Gnome

 

 

Gnome regardant passer un train par Carl Spitzweg (1808–1885).

Le gnome est une créature légendaire du folklore européen, caractérisée par une très petite taille, et une vie souterraine. Le mot « gnome » est dérivé du néo-latin gnomus. Ce terme est souvent présenté comme descendant du grec ancien gnosis « connaissance », mais pourrait plus vraisemblablement descendre de genomos « habitant souterrain ».

Au XVIe siècle, Paracelse inclut les gnomes à sa liste d’élémentaires, en tant qu’élémentaire de la terre. Il les décrit hauts de deux empans (env. 40 cm), et très taciturnes[1].

 

Paracelse et l'abbé de Villars

 
Paracelse compte sept races de créatures sans âme : les génies à forme humaine mais sans âme ni esprit (inanimata) des Éléments, les géants et les nains, les nains sur la terre. Il croit aux génies des quatre Éléments. La Terre, par génération spontanée, produit des nains qui gardent les trésors sous la montagne ; l'Eau produit les ondines ; le Feu, les salamandres ; l'Air, les elfes. Ensuite viennent les géants et les nains issus de l'air, mais qui vivent sur la terre. L'ouvrage de Paracelse a pour titre Le livre des nymphes, des sylphes, des pygmées, des salamandres et de tous les autres esprits (Liber de Nymphis, sylphis, pygmaeis et salamandris et de caeteris spiritibus), trad. de l'all., Nîmes, Lacour, 1998, 308 p. Mais sa doctrine hésite.

"Le mot inanimatum désigne six familles d'hommes sans âme... Ces hommes sans âme sont d'abord ceux des quatre familles qui habitent les quatre Éléments : les nymphes, nymphae, filles de l'eau ; les fils de la terre, lémures, qui habitent sous les montagnes ; les esprits de l'air, gnomi ; les génies du feu, vulcani. Les deux autres familles sont composées d'hommes qui sont également nés sans âme; mais qui, comme nous, respirent en dehors des Éléments. ce sont d'une part les géants et d'autre part les nains qui vivent dans l'ombre des forêts, umbragines... Il existe des êtres qui demeurent naturellement au sein d'un même Élément. Ainsi le phénix, qui se tient dans le feu comme la taupe dans ta terre. Ne soyez pas incrédules, je le prouverai ! Quant aux géants et aux nains de la forêt, ils ont notre monde pour séjour. Tous ces êtres sans âme sont produits à partir de semences qui proviennent du ciel et des Éléments, mais sans le limon de la terre... Ils viennent au monde comme les insectes formés dans la fange [par génération spontanée]." (Paracelse, La grande astronomie. Astronomia magna (1537), trad., Dervy, 2000, p. 159-160).

L'abbé Nicolas Pierre Henri de Montfaucon de Villars, dans un célèbre roman, Le comte de Gabalis ou Entretiens sur les sciences occultes (1670), admet sylphes, ondins, gnomes et salamandres.

« [...] La terre est remplie presque jusqu'au centre de Gnomes, gens de petite stature, gardiens des trésors, des minières et des pierreries. Ceux-ci sont ingénieux, amis de l'homme et faciles à commander. Ils fournissent aux enfants des Sages tous l'argent qui leur est nécessaire et ne demandent guère pour prix de leur service que la gloire d'être commandés. Les Gnomides leurs femmes sont petites, mais fort agréables, et leur costume est fort curieux... [...] »

— (p. 45-48).

Dans le folklore

 

Illustration d'un gnome.

Souvent décrit dans les contes germaniques, par exemple ceux des frères Grimm, le gnome ressemble souvent à un vieil homme ridé vivant dans un souterrain profond où il garde un trésor enterré. Pour cette raison, les banquiers suisses sont parfois désignés par le sobriquet de « gnomes de Zurich »[2].

L’archétype du gnome se retrouve dans les légendes et le folklore de nombreux pays d’Europe, sous d’autres noms, comme par exemple le vættir islandais et le kaukis prussien. Mais de nombreuses confusions surgissent car le gnome est l’une des nombreuses petites créatures surnaturelles, semblables mais subtilement différentes d’autres créatures du folklore européen, dont notamment les nains et gobelins, avec lesquels il est souvent confondu. Selon d’autres interprétations encore, les gnomes seraient des nains, laids, difformes, malicieux et méchants ou bien ils appartiendraient à la catégorie des génies qui, selon la Kabbale, détiendraient sous terre des trésors de pierres et métaux précieux[3].

Symbolique

Les gnomes sont étroitement liés à l'alchimie et annoncent « un nouvel homme réconcilié avec la nature et la connaissance de la nature », celui « qui est changé dans l'or véritable » et « qui a trouvé le soufre véritable qu'il avait oublié dans ses premières opérations »[4].

Vision moderne

Chez Tolkien

Dans ses écrits, J. R. R. Tolkien employa pendant quelque temps le terme de « gnome » pour parler des Ñoldor, groupe d’Elfes réputés être les plus savants de tous, en référence au terme grec gnome qui signifie « pensée, intelligence ». Il y renonça par la suite, du fait de l’association du mot aux petites créatures du folklore[5].

Chez C. S. Lewis

Dans la saga Le Monde de Narnia de C. S. Lewis, dans Le Fauteuil d'argent, les gnomes sont les habitants du Monde Souterrain.

Jeu de rôle

Ils apparaissent dans plusieurs jeux de rôle médiévaux-fantastiques. Dans Donjons et Dragons, ils sont décrits comme « des personnes appréciés de tous pour leurs talents en alchimie, ingénierie et inventeur ». De plus, ils sont connus pour leur humour et leur curiosité. Les gnomes mesurent entre 90 et 120 cm de haut et pèsent à peine plus de 20 kilogrammes. Leur peau est généralement très bronzée, pouvant même aller jusqu’à la couleur de l’écorce. Leurs cheveux sont généralement blonds et leurs yeux présentent tous les dégradés de bleu.

Notes et références

 (en) C. S. Lewis, The Discarded Image, p. 135 ISBN 0-521-47735-2

  1.  L’expression péjorative Gnomes of Zürich a été lancée le 12 novembre 1956 par Harold Wilson du parti travailliste britannique, leader de l’opposition, quand il accusa les banquiers suisses de dévaluer la monnaie par spéculation. Voir (en)Gnomes of Zürich

  2.  Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, Dictionnaire des symboles, mythes, rêves, coutumes, gestes, formes figures, couleurs, nombres, éditions Bouquins Laffont-Jupiter, 1983, p. 480.

  3.  germain Beauchamp, Le livre de l'influence, p. 13

  4.  J. R. R. Tolkien, Lettres, no 239, p. 317–318.

  • Paracelse, Le livre des nymphes, des sylphes, des pygmées, des salamandres et de tous les autres esprits (Liber de Nymphis, sylphis, pygmaeis et salamandris et de caeteris spiritibus), trad. de l'all., Nîmes, Lacour, 1998, 308 p.

  • Nicolas Pierre Henri de Montfaucon de Villars, Le comte de Gabalis (1670)

  • Pierre Dubois (ill. Roland Sabatier et Claudine Sabatier), La Grande Encyclopédie des lutins [détail des éditions], p. 24–25.

  • J. R. R. Tolkien, Christopher Tolkien et Humphrey Carpenter (trad. Delphine Martin et Vincent Ferré), Lettres [« Letters of J.R.R. Tolkien »] [détail des éditions] .

  • Édouard Brasey, Nains et Gnomes, Éditions Le Pré aux clercs, 16 septembre 1999 (ISBN 9782857045922).