Les sept Ames des Egyptologues
Si l'on consulte les mines de renseignements qui ont pour titre The Natural Genesis et les Lectures de Gerald Massey, les preuves de l'antiquité de la doctrine que nous analysons deviennent véritablement surabondantes. Les faits ne sauraient guère être modifiés parce que la croyance de l'auteur diffère de la nôtre. Il étudie le symbole en se plaçant à un point de vue purement naturel, peut-être un peu trop matérialiste, parce que c'est trop celui d'un ardent évolutionniste, d'un partisan des dogmes Darwiniens modernes. Il expose ainsi que :
Celui qui étudie les livres de Bôhme y rencontre beaucoup d'allusions à ces Sept "Esprits Fontaines", à ces puissances primordiales, considérées comme sept propriétés de la Nature durant la période alchimique et astrologique des mystères du moyen âge...
Les disciples de Bôhme envisagent ces questions comme le résultat d'une révélation divine du Voyant inspiré. Ils ne savent rien de la genèse naturelle, de l'histoire et de la persistance de la "Sagesse" 504 [IV 233] du passé (ou des chaînons brisés) et sont incapables de reconnaître les traits physiques des antiques ("Sept Esprits" sous leur masque moderne, métaphysique ou alchimique. Un second point de contact entre la théosophie de Bôhme et les origines physiques de la pensée égyptienne, existe dans les fragments d'Hermès Trismégiste 505. Que ces enseignements soient qualifiés d'Illuministes, de Bouddhistes, de Cabalistes, de Gnostiques, de Maçonniques ou de Chrétiens, leurs types élémentaires ne peuvent être vraiment connus qu'à leurs débuts 506. Lorsque les prophètes ou les visionnaires du monde des nuages viennent se prévaloir devant nous d'une inspiration originale et articulent quelque chose de nouveau, nous en estimons la valeur par la chose elle- même. Mais si nous constatons qu'ils nous apportent des choses anciennes qu'ils ne peuvent expliquer, alors que nous le pouvons, il est naturel que nous jugions ces choses d'après leur signification originale, plutôt que d'après les plus récentes prétentions 507. Il nous est inutile de déchiffrer notre pensée récente dans les plus anciennes manières de l'exprimer, puis de prétendre que les anciens voulaient dire cela 508 ! Les interprétations subtiles, devenues des doctrines et des dogmes de la Théosophie, doivent être étudiées au moyen de leur genèse dans les phénomènes physiques, afin que nous puissions faire tomber leurs fausses prétentions à une origine surnaturelle, ou à des connaissances surnaturelles 509.
503 Elle l'est, mais les Agnéyâstras sont des "armes de jet" flamboyantes et non pas des armes "tranchantes", attendu, qu'en Sanscrit, il y a une certaine différence entre Shastra et Astra.
504 Il y a pourtant des gens qui peuvent en connaître quelque chose, même en dehors des lignes de l'auteur, si larges qu'elles soient incontestablement.
505 Ce point de contact, de même que d'autres, fut signalé par l'auteur qui écrit ces lignes, neuf ans avant la publication de l'ouvrage d'où est tiré ce qui précède, dans Isis dévoilée, l'ouvrage qui regorge de points de contact de ce genre, entre la pensée ancienne, du Moyen Age et moderne, mais qui fut malheureusement édité avec trop peu de soins.
506 Oui, mais comment le savant auteur pourrait-il prouver que ces "débuts" eurent lieu précisément en Egypte et nulle part ailleurs et seulement il y a 50.000 ans ?
507 Précisément ; et c'est ce que font les Théosophes. Ils n'ont jamais prétendu avoir reçu une "inspiration originale", pas même comme le prétendent les médiums, mais ont toujours fait et font encore allusion à la "signification primordiale" des symboles qu'ils retrouvent dans d'autres pays, plus anciens que l'Egypte elle-même ; significations qui émanent du reste d'une hiérarchie (ou de Hiérarchies, si l'on préfère) d'Hommes Sages vivants – mortels en dépit de cette Sagesse – qui repoussent tout ce qui se rapproche du surnaturel.
508 Mais où est la preuve que les anciens ne voulaient pas dire précisément ce que déclarent les Théosophes ? Il subsiste des traces de ce qu'ils disaient, exactement comme il subsiste des traces de ce que dit M. Gerald Massey. Ses interprétations sont très correctes, mais aussi très partiales. Assurément la Nature possède plus d'un aspect physique, car l'Astronomie, l'Astrologie, etc., appartiennent toutes au plan physique et non au plan spirituel.
509 The Natural Genesis I, 318. Il est à craindre que M. Massey n'ait pas réussi. Nous avons nos partisans comme il a les siens, puis la Science Matérialiste entre en scène et tient peu compte de ses spéculations comme des nôtres.
510 Le fait que le savant égyptologue ne reconnaît dans la doctrine des Sept Ames", comme il appelle nos "principes", ou "conceptions Métaphysiques", rien d'autre que la biologie – primitive ou la physiologie de l'âme, ne détruit pas notre argument. Le conférencier ne touche qu'à deux clefs, celles qui ouvrent les mystères astronomiques et physiologiques de l'Esotérisme et abandonne les cinq autres. Sans cela, Il aurait rapidement compris que ce qu'il appelle les divisions physiologiques de l'Ame vivante de l'homme, est considéré par les Théosophes comme également psychologique et spirituel.
511 Op. cît., p. 2.
512 Ibid., loc. cit.
Fort heureusement pour nous, le savant auteur de The Book [IV 234] of the Beginnings et de The Natural Genesis fait précisément le contraire. Il fait une démonstration triomphante de nos enseignements Esotériques (Bouddhistes), en prouvant qu'ils sont identiques à ceux de l'Egypte. Que le lecteur en juge par sa savante conférence sur "Les Sept Ames de l'Homme." 510 L'auteur y dit :
La première forme du Sept mystique était considérée comme figurée dans le ciel par les sept grandes étoiles de la Grande Ourse, la constellation assignée par les Egyptiens à la Mère du Temple et des sept Puissances Elémentales 511.
Tout à fait exact, car les Hindous placent leurs sept Richis primitifs dans la Grande Ourse et appellent cette constellation le séjour des Saptarishi, Riksha et Chitra-shikhandinas. Et leurs Adeptes prétendent savoir s'il s'agit là d'un simple mythe astronomique, ou d'un mystère primordial ayant un sens plus profond qu'on ne le suppose. On nous dit aussi que :
Les Egyptiens divisaient, durant la nuit, la surface du firmament en sept parties. Le Ciel primordial était septuple 512.
Il en était de même pour les Aryens. Il suffit, pour le constater, de lire, dans les Pourânas, ce qui a trait à l'origine de Brahmâ et de son Œuf. Les Aryens auraient-ils donc emprunté cette idée aux Egyptiens ? Mais, continue le conférencier :
Les premières forces reconnues dans la Nature étaient comptées au nombre de sept. Elles devinrent sept Elémentals, diables (?) ou, plus tard, divinités. Sept propriétés furent assignées à la Nature – comme la matière, la cohésion, l'écoulement, la coagulation – l'accumulation, la position et la division et sept éléments ou âmes à l'homme 513.
Tout ceci était enseigné dans la Doctrine Esotérique, mais, [IV 235] ainsi que nous l'avons déjà dit, c'était interprété et les mystères en étaient dévoilés à l'aide de sept clefs et non de deux ou de trois, tout au plus : aussi les causes et leurs effets agissaient dans la Nature invisible ou mystique, aussi bien que, dans la Nature psychique et pouvaient se rapporter à la Métaphysique et à la Psychologie, tout autant qu'à la Physiologie. Comme le dit l'auteur :
Le principe de septupler, pour ainsi dire, fut introduit, et le nombre sept fournit un type sacré qui pouvait être employé dans des buts multiples 514.
Et il était employé ainsi, car :
Les sept âmes des Pharaons sont souvent mentionnées dans les textes égyptiens… Sept âmes ou principes de l'homme étaient identifiés par nos Druides de Grande Bretagne… Les Rabbins aussi portaient à sept le nombre des âmes : les Karens des Indes font aussi de même 515.
L'auteur rédige ensuite, avec plusieurs fautes d'orthographe, un tableau des deux enseignements – l'Esotérique et l'Egyptien – et démontre que ce dernier suivait la même série et dans le même ordre.
513 Ibid., loc. cit. 514 Ibid., loc. cit. 515 Ibid., p. 4.
Indien (Esotérique) Egyptien
Roûpa, corps ou élément de forme. Kha, corps.
Prâna, le souffle de vie. Ba, l'âme du souffle.
Corps Astral. Rhaba, l'ombre.
Manas ou intelligence 516. Akhou, intelligence ou perception.
Kâma Roûpa ou âme animale. Seb, âme ancestrale.
Bouddhi ou âme spirituelle. Poutah, le premier père intellectuel.
Atmâ, pur esprit. Atmou, une âme divine ou éternelle 517.
516 C'est là une grande erreur commise dans l'énumération Esotérique. Manas est le cinquième, non le quatrième, et Manas correspond précisément à Seb, le cinquième Principe égyptien, car la partie de Manas qui accompagne les deux principes supérieurs est, en vérité, l'âme ancestrale, le fil brillant et Immortel de l'Ego supérieur, auquel s'attache l'âme spirituel de toutes les vies ou naissances.
517 Ibid, p. 2.
Plus loin, le conférencier énumère ainsi ces sept Ames (Egyptiennes) : [IV 236] 1° L'Ame du sang – la formative ; 2° l'Ame du Souffle – qui respire ; 3° L'Ombre ou l'Ame Couvrante – qui enveloppe ; 4° L'Ame de Perception – qui perçoit ; 5° L'Ame de Puberté – qui procrée ; 6° L'Ame Intellectuelle – qui reproduit intellectuellement et 7° L'Ame Spirituelle – qui est perpétuée d'une façon permanente.
Au point de vue exotérique et physiologique, ceci peut être très correct ; ce l'est moins au point de vue Esotérique. Soutenir cela, ne veut pas du tout dire que les "Bouddhistes Esotériques" réduisent les hommes en un certain nombre d'Esprits élémentaires, comme M. O. Massey les accuse de le faire, dans cette même conférence. Aucun "Bouddhiste Esotérique" ne s'est jamais rendu coupable d'une pareille absurdité. On n'a jamais imaginé non plus que ces ombres "deviennent des êtres spirituels dans un autre monde", ou "sept esprits ou élémentaires puissants d'une autre vie". On soutient simplement que chaque fois que l'Ego immortel s'incarne, il devient, au total, une unité composée de Matière et d'Esprit, qui agissent ensemble sur sept différents plans de l'être et de la conscience. Ailleurs, M. G. Massey ajoute :
Les sept âmes (nos "principes"... sont souvent mentionnées dans les textes égyptiens. Le dieu-lune, Taht-Esmoun, ou le plus récent dieu soleil, exprimait les sept pouvoirs de la nature qui étaient antérieurs à lui- même et qui se résumaient en lui comme ses sept âmes (nous disons "principes")... Les sept étoiles qui se trouvent dans la main du Christ, dans la Révélation, ont la même signification 518.
Et une plus grande encore, attendu que ces étoiles représentent encore les sept clefs des Sept Eglises, ou, Cabalistiquement, les Mystères Sodaliens. Nous ne nous arrêterons pourtant pas à discuter, mais nous ajouterons que d'autres Egyptologues ont aussi découvert que la constitution septénaire de l'homme était une doctrine cardinale chez les anciens Egyptiens. Dans une série de remarquables articles publiés dans le Sphinx de Munich, Herr Franz Lambert donne des preuves irréfutables à l'appui des conclusions qu'il tire du Livre des Morts et d'autres recueils égyptiens. Pour les détails, il faut renvoyer le lecteur aux articles eux- mêmes, mais le diagramme ci-après, qui résume les conclusions de l'auteur, démontre jusqu'à l'évidence l'identité de la Psychologie Egyptienne avec la division septénaire du Bouddhisme Esotérique. [IV 237]
Les noms cabalistiques des principes humains correspondants sont placés à la gauche et les noms hiéroglyphiques sont placés à droite, avec la traduction qu'en donne le diagramme de Franz Lambert.
518 Ibid., pp. 2, 3.
CABALE
HIEROGLYPHES
Cercle supérieur : Tzelem de Neshamah.
Yechida Chayah
Chou Esprit Divin
Cheybi Ame Spirituelle
Neshamah Ame Intellectuelle
Cercle moyen : Tzelem de Rouach
Rouach
Bai
Ab Hati
L'intelligence Le Cœur Sensation Ame Animale
Le Corps Astral
Cercle inférieur :
Ka Evestrum
Néphesh Homme Sidéral
Force Vitale
Tzelem de
Néphesh.
Kouch ha Gouf Anch
Gouf
Archée Mumie
Chat Le Corps Elémentaire.
ouach 519.
519 Il paraît y avoir dans l'esprit des Cabalistes Occidentaux, une confusion qui existe depuis des siècles. Ils appellent Rouach (Esprit), ce que nous appelons Kâma Roûpa, tandis que pour nous Rouach serait l'Ame Spirituelle, Bouddhi, et Néphesh, le quatrième principe, l'Ame Vitale, Animale. Eliphas Lévi commet la même erreur.
Ceci est une bonne représentation du nombre des "principes"de l'Occultisme, mais elle est très confuse et c'est là ce que nous appelons les sept "principes" de l'homme et ce que M. Massey appelle "âmes", donnant à l'Ego ou à la Monade qui se réincarne et "ressuscite", pour ainsi dire, à chaque naissance, le même nom que lui donnaient les Egyptiens, à savoir – le "Renouvelé". Mais comment Rouach (l'Esprit) pourrait-il être logé dans le Kâma-Roûpa ? Que dit Bôhme, le prince de tous les voyants du moyen âge ?
Nous découvrons dans la nature sept propriétés spéciales au moyen desquelles cette Mère unique accomplit toutes choses (et [IV 238] qu'il appelle feu, lumière, son (les trois supérieurs) et désir, amertume, angoisse et substantialité, (analysant ainsi l'inférieur suivant sa propre méthode mystique) ; nous constatons que quelles que soient spirituellement, les six formes, la septième (le corps ou substantialité), l'est essentiellement. Ce sont les sept formes de la Mère de tous les Etres, du sein de laquelle est généré tout ce qui existe en ce monde 520.
Et encore :
Le Créateur s'est en quelque sorte généré lui-même, sous forme de créature, dans le corps de cet univers, dans les Esprits Fontaines ou déterminants, et toutes les étoiles sont... les pouvoirs de Dieu, et le corps entier du monde est composé des sept esprits fontaines ou déterminants 521.
C'est la reproduction en langage mystique de notre doctrine théosophique, mais comment pouvons-nous être d'accord avec M. Gerard Massey lorsqu'il déclare que :
Les sept Races d'Hommes qui ont été sublimées et rendues Planétaires (?) par le Bouddhisme Esotérique 522, peuvent être retrouvés dans le Boundehesh, comme [1] les hommes de la terre ; [2] les hommes de l'eau ; [3] les hommes aux oreilles sur la poitrine ; [4] les hommes aux yeux sur la poitrine ; [5] les hommes à une jambe ; [6] les hommes aux ailes de chauve-souris ; [7] les hommes pourvus de queues 523.
520 Signatura Rerum, XIV, pars. 10, 14, 15 ; The Natural Genesis, I. 317.
521 Aurora, XXIV, 27.
522 En vérité voici du nouveau ! Cela nous fait craindre que le conférencier n'ait Jamais lu le Bouddhisme Esotérique, avant d'en entreprendre la critique. Il y a de fausses interprétations de ce genre dans les comptes rendus qu'il en donne.
523 "The Seven Souls of Man", pp. 26, 27.
Chacune de ces descriptions allégoriques et même déformées sous leur forme la plus récente, est un écho de l'enseignement de la Doctrine Secrète. Elles se rapportent toutes à l'évolution pré-humaine des "Hommes des eaux, terribles et mauvais" par la Naturenon-aidée, durant des millions d'années, comme nous l'avons décrit précédemment. Mais nous nions catégoriquement que "ces races aient jamais été des races réelles" et nous renvoyons aux Stances Archaïques pour la réponse. Il est facile de prétendre et de dire que nos "instructeurs ont pris ces ombres du Passé pour des choses humaines et spirituelles", mais il est moins facile de prouver "qu'elles n'existent pas et qu'elles n'ont jamais existé". Cette assertion devrait toujours aller de pair avec celle de Darwin, d'après laquelle l'homme et le singe ont [IV 239] un pithécoïde pour ancêtre commun. Ce que le conférencier considère dans le Rituel égyptien, comme une "manière de s'exprimer" et rien de plus, nous le considérons comme ayant un sens tout autre et très important. Voici un exemple. On lit dans le Rituel, le Livre des morts :
"Je suis la souris". "Je suis le faucon". "Je suis le singe"... Je suis le crocodile dont l'âme vient des HOMMES"... "Je suis l'âme des Dieux" 524.
524 Ibid.p 26.
L'avant-dernière phrase est expliquée par le conférencier, qui dit par parenthèse, "c'est comme un type d'intelligence" et la dernière comme voulant dire, "le Horus, ou Christ, comme résultat de tout".
L'enseignement Occulte répond : Cela veut dire beaucoup plus.
Il fournit d'abord une corroboration de l'enseignement suivant lequel, tandis que la Monade humaine a passé, durant la Première Ronde, sur le Globe A, et sur les autres, par tous les trois règnes – le minéral, le végétal et l'animal – durant notre Première Ronde actuelle, tous les mammifères sont issus de l'Homme, si la créature semi-éthérée et multiforme renfermant en elle la Monadehumaine, des deux premières Races, peut être considérée comme Homme. Mais il faut lui donner ce nom ; en effet, dans le langage Esotérique, ce n'est pas la forme composée de chair, de sang et d'os dont nous venons de parler, qui est le moins du monde l'Homme, mais bien la divine Monade interne avec ses multiples principes ou aspects.
Cependant, la conférence à laquelle nous venons de faire allusion, si opposée qu'elle soit au Bouddhisme Esotérique et à ses enseignements, n'en est pas moins une éloquente réponse adressée à ceux qui ont tenté de représenter le tout comme une doctrine d'invention récente. Et ceux-ci sont nombreux, en Europe, en Amérique et même aux Indes. Toutefois, entre l'Esotérisme des antiques Arahts et ce qui a survécu de nos jours aux Indes parmi les rares Brahmanes qui ont étudié leur Philosophie Secrète, la différence ne paraît pas si grande. Elle paraît concentrée et limitée à la question de l'ordre de l'évolution des principes cosmiques et autres, plutôt
qu'à toute autre chose. En tout cas, la divergence n'est pas plus grande que celle créée par l'éternelle question du dogme filioque qui, depuis le VIIIéme siècle, sépare l'Eglise catholique Romaine de l'Eglise Grecque Orientale [IV 240] plus ancienne. Quelles que soient les différences de forme dans la manière de présenter le dogme septénaire, la substance en existe et l'on peut juger de sa présence et de son importance dans le système Brahmanique, par ce qu'en dit un des métaphysiciens et des savants Védantins des Indes :
La véritable classification septuple ésotérique est une des plus importantes sinon la plus importante classification, qui doit son arrangement à la mystérieuse constitution de ce type éternel. Je puis aussi mentionner à ce sujet que la classification quadruple se réclame de la même origine. La lumière de la vie semble, en quelque sorte, être réfractée par le prisme à trois faces de Prakriti, qui a les trois Gounas pour ses trois faces et qui est divisé en sept rayons, qui développent au cours des temps les sept principes de cette classification. Les progrès du développement présentent quelques points de similitude avec le développement graduel des rayons du spectre. Alors que la quadruple classification suffit amplement aux desseins prakritiques, cette véritable classification septuple a une grande importance théorique et scientifique. Il sera nécessaire de l'adopter en vue d'expliquer certaines catégories de phénomènes remarqués par les Occultistes et elle est peut-être plus apte à servir de base à un système parfait de psychologie. Elle n'est pas la propriété particulière de la "Doctrine Esotérique Trans-himalayenne". En fait, elle a des rapports plus étroits avec le Logos Brahmanique, qu'avec le Logos Bouddhiste. Pour m'expliquer plus clairement, je puis faire remarquer ici que le Logos a sept formes. En d'autres termes, il y a sept formes de Logoï dans le Cosmos. Chacun de ceux-ci est devenu le personnel central de l'une des sept branches principales de l'antique Religion Sagesse. Cette classification n'est pas la classification septuple que nous avons adoptée. J'affirme ceci sans la moindre crainte d'être contredit. La véritable classification possède tout ce que requiert une classification scientifique. Elle comprend sept principes distincts, qui correspondent aux sept états distincts de Prajnâ ou de la conscience. Elle jette un pont sur le gouffre qui sépare l'objectif du subjectif, et indique le circuit mystérieux que parcourt l'idéation. Les sept principes sont alliés à sept états de la matière et à sept formes de forces. Ces principes sont harmonieusement classés entre deux pôles, qui définissent les limites de la conscience humaine 525.
525 The Theosophist, 1887 (Madras), pp. 705, 709 ; et : Esoteric Writings of Subba Row, p. 296, Bombay, 1895.
526 Suivant la Shvetashavatara-Oupanishad(357) les Siddhas sont ceux qui possèdent, de naissance, des pouvoirs "superhumains", ainsi que "la connaissance, et l'indifférence pour le monde". D'après les enseignements Occultes, toutefois, les Siddhas sont des Nirmânakâyas ou les "esprits" – dans le sens d'un esprit individuel ou conscient – de grands Sages appartenant à des sphères situées sur un plan plus élevé que le nôtre, qui s'incarnent volontairement dans des corps mortels, afin d'aider la race humaine dans ses progrès ascendants. C'est la raison de leur savoir inné, de leur sagesse et de leur puissance.
Tout ce qui précède est parfaitement correct, sauf peut-être, en un point. La "classification septuple" du Système Esotérique n'a jamais été représentée (à la connaissance de l'auteur), par aucun de ceux qui en font partie, comme étant "la propriété particulière de la Doctrine Esotérique Trans-himalayenne", [IV 241] mais comme ayant simplement survécu dans cette seule antique Ecole. Ce n'est pas plus la propriété de la Doctrine Esotérique Trans-himalayenne que de la Doctrine Esotérique Cis- himalayenne ; c'est simplement l'héritage commun de toutes les Ecoles de ce genre, légué aux Sages de la Cinquième Race Mère par les grands Siddhas 526 de la Quatrième. N'oublions pas que le Atlantéens ne devinrent les terribles sorciers, célébrés maintenant dans un si grand nombre d'antiques manuscrits des Indes, que vers l'époque de leur "Chute", ce qui fut cause de la submersion de leur Continent. On se borne simplement à déclarer que la Sagesse communiquée par les "Etres Divins" – nés grâce aux pouvoirs de Kriyâshakti de la Troisième Race, avant sa chute et sa séparation en sexes – aux Adeptes des premiers temps de la Quatrième Race, a été conservée dans toute sa pureté première dans le sein d'une certaine Fraternité. Cette Ecole ou Fraternité ayant d'étroits rapports avec une certaine île d'une mer intérieure – à l'existence de laquelle croient les Hindous et les Bouddhistes, mais que les Géographes et les Orientalistes qualifient de "Mythique" – moins on en parlera et plus on se montrera sage. On ne peut non plus admettre que cette "classification septuple" ait "des rapports plus étroits avec le Logos Brahmanique qu'avec le Logos Bouddhiste", puisqu'ils sont identiques – que le Logos soit appelé Ishvara ou Avalokitésvara, Brahmâ ou Padmapâni. Ce ne sont là, toutefois, que de très petites différences, plus fantaisistes que réelles. Le Brahmanisme et le Bouddhisme, considérés tous deux sous leurs aspects orthodoxes, sont aussi irréconciliables que l'eau et l'huile. Cependant, chacun de ces grands corps a un point vulnérable dans sa constitution. Alors que dans leur interprétation ésotérique ils ne peuvent être qu'en concordance, mais ne s'accordent plus dès que l'on compare leurs points vulnérables, tout désaccord disparaîtra, car ils se trouvent avoir tous deux la même base. Le "talon d'Achille" du Brahmanisme orthodoxe est la philosophie Advaita dont les disciples sont qualifiés, par les personnes pieuses, de "Bouddhistes déguisés" et celui du Bouddhisme orthodoxe et le Mysticisme du Nord représenté [IV 242] par les disciples des philosophies de l'Ecole Yogâchârya d'Aryâsangha et de la Mahâyâna, auxquels leurs coreligionnaires jettent à la figure, en guise de blâme, le qualificatif de "Védantins déguisés". Les Philosophies Esotériques de l'un et de l'autre ne peuvent faire qu'une si on les analyse et si on les compare avec soin, car il y a des rapports très étroits entre Gautama Bouddha et Shankarâchârya, si l'on en mit la tradition et certains enseignements ésotériques. On constatera donc que les différences entre les deux sont des différences de forme plutôt que de substance.
527 "The Sacred Books of the East", VIII, 284 et seqq.
On peut trouver dans l'Anougitâ 527 un discours très mystique, débordant de symbolisme septénaire. Là, le Brahmane décrit la béatitude de celui qui a franchi les limites des régions de l'illusion :
Dans lesquelles les taons et les moustiques sont des fantaisies dans lesquelles le chagrin et la joie sont le froid et le chaud, dans lesquelles les ténèbres aveuglantes sont l'illusion, dans lesquelles l'avarice représente les bêtes de proie et les reptiles, dans lesquelles le désir et la colère constituent les obstacles.
Le sage décrit l'entrée dans la forêt et la sortie de la forêt symbole de la durée de la vie de l'homme – ainsi que cette forêt elle-même 528 :
Dans cette forêt se trouvent sept grands arbres (y compris les sens, le mental et la raison ou Manas et Bouddhi), sept fruits et sept hôtes ; sept ermitages, sept (formes de) concentration et sept (formes) d'initiation. Ceci est la description de la forêt. Cette forêt est remplie d'arbres produisant les fleurs splendides et des fruits de cinq couleurs.
Les sens, dit le commentateur :
Sont appelés des arbres, comme produisant des fruits... les plaisirs et les peines... ; les hôtes sont des pouvoirs de chaque sens personnifié ils reçoivent les fruits décrits ci- dessus ; les ermitages sont les arbres... dans lesquels s'abritent les hôtes ; les sept formes de concentration sont l'exclusion du soi des sept fonctions, des sept sens, etc., dont il a déjà été question. Les sept formes d'initiation [IV 243] se rapportent à l'initiation à la vie supérieure, en répudiant, comme ne vous appartenant pas, les actions de chacun des membres du groupe de sept 529.
528 Je me propose de suivre ici le texte et non les commentaires de l'éditeur qui accepte les explications littérales d'Ardjouna Mishra et de Nilakantha. Nos orientalistes ne se donnent jamais la peine de penser que si un commentateur indigène n'est pas initié, il ne peut expliquer correctement, et que si c'est un Initié, il ne le veut pas.
529 Voyez Chhândogya, p. 291 et le commentaire qu'en fait Shankara.
L'explication est inoffensive, si elle n'est pas satisfaisante. Le Brahmane dit, en continuant sa description :
Cette forêt est remplie d'arbres produisant des fleurs et des fruits de quatre couleurs. Cette forêt est remplie d'arbres produisant des fleurs et des fruits de trois couleurs et mélangés. Cette forêt est remplie d'arbres produisant des fleurs et des fruits de deux couleurs et de couleurs magnifiques. Cette forêt est remplie d'arbres produisant des fleurs et des fruits d'une couleur et parfumés. Cette forêt renferme deux grands arbres (au lieu de sept) produisant de nombreuses fleurs et des fruits de couleurs indistinctes (le mental et la raison – les deux sens supérieurs, ou, au point de vue théosophique, Manas et Bouddhi). Il y a ici un feu (le Soi), qui se rattache au Brahman 530 et qui a un bon mental (ou un savoir vrai, suivant Ardjouna Mishra). Et il y a là un combustible (savoir), les cinq sens (ou passions humaines). Les sept (formes d') émancipations pour y échapper, sont les sept (formes d') initiations. Les qualités sont les fruits... Là, les grands sages reçoivent l'hospitalité. Et lorsqu'ils ont été l'objet d'un culte et ont disparu, une autre forêt brille, dans laquelle l'intelligence est l'arbre et l'émancipation le fruit, et qui possède de l'ombre (sous forme) de tranquillité, qui repose sur le savoir, qui est satisfaite de son eau et qui possède le Kshétrajna 531 en elle, en guise de soleil.
Tout ce qui précède est très clair et aucun Théosophe, même parmi les moins instruits, ne peut manquer de comprendre l'allégorie. Pourtant nous voyons de grands Orientalistes la rendre inintelligible par leurs, explications. Les "grands sages" qui "reçoivent l'hospitalité" sont représentés comme indiquant les sens, "qui ayant travaillé comme s'ils n'avaient pas de rapports avec le soi sont finalement absorbés par lui". On ne peut toutefois comprendre comment les sens, s'ils "n'ont pas de rapports" avec le "Soi supérieur", peuvent être "absorbés par lui". On serait tenté de penser, au contraire, que c'est précisément parce que les sens personnels gravitent vers le Soi impersonnel et cherchent à entrer en rapport avec lui, que ce dernier, [IV 244] qui est le Feu, brûle les cinq inférieurs et purifie ainsi les deux supérieurs, "le mental et la raison", ou les aspects supérieurs de Manas 532 et de Bouddhi. Ceci ressort clairement du texte. Les "grands sages" disparaissent après avoir "été l'objet d'un culte". De la part de qui, si ils (les sens supposés) "n'ont pas de rapports avec le soi" ? Par le Mental, naturellement ; par Manas (qui, dans ce cas, est immergé dans le sixième sens) qui n'est pas et ne peut pas être le Brahman, le Soi, ou Kshétrajna – le Soleil Spirituel de l'Ame. Avec le temps, Manas lui-même doit être absorbé dans ce dernier. Il a voué un culte à des "grands sages" et donné l'hospitalité à la sagesse terrestre, mais dès "qu'une autre forêt brille" sur lui, il est l'intelligence (Bouddhi, le septième sens, mais le sixième principe) qui est transformé en l'Arbre – cet Arbre dont le fruit est l'émancipation – qui détruit finalement les racines mêmes de l'arbre Ashvattha, le symbole de la vie et de ses joies et plaisirs illusoires. C'est pourquoi ceux qui atteignent cet état d'émancipation n'ont, suivant les paroles du Sage cité plus haut, "aucune crainte plus tard". Dans cet état "la fin ne peut être vue parce qu'elle s'étend de tous côtés".
530 L'éditeur explique ici en disant : "Dévoué au Brahman, je présume". Nous ne craignons pas d'affirmer que le "Feu" ou Soi est le véritable SOI Supérieur qui "se rattache à" Brahman, c'est-à- dire qui ne fait qu'un avec Brahman, l'Unique Divinité. Le "Soi" ne se dépare plus de l'Esprit Universel.
531 Le "Soi Supérieur", dit Krishna, dans la Bhagavad Gitâ, p. 102 et seqq.
532 De même que Mahat, ou l'Intelligence Universelle, est le premier né, ou se manifeste encore Vishnou, puis, lorsqu'il tombe dans la Matière et développe la soi-conscience, devient l'égoïsme, de même Manas a une nature double. Il se trouve respectivement soumis au Soleil et à la Lune, attendu, comme le dit Shankarâchârya, que : "La Lune est le mental et le Soleil la raison". Le Soleil et la Lune sont les divinités de notre Macrocosme planétaire et Shankara ajoute, en conséquence, que : "Le mental et la raison sont les divinités respectives des organes (humains)." Voyez Brihadâranyaka, p. 521 et seqq.) C'est peut-être pour cela qu'Ardjouna Mishra dit que la Lune et le Feu (le Soi, le Soleil) constituent l'univers.
533 "Le corps dans l'âme", selon l'expression que l'on attribue à Ardjouna Mishra, ou plutôt "l'âme dans l'esprit" et sur un plan de développement encore plus élevé, le Soi ou Atman dans le Soi Universel.
"Sept femelles habitent toujours là", poursuit-il dans son langage imagé. Ces femelles – qui, suivant Ardjouna Misrha, sont le Mahat, Ahamkâra et cinq Tanmâtras – ont toujours leurs figures tournées en bas, car elles constituent des obstacles sur la route de l'ascension spirituelle.
Dans ce même (Brahman, le Soi) les sept sages parfaits habitent, avec leurs chefs... et émergent aussi du même. La gloire, l'éclat et la grandeur, les lumières, la victoire, la perfection et le pouvoir – ces sept rayons suivent ce même soleil (Kshétrajna, le Soi Supérieur)... Ceux dont les, désirs sont réduits (les altruistes)... dont les péchés (les passions) sont consumés par la pénitence, fondant le soi dans le soi 533, se dévouent à Brahma. Les gens qui comprennent la [IV 245] forêt du savoir (Brahman ou le Soi), louent la tranquillité. Et aspirant à cette forêt, ils naissent (de nouveau) afin de ne pas perdre courage. Telle est, en vérité, cette forêt sainte... Et le comprenant, ils (les sages) agissent (en conséquence), étant dirigés par le Kshétrajna.
Aucun traducteur, parmi les Orientalistes occidentaux, n'a encore découvert, dans l'allégorie précitée rien de plus élevé que des mystères se rattachant au rituel des sacrifices, à la pénitence ou aux cérémonies ascétiques et à la Hatha Yoga. Mais celui qui comprend les images symboliques et entend la voix du Soi dans le Soi, y verra quelque chose de bien plus élevé que le simple ritualisme, quelques nombreuses que puissent être leurs erreurs dans les détails peu importants de la Philosophie.
Que l'on nous permette ici une dernière remarque. Aucun Théosophe, depuis le plus ignorant jusqu'au plus instruit, ne devrait avoir des prétentions à l'infaillibilité à propos de ce qu'il pourrait dire ou écrire sur des questions occultes. Le principal est d'admettre que, de bien des façons, dans la classification des principes cosmiques ou humains et sans parler des erreurs dans l'ordre de l'évolution et principalement dans ce qui a trait aux questions métaphysiques, ceux d'entre nous qui prétendent en instruire d'autres plus ignorants que nous – sont susceptibles de se tromper. Ainsi des erreurs ont été commises dans Isis Dévoilée, dans le Bouddhisme Esotérique, dans Man, dans Magie : White and B1ack, etc., et il est probable que l'on découvrira plus d'une erreur dans le présent ouvrage. Ceci est inévitable. Pour qu'un ouvrage, grand ou petit, traitant ces questions abstraites, fût absolument exempt d'erreurs, il faudrait qu'il fût écrit, de la première à la dernière page, par un Adepte, si ce n'est par un Avatar. Alors seulement nous pourrions dire : "Voici en vérité un ouvrage qui ne renferme aucune faute, aucun défaut !" Mais tant que l'artiste est imparfait, comment son œuvre pourrait-elle être parfaite ? "La recherche de la vérité est sans limite !" Aimons-la, aspirons à elle pour elle-même et non pour la gloire ou le profit que pourrait nous procurer la révélation d'une minuscule portion de cette vérité. Qui donc, parmi nous, pourrait prétendre posséder la vérité entière sur le bout des doigts, grâce à une étude élémentaire de l'Occultisme ?
Néanmoins, le but principal que nous poursuivons en traitant cette question, c'est de prouver que la doctrine septénaire, ou division de la constitution de l'homme, et très ancienne et n'a pas été inventée par nous.
Nous l'avons fait avec succès, parce [IV 246] que nous avons sur ce point l'appui conscient et inconscient de nombreux auteurs anciens, du moyen âge, et modernes. Ce que disaient les premiers était bien dit ; ce qu'ont répété les autres a généralement été défiguré. En voici un exemple : lisez les Fragments de Pythagore et étudiez l'homme septénaire, tel qu'il est représenté par le Rev. G. Oliver, le savant Maçon, dans son Pythagorean Triangle, où il s'exprime ainsi :
La Philosophie Théosophique... compte sept propriétés (ou principes) dans l'homme – à savoir :
L'homme d'or divin.
Le corps sacré intérieur de feu et de lumière, comme l'argent pur. L'homme élémental.
L'homme mercuriel... paradisiaque. L'homme martial semblable à l'âme.
Le vénérien, s'élevant vers le désir extérieur.
L'homme solaire (témoin et) inspecteur des merveilles de Dieu (l'Univers).
Ils ont aussi sept esprits-fontaines ou pouvoirs de la nature 534. Comparez cet exposé confus et cette distribution de la Philosophie
Théosophique Occidentale, avec les dernières explications Théosophiques
données par l'Ecole Orientale de Théosophie et décidez ensuite laquelle est la plus correcte. En vérité :
La Sagesse a édifié sa demeure. Elle a taillé ses sept piliers 535.
Quant à l'accusation lancée contre notre Ecole, de n'avoir pas adopté la classification septuple des Brahmanes, mais de l'avoir embrouillée, elle est tout à fait injuste. Tout d'abord, il ne faut pas confondre l' "Ecole" avec ceux qui en exposent les principes (aux Européens). Ces derniers doivent commencer par apprendre l'A. B. C. de l'Occultisme Oriental pratique, avant d'être en état de comprendre correctement la classification terriblement abstraite qui a pour base les sept états distincts du Prajnâ ou de la conscience, et surtout avant de se rendre absolument compte de ce qu'est Prajnâ, dans la métaphysique Orientale. Communiquer cette classification à un étudiant Occidental c'est tenter de lui laisser croire qu'il peut se rendre compte du processus grâce auquel il a acquis un certain savoir, bien que celui-ci ne se rapporte qu'à un seul des étais de cette conscience : en d'autres termes, c'est vouloir qu'il se rende compte de quelque [IV 247] chose qu'il connaît sur ce plan, à l'aide de quelque chose qu'il ne connaît absolument pas sur les autres plans ; c'est-à-dire que c'est vouloir le conduire directement de ce qui est spirituel et psychologique, à ce qui est ontologique. C'est pour cette raison que l'antique classification primordiale, dont il existe en vérité de nombreuses variétés, fut adoptée par les Théosophes.
Après qu'un nombre aussi considérable de témoins indépendants et de preuves a été présenté au public, il serait tout à fait inutile de se donner la peine de puiser une énumération supplémentaire, à des sources théologiques. Les sept péchés capitaux et les sept vertus de thème chrétien sont bien moins philosophiques que les sept sciences libérales – ou que les sept arts d'enchantement des Gnostiques – car un de ces derniers est actuellement offert au public et abonde en dangers pour le présent comme pour l'avenir. Son nom moderne est Hypnotisme ; employé comme il l'est par des Matérialistes savants et ignorants, qui ne connaissent pas, en général, les sept principes, il ne tardera pas à devenir le Satanisme, dans toute l'acception de ce terme.
534 Op. cit., p. 179.
535 Prov., IX, 1.
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[IV 249]