Au sujet du Secret Exigé
Les étudiants demandent : Pourquoi un pareil secret au sujet des détails d'une doctrine dont l'ensemble a été publiquement révélé, comme dans le Bouddhisme Esotérique et dans la Doctrine Secrète ?
L'Occultisme répond à cela : pour deux raisons.
- La vérité tout entière est trop sacrée pour être donnée au public en général.
- La connaissance de tous les détails et de tous les chaînons manquants dans les enseignements exotériques serait trop dangereuse si elle était livrée à des profanes.
Les vérités révélées à l'homme par les "Esprits planétaires" – les plus hauts Koumâras, ceux qui ne s'incarnent plus dans l'Univers durant ce Mahâmanvatara qui n'apparaîtront sur la terre, comme Avatars, qu'au début de chaque nouvelle Race humaine et aux époques de jonction du petit et du grand cycle, ou vers l'époque qui marque leur fin à tous deux – furent peu à peu effacées de sa mémoire, à mesure que l'homme devint plus animalisé. Pourtant, bien que ces Instructeurs ne restent auprès de l'homme que durant le temps nécessaire pour imprimer sur le mental plastique de l'humanité, encore en enfance, les vérités éternelles qu'ils enseignent, Leur Esprit demeure vivace dans l'humanité, quoiqu'à l'état latent. La complète connaissance de la révélation primitive est restée dans la possession de quelques élus et depuis lors, jusqu'à nos jours, elle a été transmise d'une génération d'Adeptes à une autre. Les Instructeurs le disent dans l'Abécédaire Occulte :
"Il en est ainsi afin d'empêcher qu'elles [les vérités éternelles] soient complètement perdues ou oubliées, au cours des siècles à venir, par les générations futures."...
La mission de l'Esprit Planétaire ne consiste qu'à faire vibrer la TONIQUE DELA VERITE. Après en avoir dirigé la vibration de façon qu'elle poursuive son cours sans interruption le long de l'enchaînement de la race jusqu'à la fin du cycle, Il disparaît de notre terre jusqu'au Manvantara Planétaire [VI 193] suivant 260. La mission de tout instructeur de vérités Esotériques, qu'il soit au sommet ou au bas de l'échelle du savoir, est précisément la même ; en bas comme en haut. J'ai reçu l'ordre de me borner à faire vibrer la tonique de diverses vérités Esotériques parmi l'ensemble de ceux qui étudient. Ceux d'entre vous qui se seront élevés sur le "Sentier" au-dessus de leurs condisciples, dans leur sphère Esotérique, recevront, comme ce fut et comme c'est encore le cas dans les Fraternités Mères, pour les "Elus" dont nous avons parlé, les dernières explications détaillées et la clef finale de ce qu'ils apprennent. Personne ne peut espérer toutefois conquérir ce privilège avant que les MAITRES – et non mon humble personne – ne l'en jugent digne.
260 Voir The Mahatma Letters to A.P. Sinnet, p. 41.
Si vous désirez connaître la véritable raison d'être de cette mesure, je vous la donne maintenant. Il m'est inutile de répéter et d'expliquer encore ce que vous savez tous aussi bien que moi ; dès le début, les événements ont prouvé qu'aucune précaution ne peut être négligée. Dans notre groupe de plusieurs centaines d'hommes et de femmes, beaucoup ne paraissent se rendre compte, ni du redoutable caractère sacré du serment (que quelques- uns firent seulement du bout de la plume), ni du fait que leur personnalité devait être mise entièrement de côté, lorsqu'ils seraient mis face à face avec leur SOI SUPERIEUR, ou encore ne comprenaient pas que toutes leurs paroles et toutes leurs promesses n'auraient aucune valeur à moins d'être corroborées par des actions. Cela tient simplement à la nature humaine, aussi les MAITRES passèrent-ils outre avec indulgence et accordèrent-ils un nouveau délai. Mais en dehors de cela, un danger nous guette, qui découle de la nature même du cycle actuel. L'humanité civilisée, si soigneusement surveillée qu'elle soit par ses invisibles Gardiens, les Nirmânakâyas, qui veillent sur nos races et sur nos nations respectives, se trouve cependant, en raison de son Karma collectif, terriblement soumise à l'influence des adversaires traditionnels des Nirmânakâyas – les "Frères de l'Ombre", incarnés et désincarnés ; et cette situation, comme on vous l'a déjà dit, durera jusqu'à la fin du premier cycle de Kâli Youga (1897) et même quelques années de plus, attendu que le petit cycle obscur se trouve déborder le grand. Aussi, en dépit de tous les efforts, de terribles secrets sont souvent révélés à des personnes absolument indignes, grâce aux efforts des "Frères Sombres" et à leur action sur les cerveaux humains. Cela est uniquement dû à ce simple fait que dans certains organismes privilégiés les vibrations de la vérité primitive, mise en mouvement par les Etres Planétaires, [VI 194] sont remises en activité sous forme de ce que la philosophie Occidentale appellerait des idées innées, et l'Occultisme des "éclairs de génie" 261. Une idée de ce genre, basée sur une vérité éternelle, est dans l'air, et tout ce que peuvent faire les Puissances qui veillent, c'est d'empêcher sa complète révélation.
261 Voyez l'article "Genius" dans le Lucifer de novembre 1889, p. 227.
Toute chose, dans cet Univers de matière différenciée a ses deux aspects, le côté lumineux et le côté sombre, et ces deux attributs, employés d'une façon pratique, conduisent, l'un à l'usage, l'autre à l'abus. Tout homme peut devenir un Botaniste, sans danger apparent pour ses semblables, et bien des Chimistes, qui ont acquis la science des essences, savent que chacune d'elles peut aussi bien guérir que tuer. Il n'y a pas un ingrédient, il n'y a pas un poison qui ne puisse être employé dans les deux buts – oui, depuis l'inoffensive cire jusqu'au mortel acide prussique, depuis la salive d'un petit enfant jusqu'à celle du cobra. Tous les apprentis en médecine savent cela – au moins théoriquement. Mais quel est le savant Chimiste de nos jours à qui il a été permis de découvrir le "côté sombre" d'un attribut d'une substance quelconque, dans les trois règnes de la Science, sans parler des sept des Occultistes ? Quel est celui d'entre eux qui en a pénétré les Arcanes, qui est arrivé jusqu'à l'Essence la plus intime des choses et jusqu'à ses corrélations primaires ? Pourtant c'est cette connaissance seule qui fait d'un Occultiste un véritable Initié pratiquant, que celui-ci devienne un Frère de la Lumière ou un Frère des Ténèbres. L'essence de ce poison subtil qui ne laissait pas de traces, de ce poison si puissant qui entrait dans la composition de ce qui était appelé le poison des Médicis et des Borgia, employée avec discernement par une personne connaissant bien ses sept degrés de potentialité sur chacun des plans accessibles à l'homme sur la terre – pourrait guérir ou tuer n'importe qui : le résultat varierait, bien entendu, suivant que l'opérateur serait un Frère de la Lumière ou un Frère des Ténèbres. Le premier est empêché de faire le bien qu'il pourrait accomplir, par le Karma racial, national et individuel ; le second est entravé dans l'accomplissement de ses œuvres démoniaques par les efforts réunis des "Pierres" humaines du "Mur Gardien" 262.
Il est inexact de penser qu'il existe une "poudre de projection" spéciale, ou une "pierre philosophale", ou encore un "élixir de vie". Ce dernier se cache dans chaque fleur, dans chaque pierre et dans chaque minéral sur toute l'étendue du globe. C'est l'essence ultime de toute chose dans sa [VI 195] marche vers une évolution de plus en plus haute. De même qu'il n'y a ni bien ni mal per se, de même il n'y a ni "élixir de vie", ni "élixir de mort", ni poison per se, mais tout est contenu dans une seule et même essence universelle, et l'un ou l'autre effet ou résultat dépend du degré de sa différenciation et de ses diverses corrélations. Son côté lumineux confère la vie, la santé, la béatitude, la paix divine, etc., son côté sombre conduit à la mort, à la maladie, au chagrin et à la lutte. On en a la preuve quand on connaît la nature des plus violents poisons ; certains d'entre eux, absorbés en grande quantité, ne produisent aucun effet nuisible sur l'organisme, tandis qu'un grain du même poison tue avec la rapidité de l'éclair ; par contre, ce même grain de poison, modifié par une certaine combinaison, guérit – bien que sa quantité reste presque identique. L'échelle graduée de sa différenciation est septénaire, comme le sont les plans sur lesquels se produit son action, et chaque degré produit des effets bienfaisants ou malfaisants, suivant le système dans lequel il est introduit. Celui qui est versé dans l'emploi de ces degrés se trouve sur la grande route qui conduit à l'Adeptat pratique ; celui qui agit au hasard – comme l'énorme majorité des "Guérisseurs", qu'ils soient des "Mental" ou "Christian Scientists" – regrettera vraisemblablement les effets produits, tant sur lui-même que sur les autres. Mises sur la voie par l'exemple des Yogîs Indiens et par leurs pratiques esquissées à grands traits, mais d'une façon incorrecte, et dont elles n'ont fait que lire les descriptions, sans avoir l'occasion de les étudier – ces sectes nouvelles se sont jetées, tête baissée et sans guide, dans la pratique de la négation et de l'affirmation. De cette façon, elles ont fait plus de mal que de bien. Ceux qui obtiennent des succès les doivent aux facultés magnétiques et curatives innées qui s'opposent très souvent à des effets capables, sans cela, de produire beaucoup de maux. Je vous le dis faites attention ; Satan et l'Archange sont plus que des jumeaux ; ils ne constituent qu'un corps et un seul mental – Deus est Demon inversus.
262 Voyez La Voix du Silence, p. 102, et Theosophical glossary.