SPECULATIONS OCCIDENTALES BASEES SUR LES TRADITIONS GRECQUES ET POURANIQUES

 

Ainsi, il est tout naturel de constater que, même avec les maigres données dont dispose l'histoire profane, Rudbeck, un Savant Suédois qui vécut il y a environ deux siècles, ait cherché à prouver que la Suède était l'Atlantide de Platon. II crut même avoir retrouvé dans la configuration de l'antique Upsal, la situation et les dimensions de la capitale  de "l'Atlantide", telles que les donne le sage Grec. Rudbeck était dans l'erreur, ainsi que l'a prouvé Bailly, mais ce dernier se trompait aussi ; il se trompait même davantage car la Suède et la Norvège ont fait partie intégrante de l'antique Lémurie, ainsi que de l'Atlantide, du côté de l'Europe, exactement comme la Sibérie Orientale et Occidentale et le Kamtchatka en ont fait partie, du côté de l'Asie. Mais, encore une, fois, quand ? Nous ne pouvons l'établir approximativement qu'en étudiant les Pourânas, c'est-à-dire si nous ne voulons pas puiser dans les Enseignements Secrets.

Les trois quarts d'un siècle se sont déjà écoulés depuis que Wilford émit ses théories fantaisistes, d'après lesquelles les Iles Britanniques seraient "l'île Blanche", l'Atala des Pourânas. [III 503] Ces théories ne tenaient pas debout, car Atala est une des sept Dvîpas, ou Iles, qui font partie des Lokas inférieures, une des sept régions de Pâtâla (les antipodes). De  plus,  comme  l'expose  Wilford 987,  les  Pourânas  la  placent  "sur   la

septième zone, ou dans le septième climat" plutôt, sur la septième mesure de chaleur – ce qui lui assigne une place entre les 24ème et 28ème degrés de latitude Nord. On doit donc la chercher sur le même degré que le tropique du Cancer, tandis que l'Angleterre est située entre le 50ème et le 60ème degré de  latitude.  Wilford  en  fait  mention  sous les noms d'Atala, d'Atlantis et d'Ile Blanche. Son ennemi est appelé le "Diable Blanc", le Démon de la Terreur, car, dit-il :

Dans leurs chansons [celles des Hindous et les Perses], nous voyons Cai-caus aller jusqu'à la montagne d'Az- burj, ou As-burj, aux pieds de laquelle le Soleil se couche, pour combattre le Divsefid, ou diable blanc, le Târa-daitya des Pourânas dont la demeure se trouvait dans le septième étage du monde, qui correspond à la septième zone des Bouddhistes... ou, en d'autres termes, dans l'Ile Blanche. 988

987 Wilford commet de nombreuses erreurs. Il identifie, par exemple, Shvéta-dvîpa, l'Ile Blanche, "l'île située dans la partie Nord du Toyambhoudi" [Mer d'eau douce], avec l'Angleterre, puis il cherche à l'identifier avec Atala (une région intérieure) et avec l'Atlantide. Or, Shvéta-dvîpa est la demeure de Vishnou (exotériquement) et Atala est un enfer. Il la place aussi dans le Pont-Euxin ou Mer Ikshou (Noire) et semble ensuite la rattacher ailleurs à l'Afrique et à l'Atlas.

988 Asiatic Researches, VIII, 280 [1808].

989 Op. cit., ibid., p. 201.

 

Sur ce point, les Orientalistes se sont trouvés et se trouvent encore en présence de l'énigme du Sphinx, dont la solution erronée détruira toujours leur autorité – sinon leurs personnes – aux yeux de tous les Hindous, érudits, Initiés on non. Il y a, en effet, dans les Pourânas, un exposé – sur les détails contradictoires duquel Wilford a basé ses spéculations – qui n'a pas plusieurs sens et qui ne se rapporte pas à la fois aux mondes physique et métaphysique. Si les anciens Hindous divisaient la surface du Globe, géographiquement en sept Zones, Climats et Dvîpas et, allégoriquement, en sept Enfers et sept Cieux, la division par sept ne s'applique pas, dans les deux cas, aux mêmes localités. Or, c'est le Pôle Nord, la contrée de "Mérou", qui est la septième division, puisqu'elle répond au septième Principe (ou au quatrième au point de vue métaphysique) des calculs Occultes. Il représente la région d'Atmâ, de l'Ame pure et de la Spiritualité. Aussi Poushkara est-il représenté comme la septième Zone, ou Dvîpa, qui entoure l'Océan Kshîra, ou Océan de lait (la région blanche toujours gelée) dans la Vishnou Pourânaet [III 504] dans d'autres Pourânas 989. Et Poushkara, avec ses deux Varshas, se trouve au pied même de Mérou. En effet, il est dit que :

Les deux contrées situées au nord et au sud de Mérou ont la forme d'un arc... [et que] une moitié de la surface de la terre est au sud de Mérou et l'autre moitié au nord de Mérou – au-delà duquel se trouve la moitié de Poushkara.

 En conséquence, Poushkara est, géographiquement, l'Amérique du Nord et du Sud et, allégoriquement, c'est le prolongement de Jambou- dvîpa 990, au milieu de laquelle se trouve Mérou, car c'est un pays habité par des êtres qui vivent dix mille ans, qui sont à l'abri des maladies et des imperfections ; où il n'y a ni vertus, ni vices, ni castes, ni lois, attendu que ces "hommes sont de la même nature que les Dieux" 991. Wilford est tenté de voir Mérou dans le mont Atlas et c'est là aussi qu'il place le Lokâloka. Or, l'on nous dit que Mérou, qui est le Svar-Loka, la demeure de Brahma, de Vishnou, et l'Olympe des religions indiennes exotériques, est décrit géographiquement comme "passant par le milieu du globe terrestre et faisant saillie de chaque côté" 992. Sur sa partie supérieure sont les Dieux, sur la partie inférieure, ou Pôle Sud, est la demeure des Démons (les enfers). Comment Mérou pourrait-il donc être le Mont Atlas ? En outre, Târadaitya, un Démon, ne saurait être placé sur la septième zone, si celle- ci est identifiée avec l'Ile Blanche, qui est Shvéta-dvîpa et cela pour les raisons données dans la précédente note marginale.

Wilford accuse les Brahmanes modernes "de les avoir toutes mêlées pêle-mêle" [les îles et les contrées], mais c'est lui qui les a mêlées encore plus. Il croit que puisque la Brahmândaet la Vâyou Pourânadivisent l'ancien Continent en sept Dvîpas, entourées, dit-on, par un vaste océan au- delà [III 505] duquel se trouvent les régions et les montagnes d'Atala, il en résulte que :

Très probablement, les Grecs en ont tiré leurs notions sur la célèbre Atlantide, qu'ils considéraient  comme ayant été détruite par une perturbation naturelle, parce qu'on ne pouvait la retrouver après l'avoir découverte  une première fois. 993

 990 Chaque nom dans les Pourânas doit être étudié, au moins sous deux aspects ; géographiquement et métaphysiquement, dans son application allégorique : par exemple, Nîla, la montagne (bleue) qui est une des limites nord de Mérou, doit être géographiquement recherchée dans une chaîne de montagnes de la région d'Orissa et encore dans une montagne tout à fait différente des autres, située dans l'Afrique Occidentale. Jambou-dvîpa est le domaine de Vishnou – le Monde limité dans les Pourânas à notre Globe, la région qui contient seulement Mérou et elle est divisée encore de façon à contenir Bharatavarsha (les Indes) sa meilleure division et la plus belle, dit Parâshara. Il en est de même de Poushkara et de tous les autres.

991 Ibid., p. 202.

992 Soûrya Siddhânta, traduction de Whitney, V, 5.

993 Asiatic Researches, III, 300.

  

Comme nous avons peine à croire que les prêtres Egyptiens, Platon et même Homère, aient tous basé les notions qu'ils possédaient au sujet de l'Atlantide, sur Atala – une région inférieure située au Pôle Sud – nous préférons nous en tenir aux informations que contiennent les Livres Secrets. Nous croyons aux sept Continents, dont quatre ont déjà fait leur temps : le cinquième existe encore et les deux autres doivent apparaître dans l'avenir. Nous croyons que chacun de ces territoires ne constituait pas, à strictement parler, un continent, au sens moderne de ce mot, mais que chaque nom, depuis Jambou jusqu'à Poushkara 994, se rapporte aux noms géographiques donnés : (I) aux terres fermes qui couvraient toute la surface de la Terre durant la période d'une Race-Racine en général (II) à ce qui restait de ces terres après un Pralaya de Race, comme Jambou, par exemple, et (III) aux localités destinées à contribuer, après des cataclysmes ultérieurs, à la formation de nouveaux continents universels, Péninsules ou Dvîpas 995, un Continent, représentant dans un sens, une portion plus ou moins grande de terre ferme entourée d'eau. De la sorte, quel que soit le "pêle-mêle" que cette nomenclature puisse représenter aux profanes, ce n'en est pas un pour celui qui en possède la clef.

Ainsi nous croyons savoir que bien que deux des Iles Pouraniques – le Sixième et le Septième Continents – soient encore à venir, il n'en est pas moins vrai qu'il a existé et qu'il existe des territoires qui entreront dans la composition des futures terres fermes, des nouvelles Terres dont la surface géographique sera entièrement changée, comme cela se passa pour celles de jadis. Aussi trouvons-nous dans les Pourânas que Shâka-dvîpa est (ou sera) un Continent et que Shankha-dvîpa, comme c'est exposé dans la Vayou Pourâna, n'est qu'une "île mineure",  une  des  neuf  divisions de [III 506] Bhârata-Varsha (auxquelles la Vâyouen ajoute six). Parce que Shankha-dvîpa était peuplée de "Mlechchhas [étrangers impurs] qui adoraient les divinités hindoues", il en résultait qu'ils se rattachaient aux Indes 996. Ceci donne l'explication de Shankhâsoura, Roi d'une partie de Shankha-dvîpa, qui est tué par Krishna ; c'était ce Roi qui habitait un palais "qui était une coquille de l'océan et dont les sujets habitaient aussi des coquilles", dit Wilford.

Sur les bords du Nîlâ 997, il y avait eu de longues contestations entre les Dévatâs [Etres divins, Demi- Dieux] et les Daityas [Géants] : mais cette dernière tribu avant pris le dessus, son roi, Shankhâsoura,  qui demeurait dans l'océan, se livra à de fréquentes incursions... de nuit. 998

994 Jambou, Plaksha, Shâlmali, Kousha, Krauncha, Shâka et Poushkara.

995 Tels que Shâka et Poushkara, par exemple, qui n'existent pas encore, mais dont le territoire comprendra certaines parties de l'Amérique, de l'Afrique et de l'Asie Centrale, avec la région de Gobi. N'oublions pas qu'Oupadvîpas veut dire îles "racines", ou la terre ferme en général.

996 On les appelait Démons, Asouras, Géants et monstres, à cause de leur méchanceté et, par suite, leur pays était comparé à Atala – un Enfer.

 997 Non pas sur les rives du Nil, bien certainement, mais près des monts Nilâ de la chaîne de l'Atlas.

998 Asiatic Researches, III, 225.

999 Asiatic Researches, III, 225.

 

Ce ne fut pas sur les rives du Nil, comme le suppose Wilford, mais sur les côtes de l'Afrique Occidentale, au Sud de l'emplacement actuel du Maroc, que se livrèrent ces batailles. Il fut un temps où tout le désert du Sahara était une mer, puis ce fut un continent aussi fertile que le Delta et enfin, après une nouvelle submersion temporaire, il devint un désert semblable au désert du Shamo, ou de Gobi. Cela est exposé dans la tradition Pourânique, car sur la page même que nous venons de citer, on lit :

 [Les] gens se trouvaient pris entre deux feux ; en effet, pendant que Shankhâsoura ravageait un côté du continent, Cracacha [ou Krauncha], roi de Crauncha- dwîp [Krauncha-dvîpa] désolait l'autre côté. Les deux armées... transformèrent ainsi la plus fertile des régions en un désert aride. 999

Ce qui est sûr, c'est que l'Europe fut précédée, non seulement par la dernière île de l'Atlantide, mentionnée par Platon, mais encore  par un grand Continent, d'abord divisé, puis fragmenté plus tard, en sept péninsules ou îles (appelés Dvîpas). Ce continent couvrait entièrement le Nord et le Sud des régions de l'Atlantique, ainsi que certaines parties des Régions du Nord et du Sud du Pacifique et comprenait même des îles situées dans l'Océan Indien (des vestiges de la Lémurie). C'est corroboré par les Pourânas Indiennes, par les auteurs Grecs et par les traditions Asiatiques, Perses et Mahométanes ; Wilford, qui confond d'une façon regrettable les légendes des Hindous et des Musulmans l'établit néanmoins [III 507] clairement 1000. Les faits qu'il expose et les citations qu'il tire des Pourânas, prouvent d'une façon directe et péremptoire que les Aryens Hindous, ainsi que d'autres nations antiques, précédèrent, comme navigateurs, les Phéniciens que l'on représente de nos jours comme ayant été les premiers marins qui aient fait leur apparition après le déluge. Voici ce que nous lisons dans Asiatic Researches.

Dans cette détresse, les races aborigènes qui survécurent [à la guerre entre les Devatâs et les Daityas] élevèrent leurs mains et leurs cœurs vers Bhagavân et s'écrièrent : "Que celui qui est capable de nous délivrer... soit notre roi" ; ils employèrent le mot IT [terme magique que Wilford n'a évidemment pas compris] dont l'écho se répercuta dans tout le pays. 1001

Un violent orage éclata alors, les eaux du Kâlî "s'agitèrent étrangement, puis il jaillit des vagues... un homme, appelé plus tard IT, à la tête d'une armée, et s'écria "abhayam" ou "il n'y a rien à craindre" : puis dispersa les ennemis. "Le Roi IT", explique Wilford "est une incarnation inférieure de Mrîra" – Mrida, probablement une forme de Roudra (?) – qui "rétablit la paix et la prospérité dans tout le Shankha-dvîpa, dans Barbaradêsa, Misra-st'hân et Arva-st'hân, ou l'Arabie", etc. 1002.

Il va de soi que si les Pourânas indiennes décrivent des guerres qui ont eu pour théâtre des continents ou des îles situées au-delà de l'Afrique Occidentale, dans l'Océan Atlantique ; si leurs auteurs parlent des Barbares et d'autres peuples comme les Arabes – eux dont on n'a jamais entendu dire qu'ils aient navigué, ou traversé le Kâla-pâni, les Eaux Noires de l'Océan, à l'époque des navigateurs Phéniciens – il en résulte que ces Pourânas doivent être plus anciennes que les Phéniciens, que l'on considère comme ayant vécu 2.000 ou 3.000 ans avant J.-C. En tout cas, leurs traditions doivent avoir été plus anciennes 1003, car un Adepte écrit : [III 508]

 

 

 

 

1000 Voyez les volumes VIII, X et XI d'Asiatic Researches.

1001 Op. cit., III, 326.

1002 Ibid.

1003 Voici ce que dit Wilford de la division de l'Atlantide et de Bhârata ou des Indes en confondant les deux exposés et Priyavrata avec Medhâtithi : "Cette division fut faite par Priyavrata... II avait dix fils et son intention était de partager la Terre entière par parties égales... Neptune partagea de la même façon l'Atlantide entre ses dix fils : l'un d'eux eut... l'extrémité de l'Atlantide – qui n'est autre, probablement que l'ancien continent, à l'extrémité duquel se trouve Gadès... Cette Atlantide fut engloutie par un déluge et il semble que nous devons traduire le mot Atlantide par Terre Antédiluvienne, pour gouverner laquelle naquirent dix princes, suivant la mythologie de l'occident [et de l'Orient aussi], dont sept seulement s'assirent sur le trône", Op. cit., (VIII, 286). Quelques personnes pensent aussi que, sur les sept Dvîpas, six furent détruites par un déluge. Wilford est d'avis que ce [le septième] fut "Gadès, qui, probablement, comprenait l'Espagne" ; mais ce fut plutôt l'île de Platon. Op. cit., VIII, 375.

1004  L'Amérique ou "nouveau" monde est donc, sinon beaucoup plus ancien, du moins plus ancien que l'Europe ou "ancien" monde.

1005 Si la demeure des Div ou Dev-sefid's (du Târadaitya) se trouvait à la septième étape, c'est parce qu'il venait de Poushkara, le Pâtâla (ou les Antipodes) des Indes ou de l'Amérique. Cette dernière touchait, pour ainsi dire, l'Atlantide, avant que celle-ci ne fût engloutie. Le mot Pâtâla veut dire, à la fois, les contrées des antipodes et les régions infernales et ces mots finirent par devenir synonymes comme idées et attributs aussi bien qu'en nom.

 

Dans ces récits, les Hindous parlent de cette île comme existant et étant très puissante ; cela doit donc avoir  été il y a plus de onze mille ans.

Une autre preuve de la grande antiquité de ces Hindous Aryens découle du fait qu'ils décrivent les dernières îles de l'Atlantide, ou plutôt de ce qui restait de la partie Orientale de ce continent disparu peu après le soulèvement des deux Amériques 1004, les deux Varshas de Poushkara : ils décrivaient, du reste, ce qu'ils connaissaient, car ils y avaient habité à une certaine époque. On peut, d'ailleurs, le démontrer en se basant sur les calculs astronomiques d'un Adepte qui critiquait Wilford. Rappelant ce qu'un Orientaliste avait mis en avant à propos du Mont Ashbourj "aux pieds duquel se couche le Soleil" et où eut lieu la guerre entre les Dévatâs et les Daityas 1005, il dit :

Considérons donc la latitude et la longitude de l'île perdue et du Mont Ashbourj qui reste. Ils se trouvaient à la septième étape du monde, c'est-à-dire dans le septième climat (qui se trouve entre les 24ème et 28ème degrés de latitude nord)... Cette île, fille de l'Océan, est fréquemment décrite comme se trouvant en Occident  et le Soleil est représenté comme se couchant aux pieds de sa montagne (Ashbourj, Atlas, Ténériffe ou Nila, peu importe le nom) et comme luttant contre le Diable Blanc de "l'Ile Blanche".

Or, si nous étudions cet exposé sous son aspect astronomique, comme Krishna est le Soleil incarné (Vishnou), un Dieu Solaire et comme il aurait, dit-on, tué Div-séfid, le Diable-Blanc – personnification possible des anciens habitants de la région située aux pieds de l'Atlas – il pourrait n'être qu'une représentation des rayons verticaux du Soleil. Nous avons aussi vu que ces habitants, les Atlantes, sont accusés par Diodore de maudire journellement le Soleil et de lutter sans cesse contre son influence. Ce n'est toutefois [III 509] qu'une interprétation astronomique. Il va être désormais établi que Shankhâsoura et Shankhadvîpa, ainsi que toute leur histoire, sont, géographiquement et ethnologiquement, l'Atlantide de Platon, en costume Hindou.

Nous venons de faire remarquer que puisque l'île existe encore dans les récits Pourâniques, ceux-ci doivent remonter plus haut dans le passé que les 11.000 ans qui se sont écoulés depuis que Shankha-dvîpa, ou la Poseidonis de l'Atlantide, disparut. Mais n'est-il pas tout simplement possible que les Hindous aient connu l'île encore plus tôt ? Retournons encore aux démonstrations astronomiques qui rendent la chose parfaitement claire si, comme l'Adepte en question, nous tenons pour acquis :

 Qu'à l'époque où le "colure" tropical d'été passait par les pléiades, lorsque le Cœur du Lion se trouvait sur l'équateur et que le Lion se trouvait, au coucher du Soleil, dans une position verticale par rapport à Ceylan, le Taureau se trouvait à midi, dans une position verticale par rapport à l'île d'Atlantide.

Cela explique, peut-être, pourquoi les Cingalais, héritiers des Râkshasas et des Géants du Lankâ et les descendants directs de Sinha, ou du Lion, furent rattachés à Shankhadvîpa ou Poseidonis (l'Atlantide de Platon). Seulement, comme l'établit la Sphinxiade, de Mackey, cela doit s'être passé, astronomiquement, il y a 23.000 ans, époque à laquelle l'obliquité de l'écliptique a dû plutôt dépasser 27 degrés et où, par suite, le Taureau doit avoir passé au-dessus de l'Atlantide ou Shankha-dvîpa. Or il est clairement démontré qu'il en était bien ainsi. Voici ce que disent les Commentaires :

 Le Taureau sacré Nandi fut amené de  Bhârata à Shankha pour y rencontrer Rishabha [le Taureau] à chaque Kalpa. Mais lorsque ceux de l'île Blanche [descendants originaires de Shvéta-dvîpa 1006], qui s'étaient mêlés aux Daityas [Géants] de la terre d'iniquité, furent devenus noirs de péchés, Nandi resta alors pour toujours dans l'île Blanche [ou Shvéta- dvîpa]... Ceux du Quatrième Monde [de la Quatrième Race] perdirent AUM. [III 510]

1006 Ni l'Atlantide, ni même Shankha-dvîpa, ne reçurent jamais le nom "d'île Blanche". Lorsque la tradition dit que "l'île Blanche devint noire en raison des péchés du peuple", cela ne fait allusion qu'aux habitants de "l'île blanche", ou Siddhapoura, ou Shvéta-dvîpa, qui descendirent auprès des Atlantes des Troisième et Quatrième Races pour "les animer et qui, s'étant incarnés, devinrent noirs de péchés" – c'est une manière de parler. On dit que tous les Avatars de Vishnou tirent leur origine de l'île Blanche. D'après la tradition Tibétaine, l'île Blanche est la seule localité qui échappe au sort des autres Dvîpas, en général ; elle ne peut être détruite ni par le feu, ni par l'eau, car c'est la "Terre Eternelle".

 

Asburj ou Azburj, que ce soit ou non le pic de Ténériffe, était un volcan, lorsque commença la submersion de l'Atala Occidentale ou Enfer et ceux qui furent sauvés narrèrent ce récit à leurs enfants. L'Atlantide de Platon périt entre l'eau, au-dessous, et le feu, au-dessus, la grande montagne ne cessant de vomir les flammes.

Le "Monstre vomissant du feu" survécut seul au milieu des ruines de l'Ile infortunée.

Est-ce que les Grecs, que l'on accuse d'avoir emprunté aux Hindous une fiction (Atala) et d'en avoir inventé une autre (l'Atlantide), seraient aussi accusés de leur avoir pris leurs notions géographiques et le nombre sept ?

 "La fameuse Atlantide n'est plus, mais nous ne pouvons guère mettre en doute qu'elle ait existé, dit Proclus, car Marcellus, qui écrivit une histoire des affaires Ethiopiennes, dit qu'une grande île de ce genre existait à une certaine époque et ceci est confirmé par ceux qui écrivirent des histoires relatives aux mers extérieures. Ils racontent, en effet, qu'à cette époque, il existait sept îles, dans l'Océan Atlantique, qui étaient consacrées à Proserpine et, outre celles-ci, trois îles immenses, consacrées à Pluton... (Jupiter) et Neptune. De plus, les habitants de la dernière île [Poseidonis] conservaient le souvenir de la prodigieuse étendue de l'île Atlantique, suivant le récit de leurs ancêtres et savaient qu'elle avait gouverné, durant de nombreuses périodes de temps, toutes les Iles de l'Océan Atlantique. De cette île, on pouvait passer sur d'autres grandes îles situées au-delà et qui n'étaient pas éloignées de la Terre Ferme auprès de laquelle se trouvait la véritable mer."

Ces sept Dvîpas représentées inexactement par des îles constituaient, suivant Marcellus, le corps de la fameuse Atlantide... Ceci prouve évidemment que l'Atlantide fut l'ancien continent... Cette Atlantide fut détruite par un très violent orage [?] ceci est bien connu des auteurs Pourâniques, dont quelques-uns affirment qu'à la suite de cette redoutable convulsion de la nature, six des Dvîpas disparurent. 1007

1007 Asiatic Researches, XI, 26-28.

 

Nous avons maintenant fourni assez de preuves pour convaincre le plus grand sceptique. Pourtant nous ajouterons encore des preuves directes basées sur la Science exacte. Mais, quand l'on écrirait des volumes entiers, cela ne servirait à rien pour ceux qui ne veulent ni voir ni entendre, si ce n'est à l'aide des yeux et des oreilles de leurs autorités respectives.

De là vient ce qu'enseignent les scoliastes Catholiques [III 511] Romains, à savoir que Hermon, le mont situé dans le pays de Mizpeth – signifiant "anathème", "destruction" est le même que le Mont Armon. Comme preuve de cela, Josèphe est souvent cité comme affirmant que, même de son temps, d'énormes ossements de géants y  étaient journellement découverts. Mais c'était le pays de Balaam, le prophète que "le Seigneur aimait bien". Les faits et les personnages sont tellement mêlés dans les cerveaux de ces scoliastes, que lorsque le Zohar explique que les "Oiseaux" qui inspiraient Balaam signifiaient les "Serpents", c'est-à-dire les Sages et les Adeptes à l'Ecole desquels il avait appris les mystères de la prophétie – ils saisissent encore cette occasion d'établir que le Mont Hermon était habité par les "dragons ailés du Mal, dont le chef est Samaël"

– le Satan juif ! Comme le dit Spencer :

 C'est vers ces esprits impurs, enchaînés sur le Mont Hermon du Désert, qu'était envoyé le bouc émissaire d'Israël, qui prit le nom de l'un d'eux [Azaz (y) el].

Nous disons qu'il n'en est pas ainsi, le Zohar donne l'explication suivante au sujet des pratiques de magie auxquelles on donne en Hébreu le nom de Nehhaschim, ou "l'Œuvre des Serpents". Il dit (3ème  partie, col.302) :

 On l'appelle Nehhaschim, parce que les magiciens [les Kabalistes pratiquants] travaillent entourés par  la lumière du Serpent Primordial, qu'ils aperçoivent dans le ciel, comme une zone lumineuse composée de myriades, de petites étoiles.

Cela veut simplement dire la Lumière Astrale, ainsi dénommée par les Martinistes, par Eliphas Lévi et, maintenant, par tous les Occultistes modernes.