KUATSU
Kuatsu est un terme japonais qui désigne des techniques de réanimation (ua : vie ; tsu : technique; donc technique de vie, retour à la vie, réanimation) spécifiques à la tradition extrême-orientale et principalement employées dans les arts martiaux.
Les kuatsu sont utilisés lors des accidents qui surviennent pendant la pratique des arts de combat comme le judo, l'aïkido, le karaté, le kendo, etc., mais leur efficacité thérapeutique dépasse largement ce cadre.
Au japon, les techniques de kuatsu ont été gardées secrètes jusqu'à une époque récente; aussi est-il difficile de retracer leur historique. Un des plus anciens ouvrages qui traite de ces techniques est le Koreijai Kyuho ( Traité des soins
d' urgence) qui date de la fin du XVllle 'siècle .
Il y a cependant tout lieu de croire que l'utilisation des Kuatsu remonte à une époque bien plus lointaine.
En Occident, ils sont malheureusement encore peu connus des milieux médicaux malgré les efforts de quelques pionniers comme Eric de Winter, qui est médecin et judoka, qui a publié deux ouvrages en langue française sur ce sujet .
Les kuatsu diffèrent des techniques de réanimation qui visent à maintenir un individu en état de survie à l'aide de divers procédés instrumentaux. En effet, par de simples techniques manuelles, les kuatsu permettent de lever certains états syncopaux de mort apparente en remettant en marche le système respiratoire ou cardiaque. D'ailleurs, dans la tradition des arts martiaux, la cérémonie d'initiation aux kuatsu commençait par la mise en syncope du nouvel admis à l'aide d'une technique de strangulation. Le sujet était alors "ressuscité" grâce à un Kuatsu approprié.
Dans son ouvrage, Kuatsu de réanimation. E. de Winter définit ainsi les caractéristiques générales des kuatsu : « Les kuatsu se caractérisent essentiellement comme des techniques manuelles, ou plus » généralement non instrumentales, associant des manoeuvres » abdomino-thoraciques à des percussions de zones privilégiées... »
Les applications d'un même principe d'action peuvent différer selon les modalités d'application, sur le sujet allongé sur le dos » ou sur le ventre ou encore redressé en position assise; selon l'intensité et le type de l'action caractérisant la technique de » kuatsu; selon les moyens auxiliaires mis en oeuvre.
C'est dire que les variantes sont nombreuses, permettant à chacun de s'adapter en fonction de sa morphologie et de celle de la victime, et selon la forme même de la syncope à traiter. Les descriptions par techniques sont donc formelles. Toutes les » nuances peuvent être proposées. »
A titre d'exemple, nous exposons ici deux techniques de kuatsu qui mettent en évidence leurs principes d'action :
Kuatsu ventral majeur -Tanden so kuatsu (tanden : ventre).
Ce kuatsu consiste essentiellement en une action au niveau du hara, cette partie de l'abdomen située entre le nombril et le pubis, considérée comme le centre vital de l'être humain.
Le sujet en syncope est allongé sur le dos, les bras en croix. Après s'être concentré quelques instants en s'agenouillant au pied de la victime, le sauveteur presse la masse abdominale en commençant au niveau du pubis. Il opère un glissement progressif vers les côtes en refoulant de bas en haut les viscères abdominaux sous le thorax; le diaphragme se trouve alors en position d'expiration forcée.
Le dernier temps de la manoeuvre est le moment le plus important. Après avoir concentré toute son énergie dans son action, le sauveur arrive au point où ses doigts compressent les dernières côtes tandis que les talons de ses mains s'insèrent dans le creux que forment celles-ci au niveau, du plexus solaire. Il relâche alors subitement sa pression. Cette action s'accompagne normalement d'une sorte de cri spontané (le Kiai) et d'un saut final où le sauveteur se retrouve à la tête de son patient.
La maîtrise de la respiration, liée à la concentration mentale, pendant tout le déroulement de l'acte, est fondamentale.
Le sauveteur inspire profondément avant de commencer sa pression, il exécute sa manoeuvre en inspiration maximale bloquée. Au moment du relâchement, il expire rapidement, profondément et complètement; c'est l'expiration qui provoque le cri.
Le kuatsu décrit a une triple action, au niveau de l’énergie par l’intermédiaire du diaphragme, et aussi au niveau du cœur par un massage indirect.
Kuatsu avec percussion dorsales Seoie kuatsu (seoie : dos).
Cette technique est utilisée pour des syncopes légères. Le sujet est allongé sur le ventre avec les bras en croix. Les percussions s’effectuent sur la zone médio-thoracique. Celle-ci correspond à une région entourant la sixième vertèbre saillante à la base du cou (apophyse épineuse C7).
On place le bout du majeur à cet endroit, la zone considérée se trouve environ au milieu de la paume de la main (à corriger suivant la grandeur du sujet). Vous pouvez aussi compter les vertèbres très facilement (7 vertèbres à partir de C7).
Le sauveteur s’agenouille à coté de la victime (sur le coté gauche si l’on est droitier). Il percute la région indiquée en rebond avec le poing fermé en gardant l’avant bras parallèle à la colonne vertébral, le coude presque au niveau des fesses.
Si la syncope est légère, quelques coups rapprochés permettent de lever l’inhibition de l’appareil cardio-respiratoire.