STANCE V — FOHAT : l'ENFANT DES HIERARCHIES SEPTENAIRES
§ 1. – Les Sept Primordiaux, les Sept Premiers Souffles du Dragon de Sagesse, produisent à leur tour, de leurs Souffles Giratoires Sacrés, le Tourbillon Ardent.
Cette STANCE est peut-être la plus difficile à expliquer. Sa formule n'est compréhensible qu'à celui qui est complètement versé dans l'allégorie orientale et dans sa phraséologie obscurcie à dessein. La question suivante se pose d'abord : Les occultistes croient-ils que ces "Constructeurs", "Lipika" et "Fils de la Lumière" soient des Entités ou de simples images ? Nous répondons simplement : Tout en admettant un certain emploi d'images pour l'expression des Pouvoirs personnifiés, nous devons en même temps admettre l'existence de ces Entités sous peine de nier l'existence de l'Humanité Spirituelle dans l'espèce humaine physique. Car les armées de ces fils de Lumière et des Fils nés du Mental" du premier Rayon manifesté par le Tout inconnu sont la racine même de l'Homme Spirituel. A moins de croire au dogme peu philosophique d'une âme créée spécialement à chaque naissance humaine – une quantité nouvelle déversée quotidiennement, depuis "Adam" – il faut admettre l'enseignement Occulte. C'est ce qui sera expliqué en temps voulu. Voyons maintenant quelle peut être la signification de cette Stance Occulte.
La DOCTRINE enseigne que, pour devenir un Dieu divin, pleinement conscient – et même le plus élevé – il faut que les INTELLIGENCES Spirituelles Primordiales passent par le stage humain. Et le mot humain ne s'applique pas seulement à notre humanité terrestre, mais aux mortels qui habitent n'importe quel monde, c'est-à-dire à ces Intelligences qui ont atteint l'équilibre approprié entre la matière et l'esprit que nous avons maintenant depuis que le milieu de la Quatrième Race Racine de la Quatrième Ronde est franchi. Chaque Entité doit avoir gagné pour elle- même, et par son expérience [I 86] propre, le droit de devenir divine. Hegel, le grand penseur allemand, doit avoir connu ou senti intuitivement cette vérité, lorsqu'il dit que l'Inconscient n'évolua l'Univers que "dans l'espoir d'atteindre une claire soi-conscience", en d'autres termes, de devenir Homme car telle est aussi la signification secrète de la phrase Pûranique si souvent répétée et qui représente Brahmâ comme étant "mû par le désir de créer". Cela explique encore la signification Kabalistique cachée de cette formule : "Le Souffle devient une pierre ; la pierre, une plante et la plante, un animal ; l'animal, un homme ; l'homme, un esprit, l'esprit un dieu." Les Fils nés du Mental, les Rishis, les Constructeurs, etc., ont tous été des hommes – quelle qu'en ait été la forme dans d'autres mondes et dans les Manvantaras précédents.
Ce sujet étant excessivement mystique, il est très difficile de l'expliquer dans tous ses détails et dans toutes ses incidences, car le mystère entier de la création évolutive y est contenu. Une ou deux phrases de ce Shloka rappellent fortement des phrases analogues de la Kabaleet de la phraséologie du Roi Psalmiste 323. Tous les deux, en parlant de Dieu, le montrent faisant du vent son messager et de ses "serviteurs un feu ardent". Mais dans la Doctrine ésotérique, ces mots sont employés au figuré. Le "Tourbillon Ardent" c'est la poussière Cosmique incandescente qui suit magnétiquement, comme le fer l'aimant, la pensée directrice des "Forces Créatrices". Cependant, cette poussière cosmique est quelque chose de plus car chaque atome dans l'Univers contient la potentialité de la soi- conscience, et se trouve être, comme les Monades de Leibniz, un Univers en lui-même et pour lui-même. C'est un atome et un ange.
323 Psaume CIV, 4.
A ce propos, il faut remarquer qu'une des lumières de l'Ecole Evolutionniste moderne, M. A. R. Wallace, en démontrant l'insuffisance de la "sélection naturelle" comme seul facteur du développement de l'homme physique, admet, pratiquement, ce que nous discutons ici. Il maintient que l'évolution humaine fut dirigée et aidée par des Intelligences supérieures, dont l'action est un facteur nécessaire du plan de la Nature. Mais du moment que l'opération de ces Intelligences est admise sur un point, il faut, par déduction logique, l'étendre à d'autres. On ne peut lui tracer de limite arbitraire.
STANCE V (2)
§ 2. – Ils en font le Messager de leur volonté (a). Le Dzyu devient Fohat ; le Fils agile des Fils divins, dont [I 87] les Fils sont les Lipika 324, fait des courses circulaires. Fohat est le Coursier, et la Pensée est le Cavalier 325. Il passe comme un éclair à travers les nuages de feu 326 (b) ; il fait trois, cinq et sept Pas, à travers les Sept Régions supérieures et les Sept inférieures 327. Il élève la Voix, appelle les Etincelles innombrables 328 et les réunit (c).
324 Il ne faut pas perdre de vue la différence qui existe entre les Constructeurs, les Esprits planétaires, et les Lipika. (Voir les Shlokas 5 et 6 du présent Commentaire.)
325 C'est-à-dire qu'il est sous l'influence de leur pensée directrice.
326 Le brouillard cosmique.
327 Le Monde qui sera.
328 Les atomes.
(a) Cela montre les "Sept Primordiaux" se servant comme Véhicule (Vahana, le sujet manifesté qui devient le symbole du Pouvoir qui dirige) de Fohat, qui a été appelé, en conséquence, le "Messager de leur Volonté", le "Tourbillon Ardent".
(b) "Dzyu devient Fohat" – l'expression s'explique elle-même. Dzyu est la Connaissance réelle (magique), ou Sagesse Occulte, qui, s'appliquant aux vérités éternelles et aux causes primordiales, devient presque l'omnipotence lorsqu'elle est exercée dans la bonne direction. Son antithèse est Dzyu-mi, ce qui ne se rapporte qu'aux illusions et aux fausses apparences, comme nos sciences modernes exotériques. Dans ce cas, Dzyu exprime la Sagesse collective des Dhyâni-Buddhas.
Comme le lecteur ne connaît sans doute pas les Dhyâni-Buddhas, il vaut mieux dire tout de suite que, selon les Orientalistes, il y a cinq Dhyâni qui sont les Buddhas Célestes dont les Bouddhas Humains sont les manifestations dans le monde de la forme et de la matière. Esotériquement, cependant, les Dhyâni-Buddhas sont sept ; cinq seulement se sont jusqu'ici manifestés 329, les deux autres doivent venir dans les Sixième et Septième Races-Racines. Ce sont, pour ainsi dire, les prototypes éternels des Bouddhas qui apparaissent sur la terre, dont chacun a son prototype divin particulier. Ainsi, par exemple, Amitâbha est le Dhyâni-Buddha de Gâutama Shâkyamuni, et se manifeste par ce dernier chaque fois que cette grande Ame s'incarne sur la [I 88] terre, comme dans le cas de Tzon-kha- pa 330. Comme synthèse des sept Dhyâni-Buddhas, Avalôkitéshvara fut le premier Bouddha (le Logos), et Amitâbha est le "Dieu" intérieur de Gâutama, qui, en Chine, est nommé Amita (Bouddha). Ils sont, comme le dit avec raison le professeur Rhys Davids "les contreparties glorieuses dans le monde mystique, libres des conditions dégradantes de cette vie matérielle", de chaque Bouddha terrestre et mortel – les Mânushi-Buddhas libérés, désignés pour gouverner la Terre pendant cette Ronde. Ce sont les "Bouddhas de Contemplation", tous Anupâdaka (sans parents), c.-à-d. issus par eux-mêmes de l'essence divine. L'enseignement exotérique – qui dit que chaque Dhyâni-Bouddha a la faculté de créer de lui-même un fils, céleste aussi, un Dhyâni-Bôdhisattva, qui, après la mort du Mânushi [humain] Bouddha, doit continuer l'œuvre de ce dernier – repose sur le fait que la plus haute Initiation reçue de quelqu'un adombré par l' "Esprit de Bouddha" qui, selon les Orientalistes, créa les cinq Dhyâni-Buddhas ! – transforme virtuellement un candidat en un Bôdhisattva, le crée tel par le pouvoir du Grand Initiateur.
329 Voir Esoteric Buddhism, de A. P. SINNETT ; cinquième édition, avec notes, pp. 171, 173.
330 Le premier et le plus grand des réformateurs tibétains : il fonda la secte des "Bonnets Jaunes", Gelukpas. [Tib. Dge-lugs-pa]. Il naquit en l'année 1355 de notre ère dans la région d'Amdo et fut l'Avatâra d'Amitâbha, nom céleste de Gâutama Bouddha.
(c) Fohat, l'un des plus importants, sinon le plus important des personnages de la cosmogonie ésotérique, doit être minutieusement décrit. De même que dans la cosmogonie grecque archaïque, qui diffère grandement de la mythologie qui la suivit, Eros est la troisième personne de la trinité primordiale, Chaos, Goa, Eros – qui répond à la Trinité kabalistique, Ain Soph, le TOUT sans Bornes (car le Chaos est l'Espace, de Χαίνω, ouvrir grand, être vidé), Shekinah et l'Ancien des Jours, ou le Saint-Esprit – de même, Fohat est une chose dans l'Univers encore non Manifesté, et une autre chose dans le Monde phénoménal Cosmique. Dans ce dernier, il est ce pouvoir occulte, électrique et vital, qui, dans la Volonté du Logos Créateur, unit et rassemble toutes les formes et leur donne la première impulsion qui, avec le temps, devient la loi. Mais dans l'Univers non Manifesté, Fohat n'est pas plus cela qu'Eros n'est le brillant Cupidon ailé de plus tard, l'Amour. Fohat n'a rien à faire encore avec le Kosmos, puisque le Kosmos n'est pas né, et que les Dieux dorment encore dans la "Mère-Père". C'est une idée philosophique abstraite. Il ne produit rien encore de lui-même ; il est tout simplement ce Pouvoir créateur potentiel, par l'action duquel [I 89] le Noumène de tous les phénomènes futurs se divise, pour ainsi dire, pour se réunir dans un acte mystique supersensuel, et projette le Rayon créateur. Lorsque le "Fils Divin" en ressort, Fohat devient la force propulsive, le Pouvoir actif qui est cause que l'UN devient DEUX et TROIS – sur le plan cosmique de la manifestation. L'Un triple se différencie en le "Multiple", et Fohat est transformé en cette force qui rassemble les atomes élémentals, et les fait s'agréger et se combiner. Nous trouvons un écho de cet enseignement primordial dans la mythologie grecque primitive. Erèbe et Nux naissent de Chaos, et, sous l'action d'Eros, donnent naissance, à leur tour, à Æther et Hemera, la lumière des régions supérieures et celle des régions inférieures ou terrestres. Les Ténèbres engendrent la lumière. Comparez dans les Purânas, la Volonté ou le "Désir" de créer de Brahmâ et, dans la cosmogonie phénicienne de Sanchoniathon, la doctrine que le désir, πότος, est le principe de la création.
Fohat est intimement lié à la "VIE UNE". De l'Un Inconnu, la TOTALITE Infinie, émane l'UN Manifesté ou Divinité Manvantarique périodique ; c'est là le Mental Universel qui, séparé de sa Source, est le Démiurge ou Logos Créateur des Kabalistes occidentaux, et le Brahmâ à quatre Faces de la religion hindoue. Dans sa totalité, du point de vue de la Pensée Divine manifestée, il représente, en doctrine Esotérique, les Armées des hauts Dhyân-Chôans Créateurs. Simultanément avec l'évolution du Mental Universel, la Sagesse Cachée d'Adi-Buddha – l'Un Suprême et Eternel – se manifeste comme Avalôkitéshvara (l'Ishvara Manifesté) qui est l'Osiris des Egyptiens, l'Ahura-Mazda des Zoroastriens, l'Homme Céleste de la philosophie Hermétique, le Logos des Platoniciens, l'Atmân des Védântins 331. Par l'action de la Sagesse Manifestée ou Mahat – représentée par ces innombrables centres d'énergie spirituelle dans le Kosmos – la Réflexion du Mental Universel, qui est l'Idéation Cosmique et la Force Intellectuelle qui accompagne cette Idéation, devient objectivement le Fohat du philosophe bouddhiste ésotérique. Fohat, courant à travers les sept principes d'Akasha, agit sur la Substance manifestée, l'Elément Unique, comme nous l'avons dit plus haut, et en le différenciant en divers centres d'énergie, met en mouvement la loi de l'Evolution Cosmique qui, obéissant à l'Idéation du Mental Universel, amène à l'existence les divers états d'être dans le Système Solaire manifesté. [I 90]
331 Subba Row paraît l'identifier avec le Logos et l'appeler de ce nom. (Voir ses Conférences sur la Bhagavad Gîtâ, dans le Theosophist, vol. IX. Voir aussi The Philosophy of the Bhagavad Gîtâ, 3ème édition, Adyar, 1931.)
Le Système Solaire produit par ces agents est composé de Sept Principes – comme tout ce qui fait partie de ces centres. Tel est l'enseignement de l'Esotérisme, trans-Himâlayen. Chaque philosophie, toutefois, a sa manière propre de diviser ces principes.
Fohat, donc, est la personnification du pouvoir électrique vital, l'unité transcendantale qui unit toutes les énergies cosmiques, sur les plans invisibles comme sur les plans manifestés ; son action, dans ces phénomènes où l'apparemment subjectif agit sur l'apparemment objectif et le met en action, ressemble – sur une échelle immense – à celle d'une Force vivante créée par la VOLONTE. Fohat n'est pas seulement le symbole vivant et le Réceptacle de cette Force, les Occultistes le considèrent comme une Entité ; les forces sur lesquelles il agit sont cosmiques, humaines et terrestres, et elles exercent leur influence sur tous ces plans. Sur le plan terrestre, son influence se fait sentir dans la force magnétique active engendrée par le puissant désir du magnétiseur. Sur le plan Cosmique, il préside au pouvoir édificateur qui, dans la formation des choses – du système planétaire au ver luisant, à la simple marguerite – réalise le plan que le Mental de la Nature, la Pensée Divine, a établi au sujet du développement et de la croissance de cette chose. Il est, métaphysiquement, la Pensée objectivée des Dieux ; le "Verbe fait chair", sur une moindre échelle, le messager de l'Idéation cosmique et humaine ; la force active de la Vie Universelle. Dans son aspect secondaire, Fohat est l'Energie Solaire, le fluide électrique vital 332, le Principe Quatrième et conservateur, l'Ame Animale de la Nature, pour ainsi dire, ou l'Electricité.
Dans l'Inde, Fohat est relié à Vishnou et Surya dans le rôle qu'on fait jouer primitivement au premier de ces Dieux ; car Vishnou n'est pas un grand Dieu, dans le Rig Véda. Le nom de Vishnou vient de la racine Vish "pénétrer" ; Fohat est nommé "Celui qui pénètre", le Fabricant, parce qu'il façonne les atomes avec la substance brute 333. Dans les textes sacrés du Rig Véda, Vishnou est aussi "une manifestation de l'Energie Solaire", et on le décrit comme marchant à travers les sept régions de l'Univers en trois enjambées ; mais ce Dieu Védique a peu de chose en commun avec le Vishnou des périodes plus tardives. Par conséquent, les deux (Fohat et Vishnou) sont identiques dans ce trait particulier, et l'un est une copie de l'autre.
332 En 1882, le Président de la Société Théosophique, le Colonel Olcott, fut pris à partie pour avoir soutenu, dans une de ses conférences, que l'Electricité était de la matière. C'est cependant l'enseignement de la Doctrine occulte. "Force" et "Energie" peuvent être, pour elle, des noms plus commodes aussi longtemps que la Science européenne n'en saura pas davantage à son sujet ; mais elle est, en réalité, la matière – comme l'Ether, du reste, qui est, lui aussi, atomique, quoique plusieurs degrés le séparent de ce dernier. Il semble ridicule de soutenir que, parce qu'une chose est impondérable pour la Science, elle ne puisse pas être appelée de la matière. L'Electricité est "immatérielle", en ce sens que les molécules ne sont sujettes ni à la perception, ni à l'expérimentation cependant elle peut être atomique, et les Occultistes l'affirment : donc elle est de la matière. Mais en supposant même qu'il soit antiscientifique d'en parler en de semblables termes, du moment où la Science tient l'Electricité pour une source d'Energie, pour de l'Energie simplement, et pour une Force, peut-on penser à une Force ou à une Energie sans y adjoindre l'idée de matière ? Le mathématicien Maxwell, l'une des plus grandes autorités en électricité et phénomènes électriques, disait, il y a des années, que l'Electricité était de la matière, et non pas seulement du mouvement. "Si nous acceptons l'hypothèse que les substances élémentaires sont composées d'atomes, nous ne pouvons éviter de conclure que l'électricité, positive ou négative, est divisée en particules élémentaires définies, qui se conduisent comme des atomes d'électricité (HELMOTZ, Faraday Lecture, 1881). Nous dirons plus, nous soutiendrons que l'Electricité est non seulement de la Substance, mais qu'elle est l'émanation d'une Entité qui n'est ni Dieu ni Diable, mais une de ces innombrables entités qui gouvernent notre Monde, selon l'éternelle Loi du Karma.
333 Il est bien connu que le sable, lorsqu'il est posé sur une plaque métallique en vibration, prend une série de formes régulières et diverses. La Science peut-elle donner une explication complète de ce fait ?
Les Trois et les Sept "Pas" se rapportent aux sept sphères habitées par l'homme et dont on parle dans la Doctrine Esotérique, aussi bien qu'aux sept régions de la Terre. Malgré les objections faites souvent par de soi- disant Orientalistes, on parle distinctement, dans les écritures exotériques hindoues, des sept Mondes, ou Sphères de notre chaîne Planétaire. Mais tous ces nombres sont étrangement liés dans d'autres cosmogonies à des nombres semblables ainsi qu'à leurs symboles ; c'est ce qu'on peut constater par l'étude comparée et parallèle des vieilles religions. Les "trois pas de Vishnou" à travers les "sept régions de l'Univers", du Rig Véda, ont été expliqués de diverses façons par les commentateurs ; on a dit qu'ils signifiaient, au point de vue cosmique, le feu, la foudre et le soleil, et qu'ils avaient été faits sur la terre, dans l'atmosphère et dans le ciel ; d'autres ont prétendu que c'était les "trois pas" du Nain (incarnation de Vishnou) quoique Aurnavâbha ait dit plus philosophiquement – et très correctement au point de vue astronomique – qu'ils signifiaient les positions diverses du soleil : son lever, son midi et son coucher. Seule, la Philosophie Esotérique l'explique clairement, quoique le Zohar l'enseigne très philosophiquement et lucidement aussi. Il y est dit, effectivement, [I 92] qu'au commencement, les Elohim (Alhim) étaient nommés Achad, "Un", ou la "Divinité Une en Multiple", idée qui est très simple comme conception panthéiste – panthéiste au sens philosophique, bien entendu. Puis se produisit le changement. "Jehovah est Elohim" qui unifiait la multiplicité et faisait le premier pas vers le Monothéisme. Vient maintenant la question : "Comment "Jehovah est-il Elohim" ? La réponse est : "Par Trois Pas" en partant du bas. La signification en est claire. Les Pas sont des symboles, des emblèmes mutuels et corrélatifs de l'esprit, de l'Ame et du Corps (l'HOMME) ; du Cercle transformé en Esprit, de l'Ame du Monde et de son Corps (la Terre). Sortant du Cercle de l'Infini que nul ne comprend, Ain-Soph – synonyme kabalistique de Parabrahman, du Zeroâna Akerne des Mazdéens, ou de tout autre "INCONNAISSABLE", devient "Un" (l'ACHAD, l'EKA, l'AHU) ; alors il est transformé par l'évolution en l' "Un en Multiple", les Dhyâni-Buddhas ou Elohim, ou encore les Amshaspends, et son troisième Pas est dans la génération de la chair, ou l' "Homme". Et de l'Homme, ou Jah-Hovah, "mâle-femelle", l'entité intérieure et divine devient, sur le plan métaphysique, encore une fois l'Elohim.
Les nombres 3, 5 et 7 sont au premier rang dans la Maçonnerie spéculative, comme on le montre dans Isis dévoilée. Un Maçon écrit :
"Il y a 3, 5 et 7 marches, pour montrer une promenade circulaire. Les trois faces de 3, 3 ; 5, 3 ; et 7, 3 etc. ; quelquefois cela vient sous cette forme 753 / 2 = 376,5, et 7635 / 2 = 3817,5 et le rapport de 20.612 / 6.561 pieds, pour mesure de la coudée, donne les mesures de la grande Pyramide."
Trois, cinq et sept sont les nombres mystiques, et le premier et le dernier sont aussi honorés par les Maçons que par les Parsis – le Triangle étant partout le symbole de la Divinité334. Il va sans dire que les docteurs en théologie – Cassel, par exemple – disent que le Zohar explique et défend la Trinité chrétienne (!), tandis que ce dogme chrétien émane du L,. de l'Occultisme archaïque et de la Symbologie des Païens. Les trois pas se l'Esprit dans la Matière, du Logos tombant comme un rayon dans l'Esprit d'abord, puis dans l'Ame, et finalement dans la forme physique de l'homme, où il devient la Vie.[I 93]
334 Voir The Masonic Cyclopedia, de MACKENZIE, et The Pythagorean Triangle, d'OLIVER.
L'idée Kabaliste est identique à l'Esotérisme de la période archaïque. Cet Esotérisme est la propriété commune de tous et n'appartient ni à la Cinquième Race Aryenne ni à aucune de ses nombreuses sous-races. Il n'appartient pas non plus aux prétendus Touraniens, ni aux Egyptiens, ni aux Chinois, ni aux Chaldéens, ni aux autres sept divisions de cette Cinquième Race-Racine, mais bien à la Troisième et à la Quatrième Race- Racine, dont nous trouvons les descendants dans la Semence de la Cinquième, les Aryens primitifs. Le Cercle a été, chez toutes les nations, le symbole de l'Inconnu – de l' "Espace sans Borne", le vêtement abstrait d'une abstraction toujours présente – la Divinité Inconnaissable. Il représente le Temps sans limites dans l'Eternité. Le Zeroâna Akerne est aussi le "Cercle sans Borne du Temps Inconnu", et de ce Cercle sort la Lumière radieuse, le SOLEIL Universel ou Ormazd 335 – et ce dernier est identique à Kronos, sous sa forme Eolienne, celle du Cercle. Car le Cercle est Sar et Saros, ou Cycle. C'était le Dieu Babylonien, dont l'horizon circulaire était le symbole visible de l'invisible, tandis que le Soleil était le Cercle UN d'où procédèrent les orbes cosmiques dont il était tenu pour le conducteur. Zeroâna est le Chakra ou Cercle de Vishnou, l'emblème mystérieux qui est, selon la définition d'un Mystique, "une courbe d'une telle nature que l'une quelconque de ses parties supposée indéfiniment prolongée replierait ses extrémités et les joindrait pour former une seule et même courbe, ou ce que nous appelons le Cercle". On ne pouvait donner une meilleure définition du symbole et de la nature évidente de la Divinité qui, ayant sa circonférence partout (le sans bornes), a, par suite, son centre partout également, en d'autres termes, se trouve dans chaque point de l'Univers. La Divinité invisible est, par conséquent, aussi, les Dhyân Chôhans ou les Rishis, les sept primitifs et les neuf, extérieurement, et aussi le dix qui constitue leur unité synthétique : de là, CELA entre dans l'Homme.
335 Ormazd est le Logos, le "Prernier Né", et le Soleil.
Revenant au quatrième paragraphe du Commentaire de la STANCE IV, le lecteur comprendra maintenant pourquoi, tandis que le Chakra trans- himâlayen contient écrit en lui L,.|D| – c'est-à-dire un triangle, une première verticale, un carré 336, une seconde verticale, et un pentacle avec un point au centre, que ce soit ainsi , ou quelque autre variante – le Cercle kabalistique des Elohim révèle, lorsque les lettres du mot םיהלא (Alhim ou Elohim) sont lues numériquement les chiffres fameux 13514 ou, anagrammatiquement, 31415 – l'astronomique π (pi) ou la signification [I 94] cachée des Dhyâni-Buddhas, des Gebers, des Giborim, des Kabires et des Elohim, qui signifient tous, "Grands Hommes", "Titans", "Hommes Célestes" et, sur la terre, les "Géants".
Le Sept a été un Nombre Sacré chez toutes les nations, mais aucune ne l'a appliqué à des usages aussi physiologiques et matérialistes que les Hébreux. Chez eux, 7 était, par-dessus tout, le nombre générateur, 9 le nombre mâle, causateur, ce qui formait, comme c'est démontré par les Kabalistes, le otz, ץע (90, 70), ou "l'Arbre du Jardin d'Eden", le "double bâton hermaphrodite" de la Quatrième Race. C'était le symbole du "Saint des Saints", le 3 et le 4 de la séparation sexuelle. Presque chacune des 22 lettres de l'hébreu est un symbole phallique. Les deux lettres ci-dessus, l'une, le ayin, est un signe féminin négatif, symboliquement, un œil ; l'autre, une lettre mâle, tza, un hameçon ou un dard. Au contraire, chez les Hindous et les Ariens, en général, la signification de ce nombre était multiple et se rapportait, presque entièrement, aux vérités métaphysiques et astronomiques. Leurs Rishis et leurs Dieux, leurs Démons et leurs Héros ont des significations historiques et éthiques.
Un Kabaliste, qui, dans un ouvrage encore inédit, met en parallèle la Kabale et le Zohar avec l'Esotérisme Aryen, nous dit pourtant que :
"Les expressions claires, courtes et précises des Hébreux surpassent de beaucoup la phraséologie des Hindous – un peu comme le Psalmite dit, pour exprimer une idée semblable : "Ma bouche parle avec ma langue, je ne connais pas tes nombres" (LXXI, 15)... Le glyphe hindou, par l'insuffisance que dénote son mélange bizarre d'aspects divers, montre qu'il a fait aux langues étrangères les mêmes emprunts que les Grecs (les Grecs menteurs) et la maçonnerie leur ont faits ce qui même dans la pauvreté (apparente) et rude du monosyllabique hébreu, indique que celui-ci est d'une antiquité beaucoup plus grande qu'aucune des autres langues et qu'il a été leur source (?!), ou du moins qu'il est plus proche qu'aucune d'elles de cette source."
336 Un cube dans l'édition de 1888.
C'est complètement faux. Notre érudit frère et correspondant juge apparemment les systèmes religieux hindous par leurs Shâstras et leurs Purânas, probablement par ces derniers et surtout par leurs traductions modernes, traductions qui les défigurent à ne plus les reconnaître. C'est à leurs systèmes philosophiques, à leur enseignement ésotérique surtout, qu'il faut nous référer, si nous voulons établir une comparaison. Sans aucun doute, la symbologie du Pentateuque et même du Nouveau Testament viennent de la même source. Mais assurément la pyramide de Chéops, dont toutes les mesures, d'après les découvertes du professeur Piazzi Smythe, [I 95] ont été répétées dans le prétendu et mythique Temple de Salomon, n'est pas plus récente que les livres de Moïse. Par conséquent, s'il y a une aussi grande identité qu'on le prétend, c'est que l'imitation servile est imputable aux Juifs et non aux Egyptiens. Les glyphes des Juifs – et même leur langage, l'Hébreu, ne sont pas originaux. Ils sont empruntés aux Egyptiens, de qui Moïse acquit sa connaissance au Kopte, apparenté au vieux Phœnicien sinon son ancêtre, et aux Hyksos que Josèphe prétend être les ancêtres des Egyptiens 337. Oui mais que sont les pasteurs Hyksos ? Et qu'étaient les Egyptiens ? L'Histoire ne sait rien à ce sujet, et les spéculations et théories vont leur train au gré des historiens 338. "Le Khamisme, ou vieux Kopte, vient de l'Asie occidentale et contient quelques germes de Sémite, témoignant ainsi de l'unité ou de l'analogie primitive des races aryenne et sémite", dit Bunsen, qui place les grands événements d'Egypte 9.000 ans avant J.-C. Il est certain que dans l'Esotérisme archaïque et dans la pensée aryenne nous trouvons une grande Philosophie, tandis que dans les archives hébraïques nous ne trouvons qu'une adresse incomparable pour inventer des apothéoses au culte phallique et à la théogonie sexuelle.
337 Contre Apion, I, 25.
338 Voir Isis Unveiled, II, 430, 438.
On peut constater dans les Ecriture exotériques hindoues que les Aryens n'ont jamais fait entièrement reposer, comme les Hébreux, leur religion sur des symboles physiologiques. Il est également certain que les textes hindous ont été écrits de manière à les voiler au public, ce qui est démontré par le fait qu'ils se contredisent ; on trouve, en effet, une explication différente dans presque chaque Purâna et poème épique. En les lisant toutefois dans leur sens ésotérique, ils ont tous la même signification. Par exemple, tel récit énumère sept mondes sans y comprendre les mondes inférieurs, qui sont en même nombre ; ces quatorze mondes supérieurs et inférieurs n'ont rien à faire avec la classification de la Chaîne Septénaire – ils appartiennent aux mondes purement éthérés et invisibles. Il en sera parlé plus tard. Il suffit de montrer pour le moment qu'on y fait allusion, comme s'ils appartenaient à la Chaîne. "Une autre énumération donne aux sept mondes les noms de terre, firmament, ciel, région intermédiaire, lieu de naissance, séjour de félicité et demeure de vérité – plaçant les "Fils de Brahmâ" dans la sixième division et disant que la cinquième, ou Jana-Lokâ, est l'endroit où renaissent les animaux détruits dans la conflagration générale 339." Dans les chapitres qui suivent sur le Symbolisme [I 96] on donne quelques enseignements vraiment Esotériques. Celui qui y est préparé en comprendra la signification cachée.
339 Voir le Hindu Classical Dictionary, de Dowson.
STANCE V (3)
§ 3. – Il est l'Esprit qui les guide et les conduit. Lorsqu'il commence son travail, il sépare les Etincelles du Royaume Inférieur 340, qui flottent et vibrent de joie dans leurs demeures lumineuses 341 et il en forme les Germes des Roues. Il les place dans les Six Directions de l'Espace et en laisse Une au milieu – la Roue Centrale.
340 Les atomes minéraux.
341 Les nuages gazeux.
Les "Roues", comme nous l'avons déjà expliqué, sont les centres de force autour desquels la matière Cosmique primordiale s'épand et, par son passage à travers les six stades de consolidation, devient sphéroïde et finit par se transformer en globes ou sphères. C'est l'un des dogmes fondamentaux de la Cosmogonie Esotérique que, pendant les Kalpas (ou Æons) de Vie, le MOUVEMENT, qui, pendant les périodes de Repos, "palpite et vibre à travers chaque atome endormi" (Commentaire sur DZYAN), prend, depuis le réveil du Kosmos jusqu'à un nouveau "Jour", une tendance toujours croissante au mouvement circulaire. "La Divinité devient un TOURBILLON." [On peut se demander – ainsi que l'a fait l'auteur de ces pages : Qui a pu se rendre compte de cette différence dans le Mouvement, puisque toute la Nature est alors réduite à son essence première, et qu'il ne peut y avoir personne – pas même les Dhyâni- Chôhans, qui sont tous en Nirvâna – pour le voir ? La réponse est que tout, dans la Nature doit être jugé par analogie. Bien que les Divinités les plus élevées (les Archanges ou Dhyâni-Buddhas) soient incapables de pénétrer les mystères qui se trouvent loin au-delà de notre Système Planétaire et du Kosmos visible, il y eut cependant, dans les anciens temps, de grands voyants et des prophètes qui réussirent à percevoir rétrospectivement le mystère du Souffle et du Mouvement pendant que les systèmes de Mondes se reposaient, plongés dans leur sommeil périodique.
Les Roues sont aussi appelées Rotæ – les roues en mouvement des orbes célestes qui participent à la création du monde – lorsque la signification en vue se rapporte au principe animateur des étoiles et des planètes car, dans la Kabale, [I 97] elles sont représentées par les Auphanim, les Anges des Sphères et des Etoiles dont ils sont l'Ame animatrice 342.
342 Voir Kabbala Denudata, "De Anima", p. 113.
Cette loi du mouvement rotatoire dans la matière primordiale est une des conceptions les plus anciennes de la philosophie grecque, dont les premiers Sages historiques étaient presque tous des Initiés aux Mystères. Les Grecs l'avaient reçue des Egyptiens et ces derniers des Chaldéens, élèves eux-mêmes des Brâhmanes de l'école Esotérique. Leucippe et Démocrite d'Abdère – l'élève des Mages – enseignèrent que ce mouvement giratoire des atomes et des sphères existait de toute éternité 343. Hicetas, Héraclide, Ecphantus, Pythagore et tous ses élèves enseignèrent la rotation de la terre et Aryabhata, de l'Inde, Aristarque, Séleucus et Archimède calculèrent sa révolution aussi scientifiquement que le font actuellement nos astronomes tandis que la théorie des Tourbillons Elémentaires était connue d'Anaxagore et soutenue par lui 500 ans avant J.-C., c'est-à-dire presque 2.000 ans avant d'être découverte par Galilée, Descartes, Swedenborg et finalement, avec quelques légères modifications, par Sir W. Thomson 344. Toutes ces notions, si nous voulons être justes, sont des échos de la doctrine archaïque dont nous essayons maintenant de donner l'explication. Comment se fait-il que les hommes des quelques derniers siècles soient arrivés aux mêmes idées et aux conclusions que l'on enseignait comme vérités axiomatiques dans le secret de l'Adyta des douzaines de mille ans auparavant ? C'est une question que nous traiterons séparément. Quelques-uns y furent conduits par le progrès naturel de la Science Physique et par l'observation indépendante d'autres – Copernic, Swedenborg et quelques [I 98] autres – malgré leur grande instruction – durent leur savoir à leur intuition beaucoup plus qu'à des idées acquises et développées d'une manière courante au cours de leurs études 345.
344 On Vortex Atoms [voir Conférences scientifiques et allocutions. Constitution de la matière, par Sir William Thomson (Lord Kelvin), traduct. française. Paris, Gauthier-Villars, 1902].
345. Voir Le Mystère de Bouddha, vol. 5, section 43.
[La preuve que Swedenborg, qui n'avait pas eu la possibilité de connaître les idées ésotériques du Bouddhisme, s'approcha de lui-même, dans ses conceptions générales, de l'enseignement Occulte, est donnée par son essai sur la Théorie des Tourbillons. Dans la traduction de Clissold, citée par le professeur Winchell 346, nous en trouvons le résumé suivant :
"La cause première est l'infini ou l'illimité. Cela donne naissance au premier fini ou limité. [Le Logos dans sa manifestation et l'Univers.] Ce qui produit une limite est analogue au mouvement. [Voir STANCE I.] La limite produite est un point dont l'essence est le mouvement mais, comme cette essence est sans parties, elle n'est pas le véritable mouvement, mais simplement son connatus 347", [Dans notre doctrine ce n'est pas un "connatus", mais une transformation de ce qui est Vibration Eternelle dans le non-manifesté, en mouvement Giratoire dans le Monde phénoménal ou manifesté.] De ce premier procèdent l'extension, l'espace, la forme et la succession ou le temps. Comme dans la géométrie un point, génère une ligne, une ligne une surface, et une surface un solide, de même ici le connatus du point tend à des lignes, à des surfaces et à des solides. En d'autres termes, l'Univers est contenu in ovo dans le premier point naturel...
346 Op. cit., 567.
347 Ce qui naît avec lui. (NA.T.)
"Le Mouvement vers lequel tend le connatus est circulaire, puisque le cercle est la plus parfaite de toutes les figures... Le genre le plus parfait de mouvement doit être le mouvement circulaire perpétuel, c'est-à-dire un mouvement procédant du centre à la périphérie et de celle-ci au centre 348."
348 Tiré du Principia Rerum Naturalium.
Tout cela est de l'Occultisme pur et simple.]
Par les "Six Directions de l'Espace", on veut dire, ici, le "Double Triangle", la jonction et l'union de l'Esprit pur et de la Matière, de l'Arûpa et du Rûpa dont les Triangles sont un Symbole. Ce Double Triangle est un signe de Vishnou ; c'est le Sceau de Salomon, et le Shrî-Antara des Brâhmanes.
STANCE V (4)
§ 4. – Fohat trace des lignes spirales pour unir le Sixième au Septième – la Couronne (a). Une armée de Fils de [I 99] Lumière se tient à chaque angle ; Les Lipika dans la Roue du centre (b). Ils 349 disent : "Cela est bon." Le premier Monde divin est prêt : le Premier, le Second 350. Alors l' "Arûpa Divin" 351 se réfléchit dans le Chhâyâ Lôka 352, le Premier Vêtement d'Anupâdaka (c).
349 Les Lipika.
350 C'est-à-dire : Le Premier est maintenant le Second Monde.
351 L'Univers sans Forme de la Pensée.
352 Le Monde des Ombres de la Forme Première, au monde Intellectuel.
(a) Ce tracé de "lignes spirales" se rapporte à l'évolution des principes de l'Homme aussi bien qu'à ceux de la Nature, évolution qui se fait graduellement, comme tout dans la Nature353. Le Sixième Principe de l'Homme (Buddhi, l'Ame Divine), quoiqu'un simple souffle dans nos conceptions, est cependant quelque chose de matériel si on le compare à l'Esprit Divin (Atmâ) dont il est le porteur ou véhicule. Fohat, dans sa capacité D'AMOUR DIVIN (Eros), le pouvoir électrique d'affinité et de sympathie, est allégoriquement présenté comme essayant d'unir l'Esprit pur, le Rayon inséparable de l'UN Absolu, avec l'Ame, pour faire des deux, dans l'homme, la MONADE, et dans la Nature, le premier lien entre le jamais non-conditionné et le manifesté. "Le Premier est maintenant le Second [Monde]" – des Lipika – se rapporte à la même idée.
353 Comme on le verra plus loin, au sujet de l'Origine des Races Humaines.
(b) "L'Armée" à chaque angle est la Multitude des Etres Angéliques (Dhyân Chôhans) chargés de guider chacune des régions et à veiller sur elle, du commencement à la fin d'un Manvantara. Ce sont les "Veilleurs Mystiques" des Kabalistes et des Alchimistes chrétiens et ils se rapportent, symboliquement aussi bien qu'au point de vue cosmogonique, au système numérique de l'Univers. Les nombres avec lesquels ces Etres Célestes sont liés sont excessivement difficiles à expliquer parce que chacun se rapporte à plusieurs groupes d'idées distinctes, selon le groupe particulier d' "Anges" qu'il peut représenter. C'est là que se trouve le nœud dans l'étude de la symbologie, nœud impossible à défaire pour beaucoup d'érudits qui ont préféré le traiter comme Alexandre le nœud gordien ; d'où, résultat direct, tant de conceptions et d'enseignements erronés.
(c) Le "Premier est le Second" parce que le "Premier" ne peut vraiment pas être numéroté ou regardé comme tel, [I 100] car ce Premier est le royaume du noumène dans sa manifestation primaire, le seuil du Monde de Vérité, ou Sat, à travers lequel l'énergie directe qui rayonne de la REALITE UNE – la Divinité Innommée – nous touche. Ici encore il est possible que le terme intraduisible de SAT (l'Etreté) puisse conduire à une conception erronée puisque ce qui est manifesté ne peut pas être Sat, mais quelque chose de phénoménal, qui n'existe pas toujours et, en vérité, n'est même pas sempiternel. C'est connexe à la Vie Unie, "sans seconde", et co- existant avec elle, mais en tant que manifestations, c'est pourtant Mâyâ – comme le reste. Ce "Monde de Vérité", dans les mots du Commentaire, ne peut être décrit que comme "Une étoile brillante qui tombe du Cœur de l'Eternité : le phare d'espérance, aux Sept Rayons duquel sont suspendus les Sept Mondes de l'Etre". C'est bien cela, puisque ce sont les Sept Lumières dont les réflexions sont les Monades humaines immortelles – l'Atmâ, ou Esprit radieux de toute créature appartenant à la famille humaine. Il y a d'abord cette Lumière Septénaire puis le "Monde Divin" – les lumières innombrables allumées à la Lumière primordiale – les Buddhis, ou Ames divines sans formes, du dernier des Mondes Aroûpiques (sans Forme) : la "Somme Totale", dans le langage mystérieux de la vieille STANCE.
Dans le Catéchisme, le Maître pose cette question à l'élève :
– "Lève la tête, ô Lanou : vois-tu une lumière ou des lumières innombrables au-dessus de toi, brûlant dans le ciel noir de minuit ?" – "J'ai la sensation d'une seule Flamme, ô Gurudeva. Je vois des milliers d'étincelles non détachées qui brillent en elle."
– "Tu dis vrai. Et maintenant, regarde autour et en dedans de toi-même. Cette lumière qui brûle au-dedans de toi, la sens-tu le moindrement différente de la lumière qui luit dans tes Frères humains ?"
– "Elle n'est nullement différente, quoique le prisonnier soit tenu en captivité par Karma, et que ses vêtements extérieurs trompent les ignorants en leur faisant dire : "Ton Ame et Mon Ame."
L'Unité radicale de l'essence ultime de chaque partie constitutive des composés de la Nature – de l'étoile à l'atome minéral, du Dhyân Chôhan le plus élevé au plus petit infusoire, dans l'entière acception du mot et qu'on l'applique au monde spirituel, intellectuel ou physique – cette unité est la seule loi fondamentale de la Science Occulte. "La Divinité est l'expansion sans bornes et infinie", dit un axiome Occulte, [I 101] et c'est de là que vient, comme nous l'avons déjà dit, le nom de Brahmâ 354, tiré de Brih, s'étendre ou croître.
354 Dans le Rig Véda, nous trouvons les noms Brahmanaspati et Brihaspati alternants et synonymes. Voir aussi Brihaddranyaka Upanishad ; Brihaspiti est une Divinité appelée "Père des Dieux".
Une philosophie très profonde recouvre le premier des cultes du monde : celui du Soleil et du Feu. De tous les Eléments connus de la Science Physique, le Feu est celui qui a toujours échappé à une analyse définie. On affirme avec assurance que l'atmosphère est un mélange d'oxygène et d'azote. Nous regardons l'Univers et la Terre comme de la matière composée de molécules chimiques déterminées. Nous parlons des dix terres primitives, en leur donnant à chacune un nom grec ou latin. Nous disons que l'eau est, chimiquement, un composé d'oxygène et d'hydrogène. Mais qu'est-ce que le FEU ? C'est l'effet de la combustion, nous est-il sérieusement répondu. C'est de la chaleur, de la lumière et du mouvement, et une corrélation de forces physiques et chimiques, en général. Et cette définition scientifique est philosophiquement complétée par une définition théologique du dictionnaire de Webster qui explique que le feu est "l'instrument du châtiment, la punition des endurcis dans un autre état" – "état", disons-le en passant, supposé spirituel, mais, hélas ! la présence du feu semblerait une preuve convaincante de sa nature matérielle. Cependant, en parlant de l'illusion dont nous sommes victimes, en regardant les phénomènes comme des choses simples, parce qu'ils nous sont familiers, le Professeur Alexander Bain dit :
"Les faits habituels ne demandent apparemment pas d'explication pour eux-mêmes et paraissent expliquer tout ce qu'on peut leur assimiler. Par exemple, faire bouillir et évaporer un liquide paraît un phénomène bien simple, ne demandant pas d'explication, et expliquant lui-même suffisamment des phénomènes plus rares. Le fait que l'eau s'évapore est, pour l'esprit non instruit, une chose tout à fait compréhensible, tandis que pour l'homme qui connaît la science Physique, l'état liquide est anormal et inexplicable. Allumer du feu par le contact d'une flamme est une grande difficulté scientifique, mais peu de gens en sont conscients 355."
355 Logic, II, 125.
Que dit l'enseignement ésotérique au sujet du Feu ? "Le Feu est la réflexion la plus parfaite et la moins adultérée, dans le Ciel comme sur la Terre, de la FLAMME UNE. C'est la Vie et la Mort, l'origine et la fin de toute chose matérielle. C'est la "Substance" divine." Ainsi, non seulement les Adorateurs du Feu, les Parsis, mais même les tribus errantes [I 102] et sauvages de l'Amérique qui se disent "enfants du Feu", montrent plus de science dans leur croyance et de vérité dans leurs superstitions que toutes les spéculations de la physique et du savoir modernes. Le chrétien qui dit : "Dieu est un Feu vivant", et qui parle des "langues de Feu" de la Pentecôte et du "Buisson Ardent" de Moïse, est aussi adorateur du Feu que n'importe quel "Païen". Parmi les Mystiques et les Kabalistes, les Rose-croix étaient ceux qui définissaient le Feu le plus correctement. Achetez une lampe de bazar, garnissez-la d'huile, et vous pourrez allumer à sa flamme les lampes, les bougies et les feux de tout le globe sans diminuer cette flamme. Si la Divinité, l'Un radical, est une Substance éternelle et infinie, jamais consumée ("le Seigneur, ton Dieu, est un feu qui consume", il ne paraît pas raisonnable que l'enseignement Occulte soit tenu pour non-philosophique lorsqu'il dit : "Ainsi furent formés les (Mondes) Arûpa et Rûpa : d'UNE Lumière, Sept lumières ; de chacune des Sept, sept fois Sept", etc.
STANCE V (5)
§ 5. Fohat fait cinq pas 356 (a) et construit une roue ailée à chaque coin du carré pour les Quatre Très Saints... et leurs Armées 357 (b).
356 Après avoir fait les trois premiers.
357 Les Multitudes.
(a) Les "Pas", comme on l'a déjà expliqué (voir commentaire STANCE 4), se rapportent en même temps aux Principes cosmiques et humains – ces derniers consistent dans la division exotérique en trois (Esprit, Ame et Corps) et dans les calculs ésotériques de sept Principes – trois Rayons de l'Essence et quatre Aspects 358. Ceux qui ont étudié le Bouddhisme ésotérique de M. Sinnett comprendront facilement la nomenclature. Il y a deux écoles Esotériques au-delà des Himâlayas, ou plutôt une seule école divisée en deux sections – l'une pour les Lanous intérieurs, l'autre pour les Chélâs extérieurs ou semi-laïques ; la première enseigne le septénaire et l'autre la division en six des Principes humains.
358 Les quatre Aspects sont le corps, sa vie ou vitalité et le "double" du corps – triade qui disparaît à la mort de la personne – et le Kâma-rûpa qui se dissout en Kâma Lôka.
Au point de vue cosmique, Fohat faisant "Cinq Pas" se rapporte ici aux cinq plans supérieurs de la Conscience et de l'Etre, le sixième et le septième (en comptant de haut en [I 103] bas) étant le plan astral et le plan terrestre, ou les deux plans inférieurs.
(b) Quatre "roues ailées à chaque coin... pour les Quatre Etres Sacrés et leurs Armées (multitudes)"... Ce sont les "Quatre Mahârâjahs" ou grands Rois des Dhyân Chôhans, les Dévas qui président chacun à l'un des quatre points cardinaux. Ce sont les Régents, ou Anges, qui gouvernent les Forces Cosmiques du Nord, du Sud, de l'Est et de l'Ouest, Forces qui ont chacune une propriété occulte spéciale. Ces ETRES sont aussi reliés au Karma, parce que ce dernier demande des agents physiques et matériels pour faire exécuter ses décrets – par exemple, les quatre vents, auxquels la Science elle-même reconnaît des influences pernicieuses ou bienfaisantes sur la santé des hommes et des êtres vivants en général. Il y a de la philosophie Occulte dans la Doctrine Catholique Romaine qui attribue les divers malheurs publics, épidémies, guerres, etc., aux "Messagers" invisibles du Nord et de l'Ouest. "La gloire de Dieu vient par la voie de l'Est", dit Ezéchiel 359 ; Jérémie, Isaïe et le Psalmiste assurent à leurs lecteurs que tout mal, sous le Soleil, vient du Nord et de l'Ouest – et on peut dire que l'application de cette formule à la nation Juive a été une indéniable prophétie. Cela explique, aussi la déclaration de saint Ambroise 360 disant que c'est pour cette raison que "nous maudissons le Vent du Nord et que, pendant la cérémonie du baptême, nous commençons par nous tourner vers l'Ouest (Sidéral) pour mieux renoncer à celui qui y habite : après quoi, nous nous tournons vers l'Est". La croyance aux Quatre Mahârâjahs – les Régents des quatre points cardinaux – était universelle et est encore partagée par les Chrétiens qui les appellent, d'après saint Augustin, "Vertus Angéliques" et "Esprits" lorsque ce sont eux qui les invoquent, et "Diables", lorsque ce sont les Païens qui les nomment. Mais où est la différence dans ce cas, entre les païens et les chrétien ? [L'érudit Vossius dit :
"Quoique saint Augustin ait dit que chaque chose visible, dans ce monde, avait comme gardien une vertu angélique, il ne faut pas entendre par ces choses les individus, mais les espèces ; chaque espèce possède, en vérité, son ange particulier pour veiller sur elle. Il est d'accord, en cela, avec tous les philosophes... Pour nous, ces anges sont des esprits séparés des objets,... tandis que pour les philosophes [païens] c'étaient des dieux 361." [I 104]
359 Chap. III, 44
360 Sur Arnos, IV.
361 Theol. Cir., I, VII.
Lorsqu'on étudie le Rituel qui concerne "les Esprits des Etoiles" dans l'Eglise Romaine, ces esprits nous y semblent avoir un faux air de "dieux" ; en fait, ils n'étaient pas plus honorés et adorés par la foule païenne de jadis ou de maintenant qu'ils ne le sont en ce jour encore, à Rome, par les Chrétiens Catholiques très cultivés.]
Après Platon, Aristote expliqua que le terme στοιχεία ne représentait que les principes incorporels placés à chacune des quatre grandes divisions de notre monde cosmique pour le surveiller. Ainsi, pas plus que les Chrétiens, les Païens n'adoraient les Eléments et les points cardinaux(imaginaires) ; c'est aux "dieux" qui les gouvernent respectivement qu'ils rendaient un culte. Pour l'Eglise, il y a deux espèces d'Etres Sidéraux : les Anges et les Démons. Pour le Kabaliste et l'Occultiste, il n'y en a qu'une classe, et ni Occultiste ni Kabaliste ne fait de différence entre les "Recteurs de Lumière" et les "Rectores Tenebrarum" ou Cosmocratores que l'Eglise Romaine imagine et découvre dans les "Recteurs de Lumière" dès qu'un de ces êtres est appelé d'un autre nom que celui par lequel elle les nomme. Ce n'est pas le Recteur, ou Mahârâjah, qui punit ou qui récompense, sans ou avec la permission ou l'ordre de "Dieu", c'est l'homme lui-même, ses actions ou son Karma, qui attire individuellement ou collectivement (comme il arrive parfois pour des nations entières) toute espèce de maux et de calamités. Nous produisons les CAUSES et celles-ci éveillent les pouvoirs correspondants du Monde Sidéral, lesquels sont alors magnétiquement et irrésistiblement attirés vers ceux qui produisent ces causes et réagissent sur eux, qu'ils soient des malfaiteurs en acte ou simplement des "penseurs" qui couvent des malices. Car la Science Moderne enseigne que la pensée est de la matière, et Jevons et Babbage, dans leurs Principles of Science, ont déjà entrevu que "toute particule de matière existante doit enregistrer tout ce qui ne s'est jamais passé", ils le disent au profane. La Science moderne est tous les jours plus profondément attirée vers le maelström de l'Occultisme ; inconsciemment, sans doute, mais très sensiblement.
["La pensée est de la matière", non toutefois comme l'entend le matérialiste allemand Moleschott, qui assure que "la pensée est le mouvement de la matière" – formule d'une absurdité presque sans pareille. Les états mentals et physiques sont ainsi mis en complète opposition. Mais cela ne change pas l'assertion que toute pensée, en plus de son accompagnement physique (modification cérébrale), présente un aspect objectif – quoique supersensoriel pour nous sur le plan astral 362. [I 105]
362 Voir Le Monde Occulte.
Les deux théories principales de la Science sur les relations entre le Mental et la Matière sont le Monisme et le, Matérialisme. Toutes deux occupent le terrain entier de la psychologie négative, à l'exception des idées quasi occultes des écoles Panthéistes Allemandes. Les idées des penseurs scientifiques d'aujourd'hui sur les relations entre le mental et la matière peuvent être réduites aux deux hypothèses suivantes. Elles montrent toutes les deux qu'elles excluent la possibilité d'une âme indépendante, distincte du cerveau physique, à travers lequel elle fonctionne. Les voici :
- MATERIALISME, théorie qui considère les phénomènes mentaux comme le produit d'un changement moléculaire dans le cerveau, c'est-à-dire comme le résultat d'une transformation du mouvement en sensation (!). L'école la plus grossière s'aventura même jusqu'à identifier le mental avec "un mode particulier de mouvement" (!!), mais, heureusement, la plupart des hommes de Science eux-mêmes regardent maintenant cette idée comme absurde.
- MONISME, ou doctrine qui n'admet qu'une Seule Substance. C'est la forme la plus subtile de la psychologie négative, doctrine qu'un de ses avocats, le Professeur Bain, appelle justement "matérialisme sur ses gardes". Cette doctrine est très répandue et compte parmi ses partisans des hommes comme Lewes, Spencer, Ferrier et autres, tout en séparant complètement de la matière la pensée et les phénomènes mentaux, en général, les considère comme les deux côtés, ou aspects, d'une seule et même substance, sous certaine de ses conditions. La pensée, en tant que pensée, disent-ils, est toute différente des phénomènes matériels, mais elle doit être regardée aussi comme "le côté subjectif du mouvement nerveux" – quoi que ces savants puissent vouloir dire par là.]
Clément d'Alexandrie rapporte que, dans les temples égyptiens, un immense rideau séparait le tabernacle de la partie où se tenaient les fidèles. Les Juifs aussi. Chez les deux, le rideau couvrait cinq colonnes (le Pentacle) symbolisant nos cinq sens, et ésotériquement, les cinq Races- Racines, tandis que les quatre couleurs du rideau représentaient les quatre points cardinaux et les quatre éléments terrestres. Le tout était un symbole allégorique. C'est par les quatre hauts Gouverneurs des quatre points cardinaux et des Eléments que nos cinq sens peuvent connaître les vérités cachées de la Nature ; ce n'est donc pas, comme Clément le prétendait, les éléments per se qui donnaient aux Païens la [I 106] Connaissance Divine ou celle de Dieu 363. Tandis que l'emblème égyptien était spirituel, celui des Juifs était purement matérialiste, et n'honorait, en fait, que des Eléments aveugles et des "points" imaginaires. Que signifiait, en effet, le Tabernacle carré élevé par Moïse dans le désert, s'il n'avait pas la même signification cosmique ? "Tu feras un rideau... bleu, pourpre et écarlate... et cinq piliers de bois de Shittin pour le suspendre..., quatre anneaux d'airain dans les coins..., des panneaux de bois fin pour les quatre côtés, le Nord, le Sud, l'Ouest et l'Est... du Tabernacle... avec des Chérubims savamment travaillés 364." Le Tabernacle et la cour carrée, les Chérubims, etc., étaient précisément les mêmes que dans les temples égyptiens. La forme carrée du Tabernacle, signifie tout à fait la même chose que ce qu'elle veut dire aujourd'hui dans le culte exotérique des Chinois et des Tibétains – les quatre points cardinaux exprimant ce que marquent les quatre côtés des pyramides, des obélisques et autres constructions carrées. Josèphe a soin de tout expliquer. Il déclare que les colonnes du Tabernacle étaient les mêmes que celles élevées à Tyr aux quatre éléments et qui étaient placées sur des piédestaux dont les quatre angles faisaient face aux quatre points cardinaux et il ajoute que "les angles des piédestaux portaient les quatre figures du Zodiaque", lesquels représentaient la même orientation 365.
363 Aussi la phrase : "Natura Elementorum Obtinet revelationem Dei" [La nature des éléments démontre la révélation de Dieu] (Clément, Stromata, IV, 6) s'applique aux deux, ou à aucun. Consultez les Zends II, 228, et Plutarque, De Iside et Osiride, comparés par Layard. Académie des Inscriptions, 1854, vol. XV.
364 Exode, XXVI, 26-32.
365 Antiquités, I, VIII, ch. XXII.
On retrouve cette idée dans les cryptes zoroastriennes, dans les temples taillés dans le roc de l'Inde, et dans toutes les constructions sacrées quadrangulaires de l'antiquité conservées jusqu'à nos jours. Layard l'a très clairement montré en retrouvant les quatre points cardinaux et les quatre éléments primitifs dans la religion de chaque pays, sous forme d'obélisques carrés, de pyramides à quatre faces, etc. C'est de ces éléments et de leurs points que les quatre Mahârâjahs sont les régents et les directeurs.
Si l'étudiant voulait en savoir davantage, il n'aurait qu'à comparer la vision d'Ezéchiel (ch. I) avec ce qui est connu du Bouddhisme chinois (même dans ses enseignements exotériques) et à examiner l'aspect extérieur de "ces grands Rois [des Dévas]". Selon l'opinion du Rév. Joseph Edkins, "ils président chacun sur l'un des quatre continents en lesquels [I 107] les Hindous divisent le monde... chacun conduit une armée d'êtres spirituels pour protéger l'humanité et le Bouddhisme" 366. Sauf leur favoritisme envers le Bouddhisme, les quatre Etres célestes sont précisément cela. [Les Hindous, cependant, divisent le Monde en sept continents, exotériquement aussi bien qu'ésotériquement, et leurs Dévas Cosmiques sont au nombre de huit, et président aux huit directions de la rose des vents, et non pas sur les continents.]
366 Chinese Buddhism, p., 216.
Les "Quatre" sont les protecteurs de l'humanité et aussi les agents du Karma sur Terre, tandis que les Lipika s'occupent de l'humanité future. En même temps, ce sont les quatre créatures vivantes "qui ont la ressemblance de l'homme" dans la vision d'Ezéchiel et que les traducteurs de la Bible appellent "Chérubims", "Séraphims", etc. ; les Occultistes, "Globes Ailées", "Roues Ardentes", et qui sont connues dans le Panthéon Hindou sous divers autres noms. Tous ces Gandharvas, les "Doux Chanteurs", les Asuras, les Kinnaras et les Nâgas sont les descriptions allégoriques des quatre Mahârâjahs. Les Séraphims sont les Serpents ardents du Ciel que nous trouvons dans un passage qui décrit le mont Mérou comme "la masse exaltée de gloire, la demeure vénérée des dieux et du chœur céleste... le lieu qui ne peut être atteint par l'homme affligé de péchés... car il est gardé par les Serpents". On les nomme les Vengeurs et les "Roues Ailées".
Après avoir ainsi expliqué leur mission et leur caractère, voyons ce que les interprètes chrétiens de la Bible disent des Chérubims. "Ce mot signifie, en hébreu, la plénitude de la connaissance ; on appelait ainsi ces anges à cause de la Connaissance exquise qu'ils possédaient, et par conséquent on se servait d'eux pour punir les hommes qui affectaient de posséder la Connaissance divine." (Interprétation de Cruden, dans sa Concordance, d'après la Genèse, III, 24). C'est très bien et quoique l'information soit vague, cela montre que le Chérubim placé à la porte du Jardin, de l'Eden après la "Chute" suggéra aux vénérables interprètes l'idée d'une punition ayant un rapport avec la Science défendue ou Connaissance divine – science qui amène ordinairement une "Chute", celle des dieux ou de "Dieu", dans l'estimation de l'homme. Mais comme le bon vieux Cruden ne savait rien du Karma, on peut lui pardonner. L'allégorie est toutefois suggestive. Du mont Mérou, demeure des dieux, à l'Eden, la distance est très petite ; et des Serpents hindous aux sept Chérubims ophites, dont le troisième des sept était le Dragon, la séparation est moindre encore, car tous les deux gardaient l'entrée du royaume de la Connaissance Secrète. Ezéchiel, du reste, décrit simplement les quatre Anges cosmiques : [I 108]
"Je regardais, et voici un tourbillon... un... nuage et un feu qui l'enveloppait... et de son sein sortait l'image de quatre créatures vivantes... elles ressemblaient à un homme 367. Et chacun avait quatre faces et... quatre ailes,... le visage d'un homme, et celui d'un lion..., celui d'un bœuf et... celui d'un aigle... Or, comme je regardais les créatures vivantes, voilà qu'une roue apparut sur la Terre... avec ses quatre figures... semblable à une roue au milieu d'une roue... car l'esprit de la créature vivante était dans la roue 368."
367 Le mot "Homme" est ici substitué à "Dragon". Comparez avec les "Esprits ophites". Les Anges reconnus par l'Eglise Catholique Romaine qui correspondent à ces "Figures" étaient, pour les Ophites, le Dragon Raphaël ; le Lion – Michel le Bœuf ou Taureau – Uriel, et l'Aigle Gabriel. Tous les quatre accompagnent les quatre Evangélistes et précèdent les Evangiles.
368 Ezéchiel, I.
Il y a trois Groupes principaux de Constructeurs et autant d'Esprit Planétaire et de Lipika, chaque Groupe étant subdivisé en sept sous- groupes. Il est impossible, même dans un ouvrage aussi étendu que celui- ci, d'entrer dans l'examen minutieux des trois groupes principaux, car cela demanderait tout un volume de plus. Les Constructeurs sont les représentants des Premières Entités "Nées du Mental", par conséquent, des Rishis Prajâpatis primordiaux et aussi des Sept grands Dieux de l'Egypte, desquels Osiris est le chef des "Sept Amshaspends" des Zoroastriens, avec Ormuzd à leur tête ; des "Sept Esprits de la Face" ; des Sept Séphiroth séparés de la première Triade, etc. 369.
369 Les Juifs, à l'exception des Kabalistes, n'ayant pas de nom pour l'Est, l'Ouest, le Sud et le Nord, en exprimaient l'idée par les mots signifiant devant, derrière, à droite et à gauche, et très souvent confondaient ces termes exotériquement, rendant ainsi les voiles de la Bibleplus épais et plus difficiles à pénétrer. Ajoutez à cela le fait que parmi les quarante-sept traducteurs de la Bible, au temps du roi Jacques II, d'Angleterre, "il n'y en avait que trois qui lisaient l'hébreu, que de ces trois, deux sont morts avant que les Psaumes aient été traduits (Royal Masonic Cyclopœdia), et l'on pourra, dès lors, facilement comprendre combien peu de confiance on peut avoir dans la version anglaise de la Bible. Dans cet ouvrage, on suit ordinairement (mais pas toujours) la version catholique romaine de Douay.
Ils construisent, ou plutôt reconstruisent, chaque "Système" après la "Nuit". Le Second groupe de Constructeurs est l'Architecte de notre Chaîne Planétaire, exclusivement et le Troisième est le Progéniteur de notre Humanité – le prototype macrocosmique du microcosme. [I 109]
Les Esprits Planétaires sont les esprits qui animent les Etoiles, en général, et les Planètes, en particulier. Ils gouvernent les destinées des hommes nés sous telle et telle de leurs constellations : les Second et Troisième groupes appartenant à d'autres systèmes ont les mêmes fonctions, et tous gouvernent divers départements de la Nature. Dans le Panthéon hindou exotérique, ce sont les divinités gardiennes qui président aux huit points de la rose des vents – les quatre points cardinaux et les quatre points intermédiaires – ils sont appelés Lôhapâlas, "les Soutiens ou Gardiens du Monde" (dans notre Kosmos visible) et Indra (l'Est), Yama (le Sud), Varuna (l'Ouest), et Kuvéra (le Nord) en sont les chefs ; leurs éléphants et leurs épouses appartiennent à la fantaisie ou à une pensée venue après coup, quoi qu'ils aient tous une signification occulte.
Les Lipika, dont une description est donnée au sixième paragraphe du Commentaire de la STANCE IV, sont les Esprits de l'Univers, tandis que les Constructeurs sont seulement nos divinités planétaires. Les premiers appartiennent à la partie la plus occulte de la Cosmogenèse, celle qu'on ne peut pas donner ici. L'auteur n'est pas en mesure de dire si les Adeptes – même les plus élevés – connaissent cet ordre angélique dans la plénitude de ses trois degrés, ou s'ils n'en connaissent que le degré inférieur, celui qui se rapporte aux annales de notre monde : il est cependant porté à accepter la dernière supposition. Du degré le plus élevé des Lipika, il n'est dit qu'une chose, c'est qu'ils sont liés au Karma – ils en sont les Archivistes directs. [Dans l'antiquité, le Symbole de la Connaissance Sacrée et Secrète était partout un Arbre, par lequel on entendait aussi une Ecriture ou une Annale. C'est de là que vient le mot Lipika, qui signifie les Greffiers ou Scribes ; les Dragons – symboles de la Sagesse – qui gardent les Arbres de la Connaissance, le Pommier "doré" des Hespérides, les "Arbres Touffus" et la végétation du mont Mérou, gardés par des Serpents. Junon donnant à Jupiter, le jour de son mariage, un Arbre aux fruits d'or, est une autre forme d'Eve offrant à Adam la pomme de l'Arbre de la Connaissance.]
STANCE V (6)
§ 6. – Les Lipika circonscrivent le Triangle, le Premier 370 Etre, le Cube, le Second Etre, et le Pentacle dans l'Œuf 371 (a). C'est l'Anneau appelé "Ne Passe Pas", [I 110] pour ceux qui descendent et qui montent et aussi pour ceux qui, durant le Kalpa, s'avancent vers le grand Jour "Sois avec nous" (b)... Ainsi furent formés l'Arûpa et le Rûpa 372. D'Une Lumière, Sept Lumières ; de chacune des Sept, sept fois Sept Lumières. Les roues surveillent l'Anneau.
370 La ligne verticale ou le chiffre I.
371 Le cercle.
372 Le Monde sans forme et le Monde des formes.
La STANCE continue par une classification minutieuse des Ordres de la Hiérarchie Angélique. Du groupe de Quatre et Sept émanent les groupes Nés du Mental de Dix, de Douze et de Vingt et un, etc., tous divisés encore en sous-groupes d'Heptades, d'Ennéades, de Dodécades 373, et ainsi de suite, jusqu'à ce que l'esprit se perde dans l'énumération sans fin des Armées et des Etres célestes qui chacun ont leur tâche distincte dans le gouvernement du Cosmos visible, pendant son existence.
373 Heptades = groupes de sept Ennéades = groupes de neuf Dodécades = groupes de douze.
(a) La signification Esotérique de la première phrase du Shlôka est que ceux qui ont été appelés Lipika, Archivistes du Registre Karmique, forment une barrière infranchissable entre l'EGO personnel et le Soi impersonnel qui est le Noumène et la Source-Mère du premier. C'est la raison de l'allégorie. Ils circonscrivent le monde manifesté de la matière dans le cercle "Ne passe pas". Ce monde est le symbole objectif de l'UN divisé en plusieurs sur les plans de l'Illusion, d'Adi (le "Premier") ou d'Eka (l'Un) et cet Un est l'agrégat collectif, la totalité des principaux Créateurs ou Architectes de l'Univers visible. Dans l'Occultisme hébreu leur nom est à la fois Achath, féminin, "Une", et Achad, "Un" aussi, mais masculin. Les Monothéistes se sont servis et se servent encore du profond ésotérisme de la Kabalepour appliquer le nom par lequel l'Essence Une Suprême est connue à SA manifestation, les Séphiroth-Elohim, et l'appeler Jéhovah. Mais, c'est tout à fait arbitraire et contre toute raison et toute logique, parce que le mot Elohim est un nom pluriel, identique au nom pluriel Chiim auquel on le mêle souvent. [La phrase du Sepher Yetzirah, trouvée aussi ailleurs, "Achath-Ruach-Elohim-Chiiin", marque en tout cas que l'Elohim est androgyne avec prédominance de l'élément féminin, comme si l'on disait : "L'UN est Elle, l'Esprit de l'Elohim de Vie." Comme il a été dit, Achath (ou Echath) est féminin, et Achad (ou Echad) masculin, tous deux signifiant UN.] [I 111]
En outre, en métaphysique Occulte, il y a, à vrai dire, deux "UNS" : l' "Un" sur le plan inaccessible de l'Absolu et de l'Infini, sur lequel on ne peut spéculer, et l'autre "Un" sur le plan des Emanations. Le premier ne peut émaner, ni être divisé parce qu'il est éternel, absolu et immuable ; mais le Second étant, pour ainsi dire, la réflexion du Premier (car c'est le Logos, ou Ishvara, dans l'Univers de l'Illusion), le peut faire, Il émane de lui-même – comme de la Triade séphirothale supérieure émanent les sept Séphiroth inférieurs – les sept Rayons ou Dhyân Chôhans en d'autres termes, l'Homogène devient l'Hétérogène, le Protyle se différencie en Eléments. Mais ceux-ci, s'ils ne retournent pas dans leur Elément primaire, ne peuvent jamais aller au-delà du point Laya, ou point zéro. [On ne peut mieux décrire cette donnée métaphysique que par les mots de T. Subba Row, dans ses conférences sur la Baghavad Gîtâ :
"Mulaprakriti [le voile de Parabrahman] agit comme l'énergie-une à travers le Logos [ou Ishvara]. Parabrahman... est l'essence-une, de laquelle part un centre d'énergie que j'appellerai, pour le moment, le Logos... On le nomme le Verbe... chez les chrétiens, et c'est le Christos divin qui est éternel dans le sein de son Père. Les Bouddhistes l'appellent Avalôkitéshvara... Dans presque chaque doctrine, on a formulé l'existence d'un centre d'énergie spirituelle qui n'est pas née, qui est éternelle, qui existe dans le sein de Parabrahman pendant le Pralaya, et qui devient le centre d'une énergie consciente au moment de l'activité cosmique 374..."
374 Theosophist, fév. 1877, p. 303. Voir aussi Philosophy of the Bhagavad Gitâ, 1912, pp. 11-12-13.
Car, comme le conférencier l'a dit en commençant, Parabrahman n'est ni ceci ni cela ; il n'est même pas conscience, parce qu'on ne peut le relier à la matière ni à quoi que ce soit de conditionné. Cela n'est ni Ego, ni non-Ego, ni même Atmâ, mais en vérité, la source unique de toute manifestation et de tous les modes d'existence.]
Ainsi, dans l'allégorie, les Lipika séparent le monde (ou plan) de l'Esprit pur de celui de la Matière. Ceux "qui descendent et qui montent" – les Monades qui s'incarnent et les hommes qui aspirent à la purification et qui "montent", mais qui n'ont pas encore atteint le but – ne peuvent traverser le cercle "Ne passe pas" que le jour "Sois Avec Nous" ; le Jour où l'homme se délivrant des entraves de l'ignorance et reconnaissant pleinement la non-séparativité de l'Ego qui est dans sa personnalité – considérée par erreur comme la sienne propre – de L'EGO UNIVERSEL (Anima Supra-Mundi), se plonge dans l'Essence-une, pour devenir [I 112] non seulement un "avec Nous" les Vies universelles manifestées qui sont une Vie "UNIQUE", mais cette Vie-là elle-même.
On voit de nouveau, ici, qu'au point de vue astronomique, le Cercle "Ne passe pas" tracé par les Lipika autour du Triangle, du Premier Un, du Cube, du Second Un et du Pentacle pour circonscrire ces figures, contient les symboles de 3.1415, ou le nombre usité en mathématiques pour exprimer la valeur π (pi) les figures géométriques remplaçant ici les chiffres. Selon les enseignements philosophiques ordinaires, ce cercle est au-delà des régions de ce qu'on appelle, en astronomie, les nébuleuses. Mais cette conception est aussi erronée que le sont la topographie et les descriptions des Ecritures exotériques – Purâniques et autres – au sujet des 1008 mondes des mondes et firmaments du Déva-lôka. Il y a, sans doute, des mondes, dans les enseignements ésotériques aussi bien que dans les enseignements profanes et scientifiques, à des distances si incalculables que la lumière des plus proches d'entre eux vient à peine d'atteindre nos modernes "Chaldéens", quoiqu'elle ait quitté sa source bien avant qu'aient été prononcés les fameux mots : "Que la Lumière soit" mais ces mondes ne sont pas du plan du Déva-Lôka, quoiqu'ils appartiennent à notre Cosmos.
Le Chimiste va jusqu'au point laya ou zéro du plan de matière avec lequel il table, puis il s'arrête tout court. Le Physicien et l'Astronome comptent jusqu'à des milliards de kilomètres au-delà des nébuleuses, puis s'arrêtent tout court aussi. L'Occultiste à demi initié se représentera ce point laya comme se trouvant sur un plan qui, s'il n'est pas physique, est cependant concevable pour l'intelligence humaine. Mais celui qui est pleinement initié sait que le Cercle "Ne passe pas" n'est pas un endroit, n'est pas mesuré par les distances, mais qu'il existe dans l'Absolu de l'Infini. Dans cet "Infini" du pleinement Initié, il n'y a ni hauteur, ni largeur, ni épaisseur, tout est profondeur insondable, descendant du physique au "paramétaphysique" 375. En usant du mot "descendant", on entend la profondeur essentielle – le "nulle part et partout", et non la profondeur de la matière physique.
Si l'on fait des, recherches sérieuses dans les allégories exotériques et grossièrement anthropomorphiques des religions populaires, même là on peut trouver des traces de la doctrine formulée dans le cercle "Ne passe pas" gardé par les Lipika. On en trouve aussi dans les doctrines de la secte védântine Visishthadvaïta, la secte la plus anthropomorphique de toute l'Inde. Car nous y lisons que l'âme libérée – [I 113] après avoir atteint Moksha, état de béatitude, "délivrance de Bandha" ou servitude – jouit du bonheur dans un endroit appelé Paramapadha, qui n'est pas matériel mais composé de Suddasattva, essence dont est formé le corps d'Ishvara – le "Seigneur". Là, les Muktas ou Jivâtmâs (les Monades) qui ont atteint la Môksha ne sont plus soumis aux qualités de la matière, ni à celles du Karma. "Mais, s'ils le choisissent dans le but de faire du bien au monde, ils peuvent s'incarner sur la terre 376." Le chemin qui conduit de ce monde à Paramapadha, ou aux mondes immatériels, s'appelle Dévayâna. Lorsque quelqu'un a atteint Môksha et que son corps est mort :
375 [Para-para-métaphysique, dans l'Edition de 1888.]
"... Jîva (l'Ame) accompagne le Sukshma Sharira 377 du cœur du corps au Brahmarandra dans la couronne de la tête en traversant Sushumna, nerf reliant le cœur au Brahmarandra. Jîva s'échappe à travers le Brahmarandra et va dans la région du Soleil. (Suryamandala) en suivant les rayons solaires. Alors il entre, par une tache noire du Soleil, dans Paramapadha... Jîva est dirigé dans sa course... par la Sagesse Suprême acquise par Yoga 378.
376 Ces réincarnations volontaires sont appelées, dans notre doctrine, Nirmânakâyas – les principes spirituels qui survivent dans les hommes.
377 Sukshma-Sharira, le corps illusoire "comme celui d'un rêve" dont sont revêtus les Dhyânis inférieurs de la Hiérarchie céleste.
378 Comparez cette doctrine Esotérique avec la doctrine Gnostique qu'on trouve dans Pistis-Sophia (la Connaissance-Sagesse), dans laquelle on parle de Sophia (Achamôth) qui se perd dans les eaux du Chaos (la Matière) pendant qu'elle s'achemine vers la Lumière Suprême, et du Christos qui la délivre et l'aide à retrouver son Chemin. Notez bien que, chez les Gnostiques, le "Christos" signifiait le Principe Impersonnel, l'Atman de l'Univers et l'Atmâ qui est dans l'âme de chaque homme – et non Jésus, quoique, dans les vieux manuscrits coptes du British Museum, on ait presque toujours remplacé "Christos" par "Jésus" et d'autres mots.
Jîva continue ainsi sa route vers Paramapadha à l'aide des Athivâhikas (les porteurs pendant la route) connus sous le noms de Archi, Ahas... Aditya... Prajapatis, etc. Les Archis [etc.], dont il est question ici, sont certaines âmes pures, etc. 379."
379 Catéchisme de la Philosophie visishtadvâita, par N. BHASHYACHARYA M.S.T., ancien Pandit de la Bibliothèque d'Adyar. Voir le Lotus Bleu de 1893.
Nul Esprit, à l'exception des "Archivistes" (Lipika), n'a jamais traversé la ligne de démarcation de ce Cercle et nul ne la traversera jusqu'au jour du prochain Pralaya, car elle est la limite qui sépare le Fini – bien qu'il semble infini aux yeux de l'homme – du véritable INFINI. Les Esprits dont [I 114] on parle comme "montant et descendant" sont donc les "multitudes" de ceux qu'on appelle sans précision les "Etres Célestes". Ils sont, en vérité, tout autre chose. Ce sont des Entités des Mondes supérieurs dans la Hiérarchie de l'Etre, des entités si immensément élevées qu'elles nous paraissent comme des Dieux et, collectivement – comme DIEU. Songeons un instant que nous, hommes mortels, nous devons paraître ainsi à la fourmi qui raisonne sur l'échelle de ses capacités particulières. Autant que nous pouvons le savoir, il est probable que la fourmi doit voir la main vengeresse d'un Dieu Personnel dans le coup du gamin qui, en un instant et par malice, détruit sa fourmilière, résultat du travail de plusieurs semaines, des années dans la chronologie des insectes. La fourmi ressentant durement le coup, peut aussi, comme l'homme, attribuer cette calamité imméritée à une combinaison de Providence et de péché, et y voir la conséquence du péché de ses premiers parents. Qui peut le savoir et qui peut l'affirmer ou le nier ? Le refus d'admettre, dans le Système Solaire entier, la possibilité de l'existence d'autres êtres raisonnables, intellectuels, que nous-mêmes sur le plan est la plus grande fatuité de notre âge. Tout ce que la Science a le droit d'affirmer c'est qu'il n'y a pas d'Intelligences invisibles vivant dans les mêmes conditions que nous. Elle ne peut absolument pas nier qu'il ne soit possible que bien d'autres mondes existent dans l'univers, dans des conditions entièrement différentes de celles qui constituent la nature du nôtre ; elle ne peut nier non plus qu'une communication limitée ne puisse exister entre certains de ces mondes et le nôtre.
Le plus grand philosophe d'Europe, Emmanuel Kant, nous affirme qu'une telle communication n'est nullement improbable :
"J'avoue, dit-il, que je suis très disposé à affirmer l'existence de natures immatérielles dans le monde et de placer mon âme à moi dans la catégorie de ces êtres. Il sera un jour prouvé, je ne sais où ni quand, que l'âme humaine, même dans ce monde, est indissolublement liée à toutes les natures immatérielles du monde des esprits, qu'elle agit sur elles, et en reçoit des impressions 380."
380 Traüme eines Geistersehers, cité par C.C. MASSEY, dans sa préface du Spiritismus de VON HARTMANN.
On nous enseigne qu'au plus élevé [de ces mondes] appartiennent les sept Ordres d'Esprits purement divins : aux six inférieurs appartiennent des Hiérarchies qui sont de temps en temps vues et entendues par les hommes et qui communiquent avec leurs progénitures sur Terre ; ces dernières leur [I 115] sont indissolublement liées, car chaque Principe dans l'homme a sa source directe dans la nature de ces grands Etres, dispensateurs, chacun en ce qui le concerne, des éléments invisibles qui sont en nous. La Science Physique est libre de spéculer sur le mécanisme physiologique des êtres vivants et de s'efforcer en vain de résoudre nos sensations, mentales et spirituelles, en fonction de leurs véhicules organiques. Tout ce qu'il est possible d'accomplir de ce côté est déjà fait, et la Science n'ira pas plus loin. Elle est arrivée dans un cul-de-sac sur le mur duquel elle s'imagine inscrire de grandes découvertes physiologiques et psychiques, tandis que ces dernières, on le verra plus tard, ne sont autre chose que des toiles d'araignées, tissées par l'imagination et l'illusion scientifique. Les tissus de notre forme objective sont seuls soumis à l'analyse et aux recherches de la Physiologie. Les six Principes supérieurs qu'ils contiennent échapperont toujours à une main guidée par un "animus" qui ignore et repousse de parti-pris les Sciences Occultes. [Tout ce que la recherche physiologique moderne a fait et pouvait faire en ce qui concerne les problèmes psychologiques, étant donnée la nature des choses, c'est de démontrer que toute pensée, sensation et émotion est suivie d'un réarrangement : des molécules de certains nerfs. La conclusion tirée par des savants du type de Büchner, Vogt et autres, que la pensée est un mouvement moléculaire, oblige à faire de notre conscience subjective une totale abstraction.]
(b) Le Grand Jour "SOIS AVEC NOUS" est donc une phrase dont le seul mérite repose sur sa traduction littérale. Sa signification n'est pas facilement révélée à un public qui ne connaît pas les données mystiques de l'Occultisme, ou plutôt de la Sagesse Esotérique, c'est-à-dire du "Boudhisme" [avec un seul d]. C'est une phrase particulière à ce dernier, mais aussi vague pour le profane, que l'est celle des Egyptiens qui nommaient le même jour le "JOUR DE VIENS A NOUS", expression identique à la première, quoique, dans ce sens, le mot "sois" pût être aussi bien remplacé par les mots "reste" ou "repose avec nous", parce qu'il se rapporte à cette large période de Repos qui s'appelle Paranirvâna. Le Jour de "Viens à nous"... c'est le Jour où Osiris a dit au Soleil : "Viens ! Je le vois rencontrant le Soleil dans l'Amenti 381" Le Soleil, ici, signifie le Logos (le Christos ou Horus) comme Essence centrale synthétique et comme essence diffusée d'Entités irradiées différant en substance, non en essence. Ainsi que l'a dit le conférencier sur la Bhagavad Gîta : "Il ne faut pas supposer que le Logos soit un centre unique d'énergie [I 116] manifestée par Parabrahman. Il y en a d'autres et leur nombre, dans le sein de Parabrahman, est presque infini." C'est pour cela qu'on dit : "Le Jour de Viens à nous" et "le Jour de Sois avec nous". De même que le carré est le symbole des Quatre Forces ou Pouvoirs sacrés – la Tétraktys – de même le Cercle montre les bornes internes de l'Infini qu'aucun homme, ni Déva, ni Dhyân Chôhan ne peut franchir, même en esprit. Les Esprits de ceux qui "descendent et montent", pendant la durée de l'évolution cyclique, ne traverseront "le monde entouré de fer" que le jour où ils s'approcheront du seuil du Paranirvâna. S'ils l'atteignent, ils reposeront dans le sein de Parabrahman ou de l' "Obscurité Inconnue", qui deviendra pour eux la Lumière durant toute la période du Mahâpralaya, la "Grande Nuit", c'est-à- dire pendant 311.040.000.000.000 années d'absorption en Brahman. Le Jour de "Sois avec nous" est ce Repos, ou Paranirvâna. Il a été grossièrement matérialisé dans leur religion.] 382
381 Le Livre des morts, PAUL PIERRET, chap. XVII, p. 61.
382 Voir aussi, pour d'autres faits au sujet de cette phrase spéciale de Jour de "Viens A Nous", Rituel funéraire des Egyptiens, par le comte de Rougé.
Dans l'interprétation exotérique des rites Egyptiens, l'âme de tout défunt – depuis l'Hiérophante jusqu'au taureau sacré, Apis – devenait un Osiris, était Osirifiée (la DOCTRINE SECRETE enseignant toutefois que l'Osirification réelle n'arrivait pour chaque Monade qu'après 3.000 cycles 'Existences) – il en est de même dans le cas actuel. La Monade, née de la nature et de l'Essence même des "Sept" (son Principe supérieur s'enfermant immédiatement dans le Septième Elément Cosmique), doit faire sa révolution septénaire à travers les Cycles d'Etre et de Formes, des plus élevés aux plus bas puis, de l'homme à Dieu. Sur le seuil du Paranirvâna, la Monade reprend son Essence primordiale et redevient une fois de plus l'Absolu.