SERPENTS ET DRAGONS SOUS DIVERS SYMBOLISMES
Dans la Chaldée, le nom de Dragon n'était pas écrit phonétiquement, mais était représenté par deux monogrammes qui signifiaient probablement, au dire des Orientalistes, le "couvert d'écailles". G. Smith fait observer, avec beaucoup [III 444] d'à-propos, que : "cette description peut naturellement s'appliquer, soit à un dragon fabuleux, soit à un serpent ou à un poisson". Nous pouvons ajouter à cela que sous un de ses aspects, elle s'applique à Makara, dixième signe du Zodiaque ; ce terme sanscrit désigne un animal amphibie qui n'a pas été décrit, que l'on appelle généralement le Crocodile, mais qui est, en réalité, quelque chose d'autre. Cela équivaut à admettre virtuellement que les Assyriologues, tout au moins, ne connaissent rien de certain au sujet de la situation du Dragon dans l'antique Chaldée. C'est de la Chaldée que les Hébreux ont tiré leur symbolisme, pour en être dépouillés plus tard par les Chrétiens, qui firent du "couvert d'écailles" une entité vivante et une puissance malfaisante.
Un spécimen de Dragons "ailés et couverts d'écailles" peut être vu au British Museum. Dans cette représentation des événements de la Chute, suivant la même autorité, il y a aussi deux personnages assis de chaque côté d'un "arbre" et tendant leurs mains vers la "pomme", tandis que le Dragon-Serpent se trouve derrière "l'arbre". Au point de vue Esotérique, les deux personnages représentent deux "Chaldéens" prêts pour l'Initiation et le Serpent symbolise l'Initiateur, tandis que les Dieux jaloux qui maudissent les trois personnages, représentent le clergé exotérique profane. Cela ne ressemble pas beaucoup à "l'événement biblique" littéral, comme peuvent le constater les Occultistes !
"Le Grand Dragon ne respecte que les Serpents de Sagesse", dit la STANCE qui prouve ainsi l'exactitude de l'explication que nous donnons des deux personnages et du "Serpent".
"Les serpents qui redescendirent... et qui instruisirent" la Cinquième Race. Quel est l'homme sain d'esprit qui, de nos jours, pourrait croire qu'il s'agit ici de véritables serpents ? De là la supposition – devenue aujourd'hui presque un axiome pour la Science – que les auteurs de l'antiquité qui ont traité la question des divers Dragons et Serpents sacrés, étaient des gens superstitieux et crédules, ou bien se donnaient pour tâche de tromper ceux qui étaient plus ignorants qu'eux. Cependant, depuis Homère jusqu'aux auteurs plus récents, ces termes impliquaient quelque chose de caché aux profanes.
"Terribles sont les Dieux lorsqu'ils se manifestent" – les Dieux que les hommes appellent des Dragons. Ælianus, parlant de ces symboles ophidiens dans son De Natura Animalium, fait certaines remarques qui prouvent qu'il comprenait bien la nature de ces très anciens symboles. Il donne, par exemple, au sujet du vers d'Homère cité plus haut, cette explication très correcte : [III 445]
Car le Dragon, tout en étant sacré et digne d'être adoré, possède en lui quelque chose qui tient encore plus de la nature divine et qu'il est préférable pour les autres de continuer à ignorer. 832
832 Op. cit., XI, XVII.
Le symbole du "Dragon" a une septuple signification et on peut donner la plus haute et la plus basse de ces sept significations. La plus haute est identique à l' "Auto-Généré", le Logos, l'Aja hindou. Chez les Gnostiques Chrétiens, appelés les Naaséniens ou adorateurs du Serpent, il était la Seconde personne de la Trinité, le Fils. Son symbole était la constellation du Dragon 833. Ses sept "Etoiles" sont les sept étoiles "qu'Alpha et Oméga" tiennent dans la main, dans l'Apocalypse. Dans son sens le plus terrestre, le terme de "Dragon" était appliqué aux hommes "Sages".
833 Comme l'a démontré H. Lizeray, dans sa Trinité Chrétienne Dévoilée, le Dragon se trouvant placé entre le Père Immuable (le pôle, point fixe) et la Matière mobile, transmet à cette dernière les influences qu'il reçoit du premier d'où son nom – le VERBE.
Cette partie du symbolisme religieux de l'antiquité est très abstraite et très mystérieuse et peut demeurer incompréhensible pour le profane. De nos jours, elle choque tellement les oreilles des Chrétiens, qu'en dépit de la civilisation dont nous nous vantons, elle ne peut guère éviter d'être considérée comme une dénonciation directe du plus aimé des dogmes Chrétiens. Pour traiter convenablement un pareil sujet, il faudrait la plume et le génie d'un Milton, dont la fiction poétique s'est désormais enracinée dans l'Eglise, comme un dogme révélé.
L'allégorie du Dragon et de son prétendu vainqueur dans le Ciel, a-t- elle pris naissance dans l'Apocalypse de saint Jean ? Nous répondons catégoriquement :
Non. Le Dragon de saint Jean, c'est Neptune, le symbole de la Magie Atlante.
Pour que nous puissions établir le bien fondé de cette négation, le lecteur est prié d'étudier le symbolisme du Serpent ou du Dragon sous ses divers aspects.