Mesmérisme,
Enveloppes de l'âme
Depuis la mission de Mesmer au XVIIIème siècle, les applications de son art se sont largement étendues et si le magnétisme des guérisseurs reste encore discuté l'hypnotisme a désormais acquis droit de cité dans les milieux scientifiques. Aucune explication valable et indiscutable de ces phénomènes n'a cependant encore été fournie ; et si le chercheur moderne calme sa conscience troublée en invoquant une cybernétique cérébrale, il est permis de se demander si cette théorie ne prête pas à l'organisation moléculaire du cerveau des pouvoirs trop étendus et si la véritable explication ne se trouve pas dans un domaine situé au delà de la matière physique.
La Théosophie affirme qu'il existe une anatomie et une physiologie cachées qui seules peuvent donner la clef véritable du mesmérisme et de l'hypnotisme. Et les textes qui suivent — et qui sont dus à la plume de W. Q. Judge — soulignent la complexité de la structure de l'homme intérieur et montrent à quel point le problème n'est encore qu'effleuré par la médecine et la psychologie modernes.
W. Q. Judge écrit à plusieurs reprises : telle est l'explication véritable et elle sera un jour reconnue comme vraie. Ces textes méritent donc d'être étudiés et médités avec attention, car si leur langage, souvent voilé, ne parle pas immédiatement à notre oreille occidentale, le chercheur averti, en possession des clefs de l'enseignement théosophique, ne manquera pas de découvrir de nombreuses indications précises sous les diverses allusions que le lecteur superficiel ne découvrira pas, ou jugera sans importance.
Mesmérisme (Note 1)
On donne ce nom à un art, ou à la manifestation d'un pouvoir, qui permet d'agir sur autrui, ou encore à l'aptitude à se laisser influencer par d'autres, art qui précéda de longtemps l'époque d'Anton Mesmer. Un autre nom donné à certains de ces phénomènes est l'hypnotisme ; un autre encore, le magnétisme. Ce dernier terme fut employé parce que le sujet suit parfois la main de l'opérateur, comme s'il était attiré par elle, comme la limaille de fer par l'aimant. Diverses catégories d'expérimentateurs font usage du mesmérisme de nos jours, sous différentes appellations telles que « fascination », « psychologie » ; mais le nombre de ces termes est considérable et il serait inutile de les passer en revue.
Anton Mesmer, qui fît plus de propagande pour ce sujet en Occident qu'aucun autre, et dont le nom y est encore attaché, naquit en 1734, et obtint une grande renommée un peu avant 1783, c'est-à-dire aux environs de 1775, grâce à ses expériences et à ses cures ; mais, comme le dit H. P. Blavatsky dans son Glossaire Théosophique, il n'a fait que redécouvrir ce qui était déjà connu. Le sujet dans son ensemble avait été étudié longtemps avant lui, en réalité, de nombreux siècles avant l'éveil de la civilisation en Europe, et toutes les grandes fraternités d'Orient possédèrent, de tout temps, des secrets concernant la pratique du mesmérisme qui sont encore ignorés de nos jours. Mesmer présenta ses découvertes en tant qu'agent de certaines fraternités auxquelles il appartenait, bien qu'en vérité il n'ait peut-être jamais fait connaître ceux qui se tenaient derrière lui. Il proclama ses découvertes dans le dernier quart du siècle, exactement comme la Société Théosophique commença son œuvre en 1875, et ce qu'il fit représente tout ce qui pouvait être fait à cette époque.
Mais, en 1639, cent ans avant Mesmer, un livre fut publié en Europe, sur l'emploi du mesmérisme dans la guérison des blessures. Ce livre portait comme titre : « La Poudre Sympathique » d'Edricius Mohynus d'Eburo. Ces cures, était-il dit, pouvaient s'effectuer à distance de la blessure par suite de la vertu ou faculté directrice existant entre cette poudre et la plaie. C'est là, exactement, une des caractéristiques de l'hypnotisme et du mesmérisme. Les écrits d'un moine nommé Uldericus Balk traitaient le sujet dans le même ordre d'idées. Dans un livre concernant la lampe de vie, Uldericus disait, en 1611, que les maladies pouvaient être guéries de cette même façon. Ces ouvrages renferment naturellement beaucoup de superstitions, mais, sous toutes leurs divagations, ils traitent du mesmérisme.
Après que le Comité de l'Académie Française, avec Benjamin Franklin, se fût prononcé sur le sujet, le condamnant en substance, le mesmérisme tomba en discrédit, mais il fut repris en Amérique par de nombreuses personnes qui adoptèrent des noms divers pour leurs travaux, et écrivirent des livres sur ce sujet. L'une d'entre elles, nommée Dodds, acquit une grande célébrité et fut invitée, du vivant de Daniel Webster, à donner des conférences à ce sujet devant un certain nombre de sénateurs américains. Il appela son système « psychologie », mais c'était uniquement du mesmérisme, même en ce qui concerne les détails sur les nerfs, etc... Et en Angleterre aussi, un bon nombre de personnes qui n'appartenaient pas au monde scientifique s'y intéressèrent intensément. Elles n'arrivèrent pas à le réhabiliter, et la presse et le public les considérèrent, en général, comme des charlatans, tandis que le mesmérisme ne leur paraissait être qu'une fraude. Tel était l'état de choses au moment où les recherches dans ce qui est connu maintenant comme hypnotisme mirent à nouveau la question à l'ordre du jour. Après 1875, le public accorda de plus en plus d'attention aux possibilités que présentaient les champs de la clairvoyance, de la clairaudience, de l'état de transe, des apparitions, etc... Même des médecins qui, auparavant, se moquaient de ces investigations, commencèrent à les étudier, et se livrent, actuellement encore, à ces recherches. Et il semble bien que, sous quelque nom qu'on le désigne, le mesmérisme soit appelé à bénéficier d'un intérêt croissant. Car il est impossible d'aller très loin dans le domaine des expériences hypnotiques, sans se trouver en face de phénomènes mesmériques et sans se trouver obligé, pour ainsi dire, de les analyser également.
Les hypnotiseurs revendiquent à tort le mérite de leurs découvertes, car, même les soi-disant charlatans ignorants des époques que nous venons de signaler, citaient le fait suivant que les hypnotiseurs modernes s'approprient : de nombreuses personnes sont, normalement, à leur point de vue, dans un état hypnotique ou, comme ils l'appellent, dans un état de transe, ou état négatif, ou tout autre nom, d'après le système particulier employé.
En France, le baron Du Potet étonna tout le monde par ses expériences de mesmérisme, en provoquant chez ses sujets des changements aussi profonds que ceux dus aux hypnotiseurs de nos jours. Au bout d'un certain temps, après avoir lu d'anciens livres, il adopta certains symboles étranges qui, disait-il, avaient l'effet le plus extraordinaire sur le sujet, et il se refusait à les dévoiler, excepté aux personnes qui faisaient 1e serment de garder le secret. Cette règle fut violée et ses instructions et figures furent publiées pour la vente il y a quelques années, le secret étant, toutefois, soi-disant gardé, car le livre exigeait une clef pour être compris. J'ai lu l'ouvrage et ne lui ai trouvé aucune valeur, car ces symboles n'ont de puissance que par la volonté de celui qui s'en sert. Le baron possédait une force mesmérique naturelle très grande, et il amenait ses sujets à faire ce que peu d'autres hypnotiseurs auraient pu provoquer. Il mourut sans être arrivé à intéresser le monde scientifique au problème.
La grande question soulevée est la suivante : le magnétiseur extériorise-t-il ou non un fluide réel ? Beaucoup le nient, et presque tous les magnétiseurs se refusent à l'admettre. H. P. Blavatsky affirme qu'un tel fluide existe, et ceux qui peuvent voir sur le plan auquel il appartient affirment son existence en tant qu'une forme subtile de matière. Je pense que ceci est exact et n'est pas du tout en contradiction avec les expériences d'hypnotisme : le fait que le fluide existe n'exclut pas que certaines personnes puissent s'hypnotiser elles-mêmes, en révulsant leur regard au moment où elles fixent un objet brillant. Ce fluide se compose en partie de la substance astrale qui entoure chacun de nous, et, en partie, des atomes physiques à un état finement divisé. Certains appellent cette substance astrale l'aura. Mais ce mot est indéfini car il y a beaucoup d'espèces d'auras et de nombreux aspects sous lesquels elles se manifestent.
Les théosophes, même ceux d'esprit le plus décidé, n'arriveront pas à percer ce mystère, tant que la race tout entière n'aura pas atteint le point de développement requis ; aussi le mot d'aura restera-t-il en usage pour le moment.
Cette aura est donc projetée par le magnétiseur sur son sujet, et ce dernier la reçoit dans une partie de sa constitution interne qui n'a jamais été décrite par aucun expérimentateur occidental, pour la bonne raison qu'ils ignorent tout de son existence. Ce fluide aurique éveille certaines divisions intérieures, non physiques, du sujet, provoquant un changement de relation entre les multiples enveloppes différentes qui entourent l'homme intérieur, et rendent possibles divers degrés d'intelligence, de clairvoyance, etc. Mais un tel fluide n'a absolument aucune influence sur le Soi Supérieur qu'il est impossible d'atteindre par de tels moyens, Beaucoup de personnes se trompent en supposant que c'est le Soi Supérieur qui répond ; ou bien qu'un esprit quelconque, ou que sais-je encore, est présent, alors que c'est uniquement une des nombreuses personnes intérieures, pourrait-on dire, qui parle ou plutôt qui provoque l'activité des organes de la parole.
Et c'est ici que théosophes et non théosophes sont induits en erreur, car les messages transmis sont parfois bien au-dessus de l'intelligence ordinaire ou du pouvoir normal du sujet à l'état de veille. Je me propose donc de donner un aperçu général de la théorie concernant ce qui se passe réellement, théorie qui est connue depuis des âges par ceux qui possèdent la vision intérieure, et qui sera découverte et admise un jour par la science.
Quand l'état hypnotique ou mesmérique est complètement atteint, et souvent lorsqu'il ne l'est que partiellement, il se produit une paralysie immédiate de la faculté que possède le corps d'exprimer ses impressions et de modifier de la sorte les conceptions de l'être intérieur. Dans l'état de veille ordinaire, chacun de nous est assujetti aux impressions de l'organisme tout entier, sans qu'il soit possible de s'y soustraire ; c'est-à-dire que toutes les cellules du corps, jusqu'aux plus minuscules, ont leur propre gamme d'impressions et de souvenirs qui, sans cesse, viennent toucher le grand appareil enregistreur — le cerveau — jusqu'au moment où l'impression restant dans la cellule est complètement épuisée. Et cet épuisement demande un temps très long. De plus, comme nous les renforçons et en ajoutons constamment, ce moment d'épuisement total de toute impression est indéfiniment retardé. C'est pourquoi la personne intérieure ne peut se manifester. Mais, chez un bon sujet, le mesmérisme neutralise momentanément ces impressions corporelles et, immédiatement, un effet nouveau se fait sentir, qu'on pourrait comparer au fait d'isoler le général de son armée et de l'obliger à chercher d'autres moyens d'expression.
Lorsqu'il arrive que le sujet parle, c'est que le cerveau est laissé suffisammenl libre pour lui permettre d'obéir aux commandements de l'hypnotiseur et pour mettre en mouvement les organes de la parole. Ceci dit, d'une manière générale.
Nous arrivons maintenant à une autre partie de la nature de l'homme qui est un domaine inconnu pour le monde occidental et ses hommes de science. Grâce au mesmérisme, d'autres organes sont mis en activité indépendamment du corps, organes qui, à l'état normal, fonctionnent avec ce dernier et à travers lui. L'existence de ces organes n'est pas admise, cependant ils existent et sont aussi réels que le corps ; en fait, ceux qui savent prétendent qu'ils sont plus réels et moins sujets à la décrépitude que l'organisme physique, car ils demeurent presque inchangés de la naissance à la mort. Ces organes ont leurs propres courants ou leur circulation, si vous voulez, et leurs mécanismes particuliers de réception et d'enregistrement des impressions. Ce sont eux qui, en une seconde de temps, saisissent et conservent, dans les moindres détails, tout objet ou toute parole qui se présente à l'homme éveillé. Et non seulement ils les conservent, mais très souvent ils les restituent et, quand l'être est hypnotisé, cette extériorisation n'est pas entravée par le corps.
Ces organes se divisent en de nombreuses classes et catégories, chacune de ces classes ayant toute une gamme d'idées et de faits qui lui est propre, et possédant de même des centres dans le corps éthérique avec lequel ils sont en relation. Chez le sujet mesmérisé, au lieu que le cerveau réponde aux sensations du corps, il reçoit des impressions toutes différentes et transmet ce que voient ces organes internes dans telle partie de l'espace où leur activité est dirigée. Et au lieu d'avoir éveillé le Soi Supérieur, vous n'avez fait qu'amener au jour une des nombreuses couches d'impressions et d'expériences dont l'homme intérieur est composé, lui-même étant bien loin du Soi Supérieur. Ces images diverses, rassemblées ainsi de partout, sont normalement réduites au silence par le grand mugissement des tourbillons de la vie physique, qui est la somme intégrée de toute l'expression possible d'un être normal sur le plan physique où nous nous mouvons. Habituellement, ces images n'apparaissent que sous forme d'idées subites ou de souvenirs soudains, par éclairs, ou encore dans les rêves, lorsque notre sommeil peut être peuplé d'images fantaisistes dont l'origine ne peut être découverte dans notre vie journalière. Cependant, cette cause existe, et c'est toujours parmi ces millions de petites impressions de la journée, qui ont passé inaperçues pour le cerveau physique, mais qui ont été fixées infailliblement par d'autres systèmes de sens, appartenant à notre double astral, qu'elle doit être cherchée. Car ce corps astral, ou double, pénètre le corps physique, comme un colorant dissous dans l'eau d'un bol. Et, bien que pour les conceptions matérialistes actuelles il semble impossible qu'une ombre vaporeuse de la sorte puisse avoir des divisions, des pouvoirs et des organes, cependant, elle en possède effectivement, qui sont d'une puissance et d'une portée surprenantes. Bien qu'elle puisse n'être qu'une vapeur, elle peut exercer, dans des conditions requises, une force égale à celle du vent invisible lorsqu'il abat les édifices orgueilleux de l'homme impuissant.
C'est donc dans le corps astral qu'il faut chercher l'explication du mesmérisme et de l'hypnotisme. Le Soi Supérieur explique les envolées que nous faisons parfois dans le royaume spirituel ; c'est lui le Dieu, le Père intérieur qui guide Ses enfants sur la roule abrupte de la perfection. N'en dégradons pas l'idée en l'enchaînant au niveau inférieur des phénomènes mesmériques que tout homme ou toute femme en bonne santé peut produire, s'il veut essayer. Plus matériel est l'opérateur mieux cela vaut, car il possède plus de force mesmérique ; aussi, si c'était le Soi Supérieur qui était ainsi influencé, cela signifierait que la matière grossière pourrait aisément influencer et faire dévier l'esprit supérieur, ce que dément le témoignage des âges.
Un Paramahansa de l'Himalaya a écrit ce qui suit : « La Théosophie est cette branche de la Maçonnerie qui montre l'Univers sous la forme d'un œuf ». Si nous enlevons la tache germinale de l'œuf, il nous reste cinq divisions principales, le blanc, le jaune, la peau du jaune, la peau intérieure de la coquille et la coquille elle-même. Celle-ci et la peau intérieure peuvent être considérées comme formant une seule division. Il nous en reste alors quatre, correspondant aux anciennes divisions du feu, de l'air, de la terre et de l'eau. L'homme, d'une façon générale, est divisé de la même manière, et c'est de ces divisions principales que proviennent toutes les expériences multiples qu'il a sur tous les plans, extérieurs et introspectifs. L'organisme humain possède sa peau, son sang, sa matière terrestre — appelée os pour le moment — sa chair et, enfin, le grand germe qui est isolé dans une partie du cerveau, grâce à une couche de matière grasse qui l'enveloppe complètement.
La peau comprend les muqueuses, toutes les membranes du corps, les tuniques artérielles, etc... La chair inclut les nerfs, les cellules appelées animales et les muscles. Les os forment une classe à part. Le sang a ses cellules, ses corpuscules et le liquide dans lequel ils flottent. Les organes tels que le foie, la rate, les poumons, englobent les divisions de la peau, du sang et des muqueuses. Chacune de ces divisions, avec toutes ses subdivisions, possède ses impressions et souvenirs particuliers et toutes ensemble — avec le cerveau qui joue le rôle de coordination — elles forment l'homme tel qu'il est sur le plan visible.
Toutes ces parties du corps jouent un rôle dans les phénomènes du mesmérisme — même si certains peuvent trouver inadmissible que les muqueuses et la peau puissent nous donner une connaissance quelconque. Il en est néanmoins ainsi, car les sensations de toutes les parties du corps affectent chaque cognition et, quand ce sont les expériences des cellules de la peau, par exemple, ou de toutes autres cellules, qui prédominent dans le cerveau du sujet, tous les messages qu'il transmettra à l'opérateur proviendront de cette source, bien qu'ils l'ignorent tous deux, et ce sont ces expériences que le sujet traduira en paroles assimilables par le cerveau, aussi longtemps qu'il n'aura pas atteint la condition suivante. Telle est la Doctrine Ésotérique qui finira par être reconnue comme vraie. Car l'homme est constitué de millions de vies, et c'est d'elles (incapables par elles-mêmes d'agir rationnellement et indépendamment) qu'il acquiert des idées, et que, maître de toutes ces idées, il les assemble avec d'autres, émanant de plans supérieurs, en pensées, paroles et actes. Aussi devons-nous nous souvenir de ce facteur dès nos premiers pas en mesmérisme ; mais, de nos jours, le monde ignore ce facteur et ne peut l'admettre : c'est pourquoi il se laisse égarer par le caractère étrange des phénomènes.
Les meilleurs sujets embrouillent leurs messages, parce que ce qu'ils voient réellement est dénaturé et déformé par les multiples expériences provenant des diverses parties de leur nature dont je viens de parler et qui, toutes, prétendent se faire entendre. Aussi, tout opérateur est-il certain de tomber dans l'erreur, à moins d'être lui-même un voyant exercé.
Le pas suivant nous conduit dans la région de l'homme intérieur, non pas de l'être spirituel, mais de l'être astral qui est le modèle sur lequel la forme extérieure visible est construite. L'organisme intérieur est l'intermédiaire entre le mental et la matière. C'est lui qui, percevant les ordres du mental, fait agir les nerfs physiques et, par suite, le corps tout entier. Tous les sens ont leur siège dans cet homme intérieur, et ces sens ont une gamme de perception mille fois plus étendue que ceux de leurs représentants extérieurs, car ces yeux et ces oreilles externes, ces sens du toucher, du goût et de l'odorat ne sont que des organes grossiers dont les sens internes font usage, mais qui, par eux-mêmes, sont impuissants.
On s'en rend compte lorsqu'on coupe la connexion nerveuse, mettons de l'œil, car, dans ce cas, l'œil intérieur est incapable d'entrer en rapport avec la nature physique et ne peut plus voir un objet placé devant la rétine, bien que le toucher et l'ouïe puissent encore être influencés par l'objet, s'ils n'ont pas été atteints à leur tour dans leur fonctionnement.
Ces sens intérieurs peuvent, dans certaines conditions, percevoir à n'importe quelle distance, quels que soient la longueur et les obstacles. Mais ils ne peuvent tout voir, pas plus qu'ils ne sont toujours capables de comprendre la nature de ce qu'ils voient. Car, il leur arrive parfois d'être en présence de choses qui ne leur sont pas familières. Et, de plus, ils déclareront souvent avoir vu ce que l'opérateur désire qu'ils voient, de telle sorte que leur témoignage n'est pas digne de foi. Car, étant donné que les sens astraux d'une personne sont l'héritage direct de ses incarnations antérieures, et non le produit de son hérédité familiale, ils ne peuvent dépasser ce que leur propre expérience leur a légué ; c'est ainsi que leur connaissance est très limitée, bien qu'elle puisse paraître merveilleuse à celui qui ne fait usage que de ses organes physiques des sens. Chez la personne ordinaire en bonne santé, ces sens astraux sont inextricablement unis au corps, et limités par l'appareil physique qu'offre ce dernier durant l'état de veille. Et ce n'est que dans le sommeil, l'état hypnotique ou de transe, ou encore grâce à un entraînement des plus sévères, que ces sens peuvent fonctionner d'une façon relativement indépendante. C'est ce qu'ils font dans le sommeil où ils vivent d'une autre vie que celle que leur imposent la force et les nécessités de l'organisme éveillé. Et s'ils fonctionnent, dans les cas de paralysie du corps par le fluide mesmérique, c'est parce que les impressions provenant des cellules physiques sont inhibées.
Le fluide mesmérique provoque cette paralysie en s'écoulant de l'opérateur et en enveloppant progressivement tout le corps du sujet, amenant ainsi un changement dans la polarité de toutes les cellules et dissociant l'homme extérieur de l'être intérieur. Comme tout le système nerveux est accordé à l'unisson jusque dans ses moindres ramifications, lorsque des groupes importants de nerfs sont influencés, d'autres subissent les mêmes effets par sympathie. Aussi arrive-t-il souvent que les jambes ou les bras des sujets hypnotisés se trouvent tout à coup paralysés, sans qu'on ait agi directement sur eux ; ou bien, aussi fréquemment, la sensation due au fluide est ressentie en premier lieu dans l'avant-bras, bien que seule la tête ait été touchée.
Il existe de nombreux secrets concernant cette partie du processus, mais ils ne seront pas révélés, car il est suffisamment facile de mesmériser un sujet dans un but louable à l'aide de ce qui est déjà connu du public. En affectant certains centres nerveux localisés près de la peau, tout le système nerveux peut être déséquilibré en une seconde, ne fut-ce que par un simple souffle de la bouche dirigé sur le sujet à une distance de huit pieds. Mais les livres modernes ne signalent pas la chose.
Quand la paralysie et le changement de polarité des cellules sont complets, l'homme astral est quasi dissocié du corps. A-t-il une structure quelconque ? Quel hypnotiseur le sait ? Combien probablement nieront le fait ? N'est-il qu'une vapeur, une idée ? Et puis aussi, combien de sujets sont assez entraînés pour pouvoir analyser leur propre anatomie astrale ?
Cependant, la structure de l'homme astral intérieur est définie et cohérente. On ne peut l'étudier à fond dans un article de revue ; nous l'exposerons donc dans ses grandes lignes, laissant le soin aux lecteurs d'en compléter les détails.
Comme le corps extérieur possède une épine dorsale qui est la colonne qui soutient l'être et se termine en haut par le cerveau, de même aussi le corps astral a son épine dorsale et son cerveau. Il est matériel puisque fait de matière, toute subtile qu'elle soit, et il n'est pas de la nature de l'esprit.
Après la maturité de l'enfant avant la naissance, cette forme astrale est fixe, cohérente et durable, ne subissant que peu de changements depuis ce moment jusqu'à sa mort. Il en est de même de son cerveau astral qui reste immuable jusqu'à ce que le corps soit rejeté, et qui, comme le fait le cerveau extérieur, ne renouvelle pas ses cellules à tout instant. Ces parties internes sont donc plus durables que leurs organes correspondants extérieurs. Nos organes matériels, nos os, nos tissus changent constamment. Ils subissent sans cesse ce que les anciens appelaient le processus ininterrompu de dissolution des unités élémentaires de matière » (2) ; ainsi, en un mois, il se produit un changement perceptible en nous, dû à un rejet ou à une absorption de matière. Ce n'est pas le cas pour la forme intérieure. Elle ne change que d'une vie sur l'autre, étant édifiée au moment de la réincarnation, pour durer toute une période d'existence.
Car c'est le modèle imposé au corps extérieur, selon les proportions évolutives actuelles. C'est, pourrait-on dire, le collecteur des atomes visibles qui nous constituent sous notre forme extérieure. Ainsi, dès la naissance, le corps astral possède potentiellement une certaine dimension, et, lorsque cette limite est atteinte, il arrête tout développement ultérieur du corps, fixant de la sorte ce qui est appelé aujourd'hui taille et poids moyens. De même aussi, le corps extérieur est conservé dans sa forme jusqu'au moment de la décrépitude grâce au corps intérieur. Et cette décrépitude, suivie de mort, n'est pas due à la désagrégation du corps en lui-même, mais au fait que le terme du corps astral est venu et qu'il n'est plus à même de maintenir intact l'organisme extérieur. Le sommeil de la mort survient lorsqu'il ne lui est plus possible de résister aux impacts et à la lutte des molécules matérielles.
Et comme dans notre forme physique le cerveau et l'épine dorsale sont les centres d'où partent les nerfs, de même c'est de notre cerveau et de notre épine dorsale internes que se ramifient les nerfs qui parcourent toute la structure. Ils sont tous en rapport avec les organes du corps visible extérieur et constituent plutôt des courants que des nerfs, dans le sens où nous le comprenons ; nous pourrions les appeler des nerfs astraux. Ils fonctionnent en relation avec certains points importants du corps externe, tels que le cœur, le creux de la gorge, le centre ombilical, la rate et le plexus sacré. Demandons ici, en passant, ce que les mesmériseurs et hypnotiseurs occidentaux connaissent de l'usage et des pouvoirs, si usages et pouvoirs il y a, de ce centre ombilical ? Ils nous répondront sans doute qu'il n'est plus d'aucune utilité particulière après la naissance. Mais la vraie science du mesmérisme prétend qu'il y a encore beaucoup à apprendre, même en ce qui concerne ce centre ; les résultats d'expériences touchant l'usage de ce centre ne font pas défaut à ceux qui possèdent cette science.
L'épine dorsale astrale a trois nerfs principaux constitués d'une seule et même matière. Ils peuvent être appelés des voies ou des canaux le long desquels les forces montent et descendent, permettant à l'homme intérieur et extérieur de se tenir debout, de se mouvoir, de sentir et d'agir. Si nous voulons les décrire, nous dirons qu'ils correspondent exactement au fluide magnétique, c'est-à-dire qu'ils sont respectivement positif, négatif et neutre, leur équilibre complet étant nécessaire pour la santé parfaite. Au niveau où l'épine dorsale astrale arrive au cerveau interne, les nerfs se modifient et deviennent plus complexes, trouvant finalement un grand épanouissement dans le crâne. Outre ces deux parties principales de l'être intérieur, il existe de multiples groupes de nerfs de nature similaire qui se rattachent aux divers plans de sensation dans les mondes visible et invisible. Tout ceci constitue l'acteur personnel intérieur, et c'est là qu'il nous faut chercher la solution des problèmes présentés par le mesmérisme et l'hypnotisme.
Si vous dissociez cet être intérieur du corps extérieur auquel il est joint, vous le privez momentanément de sa liberté et le rendez esclave de l'opérateur. Mais les hypnotiseurs savent fort bien que le sujet peut échapper à leur contrôle et qu'il le fait même souvent, les déroutant et les effrayant fréquemment. Les meilleurs auteurs des écoles occidentales en font foi.
Mais cet homme intérieur n'est, d'aucune façon, un être omniscient. Il possède une compréhension qui, comme nous l'avons déjà dit, est limitée par l'expérience antérieure. C'est pourquoi nous tomberons dans l'erreur si nous ajoutons foi à ce qu'exprime cet homme intérieur dans l'état de transe mesmérique sur tous les problèmes pouvant requérir une connaissance philosophique, excepté dans des cas si rares que nous n'avons pas à les considérer pour l'instant. Car, les opérateurs en général, et surtout ceux qui rejettent l'ancienne division de la nature interne de l'homme, ne connaissent rien des limitations imposées au pouvoir de connaître du sujet, ni des effets décrits ci-dessus, que provoque l'expérimentateur dans les sens intérieurs du sujet. Presque toujours l'effet de l'opérateur est de colorer les messages transmis par le sujet.
Prenons un exemple : A... hypnotisait C..., une femme très sensitive qui n'avait jamais étudié la philosophie ; A... avait décidé de suivre une certaine ligne de conduite vis-à-vis d'autres personnes, et il cherchait à obtenir des arguments le confirmant en ce sens. Mais avant d'agir, il consulta C..., en ayant en sa possession une lettre de X... qui est, lui, un penseur catégorique et positif, tandis que A... n'a pas d'idées bien nettes, mais est un excellent magnétiseur physique. Quel fut le résultat ? La sensitive C... étant entrée en transe et interrogée sur la question en litige donna l'opinion de X... qu'elle ne connaissait pourtant pas, et cela avec tant de force, que A... changea de plan, sinon d'opinion, ignorant que c'était l'influence des idées de X... présentes en son esprit, qui avait agi sur l'entendement de la sensitive. Ces pensées de X..., exprimées d'une façon très nette, avaient suffi pour modifier entièrement les opinions précédentes du sujet. Quelle confiance peut-on donc avoir en des voyants non exercés ?
Et tous les sujets mesmériques que nous avons manquent complètement d'entraînement, dans le sens où l'entendaient les anciennes écoles de mesmérisme dont j'ai parlé.
Il n'est pas nécessaire de décrire ici les procédés employés dans les expériences mesmériques. Il existe de nombreux livres qui en parlent, mais après avoir étudié la question pendant vingt-deux ans, je suis arrivé à la conclusion que tous ces ouvrages ne sont que des copies les uns des autres, et que l'ensemble des instructions, au point de vus pratique, pourrait être résumé tout entier en une seule page. Il existe, il est vrai, bien d'autres méthodes anciennement enseignées, et d'une efficacité plus grande encore, mais nous les laisserons pour une autre fois.
Les enveloppes de l'Âme (Note 3)
Dans mon dernier article, « Mesmérisme », j'en suis arrivé à la conclusion que l'homme mortel intérieur possède plusieurs enveloppes par lesquelles il entre en contact avec la Nature, perçoit ses mouvements et manifeste d'autre part ses propres fonctions et pouvoirs. C'est une doctrine aussi ancienne que n'importe quelle École Ésotérique existant de nos jours, et remontant à une époque bien antérieure à la création de nos académies scientifiques modernes. Il est absolument nécessaire que nous la comprenions, si nous voulons arriver à une interprétation exacte du véritable Mesmérisme.
Au lieu de considérer que l'être humain est uniquement ce que nous en voyons, il nous faut l'envisager comme un être tout à fait différent, qui fonctionne et perçoit d'une façon qui lui est propre, et qui est obligé de traduire toute impression extérieure, comme aussi celles provenant de l'intérieur, d'un langage en un autre, c'est-à-dire d'images en mots, signes et actes, ou vice versa. Le manque de précision provient des difficultés d'une langue qui, jusqu'à présent, n'a guère eu à traiter de tels sujets, et dont le développement s'est poursuivi dans une civilisation tout à fait matérialiste. L'homme est une Âme et en tant qu'Âme il se tient au milieu des objets matériels. Si, d'une part, cette Âme évolue vers les états supérieurs, pour elle-même, elle est obligée en même temps d'élever, d'affiner, de purifier et de perfectionner la matière dite « grossière » dans laquelle elle est astreinte à vivre. Car, bien que nous appelions du nom de « matière » les états les plus denses de la substance, elle n'en est pas moins formée de « vies » qui ont en elles la potentialité de devenir des Âmes, dans un avenir immensément éloigné ; et l'Âme étant elle-même une vie constituée de vies plus petites, elle se trouve dans la nécessité de rester, par fraternité, dans les liens de la matière, jusqu'à ce qu'elle soit arrivée à donner à cette dernière l'impulsion nécessaire pour la faire progresser sur le sentier de la perfection.
Ainsi, durant les âges incalculables qui se sont écoulés depuis le début de l'évolution actuelle de notre système solaire, l'Âme a construit pour son propre usage diverses enveloppes, allant de celles faites de matière la plus fine, très proches de sa propre nature essentielle, jusqu'à celles qui en sont le plus éloignées, en terminant par l'enveloppe physique extérieure, la plus illusoire de toutes, bien qu'apparaissant au dehors comme la seule vraiment réelle. Ces enveloppes sont indispensables si l'Âme doit apprendre ou agir. Car, par ses seuls pouvoirs elle est incapable de comprendre la Nature ; au moyen de ces diverses enveloppes, elle traduit instantanément toutes les sensations et idées suivant une chaîne de processus qui lui permet finalement de guider le corps ici-bas, ou d'obtenir elle-même des expériences des plans supérieurs. Je veux dire par là que tout ce que l'Âme veut exprimer doit passer par les différentes enveloppes, chacune transmettant pour ainsi dire son message à l'enveloppe inférieure qui lui fait suite ; de la même façon, elles transmettent l'impression de bas en haut, dans le cas de sensations provenant de phénomènes naturels extérieurs. Dans les premiers temps de l'évolution, dans toutes les premières étapes, cette transmission exigeait une durée appréciable, mais au point où nous en sommes de l'avancement du système sur la ligne évolutive, elle requiert un laps de temps si infinitésimal que nous sommes en droit de l'appeler instantanée, dans le cas de personnes normales et bien équilibrées. Il existe naturellement des exemples où une durée plus longue est nécessaire par suite de l'activité ralentie de l'une ou l'autre des enveloppes.
Le nombre d'enveloppes bien distinctes de l'Âme est de sept, mais leurs différenciations secondaires donnent un nombre apparent beaucoup plus élevé. D'une façon générale, chacune se divise en sept subdivisions, et celles-ci participent toutes de la nature de leur classe particulière. L'on peut donc dire qu'il existe quarante-neuf enveloppes susceptibles d'être classifiées.
Le corps physique peut être considéré comme une enveloppe dont les subdivisions seraient la peau, le sang, les nerfs, les os, la chair, les muqueuses, etc...
Le corps astral en est une autre, mais les hommes d'aujourd'hui ne le reconnaissent pas aussi facilement. Il possède ses propres subdivisions qui correspondent en partie à celles du corps physique. Mais se trouvant d'un degré plus élevé que ce dernier, il comprend plusieurs subdivisions du corps physique dans une seule des siennes. Par exemple, les sensations périphériques du sang, de la peau, de la chair et des muqueuses sont comprises dans une seule subdivision astrale.
Et sur ce point précis, les Écoles Ésotériques diffèrent de la pathologie et physiologie modernes et apparaissent en contradiction avec elles. Car l'école moderne prétend que les nerfs seuls reçoivent et transmettent les sensations dans la peau, les muqueuses et la chair. En apparence, il semble en être ainsi, mais les faits envisagés de l'intérieur sont différents, ou plutôt beaucoup plus nombreux, et ils conduisent à des conclusions supplémentaires. De même aussi, nous nous heurtons aux idées professées par le xrxème siècle au sujet du sang. Nous disons que les cellules du sang et le liquide qui les charrie sont à même de recevoir et de transmettre des sensations.
Chaque subdivision des enveloppes physiques remplit non seulement la fonction de recevoir et de transmettre des sensations, mais elle a aussi le pouvoir d'en retenir le souvenir, qui est enregistré dans le ganglion approprié du corps d'où il va s'inscrire — par une chaîne de transmission continue — dans le centre correspondant de sensation et d'action du corps astral. En même temps, le cerveau physique a toujours le pouvoir, ainsi qu'il est bien connu, de collecter toutes les sensations et impressions physiques.
Ayant exposé ces données, sans présenter d'arguments — ce qui est inutile si on n'y joint pas de démonstrations physiques — passons au point suivant. L'homme inférieur qui récolte, pourrait-on dire, pour l'usage de l'Âme toutes les expériences des plans inférieurs à celle-ci, peut, à volonté s'il est exercé, ou involontairement s'il y est forcé par une intervention extérieure, un accident, ou une anomalie de naissance, vivre dans le champ des sensations et des impressions d'une ou de plusieurs enveloppes du corps physique ou du corps astral.
S'il est exercé, il ne sera pas induit en erreur, ou s'il est victime d'une illusion momentanée, il la dissipera aisément. Si, au contraire, il n'est pas discipliné, l'illusion et l'erreur entacheront toutes les sensations. Si l'organisme est malade, ou contraint d'agir par la force, les actes extérieurs peuvent être accomplis d'une façon correcte, mais l'intelligence libre est absente, et il se produit toutes les hallucinations et illusions des états hypnotiques et mesmériques.
Si l'homme intérieur inférieur fonctionne dans le champ des sensations de quelque centre ou sens astral, ou si l'on préfère, s'il vit dans le plan de ce centre, il se produit de la clairvoyance ou de la clairaudience, du fait que l'homme intérieur rapporte au cerveau les impressions correspondantes provenant de plans de la nature semblables en tout point.
Et lorsqu'à ceci s'ajoute un contact partiel avec quelque subdivision physique mineure des enveloppes, l'erreur n'en est que plus grande, car l'expérience d'un groupe limité de cellules est prise pour une impression subie par tout l'organisme, et cette expérience est transmise par le cerveau dans le langage employé par un être normal. Et, en réalité, les combinaisons possibles sont si vastes dans ce domaine que je n'en ai mentionné que quelques-unes en guise d'exemple.
Cette possibilité de l'homme intérieur inférieur de s'unir à une ou plusieurs enveloppes, en restant séparé de toutes les autres, a conduit l'une des écoles françaises d'hypnotisme à la conclusion que tout homme est un ensemble de personnalités dont chacune est complète en elle-même.
Les positions adoptées ci-dessus ne sont pas contredites par le fait observé à Paris et à Nancy qu'un sujet en état d'hypnose n° 2 ne connaît rien de l'état n° l, car toute personne saine, fonctionnant normalement, synthétise tous les divers groupes de sensations, d'expériences et de souvenirs en un tout global représentant intégralement leur somme totale, dans laquelle les différents groupes constitutifs ne se distinguent plus de l'ensemble.
Il importe aussi de se souvenir que chaque personne a suivi telle ou telle ligne d'action dans ses vies antérieures, qui a exercé et développé telle ou telle enveloppe particulière de l'Âme. Et, bien qu'à la mort beaucoup de ces enveloppes soient détruites en tant qu'ensembles collectifs, le résultat de leur développement passé n'est pas perdu pour l'être qui se réincarne. Il est conservé grâce aux lois mystérieuses qui guident les atomes, lorsqu'ils se groupent à la naissance d'une nouvelle demeure personnelle, destinée à être habitée par l'Âme qui revient sur terre. Il est bien connu que les atomes, physiques et astraux, ont passé par toute espèce d'expériences ou d'entraînement. Quand l'Âme se réincarne, elle attire à elle les atomes physiques et astraux qui, autant que possible, ont subi des expériences du même ordre que les siennes dans le passé. Souvent, elle retrouve une certaine quantité de la matière dont elle a fait usage dans sa vie antérieure. Et si les sens astraux ont fait l'objet d'une attention spéciale et d'un développement particulier dans l'existence précédente sur terre, l'être qui naît sera un médium ou un véritable voyant, ou un vrai sage. Tout dépend de l'équilibre fondamental des forces réalisé dans la vie antérieure. Par exemple, une personne qui s'est essentiellement occupée, dans une autre incarnation, de développement psychique, sans s'attacher à la philosophie, ou qui a commis d'autres erreurs, renaîtra peut-être comme un médium irresponsable ; un autre être, du même genre, pourra revenir sur terre comme clairvoyant partiel, tout à fait indigne de confiance ; et ainsi de suite ad infinitum.
Renaître dans une famille de purs dévôts et de sages authentiques a toujours été considéré dans le passé comme une réalisation très difficile à atteindre. Cette difficulté peut être vaincue graduellement par l'étude philosophique et par l'effort altruiste en vue d'aider les autres, joints à la dévotion envers le Soi Supérieur, en poursuivant dans ce sens durant de nombreuses vies. Toute autre sorte de pratique conduit à un égarement plus grand encore.
L'Âme est liée au corps par une soumission aux passions du corps, et inversement. Elle en est libérée lorsqu'Elle devient impassible devant les sollicitations du corps.
Ce que la Nature lie, la Nature le sépare aussi ; et ce que l'Âme lie, l'Âme de même le sépare. Ainsi, la Nature a lié le corps à l'Âme, mais l'Âme s'attache elle-même au corps. La Nature, donc, libère le corps de l'Âme, mais l'Âme se libère elle-même du corps.
Il existe par conséquent une double mort : la première, universellement connue, libère le corps de l'Âme ; mais l'autre, particulière aux philosophes, permet à l'Âme de se libérer du corps. Et l'une ne fait pas nécessairement suite à l'autre.
Notes
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(1) Cet article fut publié par W. Q. Judge pour la première fois dans la Revue Lucifer de mai 1892.
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(2) Processus appelé Nitya pralaya (N.d.T).
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(3) Cet article fut publié pour la première fois par W. Q. Judge dans la Revue Lucifer de juin 1892.
Cahier Théosophique 22
© Textes Théosophiques, Paris
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