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Des chaînes de planètes et de leur pluralité
Les Anciens avaient-ils connaissance de Mondes en dehors du leur ? Quelles sont les données sur lesquelles s'appuient les Occultistes pour affirmer que chaque Globe est une Chaîne Septénaires [IV 322] de Mondes – dont un seul membre est visible – et que ces mondes ont été, sont et seront "habités par des hommes", exactement comme le sont toutes les Etoiles et Planètes visibles ? Que veulent-ils dire par "l'influence morale et physique" exercée sur notre Globe par les Mondes Sidéraux ?
Telles sont les questions que l'on nous a souvent posées et nous devons les étudier sous tous leurs aspects. Voici de quelle façon nous répondrons à la première des deux questions : Nous le croyons, parce que la première loi de la nature est l'uniformité dans la diversité, et la seconde l'analogie. "En haut comme en bas." Il est à jamais passé le temps où nos pieux ancêtres croyaient que notre Terre occupait le centre de l'Univers et où l'Eglise et ses arrogants serviteurs pouvaient insister pour que l'on considérât comme un blasphème le fait de supposer qu'une autre Planète pût être habitée. Adam et Eve, le Serpent et le Péché Originel, suivis de la Rédemption par le Sang, ont trop longtemps barré la route au progrès ; et la vérité universelle s'est ainsi trouvée sacrifiée aux conceptions insensées des petits hommes que nous sommes.
Quelles sont donc les preuves de ceci ? En dehors des preuves obtenues par voie de déduction et de raisonnement logique, il n'y en a pas pour le profane. Pour les Occultistes, qui ont foi dans le savoir acquis par d'innombrables générations de Voyants et d'Initiés, les données exposées dans les Livres Secrets sont amplement suffisantes. Au public en général, il faut toutefois d'autres preuves. Il y a quelques Cabalistes et même quelques Occultistes Orientaux qui, n'arrivant pas à découvrir, à ce sujet, des preuves uniformes dans tous les ouvrages mystiques des nations, hésitent à accepter l'enseignement. Cette "preuve uniforme" elle-même va être produite. En attendant, nous pouvons aborder le sujet sous son aspect général et voir si le fait d'y ajouter foi est aussi absurde que voudraient le faire croire les Savants et autres naïfs. Lorsque nous pensons à une pluralité de "Mondes" habités, nous nous les représentons inconsciemment comme semblables au Globe que nous habitons et peuplés d'êtres ressemblant, plus on moins, à nous-mêmes. En agissant ainsi, nous ne faisons qu'obéir à un instinct naturel. Il est de fait que, tant que notre enquête est limitée à l'espoir de la vie de ce Globe, nous pouvons spéculer avec profit sur la question et nous demander, avec quelque espoir de poser tout au moins une question compréhensible, ce qu'étaient les "Mondes" dont parlent toutes les anciennes Ecritures de l'Humanité ? Mais comment pouvons-nous savoir : a) quels genres [IV 323] d'êtres habitent les globes en général, et b) si ceux qui gouvernent des Planètes supérieures à la nôtre n'exercent pas consciemment sur notre Terre l'influence que nous pouvons exercer inconsciemment à la longue, par exemple sur les petites planètes (planétoïdes ou astéroïdes), en coupant la surface de la Terre par morceaux en ouvrant des canaux et en changeant ainsi complètement nos climats ? Bien entendu, pas plus que la femme de César, les planétoïdes ne sauraient être atteints par notre supposition. Ils sont trop loin, etc. Cependant, comme nous croyons à l'Astronomie Esotérique, nous ne sommes pas sûrs de cela.
Mais, lorsque, étendant nos spéculations au-delà de notre Chaîne Planétaire, nous cherchons à franchir les limites du Système Solaire, nous agissons vraiment comme des fous pleins de présomption. En effet – tout en acceptant l'antique axiome hermétique, "en haut comme en bas" – comme nous devons bien penser que, sur la Terre, la Nature déploie la plus stricte économie, en utilisant tous les déchets dans ses merveilleuses transformations, et qu'elle ne se répète jamais, nous ne pouvons qu'en conclure qu'il n'y a aucun autre Globe, dans l'infini de ses systèmes, qui ressemble à cette Terre pour que les facultés ordinaires de l'homme lui permettent d'en imaginer et d'en reproduire la ressemblance et le contenu 635.
635 On nous enseigne que les Dhyân Chohans, ou Esprits Planétaires les plus hauts (au-delà de la connaissance de la loi d'analogie), ignorent ce qu'il y a au-delà des Systèmes Planétaires visibles, attendu que leur essence ne peut s'assimiler à celle des mondes situés au-delà de notre Système Solaire. Lorsqu'ils atteindront une phase supérieure d'évolution, ces autres univers se trouveront à leur portée ; en attendant, ils ont une connaissance complète de tous les mondes qui se trouvent dans les limites de notre Système Solaire.
En fait, nous ne trouvons dans les romane, comme dans ce que l'on appelle les fictions scientifiques et les "révélations" spirites qui proviennent de la Lune, des Etoiles et des Planètes, que de nouvelles combinaisons ou modifications des hommes et des choses, des passions et des formes de vie, qui nous sont familières, bien que la nature et la vie soient entièrement différentes de ce qu'elles sont ici, même sur les autres planètes de notre propre Système. Swedenborg se fit remarquer entre tous dans la propagation de cette croyance erronée.
Il y a plus. L'homme n'a aucune expérience d'états de conscience autres que celui auquel le rattachent les sens physiques. Les hommes rêvent : ils dorment d'un sommeil trop profond pour que les rêves puissent impressionner le cerveau physique [IV 324] et il faut cependant que dans ces états il y ait encore de la conscience. Tant que ces mystères restent inexplorés, comment pouvons-nous donc espérer spéculer avec fruit sur la nature de Globes qui, dans l'économie de la Nature, doivent relever d'états de conscience autres et absolument différents de tous ceux dont l'homme fait ici-bas l'expérience.
Ceci est littéralement vrai. En effet, les grands Adeptes (ceux qui sont initiés, bien entendu), tout en étant des Voyants exercés, ne peuvent prétendre connaître complètement que la nature et l'aspect des Planètes appartenant à notre Système Solaire et de leurs habitants. Ils savent que presque tous les Mondes Planétaires sont habités, mais – même en esprit – ils ne peuvent avoir accès que sur ceux de notre Système et ils savent aussi combien il est difficile, même pour eux, de se mettre complètement en rapports, ne fût-ce qu'avec les plans de conscience qui se trouvent dans notre Système et qui sont si différents des états de conscience possibles sur ce Globe ; comme, par exemple, ceux qui existent sur la Chaîne de Sphères située sur les trois plans qui sont au-delà de celui de notre Terre. Cette connaissance et ces rapports sont possibles pour eux, parce qu'ils ont appris à pénétrer jusqu'à des plans de conscience qui restent fermés aux perceptions de l'homme ordinaire ; mais, s'ils venaient à communiquer leur savoir, le monde n'en serait pas plus sage, parce qu'il manque aux hommes l'expérience des autres formes de perception, qui seule pourrait les mettre en état de bien comprendre ce qu'on pourrait leur dire.
Il n'en reste pas moins ce fait que la plupart des Planètes, ainsi que les étoiles situées au-delà de notre système, sont habitées, et ce fait a été admis par les Savants eux-mêmes. Laplace et Herschel y croient, bien qu'ils aient sagement évité toute spéculation imprudente et la même conclusion a été exposée, avec une foule de considérations scientifiques à l'appui, par C. Flammarion, l'astronome français bien connu. Les arguments qu'il met en avant sont strictement scientifiques et sont de nature à impressionner même l'esprit d'un matérialiste, qui ne serait, pas ébranlé par des pensées comme celles qu'émet le fameux physicien Sir David Brewster, qui écrit :
Les "esprits arides", ou "âmes viles", comme les appellent les poètes, qui seraient amenés à croire que la Terre est le seul monde habité de l'Univers, n'éprouveraient aucune difficulté à concevoir la Terre comme privée, elle aussi, d'habitants. Bien plus, si ces esprits étaient familiarisés avec les déductions de la géologie, ils admettraient qu'elle fut inhabitée pendant des myriades d'années, et nous [IV 325] arriverions alors à la conclusion impossible que durant cette myriade d'années il n'existait pas une seule créature intelligente dans les vastes domaines du Roi Universel, et qu'avant les formations protozoïques il n'y avait ni plantes, ni animaux dans tout l'infini de l'espace 636.
636 Puisque aucun atome, dans tout le Cosmos, n'est dépourvu de vie et de conscience, combien plus ses puissants globes n'en doivent-ils pas être remplis – bien qu'ils restent comme des livres scellés pour nous, qui sommes à peine capables de participer à la conscience des formes de vie les plus proches de nous ?
Flammarion prouve, en outre, que toutes les conditions requises pour la vie – même telle que nous la connaissons – existent sur quelques-unes au moins des planètes, et il insiste sur le fait que ces conditions doivent être bien plus favorables sur elles, qu'elles ne le sont sur notre Terre.
Le raisonnement scientifique, aussi bien que les faits observés, sont donc d'accord avec les affirmations du Voyant et avec la voix innée dans le cœur de l'homme, pour déclarer que la vie – la vie intelligente et consciente – doit exister sur d'autres mondes que le nôtre.
Toutefois, telle est la limite au-delà de laquelle les facultés ordinaires de l'homme ne peuvent le porter. Nombreux sont les romans et les contes, les uns purement fantaisistes, d'autres resplendissants de savoir scientifique, dans lesquels on a tenté d'imaginer et de décrire la vie sur les autres Globes. Mais les uns et les autres ne donnent qu'une impression déformée du drame de la vie qui nous entoure. Ce sont, tantôt avec Voltaire, les hommes de notre race étudiés au microscope, ou bien, avec Cyrano de Bergerac, ce n'est qu'un gracieux déploiement d'imagination et de satire ; mais nous constatons toujours que le monde nouveau n'est, au fond, que celui dans lequel nous vivons. Cette tendance est si prononcée, que même de grands voyants naturels, mais non initiés, en sont les victimes lorsqu'ils ne sont pas exercés ; par exemple Swedenborg, qui va jusqu'à revêtir les habitants de Mercure, qu'il rencontre dans le monde des esprits, de vêtements semblables à ceux que l'on porte en Europe !
Flammarion commente cette tendance en ces termes :
La lecture des ouvrages écrits sur notre sujet ferait vraiment croire qu'aux yeux de leurs auteurs la Terre est le type du monde, [IV 326] et l'homme de la Terre le Nous ne nous connaissons pas nous-mêmes ; comment pourrions-nous donc, sans avoir jamais été exercés et initiés, prétendre que nous pouvons pénétrer la conscience du plus petit des animaux qui nous entourent ?
type des habitants des cieux. Il est cependant bien plus probable que, la nature des mondes étant essentiellement variée, les milieux et les conditions d'existence essentiellement différents, les forces qui présidèrent à la création des êtres, et les substances qui entrèrent dans leur constitution réciproque, essentiellement distinctes, notre mode d'existence ne peut en aucune façon être considéré comme applicable aux autres globes. Ceux qui ont écrit sur ce sujet se sont laissé dominé par les idées terrestres et sont tombés dans l'erreur 637.
Cependant Flammarion lui-même commet précisément l'erreur qu'il condamne ici, car ce sont les conditions de la vie sur la terre qu'il prend facilement pour type, afin de déterminer le degré d'habitabilité des autres Planètes par "d'autres humanités".
Laissons cependant ces spéculations vides et inutiles, qui, tout en paraissant remplir nos cœurs d'une lueur d'enthousiasme et élargir notre champ mental et spirituel, ne constituent, en réalité, qu'un stimulant factice et nous font de plus en plus perdre de vue notre ignorance, non seulement du monde que nous habitons, mais même de l'infini qui est renfermé en nous.
Lors donc que nous constatons qu'il est question d' "autres mondes" dans les Bibles de l'humanité, nous pouvons en conclure sans crainte que ce terme ne se rapporte pas seulement à d'autres états de notre chaîne planétaire et, de noire terre, mais aussi à d'autres Globes habités – Etoiles et Planètes et aussi que l'on ne s'est jamais livré à aucune spéculation au sujet de ces dernières. L'antiquité tout entière croyait à l'Universalité de la vie, mais, dans aucune nation civilisée, un voyant réellement initié n'a jamais enseigné que la vie sur d'autres Etoiles pouvait être jugée d'après le type de la vie terrestre. Ce que l'on entend généralement par "Terres" et par "Mondes" se rapporte : a) aux "renaissances" de notre Globe après chaque Manvantara et une longue période d'Obscuration, et b) aux changements périodiques et complets de la surface de la terre, lorsque des continents disparaissaient pour faire place à des océans et que des océans et des mers sont violemment déplacés et refoulés vers les pôles, pour céder leurs emplacements à de nouveaux continents.
Nous pouvons commencer par la Bible– la plus jeune parmi les Ecritures de ce monde. Dans l'Ecclésiaste, nous lisons ces mots du Roi- Initié :
Une génération passe et l'autre génération vient, mais la terre [IV 327] demeure toujours ferme... Ce qui a été, c'est ce qui sera et ce qui a été fait, est ce qui se fera, et il n'y a rien de nouveau sous le soleil 638.
638 Op. cit., 1, 4, 9.
639 Hébreux, 1, 2. ceci se rapporte au Logos de toute cosmogonie. La Lumière inconnue – avec laquelle il est dit qu'il est coexistant et contemporain – est reflétée dans le Premier-Né, le Protogonos et le Démiurge, ou Mental Universel, dirige sa Pensée Divine sur le Chaos qui, sous la direction des Dieux Inférieurs, sera divisé en Sept Océans – Sapta Samoudras. Ce sont Pourousha, Ahoura Mazda, Osiris, etc., et enfin le Christos Gnostique, qui dans la Cabale, est Chokmah ou la Sagesse, le "Verbe".
Il n'est pas aisé de découvrir sous ces mots une allusion aux cataclysmes successifs qui balayent les races de l'humanité, ou, si nous remontons plus en arrière, aux diverses transitions par lesquelles le Globe a passé durant le processus de sa formation.
Mais si l'on nous dit que cela ne se rapporte qu'à notre monde tel que nous le voyons maintenant, nous inviterons le lecteur à se reporter au Nouveau Testament, où saint Paul parle du Fils (la Puissance manifestée) que Dieu a désigné comme héritier de toutes choses et "par qui aussi il a fait les mondes" (au pluriel) 639. Cette "Puissance" c'est Chokmah, la Sagesse et le Verbe. On nous dira probablement que par le terme "mondes" on désignait les étoiles, les corps célestes, etc., mais sans nous arrêter à ce fait que les "étoiles" n'étaient pas connues comme des "mondes" par les ignorants qui ont rédigé les Epîtres, bien qu'elles aient dû être connues comme telles par Paul, qui était un Initié, un "Maître-Maçon" ; nous pouvons citer, à ce sujet, un théologien éminent, le Cardinal Wiseman. Dans son ouvrage (1, 309), lorsqu'il traite de la période indéterminée de six jours – ne devrions-nous pas dire : la période "trop déterminée" de six jours – de la création et des 6.000 ans, il avoue que l'on reste plongé dans une complète obscurité en ce qui concerne le sens de ce qu'a voulu dire saint Paul, à moins qu'il ne soit permis de supposer qu'il faisait allusion à la période qui s'écoula entre le premier et le second verset du chapitre I de la Genèseet, par conséquent, à des révolutions primitives, c'est à dire à la destruction et à la reproduction du monde, indiquée au chapitre I de l'Ecclésiaste ; ou encore, à moins que l'on n'accepte, tant d'autres et dans son sens littéral, le passage du chapitre I des Hébreux qui parle de la création de "mondes" au pluriel. Il est singulier, ajoute-t-il, que toutes les cosmogonies soient d'accord pour suggérer la même idée et pour conserver la tradition d'une première série de révolutions, par suite desquelles le monde fut détruit, puis rétabli de nouveau. [IV 328]
Si le Cardinal avait étudié le Zohar, ses doutes auraient été transformés en certitude. La "Idra Souta" dit :
Il y avait des anciens mondes qui périrent aussitôt qu'ils naquirent ; des mondes avec et sans forme, appelés Scintilles – car ils ressemblaient aux étincelles que le marteau du forgeron fait jaillir dans toutes les directions. Certains d'entre eux étaient les mondes primordiaux qui ne pouvaient durer longtemps, parce que l' "Ancien" – que son nom soit sanctifié ! – n'avait pas encore assumé sa forme 640, parce que l'ouvrier n'était pas encore l' "Homme Céleste" 641.
De même dans le Midrash, écrit longtemps avant la Cabalede Siméon ben Iochai, le rabbin Abahou explique que :
L'Etre Saint, béni soit son nom ! a successivement formé et détruit divers mondes avant celui-ci 642... Or, ceci se rapporte à la fois aux premières races (les rois d'Edom) et aux mondes détruits 643.
640 La forme de Tikkoun ou du Protogonos, le "Premier-Né", c'est-à-dire la Forme et Vidée Universelle, ne s'étaient pas encore reflétées dans le Chaos.
641 Zohar, III, 292 c. "L'homme Céleste", c'est Adam Kadmon – la synthèse des Séphiroths, comme "Manou Svâyambhouva" est la synthèse des Prajâpatis.
642 Bereshith Rabba, Parsha, IX.
643 Ceci se rapporte aux trois Rondes qui ont précédé notre Quatrième Ronde.
"Détruits" veut dire ici ce que nous appelons "obscuration". Ceci devient évident lorsque nous lisons l'explication donnée plus loin :
Pourtant, en disant qu'ils (les mondes) périrent, on entend seulement par-là qu'elles (leurs humanités) étaient dépourvues d'une vraie forme, jusqu'au moment où naquit (notre) forme humaine, dans laquelle toutes choses sont comprises et qui contient toutes les formes... 644 Cela ne veut pas dire la mort, mais cela indique seulement un abaissement de leur état (celui de mondes en activité) 645.
644 Cette phrase renferme, dans les Sciences Occultes, un double sens et un profond mystère, dont le secret, s'il est connu et quand il sera connu, conférera à l'adepte un terrible pouvoir de modifier sa forme visible.
645 "Idra Souta", Zohar, III, 136, c. "Un abaissement de leur état" – c'est clair ; de l'état de mondes actifs, ils sont tombés dans un état d'obscuration temporaire ; – ils se reposent et, par suite – sont entièrement changés.
Aussi, lorsque nous disons quelque chose au sujet de la "destruction" des Mondes, le mot a différents sens, qui sont très [IV 329] clairs dans plusieurs commentaires du Zohar et dans les traités cabalistiques. Comme nous l'avons dit ailleurs, cela ne fait pas seulement allusion à la destruction de nombreux Mondes ayant terminé leur carrière vitale, mais aussi à celle des nombreux Continents qui ont disparu, de même qu'à leur déclin et au changement géographique de leur emplacement.
On parle quelquefois des mystérieux "Rois d'Edom" comme de "Mondes" qui avaient été détruits, mais c'est un "voile". Les Rois qui régnèrent à Edom, avant qu'un Roi régnât sur Israël, ou les "Rois Edomites", ne pouvaient jamais symboliser des "mondes antérieurs", mais seulement les "tentatives de faire des hommes" sur ce Globe – les Races Pré-Adamites dont parle le Zohar et que nous désignons sous le nom de Première Race-Mère. En effet, de même qu'en parlant des six Terres (les six "Membres" de Microprosopus), on dit que la septième (notre Terre) n'entra pas en ligne de compte lorsque les six furent créées (les six Sphères au-dessus de notre Globe dans la Chaîne Terrestre), de même les sept premiers Rois d'Edom ne sont pas compris dans les calculs de la Genèse. En vertu de la loi d'analogie et de permutation, dans le Livre des Nombres chaldéen, comme dans les Livres du Savoir et de la Sagesse, les "sept mondes primordiaux" veulent aussi dire les "sept races primordiales" (sous-races de la Première Race-Mère des Ombres) et les Rois d'Edom sont aussi les fils "d'Esaü, le père des Edomites" 646 ; c'est-à-dire qu'Esaü représente dans la Biblela race qui tient le milieu entre la Quatrième et la Cinquième, les races Atlantéenne et Aryenne. "Deux nations sont dans tes entrailles", dit le Seigneur à Rébecca, et Esaü était rouge et poilu.
Du 24ème au 34ème verset, le chapitre XXV de la Genèsecontient l'histoire allégorique de la naissance de la Cinquième Race.
On lit dans la Siphra Dtzenioutha :
Et les Rois des anciens jours moururent et leurs chefs Couronnes ne se virent plus.
Et dans le Zohar :
Le Chef d'une nation qui n'avait pas été formée au début à l'image du Chef Blanc : son peuple n'est pas de cette Forme... Avant qu'il (le Chef Blanc de la Cinquième Race ou Ancien des Anciens) ne s'arrangeât dans sa Forme (propre ou actuelle)... tous les Mondes avaient été détruits ; aussi est-il écrit et Béla, le Fils de Béor, régna sur [IV 330] Edom (Gen., XXXVI. ici "Mondes" veut dire Races). Et il (ce, Roi ou un autre Roi d'Edom) mourut et un autre régna à sa place.
Aucun des Cabalistes qui ont traité du symbolisme et de l'allégorie que cachent les "Rois d'Edom", ne semble avoir perçu au-delà d'un de leurs aspects. Ils ne sont pas seulement les "mondes qui furent détruits" ou les "Rois qui périrent", mais bien les deux à la fois et bien autre chose encore dont, faute de place, nous ne pouvons parler pour le moment. Laissons donc les paraboles mystiques du Zohar et retournons aux faits précis de la Science matérielle ; citons toutefois, au préalable, quelques noms pris sur la longue liste des grands penseurs qui croyaient à la pluralité des Mondes habités, en général, et à des Mondes ayant précédé le nôtre. Ce sont les grands mathématiciens Leibniz et Bernoulli, Sir Isaac Newton lui-même, ainsi que l'on peut s'en rendre compte en lisant son Optics ; Buffon, le naturaliste ; Condillac, le sceptique ; Bailly, Lavater, Bernardin de Saint-Pierre et, faisant contraste avec ces deux derniers – soupçonnés, tout au moins, de Mysticisme – Diderot et la plupart des auteurs de l'Encyclopédie. Après ceux-ci, nous avons Kant, le fondateur de la Philosophie moderne ; les poètes et philosophes Goethe, Krause, Schelling et de nombreux Astronomes, depuis Bode, Fergusson et Herschel jusqu'à Lalande et Laplace, ainsi que leurs nombreux disciples à une époque plus récente.
646 Genèse, XXXVI, 43.
Voilà certes une brillante liste de noms respectés, mais les faits de l'Astronomie physique plaident encore plus énergiquement qu'eux en faveur de la présence de la vie, voire même de la vie organisée, sur d'autres Planètes. Ainsi dans quatre météorites qui tombèrent respectivement, à Alais en France ; au cap de Bonne-Espérance, en Hongrie, puis encore en France, l'analyse fit constater la présence du graphite, forme de carbone que l'on connaît comme étant invariablement associée sur notre Terre, à la vie organique. Et ce qui prouve que la présence de ce carbone n'est pas due à une action produite dans le sein de notre atmosphère, c'est que ce carbone a été découvert au centre même d'une météorite ; en outre, dans une autre qui tomba à Argueil, dans le Midi de la France, en 1857, on découvrit de l'eau et de la tourbe qui est toujours formée par la décomposition de substances végétales.
De plus, si l'on étudie les conditions astronomiques des autres Planètes, il est facile de prouver que plusieurs d'entre elles sont beaucoup mieux adaptées que notre Terre au développement de [IV 331] la vie et de l'intelligence – même dans les conditions auxquelles les hommes sont accoutumés. Sur la Planète Jupiter, par exemple, les saisons, au lieu de varier largement comme les nôtres, changent par degrés presque imperceptibles et durent douze fois plus longtemps que les nôtres. En raison du peu d'inclinaison de son axe, les saisons, sur Jupiter, sont dues presque entièrement à l'excentricité de son orbite et, par suite, changent lentement et régulièrement. On nous dira que la vie est impossible sur Jupiter, puisque la Planète est incandescente, mais tous les astronomes ne sont pas d'accord sur ce point. Ce que nous exposons est déclaré, par exemple, par M. Flammarion, et lui doit savoir.
D'autre part, Vénus serait moins adaptée à la vie humaine telle qu'elle existe sur la Terre, puisque ses saisons sont plus extrêmes et ses changements de température plus brusques, mais il est curieux que la durée du jour soit la même sur les quatre planètes intérieures, Mercure, Vénus, la Terre et Mars.
Sur Mercure, la chaleur et la lumière du Soleil sont sept fois plus intenses que sur la Terre, et l'Astronomie enseigne que cette planète est entourée d'une atmosphère très dense. Or, comme nous voyons que la vie paraît plus active sur la Terre lorsque la proportion de lumière et de chaleur reçue du Soleil est plus grande, il semble plus que probable que son intensité est considérablement plus forte sur Mercure qu'ici.
Vénus, comme Mercure, a une atmosphère très dense, de même que Mars, et les neiges qui couvrent leurs pôles, les nuages qui cachent leur surface, la configuration géographique de leurs mers et de leurs continents, les variations de leurs saisons et de leurs climats, sont étroitement analogues – du moins au yeux de l'Astronome physicien. Mais ces faits et les réflexions auxquelles ils donnent naissance n'ont trait qu'à la possibilité de l'existence sur ces Planètes de la vie humaine telle qu'elle est connue sur la Terre. Il y a longtemps qu'il a été surabondamment démontré que quelques formes de la vie, telle que nous la connaissons, sont possibles sur ces Planètes, et il semble tout à fait inutile d'entrer dans des détails au sujet de la physiologie, etc., de ces habitants hypothétiques, car, après tout, le lecteur ne pourrait aboutir qu'à une extension imaginaire de ce qui l'entoure habituellement. Il est préférable de se contenter des trois conclusions que Flammarion, si longuement cité par nous, formule comme étant des déductions rigoureuses et exactes tirées des faits et des lois que connaît la Science.
- Les différentes forces qui étaient en activité aux débuts de [IV 332] l'évolution donnèrent naissance à une grande variété d'êtres sur les divers mondes, tant dans le domaine organique que dans le domaine inorganique.
- Les êtres animés furent constitués dès les débuts suivant des formes et des organismes en corrélation avec l'état physiologique de chaque Globe habité.
- Les humanités des autres mondes différents de nous, autant par leur organisation intérieure que par leur type physique extérieur.
Enfin le lecteur qui serait disposé à mettre en doute la validité de ces conclusions, comme étant en contradiction avec la Bible, peut se reporter à un Appendice du livre de M. Flammarion, où cette question est traitée en détail, car, dans un ouvrage comme le nôtre, il semble inutile de faire ressortir l'absurdité, au point de vue de la logique, des hommes d'église qui nient la pluralité des mondes en se basant sur l'autorité de la Bible.
Nous pourrions rappeler, à de propos, l'époque où le zèle ardent de l'Eglise primitive repoussait la doctrine de la rotondité de la Terre, sous prétexte que les nations vivant aux Antipodes seraient hors du champ d'action du Salut ; nous pourrions aussi nous souvenir du temps qu'il a fallu à la Science naissante pour détruire l'idée d'un firmament solide, dans les rainures duquel les étoiles se mouvaient pour l'édification spéciale de l'humanité terrestre.
La théorie de la rotation de la Terre rencontra la même opposition – poussée jusqu'au martyre de ceux qui la découvrirent – et cela, parce que, tout en dépouillant notre globe de son imposante position centrale dans l'espace, cette théorie bouleversait complètement les idées au sujet de l'Ascension – attendu que les termes "en haut" et "en bas" devenaient purement relatifs et que cela compliquait étrangement la question de la localisation précise du Ciel 647 !
D'après les meilleurs calculs modernes, il n'y a pas moins de 500.000.000 d'Etoiles de différentes grandeurs, dans le champ [IV 333] qu'embrassent les meilleurs télescopes. Quant aux distances qui les séparent, elles sont incalculables. Notre microscopique Terre – véritable "grain de sable sur une plage sans limites" – est-elle donc le seul centre de vie intelligente ? Notre propre Soleil, lui-même 1.300.000 fois plus grand que notre Planète paraît insignifiant auprès de Sirius, le Soleil géant, et ce dernier est à son tour rapetissé par d'autres astres de l'Espace infini. La conception égoïste de Jéhovah, comme gardien spécial d'une petite et obscure tribu à moitié nomade, est tolérable si on la compare à celle qui limite l'existence sensible à notre microscopique Globe. Les raisons originelles qui lui ont donné naissance furent, sans aucun doute : a) l'ignorance, au point de vue astronomique, des premiers Chrétiens, jointe à une appréciation exagérée de l'importance de l'homme à un égoïsme grossier, et b) la crainte, dans le cas où l'hypothèse de millions d'autres Globes habités serait acceptée, de voir se poser cette cruelle question : "Y eut-il une Révélation pour chaque Monde ?" – ce qui impliquerait l'idée de Fils de Dieu accomplissant, en quelque sorte, "une ronde éternelle". Heureusement, il est maintenant inutile de gaspiller son temps et son énergie pour établir la possibilité de l'existence de pareils Mondes. Toutes les personnes intelligentes l'admettent. Ce qui reste maintenant à démontrer, c'est qu'après avoir prouvé qu'il existe des Mondes habités, en dehors du nôtre, renfermant des humanités différant entre elles et différentes de la nôtre – ainsi que le soutiennent les Sciences Occultes – l'évolution des Races précédentes sera alors à demi prouvée. En effet, quel est le Physicien ou le Géologue qui serait prêt à soutenir que la Terre n'a pas changé des vingtaines de fois, durant les millions d'années qui se sont écoulées pendant le cours de son existence et qu'en changeant de "peau", suivant l'expression employée en Occultisme, la Terre n'a pas eu ses Humanités spéciales, adaptées aux conditions atmosphériques et climatériques qu'impliqueraient ces changements ? Et S'il en est ainsi, pourquoi les quatre, Humanités complètement différentes qui nous ont précédé, n'auraient-elles pas existé et prospéré avant la Cinquième Race- Mère Adamique ?
Avant de clore ce débat, nous avons à étudier de plus près ce que l'on appelle, l'évolution organique. Cherchons bien et voyons s'il est tout à fait impossible de faire, concorder – jusqu'à un certain point – nos données Occultes et notre chronologie avec celles de la Science.[IV 334]
647 Dans le savant et spirituel ouvrage intitulé God and his Book, écrit par le redoutable "Saladin", si réputé comme Agnostique, l'amusant calcul, d'après lequel, si le Christ s'était élevé avec la rapidité d'un boulet de canon, il n'aurait encore pas même atteint Sirius, nous rappelle avec force le passé. Ce calcul nous fait soupçonner, non sans raison peut-être, que notre époque de brillant savoir peut elle-même être aussi grossièrement absurde dans ses dénégations matérialistes que les hommes du Moyen Age étaient absurdes et matériels dans leurs affirmations religieuses.