Kabbale
une version médiévale de L'arbre de la vie
La Kabbale (de l'hébreu קבלה Qabalah « réception »), parfois écrit Cabbale, est une tradition ésotérique du judaïsme, présentée comme la « Loi orale et secrète » donnée par YHWH (Dieu) à Moïse sur le Mont Sinaï, en même temps que la « Loi écrite et publique » (la Torah).
Le Baal Hasoulam (Yéhouda Ashlag), kabbaliste du XXe siècle, en donne la définition suivante : « Cette sagesse n'est ni plus ni moins que l'ordre des racines, descendant à la manière d'une cause et de sa conséquence, selon des règles fixes et déterminées, s'unissant au nom d'un but unique et exalté, décrit par le nom "révélation de Sa Divinité à Ses Créatures en ce monde" ». Georges Lahy définit la kabbale comme « la dimension interne de la Torah, correspondant au sod (la connaissance secrète) des quatre niveaux de l'intérieur de la Torah (connus sous le nom de pardès) ».
Selon ses adhérents, la compréhension intime et la maîtrise de la Kabbale rapprochent spirituellement l'homme de Dieu, ce qui confère à l'homme un plus grand discernement sur l'œuvre de la Création par Dieu. Outre des prophéties messianiques, la Kabbale peut ainsi se définir comme un ensemble de spéculations métaphysiques sur Dieu, l'homme et l'univers, prenant racine dans les traditions ésotériques du judaïsme.
Dans Morals And Dogma, Albert Pike déclare que la franc-maçonnerie est un produit de la kabbale[1]. Le thème du kabbalisme a été en outre repris par nombre de nouveaux mouvements religieux, dont le Centre de la Kabbale qui connaît actuellement une certaine notoriété auprès des personnalités du show-business dont la très emblématique Madonna mais qui est dénoncé comme imposture par les rabbins traditionalistes.
Étymologie
Le mot « kabbale » (Qabalah en hébreu) signifie « réception » au sens le plus général, le terme est parfois interprété comme « tradition ». Le Kabbaliste est donc celui qui a reçu Qibel, la tradition. Le mot Kabbale ne désigne pas un dogme, mais un courant à l'intérieur du judaïsme et un état d'esprit.
Charles Mopsik rappelle la différence orthographique entre cabale et kabbale :
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"La première graphie a été consacrée en français depuis plusieurs siècles alors que la seconde, importée de l'allemand, a été employée en France dans le but de distinguer la 'Cabale' des occultistes et autres mystériosophes douteux de la 'Kabbale' de la tradition juive authentique. Cette distinction graphique est devenue inutile depuis que 'Kabbale' a été adoptée par les occultistes précités."[2]
Description générale
Toutes les religions ont un volet mystique ou ésotérique- accès direct à Dieu sans prêtre - mais l'originalité de la Kabbale réside dans son approche de la genèse par la voie mystique et la voie de la connaissance.
La Kabbale se veut un outil d'aide à la compréhension du monde en ce sens qu'elle incite à modifier notre perception du monde (ce que nous appelons « la réalité » malgré la subjectivité de notre perception). Pour ce faire, la Kabbale met à disposition de ses adeptes un diagramme synthétique : l'Arbre de la Vie ou des Sephiroth, et autres clés de lecture pour de multiples ouvrages, ainsi qu'un foisonnement de concepts (degrés de signification, contraction, etc.).
Elle propose ses réponses aux questions essentielles concernant l'origine de l'univers, le rôle de l'homme et son devenir. Elle se veut à la fois un outil de travail sur soi et un moyen d'appréhender d'autres systèmes de pensée.
La Kabbale, en tant que phénomène, est souvent comprise comme la mystique de la merkabah ; ainsi Scholem commence-t-il son énonciation de la Kabbale dans Les Grands Courants de la Mystique Juive par Hénoch et son cycle, par la mystique qui se développe autour de la vision d'Ézéchiel nommée « littérature des Palais » ou hekhalot, la « mystique de la merkabah ». Cette mystique se présente comme accès, en un voyage ascensionnel et intérieur, au cœur même du divin, au jardin de la science du Livre, au sod, quatrième terme du pardès. On lui associe tout ce qui est littérature apocalyptique — de l'apocalyptique juive.
Principaux textes
Le livre de la Création Sefer Yetsirah, le plus ancien texte écrit de la Kabbale attribué au patriarche Abraham, et plus vraisemblablement écrit autour du Xe siècle,
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Le Livre Clair ou de la Clarté Sefer Ha Bahir, texte complexe apparu au XIIe siècle en Languedoc
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Le Livre de la Splendeur Sefer Ha Zohar, le livre essentiel de la Kabbale écrit très certainement au XIIIe siècle en Espagne par Moïse de León.
Histoire
Origines
Les historiens sont divisés quant aux origines exactes de la Kabbale. Selon les sources de la Kabbale, celle-ci commence avec Adam, à qui est attribué le livre de l'ange Raziel. Puis le Sefer Yetsira (ou Livre de la Formation), l'ouvrage suivant selon la chronologie, est traditionnellement attribué au patriarche Abraham ainsi que le rapporte le Gaon de Vilna. En réalité il a été écrit pendant la période talmudique peut-être entre 600 et 800 de notre ère.
Ère talmudique
À cette époque, l'un des plus grands disciples de la Kabbale fut le rabbin Shimon bar Yohaï au IIe siècle.
Moyen Âge
Plusieurs livres importants sont écrits dans cette période.
Les premiers, en particulier le Sefer Bahir (ou « Livre de la clarté »), sont diffusés depuis les grandes académies rabbiniques du Languedoc (Lunel, Posquières) par des érudits de renom comme Rabad de Posquières (1120 - 1197) et Isaac l'Aveugle (1160 -1235). Le Sefer Raziel, traditionnellement attribué à Adam, fut probablement écrit ou compilé par Éléazar de Worms (1176-1238).
La Kabbale a connu un grand essor après la publication du Sefer Zohar (ou « Livre de la splendeur ») par Moïse de Léon en 1286, maître livre qui rapporte, sous la forme d'une compilation de textes en araméen, l'enseignement de Shimon bar Yohaï jusqu'alors transmis par tradition orale.
Périodes moderne et contemporaine
La kabbale a connu un essor à partir du XVIe siècle, avec Isaac Louria, connu sous le nom du Ari (« Le Lion »). Il offre dans son livre Etz Haim (L'Arbre de Vie) une explication en profondeur des dix sefirot, ainsi que des explications sur le livre du Zohar (notamment Idra Rabba).
À partir de cette période, de nombreux kabbalistes encouragèrent l'étude de la Kabbale, comme nous le rapporte Rabbi Azulai, dans son ouvrage Orh HaShemesh, « L'interdit jeté sur l'apprentissage de la Kabbale fut d'une durée limitée, jusqu'en 1490. Depuis 1540, il est nécessaire d'encourager tout le monde à s'intéresser au livre du Zohar, car ce n'est que par l'étude du Zohar que l'humanité parviendra à la rédemption spirituelle et la venue du Messie, et par conséquent, il est formellement interdit de ne pas étudier la Kabbale. »
Ainsi s'exprime également le rabbin Yehouda Ashlag, kabbaliste du début du XXe siècle : « Il n'y a pas d'autre moyen, pour la population en général, d'atteindre quelque élévation spirituelle et rédemption, que l'apprentissage de la Kabbale. C'est la méthode la plus simple et la plus accessible, ce qui n'est pas toujours le cas, en suivant d'autres parties de la Torah, où seuls quelques rares individus peuvent parvenir au but. »
Bibliographie
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Charles Mopsik, La Cabale, éd. Jacques Grancher, Paris, 1988 [traduction espagnole: El Ateneo-Lidiun, Buenos Aires, 1994; traduction polonaise: Varsovie, 2001].
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Références
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Morals and Dogma: Consistory: XXXII. Sublime Prince of the Royal Secret
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Charles Mopsik, Le Zohar. Traduction, annotation et avant-propos, t. I, 1981, p. 15.