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Catégorie : MEDITATION
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Vaut-il mieux aimer en suivant la voie du milieu, ou vivre intensément les pôles opposés, l'amour et la haine ?
« Vous avez dit que la psychologie moderne affirme maintenant qu'il vaut mieux ne pas éviter la discussion dans une relation amoureuse et que le fait de s'y engager rend l'amour plus intense. Puis, vous avez parlé de la voie de Bouddha, la voie du milieu qui exclut les extrêmes. Pour ceux qui n'ont pas encore atteint l'amour qui existe au-delà de la polarisation, quelle voie vaut-il mieux suivre ? »
Eclaircissons quelques points fondamentaux. D'abord, l'amour par le mental est forcément un mouvement entre deux extrêmes, l'amour et la haine. Le mental n'échappe pas à la dualité. Si vous aimez quelqu'un avec votre mental, vous ne pourrez pas échapper à l'autre pôle. Vous pouvez le cacher, le réprimer ou l'oublier. C'est ce que font les gens qui se disent « civilisés ». Et c'est ainsi qu'ils deviennent de plus en plus insensibles, comme morts.
Si vous ne pouvez pas vous battre avec la personne que vous aimez, si vous ne pouvez pas vous mettre en colère, alors, l'authenticité de l'amour est perdue. Si vous réprimez votre colère, cette colère réprimée deviendra partie intégrante de vous, et elle vous empêchera de vous laisser aller totalement à votre amour. Elle sera toujours là.
Si vous n'êtes pas authentique dans votre colère, vous ne pouvez pas être authentique dans votre amour. C'est ainsi, en refusant l'authenticité de la haine, que la « civilisation », la « culture », a contribué à faire périr l'amour AU NOM DE L'AMOUR !
Cela semble logique: quand on aime, on ne hait pas. Il faut donc supprimer la haine. Mais quand on supprime la haine, l'amour devient impuissant. C'est comme si l'on coupait la jambe d'un homme et qu'on lui disait, « maintenant, marche ! Maintenant tu es libre de courir! »
L'amour et la haine sont les deux pôles d'un même phénomène. Si vous supprimez la haine, vous rendez l'amour impuissant, vous le faites mourir. Vous avez, alors, peur de vous laisser aller, même dans l'amour, parce que vous avez peur que la colère, la violence, la haine réprimées explosent soudainement. Il vous faut combattre cette haine perpétuellement. Vous ne pouvez plus être naturel, spontané. Vous faites alors semblant d'aimer. Et tout le monde sait, vous savez, votre femme sait, que vous faites semblant. Et vous savez aussi que votre femme fait semblant. La vie toute entière devient ainsi une comédie absurde.
Pour aller au-delà du mental, il faut entrer en méditation puis, atteindre le palier où le mental n'existe plus. Alors, vous connaîtrez l'amour qui ne possède pas de pôle opposé. Cet amour est dénué d'excitation, de passion. Il baigne dans le silence; c'est une paix profonde, sereine, comme un lac tranquille que pas une ride n'agite. L'amour d'un Jésus, l'amour d'un Bouddha sont dénués d'excitation, de fièvre, parce qu'ils sont au-delà de la polarité. C'est la polarité qui crée les tensions. Leur amour est un phénomène silencieux et seuls ceux qui ont atteint l'état de non-pensée peuvent le comprendre.
Un jour, lors d'une promenade, Jésus s'assit à l'ombre d'un arbre pour se reposer. Il ne savait pas que cet arbre faisait partie du jardin de Marie-Madeleine, une prostituée.
Cette dernière, regardant par la fenêtre, aperçut ce beau jeune homme c'était l'un des plus beaux hommes qu'on ait jamais vus. Elle fut séduite aussitôt et sortant précipitamment de la maison, elle alla dire à Jésus, « Pourquoi te reposes-tu ici ? Entre donc chez moi. Tu es le bienvenu. » Jésus vit dans ses yeux la passion, l'amour ce qu'on a coutume d'appeler l'amour, et il lui répondit, « la prochaine fois que je passerai devant chez toi et que je serai fatigué, j'entrerai dans ta maison. Mais aujourd'hui, j'ai fini de me reposer, je suis prêt à reprendre ma marche. Je te remercie. »
Marie-Madeleine se sentit insultée. Elle qui n'avait jamais invité un homme à entrer dans sa maison, elle qu'on venait voir de si loin, elle qui attirait même les rois, se voyait éconduite par ce mendiant. Car Jésus était un mendiant, un vagabond, un « hippy » en quelque sorte. Elle dit à Jésus: « Ne sens tu pas mon amour ? Ne me rejette pas. Tu n'as donc pas d'amour dans ton cœur ? »
Jésus lui répondit, « je t'aime, moi aussi -en vérité, je t'aime plus que tous ceux qui prétendent t'aimer. En vérité, moi seul peux t'aimer. » Et il avait raison. Mais cet amour est d'une qualité différente. Il n'a pas de pôle opposé; il est donc dépourvu de tension, d'excitation. L'amour de Jésus n'est pas une relation entre deux êtres, c'est un état.
Allez au-delà du mental. Votre amour n'aura pas d'opposé ; parce qu'au-delà du mental, il n'y a plus d'opposition, tout est un. Mais si vous n'êtes pas encore au-delà du mental, il vaut mieux être authentique que faire semblant.
Alors, soyez authentique quand vous ressentez de la colère envers votre bien-aimé. Soyez authentique dans votre colère, ne la réprimez pas. Ainsi quand l'amour viendra, quand le mental basculera à l'autre extrême, c'est un not spontané qui vous emportera. Il est dans la dynamique du mental de passer d'un pôle à l'autre. Alors, soyez authentique dans votre colère, vous serez authentique aussi dans votre amour.
Si vous êtes vraiment authentique, vous vous lasserez de cette absurdité, vous vous lasserez de passer d'un extrême à l'autre. Mais si vous faites semblant, vous ne parviendrez jamais à la lassitude.
Celui qui réprime ses sentiments ne peut pas prendre conscience qu'il est partagé entre deux pôles. Il n'est jamais vraiment en colère, il n'est jamais vraiment amoureux, il n'a pas de véritables expériences. Alors, soyez authentique. SOYEZ REEL ! L'authenticité possède sa propre beauté. Votre aimé ou aimée comprendra votre colère, si elle est authentique. C'est la comédie que l'on ne pardonne pas. Soyez sincère, soyez authentique dans vos actes et votre amour sera authentique. Vous vous lasserez alors de ce perpétuel mouvement de pendule. Et vous vous déciderez à aller au-delà du mental, au-delà de la polarité.
Soyez un homme authentique, soyez une femme authentique. Ne jouez pas la comédie, ne faites pas semblant. Soyez réel et endurez la réalité. La souffrance est un apprentissage une discipline. Endurez-la. Endurez la colère, l'amour, la haine. Mais ne faites jamais semblant. Si vous ne ressentez pas d'amour, alors dites-le. N'essayez pas de faire semblant d'aimer. Si vous êtes en colère, soyez en colère.
Il vous faudra endurer la souffrance, mais c'est grâce à cette souffrance que vous pourrez prendre conscience de l'absurdité de l'amour et de la haine, prendre conscience du cercle vicieux dans lequel vous êtes enfermé.
N'essayez pas d'échapper à la souffrance. La véritable souffrance brûlera tout ce qu'il y a de faux en vous pour laisser intact tout ce qu'il y a de réel. C'est ce que les existentialistes appellent l'authenticité. Soyez authentique, et vous ne vivrez plus dans le mental. Soyez authentique, et vous abolirez le mental.
Comment pourrait-on se lasser de la dualité si on ne la vit pas sincèrement ? Soyez authentique, et vous comprendrez que ce qu'on appelle l'amour, l'amour du mental n'est qu'une maladie pernicieuse.
Avez-vous remarqué que lorsqu'on aime, on ne peut pas dormir, on se sent fiévreux, comme si l'on était malade ? Ce genre d'amour est une véritable maladie. Mais elle occupe la vie. Sans elle, on se sent vide, creux, inutile. Alors, on préfère continuer à aimer de cette manière.
Le mental lui-même est une maladie pernicieuse .Qui infecte tout ce qu'elle touche. Il faut aller au-delà du mental pour que la dualité cesse d'exister, pour que vous soyez un, pour qu'un amour différent puisse fleurir.
Que Jésus l'appelle amour, que Bouddha l'appelle compassion, c'est le même amour; celui qui n'a pas de terme opposé. Pour atteindre cet amour, il faut aller au-delà de ce que vous appelez amour, il faut être authentique.
Dans la haine, dans l'amour, dans la colère, dans toutes choses, soyez authentique, réel, car seule la réalité peut être transcendée.