LA CHRONOBIOLOGIE

LA CHRONOBIOLOGIE 

La chronobiologie est une discipline scientifique nouvelle qui étudie les rythmes biologiques en fonction de la variable temps.
Cette science a établi que l'organisme humain (comme celui de tous les êtres vivants) possède de multiples horloges biologiques qui sont liées aux rythmes cosmiques.

L'alternance du jour et de la nuit est ainsi en relation avec un rythme circadien (circa : environ; dies: jour) de notre organisme.
Le Dr Lenzel, de Hambourg, puis le Dr Halberg, de Minneapolis, ont pu dénombrer plusieurs cycles majeurs qui constituent autant d'horloges biologiques journalières.
La température du corps, la circulation du sang, la respiration, l'activité du foie, de l'estomac, des intestins, du système nerveux, des reins, la composition chimique du sang, le métabolisme basal, la cadence des battements du coeur, la sécrétion de diverses hormones, etc. subissent des rythmes qui reflètent l'alternance du jour et de la nuit.

La succession des saisons agit de façon semblable et toutes les fonctions biologiques de l'homme évoluent au cours des saisons. Le coeur, par exemple, bat plus vite en été, l'activité de la glande thyroïde est plus forte au printemps tandis que les cheveux et la barbe poussent beaucoup plus vite en septembre qu'en janvier (indications valables pour l'hémisphère Nord).

Les travaux les plus intéressants dans ce domaine des horloges biologiques saisonnières concernent les relations entre les types de maladies et les saisons. Il a pu être mis en évidence un véritable calendrier des maladies, grâce surtout aux travaux des chercheurs allemands, qui fait ressortir un nombre maximal de certaines affections à certaines périodes de l'année (voir tableau).

A ces rythmes biologiques liés au rythme jour-nuit et aux rythmes des saisons il faut ajouter d'autres rythmes liés à la Lune, à l'activité solaire, et aux planètes. Toutes ces nouvelles données corroborent donc les constatations faites par les Chinois qui sont exprimées dans la théorie des cinq éléments. Avec l'influence des saisons sur les divers organes et fonctions, et dans la circulation horaire de l’énergie.

La médecine chinoise est même allée plus loin puisqu'elle a établi une corrélation entre deux systèmes cycliques, les IO Gan et les 12 Zhi, qui représentent les énergies terrestres et les énergies célestes. L'étude de ces deux cycles n'a pas de correspondant en Occident et l'on peut parler d une véritable chronobiologie chinoise.

CHRONOBIOLOGIE CHINOISE

La philosophie chinoise accorde un intérêt tout particulier au Ciel, à la Terre, ou plutôt au couple Ciel/Terre qui symbolise les parties constituantes, opposées et complémentaires comme le couple Yang/Yin, de l'Univers.
Dans un ouvrage récent, le Ciel et la Terre sont définis ainsi: « Le Ciel résulte de la séparation au sein du Il chaos des souffles yang qui se réunissent et, plus légers, se tiennent » en haut. La Terre, de même, résulte de la séparation au sein du« chaos des souffles yin qui se réunissent et, plus lourds, se tiennent en bas . »

L 'homme est l'être bipède par excellence qui est, par sa position verticale, l'intermédiaire privilégié entre le Ciel et la Terre: « De » toutes les existences qui s'accomplissent entre le Ciel qui les couvre » et la Terre qui les porte, celle de l'homme est la plus précieuse 2 » (Su Wen). L’homme subit donc les influences conjuguées du Ciel et de la Terre et celles-ci sont en relation avec son système énergétique. C'est l'étude de la combinaison entre les influences terrestres et les influences célestes que nous appelons ici chronobiologie chinoise.

Les influences terrestres sont représentées dans le système des 10 Gan (Kan dans les anciennes transcriptions). Ce système à base 10 se déduit de 5 qui est le chiffre de la Terre: il y a 5 éléments, 5 saisons, 5 organes, etc. De plus, l'énergie passe successivement d'un organe à l'autre suivant un cycle précis lié aux saisons (voir ce mot). Le passage de 5 à 10 se fait naturellement s'il considère le cycle saisonnier de l’énergie.
Chaque organe est en effet en plénitude à une saison donnée. Mais il est normal que cet excès d'énergie n'apparaisse pas subitement au début de la saison pour passer d'un coup à l'organe suivant à la fin de la saison. Chaque organe se charge d'énergie peu à peu au début de sa saison pour atteindre un summum et se décharger peu à peu à la fin de sa saison: il ya donc une phase ascendante et une phase descendante. De la combinaison de ces deux phases pour chacun des cinq organes résulte le cycle des 10 Gan.

Les influences célestes sont représentées dans le système de 12 Zhi (Che ou Tche dans les anciennes transcriptions). Les 12 Zhi correspondent aux 12 mois de l'année et aussi aux 6 climats et aux 6 grands méridiens (chacun des climats est présent deux fois dans le cycle des influences célestes).
L’homme qui subit cette double influence, terrestre et céleste, est donc soumis à la confrontation de deux cycles, l’un à base 10 l’autre à base 12. L’intégration de ces deux cycles forme ce que l’on appelle le système des Gan et des Zhi. Il peut être représenté par l’engrenage de deux roues dentées, l’une avec10 dents et l’autre avec 12 dents.

Une dent donnée d'une des roues se trouvera correspondre avec telle autre dent donnée de la deuxième roue au bout de 60 tours (60 est le plus petit commun multiple de 10 et 12). L'intégration des deux cycles donne donc un nouveau cycle de base 60.
Concrètement, la circulation de l'énergie dans le système des méridiens se déroule en 10 phases successives chaque année: ce cycle correspond aux influences terrestres. Mais cette énergie subit aussi chaque année les influences célestes des 12 Zhi avec les attaques des 6 climats. Si l'on arrive à mettre en relation pour une certaine année l'un des 10 Gan, c'est-à-dire l'une des 10 demi-saisons, avec l'un des 12 Zhi, c'est-à-dire avec 1'un des 6 climats ou l'un des 6 grands méridiens, on pourra, pour chaque moment de l'année, connaître les correspondances entre les attaques climatiques et l'état énergétique normal des organes. Cette connaissance est particulièrement intéressante pour les prévisions ou pour remonter à l'origine d'une maladie.

Une telle correspondance avait autrefois été établie par la médecine chinoise mais la transposition en Occident s'avère très difficile car les bases de l'astronomie de l'antiquité chinoise diffèrent de la nôtre. Après plusieurs tentatives plus ou moins fructueuses, il semble cependant que les travaux en chronobiologie chinoise soient sur le point d'aboutir. Certaines tables sont déjà publiées et des programmes pour mini-ordinateurs seront peut-être un jour sur le marché. Ils permettront aux acupuncteurs de savoir quels sont les points particulièrement efficaces (ou au contraire néfastes) qu'il faut piquer à un moment donné. Cette redécouverte des correspondances entre les cycles du Il temps qu'il fait » (12 Zhi) et du « temps qui passe » (10 Gan) ouvre donc des perspectives nouvelles à l' acupuncture en Occident (des travaux semblables sont effectués en Chine nouvelle).