STANCE VIII
—
EVOLUTION DES MAMMIFERES ANIMAUX : LA PREMIERE CHUTE
- Comment furent produits les premiers mammifères
- Une évolution quasi-Darwinienne
- Les animaux reçoivent des corps solides.
- Leur séparation en sexes
- Le premier péché de l'homme sans mental
Shloka 28. Comment furent produits les premiers mammifères
Des gouttes de sueur, des résidus de la substance, matière provenant des corps morts des hommes et des animaux de la Roue précédente 434 et de la poussière rejetée, les premiers animaux furent produits.
434 De la précédente Troisième Ronde.
435 De cette ronde.
La Doctrine Occulte maintient que, durant la Ronde actuelle, les mammifères furent produits par l'évolution plus tard que l'homme. L'évolution procède par Cycles. Le grand Cycle Manvantarique de Sept Rondes, qui débute dans la Première Ronde par le minéral, le végétal et animal, poursuit sa tâche évolutive sur l'arc descendant jusqu'à un point mort au milieu de la Quatrième Race, à la fin de la première moitié de la Quatrième Ronde.C'est donc sur notre Terre – la Quatrième Sphère et la plus basse – et durant la Ronde actuelle, que ce point tournant a été atteint. Et puisque la Monade a passé, après sa première "métallisation", sur le Globe A 435, par les mondes minéral, végétal, animal par tous les degrés des trois états de la matière, sauf le dernier degré du troisième, ou état solide, qu'elle n'a atteint qu'au "point tournant de l'évolution", il n'était que logique et naturel qu'au commencement de la Quatrième Ronde sur le Globe D, l'Homme fût le premier à faire son apparition ; et aussi que sa charpente fut formée avec la matière la plus ténue compatible avec l'objectivité. Pour rendre la chose plus claire : si la Monade commence son cycle d'incarnations dans les trois règnes objectifs, sur la ligne courbe descendante, elle doit nécessairement entrer aussi sur la ligne courbe remontante [III 226] de la Sphère sous la forme humaine. Sur l'arc descendant, c'est le spirituel qui se transforme graduellement pour devenir matériel. Sur la ligne moyenne de la base, l'Esprit et la Matière sont équilibrés dans l'Homme. Sur l'arc ascendant, l'Esprit s'affirme de nouveau lentement aux dépens du physique ou de la Matière, de sorte qu'à la fin de la Septième Race de la Septième Ronde, la Monade se trouvera aussi libre de la Matière et de ses attributs, qu'elle l'était au début, tout en ayant gagné, en plus, l'expérience et la sagesse, fruits de toutes ses vies personnelles, sans leurs maux et leurs tentations.
Cet ordre d'évolution se retrouve aussi dans le premier et le second chapitre de la Genèse, si on les lit en leur donnant leur véritable sens ésotérique, car le Chapitre premier contient l'histoire des Trois premières Rondes, ainsi que celle des Trois premières Races de la Quatrième, jusqu'au moment où l'Homme est appelé à la vie consciente par l'Elohim de Sagesse. Dans le Chapitre premier les animaux, les baleines et les oiseaux de l'air sont créés avant l'Adam androgyne 436. Dans le Chapitre II, Adam (l'asexué) vient d'abord et les animaux n'apparaissent qu'après lui. L'état de torpeur mentale et d'inconscience des deux premières Races et de la première moitié de la Troisième Race, est lui-même symbolisé dans le second chapitre de la Genèse, par le profond sommeil d'Adam. C'est le sommeil sans rêves de l'inaction mentale, l'assoupissement de l'Ame et du Mental, qui est indiqué par ce "sommeil" et pas du tout le processus physiologique de la différenciation des sexes, comme le pensait M. Naudin, un savant théoricien français.
Les Pourânas, les fragments Chaldéens et Egyptiens, ainsi que les traditions Chinoises, s'accordent tous avec la DOCTRINE SECRETE en ce qui concerne le processus de l'évolution et l'ordre suivi. Nous y trouvons la corroboration de presque tout notre enseignement ; par exemple, notre affirmation au sujet du mode ovipare de procréation de la Troisième Race et même une allusion à un mode moins innocent de procréation des premières formes mammifères.
Elles furent gigantesques, transparentes, muettes et monstrueuses, dit le Commentaire.
Etudiez, à ce propos, les histoires des divers Rishis et de leurs progénitures multiples. Poulastya est le père de tous les Serpents et Nâgas
– une génération ovipare ; Kashyapa est, par sa femme Tâmrâ, grand-père des oiseaux et de [III 227] Garouda, roi de la tribu emplumée ; tandis que, par son épouse Sourabhi 437, il était le père des vaches, des buffles, etc.
436 Allusion allégorique aux "animaux sacrés" du Zodiaque et des autres corps célestes. Quelques Cabalistes voient en eux les prototypes des animaux.
437 Ou Kamadhenou, la Vache Divine.
Dans la DOCTRINE SECRETE, les premiers Nâgas – Etres plus sages que des Serpents – sont les "Fils de la Volonté et du Yoga", nés avant la complète séparation des sexes, "mûris dans les œufs renfermant des êtres humains 438 et produits par le pouvoir (Kriyashakti) des saints Sages" du commencement de la Troisième Race 439.
438 Dans Hésiode, Zeus crée sa Troisième Race d'hommes en les tirant des frênes. Dans le Popol Vuh, la Troisième Race d'hommes est tirée de l'arbre Tzita et de la mœlle du roseau appelé Sibac ; mais Sibac veut dire "œuf" dans le langage des mystères des Artoufas ou cavernes de l'initiation. Dans un rapport envoyé en 1812 aux Cortès, par Don Baptista Pino. On dit : "Tous les Pueblos ont leurs Artoufas – c'est ainsi que les indigènes appellent des salles souterraines, ayant une seule porte et dans lesquelles ils s'assemblent (secrètement)... Ce sont des temples impénétrables... et les portes en sont toujours fermées aux Espagnols... Ils adorent le Soleil et la Lune... le feu et le grand SERPENT (le pouvoir créateur), dont les œufs sont appelés Sibac."
439 Il y a une notable différence, ésotériquement, entre les mots Sarpa et Nâga, bien qu'on les emploie tous deux indistinctement. Sarpa, serpent, est tiré de la racine srip, ramper (comparez avec le latin sarp-o) et on les appelle Ahi, de hâ, abandonner. Les Sarpas furent produits des cheveux de Brahmâ qui, en raison de la terreur qu'il éprouva en voyant les Yakshas, qu'il avait créés horribles à voir, tombèrent de sa tête et chaque cheveu devint un serpent. Ils sont appelés "Sarpa parce qu'ils rampent et Ahi parce qu'ils ont déserté la tête". (Wilson, I, 83.) Mais dans les allégories, les Nâgas, malgré leurs queues de serpent, ne rampent pas, mais trouvent le moyen de marcher, de courir et de combattre.
"En eux étaient incarnés les Seigneurs des trois mondes [supérieurs] – les différentes classes de Roudras, qui avaient été des Thoushitas, qui avaient été des Jayas, qui sont des Adityas" ; attendu, comme l'explique Parâshara, que :
"Il existe cent appellations différentes pour désigner les Roudras, dont la puissance est incommensurable."
Quelques-uns des descendants des Nâgas primitifs, les Serpents de Sagesse, peuplèrent l'Amérique, lorsque ce continent sortit des eaux, aux temps antiques de la grande Atlantide ; l'Amérique étant le Pâtâla ou les Antipodes de Jamboudvîpa et non de Bhârata-varsha. Autrement, d'où viendraient les traditions et les légendes – celles-ci toujours plus vraies que l'histoire, comme le dit Augustin Thierry – et même l'identité du nom de certains "hommes-médecins" et prêtres, qui existent jusqu'à présent au Mexique ? Nous aurons à dire quelques mots au sujet des Nargals et des Nagals, ainsi que du Nagalisme que les missionnaires appellent un "culte des démons".
Dans presque tous les Pourânas on trouve le récit du "Sacrifice de Daksha", dont la plus ancienne version se [III 228] trouve dans le Vâyou Pourâna. Si allégorique que soit ce récit, il a plus de sens et renferme, pour un Naturaliste, plus de révélations biologiques que toutes les divagations pseudo-scientifiques, que l'on considère comme des théories et des hypothèses savantes.
Daksha, que l'on regarde comme le Principal Progéniteur, est, en outre, désigné comme le créateur de l'homme physique, dans la "fable" d'après laquelle sa tête est séparée de son corps, durant la guerre générale qui a lieu entre les Dieux et les Raumas. Cette tête, ayant été brûlée, est remplacée par la tête d'un bélier, suivant le Kâshi Khanda [du Skanda- Pourâna]. Or, la tête et les cornes du bélier ont toujours été les symboles du pouvoir générateur et de la force reproductive et sont phalliques. Ainsi que nous l'avons montré, c'est Daksha qui établit l'ère des hommes engendrés par des rapports sexuels. Ce mode de procréation ne fut pourtant pas employé d'une manière soudaine, comme on pourrait le croire, mais il fallut de longs âges pour qu'il devînt l'unique moyen "naturel". C'est pourquoi l'on représente le sacrifice de Daksha comme ayant été troublé par Shiva – la Divinité Destructrice, l'Evolution et le Progrès personnifiés, qui est, en même temps, le Régénérateur ; qui détruit les choses sous une forme, pour les rappeler à la vie sous une autre forme d'un type plus parfait. Shiva-Roudra crée le terrible Virabhadra, né de son souffle, le monstre "aux mille têtes et aux mille bras" et le charge de détruire le sacrifice préparé par Daksha. Alors, Virabhadra "qui demeurait dans la région des fantômes [les hommes éthérés]... créa, en les tirant des pores de sa peau [Roma-Koûpas], de puissants Raumas" 440. Or, si mythique que soit l'allégorie, la Mahâbhârata 441 – qui est de l'histoire, tout autant que l'Iliade – montre les Raumas, ainsi que d'autres races, surgissant de la même façon que des Roma-Koûpas, cheveux ou pores de la peau. Cette description allégorique du "sacrifice" de Daksha est pleine de signification pour les étudiants de la DOCTRINE SECRETE qui ont connaissance des "Nés-de-la-Sueur".
Dans le récit du sacrifice que renferme le Vâyou Pourâna on dit en outre, qu'il a eu lieu en présence de créatures nées de l'œuf, de la vapeur, de la végétation, des pores de la peau et, à la fin seulement, de la matrice 442.
440 Wilson traduit le mot par "demi-dieux" (Vishnou Pourâna, I, 130), mais [les] Raumas constituent simplement une race, une tribu.
441 XII, 10, 308.
442 Wilson, ibid. I, p. 123.
Daksha typifie les débuts de la Troisième Race, sainte et [III 229] pure et pourtant dépourvue d'Ego Individuel et ne possédant que ses capacités passives. C'est pourquoi Brahmâ lui ordonna de créer (dans les textes exotériques) ; lorsqu'il obéit à cet ordre, il créa des progénitures (Poutra) "inférieures et supérieures" (Avara et Vara), des bipèdes et des quadrupèdes et, par sa volonté, donna naissance à des femelles, aux Dieux, aux Daityas (Géants de la Quatrième Race), aux dieux-serpents, aux animaux, au bétail, aux Dânavas (Titans et Démons Magiciens) et à d'autres êtres.
A partir de cette période, les créatures vivantes furent engendrées par rapports sexuels. Avant l'époque de Daksha, elles se propageaient de diverses manières – par la volonté, par la vue, par le toucher et par l'influence d'austérités religieuses pratiquées par des sages pleins de dévotion et par des saints 443.
Nous en arrivons maintenant à l'enseignement purement zoologique.
443 Wilson, II, 10.
Shloka 29. Une évolution quasi-Darwinienne
Des animaux pourvus d'os, dragons de l'abîme et Sarpas 444 volants, furent ajoutés aux choses rampantes. Ceux qui rampaient sur le sol furent pourvus d'ailes. Ceux des eaux, qui avaient de longs cous, devinrent les progéniteurs des oiseaux de l'air.
444 Serpents.
C'est un des points sur lesquels les enseignements et les spéculations biologiques modernes sont en parfait accord. Les chaînons manquants qui représentent ce processus de transition entre le reptile et l'oiseau, sont visibles même aux yeux du plus complet bigot, spécialement dans les Ornithos-celidæ, l'Hesperornis et l'Archéoptéryx de Vogt.
Shloka 30. Les animaux reçoivent des corps solides.
Durant la Troisième 445, les animaux sans os se développèrent et changèrent ; ils devinrent des animaux pourvus d'os, leurs Chhâyâs devinrent solides 446.
445 Race.
446 Aussi.
Des vertébrés, puis ensuite des mammifères. Avant cela, [III 230] les animaux étaient, eux aussi, des proto-organismes éthérés, tout comme l'était l'homme.
Shloka 31. Leur séparation en sexes
Les animaux se séparèrent les premiers 447. Ils commencèrent à reproduire. L'homme double 448 se sépara aussi. Il 449 dit : "Faisons comme eux, unissons- nous et faisons des créatures". Ils le firent...
447 En mâles et femelles.
448 Alors.
449 L'homme.
Shloka 32. Le premier péché de l'homme sans mental
Et ceux qui n'avaient pas d'étincelle 450 prirent pour eux d'énormes animaux femelles. Ils engendrèrent avec elles des races muettes. Eux-mêmes 451 étaient muets. Mais leurs langues se délièrent 452. Les langues de leurs descendants demeurèrent muettes. Ils donnèrent naissance à des monstres. Une race de monstres contrefaits et couverts de poils rouges, qui marchaient à quatre pattes 453. Une race muette pour que la honte ne fût pas dite 454.
450 Ceux à la "tête étroite". Comparez avec la Shloka 24.
451 Ceux à la "tête étroite".
452 Voyez le commentaire de la Shloka 36.
453 Ces "animaux" ou monstres ne sont ni les anthropoïdes, ni aucun autre genre de singes, mais constituent ce que les Anthropologues pourraient appeler avec raison le "chaînon manquant", l'homme inférieur primitif.
454 La honte de leur origine animale que nos Savants modernes voudraient accentuer fortement s'ils le pouvaient.
Le fait de l'existence de mammifères d'abord hermaphrodites et de leur séparation postérieure en deux sexes, est aujourd'hui indiscutable, même au point de vue de la Biologie. Ainsi que l'explique le professeur Oscar Schmidt, un Darwiniste avéré :
L'usage ou le non-usage, combiné avec la sélection, élucide [?] la séparation des sexes et l'existence, qui serait sans cela incompréhensible, d'organes sexuels rudimentaires. Chez les Vertébrés, spécialement, chaque sexe possède des traces si distinctes de l'appareil de reproduction qui caractérise l'autre sexe, que l'antiquité elle-même considérait l'hermaphrodisme comme un état primordial naturel de l'humanité... La ténacité, avec laquelle ces rudiments d'organes sexuels se transmettent par hérédité, est remarquable. Dans la classe des mammifères, le réel hermaphrodisme est sans exemple, bien que durant toute la période de leur développement, [III 231] ils traînent avec eux ces restes, déjà portés par leurs ancêtres inconnus, personne ne peut dire depuis combien de temps. 455
455 The Doctrine of Descent and Darwinism, pp. 186, 187. Les "ancêtres inconnus" auxquels il est fait allusion, sont les prototypes astraux primordiaux. V. édition française : Darwinisme et Descendance, libr. Alcan.
"Les animaux se séparèrent les premiers", dit la Shloka 31. Rappelez- vous qu'à ce moment les hommes étaient différents, même au point de vue physiologique, de ce qu'ils sont maintenant ; car le milieu de la Cinquième Race est aujourd'hui passé. On ne nous dit pas ce qu'étaient les "énormes animaux femelles", mais ils différaient certainement de tout ce que nous connaissons maintenant, autant que les hommes d'alors différaient de ceux d'aujourd'hui.
Ce fut la première "chute dans la matière" physique, de quelques-unes des races inférieures qui existaient alors. Souvenez-vous de la Shloka 24. Les "Fils de la Sagesse" avaient stimulé le début de la Troisième Race, c'est-à-dire celle qui n'était pas développée, et on nous les montre s'incarnant ensuite dans la fin de la Troisième Race et la dotant ainsi de l'intellect. Ainsi le péché des Races sans cerveau ou "sans mental" qui ne possédaient pas "d'étincelle" et étaient irresponsables, retomba sur ceux qui refusèrent d'accomplir vis-à-vis d'elle leur devoir Karmique.
QUELLES PEUVENT ETRE LES OBJECTIONS A CE QUI PRECEDE ?
L'Occultisme repousse donc l'idée que la Nature a développé l'homme en le faisant descendre du singe, ou même de tout autre ancêtre qui leur serait commun et fait, au contraire, remonter quelques-unes des espèces les plus notoirement anthropoïdes à l'homme de Troisième Race, au début de la Période Atlantéenne. Comme cette proposition sera maintenue et défendue ailleurs, il suffira, pour le moment, d'ajouter quelques mots. Pour rendre la chose plus claire, nous allons, néanmoins, reproduire brièvement ce qui a déjà été dit dans la STANCE VI du volume I.
Nos enseignements établissent que, bien qu'il soit tout à fait correct de dire que la Nature avait, à une certaine époque, construit autour du corps astral humain une forme simiesque extérieure, il n'en reste pas moins tout aussi vrai que cette forme n'était pas plus celle du "chaînon manquant" que ne le furent les nombreuses autres enveloppes de cette forme astrale, durant le cours de son évolution naturelle à travers tous les règnes de la Nature. En outre, comme nous l'avons [III 232] montré, ce ne fut pas sur cette Planète de Quatrième Ronde que cette évolution s'effectua, mais seulement durant les Première, Seconde et Troisième Rondes, alors que l'HOMME était, tour à tour "une pierre, une plante et un animal", jusqu'au moment où il devint ce qu'il fut durant le cours de la Première Race- Racine de l'Humanité actuelle. Le véritable cours suivi par l'évolution diffère de celui qu'a donné Darwin et les deux systèmes sont irréconciliables, à moins que l'on ne sépare le dernier du dogme de la "sélection naturelle" et des autres du même genre. Il existe en effet, entre la Monère de Hæckel et le Sarîsripa 456 de Manou, un abîme infranchissable représenté par le Jîva, car la Monade "humaine", qu'elle soit métallisée dans l'atome de la pierre, végétalisée dans la plante, ou animalisée dans l'animal, n'en est pas moins toujours une Monade divine et, par suite, une Monade HUMAINE aussi. Elle ne cesse d'être humaine que lorsqu'elle devient absolument divine. Les termes de Monade "minérale", "végétale" et "animale" sont destinés à établir une distinction superficielle : il n'existe pas de Monade (Jîva) qui ne soit divine et qui, par conséquent, n'ait été ou ne soit appelée à devenir plus tard humaine. Ce dernier terme restera sans signification, à moins que cette différence ne soit bien comprise. La Monade est une goutte d'eau tirée de l'Océan sans rivages au-delà du plan de la différenciation primordiale ou, pour être correct, dans ce plan. Elle est divine dans son état supérieur et humaine dans son état inférieur – les adjectifs "supérieur" et "inférieur" sont employés faute d'en avoir de meilleurs – mais n'en reste pas moins toujours une Monade, sauf dans l'état Nirvânique, dans toutes les conditions et sous toutes les formes extérieures. De même que le Logos reflète l'Univers dans le Mental Divin et que l'Univers Manifesté se reflète dans chacune de ses Monades, comme l'explique Leibnitz en reproduisant un enseignement Oriental, de même la MONADE doit, durant le Cycle de ses incarnations, se refléter dans chaque forme-racine de chaque règne. Les Cabalistes s'expriment donc correctement, lorsqu'ils disent que "l' "HOMME" devient une pierre, une plante, un animal, un homme, un esprit et finalement Dieu", accomplissant ainsi son cycle ou circuit et revenant au point d'où il était parti en qualité d'HOMME Céleste. Mais par "Homme" on entend la Divine Monade et non pas l'Entité Pensante et encore moins son Corps Physique. Les Savants d'aujourd'hui, tout en refusant d'admettre l'existence de l'âme immortelle, cherchent à retrouver les traces de son passage à travers une série de formes animales, depuis la plus basse jusqu'à la plus haute, [III 233] tandis qu'en vérité toute la faune actuelle descend des monstres primordiaux dont parlent les STANCES. Les animaux – les bêtes rampantes et celles qui vivent dans les eaux et qui ont précédé l'Homme durant la Quatrième Ronde actuelle, aussi bien que celles qui étaient contemporaines de la Troisième Race et même les mammifères qui sont postérieurs aux Troisième et Quatrième Races – sont tous physiquement, et d'une manière directe ou indirecte, le produit mutuel et corrélatif de l'Homme. Il est exact de dire que l'homme de ce Manvantara, c'est-à-dire des trois Rondes précédentes, a passé par tous les règnes de la Nature. Qu'il a été "une pierre, une plante, un animal". Mais (a) ces pierres, ces plantes et ces animaux étaient les prototypes, les modèles pelliculaires de ceux de la Quatrième Ronde et (b) même ceux du commencement de la Quatrième Ronde étaient les ombres astrales, comme disent les Occultistes, des pierres, des plantes et des animaux actuels. En outre, ni les formes, ni les genres des hommes, des animaux ou des plantes, n'étaient ce qu'ils devinrent plus tard. Ainsi les prototypes astrals des êtres inférieurs du règne animal de la Quatrième Ronde, qui précédèrent les Chhâyâs des Hommes, étaient les enveloppes consolidées, bien qu'encore très éthérées, des formes ou modèles plus éthérés encore, produits vers la fin de la Troisième Ronde sur le Globe D, comme c'est exposé dans le Bouddhisme Esotérique (Chap. III) ; modèles tirés "des résidus de la substance ; de la matière provenant des corps morts d'hommes et d'[autres]animaux [disparus] de la Roue précédente", ou Troisième Ronde précédente – comme nous le dit la Shloka 28. Ainsi, tandis que les "animaux" non décrits qui précédèrent l'Homme Astral au commencement de ce cycle de Vie sur notre Terre, étaient encore, pour ainsi dire, la progéniture de l'Homme de la Troisième Ronde, les mammifères de la Ronde actuelle doivent, dans une large mesure, leur existence à l'Homme aussi. De plus, "l'ancêtre" de l'animal anthropoïde actuel, du singe, est le produit direct de l'Homme encore dépourvu de mental, qui, dégrada sa dignité humaine en se plaçant physiquement sur le même niveau qu'un animal.
Ce qui précède explique quelques-unes des soi-disant preuves physiologiques avancées par les Anthropologistes pour démontrer que l'homme descend des animaux.
Le point sur lequel insistent le plus les Evolutionnistes, c'est que "L'histoire de l'embryon est un abrégé de celle de la race." Que :
Chaque organisme, dans son développement à partir de l'œuf, passe par une série de formes, par lesquelles ses ancêtres avaient passé, dans le même ordre, durant le long cours de l'histoire de la [III 234] Terre 457. L'histoire de l'embryon... est un tableau, en petit, une esquisse, de celle de la race. Cette conception constitue la base de notre loi biogénétique fondamentale, que nous sommes obligés de placer en tête de l'étude de la loi fondamentale du développement organique. 458
457 "Un puissant argument en faveur de la variabilité est fourni par la science de l'embryologie. L'homme, dans l'utérus, n'est-il pas... une simple cellule, un végétal avec trois ou quatre folioles, un têtard pourvu de branchies, un mammifère pourvu d'une queue, enfin un primate [?] et un bipède ? Il est impossible de ne pas reconnaître dans l'évolution de l'embryon une rapide esquisse, un résumé fidèle, de la série organique tout entière." (Lefèvre, Humanité, p. 484.)
Toutefois, le résumé auquel il est fait allusion n'est que celui du groupe de types amassés dans l'homme, le microcosme. Cette simple explication répond à toutes les objections, comme, par exemple, la présence d'un rudiment de queue chez le fœtus – fait qui est triomphalement exploité par Hæckel et Darwin, comme étant décisif, en faveur de la Théorie de l'Ancêtre-Singe. On peut aussi faire remarquer que la présence d'un végétal muni de folioles durant les phases embryonnaires n'est pas expliquée d'après les principes ordinaires des évolutionnistes. Les Darwinistes ne sont pas remontés jusqu'aux végétaux en suivant les traces de l'homme, mais les Occultistes l'ont fait. Pourquoi alors cet aspect de l'embryon et comment les Darwinistes l'expliquent-ils ?
458 "Les Preuves de l'Evolution", conférence faite par Hæckel.
Les Sages et les Occultistes de l'antiquité la plus reculée connaissaient cette théorie moderne comme un fait et l'exprimaient bien plus philosophiquement. Nous pouvons citer ici un passage d'Isis Dévoilée, afin de fournir quelques points de comparaison. On demandait pourquoi, malgré leur science profonde, les Physiologistes étaient incapables d'expliquer les phénomènes tératologiques ?
Tout anatomiste, qui a fait du développement et de la croissance de l'embryon... "le sujet d'une étude spéciale", peut dire, sans grand effort mental, ce que lui montrent son expérience journalière et le témoignage de ses propres yeux, c'est-à-dire que, jusqu'à un certain moment, l'embryon humain est le fac-similé d'un jeune batracien lorsqu'il vient d'être produit par le frai – d'un têtard. Mais aucun Physiologiste ou Anatomiste ne semble avoir eu l'idée d'appliquer au développement de l'être humain – depuis le premier instant de son apparition physique, sous forme de germe, jusqu'à sa formation finale et sa naissance – la doctrine Pythagoricienne ésotérique de la métempsycose, interprétée d'une manière si erronée par les critiques. Le sens de l'axiome Cabalistique : "Une pierre devient une plante, une plante devient une bête, une bête devient un homme, etc.", a été mentionné ailleurs, à propos de l'évolution spirituelle et physique des hommes sur cette Terre. Nous allons maintenant ajouter quelques mots pour éclairer davantage la question. [III 235]
Quelle est la forme primitive de l'homme futur ? Un grain, un corpuscule, disent quelques Physiologistes ; une molécule, un rudiment d'œuf, disent d'autres. Si on pouvait l'analyser – au moyen du microscope ou autrement – de quoi devrait-on s'attendre à le voir composé ? Par analogie, nous répondrions : d'un noyau de matière inorganique séparé de la circulation au point germinal et uni à un dépôt de matière organique. En d'autres termes, ce noyau infinitésimal de l'homme futur est composé des mêmes éléments qu'une pierre – des mêmes éléments que la Terre que l'homme est appelé à habiter. Les Cabalistes s'appuient sur Moise à cause de sa remarque qu'il fallait de la terre et de l'eau pour faire un être vivant et l'on peut ainsi dire que l'homme apparaît d'abord sous forme d'une pierre.
Après trois ou quatre semaines, l'ovule a pris l'aspect d'une plante car l'une de ses extrémités est devenue sphéroïdale et l'autre pointue, comme une carotte. En le disséquant, l'on constate qu'il est formé, comme un oignon, de délicates lamelles ou enveloppes, qui renferment un liquide. Les lamelles se rapprochent les unes des autres à l'extrémité inférieure et l'embryon est suspendu à la racine de l'ombilic, presque comme un fruit à une branche. La pierre a maintenant été changée, par "métempsycose", en plante. Alors la créature embryonnaire commence à pousser ses membres de l'intérieur à l'extérieur et développe ses traits. Les yeux sont visibles comme deux points noirs : les oreilles, le nez et la bouche forment des dépressions, comme les pointes d'une pomme de pin, avant qu'elles ne commencent à sortir. L'embryon se développe en un fœtus à l'aspect animal – la forme d'un têtard – et, comme un reptile amphibie, vit dans l'eau et s'y développe. Sa Monade n'est encore devenue ni humaine, ni immortelle, car les Cabalistes nous disent que cela ne se produit qu'à la "quatrième heure". Une par une, le fœtus revêt les caractéristiques de l'être humain, le premier tressaillement du souffle immortel traverse son être ; il remue... et l'essence divine s'établit dans la forme infantile qu'elle habitera jusqu'au moment de la mort physique, lorsque l'homme devient un esprit.
Les Cabalistes appellent ce mystérieux processus d'une formation en neuf mois, le "cycle individuel d'évolution". De même que le fœtus se développe au milieu des eaux de l'amnios dans la matrice, les Terres germent au milieu de l'Ether Universel, ou du Fluide Astral, dans la Matrice de l'Univers. Ces enfants cosmiques, comme les pygmées qui les habitent, sont d'abord des noyaux, puis des ovules ; ils mûrissent alors graduellement et, passant à leur tour par la maternité développent des formes minérales, végétales, animales et humaines. Du centre à la circonférence, depuis la vésicule imperceptible jusqu'aux extrêmes limites concevables du cosmos, ces glorieux penseurs les Occultistes, retrouvent les traces [III 236] du cycle se fondant dans le cycle, du contenant et du contenu en une série sans fin. L'embryon évoluant dans sa sphère prénatale, l'individu dans sa famille, la famille dans l'état, l'Etat dans l'humanité, la terre dans notre système, ce système dans son univers central, l'univers dans le Cosmos et le Cosmos dans la CAUSE UNIQUE – Sans-limites et Sans-fin 459.
459 Vol. II, pp. 136-138.
Telle est leur philosophie de l'évolution qui diffère, comme vous le voyez, de celle de Hæckel.
Tout n'est qu'une partie d'un stupéfiant ensemble, Dont la Nature est le corps et (Parabrahm) l'Ame.
Voilà les preuves de l'Occultisme, et la Science les repousse. Mais, dans ce cas, comment peut-on franchir l'abîme qui sépare le mental de l'homme de celui de l'animal ? Si l'anthropoïde et "l'homo primigenius" ont eu, argumenti gratiâ, un ancêtre commun – de la manière avancée par la spéculation moderne – comment se fait-il que les deux groupes aient divergé à ce point, en ce qui concerne la capacité mentale ? Il est vrai que l'on peut dire à l'Occultiste, qu'en chaque cas l'Occultisme fait ce que la Science répète, c'est-à-dire qu'il donne un ancêtre commun au singe et à l'homme puisqu'il fait descendre celui-là de l'Homme Primordial. Oui, mais cet "Homme Primordial" n'était homme que par la forme extérieure. Il était sans mental et sans âme à l'époque où il procréa, avec un monstre animal femelle, l'ancêtre d'une série de singes. Cette spéculation – si toutefois c'en est une – est au moins logique et comble l'abîme qui sépare le mental de l'homme, de celui de l'animal. Elle justifie et explique ce qui, jusqu'alors, était resté injustifiable et inexplicable. Le fait – dont la Science est à peu près certaine – que dans la phase actuelle de l'évolution, l'union de l'homme et de l'animal ne peut donner aucun produit, est étudié et expliqué ailleurs.
Quelle est donc la différence fondamentale qui existe entre les conclusions acceptées (ou presque) – telle qu'elle est énoncée dans The Pedigree of Man – d'après laquelle l'homme et le singe ont un ancêtre commun et les enseignements de l'Occultisme qui repousse cette conclusion et accepte le fait que toutes les choses et tous les êtres vivants sont sortis d'une unique source commune ? la Science Matérialiste fait évoluer graduellement l'homme jusqu'au point où il est maintenant. Partant du premier fragment de protoplasme appelé la Monère – qui, nous dit-on, a, comme tout le reste, [III 237] "tiré son origine, au cours de périodes incalculables, de quelques formes (ou d'une seule simple) originales nées spontanément, en vertu d'une seule loi d'évolution" – on le fait passer par des types "inconnus et inconnaissables" jusqu'au singe, puis, de là, à l'être humain. On ne nous dit pas où l'on peut découvrir les formes transitoires, pour la raison bien simple que, jusqu'à présent, aucun "chaînon manquant" n'a jamais été découvert entre l'homme et les singes, bien que cela n'empêche nullement des hommes comme Hæckel d'en inventer ad libitum.
On n'en découvrira du reste jamais, parce que l'on cherche, sur le plan objectif et dans le monde matériel des formes, ce chaînon qui unit l'homme à ses réels ancêtres, tandis qu'il est caché en lieu sûr à l'abri du microscope et du scalpel dans le tabernacle animal de l'homme lui-même. Nous répétons ce que nous avons déjà dit dans Isis Dévoilée :
... toutes les choses tirent leur origine de l'Esprit – attendu que l'évolution a commencé en haut pour suivre ensuite l'arc descendant, au lieu de l'inverse qui est enseigné d'après la théorie Darwinienne. En d'autres termes, il s'est produit une matérialisation graduelle des formes, jusqu'à ce qu'un maximum d'abaissement eût été atteint. C'est à partir de ce point que la doctrine moderne de l'évolution entre dans l'arène des hypothèses spéculatives. Une fois arrivés à ce point, il nous semblera plus facile de comprendre l'Anthropogénie de Hæckel, qui fait remonter la généalogie de l'homme "jusqu'à une racine protoplasmique plantée dans la boue des mers qui existaient avant que les plus antiques roches fossilifères ne fussent déposées", suivant l'exposé de M. Huxley. Nous comprendrons plus aisément encore que l'homme (de la Troisième Ronde) ait évolué "par la modification graduelle d'un mammifère [astral] dont l'organisme ressemblait à celui du singe", lorsque nous nous souviendrons que la même théorie, sous une forme plus condensée et moins élégante, mais tout aussi compréhensible, avait été, suivant Bérose, enseignée des milliers d'années avant son époque par l'homme-poisson Oannès ou Dagon, le demi-démon de la Babylonie 460 (bien que sous une forme quelque peu modifiée).
Sur quoi donc la ligne de descente de Darwin est-elle basée ? En ce qui concerne Darwin, uniquement sur des "hypothèses impossibles à vérifier". En effet, il considère, comme il le dit lui-même, tous les êtres "comme descendant en ligne directe de quelques êtres qui vivaient bien avant le dépôt de la première couche du système Silurien" 461. Il ne cherche pas à nous expliquer [III 238] ce qu'étaient ces "quelques êtres". Mais cela répond tout aussi bien à nos desiderata, car le fait seul d'admettre leur existence équivaut à revêtir du sceau de l'approbation scientifique le recours aux anciens pour la corroboration et l'élaboration de l'idée. 462
460 Voyez Cory, Ancient Fragments, pp. 21 et seq. [Edition nouvelle et augmentée, pp. 51-58].
461 Origin of Species, pp. 448, 449, première édition. Origine des Espèces. édit. française.
462 Vol. I., p. 288.
En vérité, comme nous le disions dans notre premier ouvrage, si nous acceptons la théorie de Darwin du développement des espèces nous constatons que son point de départ se trouve en face d'une porte ouverte. Nous sommes libres de rester dedans, en sa compagnie, ou de franchir le seuil au-delà duquel se trouve l'illimité et l'incompréhensible, ou plutôt l'Inarticulable. Si notre langage mortel est inapte à exprimer ce que notre esprit – durant son séjour sur terre – prévoit vaguement dans le grand "Au- delà", il doit le comprendre à un moment quelconque de l'Eternité sans durée. Mais qu'y a-t-il "au-delà" de la théorie de Hæckel ? Pourquoi le Bathybius Hæckelii et rien de plus ?