PSYCHISME
La tradition chinoise ne reconnaît pas au psychisme une existence indépendante de l'organisme.
Il n y a pas de séparation entre le corps et le mental et il n'existe aucune notion semblable à un esprit ou une âme dont les manifestations seraient seulement immatérielles et spirituelles. Le corps physique et le psychisme sont les expressions à des niveaux divers d'un même continuum énergétique; ainsi, le mental est plus yang que le physique, qui est plus yin, mais tous deux procèdent de la même énergie première.
On comprend dans ces conditions que toutes les manifestations mentales et sentimentales soient en interdépendance avec les différents organes et que l'on puisse appliquer les lois d'interaction des cinq éléments au domaine de la vie psychique.
Il faut tout d'abord distinguer cinq entités viscérales, ou entités psvchiques, qui sont rattachées aux cinq organes. Selon la définition d'A. Faubert I les entités viscérales sont « les différentes activités » mentales rattachées et conséquentes à chaque organe. ..[ elles sont] » la vie psychique inhérente à chaque organe ». Les termes qui désignent ces entités sont difficilement traduisibles et on utilise généralement leur nom chinois. Dans le tableau ci-dessous, nous avons mis entre parenthèses un terme français {ainsi que l'ancienne transcription} pour donner une idée de ce que recouvrent ces concepts d'entités viscérales. Cette traduction est cependant très restrictive par rapport à la signification de l'idéogramme et ne doit être prise que comme une indication
Bois - Foie - Hun (roun, mémoire héréditaire) - Colère
Feu - Coeur - Shen (chenn, intelligence globale) - Joie
Terre - Rate - Yi (1, réflexion) - Soucis
Métal - Poumon - Po (pro, instinct cellulaire) - Tristesse
Eau – Reins - Zhe (tche, volonté) - Peur
Une fois reconnues ces premières correspondances, on peu adapter les lois des cinq éléments aux activités psychiques ainsi définies et envisager un certain nombre d'interactions qui sont inconnues de la médecine et de la psychologie occidentale.
Les manifestations psychiques peuvent être par exemple salutaires en tant qu'acte libératoire (la colère, quand le foie est attaqué énergétiquement) ; les actions sur les organes peuvent être régulatrices des troubles psychiques (en cas de tristesse, il faut régulariser l'énergie des poumons) ; les attitudes psychiques peuvent en entraîner d'autres (la joie contrôle la tristesse qui, elle-même, contrôle la colère, etc.).
Ces quelques exemples montrent la richesse des enseignements que l'on peut tirer des conceptions chinoises, d'autant plus que tous les facteurs décrits ailleurs (les cycles d'engendrement et de destruction des cinq éléments, les cycles saisonniers, horaires, etc.) interviennent aussi au niveau du psychisme.
Souvent, une action appropriée au niveau des organes peut améliorer grandement l'état psychique, comme d'ailleurs un état psychique équilibré agit sur les maladies de l'organisme (ce que retrouve actuellement la médecine psychosomatique).
Malheureusement, la médecine occidentale est encore très réfractaire à de tels concepts, et médecins de l'esprit et médecins du corps continuent de travailler séparément en ignorant tous deux les grandes lois universelles.