MAITRE M

Les Enseignements du Maitre MORYA

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LA DOCTRINE SECRETE VOL 2

SECTION XVI - LE ZODIAQUE ET SON ANTIQUITE

SECTION XVI

LE ZODIAQUE ET SON ANTIQUITE

 

"Tous les hommes sont enclins à avoir une haute opinion de leur intelligence et à s'entêter dans les opinions qu'ils professent", dit Jordan, qui ajoute avec raison : "et pourtant presque tous les hommes sont guidés par l'intelligence des autres, non pas par la leur, et l'on pourrait à bon droit dire d'eux, à plus juste titre, qu'ils adoptent leurs opinions plutôt qu'ils ne les créent".

C'est doublement vrai en ce qui concerne les opinions scientifiques sur des hypothèses proposées – ce sont souvent les préjugés et le parti pris de soi-disant "autorités" qui tranchent des questions d'une importance tout à fait vitale pour l'histoire. Il existe plusieurs de ces opinions préconçues auxquelles s'attachent nos savants Orientalistes et il y en a peu qui soient plus injustes ou plus illogiques que l'erreur générale au sujet de l'antiquité du Zodiaque. Grâce à la marotte de certains Orientalistes allemands, des Sanscritistes anglais et américains ont adopté l'opinion du professeur Weber, d'après laquelle les peuples de l'Inde n'avaient aucune idée ni aucune notion du Zodiaque avant l'époque de l'invasion macédonienne, et suivant laquelle les anciens Hindous l'avaient emprunté aux Grecs pour l'importer dans leur pays. Plusieurs "autorités" nous font savoir, en outre, qu'aucune nation orientale n'a eu connaissance du Zodiaque avant que les Hellènes n'eussent aimablement communiqué leur invention  à leurs voisins. Et cette assertion est risquée en dépit du Livre de Job qu'ils reconnaissent eux-mêmes comme étant le plus ancien du canon hébreu et certainement antérieur à Moïse ; en dépit de ce livre qui parle de  la création "du Chariot, d'Orion, des Pléiades [Osh. Késil et Kimah] et des signes du Midi" 744, du Scorpion  et  de  Mazaruth  –  LES DOUZE SIGNES 745 ; termes qui, s'ils ont le moindre sens, impliquent que le Zodiaque était connu même parmi les tribus Arabes nomades. On assure que le Livre de Job a précédé Homère et Hésiode d'au moins mille ans, et ces deux poètes grecs florissaient eux-mêmes environ huit siècles avant l'ère chrétienne M. Sans compter, soit dit en passant, que ceux  qui préfèrent croire Platon – qui nous montre Homère florissant bien plus tôt – pourraient indiquer un certain nombre de signes [II 436] du Zodiaque qui sont mentionnés dans l'Iliade et l'Odyssée, dans les poèmes Orphiques et ailleurs ; mais puisque, d'après l'absurde hypothèse de certains critiques modernes, non seulement Orphée, mais même Homère et Hésiode n'ont jamais existé, ce serait perdre son temps que de même mentionner ces auteurs archaïques. L'Arabe Job suffira ; à moins, toutefois, que son volume de lamentations, joint aux poèmes des deux Grecs auxquels nous pouvons ajouter ceux de Linus, ne soit aussi attribué à un faux patriotique du juif Aristobule ; mais si le Zodiaque était connu du temps de Job, comment les Hindous, si civilisés et si philosophes, auraient-ils pu l'ignorer ?

744 Job, IX, 9.

745 Ibid., XXXVIII, 31, 32.

 

En affrontant les traits de la critique moderne – un peu émoussés par le mauvais emploi qu'on en fait – le lecteur peut se familiariser avec la savante opinion de Bailly sur cette question. On peut démontrer  le caractère erroné des théories basées sur des déductions, mais les calculs mathématiques ont une base plus solide. Prenant pour point de départ diverses références astronomiques contenues dans Job, Bailly a imaginé un moyen très ingénieux de prouver que les premiers fondateurs de la science du Zodiaque appartenaient à un peuple primitif antédiluvien. Le fait qu'il semble disposé à reconnaître quelques-uns des patriarches bibliques dans Thoth, Seth et dans le Fohi chinois, ne nuit en rien à la validité des preuves qu'il donne de l'antiquité du Zodiaque 746. Même si nous acceptons, dans l'intérêt de la discussion, son prudent chiffre de 3.700 ans avant Jésus- Christ comme représentant l'âge exact de la Science Zodiacale, cette date établit de la façon la plus irréfutable que ce ne furent pas les Grecs qui inventèrent le Zodiaque, pour la bonne raison qu'ils n'existaient pas, en tant que nation, trente-sept siècles avant Jésus-Christ – au moins comme race historique admise par les critiques. M. Bailly calcula donc à quelle époque les constellations avaient manifesté les influences atmosphériques que Job appelait "les douces influences des Pléiades" 747, en Hébreu Kimah, celles d'Orion, Késil, et celles des pluies du désert en rapport avec le Scorpion, la huitième constellation ; il constata qu'en présence de l'éternelle conformité de ces divisions du Zodiaque et des noms des planètes énumérées dans le même ordre, partout et toujours et vu l'impossibilité d'attribuer tout cela au hasard et à des "coïncidences" – [II 437] "qui ne créent jamais de pareilles similitudes" – il fallait, en vérité, attribuer une très haute antiquité au Zodiaque 748.

746 Bailly, Astronomie Antique, p. 53 [cité tome IV de Des Esprits].

747 Les Pléiades, comme tout le monde le sait, sont sept étoiles situées au-delà du Taureau et qui apparaissent au commencement du printemps. Elles ont une signification très Occulte dans la Philosophie Esotérique Hindoue et se rattachent au Son et à d'autres principes mystiques de la Nature.

748 Voyez Astronomie Antique, pp. 63 à 74.

749 Rois, I. I. XXIII, 5.

 

De même, si la Bibleest supposée faire autorité en quoi que ce soit  – et il existe encore des gens qui la considèrent comme telle ; que ce soit pour des raisons Chrétiennes ou Cabalistiques – on constate que le Zodiaque est clairement mentionné dans le Deuxième livre des Rois, III, 5. Avant que le "livre de la loi" ne fût "découvert" par le grand prêtre Hilkiah (II, 8), les signes du Zodiaque étaient connus et adorés. On avait pour eux la même adoration que pour le Soleil et la Lune, puisque les prêtres auxquels les rois de Juda avaient ordonné de brûler de l'encens… à Baal, au Soleil, à la Lune, aux planètes et à toute la légion du ciel 749.

c'est-à-dire aux "douze signes ou constellations", comme l'explique la note marginale qui se trouve dans la Bibleanglaise, puisque ces prêtres, dis-je, avaient obéi durant des siècles à cette injonction. Ce n'est qu'en 624 avant J.-C. que le roi Josias mit un terme à leur idolâtrie.

L'Ancien Testament est plein d'allusions aux douze signes  du Zodiaque et le récit tout entier est basé sur lui – héros, personnages et événements. Ainsi, dans le rêve de Joseph, qui vit onze "Etoiles" s'incliner devant la douzième qui était son "Etoile", on fait allusion au Zodiaque. Les Catholiques Romains y ont découvert, en outre, une prophétie du Christ qui serait représenté par cette douzième Etoile et les apôtres par les onze autres ; l'absence de la douzième était aussi considérée comme  une allusion prophétique à la trahison de Judas. Les douze fils de Jacob constituent aussi une allusion à ce même Zodiaque, comme Villapandus le fait remarquer avec raison 750. Sir James Malcolm, dans son History of Persia 751, nous montre que le Dabistan se fait l'écho de toutes ces traditions concernant le Zodiaque. Il en fait remonter l'invention aux premiers jours de l'Age d'Or de l'Iran, en faisant remarquer que l'une de ces traditions affirme que les Génies des planètes sont représentés sous l'aspect et les traits qu'ils avaient pris lorsqu'ils s'étaient montrés à plusieurs des saints prophètes, et ont ainsi provoqué l'établissement des rites basés sur le Zodiaque.

Pythagore, et après lui Philon le Juif, considéraient le nombre 12 comme sacré. [II 438]

Ce nombre duodécimal est parfait. C'est celui des signes du Zodiaque, que le Soleil visite en douze mois, et c'est pour honorer ce nombre que Moïse a divisé sa nation en douze tribus, qu'il a établi les douze pains de proposition et qu'il a placé douze pierres, précieuses sur le pectoral des pontifes 752.

750 Temple de Jérusalem, Vol. II, 2ème partie, chap. XXX [Des Esprits, Tome IV, p. 581.

751 Chap. VII [Des Esprits, Tome IV, p. 551.

752 Cité par de Mirville, Des Esprits, IV, pp. 58-9.

 

D'après Sénèque, Bérose enseignait à prophétiser tous les événements et cataclysmes futurs au moyen du Zodiaque, et on constate que les époques fixées par lui, pour la conflagration du Monde – Pralaya – et pour un déluge, correspondent à celles qui sont indiquées dans un ancien papyrus égyptien. Une semblable catastrophe se produit à chaque renouvellement du cycle de l'Année Sidérale de 25.868 ans. Les noms des mois, chez les Akkadiens, étaient dérivés des noms des signes  du Zodiaque, et les Akkadiens sont fort antérieurs aux Chaldéens. M. Proctor démontre dans ses Myths and Marvels of Astronomy que les Astronomes antiques étaient arrivés à une Astronomie très exacte 2.400 ans avant Jésus-Christ ; les Hindous font remonter le début de leur Kali Yoûga à une grande conjonction périodique des planètes trente et un siècles avant Jésus- Christ, mais, malgré cela, ce furent, paraît-il, les Grecs faisant partie de l'expédition d'Alexandre le Grand qui furent, pour l'Astronomie, les instructeurs des Hindous aryens !

 Que l'origine du Zodiaque soit Aryenne ou Egyptienne, elle n'en est pas moins d'une immense antiquité. Simplicius, au sixième siècle de notre ère, écrit qu'il a toujours entendu dire que les Egyptiens avaient conservé des  observations  et  des  archives  astronomiques  durant  une  période de 630.000 ans. Cette déclaration paraît effrayer M. Gerald Massey qui fait remarquer, à ce propos, que :

Si nous considérons ce nombre d'années comme représentant des mois auxquels, d'après Euxode, les Egyptiens donnaient le nom d'années, c'est-à-dire de périodes de temps, nous n'en atteindrons pas moins une durée égale à deux cycles de précession [51.736 ans] 753.

Diogène Laërte faisait remonter les calculs astronomiques des Egyptiens à 48.863 ans avant Alexandre le Grand 754. Martianus Capella corrobore cette affirmation en faisant savoir à la postérité que  les Egyptiens avaient secrètement étudié l'Astronomie pendant plus de 40.000 ans, avant de communiquer leur savoir au monde 755. [II 439]

On a recours, dans Natural Genesis, à plusieurs citations importantes dans le but de justifier les théories de l'auteur, mais elles confirment bien plus les enseignements de la Doctrine Secrète. Par exemple, on cite un passage de la Vie de Sylla, de Plutarque, dans lequel il dit :

Un jour que le ciel était serein et clair, on y entendit le son d'une trompette, si fort, si aigu et si triste, que cela effraya et étonna le monde. Les sages de la Toscane dirent que cela présageait une nouvelle race d'hommes et un renouvellement du monde ; ils affirmaient, en effet, qu'il y avait huit espèces distinctes d'hommes, différant tous par leur vie et leurs manières, et que le ciel avait alloué à chacune une période de temps limitée par la durée de la grande année [25.868 ans] 756.

753 Natural Genesis, II, p. 318.

754 Proœm, 2.

755 Astronomy Of The Ancients, Lewis, p. 264.

756 Natural Genesis, II, p. 319.

  Cela rappelle fortement nos Sept Races d'hommes et la huitième – "l'homme-animal" – descendant de la Tardive Troisième Race ainsi que les submersions et destructions successives des continents, à la suite desquelles cette Race disparut presque entièrement. Jamblique dit :

Les Assyriens n'ont pas seulement conservé les souvenirs historiques de vingt-sept myriades d'années [270.000 ans], comme l'assure Hipparque, mais aussi ceux de toutes les apocatastases et de toutes les périodes des Sept Régents du Monde 757.

Cela se rapproche, autant qu'il est possible, des calculs de la Doctrine Esotérique. En effet, on compte 1.000.000 d'années pour notre Race- Racine actuelle (la Cinquième), et il s'est écoulé environ 850.000 ans depuis la submersion de la dernière grande île – faisant partie du Continent de l'Atlantide – la Bouta de la Quatrième Race, celle des Atlantéens, tandis que Daitya, une petite île habitée par une race mélangée, ne fut détruite qu'il y a 270.000 ans environ, pendant la Période Glaciaire ou à peu près (voir volumes III et IV). Quant aux Sept Régents, ou aux sept grandes Dynasties de Rois Divins, ils font partie des traditions de tous les grands peuples de l'antiquité. Partout où le nombre douze est mentionné, il s'agit invariablement des douze signes du Zodiaque.

Ce fait est tellement évident, que les écrivains Catholiques Romains – spécialement les Ultramontains de France – se sont tacitement mis d'accord pour rattacher les douze Patriarches juifs aux signes du Zodiaque. C'est fait d'une façon quelque peu prophético-mystique qui, pour les pieux et les ignorants, fait songer à un prodigieux gage, à une tacite reconnaissance divine du "peuple élu par Dieu", dont [II 440] le doigt a intentionnellement tracé dans les cieux, dès le début de la création, le nombre de ces Patriarches. Par exemple, il est assez curieux que ces auteurs, de Mirville entre autres, reconnaissent toutes les caractéristiques des douze Signes du Zodiaque dans les paroles que Jacob mourant adressa à ses Fils et dans le tableau qu'il fit de l'avenir réservé à chaque Tribu 758. De plus, les bannières particulières de ces tribus portaient, dit-on, les mêmes symboles et les mêmes noms que les Signes, symboles qui étaient reproduits sur les douze pierres d'Urim et de Thummim et sur les douze ailes des deux Chérubins. Tout en laissant à ces Mystiques le soin d'établir l'exactitude des rapports qu'ils prétendent exister, nous allons les citer : L'Homme, ou le Verseau, est dans la sphère de Ruben que l'on déclare être "instable comme l'eau" (la Vulgate dit : "impétueux comme l'eau") ; les Gémeaux sont dans celle de Simon et de Lévi, à cause de leur puissante association fraternelle ; le Lion est dans celle de Juda. "Le puissant Lion" de sa tribu, "le lionceau du Lion" ; les Poissons sont dans celle de Zabulon, qui "demeure dans le port de la mer" ; le Taureau est dans celle d'Issachar, parce que celui-ci est "un puissant âne couché", etc., et qu'il est conséquemment associé aux écuries ; (la Vierge-) le Scorpion est dans celle de Dan, que l'on représente comme "un serpent, une vipère qui mord sur la route", etc. ; le Capricorne est dans celle de Naphtali, qui est "une biche (ou cerf) mise en liberté" ; le Cancer est dans celle de Benjamin, parce qu'il est "vorace" ; la Balance est dans celle d'Asher, dont "le pain sera gras" ; le Sagittaire est dans celle de Joseph, parce que "son arc demeurait puissant". Pour servir au douzième signe, la Vierge séparée du Scorpion, nous avons Dinah, l'unique fille de Jacob. La tradition nous montre les prétendues tribus arborant les douze signes sur leurs étendards, mais, en outre, la Bibleest vraiment pleine d'allusions théo- cosmologiques, ainsi que de symboles astronomiques et de personnifications.

757 Proclus, In Timœurn, I.

758 Genèse, XLIX.

 

Il reste à se demander et à rechercher – si la destinée des réels Patriarches vivants était aussi indissolublement liée au Zodiaque – comment il se fait qu'après la perte des dix tribus, dix signes, sur les douze, n'aient pas miraculeusement disparu aussi des champs étoilés ? Pourtant cela est d'importance secondaire. Occupons-nous plutôt de l'histoire du Zodiaque lui-même.

Il ne serait pas mauvais de rappeler au lecteur quelques-unes des opinions exprimées au sujet du Zodiaque par plusieurs des hautes autorités de la Science.[II 441]

Newton était d'avis que l'on pouvait faire remonter l'invention du Zodiaque jusqu'à l'expédition des Argonautes, et Dulaure fixait son origine à l'année 6.500 avant Jésus-Christ, juste 2.496 ans avant la création du monde, d'après la chronologie de la Bible.

Creuzer pensait qu'il était très facile de démontrer que la plupart des Théogonies étaient intimement liées à des calendriers religieux et avaient leur origine première dans le Zodiaque – sinon dans le Zodiaque que nous connaissons, du moins dans quelque chose de tout à fait analogue. Il avait la certitude que le Zodiaque, avec ses relations mystiques, constituait la base de toutes les mythologies, sous une forme ou une autre, et avait existé pendant de longues périodes sous son antique forme, avant d'être revêtu de la forme astronomique précise qu'il a maintenant, en raison de la singulière coordination de certains événements 759.

Que les "génies des planètes", nos Dhyân-Chohans des sphères super- mondiales, se soient montrés ou non à de "saints prophètes", comme on l'assure dans le Dabistan, il semble que de grands personnages laïques et des guerriers auraient jadis joui de la même faveur en Chaldée, à l'époque où la Magie astrologique et la Théophanie marchaient la main dans la main.

Xénophon, homme peu ordinaire, parlant de Cyrus, raconte... qu'au moment de sa mort, il remercia les Dieux et les héros de l'avoir eux- mêmes, si souvent, instruit au sujet des signes qui sont dans les cieux (ὲν ου̉ρανίοις σηµείοις) 760.

759 Creuzer, III, p. 930.

760 Cyropédie, VIII, p. 7, telle qu'elle est citée dans Des Esprits, IV, P. 55.

 

A moins que la Science du Zodiaque ne soit reconnue comme étant de l'antiquité et de l'universalité les plus hautes, comment pourrions-nous expliquer que l'on en retrouve les Signes dans les plus  antiques Théogonies ? On dit que Laplace fut frappé de stupéfaction par le fait que les jours de Mercure (Mercredi), de Vénus (Vendredi), de Jupiter (Jeudi), de Saturne (Samedi) et autres, étaient rattachés aux jours de la semaine, aux Indes, comme dans le nord de l'Europe, dans le même ordre et sous les mêmes noms.

Essayez, si vous pouvez, avec le système actuel de civilisations autochtones, si en faveur de nos jours, d'expliquer comment des nations, dont les ancêtres, les traditions et le lieu de naissance n'ont rien de commun, auraient pu réussir à inventer une sorte de fantasmagorie céleste, un véritable imbroglio de dénominations sidérales, sans suite et sans but, n'ayant aucun rapport figuratif    [II 442]    avec    les    constellations    qu'elles représentent et encore moins, apparemment, avec les phases de notre vie terrestre qu'elles sont appelées à décrire – s'il n'y avait eu à la racine de tout cela une intention générale et une cause universelle ? 761 Dupuis a affirmé la même chose avec beaucoup de vérité :

 Il est impossible de découvrir le moindre trait de ressemblance entre les parties du ciel et les figures que les astronomes y ont arbitrairement tracées ; et,  d'un autre côté, le hasard est impossible 762.

761 Des Esprits, IV, pp. 59, 60.

762 Origine de tous les Cultes, "Zodiaque, ibid., p. 61.

 

Assurément, le hasard est impossible ! Le "hasard" n'existe pas dans la Nature, où toutes choses sont mathématiquement coordonnées et reliées entre elles dans leurs unités. Coleridge dit :

Le mot hasard n'est que le pseudonyme de Dieu [ou de la Nature], pour les cas particuliers qu'Il ne désire pas signer ouvertement de Sa propre main.

Remplacez le mot "Dieu" par Karma et vous aurez un  axiome Oriental. Aussi les "prophéties" sidérales du Zodiaque, comme les appellent les Mystiques Chrétiens, ne font-elles jamais allusion à un événement particulier, quelque solennel et sacré qu'il puisse être pour une partie quelconque de l'humanité, mais à des lois périodiques de la Nature qui se reproduisent sans cesse et qui ne sont comprises que par les Initiés des Dieux Sidéraux eux-mêmes.

Aucun Occultiste, aucun Astrologue né en Orient, ne sera jamais d'accord avec les Mystiques Chrétien, ou même avec l'Astronomie mystique de Kepler, malgré sa science profonde et son érudition, et cela parce que, si ses prémisses sont tout à fait correctes, les déductions qu'il en tire sont partiales et faussées par des préjugés chrétiens. Là où Kepler découvre une prophétie faisant directement allusion au Sauveur, d'autres nations voient le symbole d'une loi éternelle décrétée pour le Manvantara actuel. Pourquoi voir dans les Poissons une allusion directe au Christ – à l'un des nombreux réformateurs du monde, qui  est  un  Sauveur pour ses partisans  directs,  mais  n'est  qu'un  grand  et  glorieux  Initié  pour  tous  les autres – alors que cette constellation resplendit comme le symbole de tous les Sauveurs Spirituels, passés, présents et futurs, qui distribuent la lumière et  dissipent  les  ténèbres  mentales ?  Les  Symbologistes  chrétiens  ont cherché à prouver que ce signe appartenait à Ephraïm fils de Joseph, l'élu de [II 443] Jacob, et que, par conséquent, c'était au moment de l'entrée du Soleil  dans  ce  signe  des  Poissons,  que  le  "Messie  Elu",  l'Ιχθυ̉ς  des premiers Chrétiens, devait naître. Mais si Jésus de Nazareth fut ce Messie, est-il réellement né à ce "moment", ou bien l'heure de sa naissance a-t-elle été  ainsi  fixée  grâce  à  une  adaptation  des  Théologiens  qui  cherchaient simplement à faire cadrer leurs idées préconçues avec les faits sidéraux et avec les croyances populaires ? Chacun sait que l'heure et l'année réelles de la naissance de Jésus sont absolument inconnues, et ce sont les Juifs – dont   les   ancêtres   donnèrent   au   mot   Dag   la   double   signification   de "Poisson" et de "Messie", durant le développement forcé de leur langage rabbinique – qui sont les premiers à repousser cette prétention Chrétienne. Que  dire  aussi  de  ce  fait  que  les  Brahmanes  rattachent  leur  "Messie", l'éternel  Avatar  Vishnou,  à  un  Poisson  et  au  Déluge,  et  de  ce  que  les Babyloniens   firent   aussi  un   Poisson   et   un   Messie   de   leur   Dag-On, l'Homme-Poisson et Prophète ?

Il y a, parmi les Egyptologues, de savants iconoclastes qui disent :

Lorsque les Pharisiens cherchèrent un "signe du ciel", Jésus dit : "Aucun signe ne sera donné... sauf le signe du prophète Jonas". (Matthieu XVI, 4)... le signe de Jonas est celui d'Oan ou de l'Homme-Poisson de Ninive. Assurément il n'y eut aucun autre signe que celui du Soleil renaissant dans les Poissons. La voix de la Sagesse Secrète dit que ceux qui attendent des signes ne peuvent obtenir que celui du retour de l'Homme-Poisson, Ichthys, Oannès ou Jonas – qui ne pouvait être fait chair.

Il semblerait que Kepler soutenait, comme un fait positif, qu'au moment de "l'incarnation" toutes les planètes étaient en conjonction  dans le signe des Poissons, que les Cabalistes juifs appelaient la "constellation du Messie". Kepler affirmait que :

C'est dans cette constellation que l'on peut trouver l'étoile des Mages.

 Cette affirmation, citée par de Mirville qui l'empruntait au docteur Sepp 763, a enhardi le premier à faire remarquer que :

Les traditions juives, tout en annonçant cette étoile que beaucoup de nations ont vue [ !] 764 ajoutaient qu'elle absorberait les [II 444] soixante-dix planètes qui président aux  destinées  de  diverses  nations  de  ce globe 765. "En vertu de ces prophéties naturelles, dit le docteur Sepp, il était écrit dans les étoiles du firmament que le Messie naîtrait durant l'année lunaire du monde 4.320, durant la mémorable année au cours de laquelle le chœur entier des planètes célébrerait son jubilé 766.

763 Vie de Notre-Seigneur Jésus-Christ, I, p. 9 (cité dans Des Esprits, IV, 67).

764 Que beaucoup de nations aient vu cette même étoile ou non, nous savons nous que les tombes des "trois Mages" – qui portaient les noms tout à fait teutons de Kaspar et de Melchior, celui de Balthazar faisant seul exception et les deux premiers n'ayant presque rien en eux de la consonance chaldéenne – sont montrées par les prêtres dans la fameuse cathédrale de Cologne, où  non seulement on suppose, mais où on affirme que les corps des Mages ont été ensevelis.

765 Cette tradition au sujet des soixante-dix planètes qui président aux destinées des nations, est basée sur l'enseignement cosmogonique Occulte d'après lequel, en dehors de notre chaîne septénaire de Planètes-Mondes, il y en a beaucoup d'autres dans le Système Solaire.

766 Des Esprits, IV, p. 67.

 

Il y avait vraiment, au début du siècle actuel, une rage pour réclamer – une restitution de la part des Hindous, pour le prétendu vol commis aux dépens des Juifs, en leur prenant leurs "Dieux", leurs patriarches et leur chronologie. C'est Wilford qui reconnaissait Noé dans Prithus et dans Satyavrata, Enos dans Dhrouva, et même Assur dans Ishvara. Après avoir habité l'Inde pendant tant d'années, quelques Orientalistes, au moins, auraient dû savoir que les Brahmanes n'étaient pas les seuls à posséder ces chiffres et à diviser leur Grande Epoque en quatre plus petites. Néanmoins, ceux qui écrivent dans Asiatic Researches se permettent les plus extravagantes spéculations. S. A. Mackey, "le philosophe, astronome et cordonnier" de Norwich, fait remarquer avec beaucoup de justesse que :

Les théologiens chrétiens croient de leur devoir d'attaquer dans leurs ouvrages les longues périodes de la chronologie Hindoue et, chez eux, cela peut être pardonnable, mais lorsqu'un savant crucifie les noms et les chiffres des anciens et les torture et les fausse pour leur donner une forme qui leur confère une signification tout à fait différente de celle que les anciens auteurs avaient l'intention de leur donner, mais qui, ainsi mutilée, cadre si bien avec l'éclosion d'une lubie préexistant dans son cerveau, qu'il se prétend stupéfait par la découverte, je ne puis le considérer comme aussi excusable 767.

Cela s'adresse au capitaine (plus tard colonel) Wilford, mais  les mêmes paroles pourraient s'adresser à plus d'un de nos Orientalistes modernes. Wilford fut le premier à mettre le comble à ses peu heureuses théories sur la chronologie [II 445] hindoue et sur les Pourânas en établissant un rapport entre les 4.320.000.000 ans et la  chronologie biblique et cela en se bornant à rapetisser le chiffre jusqu'à 4.320 ans – l'année lunaire qui est supposée celle de la Nativité. Le docteur Sepp n'a fait que copier l'idée de ce vaillant officier. De plus, il persistait à les considérer comme propriété juive et comme prophétie chrétienne, et accusait ainsi les Aryens de s'être servis de la révélation sémitique, alors que c'est précisément le contraire. En outre, il ne faut pas accuser les Juifs d'avoir dépouillé directement les Hindous, dont il est probable qu'Ezra ne connaissait aucunement les chiffres. Ils les ont évidemment et indéniablement empruntés aux Chaldéens, avec leurs Dieux. Ils firent des 432.000  ans  des  Dynasties  Divines  des  Chaldéens 768,  les  4.320 années 4.320 ! ! ! Comme ces chiffres, d'après les anciens auteurs, avaient été basés par Bérose sur 120 Saros – chacune des divisions représentant six Néros de 600 ans chacun, ce qui fait un total de 432.000 ans – ils sembleraient péremptoires, fait remarquer de Mirville (Des Esprits, III, p. 24). Aussi le pieux professeur de Munich entreprit-il de les expliquer d'une manière correcte. Il prétend avoir trouvé la solution en prouvant que, "le saros étant composé, suivant Pline, de 222 mois synodiques, soit de 18 ans 6/10", le calculateur se reporta naturellement aux chiffres "donnés par Suidas" qui affirmait que les "120 saros faisaient 2.222 années sacerdotales et cycliques, qui étaient égales à 1.656 années solaires". (Vie de Notre-Seigneur Jésus-Christ. II, p. 417, cité par de Mirville.)

Mais Suidas n'a rien dit de pareil et, même s'il l'avait dit, il n'aurait par-là prouvé que peu de choses ou rien du tout. Ces Néros et les Saros constituaient la même épine dans le flanc des anciens auteurs non-initiés, que le 666 de la "Grande Bête" dans celui des auteurs modernes, et les premiers chiffres ont trouvé leurs infortunés Newtons, tout comme les derniers.

 lunaires depuis la création du monde jusqu'à l'ère Chrétienne ; quant aux Dieux Babyloniens et Egyptiens, ils les transformèrent tranquillement et modestement en Patriarches. Toutes les nations ont été plus ou moins coupables d'une pareille réfection ou adaptation d'un Panthéon – jadis commun à toutes – de Dieux et de Héros universels en Dieux et Héros nationaux ou tribaux. C'était une propriété juive, sous le nouvel aspect que lui donnait le Pentateuque, et aucun Israélite n'a jamais cherché à l'imposer à une autre nation – moins qu'à toutes aux Européennes. [II 446]

Sans nous arrêter à étudier cette chronologie fort peu scientifique plus longtemps qu'il n'est nécessaire, nous pouvons cependant faire quelques remarques, que l'on trouvera sans doute pertinentes. Les 4.320 années lunaires du monde – dans la Bibleon se sert d'années solaires – ne sont pas fantaisistes, comme telles, même si leur application est tout à fait erronée ; elles ne constituent, en effet, que l'écho déformé des doctrines Esotériques primitives et des plus récentes doctrines brahmaniques au sujet  des Yougas. Un Jour de Brahmâ est égal à 4.320.000.000 années, de même qu'une Nuit de Brahmâ, ou durée du Pralaya ; après quoi un nouveau SOLEIL se lève triomphalement sur un nouveau Manvantara, pour la Chaîne Septénaire qu'il illumine. L'enseignement s'était répandu en Palestine et en Europe, des siècles avant l'ère chrétienne 769, et était présent à l'esprit des Juifs Mosaïques qui basèrent sur lui leur petit Cycle, bien qu'il n'ait été complètement exprimé que grâce aux chronologistes Chrétiens de la Biblequi l'adoptèrent, ainsi que la date du 25 décembre, jour où tous les Dieux solaires étaient réputés avoir été incarnés. Qu'y a-t-il donc d'étonnant à ce que l'on ait fait naître le Messie  durant "l'année lunaire du monde 4.320 ? Le "Soleil de Justice et de Salut" s'était levé une fois de plus et avait dissipé les ténèbres pralayiques du Chaos et du Non- Etre sur le plan de notre petite Chaîne et de notre petit Globe objectifs. Une fois que l'objet de l'adoration était déterminé, il était facile de faire cadrer les événements supposés, de sa naissance, de sa vie et de sa mort, avec les nécessités Zodiacales et avec les antiques traditions, bien qu'il fût nécessaire de les modeler quelque peu à nouveau pour la circonstance.

Ainsi, ce qu'a dit Kepler, en sa qualité de grand Astronome, devient compréhensible. Il reconnaissait la grande et universelle importance de toutes ces conjonctions planétaires "dont chacune" – comme il le dit si bien – "constitue une année climatérique de l'Humanité" 770. La rare conjonction [II 447] de Saturne, Jupiter et Mars avait sa signification et son importance à cause des grands résultats certains qu'elle provoquait, aux Indes et en Chine tout autant qu'en Europe, pour les Mystiques de ces contrées. Quant à soutenir que la Nature n'avait que le Christ en vue lorsqu'elle constituait ses constellations fantastiques et sans signification (pour le profane), cela ne représente plus maintenant qu'une simple présomption. Si l'on prétend que ce n'est pas le hasard qui a poussé les antiques architectes du Zodiaque, il y a des milliers d'années, à marquer l'emblème du Taureau de la lettre a, en se bornant, pour prouver que c'était une allusion prophétique au Verbe ou Christ, à dire que l'aleph du Taureau veut dire "l'UN" et le "PREMIER", et que le Christ était aussi l'alpha ou "l'UN", on peut alors établir que cette "preuve" est étrangement invalidée de plus d'une façon. Tout d'abord, le Zodiaque existait en tout cas avant l'ère chrétienne ; de plus, tous les Dieux Solaires – Osiris, par exemple – avaient été mystiquement rattachés à la constellation du Taureau et chacun d'eux avait été appelé le "Premier" par ses adorateurs. En outre, les compilateurs des épithètes mystiques ajoutées au nom du Sauveur Chrétien étaient tous plus ou moins familiarisés avec la signification des signes du Zodiaque, et il est plus facile de supposer qu'ils aient arrangé leurs prétentions de façon à les faire cadrer avec les signes mystiques, que d'admettre que ceux-ci aient brillé en guise de prophétie pour une portion de l'humanité, durant des millions d'années, sans tenir compte des innombrables générations précédentes, ni de celle qui devaient naître dans la suite.

On nous dit :

Ce n'est pas le pur hasard qui, dans certaines sphères, a placé sur un trône la tête de ce taureau [Taurus] cherchant à repousser un Dragon avec la croix ansée ; nous devrions savoir que cette constellation du Taureau était appelée "la grande cité de Dieu et la mère des révélations" et aussi "l'interprète de la voix divine" l'Apis Pacis d'Hermontis, en Egypte, qui, [ainsi que les Pères de l'Eglise voudraient le faire croire au monde], est réputé avoir proféré des oracles qui se rapportaient à la naissance du Sauveur 771.

On peut répondre de plusieurs manières à cette prétention théologique. Primo, la croix ansée égyptienne, ou Tau, la croix Jaina ou Svastika et la croix chrétienne, ont toutes la même signification. Secundo, aucun peuple, aucune nation, sauf les chrétiens, n'a donné au Dragon la signification qu'on lui donne aujourd'hui. Le Serpent était le symbole de la [II 448] SAGESSE et le Taureau le symbole de la génération physique ou terrestre. Aussi le Taureau repoussant le Dragon, ou Sagesse divine spirituelle, avec le Tau, ou la Croix – qui représente, au point de vue ésotérique, "la base et l'échafaudage de toute construction" – aurait une signification entièrement phallique et physiologique, s'il n'avait encore une autre signification inconnue à nos savants et à nos symbologistes Bibliques. En tout cas, elle n'a aucun rapport spécial avec le Verbe de saint Jean, sauf, peut-être, dans un sens général. Le Taureau – qui, soit dit en passant, n'est par un agneau, mais un taureau – était sacré dans toutes les Cosmogonies, pour les Hindous comme pour les Zoroastriens, pour les Chaldéens comme pour les Egyptiens. Tous les collégiens savent cela.

Cela nous aidera peut-être à rafraîchir la mémoire de nos Théosophes, si nous les invitons à se reporter à ce qui a été dit de la Vierge et du Dragon et à l'universalité des naissances et renaissances périodiques des Sauveurs du Monde – des Dieux Solaires –  mentionnée  dans  Isis Dévoilée 772, à propos de certains passages de l'Apocalypse.

En 1853, le savant qui s'appelle Erard-Mollien lut devant l'Institut de France un travail tendant à établir l'antiquité du Zodiaque indien, dans les signes duquel on découvrait la racine et la philosophie de toutes les plus importantes fêtes religieuses de ce pays ; le conférencier chercha à démontrer que l'origine de ces cérémonies religieuses se perd dans la nuit des temps jusqu'à, au moins, 3.000 ans avant Jésus-Christ. Le Zodiaque des Hindous, pensait-il, était de beaucoup antérieur à celui des Grecs et en différait beaucoup par certains détails. On y voit le Dragon sur un Arbre, au pied duquel la Vierge, Kanyâ-Dourgâ, une des plus anciennes Déesses, est placée sur un Lion qui traîne le chariot solaire. Il disait :

C'est pour cette raison que la Vierge Dourgâ ne constitue pas le simple mémento d'un fait astronomique, mais est réellement la plus ancienne divinité de l'Olympe Indien. C'est évidemment elle dont le retour est annoncé dans tous les livres Sibyllins – source des inspirations de Virgile – une époque de rénovation universelle... Puisque les noms des mois sont encore aujourd'hui tirés de ce Zodiaque Indien, par les peuples qui parlent le Malayalim [dans les Indes méridionales], pourquoi ces peuples l'auraient-il abandonné pour prendre celui des Grecs ? Tout prouve, au contraire, que ces personnages du Zodiaque furent transmis aux Grecs par les Chaldéens qui les tenaient des Brahmanes 773. [II 449]

Tout cela, pourtant, constitue une preuve bien médiocre. Souvenons- nous toutefois de ce qu'ont dit et accepté les contemporains de Volney, qui fit remarquer que, puisque Ariès se trouvait dans son quinzième degré, 1.447 ans avant J.-C., il s'ensuit que le premier degré de la Balance n'aurait pu coïncider avec l'équinoxe du printemps, plus tard que 15.194 ans avant J.-C. ; si nous ajoutons à cela, poursuit-il, les 1.790 années qui nous séparent de la naissance du Christ, il semble que 16.984 ans ont dû s'écouler depuis l'origine du Zodiaque 774.

771 Des Esprits, IV, p. 61.

772 IV, p. 192.

 773 Voyez le Recueil de l'Académie des Inscriptions, 1853 ; cité dans Des Esprits, IV, p. 62.

774 Ruins of Empires, p. 360.

775 Voyez aux pp. 54, 196 et suivantes.

 

En outre, le docteur Schlegel, dans son Uranographie Chinoise, assigne à la Sphère Astronomique chinoise une antiquité de 18.000 ans 775.

Néanmoins, comme les opinions citées sans preuves à l'appui sont peu utiles, il est peut-être préférable de nous en tenir aux preuves scientifiques.

  1. Bailly, le fameux Astronome français du siècle dernier, membre de l'Académie, etc., affirme que les systèmes Astronomiques  des Hindous sont de beaucoup les plus anciens et que c'est d'eux que les Egyptiens, les Grecs, les Romains et même les Juifs ont tiré leur savoir. A l'appui de cette théorie, il dit :

Les astronomes qui existèrent avant 1491 sont, d'abord, les Grecs d'Alexandrie ; Hipparque qui florissait 125 ans avant notre ère et Ptolémée, 260 ans après Hipparque. Après ceux-ci, vinrent les Arabes, qui ressuscitèrent l'étude de l'astronomie du neuvième siècle. Ils furent suivis par les Persans et les Tartares à qui nous devons les tables de Nassireddin en 1269 et celles d'Ulugberg en 1437. Telle est la succession en Asie des événements qui sont connus avant l'époque indienne de 1491. Qu'est-ce donc qu'une époque ? C'est l'observation de la longitude d'une étoile à un moment donné, de l'emplacement du ciel où elle a été vue, observation qui sert de point de repère, de point de départ, pour calculer les positions, tant passées que futures, de l'étoile, d'après l'étude de son mouvement. Toutefois, une époque ne peut être utile que si le mouvement de l'étoile a été déterminé. Un peuple, pour qui la science est nouvelle et qui est obligé d'emprunter une astronomie étrangère, n'éprouve aucune difficulté à fixer une époque, puisque l'unique observation nécessaire peut être faite à tout instant. Ce qu'il lui faut, avant tout, ce qu'il est obligé d'emprunter, ce sont les éléments qui doivent être déterminés avec précision et qui nécessitent  des  observations continuelles ; surtout les mouvements qui dépendent du temps et qui ne peuvent être déterminés avec exactitude qu'après des siècles d'étude. Ces mouvements doivent donc être empruntés à une nation qui se soit livrée à cette étude [II 450] et qui ait, dans son passé, des siècles de labeur. Nous en concluons donc qu'un peuple nouveau n'empruntera pas les époques d'un ancien sans lui emprunter en même temps  les  "mouvements moyens". En partant de ce principe, nous constaterons que les époques hindoues de 1491 et de 3102 ne sauraient avoir été tirées de celles de Ptolémée ou d'Ulug-beg.

Il reste la supposition que les Hindous, après avoir comparé leurs observations de 1491 avec celles précédemment faites par Ulug-beg et Ptolémée, employèrent les intervalles qui séparaient ces observations pour déterminer les mouvements moyens. La date de celles d'Ulug-beg était trop récente pour servir à une pareille détermination, tandis que la date de celles de Ptolémée et d'Hipparque est à peine assez éloignée. Toutefois, si les mouvements des Hindous avaient été déterminés par ces comparaisons, les époques seraient reliées entre elles. En partant des époques d'Ulug-beg et de Ptolémée, nous arriverions à toutes celles des Hindous. D'où il résulte que les époques étrangères n'ont pas été connues des Hindous ou leur ont été inutiles 776.

Nous pouvons ajouter à cela une autre considération importante. Lorsqu'une nation est obligée d'emprunter à ses voisines les méthodes ou les mouvements moyens de ses tables astronomiques, elle a encore plus besoin de leur emprunter, en outre, la connaissance des inégalités de mouvements des corps célestes, les mouvements des apogées, des nœuds et de l'inclinaison de l'écliptique ; bref, tous les éléments dont la détermination exige l'art d'observer l'emploi de certains instruments et une grande habileté. Tous ces éléments astronomiques, qui diffèrent plus ou moins chez les Grecs d'Alexandrie, les Arabes, les Persans et les Tartares, n'offrent aucune ressemblance avec ceux des Hindous. Ces derniers n'ont, par conséquent, rien emprunté à leurs voisins.

Si les Hindous n'ont pas emprunté leur époque, ils ont dû en posséder une réelle, qui leur était personnelle et qui était basée sur leurs propres observations ; ce doit être, soit l'époque de l'année 1491 de notre ère, soit celle de l'année  3102  avant  notre ère, époque qui précédaitde 4.592 ans celle de 1491. Nous avons à choisir entre ces deux époques et à décider quelle est celle des deux qui est basée sur l'observation, mais avant de présenter les arguments qui peuvent et doivent trancher la question, on nous permettra de soumettre quelques remarques à ceux qui seraient tentés de croire que ce sont les observations et les calculs modernes qui ont permis aux Hindous de déterminer les positions passées des corps célestes. Il n'est rien moins que facile de déterminer les mouvements célestes avec assez de précision pour pouvoir remonter le cours du temps jusqu'à 4.592 ans en arrière et être à même de décrire les phénomènes [II 451] qui ont dû se produire à cette époque. Nous possédons aujourd'hui d'excellents instruments ; depuis environ deux ou trois siècles on a fait des observations exactes qui nous permettent de calculer, avec une précision considérable, les mouvements moyens des planètes ; nous possédons les observations des Chaldéens, d'Hipparque et de Ptolémée, qui, étant donné l'époque reculée à laquelle elles remontent, nous permettent de fixer ces mouvements avec une certitude plus grande. Nous ne pouvons cependant pas entreprendre de représenter avec une exactitude invariable les observations qui se rapportent à la longue période qui s'est écoulée depuis les Chaldéens jusqu'à nous ; encore moins pourrions-nous entreprendre de déterminer avec exactitude les événements survenus 4.592 ans avant notre époque. Cassini et Maier ont, chacun, déterminé le mouvement séculaire de la Lune et ils diffèrent de 3 m 43 S. Cette différence donnerait naissance, après quarante-six siècles, à une incertitude de près de 3° au sujet de la place occupée par la Lune. L'un de ces calculs est, sans aucun doute, plus exact que l'autre et c'est aux observations excessivement anciennes qu'il appartient de décider quel est celui des deux qui est le plus exact. Pourtant lorsqu'il s'agit d'époques très reculées, durant lesquelles les observations font défaut, il s'ensuit que nous restons dans l'incertitude en ce qui concerne les phénomènes. Comment les Hindous auraient-ils donc pu faire remonter leurs calculs depuis l'année 1491 après  J.- jusqu'à l'année 3102 avant notre ère, s'ils n'avaient commencé que récemment leur étude de l'Astronomie ?

 776 Pour avoir une preuve scientifique détaillée de cette conclusion, voyez à la page 121 de l'ouvrage de M. Bailly, où la question est discutée au point de vue technique.

 

Les Orientaux n'ont jamais été ce que nous sommes. Quelque haute que soit l'opinion que nous puissions nous faire de leur savoir, en étudiant leur astronomie, nous ne pouvons jamais supposer qu'ils aient possédé les nombreux instruments qui distinguent nos modernes observatoires et qui sont le résultat des progrès simultanés de différentes branches de l'art ; et ils ne pouvaient posséder, non plus, ce génie des découvertes, qui semble, jusqu'à présent, avoir été l'apanage de l'Europe et qui, suppléant à l'insuffisance de temps, provoque le rapide progrès de la science et de l'intelligence humaine. Si les Asiatiques se sont montrés puissants et sages, c'est à la puissance du temps qu'ils doivent leur mérite et leur succès de toute sorte. La puissance a fondé ou détruit leurs empires ; tantôt elle a érigé des édifices imposants par leur masse, tantôt elle en a fait des ruines vénérables, et tandis que ces vicissitudes se succédaient, la patience accumulait le savoir et une longue expérience aboutissait à la sagesse. C'est l'antiquité des nations de l'Orient qui a édifié leur réputation scientifique.

Si les Hindous possédaient en 1491 une connaissance des mouvements célestes, assez précise pour leur permettre de remonter dans leurs calculs à 4.592 ans en arrière, il s'ensuit qu'ils n'avaient pu acquérir cette connaissance que grâce à des observations très anciennes. Leur reconnaître cette connaissance, tout en leur refusant les observations qui en découlent, c'est supposer une impossibilité ; [II 452] cela reviendrait à supposer qu'au début de leur carrière ils avaient déjà récolté les fruits du temps et de l'expérience. D'autre part, si leur époque de l'an 3102 est supposée d'être la vraie, il s'ensuivrait que les Hindous se seraient bornés à se tenir au courant, durant des siècles successifs, jusqu'à l'année 1491 de notre ère. Ainsi le temps lui-même fut leur instructeur ; ils connaissaient les mouvements des corps célestes durant ces époques, parce qu'ils les avaient vus, et le long séjour du peuple Hindou sur la terre est la cause première de la fidélité de ses archives et de la précision de ses calculs.

Il semble que le problème qui se pose, de savoir laquelle des deux époques de 3102 ou de 1491 est la véritable, devrait être résolu en se basant sur la considération suivante, à savoir que les anciens, en général, et les Hindous, en particulier, comme nous pouvons  le constater par la disposition de leurs tables, ne calculaient et, par suite, n'observaient que les éclipses. Or, il n'y eut aucune éclipse de Soleil au moment de l'époque 1491, et aucune éclipse de Lune durant les quinzaines de jours qui la précédèrent et la suivirent. Par conséquent l'époque de 1491 n'est pas basée sur une observation. En ce qui concerne l'époque de 3102, les Brahmanes de Tirvaloor la placent au moment du lever du Soleil, le 18 février. Le Soleil se trouvait alors dans le premier point  du Zodiaque, d'après sa véritable longitude. Les autres Tables prouvent qu'à minuit de la nuit précédente, la Lune occupait la même place, mais d'après sa longitude moyenne. Les Brahmanes nous disent aussi que ce premier point, origine de leur Zodiaque, était, en l'année 3102, à 54 degrés en arrière de l'équinoxe. Il s'ensuit que cette origine – le premier point de leur Zodiaque – se trouvait située dans le sixième degré du Verseau.

Il s'est donc produit là, à peu près à cette époque, une conjonction moyenne, et elle est, en effet, indiquée dans nos meilleures Tables : celles de La Caille pour le Soleil, et celles de Maier pour la Lune. Il n'y eut pas éclipse du Soleil, car la Lune se trouvait trop loin de son nœud, mais, quinze jours plus tard, la Lune, s'étant rapprochée du nœud, a dû être éclipsée. Les tables de Maier, employées sans la correction pour l'accélération, donnent cette éclipse, mais elles la placent durant la journée, à un moment où elle n'aurait pas pu être observée aux Indes. Les tables de Cassini la placent durant la nuit, ce qui prouve que les mouvements de Maier sont trop rapides pour les siècles éloignés, lorsque l'on ne tient pas compte de l'accélération, et ce qui prouve aussi qu'en dépit des progrès de nos connaissances, nous pouvons encore rester dans l'incertitude au sujet du réel aspect des cieux dans le passé.

Aussi croyons-nous que celle des deux époques hindoues qui est la véritable est celle de 3102, parce qu'elle fut accompagnée d'une éclipse qui pouvait être observée et qui a dû servir à la déterminer. [II 453] C'est une première preuve de l'exactitude de la longitude  assignée à ce moment, par les Hindous, au Soleil et à la Lune, et cette preuve suffirait peut-être, si cette antique détermination ne devenait pas de la plus  haute importance pour la vérification des mouvements de ces corps et ne devait pas, en conséquence, être appuyée sur toutes les preuves possibles d'authenticité.

Nous remarquons :

  1. que les Hindous semblent avoir combiné deux époques entre elles, durant l'année 3102. Les Brahmanes de Tirvaloor comptent d'abord à partir du premier moment du Kali Youga, mais ils ont une seconde époque placée 2 j, 3 h, 32 m, 30 s plus tard. Cette dernière est la véritable époque astronomique, tandis que la première semble être le point de départ d'une ère civile. Mais si cette époque du Kali Youga n'était pas réelle et n'était que le simple résultat d'un calcul, pourquoi aurait-elle été ainsi divisée ? Leur époque astronomique calculée serait devenue celle du Kali Youga, qui aurait été placée à la conjonction du Soleil et de la Lune, comme c'est le cas pour les époques des trois autres Tables. Ils doivent avoir eu un motif pour établir une distinction entre les deux et cette raison ne peut être attribuée qu'aux circonstances et au temps de l'époque, qui ne pouvait, en  conséquence, être le résultat d'un calcul. Ce n'est pas tout ; si nous prenons pour point de départ l'époque solaire déterminée par le lever du Soleil, le 18 février 3102, et que nous remontions le cours des événements pendant 2 j, 3 h, 32 m, 30 s, nous arrivons à 2 h, 27 m, 30 s de la matinée du 16 février, qui est l'instant où a commencé le Kali Youga. Il est curieux que l'on n'ait pas fait commencer ce cycle à l'une des quatre grandes divisions de la journée. On peut supposer que l'époque devrait être minuit et que les 2 h, 27 m, 30 s représentent une correction méridienne. Quelle qu'ait pu être la raison pour laquelle on a fixé ce moment, il est évident que si cette époque avait été le résultat du calcul, il eût été tout aussi facile de la reporter jusqu'à minuit, de manière à la faire correspondre avec l'une des principales divisions de la journée, au lieu de la placer à mi moment déterminé par une fraction du jour.
  1. Les Hindous affirment qu'au premier moment du Kali Youga, il y avait une conjonction de toutes les planètes, et leur table indique cette conjonction, tandis que les nôtres mentionnent qu'elle a pu réellement se produire. Jupiter et Mercure se trouvaient exactement dans le même degré de l'écliptique, tandis que Mars en était distant de 8° et Saturne de 17°. Il s'ensuit que vers cette époque, ou une quinzaine de jours après le commencement du Kali Youga, alors que le Soleil avançait dans le Zodiaque, les Hindous virent quatre planètes émerger successivement des rayons du Soleil ; d'abord Saturne, puis Mars, Jupiter et Mercure et ces planètes semblaient réunies dans un espace assez restreint. Bien que Vénus ne fût pas parmi ces planètes, le goût du merveilleux fit que l'on appela cette conjonction une conjonction générale [II 454] de toutes les planètes. Le témoignage des Brahmanes coïncide ici avec celui de nos Tables, et ce témoignage, fruit d'une tradition, doit être basé sur de réelles observations.
  1. Nous pouvons remarquer que ce phénomène fut visible environ une quinzaine de jours après l'époque, et exactement au moment où l'on a dû observer l'éclipse de Lune qui servit à la fixer. Les deux observations se confirment mutuellement, et celui qui a procédé à l'une a dû procéder aussi à l'autre.
  2. Nous avons aussi des raisons de croire que les Hindous ont déterminé en même temps l'emplacement du nœud de la Lune ; cela semble résulter de leurs calculs. Ils donnent la longitude de ce point de l'orbite lunaire au moment de leur époque, et ils y ajoutent une constante de 40 m, qui représente le mouvement du nœud en 12 jours et 14 heures. C'est comme s'ils déclaraient avoir procédé à cette détermination treize jours après leur époque et que, pour la faire correspondre avec celle-ci, nous devions ajouter les 40 m suivant lesquelles le nœud a rétrogradé dans l'intervalle. Cette observation porte donc la même date de l'éclipse de Lune, ce qui nous fournit trois observations qui se confirment mutuellement.
  3. Il ressort de la description que M. C. Gentil donne du Zodiaque Hindou, que les emplacements qu'y occupent les étoiles que l'on appelle Mil du Taureau et l'Epi de la Vierge peuvent être déterminés pour le commencement du Kali Youga. Or, en comparant ces emplacements avec les positions  réelles, réduites par notre précession des équinoxes pour le moment en question, nous constatons que le point qui marque l'origine du Zodiaque Hindou doit être situé entre le cinquième et le sixième degré du Verseau 777. Les Brahmanes avaient raison de placer ce point dans le sixième degré de ce signe, et cela d'autant plus que cette petite différence peut être due au mouvement même des étoiles qui est inconnu. Ce fut donc encore une autre observation qui permit aux  Hindous de déterminer avec une exactitude aussi satisfaisante le premier point de leur Zodiaque mobile.

Il ne me semble pas possible de mettre en doute l'existence dans l'antiquité d'observations  portant sur cette date. Les Persans disent que quatre splendides étoiles furent placées, en qualité de gardiennes, aux quatre coins du monde. Or il se trouve qu'au commencement du Kali Youga, 3.000 ou 3.100 ans avant notre ère, l'Œil du Taureau et le Cœur du Scorpion étaient exactement placés aux points équinoxiaux, tandis que le Cœur du Lion et le Poisson Austral étaient assez voisins des points solsticiaux. Une observation du lever des Pléiades dans la soirée, sept jours avant l'équinoxe d'automne, se rapporte aussi à l'an 3.000 avant notre ère. Cette observation et d'autres du même genre sont groupées dans les calendriers de Ptolémée, bien qu'il n'en cite pas les auteurs, [II 455] et ces observations, qui sont plus anciennes que celles des Chaldéens, pourraient bien être l'œuvre des Hindous. Ils connaissent bien la constellation des Pléiades, et alors que nous l'appelons vulgairement la "Poussinière", ils l'appellent la Pillalou- codi 778 – la "Poule et ses poussins". Ce nom est donc transmis de peuple à peuple et nous vient des plus anciennes nations de l'Asie. Nous voyons que les Hindous ont dû observer le lever des Pléiades et s'en servir pour régler leurs années et leurs mois, car cette constellation est aussi appelée Krittikâ. En effet, un de leurs mois porte le même nom et cette coïncidence ne peut être attribuée qu'au fait que ce mois était annoncé par le lever ou le coucher de la constellation en question.

777 La Balance dans l'édition de 1888.

778 [Mot Tamil.]

 

Ce qui démontre d'une manière encore plus décisive que les Hindous observaient les étoiles, et cela de la même façon que nous, en indiquant leur position par leur longitude ; c'est le fait, mentionné par Augustinus Riccius, que, après des observations attribuées à Hermès et faites 1.985 ans avant Ptolémée, l'étoile brillante de la Lyre et celle du cœur de l'Hydre se trouvaient chacune de sept degrés en avance sur leurs positions respectives, telles qu'elles avaient été déterminées par  Ptolémée. Cette détermination paraît fort extraordinaire. Ces étoiles avancent régulièrement par rapport aux équinoxes, et Ptolémée aurait dû trouver des longitudes supérieures  de

28 degrés à ce qu'elles étaient 1.985 ans avant son époque. De plus, il y a cette particularité remarquable, que la même erreur ou différence est constatée dans les positions des deux étoiles ; cette erreur était donc due à une cause qui affectait les deux étoiles au même titre. Ce fut dans le but d'expliquer cette particularité que l'Arabe Thebith imagina que les étoiles avaient un mouvement oscillatoire qui les faisait avancer et reculer alternativement. Le mal fondé de cette hypothèse fut facilement établi, mais les observations attribuées à Hermès restèrent inexpliquées. On trouve néanmoins leur explication dans l'Astronomie Hindoue. A la date attribuée à ces observations, 1.985 ans avant Ptolémée, le premier point de Zodiaque Hindou était en avance de 35 degrés sur l'équinoxe ; il en résulte que les longitudes comptées en partant de ce point étaient de 35 degrés supérieures à celles qui étaient comptées en partant de l'équinoxe. Pourtant, après une période de 1.985 ans, les étoiles ayant avancé de 28 degrés, il ne devait plus rester qu'une différence de 7 degrés entre les longitudes d'Hermès et celles de Ptolémée, et la différence devait être la même pour les deux étoiles, puisqu'elle était la conséquence d'une différence entre les points de départ du Zodiaque Hindou et de celui de Ptolémée qui partait de l'équinoxe. Cette explication est si simple et si naturelle qu'elle doit être vraie. Nous ignorons  si Hermès, dont la célébrité était si grande dans l'antiquité, était un Hindou, mais nous constatons que les observations qu'on lui [II 456] attribue sont faites d'après le procédé hindou et nous en concluons qu'elles furent faites par les Hindous qui étaient, par conséquent, capables de faire toutes les observations que nous avons énumérées et qui se trouvent notées dans leurs Tables.

  1. L'observation de l'an 3.102, qui semble avoir déterminé leur époque, n'était pas difficile. Nous constatons que les Hindous, après avoir déterminé le mouvement journalier de 13° 10' 35" de la Lune, s'en servirent pour diviser le Zodiaque en 27 constellations, en rapport  avec la période de la Lune qui met environ 27 jours pour la parcourir.

C'est en employant cette méthode qu'ils ont déterminé les positions des étoiles dans ce Zodiaque : c'est ainsi qu'ils découvrirent qu'une certaine étoile de la Lyre se trouvait dans  le  8s    24°,  le  Cœur  de  l'Hydre  dans  le  4s 7°, longitudes qui sont attribuées à Hermès, mais qui sont calculées sur le Zodiaque Hindou. De même ils découvrirent que l'Epi de la Vierge constitue le commencement de leur quinzième constellation, et l'Œil du Taureau la fin de la quatrième : l'une de ces étoiles se trouvant dans le 6s  6° 40' et l'autre dans le 1s  23° 20' du Zodiaque Hindou. Les choses étant ainsi, l'éclipse de la Lune, qui eut lieu quinze jours après l'époque du Kali Youga, se produisit en un point situé entre l'Epi de la Vierge et l'étoile θ de la même constellation. Ces étoiles constituent presque une constellation distincte, car l'une commence la quinzième et l'autre la seizième. Il n'était donc pas difficile de déterminer la position de la Lune, en mesurant la distance qui la séparait de l'une de ces étoiles ; de cette position, ils déduisirent celle du Soleil, qui se trouve opposée à la Lune, puis, connaissant leur mouvement   moyen, ils calculèrent que la Lune se trouvait au premier point du Zodiaque, d'après sa longitude moyenne, à minuit de la nuit du 17 au 18 février de l'an 3102 avant notre ère, et que le Soleil occupait la même place douze heures plus tard d'après sa longitude vraie, événement qui fixe le commencement de l'année Hindoue.

  1. Les Hindous déclarent que 20.400 ans avant le cycle de Kali Youga, le premier point de leur Zodiaque coïncidait avec l'équinoxe du printemps et que le Soleil et la Lune s'y trouvaient en conjonction. Cette époque est évidemment fictive 779, mais nous pouvons nous demander quel point, quelle époque les Hindous prirent pour point de départ  lorsqu'ils l'établirent. Si nous prenons les chiffres hindous pour la révolution du Soleil et de la Lune soit 365 j, 6 h, 12 m, 30 s et 27 j, 7 h, 43 m, 13 s, nous avons :

20.400     révolutions     du     Soleil     = 7.451.277 j 2 h

272.724   révolutions   de    la   Lune    = 7.451.277 j 7 h

Tel est le résultat que l'on obtient en prenant l'époque de Kali Youga pour point de départ, et l'assertion des Hindous qu'il y avait [II 457] conjonction à l'époque, est basée sur leurs Tables, mais si, tout en employant les mêmes éléments, nous prenons pour point de départ l'ère de 1491, ou une autre placée en l'an 1282, ère dont nous parlerons plus tard, il y aura toujours une différence d'un ou deux jours. Il est à la fois juste et naturel, en vérifiant les calculs hindous, de choisir parmi les éléments ceux qui donnent les mêmes résultats que ceux qu'ils ont obtenus et de prendre pour point de départ celle de leurs époques qui nous permet d'arriver à l'époque fictive  dont il s'agit. Donc, puisque pour établir ce calcul ils ont dû prendre pour point de départ leur époque réelle, celle qui est basée sur une observation et non pas l'une de celles qui furent déduites de la première par ce calcul même, il s'ensuit que leur réelle époque était celle de l'an 3102 avant notre ère.

  1. Les Brahmanes de Tirvalour fixent le mouvement de la Lune à 7s 2° 0' 7" sur le Zodiaque mouvant, et à 9s 7° 45' 1" par  rapport à l'équinoxe durant une grande période de 1.600.984 jours ou 4.386 ans et 94 jours. Nous pensons que ce mouvement a été déterminé par l'observation et nous devons déclarer tout d'abord que cette période est d'une durée qui la rend peu faite pour servir au calcul des mouvements moyens.

Dans leurs calculs astronomiques, les Hindous emploient des périodes 248, 3.031 et 12.372 jours ; mais outre que ces périodes, bien que beaucoup trop courtes, n'ont pas les inconvénients de la première, elles comprennent un nombre exact de révolutions de la Lune par rapport à son apogée. Ce sont, en réalité, des mouvements moyens. La grande période de 1.600.984 jours ne représente pas le total d'un certain nombre de révolutions ; il n'y a pas de raison pour qu'elle soit de 1.600.984 jours plutôt que de 1.600.985. Il semble que l'observation seule ait dû  fixer le nombre de jours et marquer le commencement et la fin de la période. Cette période prend fin le 21 mai 1282, de notre ère, à 5 h, 15 m, 30 s, de Bénarès. La Lune était alors à son apogée, suivant les Hindous et sa longitude était de :  7s  13° 45' 1" Maier donne une longitude de 7s  13° 53' 48" et place l'apogée à 7s  14° 6' 54"

 La détermination de la position de la Lune faite par les Brahmanes, ne diffère donc de la nôtre que de neuf minutes, et celle de l'apogée, de vingt-deux minutes, et il est de toute évidence que ce n'est que par l'observation qu'ils ont pu arriver à cet accord avec nos meilleures Tables et à cette exactitude dans les positions célestes. Si donc l'observation a fixé le terme de cette période, il y a toutes sortes de raisons de croire qu'elle en a déterminé le commencement, mais alors ce mouvement, déterminé directement, d'après la nature, devrait  nécessairement être strictement d'accord avec les véritables mouvements des corps célestes.

Or il est de fait que le mouvement Hindou, durant cette longue période de 4.883 ans, ne diffère pas d'une minute avec celui de [II 458] Cassini et concorde  également avec celui de Maier. Ainsi, deux peuples, les Hindous et les Européens, placés aux deux extrémités du monde et tout aussi éloignés peut-être par leurs institutions, ont obtenu exactement les mêmes résultats en ce qui concerne les mouvements de la Lune, ce qui serait inconcevable si leurs calculs n'avaient pas pour base l'observation et l'imitation mutuelle de la nature. Nous devons faire remarquer que les quatre Tables des Hindous sont toutes des copies de la même Astronomie. On ne peut nier que les Tables Siamoises existaient en 1687, époque à laquelle elles furent rapportées des Indes par M. de la Loubère. A cette époque les tables de Cassini et de Maier n'existaient pas, de sorte que les Hindous étaient déjà en possession du mouvement exact que renferment ces Tables alors que nous ne les possédions pas encore 780. Il faut donc bien admettre que 780 "Ce qui suit est une réponse adressée aux savants qui pourraient supposer que notre Astronomie eût été transportée aux Indes et communiquée aux Hindous par les missionnaires :

L'Astronomie hindoue a une forme spéciale, dont la caractéristique est l'originalité ; si c'était la traduction de notre astronomie, il eût fallu déployer beaucoup d'adresse et de savoir pour masquer le vol ;

En adoptant le mouvement moyen de la Lune, ils auraient adopté simultanément l'inclinaison de l'écliptique,  l'équation du centre du Soleil, la longueur de  l'année ; ces éléments diffèrent l'exactitude de ce mouvement [II 459] Hindou est le résultat de l'observation. Il est exact durant toute cette période de 4.383 ans, parce qu'il a été relevé sur le ciel lui-même, et, si l'observation en détermine la fin, elle en fixe aussi le commencement. C'est la plus longue période qui ait été observée et dont on ait gardé le souvenir dans les annales de l'Astronomie. Elle prend son origine dans l'époque de l'an 3.102 avant J.-C. et constitue une preuve très claire de la réalité de cette époque 781.

Nous avons cité Bailly aussi longuement, parce que c'est l'un des rares savants qui aient cherché à rendre justice à l'Astronomie des Aryens. Depuis John Bentley jusqu'à la Sûrya-Siddhânta de Burgers, aucun Astronome ne s'est montré assez juste envers le peuple le plus érudit de complètement des nôtres et sont d'une remarquable précision si on les rapporte à l'époque de 3.102, tandis qu'ils seraient extrêmement erronés, s'ils avaient été calculés pour le siècle dernier ;

Enfin, nos missionnaires n'auraient pu communiquer aux Hindous, en 1687, les tables de Cassini qui n'existaient pas encore à ce moment ; ils n'auraient pu connaître que les mouvements moyens de Tycho, Riccioli, Copernic, Bouillaud, Kepler, Longomontanus, et ceux des tables d'Alphonse. Je vais maintenant donner une nomenclature de ces mouvements moyens pour 4.383 ans et 94 jours (Riccioli, Almag. I, p. 255) 

Différence Mouvement moyen  avec les Hindous

 

 

 

jrs.

hrs.

min.

sec.

 

hrs.

min.

sec.

Alphonse……

9

7

2

47

-

0

42

14

Copernic…...

9

6

2

13

-

1

42

48

Tycho……

9

7

54

40

+

0

9

39

Kepler……

9

6

57

35

-

0

47

26

Longomontanus…..

9

7

2

13

-

0

42

48

Bouillaud……

9

6

48

8

-

0

58

53

Riccioli……

9

7

53

57

+

0

8

56

Cassini……

9

7

44

il

-

0

0

50

Hindous……

9

7

45

1

 

 

 

 

"Aucun de ces mouvements moyens, sauf celui de Cassini, ne s'accorde avec celui des Hindous, qui n'ont donc pas emprunté leurs mouvements moyens, puisque leurs chiffres ne concordent qu'avec ceux de Cassini dont les tables n'existaient pas en 1687. Ce mouvement moyen de la Lune appartient donc aux Hindous qui n'ont pu le déterminer que par l'observation." Ibid, note, pp. XXXVI, XXXVII.

781 BAILLY, Traité de l'astronomie Indienne et Orientale, pp. XX et suiv. Edition de 1787.

 

l'Antiquité. Quelque défigurée et mal comprise que puisse être la Symbologie Hindoue, aucun Occultiste ne peut manquer de lui rendre justice aussitôt qu'il connaît quelque chose des Sciences Secrètes ; il ne se détournera pas non plus de leur interprétation métaphysique et mystique du Zodiaque, quand bien même toute la pléiade des Sociétés Royales d'Astronomie se dresserait en armes pour attaquer l'interprétation mathématique qu'ils en donnent. La descente et la remontée de la Monade ou Ame ne peut être séparée des signes du Zodiaque, et il semble plus naturel, dans le sens de la justesse des choses, de croire à l'existence d'une mystérieuse sympathie entre l'Ame métaphysique et les brillantes constellations, et à l'influence de celles-ci sur l'Ame, plutôt qu'à l'absurde idée que les créateurs du Ciel et de la Terre ont placé dans le Ciel les types de douze Juifs vicieux. De plus, si, comme l'affirme l'auteur de The Gnostic and their Remains, le but de toutes les écoles Gnostiques et des Platoniciens qui leur ont succédé, était de concilier la foi antique avec l'influence de la théosophie des Bouddhistes, dont l'essence même était de ne considérer les innombrables Dieux de la mythologie Hindoue que comme des noms donnés aux Energies de la Première Triade dans ses Avatars successifs ou dans ses manifestations jusqu'à l'homme.

où pourrions-nous mieux chercher les traces de ces idées Théosophiques et remonter jusqu'à leur racine, si ce n'est en nous reportant à l'antique Sagesse hindoue ? Nous le répétons : l'Occultisme Archaïque resterait incompréhensible pour tous le monde si l'on cherchait à l'exprimer autrement que par les méthodes plus familières du Bouddhisme et de l'Hindouïsme. Le Bouddhisme est, en effet, l'émanation de  l'Hindouïsme, et ils sont, tous deux, les enfants d'une même mère – les enfants de l'antique Sagesse Lémuro-Atlantéenne.

 

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