L'ORIGINE DU MYTHE SATANIQUE
Sondons donc plus profondément l'étude de cette création de la fantaisie des Pères de l'Eglise et cherchons à découvrir son prototype chez les païens. L'origine du nouveau mythe Satanique est facile à retrouver. La Tradition du Dragon et du Soleil a son écho dans toutes les parties du monde, aussi bien dans les régions à demi sauvages. Elle a pour point de départ les chuchotements des profanes au sujet d'Initiations secrètes et fut, à une certaine époque, universellement établie dans la religion héliolâtre qui fut jadis répandue partout. Il fut un temps où les quatre parties du monde étaient couvertes de temples consacrés au Soleil et au Dragon, mais aujourd'hui leur culte survit surtout en Chine et dans les pays Bouddhistes.
Bel et le Dragon sont uniformément accouplés et le prêtre de la religion Ophite prend aussi uniformément le nom de son Dieu. 909
907 Job, I, 6.
908 Le Livre des Nombres Chaldéen.
909 Archæology, XXV, 220, Londres.
Parmi les religions du passé, c'est dans celle de l'Egypte qu'il nous faut rechercher son origine Occidentale. Les Ophites empruntèrent leurs rites à Hermès Trismégiste et l'héliolâtrie, avec ses Dieux solaires vint des Indes jusqu'à la terre des Pharaons. Dans les Dieux de Stonehenge, nous reconnaissons les divinités de Delphes et de Babylone et dans ceux de ces dernières villes, nous retrouvons les Dévas des nations Védiques. Bel et le Dragon, Apollon et Python, Krishna et Kâliya, Osiris et Typhon, sont les mêmes sous divers noms, comme plus tard Michel et le Dragon Rouge, saint Georges et son Dragon. Comme Michel est "comme un Dieu", ou son "Double" pour des fins terrestres et que c'est un des Elohim, l'Ange combattant, il n'est donc qu'une permutation de Jéhovah. Quel que soit l'évènement cosmique ou astronomique qui ait donné naissance à l'allégorie de la "Guerre dans le Ciel", il faut chercher son origine terrestre dans les temples d'Initiation et dans les cryptes archaïques ; ce qui le prouve, c'est que nous trouvons : (a) les prêtres qui prennent les noms des Dieux qu'ils servent ; (b) les "Dragons" que toute l'antiquité considère comme les symboles de l'Immortalité et de la Sagesse, du Savoir secret et de l'Eternité et (c) les Hiérophantes de l'Egypte, de Babylone et des Indes, qui se donnent généralement le nom de "Fils du Dragon" et de "Serpents" corroborant ainsi les enseignements de la Doctrine Secrète. [III 475]
Il existait en Egypte et en Chaldée de nombreuses catacombes dont quelques-unes avaient une très vaste étendue. Les plus célèbres étaient les cryptes souterraines de Thèbes et de Memphis. Les premières commençaient sur la rive occidentale du Nil, s'étendaient dans la direction du désert de Lybie et étaient connues sous le nom de Catacombes ou passages du Serpent. C'était là que s'accomplissaient les Mystères Sacrés du Kuklos Anankès, le "Cycle Inévitable", plus connu sous le nom de "Cycle de Nécessité" ; la sentence inexorable imposée à chaque Ame après la mort du corps, lorsqu'elle a été jugée dans la région de l'Amenti.
Dans l'ouvrage de De Bourbourg, Votan, le demi-dieu Mexicain, lorsqu'il fait le récit de son expédition, décrit un passage souterrain qui s'étend sous le sol et se termine à la racine des cieux et ajoute que ce passage est un trou de Serpent, "un agujero de colubra" et qu'il y fut admis parce qu'il était lui-même un "Fils des Serpents", ou un Serpent 910.
910 Die Phoinizier, 70 (cité dans Isis Dévoilée).
Ceci est vraiment très suggestif, car sa description du "trou du Serpent" est celle de l'antique crypte Egyptienne que nous venons de mentionner. Du reste, les Hiérophantes, en Egypte comme à Babylone, se donnaient généralement, durant les Mystères, le nom de "Fils du Dieu- Serpent" ou de "Fils du Dragon".
"Le prêtre Assyrien, dit Movers, portait toujours le nom de son Dieu." Les Druides des régions Celto-Britanniques se donnaient aussi le nom de Serpents. "Je suis un Serpent, je suis un Druide", s'écriaient-ils. Le Karnak égyptien est le frère jumeau du Carnac de Bretagne ; ce dernier mot de Carnac voulant dire la Montagne du Serpent. Les Dracontia couvraient jadis la surface du globe et ces temples n'étaient consacrés au Dragon que parce qu'il était le symbole du Soleil qui, à son tour, était le symbole du Dieu Suprême, l'Elon, ou Elion phénicien, qu'Abraham reconnaissait sous le nom d'El Elion 911. Outre le surnom de Serpent, ils portaient aussi ceux de "Constructeurs" ou "d'Architectes", parce que la grandeur immense de leurs temples et de leurs monuments était telle que, même de nos jours, leurs débris pulvérisés "font reculer nos modernes ingénieurs devant leurs calculs mathématiques", comme le dit Taliesin 912.
De Bourbourg suggère que les chefs du nom de Votan, le [III 476] Quetzo-Cohuatl ou Dieu-Serpent des Mexicains, sont les descendants de Cham et de Canaan. "Je suis Hivim, disent-ils ; étant un Hivim, je suis de la grande race du Dragon (Serpent). Je suis moi-même un Serpent, car je suis un Hivim." 913
911 Voyez Sanchoniathon dans Eusèbe, Pr. Ev., 36 ; voir Genèse, XVI.
912 Society of Antiquaries of London, XXV, 220.
913 Cartas, 51 ; voyez Isis Dévoilée, II, 369 seqq.
En outre, on démontre que la "Guerre dans le Ciel" se rapportait dans un de ses sens, aux terribles luttes réservées au Candidat à l'Adeptat, lutte entre lui-même et ses passions humaines personnifiées (par la Magie), lorsque l'Homme Interne illuminé doit les détruire ou échouer. Dans le premier cas, il devenait le "Meurtrier du Dragon" parce qu'il avait heureusement dompté toutes les tentations et un "Fils du Serpent", Serpent lui-même, ayant dépouillé son ancienne peau pour naître dans un nouveau corps et devenir un Fils de la Sagesse et de l'immortalité dans l'Eternité.
Seth, considéré comme ancêtre d'Israël, n'est qu'un travestissement juif d'Hermès, le Dieu de la Sagesse, appelé aussi Thoth, Tat, Seth, Set et Satan. C'est aussi Typhon, le même qu'Apophis, le Dragon tué par Horus, car Typhon aussi était appelé Set. Il représente simplement le côté ténébreux d'Osiris, son frère, de même qu'Angra Mainyu est l'ombre noire d'Ahura Mazda. Au point de vue terrestre, toutes ces allégories se rattachent aux épreuves de l'Adeptat et de l'Initiation. Au point de vue astronomique, elles se rapportent aux éclipses du Soleil et de la Lune, dont nous trouvons jusqu'à présent les explications mythiques aux Indes et à Ceylan, où toute personne peut étudier les narrations et traditions allégoriques, qui sont restées inchangées depuis bien des milliers d'années.
Râhu est, au point de vue mythologique, un Daitya – un Géant, un Demi-dieu, dont la partie inférieure du corps se terminait en queue de Dragon ou de Serpent. Durant le barattement de l'Océan, lorsque les Dieux produisaient l'Amrita, l'Eau de l'immortalité, il en vola un peu, la but et devint immortel. Le Soleil et la Lune, qui avaient découvert son larcin, le dénoncèrent à Vishnou qui le plaça dans les sphères étoilées, la partie supérieure de son corps représentant la tête du Dragon et la partie inférieure (Kétu) la queue du Dragon ; les deux parties constituant le nœud ascendant et le nœud descendant. Depuis lors, Râhu se venge du Soleil et de la Lune en les avalant parfois, mais cette fable a un autre sens mystique, car Râhu, la tête du Dragon, jouait un rôle important dans les Mystères de l'initiation du Soleil (Vikartana), lorsque le Candidat et le Dragon combattaient entre eux dans une lutte suprême.
Les Cavernes des Richis, les demeures des Tirésias et des [III 477] voyants grecs, étaient faites sur le modèle de celles des Nâgas, les Serpents-Rois des Hindous, qui habitaient dans des cavernes rocheuses souterraines. Depuis Shesha, le Serpent aux mille têtes, sur lequel repose Vishnou, jusqu'à Python, le Dragon-Serpent oracle, tous font allusion au sens secret du mythe. Aux Indes nous trouvons ce fait mentionné dans les premières Pourânas. Les enfants de Surasâ sont les puissants "Dragons". La Vâyou Pourânaremplaçant les "Dragons" de Surasâ du Vishnou Pourâna par les Dâavnas, les descendants de Danou par le Sage Kasyapa et ces Dânavas étant les Géants ou Titans qui luttèrent contre les Dieux, cela prouve qu'ils sont identiques aux "Dragons" et aux "Serpents" de Sagesse.
Nous n'avons qu'à comparer les Dieux-solaires de tous les pays pour constater que leurs allégories concordent parfaitement entre elles, et plus le symbole allégorique est Occulte, plus il concorde avec son symbole correspondant des systèmes exotériques. Ainsi, dans trois systèmes qui, en apparence, diffèrent beaucoup les uns des autres – l'antique système Aryen, l'antique système Grec et le système Chrétien moderne – choisissons au hasard plusieurs Dieux-solaires et Dragons et nous constaterons qu'ils sont les copies les uns des autres.
Prenons, par exemple, Agni, le Dieu du Feu, Indra, le firmament, et Kârtikeya des Hindous ; l'Apollon grec et Michel, "l'Ange du Soleil", le premier des Eons, appelé le "Sauveur" par les Gnostiques, et procédons par ordre.
- Agni, le Dieu du Feu, est appelé Vaishvânara dans le Rig Véda. Or Vaishvânara est un Dânava, Démon-Géant 914, dont les filles, Puloma et Kâlakâ, sont les mères d'innombrables Dânavas (30 millions), par les œuvres de Kashyapa 915 et vivent dans Hyraniapoura, "la cité d'or flottant dans les airs" 916. C'est pourquoi Indra est, en quelque sorte, le beau-fils [III 478] de ces dieux, en qualité de fils de Kashyapa, et Kashyapa est dans ce sens, identique à Agni, le Dieu du Feu, ou soleil (Kashyapa- Aditya). A ce même groupe appartient Skanda ou Kârtikeya, Dieu de la Guerre et, au point de vue astronomique, la planète Mars aux six faces, un Koumâra, ou Adolescent Vierge né d'Agni 917, afin de détruire Târaka, le Démon Dânava, le petit-fils de Kashyapa par son fils Hiranyâksha 918. Les austérités du Yoga de Târaka étaient si extraordinaires qu'elles devinrent formidables aux yeux des Dieux, qui craignaient un pareil rival en puissance 919. En même temps qu'Indra, le resplendissant Dieu du Firmament, tue Vritra ou Ahi, le Démon-Serpent – haut fait pour lequel il est appelé Vritrahan, le "Destructeur de Vritra" – il dirige aussi les légions de Dévas (Anges ou Dieux) contre d'autres Dieux qui se révoltent contre Brahmâ et, pour cette raison, il est surnommé Jishnou, "Chef des Légions Célestes". On constate que Kârtikeya porte aussi les mêmes titres. Pour avoir tué le Dânava Târaka, il est appelé Târaka-jit, "Vainqueur de Târaka" 920, Koumâra Gouha, le "mystérieux-adolescent Vierge", Siddhasena, "Chef des Siddhas", et Shakti-dhara, "Porte-Lance".
914 Dans la Vayou Pourâna, Il est ainsi dénommé et figure sur la liste des Dânavas ; le Commentateur de la Bhâgavata Pourâna, l'appelle un fils de Danou, mais le nom signifie aussi "Esprit de l'Humanité".
915 Kashyapa est appelé le fils de Brahmâ et c'est "l'Auto-généré" auquel est attribuée une grande partie de l'œuvre de la création. C'est l'un des sept Richis ; au point de vue exotérique, le fils de Marichi, fils de Brahmâ, tandis que l'Atharva Véda dit : "Kashyapa, l'Auto-généré, a jailli du Temps" et au point de vue Esotérique, le Temps et l'Espace sont des formes de l'Unique Divinité inconnaissable. En qualité d'Aditya, Indra est fils de Kashyapa, de même que Vaivasvata Manou, notre Progéniteur. Dans le cas cité dans le texte, il est, Kashyapa-Aditya, le Soleil et le Dieu- Solaire, de qui sont nés tous les Démons, Dragons (Nâgas), Serpents ou Dieux-Serpents et les Dânavas ou Géants "Cosmiques". Le sens des allégories citées plus haut est purement astronomique et cosmique, mais servira à établir l'identité de toutes.
916 Vishnou Pourâna, trad. de Wilson, II, 72.
917 Tous les récits de ce genre diffèrent dans leurs textes exotériques. Dans le Mahâbhârata, Kartikeya, "le Mars aux six faces", est le fils de Roudra ou Shiva, Auto-généré, sans mère, de la semence de Shiva jetée dans le feu, mais il est généralement appelé Agnibhoû, "né-du-Feu".
918 Hiranyâksha est le souverain ou roi de la cinquième région de Pâtala ; un Dieu-Serpent.
919 Les Elohim aussi craignaient la Connaissance du Bien et du Mal pour Adam, aussi nous les montre-t-on expulsant Adam de l'Eden ou le tuant, au point de vue spirituel.
920 D'après le récit qui est fait, Târaka (appelé aussi Kâlanâbha), en raison de ses extraordinaires pouvoirs de Yoga, avait acquis toute la divine connaissance de Yoga-vidyâ et les pouvoirs Occultes des Dieux, qui conspirèrent contre lui. Nous voyons là les "obéissantes" Légions d'Archanges, ou Dieux mineurs, conspirer contre les (futurs) Anges Déchus, qu'Enoch accuse du grand crime d'avoir dévoilé au monde toutes "les choses secrètes accomplies dans le Ciel". Ce furent Michel, Gabriel, Raphaël, Souryal et Uriel, qui dénoncèrent au Seigneur Dieu ceux de leurs frères que l'on accusait d'avoir scruté les divins mystères et de les avoir enseignés aux hommes, de cette façon ils évitèrent pour eux-mêmes un châtiment semblable. Michel reçut pour mission de combattre le Dragon et il en fut ainsi de Kârtikeya, dans les mêmes circonstances. Tous deux sont des "chefs de légions célestes", des Vierges, des "Chefs de Saints", des "Porte-lance..." (Shakti dharas), etc. Kartikeya est l'original de saint Michel et saint Georges, aussi sûrement qu'Indra est le prototype de Kartikeya.
Prenez maintenant Apollon, le Dieu solaire grec, et voyez, par la comparaison des récits mythiques qui traitent de lui, s'il ne correspond pas, à la fois, à Indra, à Kârtikeya [III 479] et même à Kashyapa – Aditya, ainsi qu'à Michel (en qualité de forme Angélique de Jehovah), "l'Ange du Soleil", qui est "semblable" à Dieu, "un avec Dieu". Les ingénieuses interprétations ultérieures, créées à des fins de monothéisme, bien que transformées en dogmes indubitables d'Eglise, ne prouvent rien, sauf, peut-être, l'abus de l'autorité humaine et du pouvoir humain.
Apollon c'est Hélios, le Soleil, Phébus-Apollon, la "Lumière de la Vie et du Monde" 921 qui jaillit de la Coupe aux Ailes d'Or (le Soleil) ; c'est donc le Dieu solaire par excellence. Au moment de sa naissance, il réclame son arc afin de tuer Python, le Dragon Démon, qui avait attaqué sa mère avant sa naissance 922 et qu'il a pour mission divine de détruire – comme Kârtikeya qui naît dans le but de tuer Târaka, le Démon trop saint et trop sage. Apollon est né sur une île sidérale appelée Astéria – "l'île étoile d'or", la "terre qui flotte dans les airs", qui est l'Hiranyapoura d'or des Hindous ; il est appelé le Pur (άγυος) Agnus Dei, l'Agni indien, comme le pense le Dr Kenealy, et dans le mythe primordial il est exempt "de tout amour sensuel" 923. C'est, par conséquent, un Koumâra, comme Kârtikeya et comme l'était Indra dans les premiers temps de sa vie et dans ses premières biographies. En outre, Python, le "Dragon rouge", rattache Apollon à Michel luttant contre le Dragon de l'Apocalypse qui cherche à attaquer la femme pendant qu'elle enfante, de même que Python attaque la mère d'Apollon. Est-il possible de ne pas constater l'identité ? Si l'honorable W.E. Gladstone, qui s'enorgueillissait de sa connaissance du Grec et de sa façon de déchiffrer l'esprit des allégories d'Homère, avait eu une réelle idée du sens ésotérique de l'Iliade et de l'Odyssée, il eût compris l'Apocalypse de saint Jean et même le Pentateuque, mieux qu'il ne l'a fait. En effet, la clef de la Biblese trouve dans Hermès, Bel et Homère, et la clef de ceux-ci dans les symboles religieux des Hindous et des Chaldéens.
921 La "vie et la lumière" du monde matériel physique, les délices des sens – non pas de l'âme, – Apollon est éminemment le Dieu humain, le Dieu du ritualisme ecclésiastique, émotionnant, pompeux, théâtral, accompagné de lumières et de musique.
922 Voyez l'Apocalypse (XII-3-4), dans laquelle nous voyons la mère d'Apollon persécutée par le Python, le Dragon Rouge, qui est aussi Porphyre, le Titan écarlate ou rouge.
923 Book of God, p. 88.
La répétition de cette tradition archaïque se trouve au chapitre XII de l'Apocalypse de saint Jean et prend naissance, sans aucun doute, dans les légendes Babyloniennes, [III 480] bien que l'histoire Babylonienne tire, à son tour, son origine des allégories des Aryens. Le fragment lu par feu George Smith suffit à dévoiler la source de ce chapitre de l'Apocalypse. Le voici tel qu'il est donné par l'éminent Assyriologue :
Notre... fragment se rapporte à la création de l'humanité, appelée Adam, comme [l'homme] dans la Bible ; il est créé parfait... mais ensuite il s'allie avec le Dragon de l'abîme, l'animal de Tiamat, l'esprit du chaos et offense son dieu qui le maudit et appelle sur sa tête tous les maux et tous les tracas de l'humanité 924.
Il s'ensuivit une guerre entre le dragon et les puissances du mal ou du chaos d'un côté, et les dieux de l'autre.
Les dieux ont des armes forgées pour eux 925 et Mérodach [l'Archange Michel dans l'Apocalypse, XII-7-8] assume la direction des légions célestes contre le dragon. La guerre, qui est décrite selon l'esprit, se termine naturellement par le triomphe des bons principes. 926
924 Aucun "Dieu" – qu'on l'appelle Bel ou Jéhovah – capable de maudire son œuvre (supposée), parce qu'il l'a créée imparfaite, ne saurait être la Sagesse Absolue, Unique et Infinie.
925 Dans l'allégorie Indienne de Târakâmaya, la Guerre entre les Dieux et les Asouras, dirigés par Soma (la Lune, le Roi des Plantes), c'est Vishvakarmâ, l'artisan des Dieux, qui, de même que Vulcain (Tubal-Caïn), leur forge leurs armes.
926 Chaldean Account of Genesis, p. 304. Nous avons dit ailleurs que la "femme avec l'enfant" de l'Apocalypse, était Aima, la Grande Mère ou Binah, le troisième Séphira "dont le nom est Jéhovah" ; et le "Dragon" qui cherche à dévorer l'enfant qu'elle va avoir (l'Univers), c'est le Dragon de la Sagesse Absolue – de cette sagesse qui, reconnaissant la non-séparation de l'Univers et de tout ce qu'il contient d'avec le TOUT Absolu, n'y voit rien de mieux que la grande Illusion, Mâhâmâyâ, c'est-à-dire la cause de la misère et de la souffrance.
Cette Guerre entre les Dieux et les Puissances de l'Abîme, se rapporte aussi, dans son ultime application terrestre, à la lutte soutenue par les Adeptes Aryens de la Cinquième Race naissante, contre les Sorciers de l'Atlantide, les Démons de l'Abîme, les Insulaires entourés d'eau, qui disparurent lors du Déluge.
Les symboles du "Dragon" et de la "Guerre dans le Ciel", ont, comme nous l'avons déjà dit, plus d'un sens, attendu que les événements religieux, astronomiques et géologiques, sont compris dans une seule et même allégorie, mais ces symboles avaient aussi un sens cosmologique. Aux Indes, l'histoire du Dragon est répétée sous une de ses formes dans le récit des batailles entre Indra et Vritra. Dans les Védas, on fait allusion à cet Ahi-Vritra, comme au Démon de la Sécheresse, le terrible Vent chaud. On nous montre Indra [III 481] comme étant constamment en guerre avec lui et, avec l'aide de son tonnerre et de ses éclairs, le Dieu oblige Ahi-Vritra à venir de la pluie sur la Terre, puis il le tue. Aussi Indra est-il appelé Vritra- han, ou le "Meurtrier de Vritra", de même que Michel est appelé le Vainqueur et le "Meurtrier du Dragon". Ces deux "Ennemis" sont donc le "Vieux Dragon" précipité dans les profondeurs de la Terre, dans ce seul sens.
Les Amshaspands de l'Avesta constituent une Légion conduite par un chef comme saint Michel et qui semble identique aux légions du Ciel, à en juger par ce qu'on lit dans la Vendîdâd. Ainsi dans la Fargard XIX, Zarathoushtra est invité par Ahoura-Mazda à "invoquer les Amesha Spentas qui règnent sur les sept Karshvares 927 de la Terre" 928 ; ces Karshvares, dans leur sept applications, se rapportent également aux Sept Sphères de notre Chaîne Planétaire, aux sept Planètes, aux Sept Cieux, etc., suivant que le sens est appliqué à un Monde physique, supra-mondain ou simplement sidéral. Dans la même Fargard, Zarathoushtra, dans son invocation contre Angra Mainyou et sa Légion, fait appel à eux en ces termes : "J'invoque les sept brillants Sravah avec leurs fils et leurs troupes" 929. Le mot "Sravah" – que les Orientalistes ont abandonné comme ayant "une signification inconnue" – désigne les mêmes Amshaspands, mais dans leur sens Occulte et plus haut. Les Sravah sont les Noumènes des Amshaspands phénoménaux, les Ames ou Esprits de ces Puissances manifestées, et les mots "leurs fils et leurs troupes" se rapportent aux Anges Planétaires et à leurs troupes sidérales d'étoiles et de constellations. "Amshaspands" est le terme exotérique, qui n'est employé que pour les combinaisons et les affaires terrestres. Zarathoushtra s'adresse toujours à Ahoura Mazda comme à "l'auteur du monde matériel". Ormazd est le père de notre Terre (Spenta Armaiti), dont on parle, lorsqu'elle est personnifiée, comme de "la jolie fille d'Ahoura Mazda" 930, qui est aussi le créateur de l'Arbre (du Savoir et de la Sagesse, Occultes et Spirituels) auquel on emprunte le mystique et mystérieux Baresma. Toutefois le nom occulte du Dieu resplendissant n'était jamais prononcé en dehors du temple. [III 482]
927 Les "sept Karshvares de la Terre" – les sept Sphères de notre Chaîne Planétaire, les sept Mondes, dont le Rig Véda fait aussi mention, sont clairement cités ailleurs. Il y a six Râjamsi (Mondes) au- dessus de Prithivi, la Terre, ou "ceci" (Idâm) par opposition à ce qui est là-haut (les six Globes des trois autres plans). (Voyez le Rig Véda, I, 34 ; III, 56 ; VII, 10 et 11 et V, 60, 6).
928 Trad. de Darmesteter, Sacred Books of the East, vol. IV, p. 207.
929 Ibid., p. 217.
Samaël ou Satan, le Serpent séducteur de la Genèseet l'un des Anges primordiaux qui se révoltèrent, est le nom du "Dragon Rouge". C'est l'Ange de la MORT, car le Talmud dit que "l'Ange de la Mort et Satan ne font qu'un". Il est tué par Michel et tué encore une fois par saint Georges, qui est aussi un Tueur de Dragon. Voyez-en donc les transformations. Samaël est identique au Simoun, le vent chaud du désert, ou encore au Démon Védique de la Sécheresse, comme Vritra : "le Simoun est appelé Ataboutos" ou Diabolos, le Diable.
Typhon, ou le Dragon Apophis – l'Accusateur du Livre des Morts – est mis à mal par Horus, qui perce d'un coup de lance la tête de son adversaire et Typhon est le vent destructeur du désert, l'élément rebelle qui jette la confusion dans toutes choses. Comme Set, il est les ténèbres de la nuit, le meurtrier d'Osiris, qui est la lumière du jour et le Soleil. L'Archéologie démontre qu'Horus est identique à Anubis 931, dont on découvrit, sur un monument égyptien, l'image revêtue d'une cuirasse et tenant une lance, comme Michel et saint Georges. Anubis est aussi représenté, tuant un Dragon qui a la tête et la queue d'un serpent 932.
Au point de vue cosmologique, tous les Dragons et tous les Serpents vaincus par leurs "Meurtriers", représentent donc originellement les principes turbulents et confus du Chaos, mis en ordre par les Dieux- Solaires ou Pouvoirs Créateurs. Dans le Livre des Morts, ces principes sont appelés les "Fils de la Rébellion" 933.
Durant cette nuit, l'oppresseur, le meurtrier d'Osiris, appelé aussi le Serpent trompeur... appelle les Fils de la Rébellion dans l'Air et quand ils arrivent à l'est des Cieux, la Guerre éclate dans le Ciel et dans le Monde entier. 934
930 Ibid., p. 208.
931 Livredes Morts, XVII, 62 ; Anubis n'est autre qu'Horus qui se fond "dans celui qui est sans yeux".
932 Voyez Du Dragon de Metz, de Lenoir.
933 Voyez aussi Egyptian Panthéon, pp. 20, 23.
934 Livre des Morts, XVII, 54, 40-49.
935 Ces "Mauvais Esprits" ne peuvent en aucune façon être identifiés à Satan ou au Grand Dragon. Ce sont les Elémentaux générés ou engendrés par l'ignorance – passions cosmiques et humaines – ou Chaos.
936 Assyrian Discoveries, p. 403.
Dans les Eddas scandinaves, la Guerre" des Ases avec les Hrimthurses, ou géants de la Glace et d'Asathor avec les Jotuns, les Serpents et Dragons et le "Loup" qui sort des "Ténèbres" – est la répétition du même mythe. Les "Mauvais Esprits" 935 qui ne furent d'abord que de simples emblèmes du Chaos, ont été éphémérisés par la superstition de la foule [III 483] et ont fini par conquérir le droit de cité chez les races que l'on prétend être les plus civilisées et les plus instruites de ce globe, depuis sa création, et sont devenus un dogme pour les Chrétiens. Comme le dit George Smith :
Les mauvais principes [Esprits], emblèmes du Chaos [en Chaldée et en Assyrie, ainsi qu'en Egypte, comme nous le voyons]... résistent à ce changement et font la guerre à la Lune, le fils aîné de Bel, en attirant dans leur parti le Soleil, Vénus et le dieu atmosphérique Voul. 936
Ce n'est là qu'une nouvelle version de la "Guerre dans le Ciel" des Hindous, entre Soma, la Lune et les Dieux ; c'est Indra qui est l'atmosphérique Voul, ce qui prouve clairement qu'il s'agit d'une allégorie, à la fois cosmogonique et astronomique, mêlée à la Théogonie la plus ancienne, telle qu'on l'enseigne dans les Mystères et tirée d'elle.
C'est surtout dans les doctrines religieuses des Gnostiques que nous pouvons découvrir la signification réelle du Dragon, du Serpent, du Bouc et de tous les symboles de Puissance que l'on appelle aujourd'hui Mauvaises, car ce sont ces mêmes Gnostiques qui ont divulgué dans leurs enseignements la nature Esotérique du substitut juif d'AIN-SOUPH, dont les Rabbins cachaient la véritable signification, tandis que les Chrétiens, à de rares exceptions près, ne la connaissaient pas du tout. Assurément Jésus de Nazareth se fût gardé de recommander à ses apôtres de se montrer aussi sages que le serpent, si celui-ci avait été le symbole du Mauvais Esprit, et les Ophites, les savants Gnostiques Egyptiens de la "Fraternité du Serpent", n'auraient pas vénéré, dans leurs cérémonies, un serpent vivant, comme étant l'emblème de la SAGESSE, de la divine Sophia et un type de l'Infiniment-bon et non pas de l'Infiniment-mauvais, si ce reptile avait été si étroitement rattaché à Satan. Le fait est que, même en qualité d'ophidien ordinaire, le serpent a toujours été un symbole double et, en qualité de dragon, il n'a jamais été que le symbole de la Divinité Manifestée dans sa grande Sagesse. Le draco volans, le "dragon volant" des premiers peintres peut être une représentation exagérée du véritable animal antédiluvien, aujourd'hui disparu, mais ceux qui ont foi dans les Enseignements Occultes croient que dans les temps jadis il existait des dragons volants, des sortes de Ptérodactyles et que ce furent ces gigantesques lézards ailés qui servirent de prototype au Séraphin de Moïse et à son grand Serpent d'Airain 937. Les Juifs eux-mêmes adoraient antérieurement cette dernière [III 484] idole, mais après la réforme religieuse provoquée par Ezéchias, ils firent volte-face et qualifièrent de Diable ce symbole, représentant le grand Dieu ou Dieu Suprême pour toutes les autres nations, en même temps qu'ils appelaient leur propre usurpateur le "Dieu Unique" 938.
Le qualificatif de Satan, en hébreu Sâtân, ou "Adversaire" (du verbe shatana "être contraire", "persécuter"), appartient de droit au premier et au plus cruel "Adversaire" de tous les autres Dieux – Jéhovah – et non pas au Serpent qui ne prononçait que des paroles de sympathie et de sagesse et qui n'est, en tablant au pire et même dans le dogme, que "l'Adversaire" des hommes. Ce dogme, basé comme il l'est sur le troisième chapitre de la Genèse, est aussi illogique et injuste que paradoxal. En effet, qui fut donc le premier à créer ce tentateur originel et, depuis lors, universel de l'homme : la femme ? Ce ne fut assurément pas le Serpent, mais le "Seigneur Dieu" lui-même, qui, ayant déclaré "qu'il n'était pas bon que l'homme restât seul", fit la femme et "l'amena à l'homme" 939. Si le désagréable petit incident qui s'en suivit fut et est encore considéré comme le "péché originel", cela donne en vérité une piètre idée de la prescience du divin Créateur. Il eût été bien préférable pour le premier Adam du premier chapitre d'être laissé, soit "mâle et femelle", soit "seul". Ce fut évidemment le Seigneur Dieu qui fut la cause réelle de tout le mal, "l'agent provocateur", et le Serpent fut seulement un prototype d'Azazel, "le bouc émissaire chargé du péché [du Dieu] d'Israël", le pauvre Tragos ayant à payer pour la bévue de son maître et Créateur. Cela ne s'adresse naturellement qu'à ceux qui acceptent, à la lettre, les événements qui marquent le début du drame de l'humanité, dans la Genèse. Ceux qui les lisent au point de vue ésotérique, ne sont pas réduits à des spéculations ou à des hypothèses fantaisistes : ils savent comment il faut lire le symbolisme qu'elle renferme et ne peuvent se tromper. [III 485]
937 Voyez les Nombres, XXI, 8, 9. Dieu ordonne à Moïse de fabriquer un Serpent d'airain (Saraph) pour qu'on le regarde, ce qui guérit ceux qui ont été mordus par les Serpents Ardents. Ces derniers étaient des Séraphins dont chacun, comme le démontre Isaïe (VI, 2), "avait six ailes" ; c'étaient les symboles de Jéhovah et de tous les autres Démiurges, qui tirent d'eux-mêmes six fils ou six ressemblances – sept avec leur Créateur. Ainsi, le Serpent d'Airain, c'est Jéhovah, le chef des
"Serpents Ardents" et pourtant dans le 2ème livre des Rois (XVIII, 4), on nous montre le roi Ezéchias faisant, comme son père David, "ce qui était juste aux yeux du Seigneur" – "mettant en pièces le serpent d'airain fabriqué par Moise... et l'appelant Néhoushtan", ou morceau de cuivre.
938 "Et Satan se dressa contre Israël et invita David à dénombrer Israël" (I, Chroniques, XXI, 1). "La colère du Seigneur [Jéhovah] s'était allumée contre Israël et Il poussa David... disant : Va, dénombre Israël" (II, Samuel, XXIV, I). Les deux sont donc identiques.
939 II, 18, 22.
940 Des douzaines d'auteurs, parmi les plus érudits, ont scrupuleusement recherché les divers sens du même J'hovah (avec ou sans les points Masorétiques) et ont établi leur multiple portée. Le meilleur de ces ouvrages est la Source of Measures : the Hebrew Egyptian Mystery, de J. Ralston Skonner que nous avons déjà cité tant de fois.
941 Dans l'ouvrage mentionné ci-dessus (p. 233), le verset 26 du chapitre IV de la Genèseest correctement traduit par "les hommes commencèrent alors à s'appeler eux-mêmes, Jéhovah", mais il peut-être moins correctement expliqué, car le dernier mot devrait s'écrire Jah (mâle), Hovah (femelle), pour établir qu'à partir de cette époque commença la race d'hommes et de femmes distinctement séparés.
Il est inutile, pour le moment, de s'occuper des significations mystiques et multiples du nom Jéhovah, dans son sens abstrait, qui n'a pas de rapports avec la Divinité faussement appelée de ce nom. C'était un "voile" créé à dessein par les Rabbins, un secret qu'ils cachaient avec dix fois plus de soins, depuis que les Chrétiens les avaient dépouillés de ce nom Divin qui était leur propriété 940. Nous faisons toutefois la déclaration suivante. Le personnage des quatre premiers chapitres de la Genèsequi est appelé tantôt "Dieu", tantôt le "Seigneur Dieu", ou simplement le "Seigneur", n'est pas une seule et même personne et, certainement, ce n'est pas Jéhovah. Ce sont trois classes ou groupes distincts d'Elohim, appelés Séphiroths dans la Cabale. Jéhovah n'apparaît que dans le chapitre IV de la Genèse, dans le premier verset duquel il est appelé Caïn et dans le dernier duquel il est transformé en humanité – mâle et femelle, Jah-Veh 941. En outre, le Serpent n'est pas Satan, mais l'Ange radieux, l'un des Elohim enveloppé de clarté et de gloire, qui – ayant dit à la femme : "Si vous mangez du fruit défendu vous ne mourrez sûrement pas" – tint sa promesse et fit l'homme immortel dans sa nature incorruptible. C'est le Iao des Mystères, le chef des Créateurs Androgynes des hommes. Le chapitre III contient (ésotériquement) le retrait du voile d'ignorance qui limitait les perceptions de l'Homme Angélique fait à l'image des Dieux "sans os" et l'ouverture de sa conscience à sa nature réelle, il nous présente ainsi l'Ange Radieux (Lucifer) sous l'aspect d'un être qui donne l'Immortalité, d'un être qui "illumine", tandis que la véritable Chute dans la génération et la matière doit être cherchée dans le chapitre IV. Là, Jéhovah-Caïn, la partie mâle d'Adam, l'homme double, s'étant séparé d'Eve, crée en elle Abel, la première femme naturelle 942, et répand le sang vierge. Or, comme on démontre que Caïn est identique à Jéhovah, suivant l'interprétation correcte du premier verset du [III 486] chapitre IV de la Genèse, dans le texte hébreu original ; que, suivant l'enseignement des Rabbins, "Kin (Caïn) le Mauvais, était le fils d'Eve par Samaël, le Diable, qui prit la place d'Adam" 943 et que le Talmud ajoute que "le mauvais Esprit, Satan et Samaël, l'Ange de la Mort, ne font qu'un" 944 – on constate facilement que Jéhovah (l'humanité ou Jahhovah) et Satan (et, par conséquent, le Serpent tentateur) ne font qu'un en tout point. Il n'y a pas de Diable, pas de Mal en dehors de l'humanité pour produire un Diable. Le Mal est une nécessité de l'Univers Manifesté, dont il est l'un des soutiens. Il est nécessaire au progrès et à l'évolution, comme la nuit est nécessaire à la production du Jour et la Mort à celle de la Vie – afin que l'homme puisse vivre à jamais.
Au point de vue métaphysique, Satan représente simplement le revers ou le pôle opposé de tout ce qui existe dans la Nature 945. Au point de vue allégorique, c'est "l'Adversaire", le "Meurtrier" et le grand Ennemi de tout, parce qu'il n'existe rien dans tout l'Univers qui n'ait deux faces – le revers de la même médaille. Mais dans ce cas la lumière, la bonté, la beauté, etc., pourraient être appelées Satan au même titre que le Diable, puisque ce sont les Adversaires des ténèbres, de la méchanceté et de la laideur. On comprendra mieux maintenant la philosophie et l'analyse raisonnée de certaines sectes Chrétiennes primitives, qualifiées d'hérétiques et considérées comme l'abomination de leur temps. Nous pouvons maintenant comprendre comment la secte des SATANIENS tomba dans le discrédit et fut frappée d'anathème sans espoir d'être justifiée dans l'avenir, parce qu'elle gardait le secret sur ses dogmes. Cela nous explique aussi, en vertu du même principe, comment les CAINITES tombèrent dans le discrédit, ainsi que les (Judas) ISCARIOTES, car le véritable caractère de l'apôtre traître n'a jamais été correctement soumis au tribunal de l'humanité.
942 Voyez pour les explications les excellentes pages de l'Appendice VII du même ouvrage.
943 Op. cit., p. 293.
944 Rabba Battra, 16 a.
945 Dans la Démonologie, Satan est le chef de l'opposition dans l'Enfer, dont le monarque est Belzébuth. Il appartient à la cinquième catégorie ou classe de Démons (classes qui sont au nombre de neuf d'après la Démonologie du moyen âge) et Il est à la tête des sorciers et des sorcières. Cherchez aussi ailleurs la vraie signification de Baphomet, le Satan à tête de bouc, un avec Azazel, le bouc émissaire d'Israël. La Nature, c'est le Dieu PAN.
Comme conséquence directe, les dogmes des sectes Gnostiques sont également éclaircis. Chacune de ces sectes fut fondée par un Initié et leurs dogmes étaient basés sur une connaissance exacte du symbolisme de toutes les nations. On [III 487] comprend alors pourquoi Ilda-baoth était considéré par la plupart de ces sectes comme le Dieu de Moïse et qu'elles le tenaient pour un Esprit fier, ambitieux et impur, qui avait abusé de son pouvoir pour usurper la place du Dieu Suprême, bien qu'il ne fût nullement meilleur et, qu'à certains égards, il fût bien plus mauvais que les Elohim ses frères ; ceux-ci ne représentent la Divinité manifestée qui englobe tout, que dans leur collectivité, puisqu'ils furent les Artisans des premières différenciations de la Substance Cosmique primordiale, pour la création de l'Univers phénoménal. Aussi les Gnostiques appelaient-ils Jéhovah le Créateur d'Ophiomorphos, le Serpent, Satan ou le MAL 946, et ne faisant qu'un avec lui. Ils enseignaient qu'Iurbo et Adonaï étaient les noms d'Iao- Jéhovah, qui est une émanation d'Ilda-baoth 947. Cela, dans leur terminologie, revenait à dire ce que les Rabbins exprimaient d'une façon plus voilée, en déclarant que "Caïn avait été généré par Samaël ou Satan".
946 Voyez Isis Dévoilée, III, 248.
947 Voyez Codex Nazaraeus, III, 73.
Dans tous les anciens systèmes, les Anges Déchus sont représentés, au point de vue allégorique, comme les prototypes des hommes déchus et, au point de vue ésotérique, comme ces hommes eux-mêmes. Ainsi les Elohim de l'heure de la création devinrent, dans les traditions Sémitiques, les Beni- Elohim, les Fils de Dieu, parmi lesquels se trouve Satan. La Guerre dans le Ciel, entre Thraetaona et Ashi-dahaka, le Serpent destructeur, se termine sur Terre, d'après Burnouf, par le combat d'hommes pieux contre les forces du Mal, "des Iraniens avec les Brahmanes Aryens des Indes" et le conflit entre les Dieux et les Asouras se reproduit durant la Grande Guerre – le Mahâbhârata. Dans la plus récente de toutes les religions, le Christianisme, tous les combattants, Dieux et Démons, Adversaires dans les deux camps, sont maintenant transformés en Dragons et en Satans, simplement afin de rattacher le Mal personnifié au Serpent de la Genèseet de prouver ainsi le nouveau dogme.