1. Les Trois Stades de Croissance Égoïque
Il nous faut garder fermement la déclaration suivante à l'esprit. La personnalité est une triple combinaison de forces, impressionnant et contrôlant absolument le quatrième aspect de la personnalité, le corps physique dense. Les trois types d'énergie de la personnalité sont : le corps éthérique, véhicule de l'énergie vitale ; le corps astral, véhicule de l'énergie de sensation ou de la force sensible ; et le corps mental, véhicule de l'énergie intelligente de volonté destiné à devenir l'aspect créateur dominant. C'est sur cette vérité que la Science Chrétienne a mis l'accent. Ces forces constituent l'homme inférieur. L'ange solaire est une double combinaison d'énergies, l'énergie d'amour et l'énergie de volonté ou de dessein, et celles-ci sont les qualités du fil de vie. Lorsqu'elles dominent la troisième énergie du mental, ces deux énergies produisent l'homme parfait. Elles expliquent le problème humain ; elles indiquent l'objectif qui se trouve devant l'homme ; elles justifient et expliquent l'énergie d'illusion et elles montrent le chemin du développement psychologique qui conduit l'homme (du triangle de triplicité et de différenciation) à l'unité par la dualité.
Ce sont là des vérités d'ordre pratique, et c'est pour cela que nous voyons aujourd'hui un accent tellement dominant mis sur la compréhension du Plan parmi les ésotéristes. De là aussi vient le travail des psychologues qui cherchent à interpréter l'homme, et de là aussi les différences qu'ils voient dans l'appareil humain, si bien que l'homme est vu, pour ainsi dire, disséqué en ses parties composantes. On commence à reconnaître que c'est la qualité de l'homme qui détermine extérieurement sa place sur l'échelle de l'évolution, mais la psychologie moderne de l'école ultra-matérialiste suppose, d'une façon erronée, que la qualité de l'homme est déterminée par son mécanisme, tandis que c'est la condition opposée qui représente le facteur déterminant.
Le problème confrontant les disciples est d'exprimer la dualité de l'amour et de la volonté au moyen de la personnalité. Cette déclaration constitue un énoncé véritable du but poursuivi par le disciple. L'objectif de l'initié est d'exprimer la Volonté de Dieu au moyen de l'amour qui se développe et d'une sage utilisation de l'intelligence. Le préambule ci-dessus prépare le terrain pour la définition des trois stades de croissance égoïque.
Qu'est-ce que l'individualisation du point de vue du développement psychologique de l'homme ? C'est la focalisation de l'aspect le plus bas de l'âme, qui est celui de l'intelligence créatrice, de façon qu'il puisse s'exprimer au moyen de la nature de la forme. Ce sera finalement le premier aspect de la divinité à s'exprimer ainsi. C'est l'émergence de la qualité spécifique de l'ange solaire au moyen de l'appropriation, par cet ange, de l'enveloppe, ou des enveloppes, qui constituent ainsi son apparence. C'est l'imposition initiale d'une énergie appliquée, dirigée sur cette agrégation de triple force que nous appelons la nature de la forme de l'homme. Sur son chemin vers la coordination et l'expression totales, l'individu apparaît sur la scène de la vie. L'entité, consciente de soi-même, émerge dans l'incarnation physique. L'acteur apparaît dans le processus consistant à apprendre son rôle ; il fait ses débuts et se prépare pour le jour de plein épanouissement de la personnalité. L'âme pénètre dans la forme dense et sur le plan le plus bas.
Le soi commence cette partie de sa vie qui s'exprime au moyen de l'égoïsme et qui conduit finalement à un ultime désintéressement. L'entité séparative commence sa préparation pour la réalisation de groupe. Un Dieu marche sur terre, voilé par la forme de chair, la nature du désir et le mental changeant. Il est la proie temporaire de l'illusion des sens et il est doué d'une faculté mentale qui tout d'abord entrave et emprisonne, mais qui finalement délivre et libère.
Bien des choses ont été écrites dans La Doctrine Secrète et Un Traitésur le Feu Cosmique sur le sujet de l'individualisation. On peut simplement définir celle-ci comme étant le processus par lequel des formes de vie dans le quatrième règne parviennent à :
1. L'individualité consciente, au moyen des expériences de la vie des sens.
2. L'affirmation de l'individualité par l'utilisation du mental discernant.
3. Le sacrifice ultime de cette individualité au groupe.
Aujourd'hui, les masses sont occupées à la tâche de devenir conscientes d'elles-mêmes. Elles développent cet esprit ou ce sens d'intégrité personnelle ou de totalité qui aboutira à une affirmation accrue de soi, ce premier geste de divinité. Cela est bon et bien, malgré les complications immédiates et les conséquences dans la conscience, et la condition d'existence du monde. De là aussi vient le besoin de la direction immédiate des disciples danschaque nation et leur formation à la vie de l'aspiration correcte, accompagnée de leur préparation subséquente à l'initiation. La tâche des parents intelligents et des éducateurs avisés de la jeunesse devrait aujourd'hui consister à former, en vue d'activités mondiales, des individus conscients qui entreprendront le travail d'affirmation de soi dans les affaires du monde d'aujourd'hui. La psychologie des masses, qui consiste à accepter sans discrimination toute information, toute limitation imposée à la liberté personnelle sans en comprendre les raisons profondes, et à suivre aveuglément les leaders, sera dépassée par la stimulation intelligente de la reconnaissance individuelle du soi et les affirmations de l'individu cherchant à exprimer ses propres idées. Une des idées fondamentales qui se trouve à la base de toute conduite humaine et individuelle est la nécessité de la paix et de l'harmonie de façon à ce que l'homme puisse travailler spécifiquement à accomplir sa destinée.
C'est là, la croyance profonde et fondamentale de l'humanité. La première preuve à rechercher de la soi-affirmation qui émerge chez les individus pris en masse doit donc être orientée dans cette direction, car elle constituera la ligne de moindre résistance. Suivront ensuite la suppression de la guerre et l'établissement des conditions de paix qui permettront un épanouissement méthodique soigneusement cultivé. Le dictateur est l'individu qui, suivant ce processus, s'est épanoui en connaissance et en pouvoir, et qui constitue un exemple de l'efficacité du caractère divin lorsque la liberté d'agir lui est donnée de représenter un produit du processus évolutif. Il exprime de nombreux potentiels divins qui sont en l'homme. Mais un jour le dictateur représentera un anachronisme. Lorsque beaucoup d'hommes se trouveront au stade de la soi-conscience et de la puissance individuelles, cherchant la pleine expression de leurs pouvoirs, on ne le distinguera plus au milieu des assertions d'un grand nombre. Aujourd'hui, le dictateur indique le but à atteindre par le soi inférieur, par la personnalité.
Toutefois, avant qu'un grand nombre d'hommes puissent s'affirmer sans danger, il faut qu'apparaissent des individus ayant dépassé ce stade, qui sachent, enseignent et démontrent ; de telle façon que le groupe intelligent, composé d'individus soi-conscients, puisse alors s'identifier avec discernement au dessein de groupe et puisse faire disparaître son identité séparative dans l'activité et la synthèse organisée de groupe. C'est là, la tâche prédominante du Nouveau Groupe des Serviteurs du Monde. Aujourd'hui, ce devrait être l'aspiration des disciples du monde. Le travail consistant à entraîner les individus au dessein de groupe doit être effectué de trois façons :
1. Par identification personnelle imposée au groupe, par le moyen de l'expérience de la compréhension, du service et du sacrifice. Ceci peut facilement constituer une expérimentation utile que l'on s'impose.
2. Par l'éducation des masses dans les principes régissant le travail de groupe, et la formation d'une opinion publique éclairée suivant ces concepts.
3. Par la préparation de nombreux individus dans le Nouveau Groupe des Serviteurs du Monde, en vue de cette grande transition s'opérant dans la conscience et que l'on appelle initiation.
Qu'est-ce que l'Initiation ?
L'Initiation peut être définie de deux façons.
Tout d'abord, c'est l'entrée dans un monde de dimension nouvelle et plus vaste par l'expansion de la conscience de l'homme. De cette façon, il peut inclure et renfermer ce qu'il exclut maintenant, et ce dont, normalement, il se sépare dans sa pensée et ses actes. Deuxièmement, c'est l'entrée en l'homme de ces énergies qui caractérisent l'âme, et l'âme seule ; les forces d'amour intelligent et de volonté spirituelle. Ce sont des énergies dynamiques et elles animent tous ceux qui sont des âmes libérées. Le processus consistant à pénétrer et à être pénétré doit être un processus simultané et synthétique, un événement de première importance.
Lorsque les phases du processus se succèdent ou alternent, c'est une indication de développement irrégulier et de manque d'équilibre.
On rencontre souvent la théorie du développement et une compréhension mentale des faits relatifs au processus initiatique, avant qu'ils n'aient été pratiqués et expérimentés dans la vie journalière, et ainsi, intégrés psychologiquement dans l'expression pratique du processus de vie sur le plan physique. Il y a là de grands dangers et de grandes difficultés, et aussi de grandes pertes de temps. La compréhension mentale de l'individu est souvent beaucoup plus grande que son pouvoir d'exprimer la connaissance, et en conséquence nous constatons ces remarquables échecs et ces situations difficiles qui ont jeté le discrédit sur toute la question de l'initiation.
Beaucoup de gens sont considérés comme des initiés, mais ils ne font que s'efforcer d'être des initiés. Ce sont des gens bien intentionnés dont la compréhension mentale dépasse le pouvoir de leur personnalité à expérimenter. Ce sont des gens qui sont en contact avec des forces qu'ils ne sont pas encore capables de manier et de contrôler. Ils ont effectué une grande partie du travail nécessaire de contact intérieur, mais ils n'ont pas encore maîtrisé et assujetti leur nature inférieure. Ils sont donc incapables d'exprimer ce qu'ils comprennent intérieurement et ce qu'ils perçoivent plus ou moins.
Ces disciples parlent trop, trop vite et d'une façon trop égocentriste, et offrent au monde un idéal vers lequel ils s'acheminent en vérité, mais qu'ils ne sont pas encore capables de matérialiser, en raison de l'imperfection de leur équipement. Ils affirment leurs croyances en termes de faits accomplis et provoquent bien des faux pas parmi les petits. Mais en même temps, ils travaillent et se dirigent vers leur but. Ils sont mentalement en contact avec l'idéal et avec le Plan. Ils sont conscients de forces et d'énergies absolument inconnues de la majorité. Leur seule erreur se situe dans le domaine du temps, car ils affirment d'une façon prématurée ce qu'un jour, ils seront.
Lorsque l'initiation devient possible, cela indique que deux grands groupes d'énergies (celles de la triple personnalité intégrée et celles de l'âme ou ange solaire) commencent à fusionner et à se mêler. L'énergie de l'âme commence à dominer et à contrôler les genres inférieurs de force et, suivant le rayon de l'âme, ainsi sera le corps dans lequel ce contrôle commencera à faire sentir sa présence. Cela sera expliqué plus loin, dans la section traitant des rayons et de la façon dont ils gouvernent les différents corps, corps mental, corps émotionnel et corps physique. Il faut se souvenir qu'une très petite mesure de contrôle égoïque a besoin de se manifester lorsque la première initiation est prise. Cette initiation indique simplement que le germe de la vie de l'âme a vitalisé et a provoqué l'existence et le fonctionnement du corps intérieur spirituel, la gaine de l'homme spirituel intérieur.
Celle-ci finalement permettra à l'homme, à la troisième initiation, de se manifester en tant qu' "homme complètement développé en Christ", et d'offrir à ce moment à la Monade l'opportunité d'une pleine expression de Vie qui peut se manifester lorsque l'initié est consciemment identifié à la Vie Unique. Entre la première et la seconde initiation, ainsi qu'on l'a souvent déclaré, beaucoup de temps peut s'écouler et beaucoup de changements doivent être opérés pendant les nombreux stades de l'état de disciple. Nous nous arrêterons à cela plus loin, lorsque nous étudierons les sept lois de développement égoïque.
L'individualisation, portée à sa plénitude, atteint son achèvement dans la personnalité intégrée, s'exprimant comme une unité au moyen de trois aspects. Cette expression de personnalité implique :
1. La libre utilisation du mental, de façon à ce que l'attention focalisée puisse être tournée vers tout ce qui concerne le soi personnel et ses buts. Cela signifie succès et prospérité pour la personnalité.
2. Le pouvoir de contrôler les émotions et cependant de posséder l'usage complet de l'appareil sensoriel afin de percevoir les conditions, de sentir les réactions et d'établir le contact avec les aspects émotionnels d'autres personnalités.
3. La capacité de prendre contact avec le plan des idées et de les faire pénétrer dans la conscience. Même si ces idées sont plus tard subordonnées à des desseins et à des interprétations égoïstes, l'homme peut cependant être en contact avec ce qui doit être spirituellement connu. Le libre usage du mental suppose sa sensibilité croissante à l'impression intuitive.
4. La démonstration de nombreux talents et pouvoirs, la manifestation du génie, et la nette tension de toute la personnalité pour exprimer l'un de ces pouvoirs. Il y a souvent une extrême souplesse et une capacité de bien faire un grand nombre de choses remarquables.
5. L'homme physique est fréquemment un instrument merveilleusement sensible au soi intérieur, émotionnel et mental, il est doué d'un grand pouvoir magnétique ; bien que pas très robuste, il a une bonne santé corporelle, un grand charme et des dons personnels extérieurs. Une étude des personnages remarquables dans tous les domaines mondiaux d'expression aujourd'hui, bien qu'ils soient complètement étrangers aux concepts plus élevés de groupe et à l'aspiration spirituelle constante de servir l'humanité, indiquerait la nature de l'individualité ayant atteint son point culminant, ainsi que le succès de cette partie du plan divin.
Il faut noter avec soin que la démonstration heureuse du succès de l'individu qui domine est autant un succès divin (à sa propre place et son propre temps) que ne le sont les Grands Fils de Dieu. Toutefois, l'un de ces succès est l'expression du troisième aspect de la divinité, celui qui voile et cache l'âme, et l'autre succès est l'expression de deux aspects de la divinité (le second et le troisième), ceux qui voilent et cachent l'aspect de vie de la Monade.
Quand nous comprendrons cela, notre évaluation des achèvements du monde subira un changement ; nous verrons la vie d'une façon plus réelle, séparée du mirage qui déforme notre vision et également celle des grandes Personnalités. Il faut aussi garder à l'esprit le fait que le succès individuel séparatif est en soi une preuve d'activité de l'âme, car chaque individu est une âme vivante, animant les enveloppes inférieures des corps et procédant à :
1. La construction d'enveloppe après enveloppe, de vie après vie, de ce qui sera de plus en plus adapté à sa propre expression.
2. La production dans les enveloppes de cette sensibilité, l'une après l'autre puis finalement simultanément, qui permettra à celles-ci de réagir à une sphère ou à une mesure toujours plus grande d'influence divine.
3. L'intégration de ces trois enveloppes en une unité qui, pendant trois, quelquefois sept vies (occasionnellement onze vies), fonctionnera en tant que personnalité dominante dans quelque domaine de large expression, utilisant l'énergie d'ambition pour y parvenir.
4. La réorientation du soi individuel inférieur, de telle sorte que le royaume de ses désirs et la satisfaction des achèvements de la personnalité seront finalement relégués à leur juste place.
5. La galvanisation de l'homme qui s'affirme, en cette réalisation de nouveaux achèvements qui dirigera ses pas sur le Sentier de l'Etat de disciple et en fin de compte sur le Sentier de l'Initiation.
6. La substitution à l'ambition passée et nécessairement personnelle et intéressée au soi, des besoins du groupe et du but du service mondial.
Ce qui précède n'est-il pas suffisamment pratique ?
L'initiation, portée à son achèvement et dans la mesure où il s'agit de l'humanité, produit le Maître de la Sagesse, libéré, débarrassé des limitations de l'individu, recueillant les fruits du processus d'individualisation et fonctionnant de plus en plus comme l'ange solaire car il est focalisé principalement dans le corps intérieur spirituel. La conscience de la Présence est ainsi fermement développée. Ce fait mérite une étude approfondie et de profondes méditations de la part des disciples. Comme les trois rayons qui gouvernent la triplicité inférieure s'unissent, forment une synthèse et produisent la personnalité vitale, et comme à leur tour ils dominent le rayon du corps physique dense, l'homme inférieur pénètre dans un état prolongé de conflit.
Graduellement et d'une façon croissante, le rayon de l'âme, "le rayon de compréhension persistante et magnétique", ainsi qu'on l'appelle d'une manière occulte, commence à devenir plus actif dans le cerveau de l'homme qui est une personnalité développée, et une conscience croissante de vibration est établie. Cette expérience comporte de nombreux degrés et de nombreux stades qui couvrent bien des vies. Le rayon de la personnalité et le rayon égoïque paraissent au début s'opposer ; plus tard, un état de guerre continu s'établit, auquel assiste le disciple et auquel il participe d'une manière dramatique. Arjuna émerge dans l'arène du champ de bataille. Il se tient à mi-chemin entre les deux forces, un minuscule point conscient de connaissance sensible et de lumière. Autour de lui, en lui et à travers lui, les énergies des deux rayons se déversent et sont en conflit. Graduellement, comme la bataille continue à faire rage, il devient un facteur plus actif et abandonne l'attitude du spectateur détaché et désintéressé.
Lorsqu'il devient définitivement conscient des issues en cause et qu'il jette définitivement le poids de son influence, de ses désirs et de son mental du côté de l'âme, alors il peut prendre la première initiation. Lorsque le rayon de l'âme se focalise pleinement à travers lui et que tous ses centres sont contrôlés par ce rayon focalisé de l'âme, alors il devient l'Initié transfiguré et peut prendre la troisième initiation. Le rayon de la personnalité est "éteint" occultement parlant, ou absorbé par le rayon de l'âme. Toutes les puissances et tous les attributs des rayons inférieurs deviennent les auxiliaires du rayon de l'âme et sont colorés par lui. Le disciple devient "un homme de Dieu", une personne dont les pouvoirs sont contrôlés par la vibration dominante du rayon de l'âme et dont le mécanisme intérieur et sensible vibre à la même vibration. Il est lui-même réorienté vers le rayon monadique et contrôlé par lui. Le processus alors se répète ainsi :
1. Les nombreux rayons qui constituent l'homme inférieur séparatif, ont fusionné et sont unis dans les trois rayons de la personnalité.
2. Ces rayons, à leur tour, ont fusionné et sont unis en une expression synthétique de l'homme dominant et qui s'affirme, le soi personnel.
3. Les rayons de la personnalité deviennent alors un seul rayon et à leur tour ils sont soumis au double rayon de l'âme. A nouveau, donc, trois rayons sont unis.
4. Les rayons de l'âme dominent la personnalité et les trois deviennent un seul, tandis que le double rayon de l'âme et le rayon de la personnalité vibrent au diapason du plus élevé des rayons de l'âme ; le rayon de l'âme de groupe qui est toujours considéré comme étant le véritable rayon égoïque.
5. Puis, avec le temps, (à la troisième initiation) le rayon de l'âme commence à s'unir avec le rayon de la Monade, le rayon de vie. L'initié plus élevé est donc une double et non pas une triple expression.
6. En temps voulu, cependant, cette dualité réalisée laisse la place au processus mystérieux et indescriptible appelé identification, stade final du développement de l'âme. Il est inutile d'en dire plus, car ce ne pourrait être compris que par ceux qui se préparent à la quatrième initiation, et ce traité est écrit pour les disciples et les initiés du premier degré.
Au cours de ces stades successifs, nous pouvons avoir un aperçu de la vision de ce que nous sommes et de ce que nous pouvons être. Le dessein de notre âme qui se déploie ("ange d'amour persistant et ne mourant pas") doit acquérir un contrôle plus entier et plus profond de chacun de nous, à n'importe quel prix et à n'importe quel sacrifice. Ce doit être notre but inébranlable et ce vers quoi, en vérité et sincèrement, doivent tendre nos efforts.
Nous avons ainsi marqué les trois grandes divisions qui indiquent les progrès de l'âme vers son but. Par le processus d'Individualisation, l'âme arrive à une véritable soi-conscience et à la connaissance des trois mondes de ses expérience. L'acteur, dans ce drame de la vie, possède entièrement son rôle. Par le processus d'Initiation, l'âme devient consciente de la nature essentielle de la divinité. La participation, en pleine conscience, aux activités de groupe et l'absorption de ce qui est personnel et individuel dans le Tout, caractérise ce stade sur le sentier de l'évolution. Finalement, vient ce processus mystérieux par lequel l'âme devient si absorbée dans cette suprême
Réalité et cette suprême Synthèse au moyen de l'Identification, que même la conscience du groupe s'évanouit (excepté lorsque délibérément recouvrée dans le travail de service). Plus rien n'est connu que la Déité ; il n'y a plus de séparation, ni de synthèses de moindre importance, ni de divisions, ni de différenciations. On pourrait dire que pendant ces processus, trois courants d'énergie jouent sur la conscience de l'homme qui s'éveille :
a. L'énergie de la matière elle-même, influençant la conscience de l'homme intérieur spirituel qui utilise la forme comme moyen d'expression.
b. L'énergie de l'âme elle-même, ou de l'ange solaire, se déversant dans les véhicules et produisant une énergie réciproque dans la forme solaire.
c. L'énergie de vie elle-même, phrase qui n'a pas de sens, phrase que seuls les initiés de la troisième initiation peuvent comprendre, car même les découvertes de la science moderne ne donnent aucune idée réelle de ce qu'est la véritable nature de la vie.
La vie, ou énergie essentielle, est davantage que les activités de l'atome, ou de ce principe vivant qui produit la soi-perpétuation, la reproduction, la motion, la croissance et cette chose particulière que nous appelons "l'état d'existence". Il peut être possible de "créer" ou de produire le plus bas, ou troisième aspect de vie dans les laboratoires scientifiques, mais reproduire ou créer les autres aspects plus essentiels qui se manifestent comme réaction consciente, comme dessein embryonnaire intelligent qui anime toutes les substances, cela n'est pas possible. Lorsqu'il atteindra la troisième initiation, l'homme comprendra la raison de cette impossibilité. On ne peut en dire davantage car tant que cette initiation n'est pas expérimentée, on ne le comprendrait pas.
Pour jeter davantage de lumière sur cette question de la triple expansion de conscience (car toutes ces crises sont des aspects d'un seul grand dessein ou processus de développement), que nous appelons l'individualisation, l'initiation et l'identification, il faut garder à l'esprit le fait que ces mots ont pour nous, aujourd'hui, une certaine signification. Celle-ci dépend de l'angle de notre présent point d'évolution, de l'enseignement que nous avons reçu, de nos habitudes de pensée, du point de vue de la connaissance et de la terminologie modernes. Plus tard, ces mots pourront apparaître dans une lumière complètement différente, lorsque nous en saurons davantage et que la race aura progressé plus avant dans la lumière.
Mais vue à la lumière qui jaillit de cette plus large synthèse, et de l'angle de vision de Ceux dont la conscience est plus élevée, plus vaste et plus inclusive que la conscience humaine, la signification de ces mots peut paraître totalement différente. Une définition est simplement l'expression de la compréhension immédiate d'un mental humain. Mais une définition peut plus tard se révéler être imparfaite et même fausse, vue sous l'angle d'une plus vaste connaissance et d'une compréhension plus inclusive du tout (exactement comme c'est le cas d'un prétendu fait). Il s'ensuit que toute définition, et en fin de compte tous les faits, seront reconnus comme étant temporaires ; toute exégèse n'est que d'une utilité passagère. Les vérités fondamentales d'aujourd'hui peuvent, plus tard, être perçues simplement comme des aspects de vérités encore plus grandes, et lorsque la vérité plus grande est saisie, la signification et l'interprétation de ses parties jadis importantes apparaît comme considérablement différente de ce qu'on avait supposé. Cela ne doit jamais être oublié par quiconque lisant le Traité sur les Sept Rayons.
En considérant les trois mots : individualisation, initiation, identification, un initié aura à leur sujet une idée très différente de celle d'un disciple ou d'une personne qui n'a jamais pensé à ces questions ni ne les a jamais étudiées ; pour elle, notre vocabulaire est nouveau et étrange ; elle y comprend peu de choses et généralement les interprète faussement.
Dans l'individualisation, la vie de Dieu qui a été soumise aux processus de croissance, de stimulation et de développement dans les trois règnes inférieurs, devient focalisée dans le quatrième règne de la nature, le règne humain, par le moyen d'un "cycle de crise", et se trouve soumis à l'influence de l'énergie de l'âme dans l'un des aspects des sept rayons. La qualité de l'aspect forme, telle qu'elle est incorporée dans la personnalité et exprimée par la phrase, "le rayon de la personnalité", devient soumise à la qualité du rayon égoïque. Ces deux grandes influences jouent l'une sur l'autre et agissent réciproquement, l'une sur l'autre, provoquant des modifications, des changements jusqu'à ce que, lentement et graduellement, le rayon de la personnalité devienne moins dominant et que le rayon de l'âme assume fermement la prédominance. Finalement, ce sera le rayon de l'âme qui sera exprimé et non pas le rayon de la forme. Le rayon de la personnalité ou de la forme devient alors simplement le moyen d'expression à travers lequel la qualité de l'âme peut faire sentir la pleine puissance de sa présence. Un aspect de cette idée est communiqué par l'ancienne phrase occulte, "le feu moindre doit être éteint par la plus grande lumière." On peut voir un symbole de ceci dans le pouvoir que le soleil possède apparemment d'éteindre un petit feu lorsqu'il peut diriger sa chaleur droit sur lui.
On a signalé plus haut que nous pouvons employer avec profit les mots de Vie, Qualité, Apparence, au lieu d'Esprit, Ame et Corps, car ils expriment la même vérité. La qualité de la matière, construite dans une forme humaine et habitée par l'âme ou ange solaire, est ce qui colore normalement l'apparence. Plus tard, cette qualité inhérente à l'apparence change, et c'est la nature qualité de la Déité (telle qu'elle est exprimée dans l'âme) qui oblitère la qualité des formes. Pendant le stade où c'est la qualité de la matière qui constitue l'influence prédominante, le rayonnement matériel se fait sentir sous une forme triple. Ces formes, selon le processus évolutif entier, et dans la mesure où elles concernent la personnalité humaine, font leur apparition les unes à la suite des autres et influencent l'aspect matière de trois façons essentielles :
1. La qualité de la substance physique. Pendant ce stade de développement, l'homme est presque entièrement physique dans ses réactions et complètement sous le rayon de son corps physique. C'est, en lui, ce qui correspond à l'époque lémurienne et à la période de la pure enfance.
2. La qualité du corps astral. Ceci gouverne l'individu pendant une très longue période et gouverne encore, plus ou moins, les masses humaines. Cela correspond à la période atlantéenne et au stade de l'adolescence. Le rayon du corps astral possède un très grand pouvoir.
3. La qualité du corps mental. Celle-ci, dans la mesure où elle concerne la race, commence seulement à augmenter de puissance dans cette race aryenne à laquelle cette ère appartient. Cela correspond au stade de la maturité chez l'individu. Le rayon du mental a un rapport très étroit avec l'ange solaire, et il existe une attache particulière entre l'Ange de la Présence et l'homme mental.
Ce sont ces rapports réciproques et ces relations cultivées, profondément ancrées bien que souvent méconnues, qui produisent l'union étroite entre l'âme et son mécanisme, l'homme dans les trois mondes.
De l'angle des influences de ces trois rayons, nous avons (dans la vie de l'aspirant) une récapitulation du triple processus que nous pouvons appeler le "processus de développement de la conscience lémurienne, atlantéenne et aryenne". Sur le Sentier de Probation, le rayon du corps physique doit devenir subordonné aux puissances émanant des rayons de l'âme qui jaillissent de la rangée extérieure de pétales du lotus égoïque. Ce sont les pétales de la connaissance. Sur le Sentier de l'Etat de Disciple, la soumission du corps astral est amenée par le rayon de l'âme se déversant à travers la seconde rangée de pétales, les pétales de l'amour. Sur le Sentier de l'Initiation, jusqu'à la troisième initiation, le rayon du corps mental est soumis par la force des pétales du sacrifice qui se trouvent dans la troisième rangée de pétales. Après la troisième initiation, la personnalité tout entière, composée des trois aspects, devient sensible à l'énergie de pur feu électrique, ou vie, qui se déverse à travers le "bourgeon fermé au coeur du lotus égoïque".
La valeur de l'information qui précède réside dans le fait qu'elle donne, symboliquement, un tableau synthétique du développement de l'homme et des rapports plus élevés. Son danger réside dans la capacité de l'intellect humain de séparer et de diviser, si bien que le processus est perçu comme procédant par stades successifs, alors qu'en réalité il existe souvent une activité parallèle qui se poursuit, de nombreux chevauchements, des fusionnements, des rapports réciproques d'aspects, de rayons et de processus au sein d'un cycle de temps.
Tel est le programme pour l'humanité, en ce qui concerne le développement de la conscience humaine. En dernière analyse, tout l'accent du processus évolutif entier est placé sur le développement de la connaissance consciente et intelligente dans la vie animant les diverses formes. Le degré exact de conscience dépend de l'âge de l'âme. Cependant, du point de vue du temps, l'âme n'a pas d'âge, dans le sens où le comprend l'humanité. Elle est sans âge et éternelle. Devant l'âme passe le kaléidoscope des sens et le drame renouvelé de l'existence phénoménale extérieure ; mais tout au long de ces événements dans le temps et dans l'espace, l'âme garde l'attitude du Spectateur, et de l'Observateur qui perçoit. Elle contemple et interprète.
Dans les stades du début, lorsque la "conscience lémurienne" caractérise l'homme phénoménal, cet aspect fragmentaire de l'âme qui habite la forme humaine, et qui donne à l'homme toute la conscience humaine qui peut se trouver présente, est inerte, rudimentaire et non-organisé ; l'homme alors est dépourvu de mental tel que nous l'entendons et ne se distingue que par une identification complète à la forme physique et à ses activités. C'est la période de lente réaction tamasique à la souffrance, à la joie, à la peine, au besoin et à la satisfaction des désirs et à un besoin inconscient d'amélioration. Les vies s'écoulent les unes après les autres, et lentement la capacité d'identification consciente augmente, accompagnée d'un désir croissant d'une plus vaste étendue de satisfactions ; l'âme qui réside dans le corps et l'anime devient encore plus profondément cachée, prisonnière de la nature de la forme.
Les forces tout entières de la vie sont concentrées dans le corps physique, et les désirs qui s'expriment alors sont des désirs physiques ; en même temps, il y a une tendance croissante vers des désirs plus subtils, tels que ceux évoqués par le corps astral. Graduellement, l'identification de l'âme à la forme passe de la forme physique à la forme astrale. Il n'existe rien à ce moment-là qui puisse être appelé une personnalité. Il y a simplement un corps physique vivant et actif qui a ses besoins, ses désirs, ses nécessités et ses appétits, accompagné d'un passage, très lent mais continuellement croissant, de la conscience qui passe du véhicule physique au véhicule astral.
Lorsque ce passage, au cours du temps, s'est accompli avec succès, alors la conscience n'est plus entièrement identifiée au véhicule physique ; elle devient centrée dans le corps astro-émotionnel. Le centre de l'attention de l'âme, qui travaille à travers l'homme évoluant lentement, se trouve alors dans le monde du désir, et l'âme devient identifiée à un autre appareil de réaction, le corps de désir ou corps astral. La conscience de l'homme devient alors la "conscience atlantéenne". Ses désirs ne sont plus aussi vagues ni aussi rudimentaires ; ils étaient jusque là des besoins et des désirs fondamentaux ; d'abord, le besoin d'auto-préservation ; puis celui d'auto-perpétuation exprimé par le besoin de reproduction ; et ensuite, les satisfactions d'ordre matériel. A ce stade, nous trouvons l'état de conscience du jeune enfant et du pur sauvage.
Graduellement, cependant, nous rencontrons une réalisation intérieure fermement croissante du désir et un moindre accent mis sur les satisfactions physiques. La conscience commence lentement à répondre à l'impact du mental et au pouvoir de discriminer et de choisir entre les divers désirs ; la capacité d'employer le temps d'une façon quelque peu intelligente commence à être présente et à se faire sentir. Des plaisirs plus subtils commencent à faire entendre leur appel ; les désirs deviennent moins grossiers et moins physiques ; le désir naissant de beauté apparaît ainsi qu'un vague sens des valeurs esthétiques. La conscience devient plus astro-mentale, ou kamamanasique, et ses attitudes journalières, sa façon de vivre et son caractère commencent à se développer et à s'améliorer. Bien qu'il soit encore rempli de désirs non-raisonnés la plupart du temps, le champ de ses satisfactions et de ses besoins sensoriels est cependant moins animal et plus nettement émotionnel.
Il en arrive à se reconnaître des humeurs et des sentiments ; et un vague désir de paix, ainsi que le besoin de trouver cette chose nébuleuse appelée "le bonheur" commencent à jouer leur rôle. Cela correspond à la période de l'adolescence et à l'état de conscience appelé Atlantéen. C'est la condition des masses au temps présent. La plupart des êtres humains sont encore Atlantéens, encore purement émotionnels dans leurs réactions et dans leur approche de la vie. Ils sont encore gouvernés d'une façon prédominante par des désirs égoïstes et par les appels de la vie instinctive. Notre humanité est encore au stade atlantéen, tandis que les gens intelligents du monde, les disciples et les aspirants quittent rapidement ce stade, car ils ont atteint l'individualisation sur la chaîne de la lune et sont les Atlantéens du passé historique.
Les travailleurs du monde aujourd'hui devraient garder très soigneusement à l'esprit ces faits, s'ils veulent juger correctement les problèmes mondiaux, guider et enseigner correctement les gens. Ils devraient comprendre que, d'une façon générale, il n'existe qu'une petite mesure de qualité mentale avec laquelle on puisse travailler lorsqu'on s'adresse aux masses "submergées" : que celles-ci ont besoin d'être orientées vers ce qui est véritablement désirable davantage que vers ce qui est véritablement raisonnable. Tous ceux qui enseignent devraient porter leur effort à imprimer la direction correcte à l'énergie du désir, telle qu'elle s'exprime dans les masses ignorantes et facilement influencées.
Chez les gens plus avancés du monde d'aujourd'hui, nous voyons que le corps mental fonctionne ; cela sur une large échelle dans notre civilisation Occidentale. L'énergie du rayon du corps mental commence à se déverser et à s'affirmer lentement. Pendant ce temps, la nature du désir est amenée sous contrôle et, en conséquence, la nature physique peut devenir plus définitivement l'instrument des impulsions mentales. La conscience du cerveau commence à s'organiser, et le centre des énergies commence à se déplacer graduellement, des centres inférieurs dans les centres supérieurs.
L'humanité est en train de développer la "conscience aryenne" et atteint la maturité. Chez les gens plus avancés, nous trouvons aussi l'intégration de la personnalité et le commencement du contrôle définitif du rayon de la personnalité, accompagné de son entreprise synthétique et cohérente sur les trois corps et leur fusionnement en une seule unité de travail. Plus tard, la personnalité devient l'instrument de l'âme qui l'habite.
Ce qui précède est un énoncé simple et direct d'un long et difficile développement évolutif. Sa simplicité même indiquera que nous n'avons traité que des lignes générales et que nous avons omis les infinis détails du processus. Le travail commence à l'Individualisation et se poursuit à travers les deux stades finaux d'Initiation et d'Identification. Ces trois stades marquent le progrès accompli par la conscience de l'âme depuis le stade d'identification à la forme jusqu'à celui d'identification au Soi. Ces troismots, individualisation, initiation et identification, indiquent le processus tout entier de la "carrière" de l'homme, du moment où il émerge dans le règne humain, jusqu'à ce qu'il le quitte à la troisième initiation et qu'il fonctionne librement dans le cinquième règne, le royaume de Dieu. A ce moment, il a appris que la conscience est libre, illimitée, et qu'elle peut fonctionner dans la forme ou en dehors de la forme suivant les directives de l'âme ou de la façon dont le Plan peut le mieux être servi. L'âme n'est donc en aucune façon conditionnée par la forme. De même qu'un homme peut s'exprimer dans l'existence à trois dimensions, de même, au moment où il prend la troisième initiation, il peut fonctionner activement et consciemment dans quatre dimensions ; aux stades finaux du Sentier de l'Initiation, il devient actif dans cinq dimensions.
Le fait significatif qu'il faut garder à l'esprit, pendant que nous considérons ces divers degrés d'expansion de conscience est que, pendant tout ce temps, n'a lieu qu'un seul développement continu qui se poursuit. La vie de l'âme, dans ce grand cycle de vie que nous appelons l'incarnation humaine, passe sur le plan phénoménal à travers tous les stades, en suivant la même direction, en ayant le même pouvoir, la même continuité dans la croissance et dans l'adaptabilité de la forme aux circonstances et au milieu, comme le fait la vie de Dieu tandis qu'elle coule à travers les divers règnes de la nature âge après âge. En tout, on peut suivre clairement le fil de la conscience qui se développe. Des formes sont construites, utilisées et abandonnées. Des cycles de vie amènent la forme à certaines phases de développement nécessitées parla conscience progressivement inclusive.
D'autres cycles, plus tard, montrent les effets bien définis et spécifiques de cette conscience qui s'est développée, car certaines vies son essentiellement fructueuses et produisent des causes (ce qui constitue une phrase paradoxale ayant un sens profond), et d'autres sont essentiellement occupées à manifester les effets des causes antérieures. C'est là un point sur lequel on ne met pas assez souvent l'accent. Des cycles de vie encore plus lointains augmentent les relations entre ces deux aspects, conscience et forme, et ainsi produisent un type de vie entièrement différent. On peut voir la correspondance entre ces cycles qui s'opère dans la vie et la conscience du Logos planétaire, en observant comment cette grande Existence cherche à s'exprimer au moyen des quatre règnes de la nature.
Cependant, (et c'est là un fait d'une importance suprême), le développement dirigé, le dessein et l'existence qui évoluent, tous les événements dans les règnes de la nature, toutes les phases de la vie conditionnée dans la famille humaine, le kaléidoscope des événements, l'apparition des caractéristiques et des tendances, l'apparition des formes avec leur coloration, leurs qualités et leurs activités uniques, les synthèses et les fusions, les besoins, les instincts et les aspirations, les amours et les haines manifestés (en tant qu'expressions de la grande loi d'attraction et de répulsion), la création de civilisations, de sciences et d'arts dans toutes leurs beautés et leurs merveilles, ne vaut que l'expression de la volonté-d'être de certains Etres ou de certaines Existences.
Leur conscience transcende tellement la conscience humaine que seul l'initié de haut rang peut entrer dans Leur véritable Plan. Ce que nous voyons aujourd'hui n'est que l'expression de Leurs énergies dans les processus de façonnage de la forme et de l'évolution de la conscience. Le Plan, tel qu'il est perçu par les disciples du monde, dans leur effort de travailler et de coopérer avec lui, n'est que la perception de cette portion du Plan qui concerne la conscience humaine. Nous n'avons pas été encore capables de saisir même une faible lueur de l'immensité du Plan synthétique pour des évolutions autres que l'évolution humaine, à la fois supra-humaine et sub-humaine ; et nous ne pouvons pas non plus saisir la structure de l'idéal de Dieu tel qu'il sert de base à la totalité des processus manifestés, même sur notre petite planète. Tout ce que nous connaissons réellement est que le Plan existe, qu'il est excellent, que nous nous trouvons enveloppés par lui et que nous sommes soumis.
Ici se trouve peut-être une explication au difficile problème du libre arbitre. On pourrait dire que dans les limites de la direction intelligente de l'homme intelligent, il existe un libre arbitre, dans la mesure où il s'agit des activités dans le règne humain. Là où il n'y a pas d'activité mentale et là où il n'y a pas de pouvoir de discrimination, d'analyse et de choix, il n'y a pas de libre arbitre. Toutefois, à l'intérieur des processus plus vastes du Plan, comme celui-ci inclut l'évolution planétaire tout entière, il n'existe pour cette unité minuscule, l'homme, aucun libre arbitre. Il est soumis, par exemple, à ce que nous appelons les "actes de Dieu", et devant eux il est sans recours. Il n'a aucun choix ni aucun moyen de leur échapper. C'est une indication sur la façon dont fonctionne le karma dans le règne humain ; le karma et la responsabilité intelligente sont liés et entrelacés d'une manière inextricable.
Comme nous terminons l'exposé sur ces trois stades d'Individualisation,d'Initiation et d'Identification qui marquent le progrès de l'âme depuis l'identification à la forme jusqu'à ce qu'elle se perde, elle et sa propre identité, dans une identification plus élevée avec l'Etre Absolu. Transportons nos pensées jusqu'à ce point dans le temps et dans l'espace où la conscience spirituelle se libère de toutes les catégories de conscience et de toutes les différenciations, où le sentiment final du soi se fond dans cette condition sublime où l'égocentrisme (tel que nous l'entendons) disparaît. Nous examinerons plus tard les stades au cours desquels l'âme, mue jusque là par les qualités particulières de son rayon, s'approprie (dans des buts d'expérience) ces formes qui peuvent exprimer les nombreux types de connaissance divine et qui peuvent y répondre.
Il faudrait donc noter ici qu'il y a, littéralement, deux points d'identification dans la longue expérience de l'âme. L'un marque le stade où la forme, la matière, la substance, le temps et l'espace constituent des facteurs de contrôle et emprisonnent l'âme dans leurs types de conscience. Cela implique l'identification avec la vie de la forme. L'autreimplique l'identification avec tout ce qui réside en dehors de l'expression dela forme et en est libéré. Ce que cela peut être se trouve au-delà de la compréhension de notre présente humanité avancée, et n'est connu dans sa véritable signification que par de grandes Existences tels que le Christ, le Bouddha et Ceux qui ont un rang analogue dans la Hiérarchie des Vies. Les qualités engendrées et développées par la première de ces identifications demeurent et colorent les réalisations conscientes ; et il convient de se souvenir que l'identification finale est le résultat de l'expérience acquise par l'intermédiaire de la première.
Ces qualités varieront suivant que dominent les énergies de l'un ou l'autre rayon, mais il n'y aura, aux stades finaux, aucune conscience de la qualité ou du type de rayon, mais simplement un état d'Etre ou d'existence qui réalise l'identification avec le Tout et qui, en même temps, contient en substance (si on peut utiliser un terme aussi peu satisfaisant) tous les résultats des moindres identifications, des différentes différenciations et distinctions, et les nombreux instincts, impulsions et intuitions du rayon. Les qualités conservées et exprimées, les actions, les réactions et les connaissances possibles, sont également éternellement présentes et susceptibles d'être acquises à nouveau à volonté, mais elles sont toutes maintenues au-dessous du seuil de la conscience. Existence, Etre, Totalité et Unité constituent les caractéristiques distinctives de ce stade très évolué qui est, à son tour, la fondation du cycle évolutif plus élevé dont nous ne savons rien et auquel il est fait allusion dans Un Traité sur le Feu Cosmique et dans toutes les références faites aux Sept Sentiers qui s'ouvrent devant l'adepte de la cinquième initiation.
L'absorption dans la Vie Unique est la nature de ce stade élevé de conscience. La libération de tout ce qui est impliqué par l'utilisation des mots Forme et Ego en est la caractéristique majeure, et par conséquent plusieurs anciennes Ecritures, en essayant de traiter de cette condition supra-normale et superlative et de l'expliquer, sont obligées d'avoir recours à l'utilisation de négations et à la prétendue "doctrine de négation". C'est seulement en indiquant ce que cet état ou cette condition de connaissance n'est pas que l'on peut transmettre ce qu'essentiellement il est. Les négations que l'on rencontre ainsi (et qui sont fréquemment incomprises du lecteur occidental) sont donc le résultat de la futilité et de l'impuissance du langage à exprimer la Réalité alors connue.
Une fois que les initiations majeures ont été passées, l'état de conscience de l'adepte illuminé et libéré est tel que le langage ne sert qu'à aveugler et à empêcher une compréhension véritable. La conscience de l'initié est d'une nature si élevée qu'elle ne peut être décrite qu'en termes de libération, de négation, et par l'accent mis de ce qui n'est pas. C'est un état d' "Aucune-Chose" et d' "Aucun-Ego", car toute connaissance égoïque est supplantée par un état d'Etre et de conscience qui ne peut être compris et exprimé que lorsque la vie de la forme n'est plus d'aucune utilité pour la vie spirituelle devenue parfaite. C'est un état de non-individualité avec pourtant, la connaissance subconsciente et les gains de l'expérience individuelle.
Le centre de conscience est déplacé si loin de toute identité individuelle séparée que ce facteur particulier a entièrement disparu, et que seule la vie macrocosmique est comprise d'une façon sensible. De notre présent angle de vision, c'est un état de non-activité, car toutes les réactions individuelles à l'activité de la matière ou à cet état d'être que nous appelons égoïque, ont été abandonnées, et la Vie et le Mental ne peuvent plus être mus par aucun des facteurs qui, jusqu'alors, avaient produit ce que nous avons appelé l'activité de l'âme et l'existence de la forme.
Cependant, bien que la conscience soit différente de tout ce qui jusqu'alors avait été connu, et bien qu'elle ne puisse être exprimée qu'en termes de négation, la vérité qu'il ne faut jamais perdre de vue est que la plus vaste connaissance doit toujours inclure les moindres connaissances. En conséquence, toutes les actions et les réactions, les identifications et les focalisations, les connaissances, les impulsions de rayon, les approches et les retraites possibles, toutes les expressions d'activité divine et les qualités, phénoménales et non-phénoménales, sont inclues dans l'état d'Etre qui est maintenant l'état naturel de l'Existence spirituelle libérée et éclairée.
Elles peuvent toutes être recouvrées par la volonté ou en réponse à un besoin ; mais l'Etre spirituel n'est plus tenu par elles ni identifié à elles.
Chacun des stades du grand Sentier de Libération ou d'Illumination dont nous avons parlé (Individualisation, Initiation et Identification), a conduit la Vie, ou l'homme spirituel intérieur, de point en point, de qualité en qualité, de réalisation en réalisation, d'apparence phénoménale à existence spirituelle, de connaissance physique à connaissance sensible et émotionnelle, et de là à la différenciation et à la séparation mentales. Il a été transporté de l'enfer au ciel, du ciel au Nirvana, de la vie conditionnée de l'Ego personnel à celle de l'âme de groupe, et de là à celle de l'état libéré de la pure vie intuitive. Il a passé de l'expérience de la forme constituant un tout à celle de la libération complète de toutes impressions vibratoires, ce que la nature de l'Etre pur (séparé de toute existence phénoménale) doit démontrer. Mais en même temps, rien n'est perdu en fait de capacité, de qualité ou de connaissance sensible. Nous trouvons cela magnifiquement exprimé dans les paroles de l'Ancien Commentaire, qui se trouve dans les archives des Maîtres :
"La qualité de la vie s'évanouit. Elle tremble et elle est partie. Pourtant, les Etres Bénis révèlent cette qualité à volonté. La couleur reste, pure.
La nature de vie dans la forme ne parvient pas à apparaître.
Elle brille un moment puis disparaît. Les Etres Bénis, à volonté, peuvent prendre une forme, pourtant ils ne sont pas alors la forme.
Les sept grands rayons se lancent dans la vie manifestée.
Ils sont, et puis ils ne sont pas. Tout est et tout n'est pas. Mais les Etres Bénis, à n'importe quel moment, peuvent se lancer dans la lumière manifestée. Ils transportent alors les puissances de l'esprit afin de satisfaire la nécessité exprimée. La lumière ne les arrête pas ; Leur dessein n'est pas emprisonné ; Leur volonté n'est pas soumise. Ils apparaissent et disparaissent à volonté."
(On peut voir, démontrée dans le monde, la vérité de ce qui précède, exprimée à chaque pleine lune de Mai, lorsque le Bouddha se manifeste d'une façon étincelante, en vue de l'accomplissement du Plan et à la demande urgente de Sa propre volonté spirituelle).
"Rien n'arrête les Etres Bénis. Ni les déités ni la forme ; ni le désir ni le mental ; ni aucune qualité de vie. Ils sont vie pure ; pure existence et pure volonté ; pur amour et pure intention ; c'est tout ce que l'homme non-éclairé peut saisir, et cela, seulement en partie.
Les Etres Bénis ne sont pas, et pourtant Ils sont.
Les Etres Bénis ne connaissent rien, et pourtant connaissent tout.
Les Etres Bénis n'aiment pas, et pourtant offrent l'amour divin.
Les Etres Bénis ne se souviennent pas, et pourtant tout est souvenir.
Les Etres Bénis demeurent en pur isolement, et pourtant à volonté ils peuvent prendre une forme.
Les Etres Bénis résident toujours dans le lieu sublime et élevé, pourtant souvent Ils peuvent marcher sur la terre dans la lumière phénoménale.
Les Etres Bénis ne se manifestent pas au moyen de la forme, pourtant ils sont toutes formes et tous desseins."
Puis l'Ancien Commentaire se poursuit, au cours de nombreuses pages de texte écrit, montrant que les Etres Bénis ne sont rien et pourtant sont tout ce qui existe ; qu'Ils ne possèdent rien et pourtant sont en Eux-Mêmes l'expression de toute réalité ; qu'Ils ne demeurent nulle part et pourtant se trouvent partout ; qu'Ils ont disparu et pourtant brillent d'un plein rayonnement et peuvent être vus. Les négations s'amoncellent sur les négations, uniquement pour être rapidement contredites en un effort de montrer à quel point la vie des Etres Bénis est séparée de la forme et pourtant y est incluse. Le commentaire se termine par cette injonction merveilleuse :
"En conséquence, sois plein de joie, O Pèlerin sur le Chemin vers l'Etre éclairé, car le gain et la perte ne font qu'un ; les ténèbres et la lumière révèlent éternellement le Vrai ; l'amour et le désir éternellement invoquent la Vie.
Rien ne disparaît sauf la douleur. Rien ne demeure, sauf la félicité, la félicité de la véritable connaissance, du contact réel, de la lumière divine, le Chemin vers Dieu."
Tel est le véritable but, encore irréalisable pour nous. Que nous efforçons-nous de faire ? Nous foulons le Chemin de la Libération, et sur ce chemin, tout tombe de nos mains ; tout nous est enlevé, et le détachement du monde de la vie phénoménale et de l'individualité nous est inévitablement imposé. Nous foulons le Chemin de la Solitude, et en fin de compte nous devons apprendre que nous ne sommes essentiellement ni des égos ni des non-égos. Une discrimination et un détachement complets doivent finalement nous conduire à une condition de solitude si complète que l'horreur des vastes ténèbres s'abattra sur nous. Mais lorsque se lèvera le voile de ténèbres et qu'à nouveau se déversera la lumière, le disciple verra que tout ce qui a été saisi et soigneusement conservé, puis perdu et retiré, a été rendu, mais avec la différence que rien ne maintient plus la vie emprisonnée par le désir. Nous foulons le Chemin qui conduit au sommet dela Montagne de l'Isolement, et nous le trouvons plein de terreurs. Au sommet de la montagne, il nous faut livrer la bataille finale avec le Gardien du Seuil, pour découvrir seulement que cela aussi est une illusion.
Ce point élevé d'isolement et la bataille elle-même ne sont que des illusions et des produits de l'irréel ; ils constituent le dernier retranchement de l'ancien mirage, et de la grande hérésie de la séparation. Alors nous, les Etres Bienheureux, nous nous trouvons finalement immergés en tout ce qui est, en amour et en compréhension. L'isolement, stade nécessaire, est lui même une illusion. Nous foulons le Chemin de Purification, et pas après pas, tout ce que nous aimons est enlevé, la convoitise de la vie de la forme, le désir de l'amour, et le grand mirage de la haine. Tout cela disparaît, et nous demeurons purifiés et vides. La détresse provoquée par le vide en est le résultat immédiat ; elle nous étreint, et nous sentons que le prix de la sainteté est trop élevé. Mais, demeurant sur le Chemin, l'être tout entier est soudain inondé de lumière et d'amour, et le vide est perçu comme constituant, ce à travers quoi la lumière et l'amour peuvent couler vers un monde qui en a besoin. L'Etre purifié peut alors résider en cette place où demeurent les Seigneurs Bénis, et de là il part pour "illuminer le monde des hommes et des déités".
Il existe quatre chemins qui s'ouvrent devant les disciples du Seigneur du Monde. Ils doivent tous être foulés avant que l'Etre intérieur ne soit libéré, et le Fils de Dieu libéré peut entrer, à volonté, dans ce qui est symboliquement appelé "les quatre portes de la Cité de Shamballa", cette cité du Dieu le Plus Haut, qui est toujours parcourue par la Vie de Ceux qui ont atteint la libération à travers la solitude, le détachement, l'isolement et la purification. Comprendre le but et le chemin qui conduit au but est, en ce moment, important, et c'est cette compréhension que les leaders de l'humanité cherchent à stimuler chez les Fils de Dieu.
La réaction de la vie aux grands stades d'Individualisation, d'Initiation et d'Identification s'effectuera suivant le type du rayon, ou sa qualité. C'est là un lieu commun occulte, mais c'en est un qui exige beaucoup de considération et de réflexion. Gardons toujours à l'esprit le fait que nous considérons les qualités qui gouvernent les apparences et expriment la vie.
Ce que la littérature orientale appelle "l'Etre Béni" se réfère à l'Etre qui exprime parfaitement une certaine qualité de rayon à travers quelque apparence phénoménale choisie, assumée à volonté dans un but de service.
Cela ne constitue en aucune façon une limitation ni ne détient prisonnier l'Etre Béni, car sa conscience ne s'identifie pas à l'apparence phénoménale ni à la qualité qu'elle exprime.