L'IMAGINATION

L'IMAGINATION


"Réduire l'imagination en esclavage, quand bien même il y aurait de ce qu'on appelle grossièrement le bonheur, c'est se dérober à tout ce qu'on trouve, au fond de soi, de justice suprême..." Ce cri du coeur d'André Breton, dans son "Manifeste du surréalisme", est l'indice de la trop grande indigence dans laquelle les siècles passés ont contenu l'imagination.
Gilbert Durand nous rappelle qu'elle était considérée comme "l'ombre d'objet", ou "l'objet fantôme"; l'imagination effrayait terriblement et l'on peut "imaginer" justement les fantasmes inconscients que nos Anciens devaient refouler !

La psychanalyse, quant à elle, a longtemps considéré les images comme le résultat d'un conflit entre les pulsions et leur refoulement social. Ce qui n'est pas faux pour une partie d'entre elles. Mais on ne peut pas étendre cette définition à l'ensemble de l'imagination, car sa fonction fondamentale est d'une autre nature.
Méditons plutôt cette anagramme : IMAGE-MAGIE.
Il apparaît nécessaire de poser dès maintenant "l'image" et d'en souligner l'importance majeure, car elle est présente dans tous nos travaux. Aujourd'hui, Dieu merci, on ne méprise plus l'imagination. Les travaux de Jung et des maîtres du rêve éveillé Desoille, Frétigny, Virel, etc... nous permettent d'en découvrir la merveilleuse alchimie. Bachelard n'a-t-il pas dit que "l'imagination est l'hormone des sens" ?

La visualisation doit être considérée comme une discipline nécessaire, un exercice de l'image qui engendre son propre levain. La faculté de visualisation est très inégalement répartie chez les individus. Nous pensons que cette fonction est innée et qu'elle se manifeste avec intensité chez l'enfant normal. Par l'exercice de l'imagination, l'enfant crée un système adaptatif entre son monde intérieur encore très imprégné des réminiscences du monde dont il vient d'être séparé par son "incarnation" (le monde préverbal) et le monde concret, où espace et temps ne jouent plus des gammes que sur une seule octave.

Ce que l'on appelle le tempérament entre pour une grande part dans cette faculté à imaginer et à visualiser. En astrologie, les enfants très marqués par les influences lunaires les enfants du cancer, par exemple, donneront des êtres très imaginatifs, "dans la lune".
Je reste cependant persuadée que les difficultés à visualiser résultent de la nécessité, pour l'enfant, de refouler certaines images. Soit parce que son milieu l'a contraint à s'adapter trop tôt aux valeurs adultes, soit parce que le déséquilibre familial les conflits inconscients des parents a fait surgir des images terrifiantes qu'il a dû aussitôt refouler.
L'enfant retrouve ces images terrifiantes dans ses rêves : ce sont les cauchemars. Si les parents ne lui apprennent pas à gérer ces images, il sera peu à peu obligé de refouler le souvenir même de ses rêves: il annihilera complètement son monde imaginaire pour pouvoir s'adapter au monde dit "réel"... ce qui se traduira plus tard par toute la gamme des maladies "psychosomatiques". Par où, en ce cas, pourrait passer l'énergie ?
Le rêve, qui est pourtant sensé donner une deuxième vie celle que l'on ne peut absolument pas vivre dans le réel, se voit complètement boycotté!
Puisque "rien ne se perd et rien ne se crée", l'énergie, qui a besoin d'exutoire, choisit les fonctions corporelles... pour le pire en général.

Dans ces premiers exercices, nous proposons de visualiser l'énergie du soleil, de l'air ou de la terre, qui pénètre à l'intérieur de notre corps et qui se diffuse dans celui ci, avant de venir se "stocker" au niveau de la poitrine. La poitrine et les bras sont des lieux du corps dédiés a l'amour, au don de soi, à l'élan affectif. Pour accueillir un petit enfant dans les bras, nous les ouvrons largement et notre Coeur est plein d'élan. Inconsciemment, il s'est réellement ouvert, transporté par l'amour que nous avons pour l'enfant (ou l'être aimé) : une énergie irradie alors naturellement, qui va baigner de bien-être celui que nous accueillons contre nous.
Visualiser notre énergie à ce niveau ne devrait donc pas poser trop de problèmes.

Avec la maîtrise de l'image, nous ne remplacerons jamais l'amour véritable, mais nous apprendrons à creuser de nouveaux canaux sélectifs, pour être capable à notre tour de transmettre ladite image ou tout simplement de recharger notre propre énergie.

"Les structures anthropologiques de l'imaginaire", Gilbert Durand, Ed. Dunod.