DE LA SAINTETÉ DU SERMENT
Question – La Société a-t-elle son système de morale ?
Réponse – Les principes de morale de la Société sont à la portée de chaque personne disposée à les suivre ; ils forment l'esprit et l'essence même [71] de la morale humaine et ont été puisés aux enseignements de tous les grands réformateurs du Monde. Vous trouverez donc représentés Confucius et Zoroastre, Lao-tze et la Bhagavad Gîta, les préceptes de Gautama Bouddha et de Jésus de Nazareth, ceux de Killel et de son école, ainsi que ceux de Pythagore, de Socrate, de Platon et de leurs écoles.
Question – Les membres de votre Société s'en tiennent-ils à ces préceptes ? J'ai entendu dire qu'il y a parmi eux des querelles et de grands désaccords.
Réponse – Et ce n'est que naturel ; car, si cette réforme peut être appelée nouvelle ; sous son apparence actuelle, les hommes et les femmes à réformer sont toujours les mènes créatures humaines et pécheresses. Nous avons déjà dit que les vrais membres travailleurs sont peu nombreux ; mais il y a beaucoup de personnes sincères, bien disposées, qui font de leur mieux pour réaliser dans leur vie, avec leur propre idéal, celui de la Société. Il est de notre devoir d'encourager chaque membre à se perfectionner intellectuellement, moralement et spirituellement ; et non point de blâmer ceux qui n'y réussissent pas. Nous n'avons, franchement, aucun droit de refuser l'admission à la Société, et tout spécialement à la Section Esotérique, dont il est dit que "celui qui y entre, est né de nouveau". Mais, si un membre, malgré le serment sacré qu'il a prêté sur sa parole d'honneur [72] et au nom de son Moi immortel, s'obstine, après cette nouvelle naissance, et avec l'homme nouveau qui doit en résulter, à conserver les vices ou les défauts de son ancienne vie et à leur obéir dans le sein même de la Société, il va sans dire que très probablement on le priera de renoncer à son titre de membre et de se retirer ; ou, s'il refuse, il sera renvoyé. Nous avons, pour les circonstances de ce genre, les règles les plus strictes.
Question – Pourriez-vous en citer quelques-unes unes ?
Réponse – Oui. En premier lieu, aucun membre de la Société, exotérique ou ésotérique, n'a le droit de forcer un autre membre à adopter ses opinions personnelles.
"Il est interdit aux agents de la Société mère de témoigner en public, soit en parole, soit en action, quelque préférence ou quelque hostilité pour l'une ou l'autre secte, religieuse ou philosophique. Tous ont également le droit de voir les traits essentiels de leur croyance religieuse exposés devant le tribunal d'un monde impartial. Et aucun agent de la Société n'a le droit, en sa qualité d'agent, de prêcher, à une réunion de membres, ses vues et ses croyances sectaires, à moins que son auditoire ne soit composé de ses coreligionnaires. Quiconque, après avoir été sérieusement averti, continuera d'enfreindre cette loi, sera provisoirement démissionné ou bien expulsé. " Voilà ce qui concerne une des fautes qui peuvent se [73] rencontrer dans la Société en général. Quant à la section intérieure, appelée actuellement, section Ésotérique, dès 1880, on a résolu et adopté la règle suivante : "Aucun membre n'emploiera, dans un but égoïste, ce qui peut lui être communiqué par un membre de la première section (qui est aujourd'hui un "degré" plus élevé) ; l'infraction à cette règle sera punie par l'expulsion. " Du reste, maintenant, avant de recevoir aucune communication de ce genre, le postulant doit prêter le serment solennel de ne jamais l'employer dans un but égoïste, et de ne révéler aucune des choses qui lui sont confiées, que lorsqu'il sera autorisé à le faire.
Question – Mais, enfin, un homme renvoyé ou forcé de se retirer de la section, est-il libre de révéler les choses qui lui ont été enseignées ou d'enfreindre l'une ou l'autre clause du serment qu'il a prêté ?
Réponse – Non, certes. Le fait de se retirer ou d'être renvoyé l'affranchit seulement de l'obligation d'obéir à son instructeur, et de prendre une part active à l'œuvre de la Société, mais ne le libère nullement de la promesse sacrée de garder les secrets qui lui ont été confiés.
Question – Mais est-ce juste et raisonnable cela ?
Réponse – Sans aucun doute. Tout homme et toute femme, possédant. Le moindre sentiment d'honneur, comprendra qu'un serment de silence prêté sur sa parole d'honneur, plus encore, prête au nom de son Moi Supérieur – le Dieu caché [74] en nous – doit lier jusqu'à la mort. Et que, bien qu'ayant quitté la Section et la Société, aucun homme, aucune femme d'honneur, ne songera à attaquer une Association à laquelle il ou elle s'est liée de la sorte.
Question – Mais n'est-ce pas trop exiger ?
Réponse – Peut-être, d'après les vues peu élevées du temps présent et de la moralité actuelle. Mais pourquoi le serment, s'il n'a pas toute la valeur que nous lui reconnaissons ? Comment songer à communiquer des connaissances secrètes à un homme qui a pleine liberté de s'affranchir, quand bon lui semblera, des obligations qu'il a prises sur lui ? Et si des serments comme celui-ci ne liaient pas réellement, où seraient la sécurité, la confiance, la foi, qui doivent pourtant exister entre les hommes ? Croyez-le bien, la loi de la rétribution (Karma) ne manquerait pas de surprendre, même en ce monde physique, aussi promptement que le mépris de tout homme d'honneur, celui qui aurait ainsi violé son serment. Le "Path" de New-York, que nous venons de citer à ce sujet, dit très bien :
"Un serment prêté est irrévocable, dans le monde moral et dans le monde occulte, à la fois. L'ayant violé une fois et ayant été punis, nous ne sommes pourtant pas dans le droit de le violer de nouveau ; et aussi longtemps que nous le ferons, le puissant levier de la loi (de Karma) retombera sur nous" (The Path, juillet 1889).
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