SECTION X
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LA CROIX ET LA DECADE PYTHAGORICIENNE
Les premiers Gnostiques prétendaient que leur Science, la Gnose, était basée sur un carré, dont les angles représentaient respectivement Sigê (le Silence), Bythos (l'Abîme), Noûs (l'Ame Spirituelle ou Mental) et Aletheia (la Vérité).
Ils furent les premiers à révéler au monde ce qui était resté caché pendant des siècles ; savoir le Tau, sous la forme d'un lit de Procuste et Chrestos comme s'incarnant dans Chrestos, celui qui devint, en vue de certains buts à atteindre, un candidat volontaire à une série de tortures, mentales et physiques.
Pour eux, l'Univers entier, tant métaphysique que matériel, était contenu dans les chiffres du nombre 10 de la Décade Pythagoricienne et pouvait être exprimé et décrit par ces chiffres.
Cette Décade, qui représentait l'Univers et son évolution du sein du Silence et des Abîmes Inconnus de l'Ame Spirituelle, ou Anima Mundi, offre à l'examen de l'étudiant deux côtés ou deux aspects. Au début, on pouvait l'appliquer, et on l'appliquait, au Macrocosme, après quoi elle descendit jusqu'au Microcosme, ou homme. Il y avait, en outre, la "Science Intime", purement intellectuelle et métaphysique et la "Science de Surface" non moins purement matérielle, que l'on pouvait expliquer toutes deux par la Décade, qui les renfermait toutes deux. Bref, elles pouvaient être étudiées toutes deux, tant par la méthode déductive de Platon, que par la méthode inductive d'Aristote. La première avait pour point de départ une compréhension, divine, d'après laquelle la pluralité procédait de l'unité, ou en qui les chiffres de la Décade n'apparaissaient que pour être finalement réabsorbés, perdus, dans le Cercle infini. La dernière ne reposait [IV 160] que sur la perception sensuelle, en laquelle la Décade pouvait être considérée, soit comme l'unité qui se multiplie, soit comme la matière qui se différencie ; son étude était alors limitée à la surface plane, à la croix, ou aux sept qui procèdent des dix, nombre parfait sur la Terre comme dans le Ciel.
Ce double système fut apporté des Indes par Pythagore en même temps que la Décade. Le fait que ce fut le système des Brahmanes et des Iraniens, comme les appellent les anciens Philosophes grecs, nous est garanti par l'ensemble de toute la littérature sanscrite, comme les Pouranas et les Lois de Manou. Dans ces Lois ou Ordonnances de Manou, il est dit que Brahmâ créa tout d'abord les "dix Seigneurs de l'Etre", les dix Prajâpati ou Forces Créatrices ; ces dix produisirent sept autres Manous, ou plutôt, comme l'indiquent quelques manuscrits, Mounîn (au lieu de Manoûn) "dévots", ou saints êtres, qui ne sont autres que les Sept Anges de la Présence selon la religion de l'Occident. Ce mystérieux nombre sept, né du Triangle supérieur ∆, lui-même né de son sommet, ou des Abîmes Silencieux de l'Ame Universelle Inconnue (Sigê et Bythos), est la septuple plante Saptaparna, née et manifestée à la surface du sol du mystère, du sein de la triple racine profondément enfouie sous ce sol impénétrable. Cette idée est complètement élaborée dans une des Sections du Volume II, 2ème Partie, Section III, "Substance Primordiale et Pensée Divine" 335, section que le lecteur doit étudier avec soin, s'il veut comprendre l'idée métaphysique que cache le symbole ci-dessus. Dans l'homme comme dans la nature, suivant la Philosophie Esotérique Cis-Himalayenne, qui est celle de la Cosmogonie du Manou original, c'est la division septénaire que vise la Nature elle-même. Le septième principe (Pourousha) seul, est le Soi Divin, strictement parlant ; en effet, comme il est dit dans Manou : "Brahmâ ayant imprégné de splendeur les parties subtiles de ces six" 336, il les créa ou les appela à la "Soi"-conscience, ou à la connaissance de ce Soi Unique. Parmi ces six, cinq éléments (ou principes, ou Tattvas, comme le pense le commentateur Medhâtithi), "sont appelés les éléments atomiques destructibles" 337 ; ceux-ci sont décrits dans la Section mentionnée ci- dessus 338. [IV 161]
335 Edition française, tome II, p. 30.
336 The Ordinances of Manu, I, 165, traduction de Burnell, p. 3 note. (Voir les Lois de Manou, trad. française de Loizeleur-Deslongchamps, 1832.)
337 Ibid., 27, p. 5.
338 Vol. II, pp. 39 et seqq.
Il nous faut parler maintenant de la langue mystérieuse des races préhistoriques. Ce n'est pas une langue phonétique, mais une langue purement pittoresque et symbolique. Actuellement, elle n'est complètement connue que de très rares personnes, car il y a plus de 5.000 ans qu'elle est devenue pour les masses une langue absolument morte. Pourtant, la plupart des savants Gnostiques, Grecs et Juifs, la connaissaient et l'employaient, bien que d'une manière fort différente. Nous en pouvons citer quelques exemples.
Sur le plan supérieur, le nombre n'est pas un nombre, mais un zéro – un cercle. Sur le plan inférieur, il devient un – qui est un nombre impair. Chaque lettre des anciens alphabets avait sa signification philosophique et sa raison d'être. Le nombre un [I] signifiait, pour les Initiés d'Alexandrie, un corps droit, un homme vivant debout, car c'était le seul animal jouissant de ce privilège. Et en ajoutant une tête à "l'1", il se trouvait transformé en un "P", symbole de la paternité, de la puissance créatrice ; tandis qu'un "R", signifiait un homme qui se meut", qui suit son chemin. Il s'ensuit que Pater Deus n'avait rien de phallique ni de sexuel, ni par le son ni par la forme de ses lettres ; il en était de même de Πατη̉ρ Ζεὺς (suivant Ragon) 339. Si nous considérons maintenant l'alphabet hébreu, nous constatons que tandis que un ou Aleph (א) a pour symbole un taureau ou un bœuf, dix, le nombre parfait, ou l' "un" de la Cabale, est un Yod (י, y, i ou j) et signifie, comme la première lettre de Jéhovah, l'organe procréateur et le reste.
Les nombres impairs sont divins ; les nombres pairs sont terrestres, diaboliques et infortunés. Les Pythagoriciens haïssaient le Binaire. Pour eux, il était l'origine de la différenciation et, par suite, des contrastes, de la discorde, ou celle de la matière, le commencement du mal. Dans la Théogonie de Valentin, Bythos et Sigê (l'Abîme, le Chaos, la Matière née dans le Silence), constituent le Binaire primordial. Toutefois, chez les premiers Pythagoriciens, la Duade était l'état imparfait dans lequel tomba le premier être manifesté, lorsqu'il se trouva détaché de la Monade. C'était le point à partir duquel bifurquaient les deux sentiers – le bon et le mauvais. Tout ce qui était à double face, ou faux, était appelé par eux "binaire". L'Un, seul, constituait le bien et l'harmonie, parce qu'aucun manque d'harmonie ne peut découler de l'Un seul. De là le mot latin Solus, par rapport au Seul et [IV 162] Unique Dieu, l'Inconnu de Paul. Toutefois, Solus ne tarda pas à devenir Sol – le Soleil.
339 Orthodoxie Maçonnique, suivie de la Maçonnerie occulte et de l'Initiation Hermétique, par. J.-M. Ragon, p. 430 ; voyez aussi tout le chapitre XXVII, "Puissance des Nombres d'après Pythagore", pour ce qui suit.
Le Ternaire est le premier des nombres impairs, comme le triangle est la première des figures géométriques 340. Ce nombre est, en vérité, le nombre mystérieux par excellence. Pour l'étudier, au point de vue exotérique, il faut lire le Cours philosophique et interprétatif des Initiations de Ragon ; au point de vue Esotérique – le symbolisme et la numération des Hindous, car les combinaisons qui y étaient appliquées étaient innombrables. C'est sur les propriétés Occultes des trois côtés égaux du triangle que Ragon a basé ses études et la fondation de la fameuse Société Maçonnique des Trinosophes – ceux qui étudient trois sciences. C'est un perfectionnement par rapport aux trois grades maçonniques ordinaires, qui sont conférés à ceux qui n'étudient que le boire et le manger aux réunions de leurs Loges. Ainsi que l'écrit le fondateur :
La première ligne du Triangle, offerte à l'étude de l'apprenti, est le règne minéral symbolisé par Tubalc \ (Tubal-Caîn).
Le second côté, sur lequel le compagnon est appelé à méditer est le règne végétal symbolisé par Schibb \ (Schibboleth). Dans ce règne, commence la génération des corps. C'est pour cela que la lettre G est exposée radieuse aux regards de l'adepte (?!).
Le troisième côté est réservé au maître maçon, qui doit compléter son éducation par l'étude du règne animal. Il est symbolisé par Maoben \ (fils de la putréfaction) 341
Le premier solide est le Quaternaire, le symbole de l'immortalité. C'est, la Pyramide, parce que la Pyramide repose sur une base triangulaire et se termine au sommet par un point, présentant ainsi la Triade et le Quaternaire, ou le 3 et le 4.
340 La raison en est simple et a été donnée dans Isis Dévoilée. En géométrie, une ligne droite ne peut représenter une figure parfaite, pas plus que deux lignes droites. Le triangle est la première figure parfaite.
341 Ragon, ibid., p. 128, note.
342 Ibid., p. 431.
Les Pythagoriciens enseignaient les rapports et les relations qui existent entre les Dieux et les nombres, à l'aide d'une science appelée l'Arithmomancie. L'Ame, disaient-ils, est un nombre qui se meut par lui- même et contient le nombre 4, et l'homme spirituel et physique est le nombre 3, attendu que le Ternaire représentait pour eux, non seulement la surface, mais aussi le principe de la formation du corps physique. Aussi [IV 163] les animaux n'étaient que des Ternaires, l'homme seul étant un Septénaire, lorsqu'il est vertueux ; un Quinaire lorsqu'il est méchant, car :
Le nombre Cinq était composé d'un Binaire et d'un Ternaire et, parmi ceux-ci, le Binaire jetait le désordre et la confusion dans tout ce qui avait une forme parfaite. L'Homme parfait, disaient-ils, était un Quaternaire et un Ternaire, c'est-à-dire quatre éléments matériels et trois immatériels ; nous retrouvons de même ces trois Esprits ou Eléments dans le Cinq, lorsqu'il représente le microcosme. Ce dernier est composé d'un Binaire en rapports directs avec la Matière grossière et de trois Esprits, puisque, comme le dit Ragon :
Cette ingénieuse figure est l'union de deux aspirées grecques (̀) placées au-dessus des voyelles qui doivent ou ne doivent pas être aspirées. Le premier signe (̉) est appelé le "fort" ou supérieur, "spiritus", l'Esprit de Dieu aspiré (spiritus) et respiré par l'homme. Le second signe (̀) l'inférieur, est le délicat "spiritus" représentant l'esprit secondaire... le tout embrasse l'homme entier. C'est la quintessence universelle, le fluide vital, ou vie 342.
Le sens le plus mystique du nombre Cinq est donné dans un excellent article de M. T. Subba Row, dans Five Years of Theosophy, article qui est intitulé :
"Les Douze Signes du Zodiaque", dans lequel il donne quelques règles, de nature à aider le chercheur à découvrir "le sens profond de l'antique nomenclature sanscrite, dans les anciens mythes et les anciennes allégories des Aryens". En attendant, étudions ce qui a été dit jusqu'à présent au sujet de la constellation du Capricorne dans les livres théosophiques et ce qu'on en connaît d'une façon générale. Tout le monde sait que le Capricorne est le dixième signe du Zodiaque, dans lequel le soleil entre au solstice d'hiver, vers le 21 décembre ; mais très rares sont ceux qui connaissent – même aux Indes, à moins qu'ils ne soient initiés – les réels rapports mystiques qui paraissent exister, nous dit-on, entre les noms de Makara et de Koumâra. Le premier désigne une sorte d'animal amphibie, inconsidérément appelé le "crocodile", comme le pensent certains Orientalistes, et le second est le titre des grands patrons des Yogins, selon les Shaiva Pourânas, les fils de Roudra (Shiva) unifiés même avec lui, qui est lui-même un Koumâra. C'est grâce à leurs rapports avec l'Homme, que les Koumâras [IV 164] se trouvent également en rapports avec le Zodiaque. Essayons de découvrir ce que veut dire le mot Makara.
L'auteur des "Douze Signes du Zodiaque" s'exprime ainsi :
Makara... renferme en lui-même l'indice qui permet de l'interpréter correctement. La lettre ma équivaut au nombre 5 et kara veut dire main. Or, en Sanscrit, Tribhoujam veut dire un triangle, alors qu'il est entendu que bhoujam, ou karam (qui sont synonymes) veulent dire un côté. De sorte que Makaram ou Panchakaram veut des Pentagones 343.
Or, l'étoile à cinq pointes ou pentagone représente les cinq membres de l'homme 344. Dans l'ancien système, nous dit-on, Makara était le huitième signe au lieu d'être le dixième 345.
Le signe en question est destiné à représenter les faces de l'univers et indique que la figure formée par l'univers est limitée par des Pentagones 346.
343 Op. cit., p. 113.
344 Quelle est donc la signification, quelle est la raison de cette figure ? La raison c'est que Manas est le cinquième principe et que le Pentagone est le symbole de l'Homme – non seulement de l'Homme aux cinq membres, mais plutôt de l'Homme pensant et conscient.
345 La raison en devient apparente lorsqu'on étudie le Symbolisme Egyptien. Voyez plus loin.
346 Ibid., p. 114.
Les auteurs sanscrits "parlent aussi d'Ashtadisha ou de huit faces limitant l'Espace", faisant ainsi allusion aux Loka-pâlas, les huit pointes de la boussole, les quatre points cardinaux et les quatre points intermédiaires.
En se plaçant à un point de vue objectif, le "microcosme" est représenté par le corps humain. L'on peut considérer Makaram comme représentant simultanément le microcosme et le macrocosme comme objets extérieurs de perception 347.
Mais le vrai sens ésotérique du mot Makara n'est pas, réellement, "crocodile", même lorsqu'on le compare à l'animal représenté sur le Zodiaque Hindou. Il a, en effet, la tête et les pattes de devant d'une antilope avec le corps et la queue d'un poisson. Aussi a-t-on considéré, le dixième signe du Zodiaque comme représentant tantôt un requin, tantôt un dauphin, etc. ; car c'est le Vahâna de Varouna, le Dieu de l'Océan et il est souvent appelé, pour, cette raison, Jalaroûpa ou "forme aquatique". [IV 165]
Le dauphin était le véhicule de Poseidon-Neptune, chez les Grecs, et ne faisait qu'un avec lui, au point de vue Esotérique. Ce "dauphin" est le "Dragon de Mer", autant que le crocodile du Nil Sacré est le véhicule de Horus, et Horus lui-même. Le Dieu en forme de momie, avec une tête de crocodile, dit :
Je suis le poisson (et le siège) du grand Horus de Kem- our 348.
Pour les Gnostiques Pérates, c'est Chozzar (Neptune) qui convertit la pyramide décagonale en une sphère et "peint son entrée en beaucoup de couleurs" 349. Il a cinq ministres androgynes – c'est Makara, le Léviathan.
Le Soleil levant étant considéré comme l'Ame des Dieux envoyée pour se manifester aux hommes tous les jours et comme le crocodile sortait des eaux aux premiers rayons du Soleil, cet animal finit par personnifier aux Indes un dévot du feu solaire, de même qu'il personnifiait le Feu, ou l'Ame la plus haute pour les Egyptiens.
347 Ibid. pp. 114, 115.
348 Livre des, Morts, LXXXVIII, 2.
349 Philosophoumena, V. 14.
Dans les Pourânas, le nombre des Koumâras change suivant les besoins de l'allégorie. Pour des buts Occultes, leur nombre est fixé tantôt à Sept, tantôt à quatre et tantôt à cinq. Dans la Koûrma Pourâna, on en parle ainsi :
Ces cinq (Koumâras), ô Brâhman, étaient des Yogins ayant acquis une exemption complète des passions.
Leurs noms mêmes indiquent leurs rapports avec cette constellation de Makara et avec quelques autres personnages pouraniques, qui se rattachent aux signes zodiacaux. Ceci a lieu afin de jeter un voile sur ce qui constituait un des glyphes les plus suggestifs des Temples primitifs. Les Koumâras sont mêlés, astronomiquement, physiologiquement et au point de vue mystique en général, avec nombre de personnages et d'événements pouraniques. A peine mentionnés dans la Vishnou Pourâna, ils figurent parmi divers drames et événements dans toutes les autres Pourânas et dans la littérature sacrée. Il en résulte que les Orientalistes, obligés de chercher, çà et là, des points de rapprochement, ont fini par proclamer que les Koumâras étaient "dus principalement à l'imagination des auteurs pouraniques", mais :
Ma, nous dit l'auteur des "Douze Signes du Zodiaque", est "cinq" ; Kera, une "main" avec ses cinq doigts et, aussi un [IV 166] signe à cinq côtés, ou un Pentagone. Les Koumâras (c'est dans ce cas un anagramme dans un but Occulte), en tant que Yogis, sont cinq dans l'Esotérisme, parce que les deux derniers noms ont toujours été tenus secrets ; ils constituent le cinquième ordre de Brahma-dévas et les quintuples Chohans, ayant en eux l'Ame de cinq éléments, avec prédominance de l'Eau et de l'Ether et, par suite, leurs symboles étaient à la fois aquatiques et ardents.
La Sagesse est cachée sous la couche de celui qui repose sur le Lotus Doré (Padma) flottant sur l'Eau.
Aux Indes, c'est Vishnou, dont l'un des Avatars était Bouddha, comme on l'affirmait jadis. Les Prachétasas, les adorateurs de Nârâyana – qui, semblable à Poséidon, qui se mouvait ou habitait au-dessus et non au- dessous des eaux – plongeaient dans les profondeurs de l'Océan pour faire leurs dévotions et y restaient 10.000 ans, et les Prachétasas sont dix exotériquement, mais cinq ésotériquement. Prachétas est, en Sanscrit, le nom de Varouna, le Dieu de l'Eau, Nereus, un aspect de Neptune, et les Prachétasas sont, par suite, identiques aux "cinq ministres" du Chozzard mâle-femelle χωζζὰρ ou χορζὰρ, ou Poséidon, des Gnostiques Pérates. Ceux-ci sont respectivement appelés Ou, Aoai, Ouô, Ouôab et... (Ού̉, Αοαί, Ου̉ώ, Ούωάβ) 350, le cinquième, un triple nom (faisant sept en tout) étant perdu 351 c'est-à-dire, gardé secret. Ceci pour le symbole "aquatique" ; l' "ardent" les rattachent au symbole ardent – spirituellement. Dans un but d'identité, n'oublions pas que de même que la mère des Prachétasas était Savarnâ, la fille de l'Océan, il en était de même d'Amphitrite, la mère des "ministres" mystiques de Neptune.
Nous rappelons au lecteur que ces "cinq ministres" sont symbolisés à la fois par le Dauphin, qui avait vaincu le mauvais vouloir de la chaste Amphitrite à épouser Poséidon et par le Triton, leur fils. Ce dernier, dont le corps était, au-dessus de la taille, celui d'un homme, et, au-dessous, celui d'un dauphin, d'un poisson, a encore des rapports très mystérieux avec Oannès, le Dag Babylonien et aussi avec l'Avatar Matsya (de Poisson) de Vishnou, qui enseignent tous deux la Sagesse aux mortels. Le Dauphin, comme le savent tous les Mythologues, fut placé, pour son service, par Poséidon, parmi les constellations et devint, pour [IV 167] les Grecs, le Capricorne, la Chèvre, dont le train de derrière est celui d'un Dauphin et qui est aussi identique au Makara, dont la tête est aussi celle d'une antilope et le corps et la queue ceux d'un poisson. C'est pour cette raison que le signe de Makara figurait sur la bannière de Kâmadéva, le Dieu Indien de l'Amour, identifié dans l'Atharva Véda, avec Agni, le Dieu du Feu, le fils de Lakshmî, comme l'explique correctement le Harivamsha. En effet, Lakshmî et Vénus ne font qu'une et Amphitrite est la forme primitive de Vénus. Or, Kâma, le Makara-kétou, est Aja, le "non-né" et Atmâ-bhoû, le "soi-existant" et Aja est le Logos dans le Rig Véda, car il est représenté comme la première manifestation de l'Unique : en effet, "d'abord naquit en Lui le Désir, qui était le germe principal du Mental", ce qui "rattache l'entité à la non-entité" ou Manas, le cinquième, avec Atmâ, le septième. Esotériquement, disent les Sages. Ceci est la première phase. La seconde, sur le plan suivant de la manifestation, nous montre Brahmâ que nous choisissons comme un représentant de tous les autres Premiers Dieux des nations – faisant jaillir de son corps ses Fils Nés du Mental, "Sanandana et autres", qui, durant la cinquième "création", puis encore durant la neuvième (dans le but de "voiler") deviennent les Koumâras. Terminons en rappelant aux lecteurs que des chèvres étaient sacrifiées à Amphitrite et aux Néréïdes, sur le rivage de la mer – de même que des chèvres sont sacrifiées jusqu'à présent à Dourgâ Kâlî, qui n'est que le côté noir de Lakshmî (Vénus), le côté blanc de Shakti – et en suggérant quels sont les rapports que ces animaux peuvent avoir avec le Capricorne, dans lequel apparaissent vingt-huit étoiles rangées de façon à représenter la forme d'une chèvre et cette chèvre, les Grecs en firent Amalthée, la mère nourricière de Jupiter. Pan, le Dieu de la Nature, avait des pieds de bouc et se changea en bouc à l'approche de Typhon. Mais c'est là un mystère sur lequel l'auteur n'ose pas s'appesantir longuement, n'étant pas sûre d'être comprise. Aussi le côté mystique de l'interprétation doit-il être laissé à l'intuition de l'étudiant. Notons encore une chose de plus en plus en relation avec le mystérieux nombre Cinq. Il symbolise à la fois l'Esprit de la Vie Eternelle et l'esprit terrestre de vie et d'amour dans le composé humain et il comprend la magie divine et infernale et la quintessence universelle et individuelle de l'être. Ainsi les cinq mots, ou les cinq voyelles, mystiques, articulés par Brahmâ lors de la "création" et qui devinrent dans la suite le Panchadasha (certains hymnes Védiques attribués à ce Dieu), constituent, dans leur potentialité créatrice et magique, le côté blanc des cinq Makâras noirs Tântriques, ou les cinq m. Makara, la constellation, [IV 168] est en apparence un nom dépourvu de sens et absurde ; pourtant, même en dehors de son sens anagrammatique en conjonction avec le terme Koumâra, la valeur numérique de sa première syllabe et sa résolution Esotérique en cinq, ont une signification très grande et très Occulte dans les mystères de la Nature.
350 Voyez Philosophouména, V. 14.
351 Il en est de même de la cinquième tête de Brahmâ, réputée perdue, réduite en cendres par "l'œil central" de Shiva, qui est aussi Panchânana aux "cinq têtes" Le nombre est ainsi conservé et le secret gardé sur le véritable sens Esotérique.
352 "Lorsque le Soleil disparaîtra derrière le 30ème degré de Makara et n'atteindra plus que le signe de Minam (les Poissons), alors la nuit de Brahmâ sera venue."
Il suffit de dire que, de même que le signe de Makara se rattache à la naissance du Microcosme spirituel et à la mort ou dissolution de l'Univers physique à son passage dans le royaume du Spirituel 352, de même les Dhyan Chohans, appelés Koumâras aux Indes, se rattachent aux deux. En outre, dans les religions exotériques, ils sont devenus les synonymes des Anges des Ténèbres. Mâra est le Dieu des Ténèbres, l'Etre déclin et la mort 353, et pourtant c'est un des noms de Kâma, le Premier Dieu dans les Védas, le Logos, du sein duquel ont jailli les Koumâras, et ceci les rattache encore davantage à notre "fabuleux" Makara Indien et au Dieu à tête de Crocodile en Egypte 354. Les Crocodiles, dans le Nil Céleste, sont cinq et le Dieu Toum, la Divinité Primordiale, créant les corps célestes et les êtres vivants, appelle ces Crocodiles durant sa cinquième "création". Lorsque Osiris, le "Soleil Défunt" est enseveli et entre dans l'Amenti, les Crocodiles sacrés plongent dans l'abîme des eaux primordiales, le "Grand Etre Vert" Lorsque le Soleil de la Vie se lève, ils émergent de nouveau au sein de la rivière sacrée. Tout ceci est hautement symbolique et prouve comment les Vérités Esotériques primitives trouvent leur expression dans des symboles identiques. Mais comme le déclare avec raison M. T. Subba Row :
Le voile jeté avec dextérité sur certaines parties du mystère qui se rattache à ces signes (Zodiacaux), par les anciens philosophes, ne sera jamais enlevé pour l'amusement ou l'édification du public non-initié 355.
Le nombre Cinq n'étaient pas moins sacré pour les Grecs. Les [IV 169] "Cinq Mots" de Brahmâ sont devenus, chez les Gnostiques, les "Cinq Mots" écrits sur la Robe Akahsique (Resplendissante) de Jésus, à sa glorification – les mots "Zama Zama Ozza Rachama Ozai" (ΖΑΜΑ ΖΑΜΑ ΩΖΖΑ ΡΑΧΑΜΑ ΩΖΖΑΙ), que les Orientalistes traduisent par "la robe, la gracieuse robe de ma force". Ces mots constituaient à leur tour un "voile", anagrammatique des cinq Puissances mystiques représentées sur la robe de l'Initié "ressuscité", après sa dernière épreuve de trois jours de sommeil cataleptique ; car le cinq ne devient sept qu'après sa "mort", lorsque l'Adepte devient le Christos complet, le Krishna-Vishnou complet, c'est-à-dire lorsqu'il plonge dans le Nirvâna. Le E inscrit sur le Temple de Delphes, un symbole sacré, était encore le nombre cinq et l'on constate à quel point il était sacré, par le fait que les Corinthiens, suivant Plutarque, remplacèrent, dans le Temple de Delphes, le chiffre en bois par un autre en bronze et celui-ci fut changé par Livia Augusta en un fac-similé en or 356.
353 La mort de toutes les choses physiques, en vérité ; mais Mâra est aussi celui qui active inconsciemment la naissance du Spirituel.
354 Osiris est appelé, dans le Livre des Morts (CXLIL 8, 17) "Osiris, le double crocodile". "C'est le bon et le mauvais principe ; le Soleil de jour et de nuit, le Dieu et l'homme mortel" Par suite, le Macrocosme et le Microcosme.
355 Op. cit., p. 117.
356 Gnostics and their Remains de King, p. 297. – voir Plutarque, Œuvres morales, trad. p. Betolaud, t. II, "Sur le EI du temple de Delphes".
Il est facile de reconnaître dans les deux "Spiritus" (les signes grecs (‘‚)) l' "esprit" rude et l'esprit doux dont parle Ragon). Atmâ et Bouddhi, ou l'Esprit Divin et son Véhicule, l'Ame Spirituelle.
Le Six ou le groupe Six est étudié plus loin dans cette Section, tandis que le Septénaire le sera complètement dans ce volume, dans la Section intitulée "Les Mystères de l'Hebdomade".
L'Ogdoade, ou Huit, symbolise l'éternel mouvement en spirale des cycles, le 8, et il est symbolisé à son tour par le Caducée. Il démontre la respiration régulière de Cosmos, à laquelle président les Huit Grands Dieux – les sept de la Mère primordiale, l'Unique et la Triade.
Vient ensuite le nombre Neuf, ou le Triple Ternaire. C'est le nombre qui se reproduit incessamment, sous toutes les formes et tous les aspects, dans toutes les multiplications. C'est le signe de toute circonférence, puisque sa valeur en degrés est égale à 9, c'est-à-dire 3+6+0. C'est, dans certaines conditions, un nombre mauvais et très malheureux. Si le nombre 6 était le symbole de notre Globe, prêt à être animé par un Esprit divin, le 9 symbolisait notre Terre animée par un Esprit mauvais ou méchant.
Dix, ou la Décade, ramène tous ces chiffres à l'unité et termine la table de Pythagore. Aussi cette figure 8 – l'unité dans le zéro – était-elle le symbole de la Divinité, de l'Univers et de l'Homme. Telle est la signification secrète de "la vigoureuse [IV 170] étreinte de la patte de lion, de la tribu de Juda" ("l'étreinte du maître-Maçon") entre deux mains, dont le nombre des doigts est de dix.
Si nous tournons maintenant notre attention vers la croix égyptienne, ou Tau, nous pouvons constater que cette lettre, si exaltée par les Egyptiens, les Grecs et les Juifs, se rattache mystérieusement à la Décade. Le Tau est l'Alpha et l'Oméga de la Sagesse Divine Secrète, qui est symbolisée par la lettre initiale et la lettre finale de Thot (Hermès). Thot était l'inventeur de l'alphabet égyptien et la lettre Tau terminait les alphabets des Juifs et des Samaritains, qui appelaient ce caractère le "terme" ou "perfection", la "culmination" et la "sécurité". Aussi, nous dit Ragon, les mots Terminus, "terme" et Tectum, "toit" sont les symboles de l'abri et de la sécurité – ce qui est une définition plutôt prosaïque. Telle est cependant la destinée habituelle des idées et des choses, dans ce monde de décadence spirituelle et, en même temps, de progrès physiques. Pan était à la fois la Nature Absolue et l'Unique et Grand Tout, mais lorsque l'histoire l'entrevit pour la première fois, Pan était déjà descendu au rang de dieu inférieur des champs, de Dieu rural. L'histoire ne veut pas le reconnaître, tandis que la Théologie en fait le Diable ! Pourtant sa septuple flûte, emblème des sept forces de la Nature, des sept planètes, des sept notes de musique, en un mot de toute l'harmonie septénaire, établit bien son caractère primordial. De même pour la croix. Bien avant que les Juifs n'eussent, imaginé leur chandelier d'or du Temple, muni de trois branches d'un côté et de quatre de l'autre et n'eussent fait du nombre sept un nombre féminin de génération 357 introduisant ainsi l'élément phallique dans la religion – les nations douées d'un mental plus spirituel avaient fait de la croix (en tant que 3+4=7) leur symbole divin le plus sacré. En fait, le [IV 171] cercle, la croix et le sept – ce dernier étant choisi comme base des mesures circulaires – furent les premiers symboles primordiaux. Pythagore, qui avait rapporté la Sagesse des Indes, transmit à la postérité un aperçu de cette vérité. Son Ecole considérait le nombre 7 comme un composé des nombres 3 et 4, et l'expliquait, de deux façons. Sur le plan du monde nouménal, le Triangle, en tant que première conception de la Divinité manifestée, était son image, "Père-Mère-Fils" et le Quaternaire, le nombre parfait, était la source idéale, nouménale, de tous les nombres et de toutes les choses sur le plan, physique. Certains étudiants, en raison du caractère sacré du Tetrakys et du Tetragrammaton, se trompent sur le sens mystique du Quaternaire. Ce dernier ne constituait, pour ainsi dire, aux yeux des Anciens, qu'une "perfection" secondaire, parce qu'il ne se rapportait qu'aux plans manifestés, tandis que c'était le Triangle, le Delta Grec (∆), qui était le "véhicule de la Divinité inconnue". Une bonne preuve de ceci réside dans le fait que le nom de la Divinité commençait par un Delta. Le mot Zeus, était écrit (∆εύς) (Deus) par les Béotiens et c'est l'origine du Deus des Latins. Ceci, étant rapporté à la conception métaphysique, qui a trait aux sens du septénaire dans le monde phénoménal ; mais en vue de l'interprétation profane ou exotérique, le symbolisme changeait. Trois devint l'idéogramme de trois Eléments matériels : l'Air, l'Eau, la Terre, et quatre devint le principe de tout ce qui n'est ni corporel ni perceptible. Toutefois, ceci ne fut jamais accepté par les véritables Pythagoriciens. Considéré comme. un exposé de 6 et de 1, du Groupe de Six et de l'Unité, le nombre 7 était le centre invisible, l'Esprit de toutes choses, attendu qu'il n'existe pas de corps hexagonal auquel on ne découvre une septième propriété constituant son point central, comme, par exemple, les cristaux et les flocons de neige, dans la nature soi-disant "inanimée". En outre, y disait-on, le nombre, sept possède toute la perfection de l'unité – le nombre des nombres. En effet, de même que l'unité absolue et incréée et indivisible, que, par suite, elle ne représente aucun nombre et qu'aucun nombre ne peut la produire, il en est de même pour le sept ; aucun des chiffres que renferme la Décade ne peut l'engendrer ou le produire. Et c'est le quatre qui produit une division arithmétique entre l'unité et le sept, attendu qu'il dépasse la Première du même nombre (trois) dont il est lui-même dépassé par le sept, Puisqu'il y a la même différence entre quatre et un, qu'entre sept et quatre 358. [IV 172]
357 L'auteur de The Sources of Measures, faisant des réflexions au sujet de la croix, établit que ce chandelier du Temple "était composé de telle façon qu'en comptant des deux côtés il y avait Quatre branches, tandis qu'au sommet, il s'en trouvait une commune aux deux côtés, de sorte, qu'en fait, il y avait lieu de compter 3 branches d'un côté et 4 de l'autre, formant en tout le nombre 7, d'après la même idée d'une partie commune qui se retrouve dans la croix déployée. Prenez une ligne ayant en largeur une unité, en longueur 3 unités et placez-la sur une pente ; prenez-en une autre ayant une longueur égale à 4 unités et appuyée contre la première, suivant une pente opposée, de façon à ce que la dernière, de 4 unités de longueur, forme le coin ou sommet d'un triangle. Tel est le développement du chandelier. Maintenant retirez la ligne dont la longueur est de 3 unités et placez- la en croix sur celle dont la longueur est de 4 unités ; vous aurez pour résultat la croix. La même idée est évoquée par les six jours de la semaine de la Genèse, couronnés par le Septième, qui était employé seul comme base de la mesure circulaire" (p. 51).
358 Tiré d'un manuscrit attribué à "Saint-Germain" et incorporé par Ragon : op. cit., p. 434.
"Chez les Egyptiens, dit Ragon, le nombre 7 était le symbole de la vie éternelle" et il ajoute que c'est pour cela que la lettre grecque Z, qui n'est autre qu'un double 7, est la lettre initiale de Zaô, "je vis" et de Zeus, le "père de tous les vivants".
En outre, le chiffre 6 était le symbole de la Terre durant l'automne et l'hiver, durant les mois de "sommeil" et le chiffre 7 durant le printemps et l'été, parce qu'à cette époque, l'esprit de Vie l'animait – la septième Force ou Force centrale qui anime. Nous trouvons la même chose en Egypte dans le mythe, et le symbole d'Osiris et d'Isis personnifiait, métaphysiquement, le Feu et l'Eau et, physiquement, le Soleil et le Nil. Le nombre de l'année solaire, 365 jours, est la valeur numérique du mot Neilos (Nil). Ce nombre et le Bœuf qui porte entre ses cornes le croissant et la croix ansée et la Terre sous son symbole astronomique (♁), représente les symboles les plus phalliques de l'antiquité la moins reculée.
Le Nil était le fleuve du temps avec le nombre d'une année, ou d'une année et d'un jour (364 + 1 = 365). Il représentait l'eau des couches d'Isis, ou de Notre Mère la Terre, de la lune, de la femme et de la vache, ainsi que l'atelier d'Osiris, représentant le T'sod Olaoum des Hébreux. L'ancien nom du fleuve était Eridan, ou le Iardan Hébreu, ou le suffixe Copte ou Grec ancien. C'était là la porte du mot hébreu Jared ou source, ou descente... du Jourdain, qui avait pour les Hébreux le même emploi mystique que le Nil pour les Egyptiens 359 : c'était la source de la descente et elle contenait les eaux de la vie 360.
359 Il n'y avait pas cette signification au début, ni durant les premières dynasties.
360 Tiré d'un manuscrit qui n'a pas été publié.
Pour parler clairement, c'était le symbole de la Terre personnifiée, ou d'Isis considérée comme la matrice de la Terre. Ceci est démontré d'une façon suffisamment claire et le Jourdain – le fleuve aujourd'hui si sacré pour les chrétiens – n'avait un sens ni plus sublime, ni plus poétique que celui des eaux des couches de la Lune – Isis, ou Jéhovah sous son aspect femelle. Or, comme le démontre le même savant, Osiris n'était autre que le Soleil, le Nil et l'année de 365 jours, tandis qu'Isis n'était autre que la Lune, le lit de ce fleuve, ou Notre Mère la Terre, "pour les forces d'enfantement de laquelle l'eau était une nécessité,", comme aussi l'année lunaire de 354 jours, "le régulateur des périodes de gestation". Tout ceci est donc sexuel et phallique et nos érudits modernes semblent ne rien découvrir dans ces symboles, [IV 173] au delà d'un sens physiologique ou phallique. Néanmoins, les trois chiffres de 365, ou le nombre de jours d'une année solaire, n'ont qu'à être lus au moyen de la clef de Pythagore, pour qu'on y découvre une signification hautement philosophique et morale. Un seul exemple suffira. On peut lire ainsi :
La Terre (3) – animée par (6) – l'Esprit de Vie (5).
Simplement parce que 3 est l'équivalent du Gamma grec (Γ) qui est le symbole de Gaia, la Terre, tandis que le chiffre 6 est le symbole du principe qui anime et que 5 est la quintessence universelle qui se répand dans toutes les directions et forme toute la matière 361.
361 Tiré d'un manuscrit de Saint-Germain.
Les quelques cas ou exemples que nous avons cités ne révèlent qu'une faible portion des méthodes employées pour déchiffrer les idéogrammes symboliques et les valeurs numériques de l'antiquité. Le système présentant des difficultés extrêmes et complexes, peu de personnes, même parmi les Initiés, pouvaient s'assimiler toutes les sept clefs. Y a t'il donc lieu de s'étonner de ce que la Nature métaphysique se soit peu à peu ravalée au niveau de la Nature physique ; de ce que le Soleil, jadis symbole de la divinité, soit devenu, à, mesure que s'écoulaient les æons, celui de sa seule ardeur créatrice et que, de là, il soit tombé au rang d'un glyphe ayant un sens phallique ? Assurément, ce ne sont pas ceux qui, comme Platon, avaient pour méthode de partir de l'universel pour aboutir au particulier, ce ne sont pas ceux-là qui ont jamais pu commencer à symboliser leur religion au moyen d'emblèmes sexuels ! Il est parfaitement vrai, bien que cela soit dit par Eliphas Lévi, le paradoxe incarne, que "l'homme est Dieu sur la Terre et Dieu est l'homme dans le Ciel". Mais ceci ne pouvait s'appliquer et ne s'est jamais appliqué à la Divinité Unique et ne s'appliquait qu'aux Légions de Ses rayons incarnés, appelés par nous les Dhyan Choans et par les Anciens, les Dieux, et transformés aujourd'hui par l'Eglise, en Diables du côté gauche et en Sauveur du côté droit !
Tous ces dogmes ont pourtant jailli d'une même source, la source de la Sagesse, qui coule et prospère sur la Terre Indienne. Il n'y a pas un seul Archange dont on ne puisse retrouver le prototype dans la terre sacrée d'Aryavarta. Ces prototypes se rattachent tous aux Koumâras, qui font leur apparition sur la scène en "refusant" – comme Sanatkoumâra et Sananda – de "créer une progéniture". Ils sont pourtant appelés "créateurs" [IV 174] de l'homme (pensant). Ils sont plus d'une fois mis en rapport avec Nârada – ce qui constitue un nouvel amas de discordances apparentes, bien que représentant un trésor de dogmes philosophiques. Nârada est le chef des Gandharvas, les chanteurs et musiciens célestes ; Esotériquement, la raison de ceci s'explique par le fait que les Gandharvas sont "les instructeurs des hommes dans les Sciences Secrètes". Ce sont eux qui, "amoureux des femmes de la Terre", leur dévoilèrent les mystères de la création ; ou bien, comme dans le Véda, le Gandharva "céleste" est, une divinité connaissant et révélant les secrets du Ciel et les vérités divines, en général. Si nous nous rappelons ce que l'on dit de cette classe d'Anges dans Enoch et dans la Bible, l'allégorie devient alors très claire ; leur chef, Nârada, tout en refusant de procréer, pousse les hommes à devenir des Dieux. En outre, tous ces Anges, comme il est dit dans les Védas, sont Chhandajas, "nés de la volonté", ou incarnés durant divers Manvantaras, de leur propre gré. On les représente, dans la littérature exotérique, comme, existant d'âge en âge ; les uns "condamnés à renaître", d'autres s'incarnant comme par devoir. Enfin, en qualité de Sanakalidas, les sept Koumâras qui allèrent visiter Vishnou dans l' "Ile Blanche" (Shvéta-Dvîpa) l'Ile habitée par les Mahâ Yogins, ils sont rattachés à Shâka-dvîpa et aux Lémuriens et aux Atlantéens des Troisième et Quatrième Races.
Dans la Philosophie Esotérique, les Roudras (Koumâras, Adityas, Gandharvas, Asouras, etc.), sont les plus hauts des Dhyan Chohans ou Dévas, au point de vue de l'intellect. Ce sont ceux qui, en raison de ce qu'ils avaient acquis la quintuple nature par auto-développement – de là le caractère sacré du nombre cinq – étaient devenus indépendants des purs Aroupa Dévas. C'est là un mystère qu'il est très difficile de déchiffrer et de comprendre correctement. En effet, nous constatons que ceux qui "obéirent à la loi" furent, tout comme les "rebelles", condamnés à renaître durant tous les âges. Le Richi Nârada est condamné par Brahmâ à d'incessantes pérégrinations sur la Terre, c'est-à-dire à renaître constamment. C'est un rebelle contre Brahmâ et pourtant sa destinée n'est par pire que celle des Jayas – les douze grands Dieux Créateurs créés par Brahmâ pour l'assister dans son œuvre de création. Ces derniers en effet, plongés dans la méditation, oublièrent de créer et, pour cette raison, furent aussi condamnés par Brahmâ à renaître dans chaque Manvantara. Et cependant on les appelle – ainsi que les rebelles – les Chhandajas, ou ceux qui naissent de leur propre gré sous une forme humaine. [IV 175]
Tout ceci est très embarrassant pour celui qui n'est capable de lire et de comprendre le texte des Pourânas que dans son sens littéral 362. Aussi voyons-nous les Orientalistes refuser de se laisser embarrasser et trancher le nœud Gordien de la perplexité en déclarant que tout cela n'est qu'une "fiction... due à l'imagination et à l'amour de l'exagération les Brahmanes". Mais pour celui qui étudie l'Occultisme, tout cela possède une signification profondément philosophique. Nous abandonnons volontiers l'écorce aux Sanscritistes Occidentaux, mais nous revendiquions pour nous-mêmes l'essence du fruit. Nous faisons mieux : nous concédons que, dans un sens, beaucoup de ce que renferment ces soi-disant "fables" se rapporte à des allégories astronomiques au sujet de constellations, d'astérismes, d'étoiles et de planètes. Néanmoins, tandis que le Gandharva du Rig Véda peut y personnifier le feu du Soleil, les Gandharva Dévas sont des entités ayant un caractère à la fois physique et psychique et les Apsarasas (avec d'autres Roudras) sont à la fois des qualités et des quantités. Bref, si on la déchiffre jamais, la Théogonie des Dieux Védiques révélera d'insondables mystères de Création et d'Etre. Parâshara dit avec raison :
Ces classes de trente-trois divinités... existent d'âge en âge et leur apparition, ainsi que leur disparition, est analogue à celle du Soleil, qui se couche pour se lever de nouveau 363.
Il fut un temps où le symbole Oriental de la Croix et du cercle, la Svastika, était universellement adopté. Pour les Bouddhistes, les Chinois et les Mongoliens Esotériques, et exotériques, il signifie les "dix mille vérités". Ces vérités, disent-ils, relèvent des mystères de l'Univers Invisible, de la Cosmogonie Primordiale et de la Théogonie.
Depuis que Fohat a traversé le Cercle comme deux lignes de flammes (horizontalement et verticalement), les Légions des Etres Bénis n'ont jamais manqué d'envoyer leurs représentants sur les Planètes qu'ils eurent pour mission de surveiller dès le début. [IV 176]
362 Néanmoins ce sens, une fois bien compris, deviendra le coffret de Sûreté qui renferme les clefs de la Sagesse Secrète. Ce coffret, il est vrai, est orné avec tant de profusion, que les fantaisies qui le couvrent cachent entièrement tout ressort permettant de l'ouvrir et font croire à celui qui est dépourvu d'intuition, qu'il n'a et ne peut avoir aucune ouverture. Les clefs, existent pourtant, profondément enfouies, mais toujours présentes pour celui qui les cherche.
363 Vishnou Pourâna, I, XV ; traduction de Wilson, II, 29.
C'est pour cela que la Svastika est toujours placée sur la poitrine des Mystiques décédés – comme l'était la croix ansée en Egypte. Au Tibet et dans la Mongolie on la trouve placée sur le cœur des images et des statues de Bouddha. C'est aussi le sceau placé sur le cœur des Initiés vivants et, pour quelques-uns, à jamais imprimé par le feu sur la chair. Ceci parce qu'ils doivent conserver ces vérités inviolées et intactes, dans un silence et un secret éternels jusqu'au jour où elles sont perçues et lues par leurs successeurs choisis – de nouveaux Initiés – "dignes de se voir confier les dix mille perfections". Ce symbole est cependant si dégradé maintenant, qu'on le place souvent sur la coiffure des "Dieux", des hideuses idoles des Bhons sacrilèges – les Dougpas ou Sorciers des frontières du Tibet – jusqu'au moment où il est découvert par un Galoukpa et arraché avec la tête du "Dieu", bien qu'il eût été préférable que ce fût la tête du dévot qui fût séparée de son corps plein de péché. Pourtant ce symbole ne peut jamais perdre ses mystérieuses propriétés. Jetez un coup d'œil rétrospectif et vous le verrez employé à la fois par les Initiés et les Voyants, comme par les Prêtres de Troie, car de nombreux spécimens de ce symbole ont été découverts par Schliemann sur l'emplacement de cette antique cité. On le retrouve chez les antiques Péruviens – les Assyriens et les Chaldéens, comme sur les murs des monuments Cyclopéens, vieux comme le monde ; dans les Catacombes du Nouveau Monde et dans celles de l'Ancien (?), à Rome, où – "parce que les premiers Chrétiens sont supposés s'être cachés et avoir caché leur religion – on l'appelle Crux Dissimulata.
Suivant de Rossi, la Svastika était, depuis une période reculée, une forme favorite de la croix employée avec une signification occulte qui prouve que le secret n'était pas celui de la croix chrétienne. Une croix Svastika des Catacombes est le signe de l'inscription suivante : (ΖΩΤΙΚΩ ΖΩΤΙΚΙΙ) (? ΖΩΤΙΚΩ – Vitalis Vitalia", ou vie, de la vie 364.
Mais la meilleure preuve de l'antiquité de la croix est celle que fournit lui-même l'auteur de The Natural Genesis.
364 Cité dans The Natural Genesis de Gerald Massey, I, 427.
La valeur de la croix, en tant que symbole Chrétien, est supposée dater de l'époque à laquelle Jésus-Christ fut crucifié. Pourtant, dans l'iconographie "Chrétienne" des Catacombes, aucune figure humaine n'apparaît sur la croix, durant les six ou sept premiers siècles. On trouve toutes les formes de la croix excepté celle-ci – [IV 177] Supposée être le point de départ de la nouvelle religion. Ce n'était pas la forme initiale, mais bien la forme finale du Crucifix 365. Pendant, les six premiers siècles de l'ère Chrétienne, rien dans l'art Chrétien ne rappelle la fondation de la religion Chrétienne sur un Rédempteur crucifié ! La plus ancienne forme connue de l'être humain sur la croix est le crucifix offert par le Pape Grégoire le Grand à la Reine Théodolinde de Lombardie, qui se trouve maintenant dans l'église de Saint-Jean, à Monza, alors qu'aucune représentation du Crucifié ne se trouve dans les Catacombes de Rome, avant celle de San Giulio, qui date du septième ou du huitième siècle... Il n'y a ni Christ ni Crucifié ; la Croix, c'est le Christ, de même que le Stauros (la Croix) était un type et un nom d'Horus, le Christ Gnostique. La Croix, et non le Crucifié, est le symbole primordial de l'Eglise Chrétienne. La Croix, et non le Crucifié, est l'objet essentiel de ses représentations artistiques et de l'adoration dans sa religion. Le germe de sa croissance et de son développement total peut être ramené à la croix et cette croix est pré-chrétienne et est païenne, sous une demi-douzaine de formes différentes. Le Culte commence avec la croix et Julien avait raison de dire qu'il avait soutenu une "Guerre contre la X" : qu'il considérait comme ayant été adoptée par les A-Gnostiques et les Mytholâtres avec une signification impossible 366. Durant des siècles, la croix tint lieu du Christ et fut invoquée comme si elle eût été un être vivant. Elle fut d'abord divinisée, puis humanisée plus tard 367.
Peu de symboles de ce monde sont aussi saturés de réelle signification occulte, que l'est la Svastika. Elle est symbolisée par le chiffre 6. De même que ce chiffre, elle pointe, dans sa représentation concrète, comme le fait l'idéogramme de ce nombre vers le Zénith et le Nadir, vers le Nord, le Sud, l'Est et l'Ouest ; on trouve l'unité partout et cette unité est reflétée dans toutes les unités. C'est l'emblème de l'activité de Fohat, de la révolution constante des "Roues" et celui des Quatre Eléments, des "Quatre Sacrés", dans leur sens mystique et non pas seulement dans leur sens cosmique ; de plus, ses quatre bras, repliés à angles droits, ont un rapport intime, comme nous l'avons démontré ailleurs, avec les échelles Pythagoricienne et Hermétique. Une personne initiée aux mystères de la signification de la Svastika, dit le Commentaire, peut retracer, sur elle, avec une [IV 178] précision mathématique, l'évolution du Cosmos et la période entière de Sandhyâ". Il en est de même du "rapport entre le Visible et l'Invisible" et de "la première procréation de l'homme et des genres".
Pour l'Occultiste Oriental, l'Arbre de la Connaissance dans le Paradis du propre cœur de l'homme, devient l'Arbre de la Vie Eternelle et n'a rien à faire avec les sens animaux de l'homme. C'est un système absolu qui ne se révèle que grâce aux efforts que fait le Manas prisonnier, l'Ego pour se libérer des entraves des perceptions sensuelles et pour voir à l'aide de la lumière de la Réalité unique et éternellement présente. Pour le Cabaliste Occidental et plus encore, maintenant, pour le Symbologue superficiel, nourri dans l'atmosphère mortelle de la Science Matérialiste, l'explication principale des mystères de la croix réside dans son élément sexuel. Le commentateur moderne lui-même, dont la tournure d'esprit est d'ailleurs spirituelle, discerne cette caractéristique dans la croix et la Svastika, avant toutes les autres.
365 Pour les Chrétiens, c'est indéniable. Pour les symbologistes Pré-Chrétiens, c'était, comme nous l'avons déjà dit, le Lit ou Couche de Torture durant les Mystères de l'initiation, alors que le "Crucifix" était placé horizontalement sur le sol et non pas dressé, comme lorsqu'il devint le gibet des Romains.
366 Il en était ainsi et ne pouvait en être autrement. L'Empereur Julien était un Initié et, en cette qualité, connaissait bien le "sens mystérieux", à la fois métaphysique et physique.
367 Op. cit., ibid., p. 433.
368 Livredes Morts, XXXIX. Apophis, ou Apap, est le Serpent du Mal, le symbole des passions humaines. Le Soleil (Osiris-Horus) le détruit et Apap, est renversé, lié et enchaîné. Le Dieu Aker, le "Chef de la Porte de l'Abîme" d'Aker, le Royaume du Soleil (XV, 39), l'attache. Apophis est l'ennemi de Ra (la lumière), mais le "grand Apap est tombé ! "s'écrie le Défunt. "Le Scorpion a blessé ta bouche", dit-il à l'ennemi vaincu (XXXIX, 7). Le Scorpion est le "ver qui ne meurt jamais"
La croix était employée en Egypte comme un talisman protecteur et comme un symbole, de puissance salutaire. Typhon, ou Satan, se rencontre réellement enchaîné sur la croix et lié par elle. Dans le Rituel, l'Osirien s'écrie : "L'Apophis est renversé, leurs cordes lient le Sud, le Nord, l'Est et l'Ouest, leurs cordes sont sur lui. Nar-ru- bah l'a attaché 368. C'étaient les cordes des quatre quartiers, ou la croix. Thor est représenté comme broyant la tête du serpent avec son marteau... une forme de Svastika ou de croix à quatre pieds... Dans les sépulcres primitifs de l'Egypte, le modèle de la Chambre affectait la forme d'une croix 369. La pagode de Mathoura... lieu de naissance de Krishna, était construite en forme de croix 370.
Ceci est parfait et personne ne pourrait y discerner ce "culte sexuel" que les Orientalistes aiment à jeter à la tête du Paganisme. Mais que dire des Juifs et des religions exotériques de quelques sectes Hindoues, particulièrement des rites des Vallabâchâryas ? [IV 179] En effet, comme nous l'avons déjà dit, le culte de Shiva, avec son Lingam et son Yoni, a un sens philosophique trop élevé, en dépit de sa dégénérescence moderne, pour que l'on puisse le considérer comme un simple culte phallique. Mais le culte de l'Arbre ou de la Croix 371, des Juifs, ne peut guère échapper à cette accusation. Les "fils des sorciers, la semence de l'adultère" 372, comme les appelle Isaïe, ne laissèrent jamais échapper une occasion de "s'enflammer avec des idoles sous tous les arbres verts" 373 – ce qui ne dénote aucune récréation métaphysique. C'est à ces Juifs monothéistes que les nations chrétiennes ont emprunté leur religion, leur "Dieu, des Dieux, unique Dieu vivant", alors qu'ils méprisaient et tournaient en dérision le culte de la Divinité des anciens Philosophes. Laissons-les, à tout prix, croire à la forme physique de là croix et lui vouer un culte.
Mais pour le sectateur de la véritable Sagesse Archaïque Orientale, pour celui qui, en esprit, ne voue un culte à rien en dehors de l'Unité Absolue, de ce grand Cœur aux éternelles pulsations, qui bat partout, comme dans chaque atome de la Nature, chacun de ces atomes contient le germe grâce auquel il peut dresser l'Arbre de la Connaissance, dont les des Chrétiens. Apophis est attaché sur le Tau, ou Tat, "l'emblème de la stabilité". (Voyez l'érection de Tat en Tatou, XVIII). fruits confèrent la Vie Eternelle et non pas seulement la vie physique. Pour lui, la croix et le cercle, l'Arbre ou le Tau – même après que tous les symboles qui s'y rapportent ont été mentionnés et déchiffrés, l'un après l'autre – demeurent un profond mystère dans leur Passé et c'est sur ce Passé seul qu'il dirige ses regards attentifs.
Il lui importe peu que ce soit la semence qui donne naissance à l'Arbre généalogique des Etres, appelé l'Univers. Ce n'est pas non plus le Trois en Un, le triple aspect de la Semence – sa forme, sa couleur et sa substance – qui l'intéresse, mais c'est plutôt la Force qui dirige sa croissance, Force toujours mystérieuse et toujours inconnue. Car cette Force vitale – qui fait germer la Semence, la fait s'ouvrir et lancer des rejetons, puis former le trône et les branches qui, à leur tour, se courbent comme les branches de l'Ashvattha, de l'Arbre sacré de Bodhi, projettent leur semence, prennent racine et procréent d'autres arbres – est l'unique Force qui ait de la réalité pour lui, car elle est le Souffle de Vie qui ne meurt jamais. Le philosophe Païen recherchait la cause, le moderne se contente des effets seuls et cherche la cause dans ces derniers. Ce qu'il y a au-delà, [IV 180] il l'ignore et cela importe peu à l'Agnostique moderne ; il repousse ainsi la seule connaissance sur laquelle il pourrait, en toute sécurité, baser sa science. Et pourtant, cette Force manifestée a une réponse pour celui qui cherche à l'approfondir. Celui qui voit dans la croix, le cercle décussé de Platon le Païen, et non l'antétype de la circoncision comme le voyait saint Augustin le Chrétien 374, est immédiatement considéré par l'Eglise comme un païen et par la Science comme un fou. Et cela parce que, tout en refusant de vouer un culte au Dieu de la génération physique, il confesse ne rien savoir au sujet de la Cause que cache ce qu'on appelle la Première Cause, la Cause sans Cause de cette Cause Vitale. Admettant tacitement l'Universelle Présence du Cercle Infini et faisant de lui le Postulatum Universel sur lequel est basé l'Univers Manifesté tout entier, le Sage observe un respectueux silence sur un sujet vers lequel aucun homme mortel ne devrait oser orienter ses spéculations. "Le Logos de Dieu est le révélateur de l'homme et le Logos (le Verbe) de l'homme est le révélateur de Dieu", dit Eliphas Lévi dans un de ses paradoxes. L'Occultiste Oriental répondrait à ceci : "A condition, toutefois, que l'homme restât muet au sujet de la Cause qui produisit Dieu et son Logos". Autrement il devient invariablement l'insulteur et non le révélateur de l'Inconnaissable Divinité.
369 Il en était de même des cryptes Cis-Himalayennes, où vivaient les Initiés et où leurs cendres sont déposées pendant sept années lunaires.
370 The Natural Genesis, I, 432.
371 La Croix et l'Arbre sont identiques et synonymes en symbolisme.
372 LVII, 3.
373 Ibid., 5.
374 Sermon, CLX.
Il nous faut maintenant aborder un mystère – celui de l'Hebdomade dans la Nature. Il se peut que tout ce que nous dirons soit attribué à des coïncidences. On pourra nous dire que ce nombre est tout naturel dans la Nature, comme nous le disons, du reste, et qu'il n'a pas plus de signification que l'illusion (le mouvement qui forme ce que l'on appelle les "cercles strobiques". On n'attacha pas une grande importance à ces "singulières illusions", lorsque le professeur Silvanus Thompson les exposa à la réunion de l'Association Britannique, en 1877. Nous ne serions pourtant pas fâchés de connaître l'explication scientifique du pourquoi de ce fait, que le nombre sept se présente toujours comme un nombre prééminent – six cercles concentriques autour d'un septième et sept anneaux l'un dans l'autre, autour d'un point central, etc. – dans cette illusion produite en inclinant une soucoupe, ou tout autre récipient. Nous donnons, dans la Section suivante, la solution refusée par la Science. [IV 181]