Théorie, Méthodes et Buts
Tout ce que j'ai à dire ici fait toujours partie des remarques préliminaires.
Gardez ceci à l'esprit, je vous en prie. J'ai à coeur, néanmoins, de poser des fondements solides pour nos futures discussions sur la construction de l'antahkarana, afin que nous puissions travailler intelligemment et sans qu'intervienne la critique. Il est essentiel qu'en commençant notre travail nous le basions sur ce qui existe aujourd'hui. La nature fonctionne sans lacunes, et il en est ainsi, même lorsqu'il existe (du point de vue de la science académique) une ouverture apparente entre les faits et les espèces connues. Dans les périodes de transition, certaines formes intermédiaires ont disparu et la lacune semble être présente. Mais, en fait, il n'en est rien. Nous n'avons pas encore découvert tout ce qui est à découvrir dans le monde de l'apparence phénoménale. Nous traversons actuellement l'une des grandes périodes naturelles transitoires. Nous posons les bases en vue de l'apparition d'une nouvelle espèce d'être humain – un être plus hautement évolué au sein de la famille humaine – d'où une grande partie de notre problème, et une grande partie de notre échec à satisfaire les demandes de la race et à être à la hauteur du besoin humain de développement.
Nous avons, dans le monde, une théorie générale de l'éducation et certaines méthodes de base qui sont universellement employées. L'application des méthodes varie beaucoup selon les pays et les systèmes diffèrent considérablement. Tous, néanmoins, enseignent les mêmes données fondamentales ; ils enseignent aux enfants, dans chaque pays, à lire, à écrire et à parvenir à une mesure passable d'aptitude à se servir des chiffres, par l'enseignement de l'arithmétique élémentaire. Ces trois données sont curieusement symboliques de tout le développement évolutionnaire de la race.
La lecture consiste à revêtir les idées d'une forme et s'apparente au premier pas du processus créateur, où la Divinité, gouvernée et poussée par une idée (incarnant le dessein et le plan de Dieu), a converti cette idée en la substance désirée, et l'a revêtue de l'apparence extérieure nécessaire. L'écriture symbolise la méthode par laquelle le processus est poursuivi mais elle est naturellement beaucoup plus personnelle dans ses implications. La lecture consiste essentiellement à comprendre une idée quelconque qui est "revêtue", tandis que l'écriture, assez curieusement, concerne la relation personnelle consciente de l'individu avec les idées ; l'emploi qu'il fait des mots en écrivant donne la mesure de ce qu'il peut saisir des idées universelles. L'arithmétique (avec la faculté d'ajouter, de soustraire et de multiplier) est aussi liée au processus créateur et concerne la production, sur le plan physique, des formes qui représenteront l'idée de manière adéquate, et l'amèneront à se manifester.
On pourrait envisager la vision comme concernant les niveaux supérieurs du plan mental, où l'idée peut être sentie et vue. L'écriture a une relation plus précise avec les niveaux concrets du plan mental et avec l'aptitude de l'homme à faire passer et à exprimer les idées visualisées dans une forme qui lui soit propre. L'arithmétique a une nette relation avec les aspects ultérieurs du processus et avec l'apparition de l'idée sur le plan physique, sous quelque forme corrélative. La vision de la forme-pensée est un processus qui doit être suivi de l'appropriation, par l'idée, d'autant d'énergie qu'il en faudra pour la rendre effective ou "apparente" (en termes ésotériques). Le symbolisme de l'arithmétique est l'expression de tout cela.
Sous un angle différent, l'homme lit sa destinée dans les cieux et inscrit cette destinée dans sa vie sur terre. Il réduit, qu'il le sache ou non, l'idée de son âme à une forme nécessaire et appropriée, de sorte que chaque vie ajoute, soustrait et multiplie, jusqu'à ce que la totalité de l'expérience de chaque âme soit atteinte. Donc, symboliquement, les trois idées de base sont contenues dans l'éducation élémentaire, bien que leur véritable sens soit séparé de la réalité et que la juste signification soit complètement perdue. Néanmoins, tout ce qui émerge lentement et réellement par le moyen de l'éducation mondiale est construit sur cette charpente ignorée. Aujourd'hui, le monde de l'éducation se trouve placé devant la nécessité fondamentale de relier le processus de développement du mental humain au monde des causes et non au monde des phénomènes objectifs. Tant que le but de l'éducation ne sera pas d'orienter l'homme vers le monde intérieur des réalités, l'accent continuera à être mal placé, comme au temps présent. Tant que nous n'arriverons pas, dans nos objectifs d'éducation, à faire un pont sur l'ouverture existant entre les trois aspects inférieurs de l'homme et l'âme (pont qui doit être construit sur les niveaux mentaux de la conscience), nous progresserons peu dans la bonne direction, et toutes les activités intérimaires seront inadaptées aux besoins modernes. Tant que le fait du mental supérieur ne sera pas reconnu, et tant que le rôle que devrait jouer le mental inférieur concret, comme serviteur du mental supérieur, ne sera pas reconnu lui non plus, nous constaterons un développement excessif de la faculté de matérialisation concrète – avec son aptitude à apprendre par coeur, à relier les faits et à produire ce qui satisfera le désir inférieur de l'homme – mais nous n'aurons pas une humanité qui pourra vraiment penser. Jusqu'ici, le mental reflète l'être inférieur de désir, et n'essaie pas de connaître l'être supérieur.
Quand la méthode correcte d'instruction sera instaurée, le mental sera développé afin de devenir un réflecteur ou agent de l'âme, tellement sensibilisé au monde des vraies valeurs que la nature inférieure – émotionnelle, mentale, physique ou vitale – deviendra simplement un serviteur automatique de l'âme.
L'âme fonctionnera alors sur terre par le moyen du mental, gouvernant ainsi son instrument, le mental inférieur. En même temps, néanmoins, le mental continuera à enregistrer et à refléter toute l'information qui lui arrive du monde des sens, du corps émotionnel, et il enregistrera aussi les pensées et les idées courantes de son entourage. Actuellement, c'est hélas vrai, le mental entraîné est considéré comme la plus haute expression dont l'humanité soit capable.
L'homme est envisagé entièrement comme une personnalité, et l'on néglige complètement la possibilité qu'il existe quelque chose pouvant employer le mental, comme le mental, à son tour, emploie le cerveau physique.
L'une des choses que nous nous efforcerons de faire, lorsque nous étudierons ensemble, sera de saisir la relation du monde des causes au monde de l'expression ; nous essaierons d'étudier la technique par laquelle la conscience intégrée de l'être humain intelligent peut pénétrer et comprendre le monde de qualité qui s'exprime par le monde des causes.
Certains mots vont revenir constamment lorsque nous travaillerons et étudierons ensemble ; des mots tels que signification, qualité, valeur, qui tous se révèlent dans leur signification spirituelle vitale, lorsque l'homme apprend à saisir le fait des réalités supérieures et opère la jonction entre sa conscience inférieure et sa conscience supérieure malgré ce qui les sépare. Nous éclaircirons aussi la signification de l'activité créatrice et la juste compréhension de ce que nous appelons génie, de sorte que le travail créateur ne sera plus considéré comme unique et se manifestant sporadiquement, comme c'est le cas actuellement, mais il deviendra l'objet de l'attention entraînée et prendra sa place normale dans le développement de l'homme. On pourrait ajouter ici que l'activité créatrice, dans le domaine de l'art, devient possible quand cette énergie de jonction peut fonctionner chez l'homme, et l'âme commencer à agir, se manifestant par son aspect inférieur, le troisième. Un travail créateur peut être exécuté quand deux des "pétales de connaissance" du lotus égoïque sont déployés. L'homme peut produire, par la connaissance et l'activité créatrice, quelque chose sur le plan physique, qui exprimera le pouvoir de création de l'âme. Quand deux des "pétales d'amour" sont aussi déployés, alors un génie apparaît. Ceci est un renseignement technique destiné aux étudiants de la science de la Sagesse Immémoriale, mais il est sans valeur pour ceux qui ne reconnaissent pas le symbolisme, ni le fait de l'égo supérieur ou âme.
Il pourrait être utile ici d'éclaircir l'emploi que je fais du terme "égo supérieur". Comme vous le savez si vous avez lu le Traité sur les Sept Rayons,Vol. I et II (Psychologie ésotérique), l'âme est un aspect de l'énergie divine dans le temps et l'espace. Il nous est dit que le Logos Solaire délimita, pour Son usage et pour répondre à Son désir, une certaine quantité de la substance de l'espace, et l'informa de Sa vie et de Sa conscience. Cela, Il le fit en vue de Ses desseins généreux, et en conformité avec l'intention et le plan qu'il avait tirés de lui-même. Ainsi, Il s'imposa à lui-même certaines limites. La monade humaine adopta la même méthode et – dans le temps et l'espace – se limita de manière similaire. Sur le plan physique et dans le corps physique, cette entité phénoménale et éphémère gouverne son apparence phénoménale, au moyen des aspects de vie et de conscience. Le principe de vie – le flot d'énergie divine qui parcourt toutes les formes – a temporairement son siège dans le coeur, tandis que le principe de conscience, l'âme de toute chose, est située dans le cerveau, temporairement, et en ce qui concerne la forme de l'unité humaine particulière envisagée. Vous savez aussi que le principe de vie gouverne ce mécanisme par le moyen du courant sanguin, car "le sang c'est la vie", et utilise le coeur comme organe central, tandis que l'instrument du principe de conscience est le système nerveux, avec les extensions complexes de l'organe de la sensibilité, la moelle épinière.
L'objectif de l'éducation devrait donc être de répondre à la vie de l'âme. Le Soi supérieur ou Ame est la totalité de la conscience de la Monade, je le répète, dans le temps et l'espace. Le soi inférieur ou âme est, pour ce qui nous occupe, la partie maximum de cette totalité qu'une personne donnée, dans une vie donnée, puisse utiliser et exprimer. Cette activité dépend du type et de la qualité de la nature corporelle, mécanisme produit par l'activité de l'âme dans d'autres vies, et de l'effet de la réaction aux conditions environnantes. L'objectif de toute éducation est l'accroissement de la conscience de l'âme, l'approfondissement du flot de la conscience, le développement d'une continuité de conscience intérieure, et l'évocation des attributs et aspects de l'âme, sur le plan physique, par le moyen de son triple mécanisme.
Ces aspects sont, comme vous le savez :
1. La volonté du dessein.
Ceci devrait être développé par l'éducation jusqu'au point où la vie manifestée est gouvernée par un dessein spirituel conscient, et où la tendance de la vie est correctement orientée vers la réalité.
La juste direction de la volonté devrait être un des soucis majeurs de tous les vrais éducateurs. La volonté-de-bien, la volonté-de-beauté et la volonté-de-servir doivent être cultivées.
2. L'Amour-Sagesse.
Ceci est essentiellement le développement de la conscience du tout. Nous l'appelons conscience de groupe. Son premier développement est la conscience de soi-même qui est la compréhension par l'âme (dans les trois mondes de l'évolution humaine) que l'homme est Trois en Un, et Un en Trois. Il peut donc réagir aux groupes de vies associés qui constituent sa propre et minuscule apparence phénoménale ; la soi-conscience est donc un stade sur la voie de la conscience de groupe, et c'est la conscience de l'Immédiat.
Par l'éducation, cette soi-conscience doit être développée jusqu'à ce que l'homme s'aperçoive que sa conscience fait partie intégrante d'un plus grand tout. Il s'unit alors avec les objectifs, les activités, les intérêts du groupe. En fin de compte. ils deviennent les siens, et l'homme acquiert la conscience de groupe. Cela est l'amour. Cela conduit à la sagesse, qui est l'amour en activité manifestée. L'intérêt de soi devient l'intérêt du groupe. Tel devrait être l'objectif majeur de tout véritable effort d'éducation. L'amour de soi (conscience de soi), l'amour de ceux qui nous entourent (conscience de groupe), deviennent finalement l'amour du tout (conscience de Dieu). Telles en sont les étapes.
3. L'Intelligence active.
Ceci concerne le développement de la nature créatrice de l'homme spirituel, conscient. Il s'effectue par l'emploi correct du mental, avec sa faculté de recevoir des idées par intuition, de répondre à l'impact, d'interpréter, d'analyser et de construire des formes pour la révélation. Ainsi, l'âme de l'homme crée. Ce processus créateur peut être décrit de la façon suivante, quant à ses stades :
a. L'âme crée son corps physique, son apparence phénoménale, sa forme extérieure.
b. L'âme crée, dans le temps et l'espace, selon ses désirs. De cette manière, apparaît le monde secondaire des choses phénoménales et notre civilisation moderne est le résultat de cette activité créatrice de la nature de désir de l'âme, limitée par la forme.
Réfléchissez à ceci.
c. L'âme crée par le moyen direct du mental inférieur, d'où l'apparition du monde des symboles qui remplissent notre vie d'intérêts, de concepts, d'idées et de beauté par le truchement du mot écrit, de la parole et des arts créateurs. Ce sont les résultats de la réflexion des penseurs.
La juste direction de cette tendance déjà développée est le but de toute éducation véritable. La nature des idées, la manière d'en recevoir l'intuition, les lois qui devraient gouverner tout travail créateur sont ses buts et ses objectifs. Nous en arrivons ainsi au monde des attributs qui complètent l'activité des trois aspects, comme les trois rayons majeurs sont aidés et rehaussés par le travail des quatre rayons mineurs. Ces quatre développements d'attributs, dus à l'activité de l'âme en manifestation sont chez l'homme :
4. L'attribut de l'harmonie, réalisée par le conflit.
Ceci conduit à la libération et, en fin de compte, au pouvoir de créer. C'est l'un des attributs dont devrait traiter l'éducation, sous l'angle de l'intuition ; elle devrait le proposer à ses représentants comme objectif de la personnalité et du groupe. C'est l'attribut latent dans toutes les formes.
C'est l'impulsion ou l'insatisfaction innée qui conduit l'homme à lutter, à progresser, à évoluer, en vue de réaliser finalement l'unification et l'union avec son âme. C'est l'aspect inférieur de cette triade supérieure, spirituelle et monadique, qui se reflète dans l'âme. C'est la conscience de l'harmonie et de la beauté, qui pousse l'homme sur le sentier de l'évolution, vers un retour à sa Source d'émanation.
L'éducation doit donc utiliser cette insatisfaction et l'expliquer à ceux qui reçoivent l'enseignement, pour qu'ils puissent se comprendre euxmêmes et travailler intelligemment.
5. L'attribut de la connaissance concrète
Grâce auquel l'homme peut concrétiser ses concepts et, ainsi, construire des formes-pensées par l'intermédiaire desquelles il matérialisera ses visions et ses rêves, et donnera vie à ses idées. Cela par l'activité du mental intérieur concret. Le véritable travail de l'éducation est d'entraîner l'homme intérieur à un juste discernement et à une vraie sensibilité quant à la vision afin qu'il puisse construire en conformité avec le dessein de son âme et produire sur terre ce qui sera sa contribution au tout. C'est exactement là que le travail de l'éducation moderne doit commencer. L'homme ne peut pas encore travailler avec intelligence dans le monde des idées et des modèles ; il n'est pas encore sensible aux vraies valeurs spirituelles. Cela, c'est le but du disciple, bien que les masses ne puissent pas encore fonctionner sur ces niveaux. La première chose à faire est d'entraîner l'enfant à utiliser correctement la faculté de discernement, le pouvoir de choix et de dessein dirigé. On doit l'amener à une compréhension plus vraie du dessein sous-jacent au fait "d'être" et le conduire à agir avec sagesse dans le champ de l'activité créatrice, ce qui signifie, en dernière analyse, utiliser de façon correcte la "substance mentale", la chitta de Patanjali. C'est ainsi, et seulement ainsi, qu'il peut être libéré de la domination de sa nature intérieure.
6. L'attribut de la dévotion est le suivant à examiner.
La dévotion est le fruit de l'insatisfaction, à laquelle s'ajoute l'usage de la faculté de choix. Selon la profondeur de son mécontentement et selon son aptitude à voir clair, l'homme passe d'un état de satisfaction temporaire à un autre, manifestant à chaque fois sa dévotion à un désir, à une personnalité, à un idéal, à une vision, jusqu'à ce que finalement il s'unifie avec l'idéal le plus élevé possible pour l'homme.
C'est tout d'abord l'âme, puis la Sur-âme ou Dieu.
Il s'offre donc aux éducateurs l'occasion d'agir intelligemment vis-àvis de cet idéal inné, existant chez tout enfant. Ils ont pour tâche intéressante de conduire les jeunes d'un but déjà atteint à un autre.
Mais cela, dans l'avenir, ils devront le faire en conformité avec l'objectif ultime de l'âme et non, comme dans le passé, selon une norme particulière d'éducation nationale. Ceci est un point important, car il marquera le transfert de l'attention du non-essentiel à l'essentiel.
7. Finalement,
l'attribut de l'ordre et l'imposition d'un rythme établi par le développement de la faculté innée de fonctionner selon un dessein et un rituel dirigés. Cet attribut particulier de la divinité est maintenant hautement développé sous un de ses aspects, de sorte que nous avons aujourd'hui une grande standardisation de l'humanité, et l'imposition autocratique au public d'un rythme ritualiste dans un grand nombre de pays. Comme on peut l'observer, cela atteint la perfection dans les écoles publiques, mais c'est une perfection indésirable. C'est dû partiellement à la reconnaissance que l'unité, ou l'individu, n'est qu'une partie d'un plus grand tout (reconnaissance très nécessaire) et une partie du développement évolutionnaire de la race. Vu, néanmoins, notre application erronée de toute vérité nouvelle, cela correspond encore à submerger l'individu dans le groupe, lui laissant peu de possibilités d'exercer librement sa volonté, son intelligence, le dessein et la technique de l'âme. Les éducateurs auront à s'occuper de ce principe d'attribut inné et de l'instinct du rythme ordonné, rendant ce dernier plus créativement constructif, et fournir par lui un champ de développement aux pouvoirs de l'âme.
J'ai poussé la digression jusque-là pour instiller certaines idées de base qui devraient être sous-jacentes aux tendances de l'éducation. Ces pensées, rapprochées de celles que j'ai déjà données, constituent une déclaration des objectifs proposés aux éducateurs objectifs que vous auriez avantage à examiner. Précédemment, j'ai suggéré le but. Maintenant, je relie ce but aux possibilités, car je viens de parler des moyens (aspects et attributs) que l'on rencontre, à un quelconque stade de développement, chez tout être humain. C'est en partant de ces traits et instincts cachés que les éducateurs de l'avenir doivent travailler. Ils ne doivent pas agir, comme aujourd'hui sur l'appareil cérébral et sur les aspects inférieurs du mental ; ils ne doivent pas non plus insister sur l'effort fait pour imprimer au cerveau et au mental les prétendus faits du processus évolutionnaire et de la recherche du plan physique.
Les remarques ci-dessus vous indiqueront que le véritable éducateur devrait travailler avec les énergies, dans un monde d'énergie ; que ces énergies sont colorées et qualifiées par des attributs divins distincts ; que chaque être humain peut donc être considéré comme un agrégat d'énergies, dominé par un type particulier d'énergie qui sert à le caractériser parmi ses frères, et produit les différences entre les êtres humains. S'il est vrai qu'il y a sept types majeurs d'énergie qualifiant toutes les formes, et qu'elles sont à leur tour divisées en quarante-neuf types d'énergie caractérisée, la complexité du problème apparaît clairement. S'il est vrai que toutes ces énergies caractéristiques jouent constamment sur l'énergie-substance (esprit-matière), produisant "les myriades de formes qui constituent la forme de Dieu" (Bhagavad Gita, XI), et s'il est vrai que chaque enfant est la représentation microcosmique (à quelque stade de son développement) du macrocosme, l'ampleur du problème devient évidente ; l'étendue du service qui nous est demandé fera appel aux pouvoirs les plus élevés qu'un être humain puisse exprimer, à un moment donné dans le temps et l'espace.
Vous noterez que ces mots "temps et espace" sont revenus constamment au cours de cette instruction. Pourquoi donc ? Car il faut se souvenir constamment que nous vivons dans le monde de l'illusion, une illusion temporaire et éphémère qui, un jour, disparaîtra, emportant avec elle l'illusion de l'apparence, l'illusion du développement évolutionnaire, l'illusion de la séparation et l'illusion de l'identité distincte, cette illusion qui nous fait dire "Je suis".
L'éducateur de l'avenir commencera son service pour l'enfant par une reconnaissance de cette conception erronée de l'âme, conception éphémère et transitoire, et non par imposer, autant de connaissances organisées, relatives à l'existence phénoménale, que la mémoire de l'enfant pourra en absorber.
Comment puis-je illustrer ce changement d'attitude sous la forme la plus simple ? Peut-être en signalant que, tandis qu'aujourd'hui les parents et ceux qui s'occupent de l'enfant passent beaucoup de leur temps à répondre aux questions posées par l'enfant dont la conscience s'éveille, ou à les éviter, dans l'avenir, la situation sera renversée. Les parents répondront sans cesse aux questions posées par l'intelligence naissante de l'enfant, en demandant toujours à l'enfant : Pourquoi ? Pourquoi demander cela ? Pourquoi est-ce ainsi ? Ils rejetteront constamment sur l'enfant la responsabilité de répondre aux questions, tout en laissant, néanmoins, tomber subtilement la solution dans le mental de l'enfant.
Ce processus commencera dans la cinquième année de la vie de l'enfant ; l'éducateur obligera constamment l'intelligence qui cherche (l'enfant lui-même) à prendre une position de recherche intérieure, et non de demande extérieure d'une réponse pouvant être enregistrée par la mémoire et reposant sur l'autorité de l'adulte. Si cela vous semble encore impossible, rappelez-vous que les enfants qui seront venus en incarnation après la période de stimulation accrue, entre 1935 et 1942, répondront normalement et naturellement à cette évocation de l'élément du mental.
L'une des fonctions majeures de ceux qui entraînent le mental des enfants sera de déterminer, le plus tôt possible dans la vie, laquelle des sept énergies déterminantes domine dans chaque cas. La technique, qui sera appliquée plus tard, sera alors construite sur cette importante décision initiale, d'où, répétons le la responsabilité croissante de l'éducateur. La note et la qualité de l'enfant seront déterminées de bonne heure et tous les plans en vue de son instruction découleront de cette connaissance de base. Ceci n'est pas encore possible, mais le sera bientôt, quand on pourra découvrir scientifiquement la qualité et la nature de tout corps éthérique individuel. Cet événement n'est pas aussi lointain qu'il pourrait s'y attendre ou le supposer.
Je n'ai pas l'intention de traiter des détails de ce processus, ou de m'étendre sur les méthodes selon lesquelles les enfants pourront être instruits. Notre objectif est de traiter de la nécessité plus universelle et plus immédiate de jeter un pont sur l'ouverture séparant les différents aspects du soi inférieur, afin de faire apparaître une personnalité intégrée. Notre objectif est ensuite de jeter un pont sur l'ouverture séparant l'âme de la triade spirituelle, afin de parvenir à un libre jeu de la conscience et à une identification complète avec la Vie Une, ce qui conduit à la disparition du sentiment de séparation et à la fusion de la partie dans le Tout, sans perte d'identité, mais sans reconnaissance d'une identification personnelle.
Voici un point intéressant qui devrait être noté soigneusement. Il détient la clé du développement futur de la race. La nouvelle science de la psychologie, qui a progressé si remarquablement pendant les trente dernières années, nous y prépare. Les étudiants devraient s'entraîner à distinguer entre le sutratma et l'antahkarana, entre le fil de vie et le fil de conscience. L'un des fils est la base de l'immortalité et l'autre, la base de la continuité. Il y a là une subtile distinction pour le chercheur. L'un des fils (le sutratma) relie et vivifie toutes les formes en un tout qui fonctionne, et incarne la volonté et le dessein de l'entité qui s'exprime, qu'il s'agisse d'un homme, de Dieu, ou d'un cristal.
L'autre fil (l'antahkarana) incarne la réponse de la conscience, qui est au sein de la forme, à un champ toujours plus vaste de contacts à l'intérieur du tout environnant.
Le sutratma est le courant direct de vie, ininterrompu et immuable, que l'on peut envisager, symboliquement, comme le flot direct d'énergie vivante s'écoulant du centre vers la périphérie, de la source vers l'expressionextérieure, ou apparence phénoménale. C'est la vie. Il produit le processus individuel et le développement évolutif de toutes les formes. C'est donc le sentier de la vie qui va de la monade à la personnalité, via l'âme. C'est le fil égoïque qui est un et indivisible. Il transmet l'énergie de la vie et s'ancre finalement dans le centre du coeur humain, et dans quelque point focal central au sein de toutes les formes d'expression divine. Rien n'existe et rien ne demeure que la vie.
Le fil de conscience (antahkarana) est le résultat de l'union de la vie et de la substance, ou des énergies de base qui constituent la première différenciation dans le temps et l'espace ; cela produit quelque chose de différent. qui n'apparaît que comme la troisième manifestation divine après que l'union des dualités de base ait été faite. C'est le fil qui est tissé comme résultat de l'apparition de la vie dans la forme sur le plan physique. De plus, en termes symboliques, on pourrait dire que le sutratma agit du haut vers le bas. et qu'il est la précipitation de la vie dans la manifestation extérieure. L'antahkarana est tissé, développé et créé, comme résultat de cette création primordiale ; il agit de bas en haut, de l'extérieur vers l'intérieur, du monde des phénomènes exotériques vers le monde des réalités subjectives et des causes.
Ce "Sentier de Retour" le long duquel l'humanité se retire de l'extériorité et commence à enregistrer les connaissances intérieures conscientes de ce qui n'est pas phénoménal, a déjà atteint – par le processus évolutionnaire – un point de développement, permettant à certains êtres humains de suivre ce sentier, de la conscience physique à l'émotionnelle, de la conscience émotionnelle à la mentale. Cette partie du travail est déjà accomplie dans des milliers de cas, et ce qui est maintenant nécessaire est l'utilisation aisée et correcte de ce pouvoir.
Ce fil d'énergie, coloré par une réaction sensible consciente, l'est plus tard par le discernement conscient du mental, ce qui produit l'intégration intérieure qui fait finalement de l'homme un être pensant efficace. Au début, ce fil est utilisé purement en vue d'intérêts égoïstes à mesure que le temps passe, il progresse régulièrement en force et en puissance, jusqu'à devenir un fil robuste, clair et net, qui va directement de la vie physique extérieure, d'un point à l'intérieur du cerveau, jusqu'au mécanisme intérieur. Ce fil néanmoins n'est pas identifié avec le mécanisme, mais avec la conscience de l'homme. Grâce à ce fil, l'homme prend conscience de sa vie émotionnelle sous ses nombreuses formes (notez l'expression) et prend conscience du monde de la pensée ; il apprend à penser et commence à fonctionner consciemment sur le plan mental, où les penseurs de la race – dont le nombre croît régulièrement – ont la vie, le mouvement et l'être. De plus en plus, il apprend à fouler ce sentier de conscience et, de ce fait, cesse de s'identifier à la forme extérieure animale ; il apprend à s'identifier avec les qualités et attributs intérieurs. Il vit d'abord la vie des rêves, puis la vie de la pensée. Puis vient le moment où cet aspect intérieur de l'antahkarana est achevé, et où la première grande unité consciente est consommée. L'homme est une personnalité vivante, consciente, intégrée. Le fil de continuité entre les trois aspects intérieurs de l'homme est établi et peut être utilisé. Il s'étend, si on peut employer un tel terme (mon intention est uniquement picturale), du centre de la tête au mental qui, à son tour, est un centre d'énergie dans le monde de la pensée. En même temps, cet antahkarana s'entrelace avec le fil de vie, ou sutratma, qui vient du centre du coeur.
L'objectif de l'évolution dans la forme est alors relativement atteint.
Lorsqu'on en arrive à ce stade, la sensibilité continue à s'exercer vers l'univers environnant. L'homme tisse un fil semblable au fil que l'araignée tisse de façon si étonnante. Il va toujours plus loin dans son entourage possible, et découvre un aspect de lui-même auquel il n'avait guère songé dans les premiers stades de son développement. Il découvre l'âme et subit l'illusion de la dualité. C'est un stade nécessaire, mais non permanent. C'est celui qui caractérise l'aspirant de ce cycle mondial, peut-être devrais-je dire de ce manvantara ou de cette période mondiale. Il cherche à fusionner avec l'âme, à s'identifier, lui, personnalité consciente, avec l'âme adombrante. C'est à ce point, pour parler en termes techniques, que la vraie construction de l'antahkarana doit être entreprise. C'est le pont entre la personnalité et l'âme.
C'est cette reconnaissance qui constitue le problème de l'éducateur moderne. C'est un problème qui a toujours existé, mais jusqu'ici, il concernait davantage l'individu que le groupe. Maintenant il concerne le groupe, tant d'hommes étant prêts pour cette construction. Au cours des âges, les individus ont construit leur pont individuel entre l'être intérieur et l'être supérieur, mais le processus évolutionnaire a tellement bien réussi que le temps est venu aujourd'hui d'une compréhension de groupe de cette technique naissante, d'un pont de groupe conduisant à une subséquente révélation de groupe.
Cela offre une possibilité moderne dans le domaine de l'éducation. Cela indique la responsabilité de l'éducateur, et met en lumière la nécessité d'un développement nouveau des méthodes d'éducation. Il faut faire le nécessaire pour "l'aspirant" constitué par le groupe, et il faut construire l'antahkarana de groupe. Cela, néanmoins, lorsqu'on l'aura compris correctement, n'annulera pas l'effort individuel. Il faudra toujours y faire face ; mais la compréhension de groupe aidera de plus en plus l'individu.