ISIS DEVOILEE

UN RESUME EN DIX POINTS

 

 [66] NOTE

 

Il  semblerait  que  Madame  Blavatsky  avait  constamment  à l'esprit, alors qu'elle préparait sa première œuvre majeure pour la publication, le besoin de démontrer au lecteur instruit de son époque que ce qu'elle devait dire n'était en réalité ' pas une doctrine nouvelle à l'attention du monde'. Chaque chapitre d'Isis Dévoilée est introduit par un choix d'extraits venant de sources respectées, anciennes et contemporaines, qui démontre que ni les manières de penser exposées, ni les informations fournies par elle n'étaient sans précédent. Le chapitre final est précédé par  plusieurs citations semblables, dont une est donnée ici. Le chapitre commence par une tentative de résumer les traits principaux de la philosophie orientale telle qu'elle est présentée dans les deux volumes d'Isis. Cependant, comme il est mentionné plus haut, Madame Blavatsky faisait à cette époque des expériences avec la quantité de matériel à sa disposition et essayait de trouver comment le donner au monde. Par conséquent, il n'y a pas de tamisage des principes fondamentaux des détails secondaires et de l'illustration. Le contraste entre cette première tentative de résumé numéroté et les dernières affirmations dans La Doctrine Secrète est significatif de son propre développement à la fois comme élève et comme instructeur. [67]

 

ISIS DEVOILEE : UN RESUME EN DIX POINTS

 

"Le problème de la vie c'est l'homme. La Magie, ou plutôt la Sagesse, est la connaissance évoluée des pouvoirs de l'être intime de l'homme ; ces forces sont des émanations Divines, de même que l'intuition est la perception de leur origine, et l'initiation est notre introduction à cette connaissance... Nous débutons par l'instinct : le point final est l'OMNISCIENCE."

 A.    Wilder.

 

Ce serait une grave erreur de jugement de notre part si nous nous imaginions que d'autres que des métaphysiciens, ou des mystiques de quelque sorte nous aient suivi jusqu'ici. S'il en était autrement nous leur donnerions certainement le conseil de ne pas prendre la peine de lire ce chapitre ; car, bien que nous n'avancions rien qui ne soit strictement vrai, ils ne manqueraient pas de considérer le moins merveilleux de ces récits comme tout à fait faux, malgré les preuves du contraire.

Pour comprendre les principes de la loi naturelle mise en action dans les différents phénomènes ci-après décrits, il faut que le lecteur se rappelle les propositions fondamentales de la philosophie orientale, que nous avons successivement mises en lumière. Récapitulons-les succinctement :

  1. Il n'y a pas de miracle. Tout ce qui a lieu est le résultat de la loi – loi éternelle, immuable, toujours active. Un miracle apparent n'est que l'opération de forces antagonistes à ce que le Dr. W. B. Carpenter, F.R.S. – homme de grand savoir, mais de peu de connaissances – appelle "les lois bien connues de la nature". Comme beaucoup de ses collègues, le Dr. Carpenter ignore le fait qu'il peut y avoir des lois qui étaient anciennement "connues", que la science ignore maintenant.
  2. La Nature est triple : il y a une nature objective et visible ; une autre invisible, intime et fournissant l'énergie, modèle exact de l'autre et son principe vital ; et, au-dessus [68] de ces deux, l'esprit, source de toutes les forces, seul éternel et indestructible. Les deux inférieures changent constamment ; la troisième supérieure ne change jamais.
  3. L'Homme aussi est triple : il a un corps objectif et physique ; son corps astral vitalisateur (ou l'âme), est l'homme véritable ; ces deux sont adombrés et illuminés par le troisième, le souverain, l'esprit immortel. Lorsque l'homme véritable réussit à se fondre en ce dernier, il devient une entité immortelle.
  4. La Magie en tant que science, est la connaissance de ces principes, et de la manière dont l'omniscience et l'omnipotence de l'esprit et son contrôle sur les forces de la nature peuvent être acquises par l'individu tandis qu'il réside encore dans le corps. En tant qu'art, la Magie est  l'application pratique de cette connaissance.
  5. Les connaissances secrètes mal employées constituent la sorcellerie ; utilisées pour le bien elles sont la véritable magie ou SAGESSE.
  6. La médiumnité est l'opposé de l'état d'adepte ; le médium est l'instrument passif d'influences étrangères ; l'adepte exerce un contrôle actif sur lui-même et sur tous les pouvoirs inférieurs.
  7. Toutes les choses qui ont été, qui sont, ou qui seront ayant été enregistrées dans la lumière astrale, ou archives de l'univers invisible, l'adepte initié, faisant usage de la vision de son propre esprit, est capable de savoir tout ce qui a été su, ou ce qui peut l'être.
  8. Les races humaines diffèrent aussi bien dans la couleur que dans les dons spirituels, en stature ou en toute autre qualité extérieure ; la clairvoyance prévaut naturellement chez certains peuples ; chez d'autres c'est la médiumnité. D'aucuns sont adonnés à la sorcellerie et transmettent de génération en génération ses pratiques secrètes, le résultat étant un ensemble plus ou moins étendu de phénomènes psychiques. [69]
  9. Une des phases de l'habileté magique est le retrait volontaire et conscient de l'homme interne (la forme astrale) hors de l'homme extérieur (le corps physique). Ce retrait a lieu dans le cas de certains médiums, mais il est inconscient et involontaire. Chez ceux-ci le corps est à ce moment plus ou moins en état cataleptique ; mais chez l'adepte l'absence de la forme astrale  ne se remarque pas, car les sens physiques sont éveillés et l'individu paraît seulement être en état de profonde abstraction – "une profonde rêverie", s'il est permis de parler ainsi.

 

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La pierre d'angle de la MAGIE est la connaissance intime et pratique du magnétisme et de l'électricité, leurs qualités, leurs corrélations et leurs potentialités. II est surtout nécessaire de se familiariser avec leurs effets dans et sur le règne animal et l'homme. Il existe des propriétés occultes dans beaucoup d'autres minéraux, aussi étranges que celles de l'aimant, que tous ceux qui pratiquent la magie doivent connaître, et au sujet desquelles la prétendue science exacte est complètement ignorante. Les plantes ont de même, à un degré fort merveilleux, des propriétés mystiques, et les secrets des herbes pour les songes et les enchantements ne sont perdus que pour la science européenne et, inutile de le dire, lui sont inconnus sauf dans de rares cas bien précis, comme par exemple pour l'opium et le hachich. Et cependant l'effet physique de ceux-ci même, sur le système humain, est considéré comme une preuve d'un désordre mental temporaire. Les femmes de Thessalie et d'Epire, les hiérophantes féminins des rites sabaziens, n'emportèrent point leurs  secrets avec la chute de leurs sanctuaires. Ils sont encore préservés aujourd'hui et ceux qui connaissent la nature du Soma connaissent également les propriétés d'autres plantes.

Pour résumer en quelques mots, la MAGIE est  la SAGESSE spirituelle ; la nature est l'alliée matérielle, l'élève et la servante du magicien. Un principe vital commun pénètre toute chose, et ce principe peut être contrôlé par la [70] volonté développée de l'homme. L'adepte peut stimuler les mouvements des forces naturelles dans les plantes et les animaux, à un degré extraordinaire. Ces expériences ne sont pas des violations de la nature, mais des accélérations ; il ne fait que favoriser les conditions d'une action vitale plus intense.

L'adepte peut contrôler les sensations et altérer les conditions des corps physiques et astrals d'autres personnes non adeptes ; il peut également gouverner et employer à son gré les esprits des éléments. Il ne peut exercer aucun contrôle sur l'esprit immortel de n'importe quel être humain, mort ou vivant, car tous ces esprits sont, au même degré, des étincelles de l'Essence Divine, et ne sont sujets à aucune domination étrangère.

 

Isis Dévoilée, IV 263-266.