MAITRE M

Les Enseignements du Maitre MORYA

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LA DOCTRINE SECRETE VOL 2

SECTION XV - EVOLUTION CYCLIQUE ET KARMA

SECTION XV

EVOLUTION CYCLIQUE ET KARMA

 

C'est l'évolution spirituelle de l'Homme intérieur et immortel qui constitue la doctrine fondamentale des Sciences Occultes. Pour comprendre, même approximativement, un pareil processus, l'étudiant doit croire :

  1. à la Vie universelle UNE, indépendante de la Matière (ou de ce que la Science considère comme Matière),
  2. Aux Intelligences individuelles qui animent les diverses manifestations de ce Principe.

Le Prof. Huxley ne croit pas à la Force Vitale ; d'autres Savants y croient. Le livre du docteur J. H. Hutchinson Stirling, intitulé As regards Protoplasm, n'a pas pu maltraité cette négation dogmatique. La décision prise par le professeur Beale est aussi en faveur du Principe Vital et les conférences du docteur B. W. Richardson sur l'Ether Nerveux ont été assez souvent citées. Les opinions sont donc partagées.

La VIE UNE est en relations étroites avec la Loi Une qui gouverne le monde de l'Etre – KARMA. Exotériquement, cela n'est, au sens littéral du mot, que "l'action" ou plutôt la "cause qui fait naître l'effet". Esotériquement, c'est une tout autre chose, dans ses effets moraux à grande portée. C'est l'infaillible LOI DE RETRIBUTION. Dire à ceux  qui ignorent la réelle signification, les caractéristiques et la redoutable importance de cette Loi éternelle et invariable, qu'aucune définition théologique d'une Divinité Personnelle ne peut donner une idée de ce principe actif impersonnel et pourtant toujours présent, serait parler en vain. On ne peut non plus l'appeler Providence, car pour les Théistes – au moins pour les Chrétiens Protestants – la Providence se plaît à être une personne du sexe mâle, tandis que, pour les catholiques Romains, c'est un pouvoir féminin. "La divine Providence, nous dit Wogan, tempère Ses bénédictions pour leur assurer un meilleur effet." En effet, "Il" les tempère, ce que Karma – principe asexué – ne fait pas.

 D'un bout à l'autre des deux premières parties de cet ouvrage, nous avons montré qu'aux premiers frissonnements de la vie renaissante, Svabhâvat, "le Rayonnement Changeant des Ténèbres Immuables inconscientes dans l'Eternité", passe, à chaque nouvelle renaissance du Cosmos, de l'état d'inaction à un état d'intense activité ; qu'il se différencie et commence alors son œuvre au cours de cette différenciation. Cette œuvre c'est KARMA. [II 419]

Les Cycles sont aussi subordonnés aux effets que produit cette activité.

L'unique Atome Cosmique devient sept Atomes sur le plan de la Matière et chacun d'eux est transformé en un centre d'énergie ; ce même Atome devient sept Rayons sur le plan de l'Esprit, et les sept Forces créatrices de la Nature, rayonnant de l'Essence-Racine..., suivent, l'une la voie de droite, l'autre celle de gauche, séparées jusqu'à la fin du Kalpa et pourtant étroitement enlacées. Qu'est-ce qui les unit ? KARMA.

Les Atomes émanés du Point Central émanent à leur tour de nouveaux centres d'énergie qui, sous le souffle potentiel de Fohat, commencent leur œuvre du dedans au dehors et multiplient d'autres centres inférieurs. Ceux- ci, au cours de l'évolution et de l'involution, forment à leur tour les racines ou la cause génératrice de nouveaux effets, depuis les mondes et les globes "habités par l'homme", jusqu'aux genres, aux espèces et aux classes de tous les sept règnes dont nous ne connaissons que quatre. En effet, comme le dit le Livre des Aphorismes de Tsong-Ka-pa :

Les ouvriers bénis ont reçu le Thyan-kam dans l'éternité.

Thyan-kam, c'est le pouvoir ou le savoir qui permet de diriger l'impulsion de l'Energie Cosmique dans le sens voulu.

Le véritable Bouddhiste, tout en ne reconnaissant aucun "Dieu personnel", aucun "Père", aucun "Créateur du Ciel et de la Terre", n'en croit pas moins à l'existence d'une Conscience absolue, Adi-Bouddhi, et le Philosophe Bouddhiste sait qu'il y a des Esprits Planétaires, les Dhyân- Chohans. Cependant, bien qu'il admette des "Vies Spirituelles", comme celles-ci sont temporaires dans l'éternité, elles n'en sont pas moins elles- mêmes, d'après sa Philosophie, "la Mâyâ du Jour", l'illusion d'un "Jour de Brahmâ", d'un court Manvantara de 4.320.000.000 d'années. Le Yin-Sin n'est  pas  fait  pour  servir  à  l'élaboration  de  théories  humaines, car le Seigneur Bouddha a strictement interdit toute recherche de ce genre. Si les Dhyân-Chohans et tous les Etres invisibles – les Sept Centres et leurs Emanations directes, les centres mineurs d'Energie – sont le reflet direct de la Lumière UNE, les hommes sont pourtant très éloignés de ceux-ci, puisque le Cosmos visible tout entier est constitué par des "Etres produits par eux-mêmes, les créatures de Karma". Considérant donc un Dieu personnel "comme n'étant qu'une ombre gigantesque jetée sur le vide de l'espace par l'imagination des hommes ignorants", les Bouddhistes enseignent que "deux choses sont [objectivement] éternelles, à savoir l'Akâsha et [II 420] le Nirvâna 730" et qu'en réalité les deux ne font qu'un et ne constituent qu'une maya lorsqu'ils sont divisés.

Tout est sorti de l'Akâsha [ou de Svabhâvat, sur notre terre], conformément à une loi de mouvement qui lui est inhérente, et après une existence d'une certaine durée, disparaît. Rien n'est jamais sorti de rien. Les Bouddhistes ne croient pas aux miracles ; aussi nient-ils la création et ne peuvent concevoir un créateur 731.

730 Le Bouddhisme sous forme de Catéchisme, par H. S. Olcott, Président de la Société Théosophique (trad. fr. 1905, p. 121).

731 Ibidem, p. 121.

 

Si l'on demandait à un Brahmane Védantin, de la Secte Advaïta, s'il croit à l'existence de Dieu, il répondrait probablement, comme l'on a répondu à Jacolliot. – "Je suis moi-même Dieu", tandis qu'un Bouddhiste (surtout un Cingalais) se bornerait à rire et à répondre : "Il n'y a ni Dieu ni Création." Pourtant la racine même de la Philosophie des  Advaïtins comme des Bouddhistes instruits est identique, et ils ont au même degré le respect de la vie animale, car ils croient, les uns comme les autres, que toute créature sur Terre, si petite et si humble qu'elle puisse être, "est une immortelle portion de la Matière immortelle" – le mot Matière ayant pour eux une toute autre signification que celle qu'il a pour le Chrétien ou le Matérialiste – et que toute créature est soumise au Karma.

La réponse du Brahmane se serait présentée à l'esprit de n'importe quel Philosophe ancien, Cabaliste ou Gnostique des premiers jours. Elle renferme l'esprit même des commandements Delphiques et Cabalistiques car la Philosophie Esotérique a résolu, il y a des siècles, le problème de ce que  l'homme  était,  est  et  sera ;  son  origine,  son  cycle  de  vie  – d'une interminable durée par ses incarnations ou ses renaissances successives – et son absorption finale dans la Source où il a pris naissance.

Ce n'est pourtant pas à la Science Physique que nous pourrons jamais demander de déchiffrer pour nous l'homme, cette énigme du Passé ou du Futur, puisque aucun Philosophe ne peut même nous dire ce qu'est l'homme, tel que le connaissent la Physiologie et la Psychologie. Ne sachant si l'homme était un Dieu ou une bête, la Science l'a maintenant rattaché aux bêtes et le fait dériver d'un animal. Assurément la tâche d'analyser et de classer l'être humain en tant qu'animal terrestre, peut être confiée à la Science, pour laquelle les Occultistes, plus que tous les autres hommes, ont vénération et respect. Ils reconnaissent son champ de recherche, ainsi que le travail merveilleux qu'elle a accompli, les progrès [II 421] faits en Physiologie et même – jusqu'à un certain point – en Biologie ; mais la nature interne de l'homme, spirituelle, psychique ou même morale, ne peut être livrée à la merci d'un Matérialisme intransigeant. En effet, la plus haute philosophie psychologique de l'Occident n'est elle-même pas capable, en raison de son insuffisance actuelle et de sa forte tendance à l'Agnosticisme, de rendre justice à l'homme interne et surtout à ses capacités et à ses perceptions supérieures et à ces états de conscience sur la route desquels des autorités comme Mill ont tracé une forte ligne de démarcation, en disant : "Jusque-là ! Mais tu n'iras pas plus loin."

Aucun Occultiste ne nierait que l'homme – de même que l'éléphant et le microbe, le crocodile et le lézard, le brin d'herbe et le cristal – ne soit, dans sa constitution physique, le simple produit des forces évolutives de la Nature au cours d'une série interminable de transformations, mais il présente la chose sous une autre forme.

Ce n'est pas contre les découvertes zoologiques et anthropologiques, basées sur les restes fossiles de l'homme et de l'animal, que se révoltent intérieurement tous les Mystiques et tous ceux qui croient à une Ame Divine, mais seulement contre les conclusions superflues qui sont le résultat de théories préconçues et que l'on fait cadrer avec  certains préjugés. Les prémisses des Savants peuvent être, ou n'être pas toujours justes, et comme certaines de ces théories n'ont qu'une vie courte, les déductions que l'on en tire sont fatalement partiales, avec les Evolutionnistes matérialistes. C'est pourtant sur la foi d'une autorité aussi éphémère, que la plupart des Savants sont comblés d'honneurs alors qu'ils les méritent le moins 732. [II 422]

Pour que le fonctionnement de Karma – lors des renouvellements périodiques de l'Univers – devienne plus évident et plus intelligible pour l'étudiant, lorsqu'il arrive à l'origine de l'homme et à son évolution, il faut qu'il étudie maintenant avec nous la portée Esotérique des Cycles Karmiques sur l'Ethique Universelle. La question est de savoir si ces mystérieuses divisions du temps, appelées Yoûgas et Kalpas par les Hindous et auxquelles les Grecs ont donné le nom si bien approprié de χὺχλοι, cycles, anneaux ou cercles, de savoir, dis-je, si ces divisions ont une portée sur la vie humaine ou un rapport direct avec elle. La Philosophie exotérique elle-même explique que ces perpétuels cycles de temps reviennent sans cesse, périodiquement et intelligemment, dans l'Espace et l'Eternité. Il y a des "Cycles de Matière" 733, des "Cycles d'Evolution Spirituelle" et des Cycles de races, de nations et d'individus.

 732 Nous renvoyons ceux qui considéreraient cela comme une impertinence ou un manque d'égards envers la science acceptée, à l'ouvrage du docteur James Hutchinson Stirling, intitulé As regards protoplasm, ouvrage qui est une défense du Principe vital contre les Molécularistes – Huxley, Tyndall, Vogt et Cie – et les invite à examiner s'il est vrai ou non que, bien que les prémisses scientifiques puissent n'être pas toujours correctes, elles n'en sont pas moins acceptées pour combler un vide ou une lacune, dans une marotte matérialiste à laquelle on tient. Parlant du protoplasme et des organes de l'homme, tels "que les considère Huxley", l'auteur dit : "Il est donc probable qu'en ce qui concerne la continuité de la force, de la forme ou de la substance dans le protoplasme, nous avons constaté suffisamment de lacunes. Oui, Huxley peut être, lui-même, cité comme témoin à cet égard. Il n'est pas rare que nous trouvions, dans ses essais, l'admission de probabilités, là où la certitude seule serait à sa place. Il dit, par exemple : "Il est plus que probable que lorsque le monde végétal sera entièrement exploré, nous constaterons que toutes les plantes sont en possession des mêmes pouvoirs." Lorsqu'une conclusion est catégoriquement annoncée, il est assez décevant de s'entendre dire, comme ici, que les prémisses sont encore à réunir [!!!]... Voici encore un autre passage dans lequel on le voit saper sa propre "base" sous ses propres pieds. Après nous avoir dit que tous les genres de protoplasmes sont formés de carbone, d'hydrogène, d'oxygène et d'azote "en union très complexe", il ajoute : "A cette combinaison complexe, dont la nature n'a jamais été déterminée avec exactitude [!!!], on a donné le nom de protéine". Cela constitue clairement l'identification, par Huxley, du protoplasme et de la protéine, et ce que l'on dit de l'un devant être nécessairement vrai pour l'autre, il en résulte qu'il admet que la nature du protoplasme n'a jamais été déterminée avec exactitude et que, même à ses yeux, cette cause est encore sous jugement. Cette admission est encore fortifiée par ces mots : "Si nous employons ce terme (protéine) avec toute la prudence que réclame notre ignorance relative de la chose qu'il représente...", etc. (pp. 33 et 34, éd. 1872, en réponse à M. Huxley dans Yeast).

C'est l'éminent Huxley, le roi de la physiologie et de la biologie, que nous surprenons à jouer à colin-maillard avec les prémisses et les faits. Après cela, de quoi n'est donc pas capable le "menu fretin" de l Science !

733 The Cycles of Matter est le nom d'un essai écrit par le professeur Winchell, en 1860.

 

 Les théories Esotériques ne nous permettraient-elles pas d'arriver à une connaissance plus approfondie de leur fonctionnement ?

Cette idée est magnifiquement exprimée dans un ouvrage scientifique fort habile.

La possibilité de s'élever jusqu'à la compréhension d'un système de coordination dépassant tellement, dans le temps et dans l'espace, le champ des observations humaines, est une circonstance qui met en lumière la faculté que possède l'homme de transcender les  limites de la matière changeante et inconstante, et affirme sa supériorité sur toutes les formes insensibles et périssables d'être. [II 423] Il existe dans la succession des événements et dans les relations qu'ont entre elles les choses coexistantes, une méthode dont l'intelligence de l'homme se rend compte, et s'en servant comme d'un indice, il parcourt des siècles d'histoire matérielle passée ou future que l'expérience humaine ne peut jamais certifier. Les événements germent et se développent. Ils ont un passé qui se rattache à leur présent et nous croyons, avec une confiance bien justifiée, qu'il y a en réserve un avenir qui sera de même relié avec le présent et avec le passé. Cette continuité et cette unité de l'histoire se répètent sous nos yeux, dans toutes les phases concevables du progrès. Les phénomènes nous fournissent une base pour la généralisation des deux lois qui sont réellement des principes de divination scientifique, qui, seules, permettent au mental humain de pénétrer dans les archives scellées du passé et sur les pages non ouvertes de l'avenir. La première de ces lois est la loi d'évolution, ou, pour la définir en des termes qui répondent à notre but, la loi de succession corrélative ou d'histoire organisée dans l'individu, démontrée par les phases changeantes de tous les systèmes de résultats qui mûrissent... Ces pensées évoquent en notre présence le passé sans limites et le futur sans limites de l'histoire matérielle. Elles semblent presque ouvrir un horizon infini et doter l'intellect humain d'une existence et d'une faculté exempte des limites imposées par le temps, l'espace et la causalité limitée, et l'élever jusqu'à une sublime conception de la Suprême Intelligence qui réside dans l'éternité 734.

D'après les enseignements, Mâyâ – l'apparence illusoire du défilé des événements et des actions sur cette Terre – change et varie suivant les nations et les localités, mais les caractéristiques dominantes de la vie de chaque homme s'accordent toujours avec la "Constellation" sous laquelle il est né ou, pourrions-nous dire, avec les caractéristiques du principe qui l'anime ou de la Divinité qui y préside, soit que nous appelions celle-ci un Dhyan-Chohan, comme en Asie, ou un Archange, comme le font les Eglises grecque et latine. Dans l'ancien Symbolisme, c'était toujours le SOLEIL – néanmoins, c'était du Soleil spirituel et non du Soleil visible que l'on entendait parler – qui était supposé envoyer les principaux Sauveurs et Avatars. De là vient le chaînon qui relie entre eux les Bouddhas, les Avatars et tant d'autres incarnations des Suprêmes SEPT. Plus il s'approche de son prototype dans le "Ciel", et mieux cela vaut pour le mortel dont la personnalité a été choisie par sa propre Divinité personnelle (le Septième Principe) pour sa demeure terrestre. En effet, à chaque effort de volonté tendant vers la purification et l'union avec ce "Dieu-Soi", un des Rayons inférieurs se [II 424] brise et l'entité spirituelle de l'homme est entraînée de plus en plus haut vers le Rayon qui remplace le premier, jusqu'au moment où, de Rayon en Rayon, l'Homme Intérieur est plongé dans le Rayon unique, le plus haut, du SOLEIL-Père. Donc, "les événements de l'humanité sont coordonnés avec les formes des nombres" puisque les unités simples de cette humanité proviennent toutes de  la même source – le Soleil Central et son ombre le Soleil visible. En effet, les équinoxes et les solstices, les périodes et les diverses phases de la carrière solaire, exprimés astronomiquement et numériquement, sont les symboles concrets de la vérité éternellement vivante, bien qu'ils paraissent des idées abstraites aux mortels non initiés. Cela explique aussi les extraordinaires coïncidences numériques avec les relations géométriques, signalées par plusieurs auteurs.

Oui ; "notre destinée est écrite dans les étoiles !" Seulement, plus l'union est étroite, entre le reflet mortel, l'HOMME et son céleste PROTOTYPE, et moins sont dangereuses les conditions extérieures et les réincarnations subséquentes – auxquelles ni les Bouddhas ni les Christs ne peuvent échapper. Ce n'est pas de la superstition et encore moins du fatalisme. Ce dernier implique l'action aveugle d'une puissance plus aveugle encore, mais l'homme est un agent libre durant son séjour sur terre. Il ne peut échapper à sa destinée régente, mais il a le choix entre deux sentiers qui le conduisent dans cette direction, et il peut atteindre le but de misère – si c'est celui qui lui est réservé – soit sous les vêtements, blancs de neige, du martyr, soit sous l'accoutrement souillé d'un volontaire de l'iniquité ; il existe, en effet, des conditions externes et internes qui affectent le rôle de notre volonté sur nos actions et nous sommes libres d'obéir aux unes ou aux autres. Ceux qui croient à Karma doivent croire à la Destinée que, du berceau à la tombe, chaque homme tisse, fil par fil, autour de lui, comme une araignée tisse sa toile, et cette Destinée est dirigée, soit par la voix céleste de l'Invisible Prototype qui est en dehors de nous, soit par notre plus intime homme astral ou homme intérieur, qui n'est que trop souvent le mauvais génie de l'entité incarnée nommée homme. Ces deux influences conduisent l'homme extérieur, mais l'une d'elles doit prévaloir, et, dès le début du conflit invisible, l'austère et implacable Loi de Compensation entre en jeu, et agit en suivant fidèlement les fluctuations de la lutte. Lorsque le dernier fil est tissé et que l'homme semble être enveloppé dans le filet de ses propres actes, il se trouve complètement sous l'empire de cette Destinée faite par lui-même. Elle le fixe alors, comme une coquille inerte, sur le roc immuable, ou l'emporte comme [II 425] une plume dans le tourbillon soulevé par ses propres actions et cela c'est – KARMA.

734 World-Life, pp. 534-5 et 548.

 

Un Matérialiste, traitant des créations périodiques de notre globe, a exprimé la chose en une phrase unique :

Tout le passé de la terre n'est autre chose qu'un présent déroulé.

L'auteur de cette phrase est Büchner, qui était loin de se douter qu'il répétait un axiome des occultistes. Il est très vrai aussi, comme le fait remarquer Burmeister, que :

Les recherches historiques sur le développement de la terre ont prouvé que maintenant et alors reposent sur la même base ; le passé s'est développé de la même façon que le présent se déroule et les forces en activité sont toujours restées les mêmes 735.

Les "Forces" – leurs Noumènes plutôt – sont les  mêmes, naturellement ; c'est pourquoi les Forces phénoménales doivent aussi être les mêmes, mais comment quelqu'un peut-il être si sûr que les attributs de la Matière ne se sont pas modifiés sous l'action de l'Evolution protéenne ? Comment un Matérialiste peut-il affirmer, avec tant de confiance que le fait Rossmasler, que :

Cette éternelle conformité dans l'essence  des phénomènes établit avec certitude que le feu et l'eau possédaient de tout temps les mêmes pouvoirs et les posséderont toujours.

Qui sont ceux "qui obscurcissent les questions par des paroles sans savoir", et où étaient les Huxleys et les Büchners lorsque les fondations de la Terre furent posées par la Grande Loi ? Cette même homogénéité de la Matière et ce caractère immuable des lois naturelles que le Matérialisme soutient avec tant d'insistance, constituent un principe fondamental de la Philosophie occulte, mais cette unité est basée sur l'inséparabilité  de l'Esprit et de la Matière, et si l'on venait à les séparer, le Cosmos tout entier retomberait dans le Chaos et le Non-être. Il est donc absolument faux, et ce n'est qu'une preuve de plus de l'infatuation de notre époque, de prétendre, comme le font les Savants, que toutes les grandes transformations géologiques et les terribles convulsions du passé ont été produites par les Forces physiques ordinaires et connues. Ces forces ne furent, en effet, que les instruments et moyens finals pour l'accomplissement de certains desseins, agissant périodiquement et, en apparence, mécaniquement, en obéissant à une impulsion interne qui est mêlée à leur nature matérielle, mais qui a sa place au-delà. Tout acte important [II 426] de la Nature a un but, et ses actes sont tous cycliques et périodiques, mais comme on a généralement confondu les Forces spirituelles avec celles qui sont purement physiques l'existence des premières est niée par la Science et il s'ensuit que, n'étant pas étudiées, elles doivent lui rester inconnues 736. Hegel dit :

 L'histoire du Monde commence par son but général, la réalisation de l'Idée de l'Esprit – seulement sous une forme implicite (an sich), c'est-à-dire comme Nature ; un instinct inconscient et très profondément caché, et tout le processus de l'Histoire... tend à transformer cette impulsion inconsciente en une impulsion consciente. Se manifestant ainsi sous forme de la simple existence naturelle, la volonté naturelle – ce que l'on a appelé le côté subjectif – les appétits physiques, l'instinct, les passions, les intérêts privés de même que l'opinion et la conception subjective – se présentent spontanément dès le début. Ce vaste ensemble de volitions, d'intérêts et d'activités, constitue l'instrument et les moyens qu'emploie l'Esprit du Monde pour atteindre son but, l'amener à la conscience et qu'il le comprenne. Ce but n'est autre que celui de se trouver – de venir à  soi-même – et de se contempler en réalité concrète. Mais que ces manifestations de vitalité de la part d'individus et de peuples, par lesquelles ils cherchent à satisfaire leurs propres fins, soient en même temps des instruments et des moyens en vue d'atteindre un but plus vaste dont ils n'ont aucune connaissance – dont ils se rendent inconsciemment compte – cela peut être discutable, ou plutôt cela a été mis en doute... sur ce point j'ai exposé ma manière de voir dès le début et j'ai soutenu notre hypothèse... et notre croyance que la Raison gouverne le Monde et a, par conséquent, gouverné son histoire. Par rapport à cette existence indépendante, universelle et substantielle – tout est subordonné, soumis, et sert de moyen à son développement 737.

735 Cité dans Force et Matière, de Büchner, trad. A. Regnard, p. 167.

736 Les Savants diront "Nous nions, parce que rien de ce genre ne s'est jamais manifesté dans le champ de nos expériences." Mais, comme le fait remarquer le Physiologiste Charles Richet : "Soit !

 737 Lectures on the Philosophy of history, p. 26. Traduction anglaise de Sibree.

 

Aucun Métaphysicien ou Théosophe ne pourrait mettre en doute ces vérités, qui font toutes partie des Enseignements Esotériques. Il existe une prédestination en ce qui concerne la vie géologique de notre globe, comme en ce qui concerne l'histoire passée et future des races et nations. Cela se mais avez-vous, au moins, démontré le contraire ?... En tout cas, ne niez pas a priori. La Science n'est pas assez avancée pour vous en donner le droit." – La Suggestion Mentale et le Calcul des Probabilités.  rattache étroitement à ce que nous appelons Karma et à ce que les Panthéistes Occidentaux appellent Némésis et Cycles. La [II 427] Loi de l'évolution nous entraîne actuellement le long de l'arc ascendant de notre cycle, jusqu'au moment où les effets se fondront une fois de plus dans les causes, aujourd'hui neutralisées, se confondront avec elles, et où tout ce qui aura été affecté par ces effets aura recouvré son harmonie primitive. Ce sera le cycle de notre "Ronde" particulière, un simple moment par rapport à la durée du Grand Cycle ou Mahâyouga.

Les remarques philosophiques, si belles, d'Hegel, trouvent leur application dans les enseignements de la Science Occulte, qui nous montre la Nature agissant toujours en vue d'atteindre un but déterminé, dont les résultats sont toujours doubles. Nous l'avons fait remarquer dans nos premiers ouvrages Occultes, dans les termes suivants :

De même que notre planète accomplit annuellement une révolution autour du Soleil et tourne en même temps autour de son axe une fois par vingt-quatre heures, parcourant ainsi des cycles mineurs au cours d'un cycle plus grand, de même l'œuvre des cycles inférieurs s'accomplit et recommence durant le cours du Grand Saros. La révolution du monde physique, suivant la doctrine antique, est accompagnée par une révolution similaire dans le monde de l'intellect – l'évolution spirituelle du monde procédant par cycles, comme l'évolution physique. Nous constatons donc, dans l'histoire, une alternance régulière de flux et de reflux dans la marée du progrès humain. Les grands royaumes et empires du monde, après avoir atteint le point culminant de leur grandeur, jusqu'au moment où, ayant atteint le point le plus bas, l'humanité s'affirme et monte une fois de plus, et le degré de développement qu'elle atteint est, en vertu de cette loi de progression ascendante par cycle, un peu plus élevé que celui qu'elle avait atteint et d'où elle était descendue 738.

738 Isis Dévoilée, 1, 119.

 

Pourtant ces cycles – ces roues emboîtées l'une dans l'autre, si clairement  et  si  ingénieusement  symbolisées  par  les  divers  Manous  et Richis de l'Inde et par les Kabires de l'Occident 739 – n'affectent pas toute l'humanité en même [II 428] temps. De là vient, comme nous le voyons, la difficulté qu'il y a à les comprendre et à les distinguer entre eux, en ce qui concerne leurs effets physiques et spirituels, avant d'avoir complètement saisi les rapports qu'ils ont avec les situations respectives des nations et des races, et l'action qu'ils ont sur elles, dans leur destinée et leur évolution. Ce système ne peut être compris, si l'action spirituelle de ces périodes – en quelque sorte fixées d'avance par la loi Karmique – est séparée de leur cours physique. Les calculs des meilleurs Astrologues échoueraient, ou du moins resteraient imparfaits, à moins qu'ils ne tinssent complètement compte de cette double action et ne la comprissent de cette façon. Or, cette complète connaissance ne peut être obtenue que par l'INITIATION.

Le Grand Cycle comprend les progrès de l'humanité  depuis l'apparition de l'homme primordial, aux formes éthérées. Il suit, à travers les Cycles intérieurs, l'évolution progressive de l'homme, depuis l'homme éthéré jusqu'à l'homme semi-éthéré et purement physique, jusqu'à la rédemption de l'homme de son "vêtement de peau" et de matière ; après quoi il poursuit son cours descendant, puis ascendant, pour atteindre le point culminant d'une Ronde, alors que le Serpent Manvantarique "avale sa queue" et que sept Cycles Mineurs se sont écoulés. Ce sont les grands Cycles de Race qui affectent également toutes les nations et tribus comprises dans cette Race spéciale ; mais il y a, au cours de ceux-ci, des Cycles mineurs ou nationaux, comme aussi des Cycles de tribus, qui suivent leur propre cours indépendamment les uns des autres. L'Esotérisme Oriental leur donne le nom de Cycles Karmiques. En Occident – où l'on a répudié la Sagesse Païenne, comme issue des Puissances des Ténèbres et développée par elles, et où l'on considère celle-ci comme en conflit permanent et en opposition constante avec le petit Dieu tribal Jéhovah – la signification complète et redoutable de la Némésis Grecque, ou Karma, a été complètement oubliée. Sans cela les chrétiens auraient mieux  compris à quel point il est vrai que Némésis est sans attributs ; ils auraient compris que si cette Déesse redoutée est absolue et immuable, en tant que Principe, c'est nous-mêmes – nations et individus – qui la faisons agir et lui imprimons sa direction. Karma-Némésis est le créateur des nations et des mortels, mais, une fois qu'ils sont créés, ce sont eux qui en font soit une furie, soit un ange qui récompense. Oui – Sages sont ceux qui rendent culte à Némésis 740. [II 429]

739 Ce symbolisme n'empêche pas que ces personnages, qui semblent aujourd'hui être des mythes, n'aient gouverné la Terre à un moment donné, sous la forme humaine d'êtres réellement vivants, tout en étant vraiment des Hommes divins ressemblant à des dieux. L'opinion du Colonel Vallancey – comme celle du comte de Gebelin – que les "noms des Kabiri paraissent être allégoriques et n'avoir jamais eu que la signification [ ?] d'un almanach des vicissitudes des saisons calculé en vue des opérations de l'agriculture" (Collect. de Reb. Hibern., n° 13, Præf. Sect. 5) est aussi absurde que son affirmation qu'Æon, Cronos, Saturne et Dagon ne représentent qu'une seule personne, qui serait le "patriarche Adam". Les Kabiri furent les instructeurs de l'humanité en agriculture, parce qu'ils étaient les Régents des saisons et des Cycles Cosmiques. C'est pour cela que ce furent eux qui réglèrent, en qualité d'Esprits Planétaires ou d'Anges (Messagers), les mystères de l'art de l'agriculture.

740 Il serait plus juste de dire : "qui craignent Karma-Némésis".

 

comme dit le Chœur à Prométhée, et peu sages ceux qui pensent que la Déesse peut être rendue propice par des sacrifices et des prières, et que sa roue peut être détournée de la voie sur laquelle elle est engagée. "Les trois Parques et les Furies toujours attentives" ne constituent ses attributs que sur Terre et ont été engendrées par nous. Il n'y a pas de retour possible des voies qu'elle a parcourues, mais ces voies sont notre œuvre, car c'est nous qui, collectivement ou individuellement, les préparons. Karma-Némésis est le synonyme de PROVIDENCE, moins l'intention, la bonté et les autres attributs et qualificatifs limitatifs qu'on lui attribue d'une manière si peu philosophique. Un Occultiste ou un Philosophe ne parlera pas de la bonté ou de la cruauté de la Providence, mais, tout en l'identifiant à Karma- Némésis, il n'en enseignera pas moins qu'elle protège les bons et veille sur eux durant cette vie, comme durant des vies futures et qu'elle punit celui qui fait le mal – oui, même jusqu'à sa septième renaissance – tant que l'effet qu'il a produit en semant la perturbation, même au sein du plus petit atome du Monde Infini de l'Harmonie, n'a pas été corrigé. L'unique décret de Karma – un décret éternel et immuable – c'est, en effet, l'Harmonie du monde de la Matière, comme elle est dans le monde de l'Esprit. Ce n'est donc pas Karma qui récompense ou punit, mais c'est nous qui nous récompensons ou nous punissons, suivant que nous agissons avec la Nature, dans la Nature et selon la Nature, en obéissant aux lois dont cette harmonie dépend ou – que nous les violons.

Les voies de Karma ne seraient pas impénétrables si les hommes faisaient présider l'union et l'harmonie à leurs travaux, au lieu d'y mêler la désunion et la lutte. Notre ignorance de ces voies – qu'une partie de l'humanité appelle les voies de la Providence, sombres et inextricables, tandis qu'une autre y voit l'action du Fatalisme aveugle et une troisième  le simple hasard, sans aucun Dieu ni Démon pour le guider –  notre ignorance, dis-je, disparaîtrait sûrement si nous voulions seulement les attribuer à leurs véritables causes. Avec la vraie connaissance ou, tout au moins, avec une conviction pleine de confiance que nos voisins ne cherchent pas plus à nous nuire, que nous ne songerions nous-mêmes à leur faire du mal, les deux tiers des maux de ce monde s'évanouiraient dans les airs. Si aucun homme ne faisait du mal à son prochain, Karma-Némésis n'aurait aucune raison pour agir ni aucune arme pour le faire. C'est la présence continuelle au milieu de nous des éléments de lutte et d'opposition, la division des races, des nations, des tribus, des sociétés et des individus en Caïns et en Abels, en loups et en brebis, qui constituent la cause principale des "voies de la Providence". C'est journellement et de nos propres mains [II 430] que nous traçons le cours sinueux de nos destinées, alors que nous nous imaginons poursuivre notre chemin sur la grande route royale de la respectabilité et du devoir, et nous  nous plaignons de ce que ces détours sinueux soient si compliqués et  si sombres. Nous restons saisis en présence du mystère qui est notre Œuvre et des énigmes de la vie que nous ne voulons pas résoudre, puis nous accusons le grand Sphinx de nous dévorer. En vérité, il n'y a pas un accident de notre vie, pas un mauvais jour ou une infortune, dont on ne puisse faire remonter la cause à nos propres agissements dans cette vie ou dans une autre. Si l'on trouble les lois de l'Harmonie ou, suivant l'expression d'un écrivain Théosophe, les "lois de la vie", on doit s'attendre à tomber dans le chaos qu'on a créé. En effet, d'après le même auteur :

La seule conclusion à laquelle on puisse arriver, c'est que ces lois de la vie se vengent elles-mêmes et, par suite, que tout ange vengeur n'est que le symbole typique de leur réaction.

Par conséquent, si quelqu'un est désarmé en présence de ces lois immuables, ce n'est pas nous, auteurs de nos destinées, mais plutôt ces Anges, gardiens de l'Harmonie. Karma-Némésis n'est pas autre chose que l'effet dynamique spirituel de causes produites et de forces mises en activité par nos propres actes. C'est une loi de la dynamique occulte "qu'une quantité donnée d'énergie employée sur le plan spirituel ou le plan astral, produit infiniment plus d'effets que la même quantité employée sur le plan physique de l'existence objective".

 Cet état de choses durera jusqu'au moment où l'intuition spirituelle de l'homme sera pleinement développée, et cela n'arrivera pas avant que nous ne soyons débarrassés, en grande partie, de notre épaisse enveloppe de matière, avant que nous ne commencions à agir suivant l'impulsion interne au lieu de toujours obéir aux impulsions externes, impulsions qui sont dues à nos sens physiques et à notre corps grossier et égoïste. Jusqu'à ce moment, les seuls palliatifs des maux de la vie seront l'union et  l'harmonie – une Fraternité IN ACTU et de l'Altruisme qui ne soit pas simplement nominal. La suppression d'une seule mauvaise cause supprimerait, non pas un, mais de nombreux mauvais effets, et si une Fraternité, ou même un certain nombre de Fraternités, ne suffisent pas à empêcher les nations de se couper mutuellement la gorge à l'occasion, l'unité de pensée et d'action et les recherches philosophiques opérées dans les mystères de l'être, empêcheront pourtant toujours quelques personnes, parmi celles qui cherchent à comprendre ce qui, jusque-là, est resté pour elles une énigme, de générer des causes additionnelles [II 431] de malheur dans un monde si plein de souffrances et de maux. La connaissance de Karma donne la conviction que si ... La détresse de la vertu et le triomphe du vice Rendent l'humanité athée 741 c'est uniquement parce que l'humanité a toujours fermé les yeux à cette grande vérité : que l'homme est lui-même son propre sauveur et son propre destructeur. Il n'a pas à accuser le Ciel et les Dieux, le Destin et la Providence de l'apparente injustice qui règne au sein de l'humanité. Qu'il se rappelle et répète plutôt ce fragment de la sagesse de la Grèce, qui recommande à l'homme de s'abstenir d'accuser Cela qui Juste, bien que mystérieux, nous conduit infailliblement, Par des voies non tracées, de la faute au châtiment ; et c'est actuellement par des voies de ce genre que les grandes nations européennes poursuivent leur marche en avant. Toutes les nations et toutes les tribus des Aryens occidentaux, tout comme leurs frères orientaux de la Cinquième Race, ont eu leur Age d'Or et leur Age de Fer, leur période d'irresponsabilité relative, ou leur période Satya de pureté, et maintenant plusieurs d'entre elles ont atteint leur Age de Fer, le KALI YOUGA, une période Noire d'horreurs.

741 Dryden.

 

D'autre part, il est vrai que les Cycles exotériques de toutes les nations ont été déduits, avec raison, des mouvements sidéraux, et c'est à juste titre que l'on a démontré qu'ils dépendaient d'eux. Ces mouvements sidéraux sont inséparablement mêlés aux destinées des nations et des hommes. Pourtant, au sens purement physique du mot, l'Europe ne connaît aucun Cycle en dehors des Cycles astronomiques, et elle établit ses calculs en conséquence. Elle ne veut, en outre, entendre parler que de cercles ou circuits imaginaires dans les cieux étoilés qui les entourent D'un griffonnage de cycles et d'épicycles, D'orbites dans des orbites, centriques et excentriques 742.

Cependant, pour les Païens – au sujet desquels Coleridge dit avec raison : "Le temps, le temps cyclique, constituait leur abstraction de la Divinité", Divinité qui se manifestait au même degré que Karma et uniquement par Karma et qui était cette même KARMA-NEMESIS – les Cycles représentaient quelque chose de plus qu'une simple succession d'événements, ou qu'une durée périodique plus ou moins longue. En effet, ils étaient généralement signalés par les retours [II 432] d'un caractère plus varié et plus intellectuel que ceux qui se manifestent lors des retours périodiques des saisons ou de certaines constellations. La sagesse moderne se contente des computations et des prophéties astronomiques, basées sur des lois mathématiques infaillibles. La Sagesse Antique ajoutait à la froide enveloppe Astronomique les éléments vivifiants de son âme et  de son esprit – l'ASTROLOGIE. Or, comme les mouvements sidéraux régissent et déterminent réellement, sur Terre, des événements – autres que ceux qui concernent la pomme de terre et les maladies périodiques de cet utile tubercule (affirmation qui, n'étant pas susceptible de démonstration scientifique, est simplement tournée en dérision, tout en n'étant pas moins acceptée) – ces événements doivent se soumettre à une prédétermination basée sur de simples calculs astronomiques. Les fidèles de l'Astrologie comprendront  ce  que  nous  voulons  dire,  les  sceptiques riront de la  croyance et se moqueront de l'idée, se bouchant ainsi les yeux, à l'instar des autruches, pour ne pas voir leur propre destinée 743.

742 Le Paradis Perdu, Livre VIII.

 

Cela est dû à ce que leur petite période historique, comme on l'appelle, ne leur laisse aucune marge pour la comparaison. Le ciel étoilé est devant eux et, bien que leur vue spirituelle ne soit pas encore active, bien que la poussière atmosphérique d'origine terrestre arrête leur vue et l'enchaîne dans les limites des systèmes physiques, ils n'en perçoivent pas moins les mouvements des météores et des comètes, et n'en notent pas moins le comportement. Ils enregistrent les retours périodiques de ces "messagers flamboyants" et vagabonds et prophétisent, [II 433] en conséquence, les tremblements de terre, les pluies de météores, l'apparition de certaines étoiles ou comètes, etc. Sont-ce donc des sorciers après tout ? Non ; ce sont de savants Astronomes.

Pourquoi donc les Occultistes et les Astrologues, qui sont aussi savants que ces Astronomes, ne seraient-ils pas crus lorsqu'ils prophétisent le retour d'un événement cyclique, d'après les mêmes principes mathématiques ? Pourquoi rirait-on quand ils affirment savoir que ce retour doit avoir lieu ? Leurs ancêtres et prédécesseurs ayant noté le retour de semblables événements, durant une période qui embrasse des centaines de mille ans, la conjonction des mêmes constellations doit nécessairement produire, sinon le même effet, à tout le moins un effet similaire. La prophétie doit-elle être tournée en ridicule parce qu'elle affirme se baser sur des centaines de mille ans d'observations et sur les millions d'années des Races humaines ? La Science Moderne n'est-elle pas ridiculisée à son tour, par ceux qui s'en tiennent à la chronologie Biblique, pour ses chiffres géologiques et anthropologiques infiniment plus modestes ? Ainsi Karma équilibre même les railleries humaines, aux dépens des sectes, des sociétés savantes et des individus. Pourtant la prédiction d'événements futurs, de ce genre au moins, prédiction toujours basée sur des retours cycliques, n'implique aucun phénomène psychique. Ce n'est ni de la prévision ni de la prophétie, pas plus que ne le serait le fait d'annoncer la venue d'une comète ou d'une étoile, plusieurs années avant son apparition. C'est simplement le savoir, allié à de corrects calculs mathématiques qui permet aux SAGES DE L'ORIENT de prédire, par exemple, que l'Angleterre est à la veille de subir telle ou telle catastrophe ; que la France approche de tel ou tel point de son cycle ; et que l'Europe, en général, est menacée, ou plutôt est à la veille d'un cataclysme vers lequel elle a été poussée par son propre Cycle Karmique racial. L'opinion que nous avons sur le degré de confiance que l'on peut accorder à ces renseignements, varie naturellement suivant que nous admettons ou que nous repoussons l'affirmation qu'ils sont basés sur une formidable période d'observations historiques. Les Initiés de l'Orient affirment qu'ils ont enregistré le développement de la race et les événements d'importance universelle depuis le commencement de la Quatrième Race – ce qu'ils savent des événements qui se  sont passés durant l'époque précédente n'étant basé que sur des traditions. De plus, ceux qui croient à la Clairvoyance et aux Pouvoirs Occultes, ne verront aucune difficulté à ajouter foi aux informations données, dans  leurs grandes lignes au moins, même si elles ne sont basées que sur des traditions, dès l'instant que cette tradition sera contrôlée par  la clairvoyance et le Savoir Esotérique ; [II 434] mais dans le cas qui nous occupe, nous ne réclamons aucune croyance métaphysique de ce genre, car la preuve est fournie – d'une façon équivalente, pour tous les Occultistes, à l'évidence scientifique – par les archives conservées au moyen  du Zodiaque depuis des temps incalculables.

743 Pas tous, cependant, car il y a des Savants qui s'éveillent à la vérité. Voici ce que nous lisons : "De quelque côté que nous tournions nos yeux, nous rencontrons un mystère... tout dans la Nature nous est inconnu... Pourtant ils sont nombreux ces esprits superficiels pour lesquels les forces naturelles ne peuvent rien produire en dehors des faits déjà observés depuis longtemps, consacrés par des livres et groupés plus ou moins habilement à l'aide de théories dont la durée éphémère devrait, aujourd'hui, avoir démontré l'insuffisance... Je ne prétends pas contester la possibilité de l'existence d'être invisibles, d'une nature différente de la nôtre, et capables de mettre la matière en activité. De profonds philosophes ont admis cela à toutes les époques, comme une conséquence de la grande loi de continuité qui gouverne l'univers. Cette vie intellectuelle, que nous voyons jaillir, en quelque sorte, du néant et atteindre graduellement l'homme, peut-elle s'arrêter brusquement à l'homme pour ne reparaître que dans l'infini, dans le souverain régulateur du monde ? C'est peu probable. Aussi je ne nie pas plus l'existence des Esprits, que je ne nie l'âme, tout en cherchant cependant à expliquer certains faits sans le secours de cette hypothèse. Les Forces Son Définies ; Recherches Historiques et Expérimentales, par A. de Rochas, homme de Science bien connu en France, et dont le travail est un signe des temps, p. 3 (Paris, 1877).

 

Il est aujourd'hui amplement démontré que les horoscopes, et l'Astrologie judiciaire elle-même, ne sont pas complètement basés sur des fictions et, par conséquent, que les Etoiles et les Constellations ont une influence occulte et mystérieuse sur les individus et de mystérieux rapports avec eux. S'il en est ainsi pour les individus, pourquoi n'en serait-il pas de même pour les nations, les races et l'humanité en général ? Ce postulat est basé aussi sur les archives Zodiacales et nous allons maintenant rechercher jusqu'à quel point le Zodiaque était connu des Anciens  et  jusqu'à quel point il est oublié par les Modernes.

 

[II 435]

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