STANCE II

LA NATURE, NON AIDEE, ECHOUE

 

  1. Après d'énormes périodes de temps,la Terrecrée des monstres. 
  2. Les "Créateurs" sont mécontents.
  3. Ils dessèchent la Terre.
  4. Les formes sont détruites par eux.
  5. Les premières grandes marées
  6. Le commencement de la formation de la croûte [III 65]

 

Shloka 5. Après d'énormes périodes de temps, la Terre crée des monstres.

 

La Roue tourna encore pendant trente crores 101. Elle construisit des Roupas 102, des Pierres tendres qui durcirent 103, des Plantes dures qui s'amollirent 104. Le visible sortit de l'invisible, les Insectes  et  les  petites Vies 105". Elle 106 les secoua et les rejeta de dessus son dos toutes les fois qu'ils devancèrent la Mère (a)... Après trente crores, elle se retourna. Elle gisait sur le dos, sur le côté... Elle ne voulait appeler aucun Fils du Ciel, elle ne voulait interroger aucun Fils de la Sagesse. Elle engendra de son propre sein. Elle évolua des Hommes Aquatiques, terribles et mauvais (b).

101 Trente crores "d'années" ; trois cents millions d'années ou Trois Ages Occultes. Le Rig Véda contient la même division. Dans "l'Hymne du Médecin" (X, 97-1), il est dit que "les plantes naquirent Trois Ages (Triyugam) avant les Dieux" sur notre Terre (Voyez la Chronologie des Brahmanes", la fin de cette Stance).

102 Des formes.

103 Des minéraux.

104 La végétation.

105 Sarîsrîpa, svapada.

106 La Terre.

 

(a)    Cela se rapporte à une inclinaison de l'axe – dont il y eut plusieurs exemples – à un déluge qui suivit, et au chaos sur la Terre (n'ayant, toutefois aucun rapport avec le Chaos Primordial), pendant lequel des monstres, moitié hommes, moitié animaux, furent générés. Il en est fait mention dans le Livre des Morts et aussi dans le compte rendu chaldéen de la création que l'on déchiffre sur les Cutha Tablets si mutilées qu'elles soient.

Ce n'est pas une allégorie. Nous avons ici des faits que l'on trouve répétés dans le compte rendu du Pymandre, comme dans les tables chaldéennes de la création. Les versets peuvent presque en être vérifiés au moyen de la Cosmogonie que nous a léguée Bérose ; elle a été défigurée par Eusèbe au point d'être rendue méconnaissable, mais on peut encore en retrouver  quelques  parties  dans  les  fragments  que  nous ont laissés d'anciens auteurs grecs, tels qu'Apollodore, Alexandre Polyhistor, etc. "Les hommes-aquatiques, terribles et mauvais" – qui furent le produit de la Nature physique seule, résultat de "l'impulsion évolutive" et de la première tentative de créer "l'homme", couronnement, objectif et but de [III 66] toute vie animale sur la Terre – sont décrits dans nos Stances comme constituant un échec. Ne trouvons-nous pas la même chose dans la Cosmogonie de Bérose, que l'on dénonce avec tant de véhémence comme représentant l'apogée de l'absurdité païenne ? Pourtant, quel est celui des Evolutionnistes qui pourrait affirmer, qu'au début, les choses ne se sont pas passées comme elles viennent d'être décrites ? Quel est celui qui pourrait dire qu'il n'y a pas eu, comme l'affirment les Pourânas, les fragments Egyptiens et Chaldéens et même la Genèse, deux "créations" et même plus, avant la dernière formation du Globe, qui, changeant de conditions géologiques et atmosphériques, changea aussi sa flore, sa faune et ses hommes ? Cette affirmation ne s'accorde pas seulement avec toutes les anciennes Cosmogonies, mais aussi avec la Science Moderne et même, jusqu'à un certain point, avec la théorie de l'évolution, comme on peut le démontrer en quelques mots.

Dans les plus anciennes Cosmogonies du Monde il n'y a ni "Création Ténébreuse", ni "Dragon du Mal" vaincu par un Dieu Solaire. Même pour les Akkads, le Grand Gouffre – l'Abîme des Eaux ou Espace – était le lieu de naissance et la demeure d'Ea, la Sagesse, la Divinité inconnaissable et infinie. Mais, pour les Sémites et les Chaldéens ultérieurs, l'Abîme insondable de la Sagesse devint la Matière grossière, la substance pécheresse, et Ea est changée en Tiamat, le dragon mis à mort par Mérodach, ou en Satan au milieu des vagues astrales.

Dans les Pourânas hindous, on voit Brahmâ, le Créateur, recommencer de novo plusieurs "Créations" après autant d'échecs et l'on y fait mention de deux grandes Créations 107, le Pâdma et la Vârâha, la création actuelle, lorsque la Terre fut soulevée hors des eaux par Brahmâ, sous la forme d'un sanglier, l'Avatar Vârâha. On nous y décrit la création comme un jeu, un amusement (Lîlâ) du Dieu Créateur. Le Zohar parle de mondes primordiaux qui périrent aussitôt qu'ils furent nés, et la même chose est répétée dans le Midraish où Rabbi Abahu explique nettement 108 que "le Saint Etre" avait successivement créé et détruit divers Mondes avant de réussir à créer le monde actuel. Cela ne se rapporte pas seulement à d'autres Mondes de l'Espace, mais à un mystère de notre propre Globe contenu dans l'allégorie des "Rois d'Edom". En effet, les mots "Celui-ci me plaît" sont répétés dans la Genèse109, bien qu'en termes défigurés, comme d'habitude. Les [III 67] fragments de Cosmogonie Chaldéenne, dans les inscriptions cunéiformes et ailleurs, indiquent deux créations distinctes d'animaux et d'hommes, la première ayant été détruite comme constituant un échec. Les tables Cosmogoniques prouvent que notre création actuelle fut précédée d'autres 110, et, comme le démontre l'auteur de The Qabbalah, dans le Zohar, le Siphrah Dtzenioutha, dans le Jovah Rabba, 128 a, etc. La Cabale établit le même fait.

107 On ne doit pas les confondre avec les Sept Créations ou Division de chaque kalpa. On entend parler ici de la création Primaire et de la création Secondaire.

108 Dans Bereschith Rabba, Parscha IX.

 

(b)        Oannès, ou Dagon, "l'Homme-poisson" Chaldéen, divise sa Cosmogonie et sa Genèse en deux parties. D'abord l'abîme des eaux et des ténèbres, où résidaient les êtres les plus hideux – des hommes ailés, des hommes avec deux ou quatre ailes, des êtres humains bicéphales, avec des pattes et des cornes de bouc – nos "hommes-boucs" 111 – des hippocentaures, des taureaux à têtes humaines et chiens à queue  de poisson. Bref, des combinaisons de divers animaux et d'hommes, de poissons, de reptiles et d'autres animaux monstrueux, revêtant les formes et les attitudes les uns des autres. L'élément féminin dans lequel ils résidaient est personnifié par Thalatth – la Mer ou "Eau" – qui fut finalement conquise par Bélus, le principe mâle. Polyhistor dit :

 Bélus vint et coupa la femme en deux : avec une de ses moitiés il forma la terre et avec l'autre les cieux. En même temps, il détruisit les animaux en elle. 112

 109 I. 31.

110 Voir Hibbert Lectures, 1887. Sayce, p. 390.

111 D'où vient cette identité des idées ? Les Chinois ont les mêmes traditions. D'après le commentateur Kwoh P'oh dans l'ouvrage intitulé Shan-Hai-King, "Merveilles sur Mer et sur Terre", ouvrage qui fut écrit par l'historiographe Chung Ku d'après les gravures de neuf urnes faites par l'empereur Yü (2255 av. J.-C.), on mentionne une entrevue avec des hommes ayant deux figures distinctes sur leurs têtes, une devant, l'autre derrière, des monstres ayant des corps de boucs et des figures humaines, etc. Gould, dans ses Mythical Monsters (p. 27), citant les noms de quelques auteurs ayant traité d'Histoire Naturelle, mentionne Shan-Hai-King en ces termes : "D'après le commentateur Kwoh P'oh (276-324 ap. J.-C.), cet ouvrage a été compilé trois mille ans avant l'époque où il vivait, ou à sept dynasties de distance. Yang Sun de la dynastie des Ming (commençant en l'an 1368 ap. J.-C.) déclare que l'ouvrage a été compilé par Kung-Chia et Chung- Ku (?)" – comme nous l'avons dit plus haut – "Chung-Ku, ... à l'époque du dernier empereur de la dynastie des Hia (1818 av. J.-C.), craignant que l'empereur ne fit détruire les livres traitant des anciens temps, les emporta dans sa fuite à Yin".

Comme le fait remarquer Isaac Meyer, avec beaucoup d'à-propos :

[III 68]

 

Chez les Akkadiens, tout objet et toute puissance de la Nature a son Zi ou Esprit. Les Akkadiens classaient leurs divinités en triades, généralement de mâles (plutôt sans sexe ?), et les Sémites aussi avaient des divinités en triades, mais ils y introduisirent le sexe. 113 – ou phallisme. Chez les Aryens et les premiers Akkadiens toutes les choses sont des émanations qui se produisent par l'entremise d'un Créateur ou Logos et non par Lui. Chez les Sémites, tout est engendré.

112 Ancient fragments de Cory, édition originale, p. 25.

113 Qabbalah, p. 246.

 

 

Shloka 6. Les "Créateurs" sont mécontents.

 

Les Hommes-Aquatiques, terribles et mauvais, elle les créa elle-même avec les restes d'autres 114. Elle les forma avec le rebut et le limon de ses Premier, Second et Troisième 115. Les Dhyanis vinrent et regardèrent... Les Dhyanis vinrent de chez le brillant Père-Mère, des Régions Blanches 116, ils 117 vinrent des Demeures des Mortels Immortels (a).

114 Des restes de minéraux, des végétaux et des animaux.

115 Rondes.

116 Solaires-lunaires.

117 Les Dieux et les Esprits planétaires et spécialement les Ribhous. "Les trois Ribhous" qui deviennent aussi "trois fois sept" d'après le nombre de leurs dons.

 

(a) Les explications que donnent nos Stances sont infiniment plus claires que celles que nous donnerait la table de Cutha, même si elle était complète. Toutefois, ce qui en reste les corrobore. En effet, sur cette table, le "Seigneur des Anges" détruit les hommes de l'abîme, sans "qu'il reste trace de leurs squelettes et de leurs débris" après leur massacre. Après quoi, les Dieux Supérieurs créent des hommes avec les corps des oiseaux du désert, des êtres humains, "sept rois, frères d'une même famille", etc., ce qui fait allusion aux facultés locomotrices des corps primaires éthérés des hommes, qui étaient aptes à voler aussi bien qu'à marcher 118, mais qui "furent détruits" parce qu'ils n'étaient pas "parfaits", c'est-à-dire qu'ils étaient "sans sexe, comme les Rois d'Edom".

Que dirait la science de cette idée d'une création primordiale des espèces, une fois celle-ci purgée de toute métaphore [III 69] ou allégorie ? Elle objecterait que les "Anges" et les "Esprits" n'ont rien à y voir, mais si la Nature et la loi physique de l'évolution sont les créatrices de tout ce qui existe aujourd'hui sur la Terre, pourquoi n'aurait-il pu exister "aucun abîme de ce genre" lorsque le Globe était couvert d'eaux, au sein desquelles un grand nombre d'êtres monstrueux étaient générés ? Est-ce au sujet des "êtres humains" et des animaux à têtes humaines et à double face, que l'on soulève une objection ? Pourtant, si l'homme n'est qu'un animal supérieur et s'il a évolué du sein de la brute par une série infinie de transformations, pourquoi le "chaînon manquant" n'aurait-il pas pu avoir une tête humaine fixée sur des corps d'animaux, ou bien, possédant deux têtes, avoir des têtes d'animaux et vice versa, à l'époque des premiers efforts de la Nature ? Ne nous montre t-on pas, durant les périodes géologiques, à l'époque des reptiles et des mammifères, des lézards ayant des ailes d'oiseaux et des têtes de serpents sur des corps d'animaux 119 ? Enfin, si nous discutons en nous plaçant au point de vue de la Science, notre race humaine moderne elle-même ne nous fournit-elle pas parfois des spécimens de monstres : des enfants à deux têtes, des corps d'animaux avec des têtes humaines, des enfants à têtes de chiens, etc. ? Cela prouve que si la Nature joue de tels tours, maintenant que la marche de son travail d'évolution est tracée depuis des siècles et des siècles, l'existence de monstres comme ceux que décrit Bérose était parfaitement possible au début de son travail évolutif et que cette possibilité peut avoir, à une certaine époque, constitué une loi, avant que la Nature n'eût fait un choix parmi les genres qu'elle avait produits, et qu'elle n'eût commencé un travail régulier sur eux. Cela est maintenant démontré d'une façon catégorique par le simple fait de la "Réversion", comme dit la Science.

 118 Souvenez-vous des "races ailées" de Platon et des récits que donne le Popol-Vuh de la première race humaine, qui pouvait marcher, voler et voir les objets à quelque distance qu'ils fussent.

119 Voyez Mythical Monsters, par Charles Gould.

 

Voilà ce que la Doctrine enseigne et démontre par de nombreuses preuves, mais nous allons continuer notre étude des Stances sans attendre l'approbation de la Théologie dogmatique ou de la Science Matérialiste. Ces stances parleront d'elles-mêmes, grâce à la lumière dont les éclairent les Commentaires et leurs explications ; le côté scientifique de ces questions sera étudié ultérieurement.

On montre donc que la Nature Physique a échoué, lorsqu'elle a été livrée à elle-même pour procéder à la création de l'animal et de l'homme. Elle peut créer les deux premiers règnes, ainsi que celui des animaux inférieurs, mais lorsqu'elle [III 70] en arrive à l'homme, l'intervention de puissances spirituelles, indépendantes et intelligentes devient nécessaire pour assurer sa création, en dehors des "vêtements de peau" et du "souffle de la vie animale". Les Monades humaines des Rondes précédentes ont besoin de quelque chose de supérieur aux matériaux purement physiques pour édifier leurs personnalités, sous peine de rester au-dessous même d'un animal à la "Frankenstein" 120.

 120 Dans le premier volume de l'Introduction à l'Etude des Races Humaines de M. de Quatrefages, qui vient d'être publié, il est prouvé que depuis la période Post-Tertiaire, et même depuis plus longtemps encore – puisqu'à cette Ere de nombreuses races étaient disséminées sur la surface de la Terre – la structure physique de l'homme n'a pas varié d'un iota. Or, si l'homme fut entouré durant des siècles par une faune qui s'est modifiée d'une période à l'autre ou d'un cycle à l'autre, d'une faune qui a disparu pour renaître sous d'autres formes – si bien qu'il n'existe plus aujourd'hui sur la Terre un seul animal, grand ou petit qui ait été le contemporain de l'homme d'alors – si, dis-je, tous les animaux se sont transformés à l'exception de l'homme lui-même, cela suffit à prouver, non seulement son antiquité, mais encore le fait qu'il constitue un Règne distinct. Pourquoi aurait-il, seul, échappé à la transformation ? Parce que, dit de Quatrefages, l'arme dont il a fait usage dans sa lutte contre la Nature et contre les conditions géologiques et les éléments sans cesse modifiés, n'est autre que "sa force psychique et non pas sa force ou son corps physique", comme dans le cas des animaux. N'accordez à l'homme que la dose d'intelligence et de raison dont les autres mammifères sont doués, et, dans l'état actuel de son organisme physique, il se montrera la créature la plus impuissante de la Terre. Or, comme tout concourt à prouver que l'organisme humain, avec toutes ses caractéristiques, ses propriétés et ses idiosyncrasies, existait déjà sur notre globe à l'époque de ces périodes géologiques si reculées durant lesquelles il n'y avait pas encore un seul spécimen des types de mammifères qui existent aujourd'hui, quelle est l'inévitable conclusion qui s'impose ? Celle-ci : Puisque toutes les races humaines sont d'un seul et même type, il en résulte que ce type est celui du plus ancien de tous les mammifères existant aujourd'hui. Ce type est donc le plus stable et le plus persistant de tous et se trouvait aussi complètement développé qu'il l'est aujourd'hui, quand tous les autres mammifères connus de nos jours ne se préparaient même pas encore à faire leur apparition sur cette Terre. Telle est l'opinion du grand naturaliste français, qui donne ainsi un terrible coup au Darwinisme.

 

Shloka 7. Ils dessèchent la Terre.

 

Ils furent mécontents. "Notre chair n'est pas là 121. Aucun Roupa convenable pour nos Frères de la Cinquième. Aucune Demeure pour les Vies 122. Elles doivent s'abreuver d'Eaux Pures et non d'eaux troubles (a). Desséchons-les 123". [III 71]

121 Dirent-ils.

122 Les Monades des "représentations" des hommes de la Troisième Ronde, les énormes formes simiesques.

123 Les Eaux.

 

(a) Il est dit dans le Catéchisme sur les Commentaires :

C'est des Mondes matériels que descendent ceux qui façonnent l'homme physique à chaque nouveau Manvantara. Ce sont des Lha [Esprits] inférieurs qui possèdent un double corps [un corps astral dans une forme éthérée]. Ce sont les modeleurs et les créateurs de notre corps illusoire...

Dans les formes projetées par les Lha [Pitris], les Deux Lettres 124 [la Monade, appelée aussi le "double Dragon"], descendent des Sphères de l'Attente 125. Mais elles ressemblent à une toiture qui n'a ni murs, ni piliers pour s'y appuyer...

Il faut à l'homme quatre Flammes et trois Feux pour devenir un sur la Terre, et il lui faut l'essence des quarante-neuf Feux 126  pour être parfait. Ce sont ceux qui ont déserté les Sphères Supérieures, les Dieux de la Volonté 127, qui complètent le Manou de l'illusion. En effet, le "Double Dragon" n'a aucune prise sur la simple forme. Il est comme la brise, là où il n'y a ni arbres, ni branches pour la recevoir et l'abriter. Il ne peut affecter la forme, là où il n'y a pas d'agent de transmission [Manas, le "Mental"], et la forme l'ignore.

Dans les mondes  les  plus  hauts,  les  trois  ne  font qu'un 128 ; sur la Terre [tout d'abord], l'un devient deux. Ceux-ci sont comme les deux côtés [latéraux] d'un triangle qui aurait perdu sa base – qui est le troisième Feu. 129 

124 Dans le système ésotérique, les sept "principes" de l'homme sont représentés par sept lettres. Les deux premières sont plus sacrées que les quatre lettres du Tétragrammaton.

125 Les Sphères intermédiaires où l'on dit que les Monades qui n'ont pas atteint le Nirvâna sommeillent dans une Inactivité Inconsciente, dans l'intervalle des Manvantaras.

126 Expliqués ailleurs. Les Trois Feux, Pâvaka, Pavamâna et Shouchi, qui eurent quarante-cinq Fils, lesquels avec leurs trois Pères et leur Père Agni, constituent les quarante-neuf Feux. Pavamâna, le Feu produit par le frottement, est le père du "Feu des Asouras" ; Shouchi, le Feu Solaire, est le père du "Feu des Dieux", et Pâvaka, le Feu Electrique, est le Père du "Feu des Pitris". (Voyez le Vâyou- Pourâna). Toutefois, cela est une explication sur le plan matériel et terrestre. Les Flammes sont éphémères et seulement périodiques ; les Feux sont éternels dans leur triple unité. Ils correspondent aux quatre "principes" inférieurs et aux trois principes supérieurs humains.

 

Or, cela exige quelques explications, avant que nous n'allions plus loin. Pour les donner, particulièrement dans l'intérêt de nos frères Aryens Hindous – dont les interprétations [III 72] Esotériques peuvent différer des nôtres – il nous faudra leur expliquer ce qui précède en citant certains passages de leurs propres ouvrages exotériques, c'est-à-dire des Pourânas. Dans les allégories qu'ils renferment, Brahmâ, qui est, collectivement, la Force Créatrice de l'Univers, est décrit comme suit :

A l'origine des Yougas [des Cycles]... possédé du désir et du pouvoir de créer et poussé par les potentialités de ce qui doit être créé, il donne sans cesse naissance, au début de chaque Kalpa, à une création similaire 130, à plusieurs reprises.

Nous nous proposons maintenant d'étudier le compte rendu exotérique qui se trouve dans le Vishnou Pourâna et de voir jusqu'à quel point il peut concorder ou non avec notre version Occulte.

 127 Les Souras, qui deviennent plus tard les A-Souras.

128 Atmâ, Bouddhi et Manas. Dans le Dévachan, l'élément supérieur du Manas est nécessaire, pour en faire un état de perception et de conscience pour la Monade désincarnée.

129 Catéchisme, Livre III, Sec. 9.

130 Voyez le Vishnou Pourâna, Livre I, chap. V, Shloka finale. Sens donné au texte par Fitzedward Hall, dans la traduction de Wilson, I, 88. Voyez aussi Mânava-Dharma Shâstra, I, 30.

 

CREATION DES ETRES DIVINS DANS LES RECITS EXOTERIQUES

 

Dans le Vishnou Pourâna, qui est certainement le plus ancien des ouvrages connus sous ce nom, nous voyons, comme dans tous les autres, Brahmâ, en tant que Dieu mâle, revêtir, dans le but de créer, "quatre corps doués de trois qualités" 131. On y lit :

De la sorte, ô Maitreya, Jyotsnâ (l'aurore), Râtri (la nuit). Ahan (le jour), et Sandhyâ (le soir, crépuscule), sont les quatre corps de Brahmâ. 132

Ainsi que l'explique Parâshara, lorsque Brahmâ désire créer le monde de nouveau et former une descendance par sa volonté, dans le quadruple état ou dans les quatre Ordres d'Etres, appelés Dieux (Dhyân-Chohans), Démons 133 (c'est-à-dire des Dévas plus matériels), Progéniteurs (Pitris), et Hommes, "il concentre [comme dans la Yoga] son esprit en lui-même" (Youyouge).

Chose étrange, il commence par créer les Démons, qui [III 73] précèdent de la sorte les Anges ou Dieux. Ce n'est pas là une inconvenance, ce n'est pas dû à l'inconséquence, mais cela renferme, comme tout le reste, un profond sens Esotérique, très clair pour qui est libéré de tout préjugé théologique Chrétien. Celui qui se souvient que le principe Mahat, ou l'Intellect, "l'Esprit Universel" (littéralement le "Grand", que la Philosophie Esotérique explique comme étant "l'Omniscience Manifestée" – le "premier produit" de Pradhâna, la Matière Primordiale, comme le dit le Vishnou Pourâna, mais le premier Aspect Cosmique de Parabrahman ou du Sat ésotérique, l'Ame Universelle 134, comme l'enseigne l'Occultisme – est la racine de la SOI-Conscience, on comprendra le pourquoi. Les prétendus Démons – qui sont, au point de vue Esotérique, les Principes qui s'affirment Eux-mêmes et sont, intellectuellement actifs – constituent, pour ainsi dire, le pôle positif de la création et sont, en conséquence, créés les premiers. Voici, en quelques mots, le processus, tel qu'il est allégoriquement décrit dans les Pourânas.

131 Cela dans l'Esotérisme, a une relation directe avec les sept "principes" de Brahmâ manifesté, ou Univers, et dans le même ordre que dans l'homme. Exotériquement, ce ne sont que quatre "principes".

132 Traduction de Wilson, I, 81.

133 Démon est un mot d'un emploi très vague, attendu qu'il s'applique à un grand nombre d'Esprits inférieurs ou Dieux mineurs – c'est-à-dire plus matériels – que l'on appelle ainsi parce qu'ils "luttent" contre les supérieurs, mais qui ne sont pas des diables.

134 Même ordre de principes dans l'homme : Atmâ (l'Esprit), Bouddhi (l'Ame), son véhicule, de même que la matière est le Vâhan de l'Esprit, et enfin Manas (le Mental), le troisième ou le cinquième au point de vue microcosmique. Sur le plan de la personnalité, Manas est le premier.

 

Brahmâ ayant concentré son esprit en lui-même, et la Qualité des Ténèbres envahissant le corps, qu'il avait revêtu, les Asouras, jaillissant de sa Cuisse, furent créés les premiers ; après quoi, il abandonna ce corps qui fut changé en la Nuit.

Deux points importants sont impliqués là :

  1. Dans le Rig Véda, les Asouras sont d'abord décrits comme étant des Etres divins spirituels ; l'étymologie de leur nom est dérivée de Asou, souffle, le "Souffle de Dieu", et ils ont la même signification que l'Esprit Suprême ou l'Ahoura Zoroastrien. C'est plus tard, dans un but théologique et dogmatique, qu'on  les montre jaillissant de la Cuisse de Brahmâ et que leur nom commença à être dérivé de a privatif et de Soura, un Dieu, soit "pas-Dieu", et qu'ils devinrent les ennemis des Dieux.
  2. Toutes les anciennes Théogonies, sans exception – depuis celles des Aryens et des Egyptiens, jusqu'à celle d'Hésiode – placent, dans l'ordre de la succession Cosmogonique, la Nuit avant le Jour, même la Genèse dans laquelle "les ténèbres couvrent la face de l'abîme" avant le "premier jour". La raison de cela c'est que toutes les Cosmogonies – sauf dans la Doctrine Secrète – commencent par ce que l'on appelle la "Création Secondaire" ; c'est-à-dire, l'Univers Manifesté dont [III 74] la genèse doit commencer dans une différenciation marquée entre la Lumière éternelle de la "Création Primaire", dont le mystère doit rester à jamais les "Ténèbres" pour la conception et l'intellect limités du profane qui cherche à les pénétrer, et l'Evolution Secondaire de la Nature visible manifestée. Le Véda renferme toute la philosophie de cette division, sans qu'il ait jamais été correctement expliqué par nos orientalistes, attendu qu'ils ne l'ont jamais compris.

Continuant à créer, Brahmâ revêt une autre forme, celle du Jour, et crée de son Souffle les Dieux, qui sont doués de la Qualité de Bonté (Passivité 135). Dans son corps suivant prévalut la Qualité de grande Passivité qui est aussi de la bonté (négative) et du flanc de ce personnage jaillirent les Pitris, les Progéniteurs des hommes, parce que, ainsi que l'explique le texte, Brahmâ [durant le processus] "pensa à lui-même comme au père du monde" 136. C'est la Kriyâ-shakti – le mystérieux pouvoir de Yoga, expliqué autre part. Ce corps de Brahmâ, lorsqu'il fut rejeté, devint le Sandhyâ, le Crépuscule du Soir, l'intervalle entre le Jour et la Nuit.

Finalement, Brahmâ revêtit sa dernière forme pénétrée de la Qualité d'Impureté.

Et de celle-ci, les hommes, chez qui l'impureté (ou passion) prédomine, furent produits.

Ce corps, une fois rejeté, devint l'Aurore, le Crépuscule du Matin – l'Aube de l'humanité. Ici Brahmâ tient, au point de vue Esotérique, la place des Pitris – collectivement, c'est le Pitâ, "le Père".

La véritable signification Esotérique de cette allégorie doit être maintenant expliquée. Brahmâ symbolise ici personnellement les Créateurs Collectifs du Monde et des Hommes – l'Univers avec toutes ses innombrables productions de choses mobiles  et  (en  apparence) immobiles 137. Collectivement, il est les Prajâpatis, les Seigneurs de l'Etre ; et les quatre Corps [III 75] représentent les quatre Classes de Puissances Créatrices ou de Dhyàn-Chohans, décrites dans le Commentaire de la Shloka I, Stance VII du Volume I. Toute la philosophie de ce que l'on appelle la "Création" du bien et du mal dans ce Monde, et de tout le Cycle des résultats Manvantariques en découle, et dépend de la compréhension correcte de ces Quatre Corps de Brahmâ.

 135 Ainsi, dit le Commentaire, le dire d'après lequel "durant le jour les Dieux sont les plus puissants et durant la nuit les démons", est purement allégorique.

136 Ce fait de "penser à soi-même" comme étant ceci, cela ou autre chose, est le facteur principal dans la production des phénomènes psychiques ou même physiques de toutes sortes. Les mots : "lorsqu'une personne dira à cette montagne : sois projetée dans la mer, et ne doutera pas... le fait se produira", ne sont pas de vains mots. Seulement le mot "foi" devrait être remplacé par "Volonté". La foi sans la Volonté est comme un moulin à vent, sans vent – stérile.

137  La même idée se retrouve dans les quatre premiers chapitres de la Genèseavec leur  "Seigneur" et leur "Dieu" qui sont les Elohim et l'Eloha Androgyne.

 

Le lecteur doit être maintenant prêt à comprendre la véritable signification, la signification Esotérique, de ce qui suit. De plus, il y a un point important qu'il faut éclaircir. La théologie chrétienne ayant arbitrairement décidé et convenu que Satan et ses Anges déchus appartenaient à la première création et que Satan était le premier créé, le plus sage et le plus beau des Archanges de Dieu, le mot d'ordre fut donné, la tonique choisie. Dès lors toutes les Ecritures païennes furent amenées à se plier à la même signification, toutes furent déclarées diaboliques et l'on a prétendu et l'on prétend encore que la vérité et les faits appartiennent au Christianisme et ne commencent qu'avec lui. Les Orientalistes et les Mythologues eux-mêmes, bien que quelques-uns ne soient pas du tout des Chrétiens, mais des "infidèles" ou des hommes de Science, sont entrés, inconsciemment et par la simple force de l'association des idées et des habitudes, dans l'ornière théologique.

Des considérations purement Brahmaniques, basées sur la soif du pouvoir et sur l'ambition, ont permis aux masses de rester dans l'ignorance des grandes vérités ; et les mêmes causes ont poussé les Initiés qui se trouvaient parmi les premiers Chrétiens à garder le silence, tandis que ceux qui n'avaient jamais connu la vérité défigurèrent l'ordre des choses, en jugeant la Hiérarchie des "Anges" d'après leur forme exotérique. Aussi, de même que les Asouras étaient devenus les Dieux inférieurs rebelles qui luttaient contre les Dieux supérieurs dans la croyance populaire, de même le plus grand des Archanges, en réalité, l'Agathodæmon, le plus ancien Logos bienveillant, devint, dans la théologie, "l'Adversaire" ou  Satan. Mais tout cela est-il garanti par l'interprétation correcte d'une quelconque des antiques Ecritures ? La réponse est : très certainement pas. De même que les Ecritures mazdéennes, le Zend Avesta, la Vendidadet d'autres encore, corrigent et démasquent l'ingénieuse confusion dans laquelle furent jetés plus tard les Dieux du Panthéon Hindou et rendent aux Asouras, grâce à Ahoura, leur véritable place dans la Théogonie ; de même la récente découverte des tablettes chaldéennes fait rendre justice au bon renom des premières Emanations divines. C'est facile à prouver. L'Angélologie Chrétienne est directement et uniquement dérivée de celle des Pharisiens, [III 76] qui rapportèrent leurs dogmes de Babylonie. Les Saducéens, en vrais gardiens des Lois de Moïse, ne connaissaient aucun Ange et n'admettaient même pas l'immortalité de l'Ame humaine (non pas celle de l'Esprit impersonnel). Dans la Bible, les seuls Anges dont il soit question sont les "Fils de Dieu", mentionnés au chap. VI de la Genèse VI – et qui sont aujourd'hui considérés comme les Néphilim, les Anges Déchus, – et plusieurs Anges à forme humaine, les "Messagers" du Dieu juif, dont le rang personnel a besoin d'être analysé de plus près que cela n'a été fait jusqu'à présent. Comme nous l'avons montré plus haut, les premiers Akkadiens appelaient la Sagesse Ea, nom qui fut défiguré plus tard par les Chaldéens et les Sémites et transformé en Tiamat, Tisalat et le Thalatth de Bérose, le Dragon de Mer femelle, aujourd'hui Satan. En vérité  – "Combien n'es-tu pas déchue [par la faute de l'homme], ô brillante Etoile, Fille du Matin !"

Que nous disent donc les récits Babyloniens de la "Création", tels qu'on les a trouvés sur les fragments des poteries assyriennes ; ces mêmes récits sur lesquels les Pharisiens ont établi leur Angélologie ?  Comparez les Assyrian Discoveries 138 et le Chaldean Account of Genesis 139 de M. George Smith. La Tablette sur laquelle est inscrite l'histoire des Sept Dieux ou Esprits Méchants contient le récit suivant : nous imprimons en italique les passages importants.

  1. Durant les premiers jours les Dieux méchants,
  2. les Anges qui étaient en état de rébellion et qui, dans la partie inférieure du ciel,
  3. avaient été créés,
  4. accomplirent leur œuvre mauvaise,
  5. tramant avec un mauvais esprit..., etc.

On nous montre ainsi, aussi clairement que possible, sur un fragment resté si bien intact que la lecture n'en est pas douteuse, que les "Anges Rebelles" avaient été créés dans la "partie inférieure du ciel", c'est-à-dire qu'ils appartenaient et appartiennent toujours à un plan matériel d'évolution, bien que ce plan, n'étant pas celui dont nos sens nous permettent d'avoir connaissance, reste généralement invisible pour nous et soit, par suite, considéré comme subjectif. Après cela, les Gnostiques étaient-ils tellement dans leur tort en affirmant que notre Monde Visible et particulièrement  la  Terre,  avaient  [III 77]  été  créés  par des Anges Inférieurs, les Elohim inférieurs, au nombre desquels ils enseignaient que se trouvait le Dieu d'Israël ? Ces Gnostiques étaient plus rapprochés dans le temps des archives de la Doctrine Archaïque Secrète et l'on doit, par suite, admettre qu'ils connaissaient leur contenu mieux que les Chrétiens non initiés qui prirent sur eux, des centaines d'années plus tard,  de remanier et corriger ce qui avait été dit. Voyons pourtant ce que la même Tablette dit plus loin :

7.    Ils étaient au nombre de sept [les dieux méchants].

Vient ensuite leur description ; le quatrième est un "serpent", le symbole phallique de la Quatrième Race dans l'Evolution humaine.

15.  Tous les sept des messagers du Dieu Anou, leur roi.

Or, Anou fait partie de la Trinité Chaldéenne et, sous un aspect, il est identique à Sin, la "Lune". Et dans la Cabale Hébraïque, la Lune est l'Argha de la semence de toute vie matérielle et elle est encore plus étroitement liée, au point de vue cabalistique, avec Jéhovah, qui a deux sexes, tout comme Anou. Ils sont tous deux représentés dans l'Esotérisme et étudiés sous un double aspect : mâle ou spirituel, femelle ou matériel, ou bien encore Esprit et Matière, les deux principes antagonistes. Aussi les "Messagers d'Anou", qui est Sin, la "Lune", sont-ils représentés, dans les lignes de 28 à 41, comme étant finalement dominés par le même Sin, avec l'aide de Bel, le Soleil, et d'Ishar, Vénus. Les Assyriologues considèrent cela comme une contradiction, mais ce n'est que de la métaphysique dans l'enseignement Esotérique.

Il y a plus d'une interprétation, parce qu'il y a sept clefs au mystère de la "Chute". De plus, il y a deux "Chutes" dans la Théologie : la rébellion des Archanges et leur "Chute", puis la "Chute" d'Adam et d'Eve. Ainsi les Hiérarchies inférieures tout comme les Hiérarchies supérieures sont accusées d'un crime supposé. Le mot "supposé" est le terme vrai et correct, car dans les deux cas ce crime est fondé sur une fausse interprétation. L'Occultisme considère les deux comme des effets Karmiques et tous deux appartiennent à la loi de l'Evolution – intellectuelle et spirituelle d'une part, physique et psychique de l'autre. La "Chute" est une allégorie universelle. Elle place à l'une des extrémités de l'échelle de l'Evolution la "rébellion", c'est-à-dire l'action de [III 78] l'intellection différenciatrice ou conscience, sur ses divers plans en cherchant à s'unir à la Matière ; et à l'autre, à l'extrémité  inférieure,  la  rébellion  de  la  Matière  contre  l'Esprit,  ou  de l'action contre l'inertie spirituelle. C'est là que se trouve le germe d'une erreur qui a produit de si désastreux effets sur l'intelligence des sociétés civilisées, pendant plus de 1.800 ans. Dans l'allégorie primitive, c'est la Matière – par conséquent les Anges plus matériels – qui était considérée comme ayant vaincu l'Esprit, ou les Archanges qui "tombèrent" sur ce plan.

 Ceux   de   l'épée   flamboyante   [ou   passions   animales] avaient mis en fuite les Esprits des Ténèbres.

C'étaient pourtant ces derniers qui, combattant pour la suprématie sur la Terre de la spiritualité consciente et divine, échouèrent en succombant à la puissance de la Matière. Mais dans les dogmes théologiques, c'est l'inverse que nous voyons. C'est Michel, "qui est semblable à Dieu", le représentant de Jéhovah, qui est le Chef des Légions Célestes – comme Lucifer est celui des Légions Infernales, dans l'imagination de Milton – qui l'emporte sur Satan. Il est vrai que la nature de Michel dépend de celle de son Créateur et Maître. Qui est ce dernier, c'est ce qu'on peut découvrir en étudiant soigneusement l'allégorie de la "Guerre dans les Cieux" à l'aide de la clef astronomique. Comme le montre Bentley, la "Guerre des Titans contre les Dieux", dans Hésiode et la Guerre des Asouras, ou Târakâmaya, contre les Dévas, dans la légende Pouranique, sont identiques en tout, si ce n'est les noms. L'aspect des étoiles, – Bentley ayant choisi l'an 945 av.    J.-

  1. comme la date la plus voisine d'une telle conjonction – prouve que :

Toutes les planètes, sauf Saturne, se trouvaient du même côté des cieux, comme le Soleil et la Lune.

Et, par suite, étaient ses adversaires. Pourtant c'est Saturne, ou le "Dieu-Lunaire" Juif, qu'Hésiode ainsi que Moïse désignent comme le vainqueur, sans qu'aucun des deux n'ait été compris. C'est ainsi que la véritable signification fut déformée.

138 p. 398.

139 p. 107.

 

 

STANCE II (Suite)

 

Shloka 8. Les formes sont détruites par eux.

 

Les Flammes vinrent. Les Feux avec les Etincelles ; les Feux Nocturnes et les Feux Diurnes (a). Ils desséchèrent [III 79] les Eaux troubles et sombres. Avec leur chaleur ils les  épuisèrent.  Les  Lhas 140  d'En-Haut ;  les Lhamayin 141 d'En-Bas, vinrent (b). Ils égorgèrent les Formes qui étaient à double et à quadruple face. Ils combattirent les Hommes-Boucs, les Hommes à tête de chien et les Hommes à corps de poissons.

140 Esprits.

141 Esprits aussi.

142 VI, 2-6.

 

(a)        Les "Flammes" sont une Hiérarchie d'Esprits parallèle, sinon identique, aux "brûlants" Saraph  ardents  (Séraphim)  mentionnés  par Isaïe 142 et qui, d'après la Théogonie Hébraïque, entourent le "Trône du Tout-puissant". Melha est le Seigneur des "Flammes". Lorsqu'il apparaît sur la Terre, il revêt la personnalité d'un Bouddha, dit une légende populaire. C'est un des plus anciens et des plus vénérés parmi les Lhas, un saint Michel bouddhiste.

(b)      Il ne faut pas donner aux mots "En Bas" le sens de Régions Infernales, mais simplement celui d'un Etre spirituel, ou plutôt éthéré, d'un grade inférieur, parce qu'il est plus près de la Terre ou n'est que d'un degré au-dessus de notre sphère terrestre ; tandis que les Lhas sont des Esprits des Sphères les plus hautes – de là le nom de la capitale du Tibet, Lha-ssa.

Indépendamment d'un exposé d'une nature purement physique et qui a trait à l'évolution de la vie sur la Terre, une autre signification allégorique peut être attachée à cette shloka, ou même plusieurs, comme on l'enseigne. Les FLAMMES ou "Feux" représentent l'Esprit ou élément mâle et "l'Eau" représente la Matière ou élément opposé. Ici encore, nous retrouvons, dans l'acte de l'Esprit égorgeant la forme purement matérielle, une allusion à la lutte  éternelle,  sur  les  plans  physique  et  psychique,  entre  l'Esprit  et la Matière, outre un fait scientifique cosmique. En effet, comme il est dit dans le verset suivant :

 

Shloka 9. Les premières grandes marées

 

L'Eau-Mère, la Grande-Mer, pleura. Elle se souleva, elle disparut dans la Lune, qui l'avait élevée, qui lui avait donné naissance.

Que peut donc vouloir dire cela ? N'est-ce pas une allusion évidente à l'action des marées, durant les premières phases de [III 80] l'histoire de notre planète, dans sa Quatrième Ronde ? Les recherches modernes se sont activement employées à spéculer sur les grandes marées paléozoïques. D'après la théorie de M. G.-H. Darwin, il n'y a pas moins de 52 millions d'années – et probablement beaucoup plus – la Lune sortit de la masse plastique de la Terre. Partant du point où s'étaient arrêtées les recherches de Helmholtz, de Ferrel, de Sir William Thomson et d'autres, il remonta, fort avant jusque dans la nuit des temps, la marche du retard par les marées du mouvement rotatoire de la Terre, et plaça la Lune, durant l'enfance de notre planète, à seulement "une fraction de sa distance actuelle". En somme, d'après sa théorie, c'était la Lune qui s'était séparée de la Terre. L'élévation de marée concourant avec l'impulsion de la masse globulaire – la tendance centrifuge étant alors presque égale à la gravitation – celle-ci fut vaincue et la masse soulevée par la marée put ainsi se séparer complètement de la Terre 143.

L'Occultisme enseigne l'inverse. La Lune est beaucoup plus âgée que la Terre ; et, comme nous l'avons expliqué dans le Volume I, c'est cette dernière qui doit la vie à l'autre, quelle que soit l'explication que l'Astronomie et la Géologie puissent donner de ce fait. De là viennent les marées et l'attraction vers la Lune, comme nous le constatons en voyant les parties liquides du Globe chercher sans cesse à s'élever jusqu'à leur mère. Telle est la signification de la phrase qui dit que l'Eau-Mère "se souleva et disparut dans la Lune qui l'avait élevée, qui lui avait donné naissance".

 143 Voyez pourtant les objections soulevées plus tard, dans les œuvres de divers géologues, contre cette théorie. Comparez avec les articles de Sir R. S. Ball, dans Nature ; XXV, 79-82, 103-107, 24 novembre et 1er décembre 1881.

 

Shloka 10. Le commencement de la formation de la croûte

 

Quand 144 ils furent détruits, la Terre-Mère resta nue 145. Elle demanda à être séchée 146.

L'heure de la formation de la croûte de la Terre avait sonné. Les eaux s'étaient séparées et le processus commença. Ce fut  le commencement d'une vie nouvelle. C'est là ce qu'une [III 81] clef nous divulgue. Une autre clef enseigne l'origine de l'Eau, son mélange avec le Feu – "le Feu Liquide", suivant l'expression employée – et entreprend une description Alchimique de la progéniture de ces deux – des matières solides comme les minéraux et les terres. Des "Eaux de l'Espace", le produit du Feu Spirituel mâle et de l'Eau femelle (gazeuse) devint l'étendue de l'Océan sur la Terre. Varouna est attiré en bas, du haut de l'Espace infini, pour régner comme Neptune sur les mers limitées. Comme toujours, l'on constate que l'imagination populaire s'appuie sur une base strictement scientifique.

L'eau est le symbole de l'Elément Femelle partout ; la Matièred'où provient la lettre M, est dérivée graphiquement de ΛΛΛ, hiéroglyphe de l'eau. C'est la Matrice Universelle ou le "Grand Abîme". Vénus, la Grande Vierge-Mère, jaillit du sein des vagues et Cupidon ou Erôs est son fils. Mais Vénus n'est que la plus récente variante mythologique de Gæa, Gaia, la Terre, qui, sous son aspect supérieur, est Prakriti, la Nature et, au point de vue métaphysique, Aditi et même Mûlaprakriti, la Source de Prakriti ou son noumène.

Aussi Cupidon ou l'Amour est, dans son sens primitif, Eros,  la Volonté Divine, ou le désir de se manifester au moyen de la création visible. De là Fohat, le prototype d'Eros, devient sur la Terre, la Grande Puissance, "l'Electricité Vitale" ou l'Esprit du "don de Vie". N'oublions pas la Théogonie Grecque et entrons dans l'esprit de sa Philosophie. Les Grecs nous enseignent que tout, y compris les Dieux, doit la vie à l'Océan et à son épouse Téthys, qui est Gæa, la Terre ou Nature. Mais qu'est l'Océan ? L'Océan, c'est l'Espace non mesurable – l'Esprit dans le Chaos – qui est la Divinité, et Téthys n'est pas la Terre, mais la Matière Primordiale en Voie de formation. Dans notre cas, ce n'est plus Aditi-Gæa qui engendre Ouranos ou Varouna, le principal Aditya parmi les sept Dieux Planétaires, mais Prakriti, matérialisée et localisée. La Lune, masculine dans son caractère théogonique, est, sous son aspect cosmique seulement,  le principe générateur femelle, de même que le Soleil en est l'emblème mâle. L'Eau est la progéniture de la Lune, divinité androgyne pour toutes les nations.

144 Les Roupas.

145 La Déesse qui donna naissance à ces monstres primordiaux fut, d'après Bérose, Thalatth, en grec, Thalassa, la "Mer".

146 Voyez, pour comparer, le récit de la créature par Bérose, tel qu'il est conservé dans Alexandre Polyhistor, et les êtres hideux nés du double principe – Terre et Eau – dans l'abîme de la Création Primordiale : les Nâras (les Centaures, hommes ayant des membres de chevaux et des corps d'hommes) et les Kinnaras (hommes à têtes de chevaux), créés par Brahmâ au commencement du Kalpa.

 

L'évolution se poursuit suivant les lois de l'analogie, dans le Cosmos, aussi bien que dans la formation du plus petit Globe. Aussi, ce qui est dit plus haut concernant le modus operandi à l'époque de l'apparition de l'Univers, s'applique aussi au cas spécial de la formation de notre Terre.

La STANCE que nous commentons en ce moment commence par parler de trente crores, 300.000.000 d'années. On pourrait [III 82] nous demander : "Que pouvaient savoir les anciens au sujet de la durée des périodes géologiques, alors qu'aucun Savant ou Mathématicien moderne n'est capable de calculer leur durée avec un semblant d'approximation exacte ?" Qu'ils aient ou qu'ils n'aient pas disposé de meilleurs moyens – et on maintient qu'ils en disposaient, comme le prouvent leurs Zodiaques – nous allons maintenant faire connaître la chronologie des Brahmanes avec toute la fidélité possible.

 

LA CHRONOLOGIE DES BRAHMANES

 

Il n'y a pas de plus grande énigme pour la Science, il n'y a pas de problème plus désespérément insoluble que cette question : "Quel est – même approximativement – l'âge du Soleil et de la Lune, de la Terre et de l'Homme ?" Que sait la Science Moderne sur la longueur des Périodes Géologiques ? Rien, absolument rien.

Si l'on s'adresse à la Science pour avoir des renseignements chronologiques, les savants qui sont francs et véridiques, comme l'éminent Géologue  Pengelly,  par  exemple,  vous  répondent :  "Nous  ne savons pas." 147 On apprend que, jusqu'à présent, on n'a pu établir aucune estimation numérique digne de foi des âges du Monde et de l'Homme, et que la Géologie, comme l'Anthropologie pataugent. Pourtant, lorsqu'un étudiant de la Philosophie Esotérique se permet de mettre en avant les enseignements de la Science Occulte, sa voix est immédiatement étouffée. Pourquoi doit-il en être ainsi, alors que, réduits à leurs propres méthodes physiques, les plus grands Savants ont été incapables d'arriver à un accord, même approximatif ?

Il est vrai que la Science ne mérite guère d'être blâmée à cause de cela. Dans les ténèbres Cimmériennes des âges préhistoriques, les explorateurs sont véritablement perdus dans un labyrinthe dont les vastes corridors sans portes n'offrent aucune issue conduisant vers le passé archaïque. Perdus au milieu de l'amas confus de leurs propres spéculations contradictoires, repoussant, comme ils l'ont toujours fait, le témoignage de la tradition orientale, ne disposant d'aucun indice, d'aucun jalon sûr pour les guider, que peuvent faire les Géologues ou les Anthropologues, si ce n'est de ramasser le mince [III 83] fil d'Ariane, là où ils l'aperçoivent d'abord, et de marcher ensuite au petit bonheur ? Aussi commence-t-on par nous dire que la date la plus reculée jusqu'à laquelle remontent les archives documentaires n'est généralement considérée maintenant par l'Anthropologie que comme "le point le plus reculé de la période préhistorique qui soit distinctement visible" – suivant les termes employés par l'auteur de l'article de l'Encyclopœdia Britannica. On avoue en même temps "qu'au-delà de cette période s'étend une vaste série indéfinie d'âges préhistoriques".

C'est par ces "âges"-là que nous allons commencer. Ils ne sont "préhistoriques" que pour l'œil nu de la Matière. Pour l'œil d'aigle spirituel du Voyant et du Prophète de toute race, le fil d'Ariane s'étend au-delà de cette "période historique", sans rupture ni défaut, plongeant d'une façon sûre et continue jusque dans la nuit des temps elle-même, et la main qui le tient est trop puissante pour le lâcher ou même pour le laisser se rompre. Des archives existent, bien que les profanes puissent les écarter comme imaginaires, quoique en réalité une bonne partie d'entre elles soient tacitement acceptées par des philosophes et des hommes d'un grand savoir et ne soient invariablement repoussées que par la corporation officielle et collective de la Scienceorthodoxe. Or, puisque celle-ci se refuse à nous donner une idée, même approximative, de la durée des âges géologiques – sauf dans quelques rares hypothèses contradictoires – voyons ce que peut nous enseigner la Philosophie Aryenne.

147 Consultez la Philosophy, du professeur Lefèvre, pour y trouver un aveu semblable, p. 481.

 

Les computations que nous trouvons dans Manou et  dans les Pourânas – à part des exagérations sans importance et très évidemment intentionnelles – sont, comme nous l'avons déjà dit, presque identiques à celles que fournit la philosophie Esotérique. On peut le voir en les comparant dans n'importe quel calendrier Hindou tenu pour orthodoxe.

Le plus complet et le meilleur de tous les calendriers de ce genre qui existe actuellement est, de l'aveu des savants Brahmanes de l'Inde Méridionale, le calendrier Tamil dont nous avons déjà parlé, que l'on appelle le Tiroukkanda Panchanga 148 et qui, nous dit-on, a été compilé au moyen de fragments secrets des données d'Asouramaya avec lesquelles il est en parfaite concordance. De même qu'on tient Asouramaya pour le plus grand des Astronomes, on chuchote aussi qu'il a été le plus puissant "Sorcier" de l'Ile Blanche qui était devenue NOIRE par ses péchés, c'est-à- dire des îles de l'Atlantide.

Le nom  "d'Ile  Blanche"  est  symbolique.  On  dit  qu'Asouramaya [III 84] a vécu, comme dans la tradition de la Jñânabhâskara, à Romaka- poura, dans l'Ouest ; parce que le nom est une allusion au pays et au berceau des "Nés-de-la-Sueur" de la Troisième Race. Cette terre ou continent avait disparu bien des siècles avant l'époque d'Asouramaya, puisque c'était un Atlante ; mais c'était un descendant direct de la Race Sage, la Race qui ne meurt jamais. Nombreuses sont les légendes qui ont trait à ce héros, pupille de Soûrya, le Dieu Solaire lui-même, comme le prétendent les récits indiens. Il importe peu qu'il ait vécu sur l'une ou l'autre des îles ; le tout est de prouver que ce n'est pas un mythe, comme le voudraient le Professeur Weber et d'autres. Le fait que l'on désigne Romaka-poura, dans l'Ouest, comme le lieu de naissance de ce héros des Ages Archaïques, est d'autant plus intéressant qu'il rappelle vivement l'Enseignement Esotérique au sujet des Races Nées-de-la-Sueur, les hommes nés des "pores de leurs parents". "ROMA KOUPAS" veut dire "pores pileux" en sanscrit. Dans le Mahâbhârata 149, on dit qu'un peuple appelé les Raumas aurait été créé des pores de Vîrabhadra, le terrible géant qui détruisit le sacrifice de Daksha. D'autres tribus et d'autres peuples sont aussi représentés comme étant nés de cette façon. Tout cela se rapporte à la fin de la Seconde et au commencement de la Troisième Race-Racine.

148 Voir plus haut, page 64.

149 Parva XII. Adhyâya 10. Shloka 308.

 

Les chiffres suivants sont tirés du calendrier dont nous venons de parler ; dans une note, on indique les points de désaccord avec les chiffres de l'école Arya Samâj :

  1. Depuis le commencement de l'évolution Cosmique 150 jusqu'à l'année hindoue de Tarana (ou 1887)        1.955.884.687 ans
  2. Les règnes (astrals), minéral, végétal et animal, jusqu'à l'Homme ont mis pour évoluer
  3. Temps écoulé depuis la première 300.000.000  d'années 151 [III 85] apparition de "l'Humanité" (sur notre  1.664.500.987  ans 152 Chaîne Planétaire)
  4. Le nombre d'années écoulées depuis le Manvantara de Vaivasvata 153 – ou la Période Humaine– jusqu'à l'année 1887, est juste de La période entière d'un Manvantara est de Quatorze Manvantaras, plus la période d'un Satya Youga, font un 18.618.728 ans [III 86] 308.448.000 ans

 

Jour   de    Brahmâ    ou   Manvantara

complet, soit

4.320.000.000

d'années

Donc, un Mahâ Youga comprend

4.320.000

années 154

Entre       l'année       1887       et       le commencement  du  Kali  Youga,   il

 

4.989

 

ans

s'est écoulé

 

 

  

Pour rendre ceci plus clair encore dans ses détails, les calculs suivants, de Rao Bahadur P. Sreenivas Row, sont extraits du numéro de novembre 1885 du Theosophist.

 

 

ANNEES MORTELLES

360 jours des mortels font une année

1

Le Krita Youga contient

1.728.000

Le Tretâ Youga contient

1.296.000

Le Dvâpara Youga contient

864.000

Le Kali Youga contient

432.000

Le total de ces quatre Yougas constitue un Mahâ Youga de

 

4.320.000

Soixante et onze de ces Mahâ Yougas forment la période du règne d'un Manou, soit

 

 

306.720.000

Les règnes des quatorze Manous embrassent une durée de 994 Mahâ Yougas, soit un total de

 

 

4.294.080.000

Ajoutez les Sandhis, c'est-à-dire les intervalles qui séparent les règnes de chaque Manou, intervalles qui équivalent à six Mahâ Yougas, on a

 

 

 

25.920.000

Le total des règnes et interrègnes de ces quatorze Manous est de 1.000 Mahâ Yougas, qui constituent un Kalpa, c'est-à- dire un jour de Brahmâ ou

 

 

 

4.320.000.000

Une nuit de Brahmâ a la même durée, de sorte qu'un Jour et une Nuit de Brahmâ contiendraient

 

 

8.640.000.000

360 de ces Jours et de ces nuits constituent une année de Brahmâ qui s'élève à

 

3.110.400.000.000

 

100 de ces Années constituent la période entière de l'Age de Brahmâ, c'est-à-dire  un Mahâ Kalpa, ou 311.040.000.000.000

[III 87]

Tels sont les chiffres exotériques universellement acceptés dans l'Inde, et ils s'emboîtent passablement avec ceux des Ouvrages Secrets. En outre, ces derniers les amplifient en les divisant en un certain nombre de Cycles Esotériques qui ne sont jamais mentionnés dans les écrits Brahmaniques populaires – dont entre autres, la division des Yougas en Cycles Raciaux est donnée ailleurs comme un exemple. Les autres, dans leurs détails, n'ont naturellement, jamais été rendus publics. Ils sont néanmoins connus de tous les Brahmanes "Deux fois Nés" (les Dvija ou Initiés) et les Pourânas contiennent, en termes voilés, des allusions à quelques-uns d'entre eux, allusions qu'aucun Orientaliste positif n'a encore cherché à déchiffrer et que, le voulut-il, il ne pourrait du reste pas le faire.

Ces Cycles Astronomiques sacrés sont d'une immense antiquité, et la plupart d'entre eux sont dus, dit-on, aux calculs de Nârada et d'Asouramaya. Ce dernier a la réputation d'un Géant et Sorcier. Mais les Géants Antédiluviens – les Gibborim de la bible – ne furent pas tous méchants ou Sorciers, comme le voudrait la Théologie Chrétienne, qui voit dans chaque Occultiste un serviteur du Malin, et ne furent même pas plus méchants que bien des "fidèles enfants de l'Eglise". Un Torquemada et une Catherine de Médicis firent certainement plus de mal de leur temps, au nom de leur Maître, qu'aucun Géant ou Demi-Dieu Atlantéen de l'antiquité n'en fit jamais, qu'il S'agisse des Cyclopes, de Méduse ou même du Titan Orphique, le monstre anguipède connu sous le nom d'Ephialtès. Il y avait jadis de bons "géants", exactement comme il y a maintenant de méchants "pygmées", et les Rakshasas et Yakshas de Lankâ ne sont pas pires que nos modernes dynamiteurs et que certains généraux, Chrétiens et civilisés, durant les guerres modernes. Ce ne sont pas davantage des mythes.

Celui qui se moquerait de Briarée et d'Orion devrait s'abstenir d'aller à Karnac ou à Stonehenge et même d'en parler, dit quelque part un écrivain moderne.

 Comme les chiffres Brahmaniques donnés plus haut constituent approximativement les calculs basiques de notre Système Esotérique, le lecteur est prié de les conserver soigneusement dans sa mémoire.

Dans l'Encyclopædia Britannica, nous trouvons, comme dernier mot de la Science, que l'antiquité de l'homme ne peut s'étendre que sur "des dizaines de milliers d'années". Il [III 88] devient évident que, puisque ces chiffres peuvent être amenés à varier entre 10.000 et 100.000, ils ne signifient pas grand chose, si même ils signifient quelque chose, et ne font que rendre plus denses les ténèbres qui enveloppent la question. En outre, qu'importe que la Science place la naissance de l'homme durant les "amas pré-glaciaire ou post-glaciaire", si l'on nous dit en même temps que ce que l'on appelle la "Période Glaciaire" n'est qu'une longue succession de périodes qui :

Se fondent sans changements brusques d'aucune sorte dans ce que l'on appelle la période humaine ou récente... le chevauchement des périodes géologiques l'une sur l'autre ayant été la règle depuis l'origine des temps. 155

Cette dernière "règle" a pour résultat l'information encore plus embarrassante, même si elle est strictement scientifique et correcte, d'après laquelle :

Même de nos jours, l'homme est le contemporain de l'époque glaciaire, dans les vallées des Alpes et dans le Finmark. 156

Ainsi, sans les leçons enseignées par la DOCTRINE SECRETE et même par l'Hindouisme exotérique et ses traditions, nous en serions encore réduits à flotter dans une incertitude embarrassée entre les "Epoques" indéfinies d'une école scientifique, les "dizaines de milliers d'années" de l'autre et les 6.000 ans des interprètes de la Bible. C'est là une  des multiples raisons pour lesquelles, avec tout le respect qui est dû aux conclusions des hommes érudits de nos jours, nous sommes contraints de les ignorer dans toutes ces questions d'antiquité pré-historique.

 155 Op. cit., Art. "Geology".

156 Ibid. Cela fournit une chance, même à la biblique "Chronologie d'Adam" de 6.000. ans.

 

La Géologie et l'Anthropologie modernes doivent, naturellement, être en désaccord avec nous, mais l'occultisme trouvera, contre ces deux Sciences, autant d'armes qu'il en possède contre les théories astronomiques et physiques, en dépit de M. Laing qui assure que :

Dans les calculs [chronologiques] de ce genre [se rapportant à des formations plus ou moins anciennes], il n'existe pas de théories, ces calculs sont basés sur des faits positifs limités seulement par une certaine quantité d'erreur possible [?], en plus ou en moins. 157  [III 89]

L'occultisme prouvera, les aveux scientifiques en mains, que la Géologie est dans une grande erreur, et qu'elle y est, très souvent, plus encore que l'Astronomie. Dans le passage même où M. Laing donne le pas à la Géologie sur l'Astronomie, au point de vue de l'exactitude, nous trouvons quelques lignes qui sont en contradiction flagrante avec ce qu'admettent les meilleurs Géologues eux-mêmes. L'auteur dit :

Bref, les conclusions de la géologie, au moins jusqu'à la période Silurienne 158 lorsque l'ordre actuel des choses fut vraiment inauguré, sont des faits approximatifs [en effet] et non des théories, tandis que les conclusions astronomiques sont des théories, basées sur des données si incertaines, que si, dans certains cas, elles donnent des résultats incroyablement courts... dans d'autres, elles en donnent qui sont presque incroyablement longs. 159

Après quoi, le lecteur est prévenu que "le moyen le plus sur"

Semble être de tenir pour acquis que la géologie prouve que l'ordre actuel des choses a duré un peu plus de 100 millions d'années et que l'astronomie assigne une durée énorme, bien qu'inconnue, s'étendant au-delà dans le passé comme dans l'avenir, pour la naissance, la croissance, la maturité, le déclin et la mort du système solaire dans lequel notre terre est une petite planète, traversant actuellement la phase habitable. 160

157 Modern Science and Modern Thought, 48.

158 Jusqu'à la période Silurienne, en ce qui concerne les mollusques et la vie animale – d'accord ; mais que savent-ils de l'homme ?

159 Ibid., loc. cit.

160 Ibid., 49.

161 Winchell, World-Life 180.

 

 

Si nous en jugeons par l'expérience passée, nous n'avons pas le moindre doute que si on l'invitait à répondre aux affirmations absurdes, anti-scientifiques et déraisonnables de la chronologie arienne  exotérique (et  Esotérique),  le  Savant  aux  résultats  "incroyablement  courts", soit 15.000.000 d'années seulement, et le Savant qui "exigerait 600.000.000 d'années", ainsi que ceux qui acceptent le 1.000.000.000 d'années 161 de M. Huxley, "depuis que la sédimentation a commencé en Europe", seraient tous aussi dogmatiques les uns que les autres. Ils ne manqueraient pas non plus de rappeler aux Occultistes et aux Brahmanes que ce sont les Savants modernes, seuls, qui représentent la Science exacte, dont le devoir est de combattre l'inexactitude et la superstition.

La Terre ne traverse la "phase habitable" que pour l'ordre [III 90] actuel des choses et en tant qu'il est question de notre humanité actuelle, avec ses "vêtements de peau" et du phosphore pour les os et le cerveau.

Nous sommes prêts à accepter les 100 millions d'années offerts par la Géologie, puisqu'on nous enseigne que notre humanité physique actuelle – ou Humanité Vaivasvata – n'a commencé qu'il y a dix-huit millions d'années, mais, comme nous l'avons démontré, la Géologie ne peut nous présenter aucun fait au sujet de la durée des périodes géologiques, pas plus, du reste, que l'Astronomie. La lettre authentique de M. W. Pengelly, F.R.S., citée autre part, dit :

Il est actuellement et il sera peut-être toujours impossible de réduire, même approximativement, les périodes géologiques en années, ou même en millénaires.

Et comme la Géologie n'a encore jamais exhumé un homme fossile d'un type autre que celui de la forme actuelle – que peut-elle savoir à son sujet ? Elle a reconstitué des zones ou couches et, grâce à elles, la vie zoologique primordiale jusqu'au Silurien. Lorsqu'elle aura, de la même façon, reconstitué l'homme en remontant jusqu'à sa forme protoplasmique primordiale, nous admettrons alors qu'elle peut savoir quelque chose de l'homme   primordial.   S'il   n'est   pas   très   important   pour   "l'action   des découvertes scientifiques modernes sur la pensée moderne" de déterminer Si l'homme a existé dans un état de progression constante, bien que lente, durant les dernières 50.000 années d'une période de 15 millions, ou durant les dernières 500.000 années d'une  période  de  150 millions, 162 comme M. S. Laing le dit à ses lecteurs, c'est au contraire très important pour les affirmations des Occultistes. A moins que ces derniers  ne prouvent qu'il est possible, sinon tout à fait certain que l'homme vivait il y a dix-huit millions d'années, LA DOCTRINE SECRETE eût tout aussi bien pu n'être pas écrite. Il faut donc tenter quelque chose dans ce sens et ce sont nos modernes Géologues et les Savants, en général, qui seront appelés à témoigner en faveur de ce fait dans la Partie 3 du Volume 4. En attendant, et bien que la Chronologie Hindoue soit constamment représentée par les Orientalistes comme une fiction qui ne serait basée sur aucun calcul "réel" 163, mais serait une simple "vantardise puérile", [III 91] elle n'en est pas moins souvent déformée au point de devenir méconnaissable pour être amenée à concorder avec les théories Occidentales. Aucun chiffre n'a jamais été plus tourné et retourné, n'a jamais été plus torturé, que les fameux 4, 3 et 2, suivis de zéros, des Yougas et des Mahâ Yougas.

Comme tout le Cycle des événements préhistoriques, tels que l'évolution et la transformation des Races, et l'extrême antiquité de l'homme dépendent de cette Chronologie, il devient très important d'en contrôler l'exactitude à l'aide des autres calculs qui existent. Si la Chronologie Orientale est repoussée, nous aurons au moins la consolation de prouver qu'aucune autre – qu'il s'agisse des chiffres de la Science ou de ceux de l'Eglise – n'est le moins du monde plus digne de foi. Comme le dit le Professeur Max Müller, il est souvent tout aussi utile d'établir qu'une chose n'est pas, que d'établir ce qu'elle pourrait être. Lorsque nous aurons réussi à mettre en lumière la fausseté des calculs Chrétiens, comme des calculs Scientifiques – en leur fournissant loyalement l'occasion d'être comparés à notre Chronologie – ni les uns ni les autres n'auront plus de base raisonnable pour déclarer que les chiffres Esotériques sont moins dignes de foi que les leurs.

162 Op. cit., 49.

163 Vishnou Pourâna de Wilson, 1, 51 et seq.

 164 I. 115.

 

Nous pouvons renvoyer ici le lecteur à notre premier ouvrage, Isis Dévoilée 164, pour quelques remarques au sujet des chiffres qui ont été cités un peu plus haut.

Aujourd'hui, quelques faits nouveaux peuvent être ajoutés aux renseignements qui sont donnés dans cet ouvrage, qui est déjà connu de tous les Orientalistes. Le caractère sacré du cycle de 4.320, avec des zéros additionnels, réside dans le fait que les chiffres qui le composent, pris séparément ou réunis en combinaisons diverses, sont, tous sans exception, des symboles des plus grands mystères de la Nature. En effet, que l'on prenne le 4 ou le 3 séparément, ou réunis et formant 7, ou encore le 4, le 3 et le 2 additionnés ensemble et formant 9, tous ces nombres ont leur application dans les questions les Plus sacrées et les plus Occultes, et rapportent l'action de la Nature dans ses phénomènes éternellement périodiques. Ce sont des nombres qui ne sont jamais incertains, qui reviennent perpétuellement et dévoilent à celui qui étudie les secrets de la Nature, un Système vraiment divin, un plan Cosmogonique intelligent, qui se traduit par des divisions cosmiques naturelles du temps, des saisons, des influences invisibles et des phénomènes astronomiques, avec leur action et leur réaction sur la nature terrestre et même morale ; sur la [III 92] naissance, la mort et la croissance, sur la santé et la maladie. Tous ces événements naturels sont basés sur le processus cyclique du Cosmos lui- même, processus dont ils dépendent en produisant des agents périodiques qui, agissant de l'extérieur, affectent la Terre et tout ce qui y vit et respire d'un bout à l'autre de tout Manvantara. Les causes et les effets sont ésotériques, exotériques et, pour ainsi dire, endexotériques.

Dans Isis Dévoilée, nous avons écrit ce  que  nous  répétons aujourd'hui : "Nous sommes au point le plus bas d'un cycle et évidemment dans un état transitoire." Platon partage les progrès intellectuels de l'Univers, durant chaque Cycle, en période fertile et période stérile. Dans les régions sublunaires, les sphères des divers éléments restent éternellement en parfaite harmonie avec la Nature Divine, dit Platon, "mais leurs parties", en raison de leur trop grande proximité de la Terre et de leur union avec ce qui est terrestre (c'est-à-dire avec la Matière et, par suite,  le royaume du mal), sont parfois contraires à la Notion (Divine). Lorsque ces courants – qu'Eliphas Lévi appelle des "courants de la Lumière Astrale" – qui circulent dans l'Ether universel, lequel renferme en lui tous les éléments, ont lieu en harmonie avec l'Esprit Divin, notre Terre, avec tout ce qu'elle contient, jouit d'une période fertile. Les pouvoirs Occultes des plantes, des animaux et des minéraux sympathisent d'une façon magique avec les "natures supérieures", et l'Ame Divine de l'homme est en parfaite intelligence avec ces "inférieurs". Au contraire, durant les périodes stériles, ces derniers perdent leur sympathie magique, et la vue spirituelle de la majeure partie de l'humanité est tellement frappée de cécité qu'elle perd toute notion des pouvoirs supérieurs de son propre Esprit Divin. Nous traversons une période stérile ; le dix-huitième siècle, durant lequel la fièvre maligne du scepticisme a éclaté d'une façon si irréprimable, a légué l'incroyance au dix-neuvième, comme un mal héréditaire. L'intellect divin est voilé dans l'homme ; seul, son cerveau animal s'occupe  à "philosopher". Or, s'il reste seul à philosopher, comment peut-il comprendre la "Doctrine de l'Ame" ?

Pour ne pas perdre maintenant le fil de notre récit, nous donnerons, dans la deuxième partie du Tome IV, des preuves frappantes de l'existence de ces lois cycliques. En attendant, nous continuons nos explications sur les Cycles Géologiques et les Cycles Raciaux. [III 93]