SECTION IX
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LA FORCE QUI VIENT ;
SES POSSIBILITES ET SES IMPOSSIBILITES
Dirons-nous que la Force est de la "Matière mouvante" ou de la "Matière en mouvement" et une manifestation de l'Energie, ou bien dirons- nous que la Matière et la Force sont les aspects phénoménaux différenciés de l'unique Substance Cosmique primaire non différenciée ?
Nous posons cette question à propos de la STANCE qui traite de FOHAT et de ses "Sept frères ou Fils" ou, en d'autres termes, de la cause et des effets de l'Electricité Cosmique, attendu que dans le langage Occulte les "frères ou fils" sont les sept forces primaires de l'Electricité dont les effets purement phénoménaux, les plus grossiers par conséquent, sont seuls susceptibles d'être connus par les Physiciens, sur le plan cosmique et particulièrement sur le plan terrestre. Ces effets comprennent, entre autres choses, le Son, la Lumière, la Couleur, etc. Or, que nous dit la Science Physique au sujet de ces "Forces" ? Le SON, dit-elle, est une sensation produite par l'impact de molécules atmosphériques sur le tympan, qui donne naissance à de délicates trépidations dans l'appareil auditif et communique ainsi leurs vibrations au cerveau. La LUMIERE est la sensation que produit l'impact de vibrations inconcevablement petites de l'éther sur la rétine de l'œil.
C'est ce que nous aussi disons, mais ce sont simplement les effets produits dans notre atmosphère et dans son entourage immédiat ou, en un mot, tout ce qui entre dans le champ de notre conscience terrestre. Jupiter Pluvius envoyait son symbole en gouttes de pluie, d'eau composée, comme on le croit, de deux "éléments" que la Chimie sépare et combine à nouveau. Les molécules composées sont en son pouvoir, mais leurs atomes lui échappent encore. L'Occultisme considère toutes ces Forces et toutes ces manifestations comme une échelle dont les échelons inférieurs sont du domaine de la Physique exotérique et dont les échelons supérieurs appartiennent à une Puissance vivante, intelligente et invisible qui est la Cause, en général détachée, mais, exceptionnellement, la Cause consciente des phénomènes nés des sens et attribués à telle ou telle loi naturelle.
Nous disons et nous maintenons que le SON est, d'abord, une terrible puissance Occulte ; que c'est une force stupéfiante dont l'électricité que généreraient un million de Niagaras [II 316] ne pourrait contrebalancer la plus petite potentialité, lorsqu'elle est dirigée par le Savoir Occulte. On peut produire un son d'une nature telle que la pyramide de Chéops serait soulevée dans les airs ou qu'un homme mourant, un homme à ses derniers moments, serait vivifié et doué d'une énergie et d'une vigueur nouvelles.
En effet, le Son génère ou plutôt réunit entre eux les éléments qui produisent un ozone dont la fabrication est hors de la portée de la Chimie, mais est du ressort de l'Alchimie. Cet ozone peut même ressusciter un homme ou un animal dont le "corps vital" astral n'a pas encore été irréparablement séparé du corps physique par la rupture de la corde magnétique ou odique. On devrait admettre que l'auteur, qui a été sauvée trois fois de la mort par cette puissance, en sait personnellement quelque chose.
Si tout cela semble trop antiscientifique pour que l'on en tienne même compte, alors que la Science veuille bien expliquer quelles sont les lois mécaniques et physiques, à elle connues, auxquelles on doit les récents phénomènes produits par le moteur, dit moteur Keely. Qu'est-ce qui joue le rôle de formidable générateur invisible mais formidable, d'une force qui n'est pas seulement capable de mettre en mouvement une machine de vingt-cinq chevaux, mais a encore été employée à soulever la machine elle-même ? Pourtant on obtient cela en faisant passer un archet de violon sur un diapason, comme cela a été prouvé à maintes reprises. En effet, la, Force éthérique découverte par John Worrell Keely, de Philadelphie, qui est bien connu en Amérique et en Europe, n'est pas une hallucination. Bien qu'il ait échoué dans ses tentatives pour l'utiliser – échec qui avait été prédit et affirmé dès le début par certains occultistes – les phénomènes produits par l'inventeur durant ces quelques dernières années ont été remarquables, presque miraculeux, non pas dans le sens de surnaturels 570, mais dans le sens de super-humains. [II 317] S'il avait été permis à Keely de réussir, il aurait pu réduire une armée entière en atomes dans l'espace de quelques secondes, aussi facilement qu'il réduisait en cet état un bœuf mort.
Le lecteur est prié de prêter une sérieuse attention à cette puissance nouvellement découverte, à laquelle son inventeur a donné le nom de "Force" – et Forces – inter-éthérique.
Suivant l'humble opinion des Occultistes et de ses proches amis, Keely se trouvait et se trouve encore sur le seuil d'un des plus grands secrets de l'Univers ; de celui sur lequel repose surtout le mystère entier des Forces physiques et la signification ésotérique du symbole de "l'Œuf du Monde". La Philosophie Occulte, considérant le Cosmos manifesté et non manifesté comme une UNITE, symbolise la conception idéale du premier par "l'Œuf d'Or" avec deux pôles. C'est le pôle positif qui agit dans le Monde manifesté de la Matière, tandis que le pôle négatif se perd dans l'inconnaissable Absolu de SAT – l'Etre-té 571. Nous ne pouvons dire si cela concorde avec la philosophie de Keely et cela n'a, du reste, pas grande importance. Néanmoins ses idées sur la construction éthéro-matérielle de l'Univers ressemblent étrangement aux nôtres, car sur ce point elles sont presque identiques. Voici ce qu'il dit dans une excellente brochure compilée par M. Bloomfield-Moore, dame américaine en vue dont on ne saurait trop apprécier les incessants efforts dans la poursuite de la vérité.
M. Keely dit, pour expliquer le fonctionnement de sa machine : "Dans la conception de toutes les machines qui ont été construites jusqu'à présent, on n'a jamais trouvé le moyen de déterminer un centre neutre. Si on l'avait trouvé, cela aurait mis fin aux difficultés que rencontrent ceux qui cherchent le mouvement perpétuel et ce problème serait devenu un fait établi. Une impulsion préliminaire d'un faible poids aurait suffi pour mettre en mouvement une machine ainsi conçue et la faire marcher durant des siècles. Dans la conception de ma machine vibratoire, je n'ai pas cherché à obtenir le mouvement perpétuel, mais j'ai formé un circuit possédant réellement un centre neutre qui peut être vivifié par mon éther vibratoire et qui, une fois mis en activité par cette substance, constitue réellement une machine virtuellement indépendante de la masse (ou globe) 572 et cela est dû à la merveilleuse vélocité d'un [II 318] circuit vibratoire. Pourtant, malgré toute sa perfection, la machine a besoin d'être alimentée avec l'éther vibratoire pour constituer un moteur indépendant... Toutes les constructions ont besoin de fondations d'une solidité proportionnée au poids de la masse qu'elles ont à porter, mais les fondations de l'univers ont pour base un point vide infiniment plus ténu qu'une molécule ou, pour mieux exprimer cette vérité, un point inter- éthérique qui ne peut être compris que par un mental infini. Plonger ses regards dans les profondeurs d'un centre éthérique équivaudrait à fouiller la vaste étendue de l'éther du ciel pour en chercher la fin, avec cette différence que le premier est le champ positif, tandis que le second est le champ négatif."
570 Le mot "surnaturel" veut dire au-dessus ou en dehors de la nature. La Nature et l'Espace ne font qu'un. Or l'Espace existe, pour les métaphysiciens, en dehors de toute sensation et n'est qu'une représentation purement subjective, quoi qu'en dise le Matérialisme qui voudrait le relier, bon gré, mal gré, à une donnée quelconque de sensation. Pour nos sens, l'espace est suffisamment subjectif lorsqu'il est pris indépendamment de son contenu. Comment serait-il donc possible qu'un phénomène, ou n'importe quelle autre chose, pût sortir de, ou se produire au-delà de ce qui n'a pas de limites ? Lors même que l'étendue de l'Espace devient une simple conception que l'on rattache par la pensée avec certaines actions, comme le font les matérialistes et les physiciens, ceux-ci n'ont guère le droit de décrire et de s'approprier ce qui peut, ou ne peut pas, être produit par des Forces générées même dans des espaces limités, attendu qu'ils n'ont aucune idée, même approximative, de ce que sont ces forces.
571 Il n'est pas correct, lorsque l'on parle de l'Idéalisme, de le représenter comme basé sur "l'antique hypothèse ontologique d'après laquelle les choses ou les entités existent indépendamment les unes des autres et autrement que comme termes de rapport" (Stallo). En tout cas il n'est pas correct de dire cela de l'Idéalisme de la Philosophie Orientale et de ses connaissances, attendu que c'est juste le contraire.
C'est précisément la Doctrine Orientale, comme l'on peut facilement s'en rendre compte. Le point inter-éthérique de Keely est le point laya des Occultistes, toutefois, il n'est pas besoin "d'une intelligence infinie pour le comprendre" mais seulement d'une intuition spécifique et de la capacité de découvrir sa retraite dans ce monde de Matière. Il va sans dire que l'on ne saurait produire de centre laya, mais il en est autrement pour un vide inter- éthérique, comme le prouve la production de sons de cloches dans l'espace. Keely s'exprime cependant comme un Occultiste inconscient lorsqu'il dit, dans sa théorie de la suspension planétaire :
En ce qui concerne le volume planétaire, nous demanderions, à un point de vue scientifique, comment l'immense différence de volume des planètes peut exister sans désorganiser l'action harmonieuse qui les a toujours caractérisées ? Je ne puis répondre convenablement à cette question qu'en entreprenant une analyse progressive qui aurait pour point de départ les centres éthériques en rotation qui furent constitués par le Créateur 573, avec leur pouvoir attractif ou accumulatif. Si vous demandez quel est le pouvoir qui communique à chaque atome éthérique son inconcevable vélocité de rotation (ou son impulsion première), il me faudra répondre qu'aucun mental limité ne pourra jamais comprendre ce que c'est. La philosophie de l'accumulation est la seule preuve qu'un pouvoir de ce genre a été conféré. L'aire d'un de ces atomes, si nous pouvons nous exprimer ainsi, offre à ce qui est attractif ou magnétique, à ce qui est électif ou propulsif, toutes les forces réceptives et toutes les forces contraires qui caractérisent une planète de la plus grande dimension ; il en résulte que pendant que s'opère l'accumulation, l'équation parfaite reste la même. Une fois que ce minuscule centre a été constitué, il faudrait nécessairement, pour l'arracher de sa position, une force assez grande pour déplacer la plus immense des planètes qui existent. Lorsque ce centre atomique neutre est déplacé, la planète doit le suivre. Le [II 319] centre neutre supporte dès le début la pleine charge de tous les genres d'accumulation et reste le même, équilibré à jamais dans le sein de l'espace éternel.
572 Indépendante, dans un certain sens, mais non sans liaison avec elle.
573 "Par Fohat, plus vraisemblablement", répondrait un Occultiste.
Keely illustre ainsi son idée d'un "centre neutre" :
Nous supposerons qu'après l'accumulation d'une planète d'un diamètre quelconque, par exemple de 20.000 milles, plus ou moins, car la dimension n'a rien à voir au problème, supposons, dis-je, qu'il se produise un déplacement de la matière, à l'exception d'une croûte de 5.000 milles d'épaisseur, en laissant subsister un vide entre cette croûte et un centre de la grosseur d'une bille de billard ordinaire ; il faudrait alors, pour mouvoir cette petite masse centrale, une force aussi grande que pour mouvoir la carapace de 5.000 milles d'épaisseur. De plus, cette masse centrale supporterait à jamais la charge de la carapace en la maintenant équidistante et aucune force contraire, si grande qu'elle fût, ne pourrait les mettre en contact. L'imagination fléchit en se rendant compte de l'énormité de la charge qui porte sur ce point central, où le poids cesse... C'est là ce que nous entendons par un centre neutre.
Et c'est ce que les Occultiste comprennent par "centre laya".
Bien des gens déclarent que ce qui précède est "antiscientifique", mais il en est de même pour tout ce qui n'est pas sanctionné et maintenu dans les sentiers strictement orthodoxes de la Science Physique. A moins que l'on n'accepte l'explication donnée par l'inventeur lui-même – et comme ses explications sont tout à fait orthodoxes au point de vue Spirituel et Occulte, si elle ne le sont pas au point de vue de la Science matérialiste et spéculative dite exacte, nous les adoptons dans ce cas – que pourrait répondre la Science des faits déjà vus et qu'il n'est désormais plus possible à personne de nier ? La Philosophie Occulte ne divulgue qu'un petit nombre de ses mystères vitaux les plus importants. Elle les laisse tomber un à un comme des perles précieuses, à de grands intervalles, et encore ne le fait-elle que lorsqu'elle y est forcée par la marée montante de l'évolution qui emporte l'humanité, lentement, silencieusement, mais sans interruption, vers l'aurore de la Sixième Race humaine. En effet, dès qu'ils cessent d'être sous la garde vigilante des légitimes héritiers et gardiens, ces mystères cessent d'être Occultes, tombent dans le domaine public et courent le risque de devenir des malédictions, plus souvent que des bénédictions, entre les mains des égoïstes – Caïns de la race humaine. Néanmoins, lorsque naissent des individus comme celui qui a découvert la Force Ethérique, des hommes doués de capacités psychiques et mentales particulières 574, ils sont généralement [II 320] et plus souvent aidés qu'ils ne sont abandonnés à leurs propres forces pour se frayer un chemin. S'ils sont livrés à leurs propres ressources, ils ne tardent pas à succomber au martyr ou à devenir la proie de spéculateurs sans scrupules, mais ils ne sont aidés qu'à la condition de ne pas constituer, consciemment ou inconsciemment, un danger nouveau pour leur époque : un danger pour les pauvres qui sont maintenant offerts journellement en holocauste par les moins riches aux très riches 575. Cela nécessite une courte digression et une explication.
574 La raison d'être de ces capacités psychiques est donnée plus loin.
575 Ceci a été écrit en 1886, à l'époque où les espérances de succès pour le "moteur Keely" étaient les plus grandes. Chaque mot dit alors par l'auteur s'est justifié et quelques remarques seulement sont maintenant ajoutées concernant l'échec des espoirs de Keely jusqu'à présent, échec qu'il reconnaît lui-même. Bien que nous fassions usage ici du mot échec, le lecteur doit bien comprendre que nous l'employons dans un sens relatif, car ainsi que l'explique Mme Bloomfield-Moore : "Ce qu'admet M. Keely c'est que déçu dans son espoir d'appliquer la force vibratoire à la mécanique, suivant sa première et sa seconde méthode de recherches expérimentales, il a été dans la nécessité, soit d'avouer un échec commercial, soit de tenter une troisième méthode en prenant sa base ou principe pour point de départ et de chercher le succès en suivant une autre voie". Et cette "voie" se trouve sur le plan physique.
576 Nous apprenons que ces remarques ne s'appliquent pas aux dernières découvertes de Keely ; le temps seul pourra établir la limite exacte de ses succès.
Il y a une douzaine d'année, durant l'Exposition du Centenaire de Philadelphie, l'auteur, répondant aux questions pressantes d'un Théosophe qui était l'un des premiers admirateurs de Keely, lui répéta les informations qu'elle avait puisées à une source dont elle ne pouvait jamais mettre en doute les renseignements.
Il lui avait été dit que l'inventeur de "l'auto-moteur" était ce que l'on appelle dans le jargon des Cabalistes un "magicien-né naturel". Qu'il était et resterait inconscient de l'étendue de ses pouvoirs et qu'il n'utiliserait que ceux qu'il avait découverts et vérifiés dans sa propre nature – primo parce qu'il leur attribuait une fausse origine, ce qui ne lui permettait pas de les développer complètement et, secundo, parce qu'il n'avait pas la faculté de transmettre à d'autres ce qui constituait une capacité inhérente à sa propre nature particulière. Pour ces raisons, le secret tout entier ne pourrait pas être transféré à quelqu'un d'autre d'une façon permanente, dans un but ou pour un usage pratique 576.
Les individus qui viennent au monde avec des facultés de ce genre ne sont pas très rares. Si l'on n'en entend pas parler plus fréquemment, cela provient de ce que, dans presque tous les cas, ils vivent et meurent dans l'ignorance la [II 321] plus complète des facultés anormales qu'ils possèdent. Keely possèdent des facultés que l'on qualifie d'anormales, précisément parce qu'elles sont aussi peu connues de nos jours que l'était la circulation du sang avant l'époque de Harvey. Le sang existait et se comportait dans le premier homme né de la femme comme il se comporte maintenant et, de même, le principe capable de contrôler et de guider la Force éthérique vibratoire existe et a existé chez l'homme. Il existe, tout au moins, chez les mortels dont le Soi Intérieur est originairement relié, en raison de leur descendance directe, avec le groupe de ces Dhyân-Chohans qui sont appelés les "premiers-nés de l'Æther". L'humanité, considérée au point de vue physique, est répartie en divers groupes dont chacun est relié avec l'un des Groupes Dhyâniques qui ont formé au début l'homme psychique (voyez les paragraphes 1, 2, 3, 4, 5, du Commentaire de la STANCE VII). Keely – qui est très favorisé à cet égard et qui, outre son tempérament psychique, possède en plus le génie de la mécanique – peut obtenir les plus merveilleux résultats. Il en a déjà obtenu plus qu'aucun autre mortel de notre époque, non initié aux derniers Mystères, n'en a obtenu jusqu'à ce jour. Ce qu'il a accompli – comme le disent avec raison ses amis – suffit assurément à "démolir avec le marteau de la Science les idoles de la Science" ; des idoles de matière, aux pieds d'argile. L'auteur
n'a pas non plus un seul instant l'intention de contredire Mme Bloomfield-Moore lorsqu'elle dit, dans sa brochure sur "la Force Psychique et la Force Ethérique", que Keely, en tant que Philosophe :
a une âme assez grande, un esprit assez sage et un courage assez sublime pour surmonter toutes les difficultés et pour faire de lui, aux yeux du monde, le plus grand des découvreurs et des inventeurs.
Elle écrit aussi :
Keely se bornerait-il à transporter les savants, des tristes régions dans lesquelles ils tâtonnent, dans les vastes champs de la force élémentale, où la pesanteur et la cohésion sont tirées de leurs repaires et appelées à servir ; où l'unité d'origine donne naissance à une énergie infinie sous des formes diverses ; que cela suffirait à immortaliser son nom. Se bornerait-il à prouver, et par-là à contribuer à la destruction du matérialisme, que l'univers est animé par un principe mystérieux auquel la matière, si parfaitement organisée qu'elle soit, est absolument soumise, qu'il serait un bienfaiteur spirituel de notre race, supérieur à tous ceux qu'a encore rencontrés le monde moderne. Se bornerait-il, pour le traitement des maladies, à substituer les forces subtiles de la nature aux grossiers agents matériels qui ont conduit au tombeau plus d'hommes que ne l'ont fait la guerre, la peste, et la famine combinées, qu'il mériterait [II 322] et obtiendrait la reconnaissance de l'humanité. Il le fera et plus encore, si lui et ceux qui, depuis des années, ont suivi jour par jour ses progrès n'ont pas une attente trop ambitieuse.
La même dame, dans sa brochure intitulée Keely's Secrets 577, cite le passage suivant, qu'elle tire d'un article que l'auteur de ce volume a écrit il y a quelques années dans The Theosophist :
L'auteur de la cinquième brochure intitulée What is Matter and wat is Force 578, publiée par la Theosophical Publication Society, y dit que : "Les savants viennent précisément de découvrir un "quatrième état de la matière", tandis que les Occultistes ont pénétré depuis des années au-delà du sixième, de sorte qu'ils ne supposent pas mais connaissent l'existence du septième et dernier." Cette connaissance comprend l'un des secrets de ce qu'on appelle le "secret complexe" de Keely. Bien des gens savent déjà que son secret comprend "l'augmentation de l'énergie", l'isolement de l'éther et l'adaptation de la force dynasphérique à la mécanique.
C'est précisément parce que la découverte de Keely conduirait à la connaissance d'un des secrets les plus Occultes, d'un secret que l'on ne laissera jamais tomber au pouvoir des masses, que son impuissance à pousser ses découvertes jusqu'à leur but logique semble d'avance certaine aux yeux des Occultistes. Nous en parlerons plus longuement tout à l'heure, mais cette découverte, même limitée comme elle l'est, peut être reconnue comme étant de la plus grande utilité, car :
Pas à pas, avec une persévérance patiente que le monde honorera un jour, cet homme de génie a poursuivi ses recherches, surmontant les difficultés qui se dressaient sans cesse sur son chemin et qui (aux yeux de tous, sauf lui) semblaient être d'infranchissables barrières à tout progrès ultérieur. Jamais le doigt du destin n'a plus distinctement marqué l'heure où tout contribue à préparer l'avènement du nouveau genre de force qu'attend l'humanité. La nature, qui répugne toujours à livrer ses secrets, prête l'oreille aux exigences de son maître, la nécessité. Les mines de charbon du monde entier ne suffiraient plus pendant longtemps aux saignées toujours croissantes qui leur sont faites. La vapeur a atteint la limite extrême de sa puissance et ne répond plus aux besoins de notre époque ; elle sait que ses jours sont comptés. L'électricité se tient à l'écart, attendant l'approche de sa compagne. Les vaisseaux aériens sont, pour ainsi dire, à l'ancre, attendant la force qui doit faire de la navigation aérienne quelque chose de plus qu'un rêve. Les habitants des différents continents communiqueront entre eux, à travers l'océan, aussi facilement que les [II 323] hommes communiquent maintenant de chez eux avec leurs bureaux, au moyen du téléphone. L'imagination est comme paralysée lorsqu'elle cherche à prévoir les grands résultats que produira cette merveilleuse découverte lorsqu'elle sera appliquée à l'art et à la mécanique. En prenant possession du trône qu'elle arrachera à la vapeur, la force dynasphérique gouvernera le monde dans l'intérêt de la civilisation, en vertu d'un pouvoir si puissant qu'aucune intelligence limitée ne saurait en prévoir les résultats. Laurence Oliphant dit, dans sa préface de Scientific Religion : "L'aurore d'un nouvel avenir moral commence à poindre pour la race humaine – qui en avait assurément grand besoin". Ce nouvel avenir moral ne pouvait en aucun cas être inauguré d'une façon plus large, plus universelle qu'en employant la force dynasphérique dans des buts utiles à la vie 579.
Les Occultistes se joignent volontiers à l'éloquent auteur pour admettre tout cela. Il est incontestable que la vibration Moléculaire est "le légitime domaine des recherches de Keely" et les découvertes qu'il a faites seront reconnues comme merveilleuses – mais entre ses mains seulement et par sa propre entremise. Le monde en général n'obtiendra que ce qu'on peut lui confier sans danger. La vérité de cette assertion n'a peut-être pas encore touché l'inventeur lui-même, puisqu'il écrit qu'il est absolument certain de réaliser tout ce qu'il a promis et qu'il le donnera au monde ; mais cette vérité doit lui apparaître et cela d'ici peu de temps. Ce qu'il dit au sujet de son œuvre en est une bonne preuve :
En étudiant l'action de ma machine, le visiteur, s'il veut arriver à une conception, même approximative, de son modus operandi, doit écarter toute idée de machines actionnées en vertu du principe de la pression et de l'aspiration, de l'expansion de la vapeur ou de gaz analogues agissant contre un obstacle tel que le piston d'une machine à vapeur. Ma machine ne comporte, ni piston, ni excentriques et il n'y a pas trace de pression dans la machine quelle que soit sa dimension ou sa capacité. Mon système, dans toutes ses parties et dans tous ses détails, aussi bien pour le développement de ma force que pour les différentes façons de l'utiliser, est basé et fondé sur les vibrations sympathiques. Il serait impossible d'éveiller ou de développer ma force d'une autre façon et il serait également impossible de mettre ma machine en action en vertu de tout autre principe... C'est là le vrai système et, à l'avenir, toutes mes opérations seront dirigées de cette manière – c'est-à-dire que ma force sera générée, que mes machines seront mises en mouvement, que mon canon sera actionné, au moyen d'un fil métallique. Ce n'est qu'après des années d'un incessant travail, après m'être livré à des expériences presque innombrables, nécessitant [II 324] non seulement la construction d'un grand nombre d'appareils mécaniques spéciaux, mais aussi l'étude la plus attentive des propriétés phénoménales de la substance appelée "l'éther", produites per se, que je suis parvenu à me passer de mécanismes compliqués et à obtenir, comme je le prétends, la maîtrise de la force étrange et subtile dont je parle ici 580.
Les passages que nous avons soulignés sont ceux qui ont directement trait au côté Occulte de l'emploi de la Force vibratoire que Keely appelle la "vibration sympathique". Le "fil métallique" constitue déjà un recul ou une descente du plan purement Ethérique vers le plan Terrestre. L'inventeur a produit des merveilles – le mot "miracle" ne serait pas trop fort – lorsqu'il a agi en employant seulement la Force inter-éthérique, les cinquième et sixième principes de l'Akâsha. Après avoir débuté avec un générateur de six pieds de long, il en est arrivé à en employer un "pas plus grand qu'une antique montre d'argent" et ce résultat constitue à lui seul un miracle de génie mécanique, mais non de génie spirituel. Comme l'a si bien dit sa grande protectrice, Mme Bloomfield-Moore :
Les deux genres de forces qu'il a expérimentés et les phénomènes qui découlent de leur emploi, sont les antithèses les uns des autres.
L'une de ces forces était générée et mise en action par lui-même. Aucun de ceux qui auraient répété ce qu'il avait fait n'aurait pu produire les mêmes résultats. C'était véritablement l'éther de Keely qui agissait, tandis que l'éther de Smith ou de Brown serait toujours resté stérile. En effet, la difficulté contre laquelle Keely s'est heurté jusqu'à présent, c'est de construire une machine capable de développer et de régler la force, sans intervention d'une "volonté" quelconque ou de l'influence personnelle, consciente ou inconsciente, de l'opérateur. Sur ce point il a échoué, en ce qui concerne les autres, car personne autre que lui-même ne pouvait se servir de ses "machines". Au point de vue Occulte, cela constitue un résultat bien plus grand que le "succès" qu'il attendait de l'emploi de son "fil métallique", mais les résultats dérivés du cinquième et du sixième plans de la Force Ethérique ou Astrale ne seront jamais autorisés à servir pour le commerce ou le trafic. Ce qui prouve que l'organisme de Keely est directement lié à la production de ses merveilleux résultats c'est la déclaration suivante qui émane de l'un de ceux qui connaissent intimement le grand inventeur.
580 Theosophical Siftings, p. 18.
A une certaine époque, les actionnaires de la Keely motor Cie [II 325] placèrent un homme dans son atelier, avec mission expresse de découvrir son secret. Après six mois de surveillance attentive, cet homme dit un jour à J.
W. Keely : "Je sais maintenant comment cela se pratique." Ils venaient de monter une machine ensemble et Keely manipulait la manette d'arrêt servant à donner ou à arrêter la force. "Essayez donc, répondit-il." L'homme tourna la manette et rien ne vint. "Laissez-moi vous le voir faire, dit Keely à l'homme." Celui-ci y consentit et la machine se mit immédiatement en mouvement. L'homme renouvela sa tentative, mais sans succès. Keely lui mit alors la main sur l'épaule et lui dit d'essayer encore. Il le fit et cela eut pour résultat la production instantanée du courant.
Ce fait, s'il est vrai, tranche la question.
On nous dit que Keely définit l'électricité comme étant "une forme particulière de vibration atomique". En cela il a parfaitement raison, mais c'est là l'Electricité sur le plan terrestre et par des corrélations terrestres. Il estime :
Les vibrations moléculaires à 100.000.000 par
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seconde |
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inter-moléculaires à |
300.000.000 |
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atomiques à |
900.000.000 |
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inter-atomiques à |
2.700.000.000 |
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éthériques à |
8.100.000.000 |
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inter-éthériques à |
24.300.000.000 |
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Cela prouve notre affirmation. Il n'y a pas de vibrations qui puissent être comptées ou même dont la vitesse puisse être estimée approximativement, au-delà "du royaume du Quatrième Fils de Fohat", pour nous servir d'une expression Occulte, ou au-delà du mouvement qui correspond à la formation de la matière rayonnante du Prof. Crookes appelée, à la légère, il y a quelques années, le "quatrième état de la matière" sur ce plan qui est le nôtre.
Si l'on demande pourquoi il ne fut pas permis à Keely de franchir une certaine limite, la réponse est facile ; c'est parce que ce qu'il a inconsciemment découvert est la terrible Force sidérale que connaissaient les Atlantéens qui l'appelaient MASH-MAK et à laquelle les Rishis Aryens donnent, dans leur Astra-Vidyâ, un nom que nous n'aimerions pas divulguer. C'est le Vril de la Coming Race de Bulwer Lytton et des Races futures de notre humanité. Le mot Vril peut être une fiction, la Force elle- même est un fait dont, en Inde, on doute aussi peu que l'on doute de l'existence des Rishis, attendu qu'il en est fait mention dans tous les ouvrages secrets.
C'est cette Force vibratoire qui, dirigée contre une armée [II 326] du haut d'un Agni-ratha 581, fixé à un vaisseau volant, à un ballon, peut, d'après les instructions qui se trouvent dans l'Astra-Vidyâ, réduire en cendres 100.000 hommes et éléphants aussi facilement qu'elle le ferait d'un rat mort. C'est allégoriquement exprimé dans le Vishnou Pourâna, le Râmâyana et d'autres ouvrages, par la fable qui parle du sage Kapila dont "le regard transforma les 60.000 fils du roi Sagara en un monceau de cendres", fable qui est expliquée dans les Ouvrages Esotériques et à laquelle on fait allusion sous le nom de Kapilâksha – l'œil de Kapila.
581 Littéralement, un "véhicule de feu", sorte de machine volante dont il est question dans les ouvrages de magie de l'Inde et dans les poèmes, épiques. (Theosophical Glossary, p. 10.)
Agni = Feu, ratha = chariot. NOTE DU TRADUCTEUR.
Et c'est cette Force Satanique que l'on permettrait à notre génération d'ajouter à son stock de joujoux pour Anarchistes, tels que la mélinite, la dynamite à retardement, les oranges explosives, les "corbeilles de fleurs" et autres innocents jouets ? Est-ce cet agent destructif qui, placé entre les mains d'un moderne Attila, d'un Anarchiste avide de sang, ramènerait en quelques jours l'Europe à son état chaotique original, sans laisser un seul homme vivant pour raconter le drame – est-ce cette Force, dis-je, qui doit devenir la propriété de tous les hommes indistinctement ?
Ce que Keely a déjà accompli est extrêmement grand et merveilleux ; il y a assez à faire pour lui, dans la démonstration de son nouveau système, pour "rabaisser l'orgueil des savants qui sont matérialistes, en révélant les mystères qui existent au-delà du monde de matière", sans qu'il soit besoin, nolens volens, de les révéler à tous. Les Psychiques et les Spiritualistes, dont un assez grand nombre peuplent les armées Européennes, seraient sûrement les premiers à faire personnellement l'expérience des résultats de la révélation de pareils mystères. Des milliers d'entre eux se trouveraient rapidement dans l'Ether bleu, avec peut-être les populations de pays entiers pour leur tenir compagnie, si une pareille Force était tout simplement tout à fait découverte, sans même être publiquement connue. Cette découverte, dans son entier, viendrait plusieurs milliers d'années – nous sommes tentés de dire plusieurs centaines de milliers d'années – trop tôt. Elle ne sera opportune que lorsque le grand flot rugissant de l'inanition, de la misère et du travail mal payé rétrogradera de nouveau – comme cela aura lieu lorsque l'on finira enfin par faire droit aux justes exigences du grand nombre ; lorsque le prolétariat ne sera plus qu'un mot et que s'éteindra la clameur poignante de ceux qui demandent du [II 327] pain, clameur qui s'élève dans le monde entier sans que l'on en tienne compte. L'arrivée de ce moment peut être hâtée par la diffusion de l'instruction et en fournissant de nouveaux débouchés au travail et à l'émigration, avec de meilleures perspectives que celles qui existent aujourd'hui et sur un nouveau continent qui peut surgir. Alors seulement, la Force et le Moteur de Keely, tels que lui et ses amis se les imaginaient au début, seront réclamés, parce qu'ils seront alors plus utiles aux pauvres qu'aux riches.
En attendant, la Force qu'il a découverte sera transmise au moyen de fils métalliques et, s'il réussit, cela suffira amplement à faire de lui le plus grand inventeur de son époque, pour la génération actuelle.
Ce que Keely dit à propos du Son et de la Couleur est également correct au point de vue Occulte. Ecoutez-le parler comme s'il était le nourrisson des "Dieux Révélateurs" et comme s'il avait passé sa vie à plonger ses regards dans les profondeurs du Père-Mère Æther.
En comparant la ténuité de l'atmosphère avec celle des flots éthériques qu'il obtenait, grâce au procédé qu'il avait inventé pour rompre les molécules de l'air au moyen de vibrations, Keely dit :
C'est comme le rapport qui existe entre le platine et le gaz hydrogène. La séparation moléculaire de l'air ne nous mène qu'à la première subdivision ; la séparation inter-moléculaire à la seconde ; l'atomique à la troisième, l'inter-atomique à la quatrième ; l'éthérique à la cinquième et l'inter-éthérique à la sixième subdivision, ou à l'association positive avec l'éther lumineux 582. Dans mon argument introductif, j'ai soutenu que cela constitue l'enveloppe vibratoire de tous les atomes. Dans ma définition de l'atome, je ne me limite pas à la sixième subdivision, dans laquelle cet éther lumineux est développé sous sa forme grossière, autant que le prouvent mes recherches 583. Je pense que les physiciens de nos jours considéreront cette idée comme une audace de l'imagination. Il est possible qu'avec le temps cette théorie soit éclairée par une lumière qui mette sa simplicité en relief pour les recherches scientifiques. Pour le moment, je ne puis la comparer qu'à une planète placée dans un espace obscur, où la lumière du soleil de la science ne l'a pas encore atteinte... Je soutiens que le son, comme l'odeur, est une substance réelle, d'une ténuité inconnue et merveilleuse, qui émane d'un corps où elle a été produite par percussion et qui projette de véritables corpuscules de matière, des particules [II 328] inter-atomiques, se mouvant avec une vélocité de 1.120 pieds par secondes 584 – dans le vide, de 20.000 pieds 585. La substance qui est ainsi disséminée fait partie intégrante de la masse agitée, et si elle était continuellement maintenue dans cet état d'agitation elle finirait, au bout d'un certain cycle de temps, par être complètement absorbée par l'atmosphère, ou, pour dire plus vrai, traverserait l'atmosphère pour atteindre un point élevé de ténuité, correspondant à l'état de subdivision qui lui permet de se libérer du corps auquel elle est liée... Les sons émanant de diapasons, disposés de façon à produire des accords éthériques, tout en disséminant leurs tons (composés), pénètrent de la façon la plus complète dans toutes les substances qui se trouvent à portée de leur bombardement atomique. Le tintement d'une cloche dans le vide met ces atomes en liberté, avec la même vélocité et le même volume qu'à l'air libre, et si l'état de vibration de la cloche était maintenu sans interruption durant quelques millions de siècles, celle-ci retournerait entièrement à ses éléments primitifs ; de plus, si le local était hermétiquement clos et suffisamment résistant, le vide entourant la cloche serait porté à une pression de plusieurs milliers de livres par pouce carré, par la substance ténue ainsi produite. D'après mon estimation, le son, si on le définit clairement, n'est que le dérangement de l'équilibre atomique, qui amène la rupture de véritables corpuscules atomiques, et la substance ainsi mise en liberté est certainement un certain ordre de courant éthérique. Dans ces conditions, n'est-il pas raisonnable de supposer que si ce flux était maintenu et le corps ainsi privé de ses éléments, il finirait par disparaître entièrement ? Tous les corps des règnes animal, végétal et minéral sont primitivement formés par cet éther extrêmement ténu et on ne fait que les rendre à leur subtil état gazeux lorsqu'on les place dans un état d'équilibre différentiel... En ce qui concerne l'odeur, nous ne pouvons nous faire une idée nette de son extrême et merveilleuse ténuité, qu'en tenant compte de ce qu'une vaste surface de l'atmosphère peut être imprégnée durant de longues années par un seul grain de musc qui, si on le pèse après ce long intervalle, n'aura pas perdu une partie appréciable de son poids. Le grand paradoxe au sujet du courant de particules odorantes, c'est que l'on peut les emprisonner dans un récipient de verre ! Nous avons là une substance bien plus ténue que le verre qui la renferme et pourtant elle ne peut s'échapper. C'est comme un crible aux mailles assez grandes pour laisser passer des billes et qui retiendrait pourtant du sable fin qui ne pourrait pas passer au travers ; en fait, un récipient moléculaire contenant une substance atomique. C'est là un problème qui confondrait ceux qui s'arrêteraient à l'étudier. Mais si infiniment ténue que soit l'odeur, elle est en relation très grossière avec la substance de la subdivision qui régit le courant magnétique [II 329] (un flux de sympathie, s'il vous convient de l'appeler ainsi). Cette subdivision est au-dessus du son, qui vient immédiatement après. L'action du flux d'un aimant a quelques rapports avec la portion réceptive et distributive du cerveau humain, restituant constamment une proportion qui va en diminuant, sur le total qu'elle reçoit. C'est un grand exemple du contrôle qu'exerce le mental sur la matière en amoindrissant graduellement le physique, jusqu'à ce que la dissolution se produise. L'aimant perd graduellement sa force dans la même proportion et devient inerte. Si l'on pouvait égaliser le rapport qui existe entre mental et matière et le maintenir dans cet état, nous vivrions éternellement dans notre état physique, attendu que le physique ne subirait aucune dépréciation. Toutefois la dépréciation physique finit par conduire à la source d'un développement infiniment supérieur – c'est-à-dire à la libération du pur éther de ses rapports avec le grossier aspect moléculaire, ce qui est, à mon avis, une chose très désirable 586.
586 Tiré de la brochure de Mme Bloomfield-Moore, intitulée The New Philosophy.
On remarquera qu'à part quelques petites divergences, aucun Adepte ou Alchimiste n'aurait pu mieux expliquer ces théories, au point de vue de la Science moderne, quelles que soient les protestations auxquelles cette dernière puisse se livrer contre ces nouvelles manières de voir. C'est de l'Occultisme pur et simple, sinon dans les détails, du moins en ce qui concerne les principes fondamentaux et, de plus, c'est aussi bien de la Philosophie Naturelle moderne.
Quelle est cette "nouvelle Force", à moins que la Science ne préfère lui donner un autre nom, Force dont les effets sont indéniables, comme l'ont admis plusieurs Naturalistes et Physiciens qui ont visité le laboratoire de Keely et ont été personnellement témoins de ses prodigieux effet ? Est- ce un "mode de mouvement" même dans le vide où il n'y a pas de Matière pour la générer, sauf le Son – autre "mode de mouvement" sans doute, une sensation causée, comme la Couleur, par des vibrations ? De même que nous sommes pleinement convaincus que ces vibrations sont la cause prochaine et immédiate de ces sensations, nous repoussons absolument la théorie scientifique exclusive d'après laquelle il n'existe aucun facteur que l'on puisse considérer comme extérieur à nous, sauf les vibrations éthériques ou atmosphériques 587. [II 330]
Il existe un groupe transcendant de causes, mises en action pour ainsi dire, dans la production de ces phénomènes, qui, n'étant pas en rapport avec le champ étroit de notre connaissance, ne peuvent être comprises et étudiées jusqu'à leur source et dans leur nature qu'au moyen des facultés spirituelles de l'Adepte. Ce sont, comme Asclépios le dit au Roi, des "corporalités incorporelles" comme "ce qui apparaît dans un miroir" et des "formes abstraites" que nous voyons, entendons et sentons, dans nos rêves et nos visions. Qu'ont à faire avec elles les "modes de mouvement", comme la lumière et l'éther ? Pourtant nous les voyons, les entendons, les sentons et les touchons, ergo ce sont pour nous des réalités, dans nos rêves, tout aussi bien que n'importe quel objet sur ce plan de Mâyâ.
587 Dans ce cas, les Substantialistes Américains, bien qu'ils soient trop Pnthropomorphes et trop matériels dans leur manière de voir pour que celle-ci puisse être acceptée par les Occultistes, n'ont pas tort lorsqu'ils prétendent, par l'organe de Mme S. Organ, que :
Il faut que les objets qui ont un rapport constitutionnel avec les nerfs de la sensation animale possèdent des facultés positives individualisatrices, sans quoi la perception n'existerait pas. Aucune impression, d'aucun genre, ne peut être produite sur le cerveau, les nerfs ou le mental – rien ne peut les pousser à l'action – à moins qu'il ne se produise une communication réelle et directe d'une force substantielle [ "substantielle", apparemment, dans le sens usuel que possède ce mot dans cet univers d'illusion et de mâyâ, et non pas EN REALITE ; cela va soi]. Cette force peut être l'entité immatérielle la plus affinée et la plus subtile [ ?]. Pourtant elle doit exister, car aucun sens, aucun élément, aucune faculté de l'être humain ne peut éprouver une perception ou être poussé à l'action, sans qu'une force substantielle quelconque entre en contact avec lui. C'est la loi fondamentale qui régit le monde organique et mental tout entier. Dans le sens vraiment philosophique, l'action indépendante n'existe pas, car chaque force ou substance est reliée à une autre force ou substance. Nous pouvons affirmer avec autant de raison et de vérité qu'aucune substance ne possède une propriété inhérente gustative ou olfactive, que la saveur et l'odeur ne sont que des sensations produites par des vibrations et, par suite, de simples illusions des perceptions animales...
[II 331]