Des "Voiles" Exotériques et de "la Mort de l'Ame"

 

Comme corollaire à ce qui vient d'être dit, et avant d'aborder des enseignements encore plus abstraits, je dois m'acquitter d'une promesse déjà faite. Je dois expliquer, par des données que vous connaissez déjà, la terrible doctrine de l'annihilation personnelle. Bannissez de votre esprit tout ce que vous avez lu jusqu'à présent dans les ouvrages tels que le Bouddhisme Esotérique, et que vous avez cru comprendre, abandonnez des hypothèses comme celles de la huitième sphère et de la lune et comme celle qui donne un ancêtre commun à l'homme et au singe. Les détails mêmes que j'ai parfois donnés dans le Theosophist et dans Lucifer ne ressemblaient en rien à la vérité entière ; ce n'étaient que des idées générales dont l'étude était à peine esquissée. Certains passages, surtout mes notes marginales sur des articles traduits [VI 217] des Lettres sur la Magie 285, d'Eliphas Levi, contiennent cependant des aperçus.

Néanmoins, l'immortalité personnelle est conditionnelle, car il existe des "hommes sans âmes", fait dont il est simplement fait mention, bien qu'il en soit question, même dans Isis Dévoilée 286, et il y a un Avîtchi, appelé avec raison Enfer, bien qu'il n'ait aucun rapport, ni aucune ressemblance avec le bon Enfer Chrétien, ni géographiquement ni psychiquement. La vérité, connue de tous temps des Occultistes et des Adeptes, ne pouvait être livrée à un public mêlé ; aussi, bien que presque tous les mystères de la philosophie occulte se trouvent, à demi voilés, dans Isis et dans les autres volumes du présent ouvrage, je n'avais pas le droit d'amplifier ou de corriger les détails donnés par d'autres. Vous pouvez maintenant comparer ces volumes et des ouvrages comme le Bouddhisme Esotérique, avec les diagrammes et les explications que renferment les Instructions, et voir par vous-mêmes.

 285 Voyez "Stray Thoughts on Death and Satan", dans le Theosophist, vol. III, N° 1 et aussi "Fragments of Occult Truth", volumes III et IV.

286 Volume IV, p. 28.

 

Vous pouvez voir Paramâtmâ, le Soleil Spirituel, en dehors de l'Œuf Aurique humain, de même qu'il est en dehors de l'Œuf Macrocosmique ou Œuf de Brahmâ. Pourquoi ? Parce que, bien que toutes les particules et tous les atomes soient, pour ainsi dire, cimentés par cette essence Paramâtmique et imprégnés d'elle, il est erroné de l'appeler un Principe "humain" ou même un Principe "universel", car l'emploi de ce terme ne pourrait donner naissance qu'à une fausse idée du concept philosophique et purement métaphysique ; ce n'est pas un Principe, mais bien la cause de tous les Principes, et ce dernier terme n'est employé par les Occultistes que pour désigner son ombre – l'Esprit Universel qui anime le Cosmos illimité, que ce soit dans l'Espace et le Temps, ou au-delà.

Bouddhi sert de véhicule à cette ombre Paramâtmique. Ce Bouddhi est universel, comme l'est aussi l'Atmâ humain. Dans l'intérieur de l'Œuf Aurique se trouve le pentacle macrocosmique de la VIE, Prâna, qui renferme en lui le pentagramme qui représente l'homme. On doit représenter le pentacle universel avec sa pointe tournée vers le haut, signe de la Magie Blanche – dans le pentacle humain, ce sont les membres inférieurs qui sont tournés vers le haut, formant ce que les Cabalistes Chrétiens appellent les "Cornes de Satan". C'est là le symbole de la Matière, de l'homme personnel et le pentacle reconnu du Magicien Noir. En effet, ce pentacle renversé ne représente pas seulement Kâma, le cinquième [VI 218] Principe au point de vue exotérique, mais il représente aussi l'homme physique, l'animal de chair avec ses désirs et ses passions.

Or, remarquez bien, afin de comprendre ce qui suit, que Manas peut être représenté comme un triangle supérieur rattaché au Manas inférieur, par une mince ligne qui les relie entre eux. C'est l'Antahkarana, le sentier ou le pont de communication qui sert de lien entre l'être personnel, dont le cerveau physique est sous l'empire du mental inférieur animal, et l'Individualité qui se réincarne, l'Ego spirituel, Manas, Manou, "l'Homme Divin". C'est donc ce Manou pensant qui, seul, se réincarne. A vrai dire dans la nature, les deux Mentals, le spirituel et le physique ou animal, ne font qu'un, mais se séparent lors de la réincarnation. En effet, tandis que la portion du Divin, qui sert à animer la personnalité, se  sépare consciemment de l'Ego 287  Divin, comme une ombre dense mais pure, et se fixe dans le cerveau et les sens 288 du fœtus à la fin du septième mois, le Manas Supérieur ne s'unit pas à l'enfant avant la fin des sept premières années de sa vie. Cette essence détachée, ou plutôt le reflet ou ombre du Manas Supérieur, devient, à mesure que l'enfant grandit, un Principe pensant distinct dans l'homme, dont l'agent principal est le cerveau physique. Rien d'étonnant à ce que les Matérialistes, qui ne voient que cette "âme rationnelle", ou mental, se refusent à la séparer du cerveau et de la matière. Mais la Philosophie Occulte a développé, depuis des siècles, [VI 219] le problème du mental et découvert le dualisme de Manas. Voyez l'Ego Divin dont la pointe tend vers le haut, vers Bouddhi, et l'Ego humain gravitant vers le bas, immergé dans la Matière et rattaché uniquement par Antahkarana à la moitié supérieure et subjective de lui-même. Comme son étymologie le suggère, ce dernier est, durant la vie, le seul trait d'union qui relie les deux mentals – l'état de conscience supérieur de l'Ego et l'intelligence humaine du mental inférieur.

287 L'essence de l'Ego Divin est "flamme pure", entité à laquelle rien ne peut être ajouté et à laquelle rien ne peut être pris ; elle ne peut donc être diminuée, même si un nombre incalculable de mentals inférieurs en sont détachés, comme des flammes empruntées à une flamme. C'est une réponse à l'objection soulevée par un Esotériste qui demandait d'où venait cette essence inépuisable d'une seule et même Individualité, appelée à fournir un intellect humain pour chacune des personnalités dans lesquelles elle s'incarnait.

288 Le cerveau, ou mécanisme pensant ne se trouve pas seulement dans la tête, mais, comme vous le dira tout physiologiste qui n'est pas complètement matérialiste, tous les organes de l'homme, cœur, foie, poumons, etc., y compris tous les nerfs et tous les muscles, possèdent, pour ainsi dire, leur cerveau distinct, ou appareil pensant. Comme notre cerveau n'a rien à voir dans la direction à imprimer au travail collectif et individuel de chacun de nos organes, qu'est-ce qui les guide donc si sûrement dans leurs incessantes fonctions ? qui les pousse à lutter contre la maladie, à la chasser  et à agir, du plus grand au plus petit, non pas avec la régularité d'un chronomètre, comme  le prétendent certains matérialistes (car au moindre dérangement, à la moindre rupture, le chronomètre s'arrête), mais en agissant comme une entité douée d'instinct ? Dire que c'est la Nature, c'est ne rien dire, si ce n'est pas énoncer quelque chose de faux, car la Nature, après tout, n'est qu'un nom donné à ces mêmes fonctions, à la somme des qualités et attributs, physiques, mentaux, etc.., dans l'univers et dans l'homme, à tous les agents et à toutes les forces, guidés par des lois intelligentes.

 

Pour comprendre complètement et correctement cette doctrine métaphysique abstraite, il faut se bien pénétrer d'une idée que j'ai vainement cherché à communiquer aux Théosophes en général, savoir la grande vérité, évidente par elle-même, que la seule Réalité éternelle et vivante, c'est ce que les Hindous appellent Paramâtma et Parabrahman. C'est l'unique Essence Mère, à jamais existante, immuable et inconnaissable pour nos sens physiques, mais manifeste et clairement perceptible pour nos natures spirituelles. Une fois imbus de cette idée fondamentale et après avoir compris en outre, que si cette Essence est omniprésente, universelle et éternelle, comme l'Espace abstrait lui-même, nous devons être émanés d'Elle et devons un jour y retourner, tout le reste devient facile.

S'il en est ainsi, il devient évident que la vie et la mort, le bien et le mal, le passé et le futur, sont tous des mots vides de sens ou, tout au plus, des manières de parler. Si l'Univers objectif, lui-même, n'est  qu'une illusion passagère, en raison de son commencement et de sa fin, il s'ensuit que la vie et la mort doivent être toutes deux des aspects et des illusions. En fait, ce sont des changements d'état et rien de plus. La vie réelle se trouve dans la conscience spirituelle de cette vie, dans une existence consciente dans l'Esprit, et non dans la Matière ; et la mort réelle réside dans la perception limitée de la vie, dans l'impossibilité de sentir l'existence consciente ou même individuelle en dehors de la forme, ou, au moins, d'une forme quelconque de Matière. Ceux qui repoussent sincèrement la possibilité d'une vie consciente séparée de la Matière et de la substance cérébrale, sont des unités mortes. Les paroles de Paul, qui était un Initié, deviennent compréhensibles : "Vous êtes morts et votre vie est cachée en Dieu avec le Christ 289", ce qui revient à dire : Vous êtes personnellement de la matière morte, inconsciente de sa propre essence spirituelle, et votre vie réelle est cachée en Dieu (Atmâ) avec Ego (Christos) Divin, ou immergée en Lui ; s'est-elle maintenant séparée de vous, ô gens sans âme ? Au point de vue Esotérique, [VI 220] tout être irrévocablement matérialiste est un Homme mort, un automate vivant, bien qu'il puisse être doué d'une grande puissance cérébrale. Ecoutez ce qu'Aryasangha dit, à propos du même fait :

"Ce qui n'est ni l'Esprit ni la Matière, ni la Lumière ni les Ténèbres, mais bien leur récipient et leur source, voilà ce que tu es. A chaque Aurore, la racine projette son ombre sur ELLE-MÊME et c'est cette ombre que tu appelles la Lumière et la Vie, ô pauvre Forme morte. (Cette) Lumière-Vie coule du haut en bas de l'échelle des sept mondes, dont chaque échelon devient plus dense et plus sombre. C'est cette échelle de sept fois sept que tu escalades fidèlement et dont tu es le miroir, ô homme minuscule ! Tu es cela, mais tu ne le sais pas."

 289 Voyez Colos., III, 3.

 

C'est la première leçon à apprendre. La seconde consiste à bien étudier les Principes du Cosmos et de nous-mêmes, en divisant le groupe en permanents et en impermanents, en supérieurs et immortels, et  en inférieurs et mortels, car c'est seulement ainsi que nous pourrons maîtriser et guider, d'abord les principes inférieurs cosmiques et personnels, ensuite les supérieurs cosmiques et impersonnels.

Dès que nous pourrons faire cela, nous aurons assuré notre immortalité. Certaines personnes pourront dire : "Combien rares sont ceux qui peuvent le faire. Ce sont tous de grands Adeptes et personne ne peut atteindre à l'Adeptat en une courte vie". D'accord, mais il existe une alternative. "Si tu ne peux être le Soleil, sois alors l'humble Planète", dit le Livre des Préceptes d'Or. Et si cela même est hors de notre atteinte, efforçons-nous au moins de rester dans le rayon d'une étoile de moindre importance, afin que sa lumière argentée puisse pénétrer dans les ténèbres opaques à travers lesquelles s'allonge le sentier caillouteux de la vie, car faute de ce rayonnement divin nous risquons de perdre plus que nous le pensons.

En ce qui concerne les hommes "sans âmes" et la "seconde mort" de "l'Ame", dont il est question dans Isis Dévoilée (t. IV) vous constaterez que j'ai parlé de ces gens sans âme et même de l'Avitchi, bien que je n'aie pas nommé ce dernier. Lisez depuis le dernier paragraphe de la page 26 jusqu'au bas de la page 30, puis comparez ce qui est dit là avec ce que j'ai à vous dire maintenant.

La triade supérieure, Atmâ-Bouddhi-Manas, peut être reconnue dès les premières lignes de la citation tirée du papyrus Egyptien. Dans le Rituel, aujourd'hui intitulé le Livre des Morts, l'Ame purifiée, le double Manas, est représentée comme "la victime, de la sombre influence du Dragon Apophis", [VI 221] la personnalité physique de l'homme Kâmarupique, avec ses passions. "Si elle a atteint la connaissance finale des Mystères célestes et infernaux, la Gnose" – les Mystères divins et terrestres de la Magie Blanche et Noire – alors la personnalité défunte "triomphe de son ennemi" – la mort. Cela se rapporte au cas où, à la fin de la vie terrestre, le Manas inférieur, chargé de "la moisson de vie", opère sa réunion complète avec son Ego. Mais si Apophis est vainqueur de l'Ame, alors celle-ci "ne peut échapper à une seconde mort".

 Ces quelques lignes, tirées d'un papyrus vieux de plusieurs milliers d'années, renferment toute une révélation qui, à l'époque, n'était connue que des Hiérophantes et des Initiés. La "moisson de la vie" consiste dans les plus belles pensées spirituelles, dans le souvenir des actions les plus belles et les plus altruistes de la personnalité, et dans la présence constante, durant la période de béatitude dont elle jouit après la mort, de tous ceux pour lesquels elle éprouvait un amour plein de dévotion  divine et spirituelle 290. Souvenez-vous de cet enseignement : L'âme Humaine, le Manas inférieur, est le seul médiateur direct entre la personnalité et l'Ego Divin. Ce qui constitue sur cette terre la personnalité, improprement qualifiée d'individualité par la majorité, c'est la somme de ses caractéristiques mentales, physiques et spirituelles, qui, une fois imprimées sur l'Ame humaine, produisent l'homme. Or, parmi toutes ces caractéristiques, les pensées purifiées seules peuvent être imprimées sur l'Ego supérieur immortel. Cela a lieu, par suite du fait que l'Ame Humaine, dans son essence, s'immerge de nouveau dans sa source originale, se mélange avec son Divin Ego durant la vie, et se réunit entièrement à lui après la mort de l'homme physique. En conséquence, à moins que Kâma- Manas ne transmette à Bouddhi-Manas des idéations personnelles et un état de conscience de son "Moi" qui soient de nature à pouvoir être assimilés par l'Ego Divin, rien de ce "Moi" ou de cette personnalité ne peut survivre dans l'Eternel. Ce qui est digne du Dieu immortel qui est en nous, et d'une nature identique à celle de la divine quintessence, peut seul survivre ; dans ce cas, en effet, c'est sa propre "ombre" ou émanation, celle de l'Ego Divin, qui monte jusqu'à lui et qui est absorbée de nouveau par lui, pour faire, encore une fois, partie intégrante de sa propre Essence. Aucune noble pensée, aucune aspiration élevée, aucun désir, aucun amour immortel et divin, ne peuvent pénétrer dans le cerveau de l'homme d'argile, ni s'y installer, sauf en qualité d'émanation directe de l'Ego [VI 222] supérieur, se manifestant par l'entremise de l'inférieur ; tout le reste, si intellectuel qu'il puisse paraître, Procède de "l'ombre", le mental inférieur, associé et mélangé avec Kâma et s'efface et disparaît à jamais ; mais les idéations mentales et spirituelles du "Moi" personnel retournent à lui, en qualité de portions de l'Essence de l'Ego et ne s'effacent jamais. Ainsi, de toute la personnalité qui existait, ce qui survit et devient immortel, ce sont seulement ses expériences spirituelles, la mémoire de tout ce qui fut bon et noble, avec la conscience de son "Moi" mélangée à celle de tous les autres "Moi" personnels qui l'ont précédé. Il n'existe pas pour les hommes de cette terre d'immortalité distincte ou séparée, en dehors de l'Ego qui les animait. Cet Ego Supérieur est le seul véhicule de tous ses alter ego sur terre et leur seul représentant, dans l'état mental appelé Dévachan. Comme la dernière personnalité incarnée a toutefois droit à son propre état spécial de béatitude, sans mélange, et libre du souvenir de toutes les autres,  ce n'est que la dernière vie qui est pleinement vivante d'une manière réaliste. On compare souvent le Dévachan à la plus heureuse journée d'une série de plusieurs milliers d'autres "journées" dans la vie d'une  personne. L'intensité de bonheur de cette journée fait complètement oublier à l'homme toutes les autres, et son passé s'efface.

290 Voyez la Clef de la Théosophie, p.205 et seq. (3ème éd. française).

 

C'est ce que nous appelons l'Etat Dévachanique, la récompense de la personnalité, et c'est en se basant sur cet antique enseignement que fut édifiée la vague notion chrétienne du Paradis, empruntée, comme tant d'autres choses, aux Mystères Egyptiens, où cette doctrine  était représentée. C'est aussi le sens du passage cité dans Isis. L'Ame a triomphé d'Apophis, le Dragon de Chair. Dès lors, la personnalité vivra dans l'éternité, dans ses éléments les plus hauts et les plus nobles, la mémoire de ses actions passées, tandis que les "caractéristiques" du "Dragon" iront en s'effaçant dans le Kâma Loka. Si l'on nous pose cette question : "Comment vivre dans l'éternité, puisque le Dévachan ne dure que 1.000 à 2.000 ans ?" nous répondrons : "De la même manière que le souvenir de chaque journée qui mérite de ne pas être oubliée survit dans la mémoire de chacun de nous." A titre d'exemple, on peut prendre les journées écoulées dans une seule vie personnelle comme représentant chaque vie personnelle, et telle ou telle personne peut représenter l'Ego Divin.

Pour avoir la clef qui vous ouvrira l'accès de bien des mystères psychologiques, il suffit de comprendre et de se rappeler ce qui précède et ce qui suit. Bien des Spiritualistes se sont indignés lorsqu'on leur a dit que l'immortalité personnelle était conditionnelle ; pourtant tel est le fait philosophique et logique. Bien des choses ont déjà été dites sur [VI 223] ce sujet, mais personne jusqu'à présent ne semble avoir complètement compris la doctrine. En outre, il ne suffit pas de savoir que l'on affirme l'existence de ce fait. Un Occultiste, ou celui qui veut le devenir, doit savoir pourquoi il en est ainsi ; en effet, lorsqu'il aura appris et compris la raison d'être, il lui sera plus facile de rectifier les spéculations erronées des autres et, chose importante entre toutes, cela lui fournira l'occasion d'apprendre à autrui, sans en dire trop, à éviter une calamité qui, c'est triste à dire, se produit presque journellement à notre époque. Nous allons expliquer longuement quelle est cette calamité.

Il faut connaître vraiment bien peu les expressions employées en Orient, pour ne pas voir que la citation tirée du Livre des Morts et des pages d'Isis est (a) une allégorie, à l'usage des non-initiés, contenant notre enseignement Esotérique et (b) que les deux termes, "seconde mort" et "Ame" sont, dans un sens, des voiles. "Ame" se rapporte indifféremment à Bouddhi-Manas et à Kâma-Manas. Quant au terme "seconde mort", le qualificatif "seconde" s'applique à plusieurs morts par lesquelles doivent passer les "Principes" durant leur incarnation, et seuls les Occultistes comprennent tout à fait le sens donné à cette déclaration. Nous avons en effet :

  1. la mort du corps ;
    1. la mort de l'Ame Animale en Kâma Loka ;
    2. la mort du Linga Sharira Astral, qui suit celle du Corps ;
  2. la mort métaphysique de l'Ego Supérieur, de l'immortel, chaque fois qu'il "tombe dans la matière", ou s'incarne dans une nouvelle personnalité.

L'Ame Animale, ou Manas inférieur, cette ombre de l'Ego Divin, qui se sépare de lui pour animer la personnalité, ne peut en aucune façon échapper à la mort en Kâma Loka, du moins en ce qui concerne la portion de ce reflet qui reste comme un résidu terrestre et ne peut être imprimé sur l'Ego. Ainsi le secret principal et le plus important, en ce qui concerne cette "seconde mort", dans l'enseignement Esotérique, résidait et réside encore dans la terrible possibilité de la mort de l'Ame, c'est-à-dire de sa séparation d'avec l'Ego sur la terre, durant la vie de la personne. C'est une véritable mort (bien qu'elle comporte des chances de résurrection), qui ne laisse aucune trace sur la personne et en fait pourtant, moralement, un cadavre vivant. Il est difficile de s'expliquer pourquoi cet enseignement a été conservé si secret jusqu'à présent, alors qu'en le répandant parmi le public, au moins parmi ceux qui croient à la réincarnation, on pourrait faire tant de bien. Pourtant il en était ainsi et je n'avais pas le droit de discuter la sagesse de la prohibition : je me suis bornée à communiquer Jusqu'a présent cet enseignement comme il m'avait été communiqué, c'est-à-dire sous serment de ne pas le révéler [VI 224] au public en général. Mais maintenant je suis autorisée à le communiquer à tous, à en révéler d'abord les doctrines aux Esotéristes, puis, lorsque ceux-ci se les sont assimilées complètement, il sera de leur devoir d'enseigner aux autres cette doctrine spéciale de la "seconde mort", et de mettre tous les Théosophes en garde contre ses dangers.

Pour rendre l'enseignement plus clair, j'aurai l'air de revenir sur un terrain déjà parcouru, mais en réalité ce sera avec une nouvelle lumière, et de nouveaux détails. J'ai cherché à faire allusion à cet enseignement clans le Theosophist, comme auparavant dans Isis, mais je n'ai pas réussi à me faire comprendre. Je vais m'expliquer maintenant, point par point.