SECTION XLVIII
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AMITA BOUDDHA, KWAN-SHAI-YIN ET KWANYIN, CE QUE DISENT LE "LIVRE DE DZYAN"
ET LES LAMASERIES DE TSONG-KHA-PA
A titre de supplément aux Commentaires il existe de nombreux feuillets secrets sur les vies des Bouddhas et des Bodhisattvas et, entre autres, un sur le Prince Gautama et un autre sur Sa réincarnation dans Tsong-Kha-Pa. Ce grand Réformateur Tibétain du XIVème siècle, que l'on dit être une incarnation directe d'Amita Bouddha, est le fondateur de l'Ecole Occulte située près de Tji-gad-jé [Shigatzé] et rattachée à la retraite privée du Teshou Lama. C'est avec Lui que commença le système régulier des incarnations lamaïques de Bouddhas (Sang-gyas), ou de Shâkya- Thoub-pa (Shakyamouni). Amida ou Amita Bouddha est qualifié d'être mythique par l'auteur de Chînese Buddhism. Il en parle en ces termes :
Amida Bouddha (A-mi-to Fo) personnage fabuleux, objet d'un culte assidu – comme Kwan-Yin – de la part des Bouddhistes du Nord, mais inconnu au Siam, en Birmanie et à Ceylan 154.
154 Chinese Buddhism, p. 171.
155 "Bouddhi" est un terme sanscrit pour "discernement" ou intellect de sixième principe et "Bouddha" veut dire "Sage", "Sagesse" et aussi la planète Mercure.
Très probablement. Pourtant Amida Bouddha n'est pas un personnage "fabuleux", puis "Amida" est la forme de "Adi" en Senzar ; "Adi Bouddhi" et "Adi Bouddha" 155, ainsi que nous l'avons déjà démontré, existaient il y a des siècles comme des termes sanscrits pour "Ame Primordiale" et "Sagesse" ce nom fut appliqué à Gautama Shâkyamouni, le dernier Bouddha dans l'Inde depuis le VIIéme siècle, lorsque le Bouddhisme fut introduit au Tibet.
"Amitâbha" (en Chinois "Wou-liang-sheu") veut littéralement dire "Age Sans-fin", synonyme de "En" ou "Aïn Soph", "l'Ancien des jours" et c'est une épithète qui Le rattache directement à l'Adi-Bouddhi sans limite (Ame Universelle et Primordiale) des Hindous, ainsi qu'à l'Anima Mundi de toutes les anciennes nations d'Europe et au Sans-limites et Infini des Cabalistes.
Si Amitâbha est une fiction des Tibétains, ou une forme nouvelle [VI 105] de Wou-liang-sheu, "un personnage fabuleux", comme l'auteur- compilateur de Chinese Buddhism le dit à ses lecteurs, il faut alors que la "fable" soit très ancienne. En effet, dans une autre page, il dit lui-même que l'addition au canon, des livres renfermant les légendes de Kwan-Yin et du ciel occidental, avec son Bouddha, Amitâbha, eut lieu avant le Concile de Cachemire, un peu avant le commencement de notre ère 156, et il situe l'origine des ouvrages Bouddhistes primitifs, qui sont communs aux Bouddhistes du Nord et du Sud, avant 246 ans avant Jésus-Christ.
Puisque les Tibétains n'acceptèrent le Bouddhisme qu'au VIIème siècle de notre ère, comment se fait-il qu'on les accuse d'avoir inventé Amita Bouddha ? En outre, au Tibet, Amitâbha est appelé Od-pag-med, ce qui prouve que ce n'est pas le nom, mais l'idée abstraite d'un Pouvoir Impersonnel, inconnu, invisible, qui fut d'abord acceptée – et qui fut, en outre, tirée de l' "Adi-Bouddhi" Hindou et non pas du Chinois "Amitâbha" 157. Il y a une grande différence entre l'Od-pag-med (Amitâbha) populaire, qui siège sur un trône au Dévachan (Soukhâvati), suivant les Ecritures du Mani-Kah-boum – le plus antique ouvrage historique du Tibet – et l'abstraction philosophique appelée Amida Bouddha, nom transmis aujourd'hui au Bouddha terrestre, Gautama.
156 On peut trouver cette curieuse contradiction aux pages 171 et 273 de Chinese Buddhism. Le révérend auteur assure à ses lecteurs que "pour les Bouddhistes philosophiques... Amitâbha, (Yo-shi Fo) et les autres, ne sont autre chose que les signes d'idées" (p. 236). Très vrai, mais il devrait en être de même de tout autre nom déifique, comme Jéhovah, Allah, etc., et s'ils ne sont pas simplement des "signes d'idées" cela prouverait seulement que les esprits qui les reçoivent autrement ne sont pas "philosophiques" ; cela ne fournirait aucune preuve établissant que des Dieux vivants personnels de ce nom existent en réalité.
157 L'Amitâbha Chinois (Wou-liang-sheu) et l'Amitâbha Tibétain (Od-pagmed), sont devenus aujourd'hui des Dieux personnels, vivant dans les régions célestes de Soukhâvatî, ou Toushito (Dévachan Tibétain) ; sur lesquelles ils règnent, tandis qu'Adi Bouddhi, de l'Hindou philosophe, et Amita Bouddha du philosophe Chinois ou Tibétain, sont des noms pour des idées primordiales universelles.