B

Le Tetraktys par rapport à l'Heptagone

 

Le nombre sept, comme étant composé de 3 et de 4, est l'élément dominant dans toutes les anciennes religions, parce que c'estl'élément dominant dans la Nature. Son adoption doit être justifiée et il faut établir que c'est le nombre par excellence car depuis la publication de Bouddhisme Esotérique, de fréquentes objections ont été soulevées et des doutes ont été émis, au sujet du bien fondé de ces affirmations.

Il est bon que l'étudiant sache ici, d'abord que dans toutes les divisions numériques de ce genre, le Principe Unique universel – bien qu'on en parle comme de (l') un parce que c'est l'Unique Un – n'entre jamais dans les calculs. Il demeure comme Abstraction Absolue, Infinie et Universelle, entièrement seul et indépendant de tout autre Pouvoir, tant nouménal que phénoménal. L'auteur de l'article intitulé "Dieu Personnel et Impersonnel", s'exprime ainsi :

Cette entité n'est ni matière, ni esprit : ce n'est ni l'Ego, ni le non Ego et ce n'est ni un objet, ni un sujet.

Dans le langage des philosophes hindous, c'est la combinaison originale et éternelle de Pourousha (l'Esprit) et de Prakriti (la matière). Comme les Advaïtis estimaient qu'un objet externe est simplement le produit de nos états mentaux, Prakriti n'est autre qu'une illusion et Pourousha est l'unique réalité ; c'est l'existence unique qui demeure dans l'Univers des Idées, Ceci... donc, est le Parabrahmam des Advaïtis. Même s'il existait un Dieu personnel, avec quelque chose comme un Oupâdhi matériel (une base physique d'une forme quelconque),  il y aurait, en se plaçant au point de vue d'un Advaiti, tout autant de raisons de douter de son existence nouménale, qu'il y en aurait dans le cas d'un autre objet quelconque. D'après leur opinion un Dieu conscient ne peut pas être l'origine de l'univers, car son Ego serait l'effet  d'une cause antérieure, si l'on se borne seulement à conserver au mot conscient son sens habituel. Ils ne peuvent admettre que le grand total de tous les états de conscience de l'univers soit leur divinité, puisque ces états changent sans cesse durant le Pralaya. Il n'existe qu'une seule condition permanente dans l'Univers et c'est l'état de parfaite inconscience, le simple Chidâkâsham (le champ de la conscience) en fait.

393 VII, 2, 3.

 394 Five Years of Theosophy, pp. 202, 203.

395 Ibid., p. 200.

 

Lorsque mes lecteurs se rendront compte du fait que ce grandiose univers est seulement en réalité un énorme agrégat de divers [IV 192] états de conscience, ils ne seront pas surpris de découvrir que l'état de conscience ultime est considéré comme Parabrahmam par les Advaitis 394.

Bien qu'étant lui-même entièrement hors de portée des calculs humains, cet "énorme agrégat de divers états de conscience" est un septénaire, entièrement composé dans sa totalité de groupes septénaires – simplement parce que "la capacité de perception existe sous sept aspects différents, correspondant aux sept conditions de matière" 395, ou aux sept propriétés, ou états, de la matière. En conséquence, la série de un à sept commence, dans les calculs ésotériques, avec le premier principe manifesté, qui est le nombre un si nous partons d'en haut, et le nombre sept, si nous partons d'en bas, ou du principe le moins élevé.

La Tétrade est considérée dans la Kabalah, ainsi qu'elle l'était par Pythagore, comme le nombre le plus parfait, ou plutôt sacré, parce qu'elle émanait de l'Un, de la première Unité manifestée, ou plutôt du Trois en Un. Ce dernier a toujours été impersonnel, sans sexe, incompréhensible, tout en ne dépassant pas les possibilités des perceptions mentales supérieures.

La première manifestation de la Monade éternelle ne fut jamais supposée jouer le rôle de symbole d'un autre symbole, le Non-né pour le Né-des-éléments, ou le Logos unique pour l'Homme Céleste. Le Tétragrammaton, ou la Tétraktys des Grecs, est le Second Logos, le Démiurge.

La Tétrade, comme le pense Thomas Taylor,  est toutefois l'animal lui-même de Platon qui, ainsi que Syrianus le fait observer avec raison, était le meilleur des Pythagoriciens ; elle subsiste à l'extrémité de la triade intelligible, comme Proclus le démontre d'une manière très satisfaisante dans le troisième livre de son traité sur la théologie de Platon. Entre ces deux triades (le double triangle), l'un intelligible et l'autre intellectuel, il  existe un autre ordre de Dieux, qui   participe aux deux extrêmes 396...

Le monde Pythagoricien, suivant Plutarque 397, consistait en un double quaternaire.

Cette déclaration corrobore ce qui est dit au sujet du choix, par les théologies exotériques, de la Tétraktysinférieure. Car :

Le quaternaire du monde intellectuel (le monde de Mahat) est [IV 193] l'Agathon, Nous, Psyché, Hyle ; tandis que celui du monde sensible (de la Matière), qui était à proprement parler ce que voulait désigner Pythagore par le mot Cosmos, est le Feu, l'Air, l'Eau et la Terre. Les quatre éléments sont  appelés les    rhizômata, les racines ou principes de tous les corps mélangés 398.

 396 Pythagorean Triangle d'Oliver, p. 104.

397 De Anim. Procr., 1027.

398 Oliver, ibid., p. 112.

 

C'est-à-dire que la Tétraktys inférieure est la racine de l'illusion du Monde de la Matière et c'est le Tétragrammaton des Juifs et la "divinité mystérieuse", au sujet de laquelle les Cabalistes modernes font tant  de bruit !

Ce nombre (quatre) forme la moyenne arithmétique entre la Monade et l'Heptade et il comprend tous les pouvoirs, tant des nombres productifs que des nombres produits : car, entre tous les nombres au-dessous de  dix, il est constitué un nombre certain ; la dyade doublée constitue la tétrade et la tétrade doublée (ou déployée) constitue l'hebdomade (le septénaire). Deux multiplié par lui-même produit quatre et repoussé en lui-même constitue le premier cube. Ce premier cube est un nombre fertile, le sol de la multitude et de la variété, formé par deux et quatre (dépendant de la Monade, le septième). Ainsi les deux principes des choses temporelles, la pyramide et le cube, la forme et la matière, coulent d'une seule source, le tétragone (sur terre, la monade dans le ciel) 399.

Ici Reuchlin, qui fait autorité au sujet de la Cabale, représente le cube comme étant la "matière", tandis que la pyramide ou la triade serait la "forme". Pour les Hermétistes, le nombre quatre ne devient le symbole de la vérité que lorsqu'il est amplifié en un cube, qui, une fois déployé, donne sept, comme symbolisant les éléments mâle et femelle et l'élément de la Vie 400. [IV 194]

 399 Reuchlin, De Arte cabalistica, I, II ; Oliver, ibid., p. 104.

400 Dans The Source of Measures, l'auteur démontre (pp. 50-51) que la figure du cube déployé par rapport au cercle, "devient... une véritable croix, ou prend la forme du tau et l'adjonction du cercle à ce dernier donne la croix ansée des Egyptiens... Bien qu'un cube n'ait que 6 faces, la représentation de la croix (croix dont l'arbre est formé par le développement de 4 côtés du cube et les bras par les 2 autres appuyés sur l'un des côtés de l'arbre, ce qui en fait 3 pour la partie horizontale) par un Cube déployé, en ce qui concerne les branches, montre qu'une des faces du cube est commune aux deux branches et qu'elle est comptée comme appartenant aux deux (c'est-à-dire qu'elle est comptée d'abord horizontalement, puis verticalement)... 4 pour la branche verticale et 3 pour la branche horizontale, ce qui donne sept en tout. Nous avons là les fameux 4, 3 et 7". La philosophie Esotérique explique que quatre est le symbole de l'univers dans son état potentiel, ou de la Matière Chaotique et qu'il a besoin de l'Esprit pour la Pénétrer activement ; c'est-à-dire que le Triangle Primordial abstrait doit abandonner sa qualité uni-dimensionnelle et se répandre à travers cette Matière, formant ainsi une base manifestée sur l'espace à trois dimensions, afin que l'Univers se manifeste d'une façon intelligible. Ceci est accompli par le cube déployé. De là vient la croix ansée, comme symbole de l'homme, de la génération et de la vie. En Egypte, Ank voulait dire "âme", "vie" et sang. C'est l'homme vivant animé, le Septénaire.

 Quelques étudiants ont été embarrassés par ce fait que la ligne verticale 401, qui est mâle, devient, dans la croix, une ligne  divisée en quatre (quatre étant un nombre femelle), tandis que la ligne horizontale (la ligne de matière) devient une ligne divisée en trois. L'explication est pourtant facile. Puisque la face du milieu du "cube déployé" est commune à la branche verticale et à, la branche horizontale, ou aux deux lignes, elle devient, pour ainsi dire, un terrain neutre et n'appartient à aucune des deux branches. La ligne de l'esprit demeure triadique et la ligne de la matière double – deux étant un nombre pair et, par suite aussi, un nombre  femelle.

En outre, d'après Théon, dans ses Mathematica 402, les Pythagoriciens, qui donnèrent le nom d'Harmonie à la Tétraktys, "parce que c'est la consonance de quarte dans le rapport sesquitierce", étaient d'avis que :

La division du canon du monocorde était faite par le tétraktys, dans la dyade, la triade et la tétrade, car elle comprenait une sesquitierce, un sesquialtère, une double, une triple et une quadruple proportion, dont la somme est 27. Dans l'antique notation musicale, le tétracorde était composé de trois degrés ou intervalles et de quatre termes de sons appelés par les Grecs diatessarons et par nous quarts 403.

En outre, le quaternaire, bien qu'étant un nombre pair et, par suite, femelle ("infernal"), variait  suivant  sa  forme.  Ceci  est  établi  par Stanley 404. Le nombre quatre était appelé par les Pythagoriciens  le Gardien des Clefs de la Nature, mais, uni au trois, ce qui formait le sept,  il devenait le nombre le plus parfait et le plus harmonieux – la Nature elle- même. Le quatre était "le masculin de forme féminine", lorsqu'il formait la croix, et sept est le "Maître de la Lune", parce que cette planète est obligée de modifier son aspect tous les sept jours. C'est en se basant sur le nombre sept que Pythagore composa sa doctrine de l'Harmonie et de la Musique des Sphères, en appelant "un ton" la [IV 195] distance de la Lune à la Terre ; de la Lune à Mercure un demi-ton autant de là, à, Vénus ; de Vénus au Soleil un ton et demi ; du Soleil à Mars, un ton ; de là à Jupiter, un demi-ton ; de Jupiter à Saturne, un demi-ton et de là au Zodiaque un ton ; ce qui faisait en tout sept tons – le diapason de l'harmonie 405. Toute la mélodie de la Nature réside dans ces sept tons et, en conséquence, elle est appelée la "Voix de la Nature".

401 Supra, p. 626.

402 Théon de Smyrne, Exposition des connaissances mathématiques pour la lecture de Platon, trad. franç., par J. Dupuis, Paris Hachette, 1902, p. 153.

403 Oliver, ibid., p. 114.

404 Pythag, p. 61.

405 Oliver, ibid, P. 172.

406 De plac, Phil., p 878.

407 Voyez Oliver ibid, p. 106.

408 Ibid., p. 108.

409 Reuchlin, ut supra, p. 689 ; Oliver, ibid., pp, 112, 113.

 

Plutarque explique 406 que les plus anciens Grecs considéraient la Tétrade comme la racine et le principe de toutes choses, puisque c'était le nombre des éléments qui avaient donné naissance à toutes les choses créées, tant visibles qu'invisibles 407. Chez les frères de la Rose-Croix, la figure de la croix ou cube déployé, était le sujet d'une dissertation dans un des degrés Théosophiques de Peuvret et était traité suivant les principes fondamentaux de lumière ou des ténèbres ou du bien et du mal 408.

Le monde invisible procède du sein du mental divin (ou unité.), de la façon suivante. La Tétraktys, se reflétant dans sa propre essence, la première unité productrice de toutes choses et sur ses propres débuts, dit : Une fois un, deux fois deux ; une tétrade naît immédiatement, ayant sur son sommet la plus haute unité et devient une Pyramide, dont la base est une tétrade plane, répondant à une superficie sur laquelle la lumière radieuse de l'unité divine produit la forme du feu incorporel, en raison de la descente de Junon (la matière) jusqu'aux choses inférieures. En conséquence, naît la lumière essentielle, qui ne brûle pas, mais illumine. Ceci constitue la création du monde moyen, que les Hébreux appelaient  le Suprême, le monde de la (de leur) divinité. On l'appelle l'Olympe, entièrement lumineux et rempli de formes séparées, où se trouve le siège des dieux  immortels, deûm domus alta, dont le sommet est l'unité,  les murailles la Trinité et la superficie le Quaternaire 409.

 La "Superficie" resterait donc une surface sans signification, si on l'abandonnait à elle-même. L'Unité seule "illuminant" le quaternaire, les fameux quatre inférieurs doivent aussi construire pour eux-mêmes une muraille tirée de la trinité, s'ils veulent se manifester. De plus, le Tétragrammaton, ou Microprosope, est "Jéhovah" s'attribuant fort improprement les mots "Etait, Est, Sera", qui sont aujourd'hui traduits par "Je [IV 196] suis ce que je suis" et interprétés comme se rapportant à la haute Divinité abstraite, alors qu'Esotériquement et véritablement ils ne se rapportent qu'à la Matière périodiquement chaotique, turbulente et éternelle, avec toutes ses potentialités. En effet, le Tétragrammaton ne fait qu'un avec la Nature, ou Isis, et c'est la série exotérique des Dieux androgynes, tels qu'Osiris-Isis, Jupiter-Junon, Brahmâ-Vâch, ou le cabalistique Jah-Hovah ; tous mâles-femelles. Chez les nations antiques, comme le fait bien observer Marcile Vicinus, chaque Dieu anthropomorphe a son nom écrit en quatre lettres. Ainsi pour les Egyptiens, c'était Thot ; pour les Arabes, Alla ; pour les Perses, Sire ; pour les Mages, Orsi ; pour les Grecs, Téos ; pour les anciens Turcs, Esar ; pour les Latins, Deus ; et John Lorenzo Anania ajoute à cette liste le Gott des Germains, le Bouh des Sarmates, etc. 410.

La Monade étant une, étant un nombre impair, les Anciens disaient que les nombres impairs étaient les seuls parfaits et – avec égoïsme, peut- être, mais en fait – les considéraient tous comme masculins et parfaits, applicables aux Dieux célestes, tandis que les nombres pairs, comme deux, quatre, six, et surtout huit, réputés féminins, étaient considérés comme imparfaits et n'étaient donnés qu'aux Divinités terrestres et infernales. Virgile mentionne le fait en disant : Numero Deus impare gaudet : "Le nombre impair plaît à Dieu." 411

Quant au nombre sept, ou Heptagone, les Pythagoriciens le considéraient comme un nombre religieux et parfait. On l'appelait Telesphoros, parce que tout, par lui, dans l'Univers et dans l'Humanité, est conduit à son but, c'est-à-dire à son point culminant 412. La doctrine des Sphères gouvernées par les sept Planètes Sacrées 413 nous montre, depuis la Lémurie jusqu'à Pythagore, les sept Pouvoirs de la Nature terrestre et sublunaire, ainsi que les sept grandes Forces de l'Univers, procédant et évoluant suivant sept tons, qui sont les sept notes de l'échelle musicale.

410 Oliver, ibid., p. 118.

411 Bucoliques, Egl. VIII, 75.

412 Philon, De Mundi Opificio ; Oliver, ibid., p. 172.

413 Les sept Planètes ne sont pas limitées à ce nombre parce que les anciens n'en connaissaient pas d'autres, mais simplement parce que ce furent les "Maisons" primitives ou primordiales des sept Logoï. On pourra découvrir neuf et quatre-vingt-dix-neuf autres planètes – cela ne changera rien au fait que ces sept, seules, sont sacrées.

414 Oliver, ibid., pp. 173, 174.

415 Ibid., loc. cit.

 

L'Hebdomade (notre Septénaire) était considérée comme le [IV 197] nombre d'un être vierge parce qu'il est non-né (comme le Logos ou l'Aja des Védantins) :

Sans père... ni mère... mais procédant directement de la Monade, qui est l'origine et la couronne  de  toutes choses 414.

Or, si l'on fait procéder l'Hebdomade directement de la Monade, c'est alors, ainsi que l'enseigne la Doctrine Secrète des plus antiques écoles, le nombre parfait et sacré de notre Manvantara actuel.

Le Septénaire, ou Hebdomade, était vraiment consacré à divers Dieux et Déesses : à Mars, avec ses sept assistants ; à Osiris, dont le corps était divisé en sept et deux fois sept parties ; à Apollon, le Soleil, au milieu de ses sept planètes et jouant un hymne aux sept fois rayonnants, sur sa harpe à sept cordes ; à Minerve, sans père ni mère, et à d'autres 415.

L'Occultisme Cis-Himalayen, avec ses divisions par sept et à cause de ses divisions, doit être considéré comme le plus ancien, comme l'original. Il est en opposition avec quelques fragments laissés par les Néo- Platoniciens, et les admirateurs de ces derniers qui ne comprennent guère ce qu'ils veulent défendre, nous disent : Voyez, vos prédécesseurs ne croyaient qu'à un homme triple, composé de l'Esprit, de l'Ame et du Corps. Regardez, la Târaka Râja Yoga des Indes limite cette division à 3, nous à 4 et les Védantins à 5 (Koshas). A cela, nous qui sommes de l'école Archaïque, nous répondons par cette question :

 Pourquoi donc le poète dit-il que ce ne sont pas quatre, mais bien sept qui chantent les louanges, du Soleil Spirituel ?

 Έπτά µε κ. τ. λ.

Sept lettres sonores chantent mes louanges.

A moi le Dieu immortel, la Divinité toute-puissante.

Pourquoi encore le triple Iao, le Dieu Mystérieux, est-il appelé le "quadruple" alors que les symboles triadiques et tétradiques sont compris, chez les Chrétiens, sous un seul nom unifié – le Jéhovah aux sept lettres ? Pourquoi encore, dans le Shébâ Hébreu, le Serment (le Tétraktys Pythagoricien) est-il identique au nombre 7 ? Ou, suivant les termes employés par M Gerald Massey :

Prêter serment était synonyme de "diviser en sept" et le 10 [IV 198] exprimé par la lettre Yod, était le nombre complet de Iao-Sabaoth (le Dieu aux dix lettres) 416.

Dans les Sectes à l'Encan de Lucien :

Pythagore demande : "Comment comptez-vous" ? La réponse est, "Un, Deux, Trois, Quatre". Alors Pythagore dit : "Voyez-vous ? Dans ce que vous concevez comme Quatre, il y a Dix : Un Triangle parfait et notre Serment (Tétraktys, Quatre) ou Sept en tout" 417.

Pourquoi aussi Proclus dit-il :

Le Père des vers dorés célèbre le Tétraktys comme la fontaine de la nature éternelle 418.

416 The Natural Genesis, I, 545.

417 Ibid.

418 Dans le Timée, III ; ibid.

419 Oliver, ibid., p. 175.

420 Voyez Section F, infra, "Les Sept Ames des Egyptologues".

 

Simplement parce que les Cabalistes occidentaux qui nous opposent les preuves exotériques, n'ont pas la moindre idée du réel sens ésotérique. Toutes les anciennes cosmologies – les plus antiques Cosmographies des deux plus anciens peuples de la Cinquième Race-Mère, les Indo-Aryens et les Egyptiens, ainsi que les premières races chinoises, les débris de la Quatrième Race ou Race Atlantéenne – basaient l'ensemble de leurs Mystères sur le nombre 10 : le Triangle supérieur représentant le Monde invisible et métaphysique et les trois et quatre inférieurs, ou le Septénaire, représentant le Royaume physique. Ce n'est pas la Biblejuive qui mit en évidence le nombre 7. Hésiode disait : "le septième est le jour sacré", avant qu'il eût jamais été question du Sabbat de "Moïse". L'usage du nombre sept ne fut jamais réservé à une seule nation. Ceci est bien établi par les sept vases du temple du Soleil près des ruines de Babian, en Haute-Egypte ; par les sept feux qui brûlent continuellement, depuis des siècles, devant les autels de Mithra, par les sept, temples sacrés des Arabes ; par les sept péninsules, les sept, îles, les sept mers, montagnes et rivières des Indes et, dans le Zohar, par les Séphiroths aux sept splendeurs, des Juifs ; par les sept divinités Gothiques ; par les sept mondes Chaldéens et par leurs sept Esprits ; par les sept constellations que mentionnent Hésiode et Homère et par tous les innombrables sept que trouvent les Orientalistes dans chacun des manuscrits qu'ils découvrent 419. Finalement, il nous reste à dire ceci : Nous avons donné assez [IV 199] d'explications pour faire comprendre pourquoi les principes humains ont été et sont divisés en sept dans les écoles ésotériques. Réduisez-les à quatre et vous aurez l'homme, moins ses éléments terrestres inférieurs, ou bien, si vous l'étudiez au point de vue physique, vous ferez de lui un animal sans âme. Le Quaternaire doit être le supérieur ou l'inférieur – le Tétraktys céleste ou terrestre pour devenir compréhensible, suivant les enseignements de l'antique Ecole ésotérique, l'homme doit être considéré comme un Septénaire. Ceci fut si bien compris, que les prétendus Gnostiques chrétiens eux-mêmes adoptèrent ce système consacré par le temps 420. Ceci demeura secret pendant longtemps, car bien que ce fût soupçonné, aucun manuscrit de l'époque n'en parla assez clairement pour satisfaire les sceptiques. Ici nous vient en aide la curiosité littéraire de notre époque – l'Evangile des Gnostiques, le plus ancien et le mieux conservé, Pistis Sophia. Afin de rendre la preuve absolument complète, nous allons citer une autorité, C. W. King, le seul archéologue  qui  ait  faiblement  entrevu  cette  doctrine  compliquée  et le meilleur auteur qui ait, de nos jours, traité des Gnostiques et de leurs gemmes.

Suivant cet extraordinaire morceau de littérature religieuse – un véritable fossile gnostique – l'Entité humaine est le Rayon Septénaire de l'Unique 421, exactement comme l'enseigne notre Ecole. Elle est composée de sept éléments, dont quatre sont empruntés aux quatre mondes cabalistiques manifestés. Ainsi :

D'Asiah elle reçoit le Néphesh, ou siège des appétits physiques (du souffle vital aussi) ; de Jézirah, le Ruach, ou siège des passions (??) ; de Briah, le Néshamah, ou raison, et d'Aziluth elle obtient le Chaiah, ou principe de vie spirituelle. Ceci ressemble à une adaptation de, la théorie de Platon d'après laquelle les âmes obtiennent leurs facultés respectives des Planètes, au cours de leurs progrès sur l'arc descendant, à travers les Sphères. Mais la Pistis Sophia, avec sa hardiesse accoutumée, donne à cette théorie une forme bien plus poétique (§ 282). L'Homme interne est similairement composé de quatre constituants, mais ceux-ci sont fournis  par  les  Æons [IV 200] rebelles des Sphères et ce sont la Puissanceune particule de la Divine lumière ("Divinæ particula auræ") qui subsiste encore en eux ; l'Ame (le cinquième) "fournie par les pleurs de leurs yeux et la sueur de leurs tourments" ; le Αντιµι̃µον Πνεύµατος, Contre-façon de l'Esprit (répondant apparemment à notre Conscience) (le sixième) et enfin le Μοι̃ρα, le Destin 422  (l'Ego Karmique) dont la fonction est de conduire l'homme au but qui lui est assigné : s'il doit mourir par le feu, de le conduire au feu ; s'il doit être tué par une bête féroce, de le conduire à la bête féroce – (le septième) 423.

421 Les Sept Centres d'Energie, évolués ou rendus objectifs par l'action de Fohat sur l'Unique Elément : ou, en fait, le "Septième Principe" des Sept Eléments qui existent dans toute l'étendue du Cosmos manifesté. Nous Pouvons faire remarquer ici que ce sont vraiment les Séphiroths des Cabalistes, les "Sept dons du Saint-Esprit" du système Chrétien, et, dans le sens mystique, les sept enfants ou fils de Dévaki tués par Kamsa avant la naissance de Krishna. Nos sept principes symbolisent tous ceux-ci. Nous avons à les quitter ou à nous en séparer avant d'atteindre l'état de Krishna ou de Christ, l'état de Jîvanmoukta, et de nous centrer entièrement dans le Septième ou l'unique.

422 Μοι̃ρα c'est la destinée, non pas le "Destin", dans ce cas, attendu que c'est une appellation et non pas un nom propre (Voyez la trad. de Wolf, Odyssey, XXII, 413). Mais Moira, la Déesse du Destin, est une divinité qui, de même qu'Αίσα donne à chacun sa portion de bon et de mauvais (Dictionnaire de Liddell et de Scott) et, par suite, n'est autre que Karma. Toutefois, par cette