SECTION X
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DIVERS SYSTEMES OCCULTES D'INTERPRETATION DES ALPHABETS ET DES NOMBRES
Les méthodes transcendantes de la Cabalene doivent pas être mentionnées dans un ouvrage public, mais ses divers systèmes de façons arithmétiques et géométriques de déchiffrer certains symboles, peuvent être décrits. Les méthodes de calculs du Zohar, avec leurs trois sections, la Gématria, le Notaricon, et la Témoura, ainsi que l'Albath et l'Algath, sont excessivement difficiles à mettre en pratique. Nous renvoyons ceux qui voudraient en apprendre davantage aux ouvrages de Cornélius Agrippa 180 ; mais aucun de ces systèmes ne peut jamais être compris, à moins qu'un Cabaliste ne devienne un véritable Maître dans sa Science. Le Symbolisme de Pythagore exige un labeur encore plus ardu. Ses symboles sont très nombreux et rien que pour extraire de son Symbolisme la liste générale de ses doctrines abstraites, il faudrait des années d'études. Ses figures principales sont le carré (le Tetraktys), le triangle équilatéral, le point dans le cercle, le cube, le triple triangle et enfin la quarante-septième proposition des Eléments d'Euclide, proposition dont Pythagore fut l'inventeur. Mais, à cette exception près, aucun des symboles ci-dessus ne lui doit son origine, comme le croient certaines gens. Des milliers d'années avant son époque ils étaient déjà bien connus en Inde d'où le Sage de Samos les rapporta. Non pas comme une spéculation, mais comme une Sciences démontrée, ainsi que le dit Porphyre en citant Moderatus le Pythagoricien.
Les chiffres de Pythagore étaient des symboles hiéroglyphiques à l'aide desquels il expliquait toutes les idées concernant la nature des choses 181.[V 111]
La figure géométrique fondamentale de la Cabale, telle qu'elle est donnée dans le Livre des Nombres 182, cette figure qui, suivant la tradition et les Doctrines Esotériques, fut donnée à Moïse par la Divinité Elle- même, sur le Mont Sinaï 183 renferme dans ses combinaisons, grandioses parce qu'elles sont simples, la clef du problème universel. Cette figure renferme en elle toutes les autres.
Le Symbolisme des nombres et des rapports mathématiques qu'ils ont entre eux constitue aussi une des branches de la Magie, particulièrement de la Magie mentale, de la divination et de la perception clairvoyante correcte. Les systèmes diffèrent mais l'idée fondamentale est partout la même. Ainsi que le démontre Kenneth R. H. Mackensie dans Royal Masonic Cyclopædia :
Un système adopte l'unité, un autre la trinité, un autre la base de cinq ; nous avons aussi les hexagones, les heptagones, les figures à neuf angles et ainsi de suite, jusqu'à ce que l'esprit se perde dans l'examen seulement des matériaux d'une science des nombres 184.
180 Voyez Isis Dévoilée, III, 293, 404. Gématria est formé, à l'aide d'une métathèse, du mot grec γραµµατεία : le Notaricon peut être comparé à la sténographie : la Témoura est une permutation – un moyen de diviser l'alphabet et de déplacer les lettres.
181 . Mot à mot :"les raisons des choses". V. De Vita Pithag. – Le passage de Porphyre relatif à la doctrine de Pythagore sur les nombres, où il cite Moderatus de Gadès, est donné en entier dans les Ennéades de Plotin, par Bouillet, t. III, p. 628. (Extraits de Philosophes néo-Platoniciens), Paris, Hachette, 1861. (N.d.T.)
182 Nous n'avons jamais entendu dire qu'une copie de cet antique ouvrage soit comprise dans le catalogue d'une bibliothèque européenne quelconque, mais c'est un des "Livres d'Hermès" et il est mentionné dans les oeuvres d'un grand nombre d'auteurs philosophiques du Moyen Age, qui en tirent des citations. Parmi ces autorités, il y a le Rosarium Philosoph., d'Arnaud de Villeneuve, l'Opus de Lapide de Francesco Arnuphi, le Tractatus de Transmutatione Metallorum d'Hermès Trismégiste et sa Table d'Emeraude et surtout le traité de Raymond Lulle intitulé Ab Angelis Opus Divinum de Quinta Essentia.
183 Exode, XXV, 40.
184 Sub Voce "Nombres".
Les caractères Dévanâgari, dont on se sert généralement pour écrire le Sanscrit, contiennent tout ce que renferme les alphabets hermétiques, Chaldéen et Hébreu et, en outre, la signification Occulte du "son éternel" et le sens donné à chaque lettre dans ses rapports avec les choses spirituelles comme avec les choses terrestres. Comme l'alphabet hébreu ne renferme que vingt-deux lettres et dix nombres fondamentaux, tandis que le Dévanâgari contient trente-cinq consonnes et seize voyelles, soit un total de cinquante et une lettres simples, auxquelles viennent s'ajouter d'innombrables combinaisons, la marge laissée à la spéculation et au savoir est proportionnellement beaucoup plus large. Chaque lettre a son équivalent dans d'autres langues et aussi son équivalent dans un chiffre ou dans des chiffres de la table de calculs. Chaque lettre a aussi d'autres nombreuses significations, qui dépendent des idiosyncrasies et des caractéristiques de la personne, de l'objet ou du sujet qu'il s'agit d'étudier. De même que les Hindous prétendent avoir reçu les caractères Dévanâgari de Sarasvatî, qui inventa le Sanscrit, la "langue [V 112] des Dévas" ou Dieux (dans leur panthéon exotérique), de même la plupart des Nations anciennes réclamaient le même privilège pour l'origine de leurs lettres et de leurs langues. La Cabaleappelle l'alphabet Hébreu les "lettres des Anges", qui auraient été communiquées aux Patriarches, exactement comme le Dévanâgarî fut communiqué aux Richis par les Dévas. Les Chaldéens découvrirent leurs lettres tracées dans le ciel, par les "étoiles et comètes non encore fixées", nous dit le Livre des Nombres, tandis que les Phéniciens possédaient un alphabet sacré formé par les torsions des serpents sacrés. Le Natar Khari (alphabet hiératique) et la langue secrète (sacerdotale) des Egyptiens, ont d'étroits rapports avec la plus antique "langue de La Doctrine Secrète". C'est un Dévanâgari avec des combinaisons et des additions mystiques, dans lesquelles le Senzar entre pour une large part.
La puissance et le pouvoir des nombres et des lettres sont bien connus de nombreux Occultistes Occidentaux, comme découlant de tous ces systèmes, mais sont encore inconnus pour les étudiants Hindous, sinon pour leurs Occultistes. En revanche, les Cabalistes Européens ignorent généralement les secrets alphabétiques de l'Esotérisme Indien. En outre, le lecteur Occidental, en général, ignore l'un et l'autre ; il ignore surtout combien profondes sont les traces laissées dans les Eglises Chrétiennes par les systèmes numéraux Esotériques du monde.
Pourtant ce système des nombres résout le problème de la cosmogonie pour celui qui l'étudie, tandis que le système des figures géométriques représente objectivement les nombres.
Pour arriver à une compréhension complète du Déifique et de l'Abstrait dont jouissaient les anciens, il faut étudier l'origine des figurations représentatives de leurs Philosophes primitifs. Les Livres d'Hermès constituent les plus antiques recueils de Symbolisme numérique de l'Occultisme Occidental. Nous y trouvons que le nombre dix 185 est la Mère de l'Ame, la Vie et la Lumière étant unies en lui. En effet, ainsi que le démontre l'anagramme secret, Térouph, dans le Livre des Clefs (nombres), le nombre 1 (un) est né de l'Esprit et le nombre 10 (dix) de la Matière ; "l'unité a fait le dix, et le dix l'unité" et cela n'est, sous une autre forme, que l'axiome Panthéiste "Dieu dans la Nature et la Nature en Dieu".
185 Voyez Denarius Pythagoricus de Johannès Meursius.
La Gématria Cabaliste est arithmétique et non pas géométrique. C'est une des méthodes employées pour extraire le sens caché des lettres, des mots et des phrases. Elle consiste à appliquer aux lettres d'un mot le sens qu'elles ont comme [V 113] nombres, sous leur forme extérieure, de même que dans leur sens individuel. Ainsi que l'explique Ragon :
Le chiffre 1 a signifié l'homme vivant (un corps debout), car l'homme est le seul être vivant qui jouisse de cette faculté. En y ajoutant une tête, on eut le signe P, signifiant Paternité, pouvoir créateur ; le R signifiait l'homme en marche (le pied en avant), allant, iens, iturus 186.
Les caractères furent ainsi supplétifs à la parole, chaque lettre étant une figure qui représentait à la fois un son à l'oreille, une idée à l'intelligence ; par exemple F dont le son est tranchant, semblable au bruit de l'air traversé avec vitesse : foudre, fougue, fureur, fusée, flèche, fendre, fuir, ce sont des mots expressifs qui peignent ce qu'ils signifient 187.
186 Ragon, Maçonnerie occulte, p. 426, note.
187 Ibid., p. 432 note.
Mais ce qui précède relève d'un autre système, celui de la formation primitive et philosophique des lettres et de leurs formes glyphiques extérieures – cela ne relève pas de la Gématria. La Témoura est une autre méthode cabalistique, suivant laquelle le mystère renfermé dans tout mot était tiré de son anagramme. Ainsi nous lisons dans le Sepher Jetzirah : "Un – l'Esprit des Elohims des Vies". Dans les plus anciens diagrammes cabalistiques, les Séphiroth (le sept et le trois) sont représentés sous forme de roues ou de cercles et Adam Kadmon, l'homme primitif, sous forme d'un pilier dressé. "Les Roues et les Séraphim sont les créatures saintes" (Chioth) dit Rabbi Akiba. Dans un autre système encore de la Cabale symbolique, appelé Albath – qui range les lettres de l'alphabet par paires, sur trois rangs – tous les couples du premier rang ont la valeur numérique de dix et dans le système de Siméon Ben Shétah (un néo-platonicien Alexandrin du temps du premier Ptolémée) le premier couple porté en tête – le plus sacré de tous – est précédé du chiffre pythagoricien : un et un zéro : 10.
Tous les êtres, depuis la première émanation divine, ou "Dieu manifesté", jusqu'à l'existence atomique la plus inférieure, "ont leur nombre particulier qui distingue chacun d'eux et devient la source de leurs attributs, de leurs qualités et de leur destinée". Le hasard, ainsi que l'enseigne Cornélius Agrippa, n'est en réalité qu'une progression inconnue et le temps n'est qu'une succession de nombres. Il s'ensuit que le futur étant un composé du hasard et du temps, ceux-ci sont utilisés dans les calculs Occultes, afin de découvrir le résultat d'un événement, ou l'avenir que vous réserve votre destinée. Pythagore a dit :
Il existe entre les Dieux et les nombres un rapport mystérieux [V 114] sur lequel est basée la science de l'Arithmomancie. L'âme est un monde animé d'un mouvement qui lui est propre ; l'âme renferme en elle, l'âme est, le quaternaire, le tétraktis [le cube parfait].
Il y a des nombres heureux et malheureux, bénéfiques et maléfiques. Ainsi, tandis que le ternaire – le premier des nombres impairs (car l'Un est le parfait, classé à part dans l'Occultisme) – est la figure divine ou triangle ; la dyade fut avilie dès le début par les Pythagoriciens. Elle représentait la Matière, le principe passif et mauvais – le nombre de Mayâ, l'illusion.
Comme jadis le nombre un désignait l'harmonie, l'ordre ou le bon principe (le Dieu unique exprimé en latin par Solus, d'où vient le mot Sol, le Soleil, le Symbole de la Divinité), le nombre deux exprimait une idée contraire. Là commençait la science du bien et du mal. Tout ce qui est double, faux, opposé à l'unique réalité, était dépeint par le binaire. Il exprimait aussi les contrastes qui existent dans la Nature et qui sont toujours doubles ; la nuit et le jour, la lumière et les ténèbres, le froid et le chaud, l'humidité et la sécheresse, la santé et la maladie, l'erreur et la vérité, le mâle et la femelle, etc. Les Romains dédièrent à Pluton le second mois de l'année et affectèrent le second jour de ce mois à des cérémonies expiatoires en l'honneur des Mânes de leurs morts. Les catholiques ont la même consécration. Le Pape Jean XIX institua, en l'an 1003, la fête des Trépassés (passés au- delà) qui devait être célébrée le 2 novembre, deuxième mois de l'automne 188.
D'autre part, le triangle, figure purement géométrique, était très honoré par toutes les Nations, pour la raison suivante :
En géométrie une ligne droite ne peut représenter une figure absolument parfaite ; pas plus que ne le peuvent deux lignes droites. Par contre, trois lignes droites produisent, en se rejoignant, un triangle ou la première figure absolument parfaite. Aussi a-t-il toujours symbolisé et symbolise-t-il encore l'éternel – la première perfection. Le mot qui désigne la divinité commence, en latin comme en français, par un D, le delta grec ou triangle, A, dont les trois côtés symbolisent la trinité, ou les trois règnes, ou encore la nature divine. Au milieu se trouve le Yod hébreu, la lettre initiale de Jéhovah (voyez Dogme et Rituel, d'Eliphas Lévi, I, 154), l'esprit ou feu qui anime, principe générateur représenté par la lettre G, la lettre initiale du mot "God" des langues du Nord, dont la signification philosophique est la génération 189.
188 Tiré de la Maçonnerie Occultede Ragon, p. 427, note.
189 Résumé d'après Ragon, ibid., p. 428, note.
190 Ragon mentionne ce fait curieux qu'en allemand, les quatre premiers nombres sont dénommés d'après les éléments.
Ainsi que l'a correctement fait remarquer le fameux Franc-Macon Ragon, la Trimoûrti Hindoue est personnifiée dans le [V 115] monde des idées par la Création, la Conservation et la Destruction, ou Brahmâ, Vishnou et Shiva ; dans le monde de la matière elle est personnifiée par la Terre, l'Eau et le Feu, ou le Soleil, et symbolisée par le Lotus, fleur qui vit de la terre, de l'eau et du soleil 190. Le Lotus, consacré à Isis, avait la même signification en Egypte, tandis que dans le symbole chrétien, le Lotus, qui n'existe ni en Judée ni en Europe, fut remplacé par le Lis d'eau. Dans toutes les Eglises Grecques et Latines, dans tous les tableaux représentant l'Annonciation, l'Archange Gabriel est représenté tenant dans sa main ce symbole trinitaire et se tenant debout devant Marie, tandis qu'au-dessus du maître-autel, ou sous le dôme, l'Œil de l'Eternel est peint dans un Triangle, qui remplace le Yod hébreu, ou Dieu.
En vérité, dit Ragon, il fut un temps où les nombres et les lettres alphabétiques signifiaient plus qu'elles ne signifient aujourd'hui – la simple représentation d'un son insignifiant.
Leur rôle était plus noble. Chacune d'elles représentait par sa forme un sens complet, qui, en dehors de la signification du mot, comportait une double 191 interprétation, adaptée à une double doctrine. Aussi lorsque les Sages désiraient écrire quelque chose qui [V 116] ne devait être compris que par les savants, ils confabulaient une histoire, un songe, ou quelque autre fiction, comportant des noms d'hommes ou de localités, qui révélaient par les lettres qui les composaient le secret "Ein, ou un, signifie l'air, l'élément qui, toujours en mouvement, pénètre entièrement la matière et dont le continuel flux ou reflux constitue le véhicule universel de la vie.
"Zwei, deux, est dérivé de Zweig, qui signifie germe, fécondité ; il représente la terre, la féconde mère de tout.
"Drei, trois, n'est autre que le trienos des Grecs, qui représente l'eau, d'où les Dieux aquatiques ou Tritons et le trident l'emblème de Neptune, l'eau ou la mer, en général étant appelée Amphitrite (eau qui entoure).
"Vier, quatre, nombre qui signifie feu en langue belge... C'est dans le quaternaire que se trouve la première figure solide, le symbole universel de l'immortalité, la Pyramide"dont la première syllabe veut dire feu". Lysis et Timée de Locres prétendaient qu'il n'y avait pas un seul nom de chose qui n'eût pour racine le quaternaire... L'idée ingénieuse et mystique qui aboutit à la vénération du ternaire et du triangle était appliquée au nombre quatre et à sa figure : elle était censée exprimer un être vivant, 1, le véhicule du triangle 4, véhicule de Dieu, ou l'homme portant en lui le divin principe."
Enfin, "les Anciens représentaient le monde par le nombre cinq. Diodore l'explique en disant que ce nombre représente la terre, le feu, l'eau, l'air et l'éther ou esprit. De là l'origine de Pente (cinq) et de Pan (le Dieu) qui veut dire en Grec tout". (Comparez avec Ragon, op. cit., 427-430.) Il reste à l'Occultiste Hindou à expliquer le rapport que le mot sanscrit Pancha (cinq) a avec les éléments, car le mot grec Pente a pour racine le terme sanscrit.
191 Le système des caractères Senzar est encore plus merveilleux et difficile, puisque chaque lettre comporte plusieurs sens : un signe placé au commencement indique le véritable sens des pensées de l'auteur. Telles étaient surtout leurs créations religieuses 192.
Chaque appellation, chaque terme, avait sa raison d'être. Le nom d'une plante ou d'un minéral indiquait à l'Initié sa nature, au premier coup d'œil. Il percevait aisément l'essence de toutes choses, dès qu'elles étaient figurées par de telles lettres. Les caractères chinois ont conservé en grande partie ce caractère graphique et descriptif jusqu'à notre époque, bien que le secret du système complet soit perdu. Néanmoins, il existe, même maintenant, dans cette Nation, des gens qui sont capables d'écrire un long récit, un volume, en une seule page et les symboles qui sont expliqués historiquement, allégoriquement et astronomiquement, ont survécu jusqu'à présent.
Il existe, en outre, une langue universelle qu'emploient entre eux les Initiés et qu'un Adepte, ou même un disciple, d'une Nation quelconque, peut lire dans sa propre langue. Nous autres, Européens, au contraire, nous ne possédons qu'un seul signe graphique qui soit commun à nous tous : & (et) ; il existe une langue plus riche en termes métaphysiques qu'aucune des autres qui existent sur terre et dont tous les mots sont exprimés par des signes communs de ce genre. Ce que l'on appelle la "Litera Pythagorae", le Y grec (l'Y majuscule), si on la traçait seule dans un message, était aussi explicite que toute une page remplie de phrases, car elle constituait un symbole pour un certain nombre de choses – pour la Magie blanche et noire, par exemple 193. Supposons qu'un homme posât la question suivante à un autre : "A quelle Ecole de Magie un tel appartient-il ?" et qu'il reçût en guise de réponse la lettre tracée avec la branche droite plus épaisse que la gauche, cela voudrait dire : "A celle de la Magie droite, ou Magie divine", mais si la lettre était tracée de la façon habituelle, avec la branche gauche plus épaisse que la droite, cela signifierait le contraire, la branche droite ou la branche gauche représentant toute la biographie d'un homme. En Asie, et surtout en ce qui concerne les caractères Dévanâgarî, chaque lettre comportait plusieurs sens secrets.
On trouve dans les clefs que donne la Cabaledes interprétations du sens occulte de ces écrits apocalyptiques et ces [V 117] clefs constituent une partie de sa science la plus sacrée. Saint Jérôme nous assure qu'elles étaient connues de l'Ecole des Prophètes où elles étaient enseignées, ce qui est, en effet, très probable. Molitor, le savant Hébraïsant, dit dans son ouvrage sur la tradition, que :
Les vingt-deux lettres de l'alphabet hébreu étaient considérées comme une émanation, ou comme l'expression visible, des forces divines inhérentes au nom ineffable.
192 Ragon, op. cit., 431, note.
193 L'Y ne signifie exotériquement que les deux sentiers de la vertu ou du vice et représente aussi le nombre 150 et avec un trait au-dessus de l'Y, le nombre 150 000.
Ces lettres ont leur équivalent dans des nombres, ou sont remplacées par des nombres, de la même manière que dans les autres systèmes. Par exemple, la douzième et la sixième lettre de l'alphabet donnait dix-huit dans un nom ; les autres lettres de ce nom, additionnées, étaient toujours remplacées par le chiffre qui correspondait à la lettre alphabétique ; toutes ces lettres étaient ensuite soumises à un processus algébrique qui les transformait de nouveau en lettres, après quoi, ces dernières révélaient au chercheur "les secrets les plus cachés de la Permanence divine (l'éternité dans son immutabilité) dans le Futur".
[Une grande partie de cette Section, souvent littéralement identique, est la première partie de la Section III dans le manuscrit de 1886. Note de l'Editeur.]
[V 118]