INSTRUCTION N° 2

 

 

Une explication

 

En raison de la nature abstraite des questions qui y sont traitées, cette Instruction commencera par l'explication de certains points que la première Instruction a laissés dans l'obscurité, et de certaines déclarations en apparence contradictoires.

Les Astrologues, nombreux parmi les Esotéristes, seront probablement embarrassés par quelques déclarations en contradiction évidente avec leurs enseignements ; en outre, ceux auxquels ce sujet est complètement étranger, pourraient, peut-être, se trouver, dès le début, en butte à l'hostilité de ceux qui auraient étudié les systèmes exotériques de la Cabale et de l'Astrologie. Il ne faut jamais oublier, en effet, que rien de ce qui est imprimé ouvertement, que rien de ce que les étudiants trouvent à leur portée dans les bibliothèques publiques ou les musées, n'est réellement Esotérique ; tout cela est muni à dessein de certains "voiles" ou ne peut être compris et étudié avec profit qu'à l'aide d'un glossaire complet des termes Occultes.

Les enseignements et les explications qui suivent peuvent donc être utiles à l'étudiant, en l'aidant à formuler l'enseignement donné dans l'Instruction précédente.

Il faut observer que dans le Diagramme I, les 3, 7 et 10 centres sont répartis comme il suit :

  1. Les 3 appartiennent au monde spirituel de l'Absolu et constituent par suite les trois principes supérieurs de l'Homme.
  2. Les 7 relèvent des mondes spirituel, psychique et physique et du corps de l'homme. La physique, la métaphysique et l'hyperphysique constituent la triade qui symbolise l'homme  sur ce plan.
  3. Les 10, ou la somme totale des précédents, représentent l'Univers entier, sous tous ses aspects et aussi son Microcosme – l'Homme avec ses dix orifices.

 

Laissant de côté, pour le moment, la Décade Supérieure (Cosmos)  et la Décade Inférieure (Homme), les trois premiers nombres des sept séparés, se rapportent directement à l'Esprit, à l'Ame et à l'Enveloppe Aurique de l'être humain, en même temps qu'au monde supersensuel supérieur. Les quatre inférieurs, ou les quatre aspects, appartiennent  aussi à l'Homme, de même qu'au Cosmos Universel et le tout est synthétisé par l'Absolu. [VI 158] Si, d'accord avec le Symbolisme de toutes les Religions Orientales, l'on conçoit ces trois degrés formés d'éléments distincts, ou degrés distributifs de l'Etre, comme contenus dans un seul Œuf, le nom de cet ŒUF sera Svabhâvat ou l'ETRE UNIVERSEL sur le plan manifesté. Cet Univers n'a, en réalité, ni centre, ni périphérie ; c'est seulement dans l'esprit individuel et limité de l'homme qu'il est défini de la sorte, et c'est la conséquence naturelle des limites imposées à la pensée humaine.

Dans le Diagramme II, comme nous l'avons déjà dit, il n'y a pas lieu de tenir compte des chiffres portés dans la colonne de gauche, car ils ne se rapportent qu'aux Hiérarchies des Couleurs et des Sons sur le plan métaphysique, et ne sont nullement les nombres caractéristiques des principes humains ou des planètes. Les principes humains échappent à toute énumération, parce que chaque homme diffère de tous les autres, de même que l'on ne saurait trouver, sur toute la surface de la Terre, deux brins d'herbe absolument semblables. La numération est ici une question de progrès spirituel et a trait à la prédominance naturelle d'un principe sur un autre. Chez l'un, Bouddhi peut occuper le premier rang ; chez l'autre, sensuel et bestial, ce serait le Manas Inférieur. Chez l'un, le  corps physique, ou peut-être Prâna, le principal vital, occuperait le premier plan, le plan le plus élevé, comme ce serait le cas pour un homme d'une santé parfaite, plein de vitalité ; chez un autre il pourrait occuper le sixième et même le septième et dernier en comptant de haut en bas. Ainsi qu'on le remarquera, les couleurs et les métaux qui correspondent aux planètes et aux principes humains ne sont pas ceux que connaissent, au point de vue exotérique, les Astrologues et les Occultistes Occidentaux.

Voyons donc où le moderne Astrologue a puisé les notions qu'il possède sur la correspondance entre les planètes, les métaux et les couleurs. Cela nous fait penser aux modernes Orientalistes qui, jugeant d'après les apparences, prêtent aux anciens Akkadiens (ainsi qu'aux Chaldéens, aux Hindous et aux Egyptiens) l'opinion  grossière que l'Univers et, dans le même ordre d'idées, la Terre, ressemblent à un bol renversé affectant la forme d'une cloche ! Ils prétendent le démontrer en se basant sur des représentations symboliques jointes à des inscriptions akkadiennes, et sur les sculptures assyriennes. Ce n'est pourtant pas ici qu'il convient d'expliquer à quel point se trompent les Assyriologues, car toutes ces représentations ne sont que des symboles du Khargak-Kurra, de la Montagne du Monde, ou Mérou et ne se rapportent qu'au [VI 159] Pôle Nord, à la Terre des Dieux 223. Or, les Assyriens arrangeaient de la manière suivante leur enseignement exotérique au sujet des planètes et de leurs correspondances :

 

Nombre

Planètes

Métaux

Couleurs

Jours solaires de la semaine

1

 Saturne

 Plomb

 Noir

Samedi (d'où le Sabbat en l'honneur de Jéhovah)

 2

 Jupiter

 Etain

Blanc, mais souvent aussi Pourpre ou Orange

 Jeudi

3

Mars

Fer

Rouge

Mardi

4

Soleil

Or

Jaune d'Or

Dimanche

5

vénus

Cuivre

Vert ou Jaune

Vendredi

6

Mercure

Vif argent

Bleu

Mercredi

7

Lune

Argent

Blanc d'argent

Lundi

 

223 Voir Doctrine Secrète, Vol. III, p. 447, et Vol. I, p. 110.

Tel est l'arrangement qu'ont adopté aujourd'hui les Astrologues Chrétiens, sauf pour l'ordre dans lequel se suivent les jours de la semaine, qu'ils ont brouillé d'une façon regrettable en associant les noms planétaires solaires aux semaines lunaires, comme on l'a montré dans l'Instruction I. C'est le système ptolémaïque géocentrique, qui  représente l'Univers comme dans le diagramme que voici, dans lequel notre terre est le centre de l'Univers, et le Soleil une planète placée au quatrième rang :

[VI 160]

Et si l'on reproche journellement à la chronologie et à l'ordre des jours de la semaine des Chrétiens d'avoir une base astronomique entièrement fausse, il est grand temps d'entreprendre aussi une réforme de l'Astrologie qui en découle, et qui nous vient entièrement de la populace exotérique Chaldéenne et Assyrienne.

Toutefois, les correspondances indiquées dans ces Instructions sont purement Esotériques ; aussi en résulte-t-il que, lorsque les planètes du système solaire sont nommées ou symbolisées (comme dans le Diagramme II), il ne faut pas supposer qu'il soit fait allusion aux corps planétaires eux- mêmes, si ce n'est comme à des types représentant, sur un plan purement physique, la nature septénaire du monde psychique et du monde spirituel. Une planète matérielle ne peut correspondre qu'à quelque chose de matériel. Ainsi, en disant que Mercure correspond à l'œil droit, cela ne veut pas dire que la planète objective ait une influence quelconque sur l'organe optique de droite, mais plutôt que tous deux sont en correspondance mystiquement par l'intermédiaire de Bouddhi. L'Homme tire son Ame Spirituelle (Bouddhi) de l'essence des Mânasa Poutras, des Fils de la Sagesse, les Etres Divins (ou Anges) qui gouvernent et dirigent la planète Mercure.

Dans le même ordre d'idées, Vénus, Manas et l'œil gauche sont indiqués comme correspondant entre eux. Au point de vue exotérique, il n'y a, en réalité, aucune association de ce genre entre des yeux physiques et des planètes physiques, mais il en existe au point de vue Esotérique ; en effet, l'œil droit est "l'Œil de la Sagesse", c'est-à-dire qu'il correspond magnétiquement avec le centre occulte situé dans le cerveau et que nous appelons le "Troisième Œil" 224, tandis que l'œil gauche correspond avec le cerveau intellectuel, c'est-à-dire avec les cellules qui constituent, sur le plan physique, l'organe de la faculté pensante. C'est démontré par le triangle cabalistique de Kether, Chokmah et Binah. Chokmah et Binah, ou la Sagesse et l'Intelligence, le Père et la Mère, ou encore le Père et le Fils, sont sur le même plan et réagissent mutuellement l'un sur l'autre.

Lorsque la conscience individuelle est orientée vers l'intérieur, il se produit une union de Manas et de Bouddhi. Chez l'homme qui a atteint la régénération spirituelle, cette union est permanente ; le Manas Supérieur s'attache à Bouddhi au-delà du seuil du Dévachan, et l'Ame, ou plutôt l'Esprit, qu'il ne  faut  pas  confondre  avec  Atmâ,  le  Super-Esprit,  est [VI 161] dit alors posséder "l'Œil Unique". En d'autres termes et au point de vue ésotérique, le "Troisième Œil" est actif. Or Mercure est appelé Hermès, et Vénus, Aphrodite, de sorte que leur union dans l'homme, sur le plan psycho-physique, lui confère le nom d'Hermaphrodite ou d'Androgyne. Toutefois, l'Homme absolument Spirituel est entièrement détaché de tout sexe. L'Homme Spirituel correspond directement avec les "cercles colorés" supérieurs, le Prisme Divin qui émane de l'Unique Cercle Blanc Infini, tandis que l'homme physique émane des Séphiroth, qui sont les Voix ou les Sons de la Philosophie Orientale. Ces "Voix" sont inférieures aux "Couleurs" car ce sont les sept Séphiroth inférieures, ou Sons objectifs, qui sont vus et non entendus, comme le montre le Zohar (II, 81, 6) et même l'Ancien Testament. En effet, le verset 18 du chapitre XX de l'Exode voudrait dire, si on le traduisait convenablement : "Et le peuple vit les Voix" (ou Sons et non pas le "Tonnerre" comme l'on traduit actuellement) ; et ces Voix ou Sons sont les Séphiroth 225.

224 Voyez Doctrine Secrète, Vol. III, p. 361 et suiv.

225 Voyez La Cabbale, de Franck.

226 Genèse, II 7.

 

C'est aussi dans le même ordre d'idées que la narine droite et la narine gauche, dans lesquelles est insufflé le "Souffle de Vie" 226 sont représentées ici comme correspondant au Soleil et à la Lune, comme Brahmâ-Prâjapati et Vâch, ou Osiris et Isis, sont les père et mère de la vie naturelle. Ce quaternaire, à savoir : les deux yeux et les deux narines, Mercure et Vénus, le Soleil et la Lune, constitue ce qu'on appelle les Anges Gardiens Cabalistiques des Quatre Coins de la Terre. Il en est de même dans la Philosophie Esotérique Orientale, qui ajoute cependant que le Soleil n'est pas une planète, mais l'étoile centrale de notre système, et que la Lune est une planète morte, dépouillée de tous ses principes, tous deux étant substitués, l'un à une planète inter-Mercurielle invisible, et l'autre à une planète qui semble maintenant avoir complètement disparu de la vue. Ce sont les quatre Mâhârâjahs de la Doctrine Secrète227, les "Quatre Etres sacrés" qui se rattachent au Karma et à l'Humanité, au Cosmos et à l'Homme, sous tous leurs aspects. Ce sont : le Soleil ou son substitut Michel ; la Lune ou son substitut Gabriel ; Mercure, Raphaël ; et Vénus, Uriel. Il n'est guère nécessaire de répéter encore ici que les corps planétaires eux-mêmes n'étant que des symboles physiques, c'est rarement à eux qu'il est fait allusion dans le Système Esotérique, mais que ce sont leurs  forces  cosmiques,  psychiques,  physiques  et   spirituelles, qu'on [VI 162] symbolise en général sous ces noms. Bref, les sept planètes physiques sont les Séphiroth inférieures de la Cabaleet c'est notre triple Soleil physique, dont nous ne voyons que le reflet, qui est symbolisé, ou plutôt personnifié, par la Triade Supérieure ou Couronne Séphirothale 228.

Il est encore bon de faire remarquer que les nombres qui se rattachent aux principes psychiques dans le Diagramme I, sont l'inverse des écrits exotériques. La raison en est que, dans ce cas, les nombres sont purement arbitraires et diffèrent avec chaque école. Certaines écoles en comptent trois,  d'autres  quatre,  ou six et même sept, comme le font tous les Esotéristes Bouddhistes. Comme on l'a dit déjà 229, l'Ecole Esotérique a été divisée, depuis le XIVème siècle, en deux départements ; l'un pour les Lanous Intérieurs, ou Chélas supérieurs, l'autre pour le cercle extérieur, ou pour les Chélas laïques. Mr. Sinnett fut clairement prévenu dans les lettres qu'il reçut de l'un des Gourous, que l'on ne pouvait lui enseigner la véritable Doctrine Esotérique, donnée seulement aux  Disciples assermentés du Cercle Intérieur 230. Les nombres et les principes ne se suivent pas, en ordre régulier, comme les couches d'un oignon, et l'étudiant doit déterminer pour lui-même le nombre qui convient à chacun de ses principes, lorsque arrive pour lui le moment d'entreprendre des études pratiques. Ce qui précède fera comprendre à l'étudiant la nécessité de connaître les principes par leurs noms et par les facultés qui leur sont propres, en dehors de tout système d'énumération, ou par association avec leurs centres correspondants d'action, de couleur, de sons, etc., jusqu'à ce que ceux-ci deviennent inséparables.

227 Doctrine Secrète, Vol. I, p. 105.

228 Nous signalons, à titre de confirmation, les œuvres d'Origène qui dit que "les sept démons régnants" (les génies ou seigneurs planétaires) sont : Michel, le Soleil (semblable au lion), le second dans l'ordre le Taureau, Jupiter ou Suriel, etc., et que tous ceux-ci "les Sept de la Présence" sont les Séphiroth. L'arbre Séphirothal, c'est l'Arbre des Divines Planètes, tel que l'a décrit Porphyre, ou l'Arbre de Porphyre, comme on l'appelle généralement.

229 Doc. Sec., Vol. I, p. 106.

230 [Voir The Mahâtmâ Letters to A.P. Sinnet, p. 494.]

 

Le mode antique et familier d'énumérer les principes, qui est donné dans le Theosophist et dans le Bouddhisme Esotérique conduit à une autre contradiction qui semble de nature à rendre perplexe, bien qu'en réalité elle n'en soit pas une. Les principes portant les numéros 3 et 2, à savoir : le Linga Sharira et Prâna ou Jiva, figurent dans un ordre inverse à celui où ils sont donnés dans le Diagramme I. Un moment de réflexion suffira à faire comprendre l'apparente contradiction entre l'énumération exotérique, et l'ordre Esotérique [VI 163] donné dans le Diagramme I. Dans le Diagramme I, en effet, le Linga Sharira est décrit comme le véhicule de Prâna on Jîva, le principe vital, et comme tel il doit être nécessairement inférieur à Prâna et non supérieur, comme le ferait supposer l'énumération exotérique. Les principes ne sont pas superposés les uns aux autres et ne peuvent être, par conséquent, pris dans un ordre numérique, attendu que cet ordre dépend de la supériorité et de la prédominance de l'un ou de l'autre de ces principes, et diffère conséquemment selon chaque homme.

Le Linga Sharîra est le double ou l'anté-type protoplasmique du corps, qui est son image. C'est dans ce sens que, dans le Diagramme II, on l'appelle le parent du corps physique, c'est-à-dire sa mère, par conception de Prâna, le père. Cette idée est traduite, dans la mythologie Egyptienne, par la naissance d'Horus, l'enfant d'Osiris et d'Isis, bien que, semblable à tous les Mythes sacrés, celui-ci ait, à la fois, une triple application spirituelle et une septuple application psycho-physique. Pour clore  ce sujet, disons que Prâna, le principe vital, peut, en réalité, n'être pas numéroté, attendu qu'il pénètre tous les autres principes, ou l'être humain tout entier. Chacun des sept nombres serait donc naturellement  applicable à Prâna-Jîva, au point de vue exotérique, de même qu'il l'est au Corps Aurique au point de vue Esotérique. Ainsi que l'a montré Pythagore, le Cosmos a été produit non pas au moyen des nombres ou par les nombres, mais géométriquement, c'est-à-dire en suivant les proportions des nombres. [VI 164]

 Pour ceux qui ne sont pas familiarisés avec la nature astrologique exotérique, attribuée dans la pratique aux corps planétaires, il peut être utile de l'exposer ici, en suivant la méthode adoptée dans le Diagramme II, en tenant compte de leur action sur le corps humain, les couleurs, les métaux, etc., et d'expliquer en même temps pourquoi la véritable Philosophie Esotérique diffère des prétentions astrologiques.

 

Planètes

Jours

Métaux

Parties du Corps

Couleurs

 

Saturne

 

Samedi

 

Plomb

Oreille droite,

Genoux

et Système osseux.

Noir 231

 

Jupiter

 

Jeudi

 

Etain

Oreille gauche,

Cuisses, Pieds

et Système artériel.

Pourpre 232

 

Mars

 

Mardi

 

Fer

Front et Nez, Crâne,

Fonctions sexuelles et Système musculaire.

 

Rouge

Soleil

Dimanche

Or

Oeil droit,

Cœur et Centres vitaux.

Orange 233

 

 

Vénus

 

Vendredi

 

Cuivre

Menton et Joues,

Cou, Reins

et Système veineux

Jaune 234

 

Mercure

 

Mercredi

 

Vif-argent

Bouche, Mains, Viscères abdominaux et Système nerveux.

Gris tourterelle ou Crème 235

 

Lune

 

Lundi

 

Argent

Seins, Œil gauche, Système fluide, Salive, Lymphe, etc.

Blanc 236

 231 Au point de vue ésotérique, vert, attendu qu'il n'y a pas de noir dans le spectre.

232 Au Point de vue ésotérique, bleu clair. Comme couleur, le pourpre est un composé de rouge et de bleu ; dans l'occultisme Oriental, le bleu est l'essence spirituelle de la couleur pourpre, tandis que le rouge en est la base matérielle. En réalité, l'occultisme fait Jupiter bleu parce qu'il est fils de Saturne, qui est vert et que le bleu clair, en tant que couleur prismatique, contient une forte proportion de vert. En outre, le Corps Aurique contiendra beaucoup de la couleur du Manas Inférieur, si l'homme est un matérialiste sensuel, de même qu'il contiendra beaucoup de la nuance plus sombre si le Manas Supérieur a la prépondérance sur l'Inférieur.

233 Au point de vue ésotérique, le Soleil ne peut correspondre avec l'œil, le nez, ou tout autre organe, puisque ce n'est pas une planète, comme nous l'avons expliqué, mais une étoile centrale. Il fut adopté comme planète par les Astrologues post-chrétiens qui n'avaient jamais été initiés. En outre, la véritable couleur du Soleil est bleue, et il ne parait jaune qu'en raison de l'effet produit, par l'absorption de vapeurs (surtout métalliques) par son atmosphère. Tout est Mâyâ sur notre Terre.

234 Au point de vue ésotérique, indigo ou bleu foncé, couleur qui est le complément du jaune dans le prisme. Le jaune est une couleur simple ou primitive. Manas étant double dans sa nature – comme l'est son symbole sidéral, la planète Vénus, qui est, à la fois, l'étoile du matin et l'étoile du soir – la différence entre les principes supérieurs et inférieurs de Manas, dont l'essence dérive de la Hiérarchie qui gouverne Vénus, est indiquée par le bleu foncé et le vert. Le vert, le Manas Inférieur, ressemble à la couleur du spectre solaire qui se voit entre le jaune et le bleu foncé, le Manas Supérieur Spirituel. L'indigo est une intensification de la couleur du ciel ou firmament pour montrer la tendance ascendante de Manas vers Bouddhi, ou Ame Spirituelle céleste. Cette couleur est extraite de l'indigofera tinctoria, plante qui jouit aux Indes de hautes propriétés occultes, qui est très employée dans la Magie Blanche, et qui a des rapports occultes avec le cuivre. Cela est montré par le fait que l'indigo acquiert le brillant du cuivre, surtout lorsqu'on le frotte contre une substance dure. Une autre propriété de la teinture, c'est qu'elle n'est soluble ni dans l'eau ni même dans l'éther, car son poids est inférieur à celui de tous les liquides connus. Aucun symbole n'a jamais été adopté, en Orient, sans avoir pour base une raison logique, démontrable. C'est pourquoi les Symbologistes Orientaux ont rattaché, dès l'antiquité la plus reculée, le mental spirituel et le mental animal de l'homme, l'un au bleu foncé (indigo de Newton) ou bleu véritable ne contenant pas de vert, et l'autre au vert pur.

235 Au point de vue ésotérique, jaune, parce que la couleur du Soleil est l'orangé et que Mercure vient maintenant à la suite du Soleil, comme distance, de même que pour la couleur. La planète dont le Soleil est le substitut se trouvait encore plus rapprochée du Soleil que ne l'est actuellement Mercure, et était une des plus secrètes et des plus hautes parmi les planètes. On dit qu'elle est devenue invisible à la fin de la Troisième Race.

236 Au point de vue ésotérique, violet, en raison, peut-être, de ce que le violet est la couleur que prend un rayon de soleil lorsqu'il passe à travers une mince feuille d'argent, et aussi parce que la Lune éclaire la Terre avec une lumière empruntée au Soleil, de même que le corps humain est illuminé par des qualités empruntées à son double – l'homme aérien. De même que l'ombre astrale sert de point de départ à la série des principes de l'homme, sur le plan terrestre, jusqu'au Manas inférieur ou animal, de même le rayon violet sert de point de départ à la série des couleurs prismatiques, jusqu'au vert, tous deux étant, l'un le principe le plus réfrangible de tous et l'autre la couleur la plus réfrangible de toutes. Outre cela, le même grand mystère Occulte se rattache à toutes ces correspondances, aux corps célestes et terrestres, aux couleurs et aux sons célestes et terrestres. En termes plus clairs, il existe la même loi de relation entre la Lune et la Terre, le corps astral et le corps vivant de l'homme, qu'entre l'extrémité violette du spectre prismatique et l'indigo et le bleu. Nous en dirons davantage plus tard.

 

[VI 165]

On voit donc que l'influence du système solaire, dans l'Astrologie cabalistique exotérique, est répartie par cette méthode sur le corps humain tout entier, sur les métaux primordiaux et sur la gradation de couleurs du noir au blanc ; mais que l'Esotérisme ne reconnaît comme couleurs ni le noir ni le blanc, parce qu'il s'en tient religieusement aux sept couleurs solaires, ou naturelles, du prisme. Le noir et le blanc sont des teintes artificielles. Ils appartiennent à la Terre et ne sont perçus qu'en raison de la construction spéciale de nos organes physiques. Le blanc est l'absence de toute couleur et, par suite, ce n'est pas une couleur ; le noir est simplement l'absence de lumière et, par conséquent, c'est l'aspect négatif du blanc. Les sept couleurs prismatiques sont des émanations directes des Sept Hiérarchies d'Etres, dont chacune exerce une action directe sur l'un des principes [VI 166] humains, auquel elle se rapporte, puisque chacune de ces Hiérarchies est, en fait, la créatrice et la source du principe humain correspondant. En Occultisme, chaque couleur prismatique est appelée le "Père du Son" qui lui correspond, car le Son est le Verbe, ou le Logos, de sa Pensée-Mère. C'est pour cette raison que les sensitifs rattachent chaque couleur à un son déterminé, fait parfaitement reconnu par la Science Moderne (par exemple Human Faculty de Francis Galton). Mais le noir et le blanc sont des couleurs absolument négatives, qui n'ont pas de représentation dans le monde de l'être subjectif.

L'Astrologie cabalistique dit que la domination des corps planétaires sur l'encéphale humain est ainsi décrite : il existe sept groupes primaires de facultés, dont six fonctionnent par l'entremise du cerveau et le septième par l'entremise du cervelet. C'est parfaitement correct, au point de vue Esotérique, mais si l'on ajoute que Saturne gouverne les facultés dévotionnelles, Mercure les intellectuelles, Jupiter les sympathiques, le Soleil les maîtresses, Mars les égoïstes, Vénus les tenaces et la Lune les instincts ; nous disons que l'explication est incomplète et même de nature à induire en erreur. Tout d'abord, en effet, les planètes physiques ne peuvent exercer d'action que sur le corps physique et sur les fonctions purement physiques. Toutes les facultés mentales, émotionnelles, psychiques et spirituelles sont influencées par les propriétés Occultes de l'échelle des causes qui émanent des Hiérarchies des Souverains Spirituels des planètes et non pas par les planètes elles-mêmes. Cette échelle, telle qu'elle est donnée dans le Diagramme II, amène l'étudiant à percevoir dans l'ordre suivant :

 

  1. couleurs ;
  2. sons ;
  3. le son se matérialise et devient l'esprit des métaux, c'est-à-dire les Elémentals métalliques ;
  4. ceux-ci se matérialisent à leur tour et deviennent les métaux physiques ;
  5. l'essence radieuse, harmonique et vibratoire, passe alors dans les plantes, auxquelles elle donne la couleur et le  parfum, "propriétés" qui dépendent toutes deux du degré de vibration de cette énergie par unité de temps,
  6. des plantes elle passe dans les animaux ;
  7. et, finalement, elle atteint son point culminant dans les "principes" de l'homme.

Nous voyons ainsi l'Essence Divine de Nos Progéniteurs dans le Ciel, circuler à travers sept phases : l'Esprit devient Matière et la Matière retourne à l'Esprit. De même qu'il existe dans la Nature des sons que l'on ne peut entendre, de même il y a des couleurs qui sont invisibles, mais qu'on peut entendre. La force créatrice, poursuivant son œuvre incessante de transformation, donne naissance aux couleurs, aux [VI 167] sons et aux nombres, sous forme de taux de vibrations qui assemblent et dissocient les atomes et les molécules. Bien qu'invisible et inaudible pour nous, en détail, la synthèse du tout devient pourtant audible pour nous sur le plan matériel. C'est ce que les Chinois appellent le "Grand Ton", ou Kung. C'est, de l'aveu même de la science, la tonique réelle de la Nature, que les musiciens considèrent comme étant le Fa moyen du clavier d'un piano. Nous l'entendons distinctement dans la voix de la Nature, dans le rugissement de l'Océan, dans le son produit par le feuillage d'une grande forêt, dans le murmure lointain d'une grande ville, dans le vent, la tempête et l'orage ; bref dans tout ce qui, dans la nature, a une voix ou produit un son. Pour l'ouïe de tous ceux qui tendent l'oreille, elle atteint son point culminant dans un ton unique bien déterminé, d'une hauteur inappréciable qui représente, comme nous l'avons dit, le Fa de l'échelle diatonique. Grâce à ces détails, ce qui constitue la différence entre les nomenclatures exotérique et ésotérique deviendra évident aux yeux de l'étudiant de l'Occulte. Bref, l'Astrologie cabalistique, telle qu'elle est pratiquée en Europe, est la Science Secrète semi-ésotérique, adaptée au cercle extérieur et non pas au cercle intérieur. En outre, elle est souvent laissée incomplète et il n'est pas rare qu'elle soit déformée, afin de cacher la vérité réelle. Tandis qu'elle symbolise et adapte ses correspondances à la simple apparence des choses, la Philosophie Esotérique, qui s'occupe surtout de l'essence des choses, n'accepte que les symboles qui couvrent la totalité de la question, c'est-à-dire qui ont un sens spirituel, aussi bien qu'un sens psychique et physique. Pourtant, l'Astrologie Occidentale elle-même a accompli un excellent travail, car elle a aidé à préserver la connaissance de l'existence d'une Sagesse secrète, à travers tous les dangers du Moyen Age et de son obscur bigotisme, jusqu'à nos jours où tout danger a disparu.

L'ordre des planètes, dans la pratique exotérique, est tel qu'il est déterminé par leurs rayons géocentriques, ou par la distance qui sépare leurs diverses orbites de la Terre prise comme centre, à savoir : Saturne, Jupiter, Mars, le Soleil, Vénus, Mercure et la Lune. Les trois premières symbolisent la Triade céleste du pouvoir suprême, dans l'univers physique manifesté, ou Brahmâ, Vishnou et Shiva, tandis que nous reconnaissons, dans les quatre dernières, les symboles du quaternaire terrestre qui gouverne toutes les révolutions naturelles et physiques des saisons, des quartiers du jour, des points cardinaux et des éléments, à savoir :

 

Printemps

 Matin

Eté

 Midi

Automne

 Soir

Hiver

 Nuit [VI 168]

Jeunesse

 Feu

Adolescence

 Air

Age viril

 Eau

Vieillesse

 Terre

Est

Sud

Ouest

Nord

 

Mais la Science Esotérique ne se contente pas d'analogies sur le plan purement objectif des sens physiques, aussi est-il absolument nécessaire de faire précéder tout enseignement ultérieur dans cette direction, d'une explication bien claire du véritable sens du mot Magie.