de ma conférence, soit : "La Race de demain". Les grandes transformations du type humain formeront donc aujourd'hui mon principal thème. [171]


* * *


Afin de vous y préparer et de vous y amener progressivement, sans efforts et sans une trop grande surprise de votre part, je vous inviterai à vouloir bien, pendant quelques instants, porter avec moi votre attention sur certaines grandes méthodes d'étude que nous trouvons continuellement employées par les mystiques du passé, et adoptées, de nos jours, presque couramment, par la science moderne.
La raison pour laquelle cette dernière les adopta, est la même raison qui incita les mystiques à les préconiser. La science de notre époque s'est trouvée en présence d'une période de croissance si importante et si vaste, que l'homme de science se trouve dans l'impossibilité d'observer ; il est obligé de chercher un principe général à l'aide duquel, après avoir observé ce qui lui tombe sous les sens, il peut, par induction, se rendre compte de l'enchainement des causes et des résultats. Telle est la raison qui fit adopter cette méthode appelée encore :
Principe des correspondances.


PRINCIPE DES CORRESPONDANCES


Les mystiques de toutes les écoles du passé [172] ont, je le répète, utilisé ce principe. Le célèbre mystique Swendenborg, en Suède, basa en grande partie ses théories sur ce système des correspondances ; il essaya de prévoir l'avenir en étudiant ce qu'il avait à sa portée, quelque insignifiant que pût paraitre l'objet de cette étude, comparativement aux importantes déductions qu'il en tirait. De nos jours, la science emploie les mêmes moyens, et j'attire tout d'abord votre attention sur ce point, pour vous bien persuader qu'en utilisant, nous aussi, cette même méthode, nous demeurons sur un domaine ferme, stable, admis et reconnu. C'est la méthode que l'on emploie journellement dans les recherches s'appliquant particulièrement aux successions d'évènements, aux lois sérielles.
La science a surtout fait bon emploi de ce système des correspondances dans les deux branches suivantes : celle de l'évolutionnisme, aidée en cela par l'étude de l'embryologie ; puis celle de l'évolution de la conscience dans l'humanité en général, aidée cette fois par l'observation et l'étude de la conscience humaine dans l'enfance, l'adolescence et la maturité.
Si nous nous arrêtons un peu sur les grandes séries évolutives du passé, nous nous [173] verrons, dès l'abord, obligés de convenir que l'observation ne peut s'appliquer que dans une faible mesure. Il est vrai certes, que, grâce à la géologie, de nombreux squelettes du passé ont pu être exhumés, examinés, ce qui éclaira d'une vive lumière les différentes classes auxquelles appartenaient les animaux des périodes préhistoriques. Les fossiles peuvent encore, dans une large mesure, nous aider à reconstituer l'histoire et l'évolution de notre globe, mais, – et tous ceux qui se sont intéressés à la classification géologique ne l'ignorent point, – cette classification présente souvent des lacunes. La géologie est à cet égard très imparfaite, nullement satisfaisante, et cependant l'on est bien obligé de se contenter des quelques aperçus qu'elle donne pour retracer l'évolution, trouver dans les fossiles le principe de vie qui s'est graduellement développé sur terre. Étant données ces difficultés dans la reconstitution du passé, les évolutionnistes se sont tournés vers l'étude du présent, vers la croissance de l'individu tel qu'il se présente à leurs yeux, vers les stades successifs traversés par l'organisme, – spécialement durant la période prénatale, – et c'est en grande partie l'embryologie qui permit d'éclairer les vérités contenues dans les [174] théories évolutionnistes. On a effectivement observé, en examinant la croissance prénatale du corps humain d'un individu, que celle-ci passe par une série de stades nettement déterminés. L'une de ces périodes présente les caractéristiques du poisson, période des plus intéressantes en ce qui concerne l'anatomie de certains nerfs ; on trouve ensuite la période du reptile, puis celle du mammifère et ainsi de suite, jusqu'au plus haut spécimen des mammifères : l'homme.
Au point de vue de l'observation pure et simple voilà une constatation de peu d'importance, si l'on n'applique pas le raisonnement à cette invariable succession de périodes déterminées. Mais si l'homme ne se contente pas d'observer cette série de phénomènes, s'il utilise la puissance de la raison pour chercher le pourquoi de ces phénomènes invariables dans leur succession, il s'aperçoit que, dans le corps d'un seul et même individu, se retrace et se répète toute l'évolution de la nature ; il s'aperçoit que, dans le plus haut produit actuel de la nature, – la forme humaine, – se retrouve, nettement indiquée, toute l'histoire de l'évolution des formes du passé. Quoique, certainement, les détails n'en soient pas observables, [175] la succession de phénomènes n'en est pas moins là ; cette série se répète invariablement dans la forme la plus haute et la plus noble. Travaillant dès lors par régression, à la lumière de ce fait, la science put reconnaitre, très clairement, les périodes d'évolution dont les fossiles fournirent à la géologie d'imparfaites annales ; elle retrouve là la grande période des poissons dans laquelle aucune autre classe supérieure de vertébrés n'existe ; elle retrouve la période des reptiles, celle des mammifères et finalement celle de l'homme.
Reconstituant ainsi le passé en se basant sur l'observation de certains phénomènes actuels, la science reconnait donc la vérité de cet antique principe des correspondances qui sert de clef pour les domaines hors de notre portée, là où l'observation nous est impossible ; il nous rend susceptibles, en utilisant la loi d'analogie, de tracer notre chemin dans ces labyrinthes du passé.
Ce n'est pas seulement pour l'étude de l'évolution éonienne des êtres et l'embryologie que la science adopta ce, Principe des correspondances.
Elle s'aperçut aussi qu'il s'appliquait à [176] l'intellect aussi bien qu'au corps physique et que, là encore, il permet de ne pas s'égarer dans les méandres du passé. Elle reconnut que les stades de la conscience humaine peuvent être suivis à partir de son point de départ, au moment où s'affirme la volonté de vivre, passant ensuite au développement de la conscience chez l'enfant pour arriver à l'époque des passions juvéniles, jusqu'au moment enfin où la mentalité domine, c'est-à-dire à l'âge mûr. Et elle poursuit dans cette voie avec force détails, nous montrant comment l'enfant nous représente, à un moment déterminé, la conscience du sauvage ; comment, un peu plus tard, la conscience monte d'un degré tout en demeurant au stade passionnel et grossier, pour pénétrer ensuite dans le domaine de l'émotion où l'art et la beauté commencent à intéresser la nature humaine, et arriver, plus tard encore, à cette merveilleuse intelligence qu'elle considère comme le couronnement de la conscience humaine.
Cette méthode, familière aux plus réfléchis et aux plus instruits parmi vous, a conduit la science à faire de nouvelles découvertes, à mettre à jour beaucoup des choses cachées de la nature. [177]


PRÉVOIR L'AVENIR


Si cela est incontestable, il y a cependant un point que la science se refuse continuellement à dépasser. Elle utilise les correspondances pour dévoiler le passé, mais il ne lui vient pas à l'idée de s'en servir pour
Prévoir l'avenir.
Cela n'a rien qui puisse nous étonner puisque, d'après la science, il est pratiquement impossible de prévoir l'avenir. La science procède par induction, non par déduction ; elle rassemble quantité de faits, les arrange, les classifie, les compare ; cela accompli, elle, s'efforce, par une induction logique, de trouver le grand principe qui les régit et les explique ; c'est ainsi qu'on découvre une nouvelle loi. Mais l'induction ne nous conduit pas plus loin ; elle ne peut nous entrainer au-delà des faits observables. Il n'est rien dans les faits observés qui puisse nous faire prévoir ce qui surviendra par la suite ; il faut, pour cela, utiliser l'autre méthode qui est tout aussi logique, non pas celle de l'induction que la science préconise, mais celle de la déduction que nous retrouvons dans toutes les grandes philosophies de l'antiquité, dans la seule science parfaite : les [178] mathématiques, dans la méthode de Platon contre celle d'Aristote. C'est seulement grâce à elle, que nous pourrons, non seulement expliquer le passé, mais prédire Ce que sera l'avenir.


CE QUE SERA L'AVENIR


Ce n'est qu'en employant ce processus logique et plus noble, que la science occulte a toujours été en mesure de prévoir le futur en considérant les principes qu'elle trouve dans l'univers et la graduelle évolution de celui-ci.
Je désire maintenant, si je le puis, vous montrer comment cette méthode peut s'appliquer ; comment, connaissant la nature de l'homme, il nous est possible d'indiquer non seulement l'histoire de son passé, passé grâce auquel nous nous sommes élevés loin au-dessus de ce que nous voyons de plus haut dans l'histoire, mais d'éclairer aussi la route que l'homme doit parcourir dans l'avenir, de désigner les sommets qu'il est appelé à gravir en manifestant les pouvoirs qu'il ne possède actuellement qu'à l'état latent, son évolution n'étant pas encore terminée.


LA LOI DE RÉFLEXION


Il existe encore une autre chose susceptible de nous servir de clef, tout aussi bien que le [179] principe des correspondances, et qui, je le crois du moins, n'a pas encore été adoptée par la science ; si je n'en suis pas absolument certaine, c'est que la science progresse si rapidement de nos jours qu'il n'est pas possible de se tenir au courant de toutes les découvertes récentes avec tous leurs détails.
Cette autre chose, cet autre grand principe c'est La Loi de Réflexion.
Vous pouvez voir une montagne se refléter dans un lac ; toutes ses particularités, ses contours, sa végétation, se reproduisent dans la nappe liquide et tranquille qui baigne ses pieds, en sorte que la cime se trouve
réfléchie dans l'eau au point le plus bas, que toute la partie intermédiaire a son image renversée, le point supérieur devenant le point inférieur, et ainsi de suite. Vous arrivez enfin au point de jonction, à la ligne qui sépare l'eau de la montagne ; là, ce qui sera le plus près de nous sur la montagne sera aussi le plus près de nous sur l'eau. De même, notre étude de l'homme sera-t-elle facilitée si nous considérons celui-ci comme une réflexion du divin, manifestation du triple aspect de la vie divine dans l'homme. [180]
Vous voici en droit de me demander ce que j'entends exactement par réflexion.
C'est la reproduction des caractéristiques divines dans une forme de matière plus dense et plus grossière. Voilà ce que j'entends par réflexion. Comme la montagne, baignant dans l'atmosphère, se reflète sur l'eau plus dense que l'air, les attributs spirituels se réfléchissent sur la matière grossière. En d'autres termes, la même qualité, ou plutôt une qualité analogue, s'incorpore dans une matière plus grossière, où elle se trouve naturellement plus limitée dans ses pouvoirs, avec des facultés par conséquent moins puissantes.
Tel est l'usage que nous faisons du mot réflexion dans notre littérature théosophique. Les caractéristiques sont les mêmes, mais la matière plus dense limite et, dans un certain sens, obscurcit leur manifestation.
Ainsi, la volonté suprême qui amène l'univers à l'existence, se reflète, dans l'homme, comme La volonté de vivre.


LA VOLONTÉ DE VIVRE

 

Celle-ci étant d'un côté la plus haute manifestation de la divinité, elle apparait au stade [181] le plus inférieur de l'évolution lorsqu'elle est reflétée dans l'homme ; c'est alors la caractéristique principale de la conscience humaine naissante. Cette volonté de vivre est, chez le nouveau-né, le seul véritable signe de conscience ; elle se traduit par des mouvements, indiquant qu'elle s'efforce de prendre contact avec le monde extérieur et de se rendre compte de ce qui l'entoure.
Apparait ensuite le second grand aspect de la divinité : "Sagesse-Amour", que nous retrouvons chez les chrétiens dans la seconde personne de la Trinité. Il se reflète dans la nature humaine sous forme d'émotions pures, nobles, désintéressées qui constituent le second grand stade de la conscience humaine, laquelle abandonne ainsi les degrés inférieurs de la passion, pour s'élever graduellement et sans interruption jusqu'à la plus glorieuse manifestation de l'émotion.
Suit enfin le troisième aspect, "l'Activité créatrice" qui, dans le Christianisme, est l'Esprit créateur ; il se manifeste chez l'homme comme le seul pouvoir créateur, le pouvoir de la pensée, dont l'une des expressions, l'imagination, possède le don de créer avec le concours de la force intellectuelle inhérente à l'homme. [182]
La correspondance est donc parfaite, ainsi que vous pouvez le constater. Mais combien limitée est cette manifestation comparativement à la manifestation sur les plans de la divinité ! De là il résulte cette reproduction imparfaite que nous appelons : Loi de Réflexion.
Nous la rencontrons souvent avec la Loi des correspondances, ce qui nous donne une clef de plus pour nous guider au travers des difficultés et des obscurités, là où la vision directe nous fait défaut.
Revenons maintenant à l'être humain. Procédant ainsi par déduction, et considérant l'homme comme l'image du Suprême, rien ne peut interrompre notre étude, constatation faite de ces trois grands points :
La volonté de vivre, se traduisant par l'activité ;
Le stade de la passion et de l'émotion ;
Le stade de l'intelligence.
En effet, nous pouvons voir qu'au-delà de ces stades, ces mêmes attributs de la divinité se présentent sous une forme plus noble, plus subtile, dans ce que nous appelons l'âme humaine. Cette âme, cet Esprit humain, en reproduisant les trois grands aspects, peut donc nous [183] indiquer l'avenir, comme les réflexions inférieures nous indiquent le passé.
C'est ainsi que nous pouvons, non seulement suivre l'évolution de la conscience dans les grandes périodes du passé, ainsi que le fait la science, mais nous pouvons regarder en avant, dans le futur, où se répète, à un degré supérieur, la manifestation du divin qui évolue graduellement en nous, et prépare les qualités destinées aux périodes ultérieures de notre évolution humaine.


LA RÉINCARNATION


Il est maintenant indispensable de reconnaitre que cette théorie est incomplète et imparfaite à moins que vous n'admettiez La Réincarnation, vérité fondamentale sans laquelle vous ne saurez vous rendre compte du développement de l'Esprit divin dans l'homme. Pour cela en effet, il vous faut compter avec le temps et avec l'ambiance qui rendent possible la succession de ces différentes périodes dans une évolution humaine.
En examinant l'humanité, nous voyons que bien des hommes disparurent étant encore à l'état sauvage, état dans lequel le stade [184] rudimentaire de la conscience est seul manifeste ; d'autres s'élevèrent au-dessus de cet état sauvage mais esclaves encore de leurs passions et de leurs émotions fortes et égoïstes ; d'autres, supérieurs à ces derniers, témoignèrent plus tard de qualités intellectuelles, le mental commençant à prédominer en eux. Si vous n'admettez pas un développement continu de la conscience individuelle, vous vous verrez entourés de difficultés nombreuses et ardues, lorsque vous tenterez d'expliquer l'évolution humaine. Si, en effet, vous suivez plus loin ces différentes consciences, avec la certitude qu'elles ne reviendront jamais à l'école de la vie pour y apprendre les leçons qu'elles n'ont pu apprendre dans la classe préparatoire qu'est la vie du sauvage, il vous faudra vous imaginer un ciel, ou plutôt des cieux dont l'un est rempli de ces âmes n'ayant traversé sur la terre que l'état sauvage, un autre rempli de ces âmes ayant atteint le stade émotionnel sans toutefois avoir développé la raison et qui, par conséquent, ne sont pas encore sorties de leur sauvagerie ; puis un troisième ciel pour les hommes doués d'une certaine intelligence, mais dépourvus de la volonté de vivre spéciale au sauvage et du côté émotif caractérisant l'homme [185] à demi cultivé. De la sorte, vous faites de l'au-delà un monde plus fantastique que rationnel et, de ce fait même, vous en arrivez à poser le principe d'une Évolution post mortem.


ÉVOLUTION POST MORTEM


Dès lors que vous admettez ce principe, vous adoptez forcément le principe de la réincarnation, même en plaçant cette évolution sur d'autres mondes que le nôtre 8. Certes, ici encore, surgissent de nouvelles difficultés, mais je ne m'y attarderai pas, n'ayant pas l'intention de m'étendre en ce moment sur la réincarnation. Mais supposez que vous l'acceptiez : tout vous devient alors compréhensible ; vous vous représentez désormais, très bien, une intelligence spirituelle évoluant par degrés successifs, chacun d'eux ayant été préparé par celui qui le précédait.
Appliquant ce processus à l'évolution de [186] l'humanité, vous distinguerez nettement les périodes de l'enfance, de l'adolescence et de l'adulte ; arrivés là, vous attendez celle du développement de l'homme spirituel. Si vous préférez appliquer ce même processus aux vastes époques du passé, vous vous trouverez en présence de "l'homme-animal", de l'homme esclave de la passion, puis de l'homme intellectuel ; et vous ne vous arrêterez pas là. Vous ne pourrez vous retenir de penser qu'un quatrième état, celui de l'homme spirituel, doit suivre. Tels sont les quatre stades qu'il vous est possible de retrouver en vous aidant du principe de déduction que je préconisais tout à l'heure. En l'appliquant, nous voyons la vie divine nous conduire loin en avant, vers un stade que nul n'a encore atteint, sauf quelques glorieux êtres humains.
Or, lorsque dans les limites de votre propre champ visuel, vous aurez personnellement constaté la présence complète des trois premiers stades, auxquels s'ajoute un quatrième, naissant et encore caché en vous, – (ce sont là les quatre stades visibles à notre degré actuel d'évolution) – ; quand, dans l'existence entière d'une individualité en réincarnation, vous aurez constaté la présence de ces mêmes trois [187] stades et l'apparition imminente du suivant ; quand, pour l'évolution, en général, vous aurez fait semblable constatation, vous ne serez pas surpris d'en arriver finalement aux races, telles que la Théosophie les indique. Il vous sera, en outre, aisé de distinguer, dans l'humanité primitive, la première de ces races à laquelle on puisse ajouter le qualificatif d'humaine, – les précédentes ne se rapportant qu'à l'homme semi-animal, et vous assisterez à la naissance de l'humanité telle que vous la connaissez aujourd'hui. Nous appelons Lémurienne la première de ces races. Il est intéressant de noter que Haeckel parle du continent perdu de la Lémurie comme ayant été le berceau de l'Humanité ; la science moderne en arrive donc peu à peu à corroborer ces antiques enseignements. Dans la race lémurienne se manifeste fortement la volonté de vivre. La race atlantéenne lui succéda : ce fut celle qui vécut sur ce vaste continent de l'Atlantide dont l'existence se trouve être admise de plus en plus par la science, nécessité logique dont elle ne peut se passer pour expliquer certains faits, géologiques et archéologiques, la plus grande partie du continent ayant été engloutie sous l'Océan Atlantique. Les recherches [188] archéologiques nous prouvent, malgré tout, l'identité de caractéristiques raciales en des lieux séparés maintenant par l'Atlantique.

8 Ce principe de la réincarnation est admis, dans ce sens, par de nombreux spiritualistes qui ne croient pas au retour de l'homme sur la terre. Pour leur prouver la nécessité de la réincarnation, telle que nous la comprenons, d'autres arguments qua ceux que nous employons ici, devraient être présentés. (Note de l'Auteur.)


L'archéologie, en effet, nous montre que les tableaux, les symboles, et les reproductions de quelques types humains de l'Égypte ancienne correspondent exactement avec les symboles, les types humains, la philosophie et la religion qu'on retrouve au Mexique méridional, dans une civilisation depuis longtemps disparue, chassée par les Aztèques qui étaient eux-mêmes corrompus et voués à la décadence, lorsque les Espagnols s'emparèrent de Mexico. Dans ces deux grandes et lointaines parties de la croute terrestre séparées par l'Atlantique, nous retrouvons chez l'une ce que nous avons découvert chez l'autre. Je pourrais vous en donner, de nombreux exemples, mais, jugeant qu'il est inutile de m'étendre davantage sur ce sujet, je vous rappellerai seulement les similitudes entre la faune et la flore et les frappantes ressemblances architecturales en des contrées que les mers séparent aujourd'hui. Toutes ces observations conduisirent les hommes de science à admettre l'existence du grand continent de l'Atlantide.
Si les Lémuriens, sous des formes grotesques, [189] ne manifestèrent que la volonté de vivre, les Atlantes, eux, manifestèrent la passion, l'appétit sensuel, le désir. Toute leur civilisation fut imprégnée d'une nature passionnelle. Nous ne faisons d'ailleurs que retrouver là, en fait, ce que nous avons découvert théoriquement tout à l'heure.


LES FORMES INFÉRIEURES DU PSYCHISME


Ce qui se produit invariablement pour le type humain passionnel et dépourvu d'intelligence, se produisit aussi pour la race atlantéenne, ce qui revient à dire que celle-ci développa Les formes inférieures du Psychisme.
Nous appliquons ce terme lorsque nous voyons se préciser les facultés rudimentaires concernant la vision de l'invisible, l'audition de l'inaudible, etc… Nous les rencontrons chez quelques espèces du règne animal ; elles sont largement répandues dans beaucoup de tribus sauvages ; elles se rencontrent encore parfois chez les montagnards et dans les lieux où l'air est pur, où la nature se trouve avoir encore sa primitive virginité. Ces facultés ne sont ni indépendantes ni précises ; elles ne sont pas sous le contrôle de la volonté et paraissent au [190] contraire s'éveiller sous l'impulsion des passions, des émotions et très rarement, pour ne pas dire jamais, sous l'influence du mental.
Or, en examinant ce grand peuple des Atlantes, nous y voyons les individus manifester ces mêmes formes de psychisme que nous trouvons dans l'animalité supérieure et au degré inférieur de l'évolution humaine, avant que le mental ne soit entré en jeu, avant que le système nerveux cérébrospinal (caractéristique de l'homme moderne) n'ait dominé le système sympathique, prépondérant chez l'animal.
Nous arrivons ensuite à une période où nous pouvons voir comment nait une nouvelle race, ce qui nous aidera beaucoup pour l'étude de la nouvelle race de demain.
En jetant nos regards sur ce lointain passé de l'histoire du monde, nous découvrons qu'une sélection s'opéra parmi les Atlantes ; et nous remarquons que cette sélection ne s'opéra nullement parmi ceux qui contribuèrent à mener le type atlantéen à son plus haut point de perfection, mais au contraire dans une subdivision de cette race, ce que nous appelons une sous-race. Les qualités qui avaient amené les Atlantes à l'apogée, étaient absentes dans cette sous-race ; en revanche celle-ci possédait des [191] germes que ne possédaient pas les types atlantéens les plus parfaits, c'est-à-dire les germes du développement mental.
Certains parmi vous ont probablement entendu parler de la race Toltèque : c'est dans cette race, ou, plutôt, dans cette sous-race, que la civilisation atlantéenne atteignit son apogée. Ce n'est pas elle qui fournit les premiers éléments de la race aryenne ; ce fut la sous-race qui lui succéda et dans laquelle, je le répète, certaines qualités mentales commencèrent à poindre, entrainant avec elles un résultat inévitable : la disparition des facultés psychiques qui, graduellement, se retirèrent à l'arrière-plan et disparurent.
Regardez autour de vous ! Vous vous rendrez compte combien cela reste vrai, de nos jours, pour les individus de peu d'intellectualité, pour les psychiques non entrainés. Combien leur mental est peu développé ! Un faible pouvoir de pensée accompagne toujours cette forme inférieure de psychisme. C'est pourquoi ceux qui devaient être les germes de notre propre grande race, ne furent pas choisis parmi les types les plus avancés et les plus admirés de la civilisation atlantéenne mais, bien plutôt, chez ceux qui ne possédaient pas ces facultés [192] que l'on considérait alors comme les plus dignes d'attention. Ceux qui se trouvaient être inférieurs aux Toltèques triomphants furent au contraire choisis ; c'est dans ce petit peuple de peu d'apparence que se trouvaient pourtant renfermées les promesses de l'avenir. On rassembla les individus, on les isola du reste du monde civilisé d'alors, on en fit des types déterminés. Tous les archétypes de l'espèce humaine existent dans le Mental du Logos avant d'être manifestés dans la matière de notre globe terrestre. L'idée précède toujours la manifestation. Les sept grands types humains destinés à évoluer sur notre planète dans le cycle actuel, existèrent d'abord comme idées, ce mot étant pris dans le sens que lui donnait Platon. Ce furent donc les types vers lesquels les grands Êtres dirigèrent l'évolution de l'humanité et, au moment où la quatrième race atteignait son Zénith, naquit la cinquième.
Les mêmes grandes lois, à un degré bien inférieur, sont employées par les horticulteurs ou les éleveurs de bestiaux lorsqu'ils s'efforcent de créer une nouvelle espèce qu'ils conçoivent d'abord mentalement. Ne l'oubliez pas, les pétales d'une fleur nouvelle, ou la chair et le sang d'un nouvel animal, ne peuvent être [193] obtenus, par l'horticulteur ou l'éleveur, que grâce à ces lois qui, pour de plus hauts et plus grandioses desseins, furent utilisées par le grand législateur de la nouvelle race, afin de constituer le type idéal de ce que nous connaissons maintenant sous le nom de type Aryen.
Si vous comparez un homme du Cachemire, dans l'Inde septentrionale, avec votre meilleur type caucasien, vous trouverez entre eux une étrange ressemblance, une copie l'un de l'autre. Je choisis intentionnellement l'homme du Cachemire qui possède la peau délicate des races blanches ; étant donnés le climat tempéré dans lequel il vit, et son isolement, – privé qu'il est de toute communication avec les autres contrées ; – étant donnée encore la difficulté qu'il a de se joindre à ses semblables, ce type d'homme est ainsi plus pur là, que partout ailleurs sur terre. Peau délicate, yeux bleus ou violets, cheveux bruns aux ombres variées, les traits nettement accusés, les lèvres minces, le nez fin et bien formé, vous avez là l'un des plus beaux types de la beauté humaine que vous puissiez trouver ici-bas. Vous le trouvez reproduit partout, avec différentes modifications à mesure que les sous-races évoluent, niais le type primitif est partout reconnaissable. La [194] forme de la tête, le front largement découvert, – ce qui permet au cerveau de manifester toutes les facultés intellectuelles, – ce type est bien celui enfin d'une mentalité supérieure et s'adapte parfaitement à la race, dont le rôle sera de conduire l'intellect humain à ses plus hautes possibilités.
Revenant un peu en arrière et en envisageant les sous-races, vous remarquerez que ce qui vous frappait à propos de l'Atlante psychique et de la sous-race très peu psychique qui donna naissance à la nôtre, vous frappe encore ici. Comparez le pur type romain, séduisant, bien pris, cultivé, avec le Goth qui donna naissance à la sous-race teutonique, là encore vous constatez le même fait : le contraste frappant entre le type prédominant et celui, apparemment inférieur, qui, lui, possède la possibilité de s'élever beaucoup plus haut que son prédécesseur.


LES GERMES DE LA RACE DE DEMAIN


En procédant par analogie et en suivant ce principe, nous verrons immédiatement, aujourd'hui, que le type de la race de demain ne sera pas celui de ceux qui triomphent et sont à présent les plus beaux spécimens de la race, mais bien celui des individus chez qui les grandes caractéristiques actuelles sont, il est vrai, moins développées, mais possèdent le germe de ce qui [195] est appelé à se développer plus glorieusement, plus divinement dans l'avenir. Ainsi donc, lorsque nous cherchons
Les germes de la race de demain, ne cherchons pas parmi les Aryens d'aujourd'hui qui présentent les plus hautes facultés mentales, la plus grande intelligence, la plus grande puissance de pensée : le rôle de ceux-là est d'amener la civilisation actuelle à son zénith. Qui donc, sinon eux, peut remplir ce rôle ? Ils ont développé le mental, la grande caractéristique de cette cinquième sous-race teutonne ; à eux la mission, à eux le privilège de guider cette sous-race à son plus haut degré de perfection. Ceux-là seulement dont l'intelligence est puissamment manifeste, sauront conduire la civilisation présente à la gloire qui l'attend, et ce sont eux les leadeurs du type humain le plus accompli qui soit aujourd'hui ; ce sont eux que la race considère comme devant amener l'intelligence à sa plus splendide expression. Nous ne chercherons donc pas là les germes de la race de demain qui doit être et sera, car, en utilisant notre loi des correspondances, nous nous rendons compte que la [196] connaissance de l'homme spirituel doit suivre celle de l'homme intellectuel. Ce qui est au-dessus de l'intellect, ce qui est supérieur à l'esprit scientifique, les qualités des grands instructeurs religieux du passé, les vertus qui caractérisent un Bouddha, un Christ, telles sont les qualités spirituelles qui se distinguent de celles du mental, et c'est leur germination qui marquera le début de la race à venir.
Nous pouvons voir dès à présent, dans la race actuelle, des signes de ces changements dans l'évolution, signes qui indiquent peu à peu le type de conscience qui préparera graduellement les corps à une manifestation plus complète des qualités appelées à se développer. Quel est en effet ce qui caractérise le plus ces types spirituels de l'humanité, quelle qualité brille avec le plus d'éclat partout où elle apparait sur terre ? C'est celle que nous nommons aujourd'hui :
Fraternité !


FRATERNITÉ


C'est la reconnaissance de l'unité de vie d'où résultent une infinie compassion et le perpétuel sacrifice de soi-même. C'est là ce que nous rencontrons chez les grands Êtres de notre [197] race, Eux qui ont atteint la nature spirituelle, Eux qui rayonnent la gloire de l'Esprit divin. C'est un fait remarquable qu'en chacun des grands Fondateurs dans le passé, cette qualité est celle dont l'éclat fait pâlir toutes les autres ; elle est celle qui permet de les reconnaitre entre tous ceux parmi lesquels ils sont nés.
L'amour de l'infortuné et du faible, leurs efforts pour encourager les vaincus de la vie et les opprimés, pour partager tout ce qu'ils possèdent, pour élever l'idéal, en un mot pour rendre heureux, pour sauver, telle est la grande caractéristique spirituelle de tous les Sauveurs du monde. Et c'est pourquoi ceux qui, de nos jours, partagent leur croyance et pratiquent la Fraternité universelle, s'attachent dès lors avec ardeur à leur perfectionnement moral, pour former les bases de la race de demain. Ils peuvent être d'une intelligence moyenne, peu importe, ce n'est pas là ce qui leur est demandé pour le moment : ils peuvent ne pas contribuer aux victoires triomphantes de l'intelligence, peu importe, ces victoires ne leur sont pas nécessaires pour constituer le noyau de la nouvelle race. Ce sont les qualités supérieures de l'esprit que le Guide de la race recherche, pour qu'Il puisse graduellement préparer le moule [198] du type humain qu'il a conçu et faire de ces possibilités, de ces germes, L'homme de demain.


L'HOMME DE DEMAIN


Arrêtons-nous un instant pour considérer maintenant quelles doivent être les caractéristiques spéciales à la conscience et au corps.
Pour la conscience, c'est évidemment la conception de l'Unité, chose essentielle, car là où l'intelligence divise, l'Esprit rassemble, tendant sans cesse à l'unité. Voir la même vie dans chaque être plutôt que des formes séparées, voir le même "Moi" chez tous plutôt que des "Moi" séparés et matérialisés en des corps, telle sera la grande caractéristique de la conscience, tel sera son développement partout où cette Unité sera reconnue ; c'est là un des signes distinctifs de la race de demain.
Parallèlement à ce développement, – résultat inévitable, – un souffle de libéralité et de tolérance animera ceux chez qui le sentiment d'unité sera éveillé. Tout ce qui est étroit et exclusif, tout ce qui tend à séparer, qui provoque des différences au lieu d'unifier, est contraire à la conscience qui reconnait l'Un chez tous, la Divinité partout. Grâce à cet [199] épanouissement de la conscience s'édifiera un corps spécialement organisé dont nous voyons parmi nous aujourd'hui les premières caractéristiques.
Lorsqu'un changement doit survenir et qu'un nouveau type doit commencer à évoluer, il est à remarquer que ceux qui doivent contribuer à ce changement sont, selon l'expression accoutumée, instables. L'instabilité est un signe de progrès ou de dégénérescence ; il existe une instabilité résultant de la santé comme il y a celle de la maladie et, avec la transformation du système nerveux, vous trouverez cette instabilité sous ses deux formes. Quel est en effet aujourd'hui ce qui nous frappe le plus en ce qui concerne les corps des races les plus avancées sur terre ? Ce sont Les troubles nerveux,
troubles de toutes sortes que l'on rencontre notamment chez les êtres les plus développés. Il est inutile d'attirer votre attention sur ce point que nul d'entre vous n'ignore.


LES TROUBLES NERVEUX


Une trop grande tension du système nerveux se manifeste de bien des manières ; la plus triste est l'accroissement des cas de folie dans [200] les nations les plus civilisées du monde. Les asiles d'aliénés se multiplient, à peine l'un est-il achevé qu'il devient nécessaire d'en construire un autre. C'est là le pénible spectacle auquel nous assistons lorsque nous cherchons, autour de nous, les signes précurseurs de la nouvelle race. Les divisions, les compétitions, les luttes, la concurrence effrénée, – commerciale et individuelle, – de la race actuelle, qui d'ailleurs s'est elle-même imposé ses conditions présentes d'existence, sont autant de choses funestes au système nerveux de l'homme.
L'ambiance est intolérable, toutes les choses qui nous entourent sont désastreuses pour le développement d'une organisation nerveuse, plus délicate, plus sensible, plus vibrante ; pourtant la force irrésistible de la nature pousse la race humaine en avant, et il est impossible de s'opposer au courant de l'évolution sans courir le risque d'une complète destruction. Puisse cela nous servir de leçon et contribuer à nous guider dans la vie ordinaire !
Nous vivons dans une ambiance qui est contraire à l'évolution supérieure ; un grand danger nous menace si nous persistons à, ne pas nous inquiéter de cette évolution au moment où la prochaine race doit naitre. [201]
Si nous voulons progresser, nous aurons à nous adapter à de nouvelles conditions ; cette adaptation est de la plus grande importance actuellement. Déjà naissent des enfants dont l'organisme nerveux est d'un type supérieur ; ils ne sont pas pour cela maladifs ; la plupart au contraire sont le plus souvent en excellente santé, mais leur organisme est si délicatement constitué qu'il est fréquemment sujet à des troubles. Plus d'un parmi vous, en tant que parents, savent par expérience que des enfants naissent maintenant avec un système nerveux d'une sensitivité telle, que ces jeunes créatures sont facilement désorientées ; lorsqu'ils souffrent, ils souffrent d'une manière anormale. Il est donc absolument nécessaire, pour les parents, de ne pas oublier que les enfants qu'ils ont sous leur protection, qu'ils éduquent et aident, possèdent des organismes tels, que les petits êtres éprouvent la peine ou la joie d'une façon beaucoup plus intense que ceux dont les corps ne sont pas aussi merveilleusement constitués et équilibrés. Un tel enfant éprouve de la peine là où un autre, d'une nature moins élevée, sera insensible, ne se rendant pas même compte de ce qui peut causer cette peine. D'un autre côté, une joie intense, chez un tel être, [202] est toujours suivie d'une période de dépression extrême. Ces enfants devraient être, autant que possible, préservés de tout ce qui peut leur nuire et les troubler. Il est inutile de chercher à les acclimater à un milieu dont vos systèmes nerveux, à vous, ne souffrent pas. Bien au contraire, le devoir des parents est de chercher à les placer dans une ambiance douce et harmonieuse, sans laquelle leurs délicats instruments seront gravement atteints, désaccordés, et, par suite, incapables d'exprimer les ravissantes mélodies qu'ils auraient pu nous faire entendre, car ces instruments ne tardent pas à se briser et sont voués dès lors à la mort.


LONDRES EST DEVENU PRESQUE INTOLÉRABLE


Pensez un instant aux conditions actuelles d'existence dans Londres. Durant ces dix dernières années Londres est devenu presque intolérable,
avec son vacarme assourdissant, sa perpétuelle agitation, les hurlements et les crissements de ses rues, les trépidations du sol lui-même sous les lourds véhicules qui le parcourent. Londres est tel que, pour vivre dans le calme, il faudrait du coton dans les oreilles, des lunettes noires sur les yeux et aussi un [203] mouchoir sur le nez, afin de ne pas respirer ces odeurs infectes dont les rues sont empestées.
En réalité le remède suivant s'impose : tous les gens les plus délicats et les plus évolués déserteront ces énormes capitales pour les abandonner à ceux qui les aiment, et ces derniers ne manquent pas ; quantité de gens recherchent le bruit, le tumulte, le vacarme des rues de Londres ; la vue de cette ville transporte les paysans de joie et d'admiration. Par contre, si vous envoyez un Londonien à la campagne, il ne cessera de vous dire combien celle-ci est profondément ennuyeuse et triste.
Pourquoi ne pas laisser ces énormes capitales à ceux qui s'y plaisent et qui peuvent y évoluer ? L'intelligence, celle qui est préjudiciable à un système nerveux délicat, est au contraire le stimulant nécessaire à l'évolution d'un système nerveux d'un type inférieur et grossier. Je ne désire pas le moins du monde la disparition de ces grandes capitales, mais je dis à tous ceux qui souffrent de leur vacarme, de leur cohue et de leur fièvre : "Votre place n'est plus ici, et, par-dessus tout, vos enfants ne peuvent en retirer aucun bien." Plus le système nerveux du père et de la mère sera délicat, plus délicate aussi sera [204] l'organisation nerveuse de l'enfant ; si celui-ci souffre de la grande ville, emmenez-le loin de Londres à la campagne ; c'est là un devoir pour les parents ; qu'ils songent à se placer, eux et leurs enfants, dans une ambiance meilleure et plus calme.
Non seulement la vie, telle qu'on la mène dans ces grandes villes, enlaidit et avilit l'Angleterre, tout en créant un milieu impropre à la race de demain, mais le régime d'alimentation devra, lui aussi, être changé, de façon à ce que vous puissiez vous adapter aux nouvelles conditions d'existence. Le régime carné, habituel à la plupart, est absolument contraire au développement du système nerveux ; vous devez d'ailleurs remarquer que les sensitifs s'en écartent instinctivement. Il arrive souvent que certains enfants, en apprenant que la viande provient d'animaux qu'on a tués, s'en détournent avec répugnance et refusent d'y toucher. Cet instinctif dégout est un sentiment qui se répand de jour en jour davantage chez les enfants, et ils se révolteront de plus en plus contre l'usage du régime carné. Vous ne devez pas seulement constater ce fait, il vous faut,
vous aussi, éviter pareil système d'alimentation si vous désirez préparer vos corps pour la race future. [205]
Du jour où la conscience supérieure se sera manifestée, tout corps que la chair animale et l'alcool, sous ses formes diverses, auront nourri, sera un corps voué à une inévitable destruction. Les troubles nerveux proviennent fréquemment de ce que la conscience supérieure s'efforce de s'exprimer en des corps viciés par l'alimentation carnée et intoxiqués par l'alcool.
Laissez-moi vous indiquer un point extrêmement important se rattachant de près à ce que nous venons d'envisager.
En même temps que les corps supérieurs se développent, le système nerveux devient plus parfait et le corps astral s'organise d'année en année plus complètement. L'organisation de ce corps immédiatement supérieur à notre corps physique, et composé d'une matière moins dense, s'effectue très rapidement en ce moment sous l'influence de la pensée que toute personne instruite et cultivée emploie dans une certaine mesure. Ce corps devenant plus parfait, les sens qui lui sont inhérents sont mis en activité et nous avons alors ce que nous appelons Le véritable psychisme.


LE VÉRITABLE PSYCHISME


Celui-ci n'est plus produit par l'intermédiaire [206] d'un corps astral mal organisé vibrant sous le choc d'une émotion quelconque ; il est dû, au contraire, à la haute organisation d'un corps dont les sens sont développés et cherchent à s'exprimer dans le corps grossier du plan physique ; or, il existe dans le cerveau un organe, celui de notre sixième sens, organe par l'intermédiaire duquel les expériences et les émotions du plan astral pourront être transmises dans la conscience à l'état de veille. Cet organe, qui a si souvent et si fort troublé plus d'un médecin et plus d'un homme de science, est Le corps pituitaire.


LE CORPS PITUITAIRE


Ce n'est pas là simplement, ainsi que beaucoup de docteurs en médecine le prétendent avec raison, le vestige d'un organe ayant fonctionné dans le passé ; c'est en outre celui à l'aide duquel, par une subtile différenciation interne, se construit un sens pour le libre exercice des pouvoirs psychiques supérieurs de la race future. C'est un fait bien connu de l'étudiant en occultisme qui s'aperçoit que ce phénomène s'opère en lui, bien connu aussi de tous ceux qui s'intéressent aux mêmes questions. De plus, à mesure que les expériences du corps astral se [207] transmettent davantage au cerveau, il constate l'activité du corps pituitaire, et il peut alors se rendre compte des transformations qui, en lui, se succèdent les unes aux autres. Ce corps, d'après les récentes découvertes de la science, est très rapidement affecté par les vapeurs d'alcool ; c'est, parmi toutes les glandes du corps humain, celle qui s'intoxique le plus rapidement et la plus petite quantité d'alcool entrave son évolution supérieure. Si donc, vous désirez faciliter celle-ci ; si vous désirez activer votre évolution en infligeant une légère contrainte à vos corps de la cinquième race, le seul bon conseil qu'on puisse vous donner est celui-ci : N'absorbez jamais d'alcool sous quelque forme qu'il se présente. Les vibrations qu'il provoque interceptent tout moyen de communication entre le corps astral et physique, entravent les progrès de ces corps, alors que leur développement vers de plus hauts sommets doit être l'une des principales caractéristiques de la race de demain appelée à voir le monde astral devenir perceptible à la conscience physique. Tel est le conseil que vous donnera toute personne ayant l'expérience de ces choses. N'abandonnez pas seulement le régime carné, mais renoncez aussi d'une façon [208] absolue à toute espèce d'alcool. Ce sont là des lois de nature que vous ne pouvez transgresser. Si vous ne vous sentez pas disposés à renoncer au régime d'alimentation de la cinquième race, résignez-vous alors à demeurer dans la cinquième race sans espoir de progrès. Nul ne peut vous obliger à avancer plus loin que vous ne le désirez, mais sachez que les conditions d'avancement sont absolues, que plus vous en serez convaincus, mieux vous vous en trouverez. Par-dessus tout, et j'insiste sur ce point, ne forcez pas les enfants à suivre votre exemple en leur faisant absorber des aliments qui causeraient un énorme préjudice à leur système nerveux en voie de développement, paralyseraient dans le cerveau cet organe qui leur servira à transmettre les expériences du plan astral dans la vie ordinaire.
Permettez-moi de vous donner quelques indications au sujet de cette transmission.
Supposons que vous ayez le désir de hâter la naissance de la race future : supposons que vous ne soyez pas disposés à suivre le lent processus de la nature, lequel peut durer des milliers et des milliers d'années ; supposons que vous vous décidiez au contraire à coopérer avec elle, – ce que nous devrions tous faire [209] aujourd'hui, ayant désormais atteint un degré d'évolution où l'intelligence humaine permet d'activer le processus de la nature, – pratiquez alors, et sans tarder,
La Méditation, chose essentielle et indispensable à votre vie journalière.


LA MÉDITATION


La méditation comporte trois degrés :
1. Le contrôle du mental, la caractéristique de celui-ci étant une extrême activité, sans compter l'habitude qu'il a d'effleurer successivement quantité de sujets sans les approfondir.
2. La concentration du mental ainsi contrôlé sur un seul sujet.
3. La contemplation de cet objet, pour que celui-ci se reproduise en vous.
Grâce à ce genre de méditation, l'évolution de la conscience sera stimulée d'une façon définie, et il n'y a pas pour cela de moyen plus efficace et plus sûr. Le fait de fixer chaque jour votre mental sur un idéal quelconque ou sur la vertu que vous désirez acquérir, développe la conscience supérieure et vous fait envisager le monde sous un tout autre aspect. [210]
Laissez-moi prendre un exemple.
Il peut vous arriver de vous trouver en présence d'un homme de mauvaise foi ; celui-ci réussira, pendant un certain temps, à vous induire en erreur ; vous faites alors appel à votre intelligence, jusqu'au moment où des preuves établissent enfin la mauvaise foi de l'individu. C'est là un processus très lent, mais c'est celui qu'on se voit cependant obligé d'adopter à notre stade présent d'évolution.
Quel sera le processus pour confondre l'individu de mauvaise foi, lorsque la nature spirituelle, grâce à la méditation, se sera développée ?
Tout d'abord, vous aurez chaque jour médité sur la vérité ; ce faisant, vous mettez en vibration votre corps subtil qui, peu à peu, devient éminemment sensible à la vérité ; ainsi lorsque vous vous trouverez en présence d'un homme de mauvaise foi, il ne vous sera plus indispensable de raisonner ou de chercher des preuves ; par intuition, vous saurez qu'un tel individu ment, car vous serez immédiatement choqués, autant que votre oreille peut l'être à l'audition d'une fausse note, en musique. Plus de discussion, plus de preuves à accumuler, plus de raisonnements à soutenir, vous sentirez et verrez que l'individu est réellement un [211] menteur ; l'intuition se substitue alors aux raisonnements.
J'ai vu, aux Indes, un exemple de ce fait, et j'ai tout lieu de supposer que vous n'imiterez pas mon ami indou, car il s'agit d'un homme qui, depuis son enfance, et durant quarante ans, a médité chaque jour sur la vérité. C'est là une période de temps qu'un Occidental trouverait passablement longue. Cet homme est aujourd'hui juge de paix, et cette situation lui a permis de constater l'effet suivant, résultat de sa longue méditation : il est si parfaitement sensible à la vérité que nul ne peut le tromper, si plausibles que soient les excuses qu'on lui fournit ; il reconnait un menteur par le malaise qu'il éprouve devant le mensonge.
Je ne mentionne ce fait que comme un cas spécial, pour vous indiquer comment la méditation peut développer les pouvoirs internes, remplacer ainsi les lents procédés auxquels nous sommes accoutumés en vous permettant de connaitre immédiatement, par l'intuition, le caractère de la personne qui se trouve être en votre présence.
Je pourrais de la sorte considérer successivement toutes les autres vertus ; le principe reste le même pour toutes. [212]
Outre la méditation, il vous faut encore adopter une méthode spéciale d'entrainement en vous exerçant tous les jours à montrer la sympathie la plus grande que vous puissiez témoigner ; exercez-vous, volontairement, délibérément à éprouver de la sympathie pour tout homme que vous rencontrez ; efforcez-vous d'éprouver ce qu'il éprouve, de vous mettre à son diapason. Habituez-vous surtout à cela avec ceux qui sont d'un degré d'évolution inférieur au vôtre ; l'amitié que vous provoquerez en eux sera un grand bien, et l'habitude de se placer à leur niveau vous rendra capables de mieux les aider, de les amener peu à peu, et plus facilement, à votre propre niveau.
Il est nécessaire aussi, dans votre vie de chaque jour, de vous exercer à combattre en vous-mêmes Le sentiment de la séparativité.


LE SENTIMENT DE LA SÉPARATIVITÉ


C'est la chose la plus difficile qu'il nous soit donné de faire, pour nous qui appartenons à cette sous-race teutonne. Le sentiment que nous avons de notre personnalité est si grand, que pour toutes choses nous disons : "mon", "le mien", "ma propriété", "mes livres", [213] "mon chez-moi", "mes amis", utilisant en tout le pronom possessif. Il faut vous débarrasser de cette habitude, vous devez combattre ce sentiment qui vous incite, instinctivement, à établir une ligne de démarcation entre ce que vous appelez votre bien et ce que les autres possèdent. Je le répète, la tâche est des plus ardues et les premières tentatives sont des plus désagréables car elles heurtent vivement l'esprit de notre cinquième sous-race. Mais essayez malgré tout de supprimer en vous ce sentiment personnel de la possession pour les choses qui vous appartiennent. Que de fois n'entendez-vous pas un homme s'écrier dans un faux accès de générosité : "Oh ! je lui aurais volontiers donné cet objet, mais il ne me l'a pas demandé et, s'il avait accepté, je n'en aurais pas été très satisfait." D'où vient cette façon de parler ? Du sentiment de séparativité, de tous ces "moi", "lui", "le mien", "le sien".
Cette caractéristique ne sera pas aussi sensible dans la race future ; et si vous désirez prendre part à l'édification de cette race, le plus tôt vous vous débarrasserez de ce sentiment, mieux cela vaudra pour vous. Apprenez à ne plus vous préoccuper de ce que l'on peut vous demander ou vous prendre. Voilà, je le [214] sais, qui sonne étrangement à vos oreilles, peu accoutumés que vous êtes à entendre un pareil langage ; mais la chose est communément admise aux Indes.
Les premiers amis que j'eus là-bas s'étonnaient beaucoup lorsque je leur disais : "Voulez-vous me permettre d'utiliser telle ou telle chose ?" – "Certainement ; puisque vous le désirez, pourquoi le demander ?", me répondait-on invariablement. J'en arrivai enfin à me dire que c'était là une très noble attitude, plus noble certes que l'affirmation de la possession.
Aux Indes encore, si vous avez un jardin, quiconque le désire, peut y entrer, s'assoir sous vos arbres, allumer du feu et préparer son repas si le coeur lui en dit. Un jour, au début de mon séjour là-bas, et avant que je ne me fusse rendu compte de ces choses, je demandai : "Vous est-il indifférent qu'on pénètre ainsi dans votre jardin sans votre autorisation ?" – "À quoi donc servirait un jardin si ce n'était pour y entrer ?" me fut-il répondu.
Tel est là-bas le sentiment des Indous ; il résulte de cette vie où toutes choses sont communes, vie qui remonte à des millions d'années en arrière. [215]
On pense autant à l'usage qu'on peut faire d'un objet qu'à celui qui peut l'employer ; cette pensée suffit pour laisser à chacun la liberté d'en user. Nous voici loin des coutumes de notre cinquième sous-race en ce qui concerne la propriété.
Pratiquons cette vertu afin de supprimer entièrement le sentiment exagéré de la séparativité qu'on trouve si fréquemment dans la vie sociale de notre époque. Cette habitude du sacrifice de soi-même, de ne pas tenir compte de vos caprices, de vos désirs, de vos besoins, dans le but de rendre la vie plus facile autour de vous, ce sera là une des caractéristiques de la race de demain. À mesure qu'elle vous deviendra plus familière, vous finirez par vous apercevoir que vous devenez en même temps moins susceptibles, que le plaisir de rendre quelqu'un heureux vous sera bien plus agréable que de posséder pour vous-mêmes, vous vous apercevrez que les paroles du Christ : "Mieux vaut donner que recevoir" sont vraies. Que ce ne soit pas là un devoir à remplir ; semez le bonheur autour de vous, attirez les bénédictions, que la joie de partager emporte et dissipe au loin tout sentiment de séparativité !
Nous vivrons tout cela dans la race future. [216]
Envisagez les résultats que peuvent avoir sur notre vie actuelle les caractéristiques de cette race à venir Ceux qui veulent se préparer à ces prochaines transformations dans l'humanité, doivent commencer par se construire un caractère, contrôler leurs émotions et leurs pensées avec le secours de la méditation journalière, développer leur conscience en s'entrainant à vivre un idéal élevé.


UNE RELIGION UNIVERSELLE


Cette race future est de plus destinée à édifier
Une religion universelle,
religion d'après laquelle le rôle d'un missionnaire sera de partager avec son frère ce que chacun possède de vérités. Cette race apportera une civilisation dont la Fraternité sera là, note dominante, dans laquelle le bienêtre de tout homme sera proportionnel à ce qu'il aura fait pour autrui, dans laquelle l'autorité et la puissance d'un individu ne dépasseront pas la somme de responsabilités qu'il sera capable de supporter.
Tels sont les grands changements qui surviendront ; et vous, si vous le désirez, pouvez y contribuer ; vous tous, même au cours de la présente civilisation, pouvez prétendre à un [217] plus grand idéal, et tenter de le faire accepter à vos semblables.
Mais notre espoir se fonde plutôt sur les jeunes, sur ceux dont le caractère n'a pas encore été aigri par la concurrence sociale et commerciale de notre époque. Sur les jeunes gens et, les jeunes filles, malléables encore, susceptibles encore de s'enthousiasmer pour de grandes idées, sur ces enfants au système nerveux beaucoup plus sensible que le nôtre, au coeur chaud, et que les expériences de la vie n'ont pas eu le temps d'endurcir, c'est sur ces enfants, dis-je, que nous fondons le plus d'espoir pour l'avenir. Ils forgeront des idéaux, ils les forgeront d'abord dans le inonde mental, puis du domaine de la pensée les répandront dans le monde de la matière ; ils prépareront pour les races futures une civilisation, où tous seront heureux, glorieux, beaux et libres, où l'on verra aussi la Liberté se joindre à l'Esprit de Sacrifice.