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FEE (suite 3 ) Lieux réputés fréquentés par les fées

FEE (suite 3 )

 Lieux réputés fréquentés par les fées

La photo montre des cercles esquissés sur un tapis d'herbes ou de lichen.

Cercle des fées en Islande.

Les fées sont associées à bon nombre de lieux qu'elles fréquenteraient, ou même qu'elles auraient bâti. Le cercle des fées[115], en réalité un phénomène mycologique, a longtemps été attribué à la danse des fées qui s'y déroulerait. On nomme chemin des fées (fairy path) les passages qu'elles empruntent, et fort de fées les castros circulaires que les fées habiteraient en Irlande. En Bretagne, le monument mégalithique La Roche-aux-Fées aurait été bâti par elles et vénéré en conséquence[116], il est le sujet du conte La Fée des Houx. Bon nombre de dolmens étaient, jusqu'à une époque récente, réputés être leur demeure[117]. Paul Sébillot a relevé un nombre impressionnant de « grottes aux fées », « pierres des fées », « chambres des fées » ou « trous des fées » d'un bout à l'autre de la France, témoignant d'anciennes croyances[118]. La croyance populaire associe toujours les forêts de Huelgoat, Fouesnant, Brocéliande (administrativement forêt de Paimpont), du Dartmoor et du Devon ainsi que les landes écossaises et Irlandaises à des demeures féeriques[49]. Le Val sans Retour serait le domaine de la fée Morgane. Plusieurs lieux sont revendiqués comme étant le domaine de la fée Viviane, notamment le lac du château de Comper.

Recommandations et protection contre les fées

La photo montre un arbre de l'espèce Sorbus aucuparia, ou sorbier des oiseleurs, dont les fleurs sont rouges.

Le sorbier des oiseleurs, arbre sacré des fées et protection contre elles.

Bon nombre de recommandations visent à éviter soigneusement les lieux que les fées sont réputées fréquenter, et une grande partie du folklore consacré aux fées évoque les moyens de se prémunir de leur malice ou de les conjurer. Les objets en fer forment le charme de protection le plus répandu (le fer agit comme un poison sur les fées et elles fuient ce métal)[115]. Elles sont également réputées gênées par les personnes portant leurs vêtements à l'envers, mais aussi par l'eau courante, le millepertuis perforé, le trèfle à quatre feuilles et le son des cloches, en particulier celles des églises[94].

Certaines croyances sont contradictoires, comme celle à propos du sorbier des oiseleurs qui dans certains cas forme une protection contre les fées, mais dans d'autres est sacré pour elles. Le rôle des cloches est tout aussi ambigu, alors qu'elles sont censées protéger contre les fées, celles qui montent à cheval — telle la reine des fées — ont souvent des cloches sur leurs harnais. Ce pourrait être un trait distinctif de la cour Seelie, qui les utiliseraient pour se protéger contre la cour Unseelie[119]. Une autre part ambiguë du folklore concerne le chant du coq, censé chasser les fées alors que certains contes racontent que ces créatures élèvent des volailles[120]. De nombreuses histoires révèlent comment empêcher les fées de voler les bébés et de les remplacer par un changeling, ou encore d'enlever les personnes âgées de la même manière[96]. Les hommes et femmes qui voient des fées sont bien avisés de ne pas les regarder de trop près, parce qu'elles sont très susceptibles quant aux atteintes à leur vie privée[121]. C. S. Lewis parle d'un chalet plus redouté pour ses fées que son fantôme[122].

Creuser dans les collines des fées est particulièrement imprudent. Des propriétaires ont fait abattre le coin d'un mur de leur maison parce qu'il bloquait le chemin des fées[123]. Des chalets ont été construits avec les portes avant et arrière alignées, de sorte que les propriétaires puissent, au besoin, les laisser ouvertes afin que la troupe des fées passe durant la nuit[124]. Des sites tels que les forts de fées sont laissés intacts : même la coupe de broussailles y est réputée causer la mort de ceux qui ont accompli l'acte[125]. Les arbres des fées, tels que l'aubépine, sont dangereux à abattre. L'un de ces arbres a été préservé en Écosse, empêchant l'élargissement d'une route pendant 70 ans[126]. Pour éviter les fées des eaux tels que Peg Powler et Jenny Greenteeth, il suffit de fuir les plans d'eau qu'elles habitent[62].

Rôle du pain et du sel

En Terre-Neuve, la protection la plus connue est le pain, allant du pain rassis à la tranche de pain frais maison. La croyance en les vertus du pain est ancienne, associé à la maison et au foyer, ainsi qu'avec l'industrie et la domestication de la nature, il semble être détesté par certains types de fées. Toutefois, dans la plupart des folklores celtes, les produits de boulangerie sont une offrande traditionnelle comme le sont la crème et le beurre[94]. Dans le comté de Wexford, en Irlande, la croyance selon laquelle un enfant qui sort avec un morceau de pain emballé dans ses vêtements est protégé de la sorcellerie ou du mal était courante en 1882[127].

« Le prototype de la nourriture, et donc un symbole de vie, le pain était l'une des protections les plus répandues contre les fées. Avant de sortir dans un lieu habité par des fées, il était d'usage de mettre un morceau de pain sec dans sa poche. »

— Katharine Mary Briggs, An Encyclopedia of Fairies. Hobgoblins, brownies, bogies and other supernatural creatures[128]

Traditionnellement, les fées sont considérées comme éternelles ou immortelles, toutefois cette immortalité peut être mise à mal par le sel, réputé pour ses vertus exorcisantes et apotropaïques. Une fée baptisée devient mortelle lorsque le sel touche ses lèvres selon Paul Sébillot, et peut alors subir des infirmités, vieillir et mourir[29].

Recommandations envers les fées du foyer

D'autres actions sont réputées offenser les fées. Les brownies sont traditionnellement chassés si on leur donne des vêtements ; certains contes rapportent qu'ils sont vexés par la qualité inférieure des vêtements donnés, d'autres qu'ils sont ravis de ce cadeau et partent simplement en l'emportant[129]. D'autres brownies quittent des foyers ou des fermes parce qu'ils ont entendu une plainte, ou un compliment[130]. Une maison bien tenue évite qu'ils ne commettent des actions malveillantes : s'ils ne trouvent pas la maison assez propre, ils pincent les gens dans leur sommeil. La nécessité de ne pas offenser les fées peut créer des problèmes : un agriculteur a constaté que les fées avaient battu son blé pour lui, mais le battage continua et le blé de ses voisins disparut bientôt. Il en conclut que les fées volaient ses voisins, ce qui lui laissait le choix entre les dénoncer et les offenser, ce qui est dangereux, ou alors profiter du vol[131].

Origine des fées

Plusieurs théories, plus ou moins sérieuses, coexistent pour expliquer l'origine des fées. La plus largement reconnue par les folkloristes, historiens, ethnologues, archéologues et écrivains voit dans les fées la survivance des divinités et esprits mentionnés dans les croyances païennes, notamment greco-romaines et celtiques, dont la fonction s'est trouvée modifiée avec la venue du monothéisme et surtout du christianisme en Europe[132],[69], diabolisant ou rationalisant ces êtres.

Ainsi, dès le VIe siècle, Martin de Braga dit que les esprits des arbres et des eaux sont des démons chassés du ciel[69]. L'érudit Alfred Maury explique qu'à son époque, les auteurs faisaient descendre les fées des nymphes, des Parques et des druidesses[133]. Walter Scott fait des sylvains, satyres et faunes, créatures sylvestres et champêtres des mythologies, les ancêtres des fées écossaises :

« Ces sylvains, ces satyres et ces faunes, dont la superstition peuplait les rives touffues et les bois élevés de cette contrée romantique, furent obligés de faire place à des déités dont le caractère ressemblait beaucoup au leur, et qui probablement tiennent quelques-uns de leurs attributs de leurs prédécesseurs classiques [...] nous voulons parler des fées [...]. »

— Walter Scott, Histoire de la démonologie et de la sorcellerie[134]

Les différentes théories ne sont pas forcément exclusives, le mélange de certaines d'entre elles peut expliquer l'origine de divers personnages féeriques en Europe de l'Ouest. D'autres auteurs restent dans le domaine mythologique, tel l'Irlandais William Butler Yeats pour qui les Tuatha Dé Danann devinrent les fées lorsqu'ils furent vaincus, certains se faisant invisibles, d'autres gagnant Tir Na Nog et les derniers se cachant sous les tertres[70]. Pierre Dubois remonte à la cosmogonie de la mythologie nordique, où le géant Ymir, démembré, donne naissance aux alfes (alfes sombres, alfes noirs et alfes lumineux), qui eux-mêmes engendrent tout le petit peuple[3].

Les écrivains ont parfois livré leurs propres visions, souvent poétiques, de l'origine des fées. C'est le cas de J. M. Barrie qui raconte dans un chapitre du roman The Little White Bird au sujet de Peter Pan, en 1902, que « lorsque le premier bébé rit pour la première fois, son rire éclata en un million de fragments qui se dispersèrent en tous sens. Ce fut le commencement des fées »[135].

Christianisation et oubli de divinités païennes

La peinture montre une femme peu vêtue, assise au centre d'un arbre.

Les dryades, à l'origine divinités mineures des arbres dans la mythologie grecque, sont vues comme des fées. Peinture par Evelyn De Morgan.

La théorie la plus répandue veut que les fées aient à l'origine été les divinités, majeures ou mineures, de plusieurs panthéons païens qui, avec la venue du christianisme, ont vu leurs pouvoirs et leur fonction diminuer ou changer et sont passées de la religion au folklore populaire, et à la littérature. Une preuve réside dans le fait que bon nombre d'êtres fabuleux décrits comme des divinités dans les anciennes légendes et les mythologies sont désormais dépeints comme des fées, en particulier dans les écrits plus récents[132]. Ainsi, Pierre Dubois inclut-il Lamastu et les dryades à sa Grande Encyclopédie des fées[136], expliquant : « les déesses trop vives pour rester statufiées dans le marbre sont descendues du Parnasse pour gagner les campagnes »[90]. De plus, la confusion entre fées et déesses est fréquente au Moyen Âge[137], les fées de récits médiévaux ressemblent fortement à la déesse antique Vénus et surtout à Diane qui partage bon nombre de leurs attributs et notamment le lien à la nature, mais aussi aux nymphes, aux dryades, et aux dames de la mythologie celtique telles que Niamh. Le savoir attribué aux fées (divination, guérison, etc.), est indéniablement d'origine divine[138]. Claude Lecouteux voit dans les Valkyries et les femmes-cygnes l'origine d'une partie des fées germaniques[18].

Divinités du Destin

Alfred Maury et Laurence Harf-Lancner voient dans les divinités liées au Destin, Parques, Nornes et Sybilles, les ancêtres des fées françaises[138],[3], de même que les auteurs du Dictionnaire des symboles pour qui « cette filiation n'est guère discutable »[139], Karl Grün dans Les Esprits élémentaires (1891) affirme que les fées allemandes sont également issues des trois Nornes[54] et Claude Lecouteux cite la Fylgja, incarnation féminine du destin des héros, comme origine possible des fées scandinaves[18].

Personnification de forces naturelles

La peinture montre une femme à la longue chevelure se tenant debout près du jet d'eau vertical d'une fontaine.

Undine (1872, huile sur toile) par John William Waterhouse.

Quelques chercheurs tels que Claude Lecouteux, Alfred Maury et Laurence Harf-Lancner font remonter l'origine d'au moins une partie des fées à la personnification de l'eau[3]. Des créatures proches de l'archétype de la « fée des eaux » sont en effet universellement présentes dans la mythologie d'Europe de l'Ouest, et ont pour particularité d'habiter des demeures semblables à celles des hommes mais situées sous les eaux, d'où le lien à la notion de monde parallèle[84]. Les textes médiévaux à propos des fées ne cessent de mentionner cet élément, que ce soit la fontaine de Barenton ou la rivière près de laquelle Lanval rencontre deux fées, dont l'une l'emmène dans l'île mythique d'Avalon[140]. Les créatures de l'eau issues de la mythologie germanique, telles que les ondines et les nixes, sont clairement à l'origine des fées germaniques selon Claude Lecouteux, et seraient elles-mêmes issues de la crainte et de la terreur des hommes envers cet élément, conduisant à son anthropomorphisation. Il cite pour preuve le très grand nombre d'êtres surnaturels censés vivre sous les eaux[18].

Durant l'époque victorienne, l'explication des mythologies voulait que toutes les divinités soient des personnifications de forces naturelles[141]. Suivant cette théorie, les fées sont à la fois des personnifications de la nature et des allégories de concepts abstraits tels que l'amour et la victoire, déifiés dans le panthéon des différents animismes qui forment les plus anciennes religions en Europe de l'Ouest[142]. Pierre Dubois reprend également cette théorie, ajoutant que le regard posé par l'homme sur la nature pour y percevoir des présences cachées est une manifestation de son subconscient[90].

Culte des morts

Une dernière théorie, popularisée par Katharine Mary Briggs et Lady Wilde, mère d'Oscar Wilde[69], lie les fées au souvenir d'un type de culte des morts. Elle s'appuie sur la confusion, dans un certain nombre de croyances et de légendes, entre les fantômes et les fées, sur le Sidhe considéré comme un tertre funéraire, sur le fait qu'il est dangereux de manger de la nourriture en pays de féerie tout comme dans le royaume d'Hadès, et sur le séjour des morts et de bon nombre d'êtres du petit peuple sous terre[143].

Druidesses

Une croyance ancienne voyait dans les fées un souvenir des druidesses. Au XIXe, Collin de Plancy l'assurait, ajoutant que l'on chargeait de cultes à la nature, et à qui l'on a plus tard attaché des demeures au fond de puits, près des torrents, ou dans les cavernes. Jules Garinet pensait que les fées sont les femmes des druides[144] et Olaus Magnus parle de divinités de la forêt résidant dans des antres obscurs, qui se montrent à ceux qui viennent les consulter, et disparaissent soudainement : ce seraient originellement des druidesses, devenues des fées[145].

Peuple caché

Une idée répandue parmi les nations celtiques, parle d'un peuple de petite taille qui fut peu à peu chassé par d'autres hommes, et condamné à vivre dans la clandestinité. Ils en seraient venus à être considérés comme une autre race, voire des esprits, et sont réputés vivre sous terre, cachés dans les collines (notamment les tumuli), ou encore de l'autre côté de la mer à l'ouest[103]. Certains archéologues du XIXe siècle pensèrent qu'ils avaient trouvé des chambres souterraines dans les îles Orcades ressemblant au pays des elfes dans Childe Rowland[146]. Selon le folklore populaire, les pointes de flèches en silex de l'âge de pierre sont fabriquées par les fées qui s'en servent pour lancer l'elf-shot[62]. La réaction des fées face au fer a été interprétée comme la peur de ce peuple supposé face à des envahisseurs portant des armes en fer, tandis que les fées étaient seulement armées de silex et facilement vaincues lors des batailles physiques. Les vêtements verts et les demeures souterraines attribués aux fées sont vus comme une réponse à leur besoin de se cacher des humains hostiles, et leur utilisation de la magie comme étant le développement d'une compétence nécessaire pour lutter contre un peuple possédant un armement et une force physique supérieurs[103].

Selon les croyances de l'époque victorienne, le cannibalisme des « ogres » a été attribué au souvenir d'époques plus sauvages, lors desquelles des peuples primitifs le pratiquaient aux côtés de peuples plus évolués qui l'avait abandonné[147]. Les selkies, décrits dans les contes comme le peuple métamorphe des phoques, ont été vus comme le souvenir de peuples primitifs voyageant en kayak et portant des peaux de phoques[103]. Les pygmées africains ont été mis en avant comme l'exemple d'un peuple qui vivait autrefois sur de grandes étendues de territoire, mais qui deviennent rares et quasiment mythiques au fil du temps, et du développement d'autres peuples[148]. Les historiens, comme Claudine Glot, accordent peu de crédit à cette théorie qui prouve surtout, selon eux, que « le conte est inséparable de la fée »[69].

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