Septénaire (Théosophie)

Le Septénaire est le nom d'une des doctrines de la base de la Théosophie moderne d'Helena Blavatsky, selon laquelle l'être humain posséderait « sept corps » – l'organisme physique, et six autres, invisibles : les corps subtils, dont le corps éthérique, le corps astral...

La physiologie subtile, outre les corps subtils ("corps astral", etc.), admet des organes subtils (aura, chakra, etc.).

Origine hindoue

Le Védânta, suite à la Taittirîya-Upanishad [1] (VIIe s. av. J.-C.), distingue généralement "cinq enveloppes" (pañcha-kosha) ou "fourreaux", "gaines", qui enveloppent le Soi (âtman).[2] Le corps grossier (sthûla-sharîra), c'est-à-dire l'organisme physique, ne contient qu'une enveloppe : [1] l'enveloppe de nutriment (annamaya-kosha) ; [II] le corps subtil (sûkshma-sharîra) contient trois enveloppes : [2] l'enveloppe d'énergie vitale (prânamaya-kosha), [3] l'enveloppe mentale (manomaya-kosha), [4] l'enveloppe de l'intellect (vijñânamaya-kosha) ; [III] le corps causal (kârana-sharîra) contient [5] l'enveloppe de béatitude (ânandamaya-kosha) ; enfin, [6] le Soi (âtman). Shankara, le grand maître du Védânta, l'enseigne au VIIIe s. dans Le plus beau fleuron de la discrimination (Vivéka-chûdâmani) :

"Connais le Soi. (...) L'aspirant avisé doit s'appliquer à la discrimination (vivéka) entre le Soi et le non-Soi. Parmi les cinq enveloppes (nourriture, souffle vital, mental, intellect et béatitude), (1) l'enveloppe de nutrition (annamaya-kosha) [ou corps grossier, sthûla-sharîra] est créée de nourriture... ; (2) l'enveloppe vitale de prâna (prânamaya-kosha) est force vitale... ; (3) l'enveloppe mentale (manomaya-kosha) est constituée du mental avec les facultés de perception... ; (4) l'intellect, avec les cinq facultés de perception, est l'enveloppe intellective (vijñânamaya-kosha), c'est une modification du Soi non-manifesté... ; (5) l'enveloppe de béatitude (ânandamaya-kosha) [ou kârana-sharîra, corps causal] n'est qu'une modification de l'ignorance sur laquelle (6) le Suprême Soi est réfléchi, elle est expérimentée sans effort par tous dans une certaine mesure dans le sommeil profond."

La première version du septénaire

Le Théosophisme, à savoir Helena Blavatsky et sa Société Théosophique (1875), comme beaucoup d'autres groupes ésotériques et de sociétés occultes, affirme que l'Univers est organisé par le nombre Sept. De fait, de même que l'Esprit (divin) se différencie sous forme de sept états de matière dans le cycle d'involution, de même l'homme en tant que « Monade » ou en tant qu'individualité, possèderait sept corps. Allan Octavian Hume en fit le premier exposé en 1881 : corps physique, principe vital (jîvâtman), corps astral, double astral (kâma rupa, forme de désir), Ego, esprit supérieur (manas), Absolu (âtman, Brahman) [3]. D'autres schémas sont apparus, pas toujours conformes aux classifications indiennes, où linga-sharîra signifie "corps subtil", etc. [4]

  • Le premier corps appelé sthûla-sharîra (en sanskrit, sthula brut, grossier, non raffiné, lourd, épais, conditionné, et sharîra, de la racine sri, modeler, former). L'idée sous-jacente est celle d'un corps grossier, impermanent du fait de son état composé. Il s'agirait du corps humain à proprement parler, ou corps physique, souvent considéré par les Théosophes comme le principe le plus bas de la Matière. La forme physique serait le résultat de l'action harmonieuse sur le plan physique des forces exercées par le corps astral, modèle ou plan du corps physique.

  • Le deuxième corps est appelé linga-sharîra (en sanskrit linga, le signe, la marque caractéristique, le modèle, le plan, et sharîra de la racine sri, modeler, former). Il s'agit d'un plan ou modèle qui est également impermanent ; ce corps modèle ou corps astral serait plus éthéré que le corps physique. C'est ce modèle astral qui serait la référence selon laquelle le corps physique serait construit, et à partir duquel le corps physique se développe à mesure que la croissance s'accomplit.

  • Le troisième corps est le prâna-sharîra (en sanskrit, de pra, avant, et de la racine verbale an, respirer, vivre). Prâna signifie : 1) souffle vital ; 2) les cinq souffles principaux : prâna, apâna, udâna, vyâna, samâna ; 3) fluide vital dans le corps (chez Mâ Ananda Moyî) ; 4) énergie nerveuse (chez shrî Aurobindo) ; 5) principe de vie (chez swâmî Vivékânanda) ; 6) force de vie, substance de vie (chez shrî Aurobindo) ; 7) force infinie et omniprésente qui se manifeste dans l'univers (chez swâmî Vivékânanda); 8) force cosmique qui agit sur l' âkasha pour créer l'univers (chez Swâmî Sivananda Sarasvati) [1] Selon la Théosophie de Helena Blavatsky, il s'agit du souffle de vie. La vie de prâna s'exprimerait au-dehors, au-dedans et tout autour du corps humain et effectuerait des pulsations permanentes pendant le développement de l'existence physique. Prâna est « la force irradiante de l'énergie d'Âtman », c'est-à-dire la Vie Universelle et le Soi Unique -- mais dans sa dimension (et ses effets) davantage physiques car entrant en manifestation. Le Prâna de Vie interpénétrerait l'ensemble de l'Univers et ne serait appelé « principe » ou « corps » de la Monade humaine que parce que ce serait un facteur indispensable et le deus ex machina de l'homme vivant.

  • Le quatrième corps est kâma-sharîra (en sanskrit, de la racine verbale kâm, le désir). Le principe du désir constitue une force fondamentale de la motivation humaine. Né de l'interaction de âtman, buddhi et manas (voir ci-dessous), kâma est une force qui peut être source de Bien ou de Mal dans la terminologie théosophique selon la manière dont l'intellect en fait usage. Il s'agit du siège des impulsions de vie, des désirs, des aspirations, considérées dans la doctrine de la Théosophie sous l'aspect énergétique. [5]

  • Le cinquième corps est manas (en sanskrit, de la racine verbale man, penser). Il s'agit du siège de l'intellect et de la conscience égoïque ; dans l'Humanité, manas est la personne humaine, l'égo se réincarnant, immortel en essence, endurant dans ses plus hauts aspects au travers les différentes réincarnations. Une fois incarné, manas devient cependant double, gravitant autour de buddhi dans ses aspects les plus élevés et autour de kâma dans ses aspects les plus bas. La première dimension de manas est donc l'esprit intuitif, et la seconde est l'animal, la conscience rationnelle, la mentalité basse et les passions de la personnalité. [6]

  • Le sixième corps est appelé buddhi (en sanskrit, de la racine verbale budh, qui signifie se réveiller, être éclairé, savoir). Ce véhicule est supposé être celui de la pureté, de l'esprit universel, conçu comme une sorte d'inséparable fragment lié à atman, dont il serait l'ultime véhicule. Dans l'homme, buddhi est l'âme spirituelle, la faculté de discernement, le canal par lequel afflue l'inspiration divine d'atman vers l'égo, et par ailleurs la conscience spirituelle, ou faculté qui permettrait à l'homme de discerner entre le Bien et le Mal. Les qualités du principe dit "bouddhique", une fois éveillées, serait le jugement détaché, la compréhension instantanée, l'intuition de la vérité, l'amour sans limite et la capacité du pardon universel.

  • Le septième corps ou principe est appelé âtman (en sanskrit : le Soi). Il s'agirait de la pure conscience, le Soi cosmique qui serait le même en chaque entité de l'Univers. Il serait le sentiment et la connaissance du "Je suis", pure cognition, idée abstraite du Soi. Dans l'incarnation de l'homme, âtman serait le lien ultime de la divinité de l'homme avec la Conscience universelle du Principe universel.

Évolutions de la doctrine

La terminologie de ce septénaire a évolué au fil des décennies au sein de la doctrine de la Théosophie : Annie Besant et Charles Leadbeater, héritiers directs d'Helena Blavatsky et présidents successifs de la Société Théosophique à la mort de sa fondatrice, ont redéfini cette organisation différemment. Le terme de « corps astral » a notamment été attribué non plus au linga-sharîra (renommé « corps éthérique » ou « double éthérique ») mais à kâma, siège du désir. De plus, le prâna a été écarté, de par son caractère interpénétrant l'ensemble de la personnalité humaine, du septénaire strictement humain. Enfin, le manas a été divisé en deux principes de par sa nature duelle : le premier, lié à la personnalité, appelé « corps mental » et le second, lié à l'individualité et gravitant autour de buddhi, « corps causal ».

Ainsi, un nouveau septénaire, détaché de la terminologie des termes en sanskrit, a vu le jour : 1) corps physique (sthûla-sharîra, "corps subtil) ; 2) corps ou double éthérique (linga-sharîra, corps-signe) ; 3) corps astral (kâma, "désir") ; 4) corps mental (manas dit inférieur) ; 5) corps causal (manas dit supérieur) ; 6) corps buddhique (buddhi, "éveil") ; enfin 7) corps âtmique (âtman). Ce septénaire a notamment été repris par de nombreux cercles New Age.

Rudolf Steiner (La science de l'occulte, 1910) distingue "chez l'être humain les sept éléments suivants : corps physique, corps éthérique, corps astral, Moi, Moi spirituel, Esprit de vie, Homme-Esprit". Anthroposophie

Chez O. M. Aïvanhov[2], on trouve : 1) corps physique ; 2) volonté, subconscience ; 3) coeur, conscience ; 4) intellect, soi-conscience ; 5) âme, superconscience ; 6) esprit, conscience divine. "Dans la partie qui représente la nature inférieure, on trouve les corps physique (volonté), astral (coeur) et mental (intellect), et, pour la nature supérieure, les corps causal (intellect supérieur ou raison), bouddhique (coeur supérieur ou âme), et atmique (volonté supérieure ou esprit)' ("Vous êtes des dieux", Prosveta, 1997, p. 51).

Bibliographie

  • Taittirîya-Upanishad (VIIe s. av. J.-C.), trad. du sanskrit [7]

  • Annie Besant, L'homme et ses corps (1911), trad., Paris, Éditions Adyar. Théosophisme.

  • Arthur R. Powell : sa quadrilogie : 1) Le double éthérique (1925), trad. Éditions Adyar, 1927 ; 2) Le corps astral et autres phénomènes astraux (1927), trad., Éditions Adyar, 1928 ; 3) Le corps mental (1927), trad., Éditions Adyar, 1929 ; 4) Le corps causal et l'Ego (1928), trad., Éditions Adyar, 1932. Théosophisme.

  • Rudolf Steiner, La science de l'occulte (1910), trad. de l'all., Paris, Éditions Triade. Anthroposophie.

Notes et Références

  1. Jean Herbert et Jean Varenne, Vocabulaire de l'hindouisme, Dervy, 1985, p. 79.

  2. O. M. Aïvanhov, Oeuvres Complètes, t. XVII : "Connais-toi toi-même." Jnani Yoga, chap. "Tableau synoptique" (1972), Fréjus, Editions Prosveta, 1977, p. 14.

Annexes

Liens externes