Eveille de la Kundalini,

 

les chakras ne sont pas matériellement présents, et ne peuvent donc pas être décrits d'un point de vue purement matérialiste ou physiologique. Nous devons par conséquent évoquer les aspects subtils de ces centres psychiques, qui travaillent en coordination avec les nerfs, les cellules et les fibres reliés par des conducteurs au système nerveux, aux organes des sens et aux organes fonctionnels. Il est important de préciser, notamment à ceux qui veulent éveiller la kundalinî, que le matériau de cette dernière est le support immobile de toutes les opérations et activités du corps et que, au même titre que la conscience, elle ne possède pas d'organe. La kundalinî maintient en vie tous les êtres du monde par le biais de l’inspiration et de l’expiration: c’est une force vitale.

Le terme kundalinî vient du mot sanscrit kundal, qui veut dire « bobine ». On la compare au serpent qui, pour dormir ou se reposer, s'enroule. Le rapprochement entre la kundalinî et un serpent s’explique par la nature de son mouvement en spirale. La kundalinî est une dimension de la conscience suprême, éternelle, qui est à la fois avec et sans attributs. Dans son aspect sans attributs (nirguna), la kundalinî correspond à la volonté de la conscience cosmique et est donc pure conscience. Dans son aspect avec attributs (saguna), cette énergie est souvent personnifiée sous les traits de la Grande Déesse, tout comme l'énergie primaire ou shakti, est personnifiée sous les traits de Shakti. C'est la puissance de la kundalinî qui pousse les êtres à agir. Dans les corps individuels, cette énergie est dormante, sorte de centre statique autour duquel évolue toute forme d'existence. Dans te monde phénoménal, un pouvoir, un arrière-plan statique se cachent dans et derrière toute activité.

L'étude du Hatha Yoga et d'autres textes tantriques montre que la Kundalinî est de l’énergie sous une forme statique et cinétique, présente dans tous les phénomènes manifestés. L'énergie cinétique participe à la survie de ce phénomène tandis que dans l’état de fonctionnement normal de la conscience, l’énergie statique reste dormante. Lorsque, atteignant un certain degré de conscience, on se rend compte que la vie recèle un objectif plus élevé qu'il existe un niveau de conscience, au-delà de la veille, du sommeil et du rêve, une fois tous les désirs d~ nature sensuelle satisfaits, quand on n’éprouve plus aucune attirance pour le monde phénoménal, on fait alors l'expérience d'un état de non attachement, d'introspection. Renoncer à la satisfaction ouvre les portes de l'univers intérieur, et apporte une lumière qui conduit à l'union, union entre la dualité de l'esprit et de la matière.

À ce moment de transformation totale, l'énergie statique devient cinétique et, prenant un cours contraire à la loi de la gravitation, traverse tous les centres psychiques situés dans l'épine dorsale. La force qui canalise l'énergie à travers le canal central provient de la fusion des ions négatifs du prâna avec les ions positifs de l' apanâ. L' apanâ a son siège dans la région située en dessous du nombril, la zone pelvienne. L'énergie qui dort à la base de la colonne vertébrale est donc statique; elle repose à l'endroit où le coccyx s'articule avec le sacrum en un groupe de nerfs évoquant une racine fibreuse. Traditionnellement, il est appelé Mûlâdhara-Chakra, ou plexus de base. Si l'on suit les préceptes du Hatha Yoga et que l'on pratique le Laya Karma (c'est à dire, des mudrâs ou gestes) et des âsanas ou positions, tout en méditant, en récitant des mantras et en faisant appel aux techniques de visualisation, on peut activer cette énergie latente, qui travaille avec les systèmes nerveux parasympathique et autonome, associés aux principaux ganglions. L'énergie dormante est dirigée vers le point le plus élevé, le septième chakra, présenté comme le siège de la conscience. Cette fois encore, une fusion se produit entre les ions positifs et négatifs. La force générée par cette fusion engendre une grande illumination, qui détruit l'ignorance de l'esprit, cause primaire de la dualité. En accédant à cet état, on développe une conscience non dualiste et on atteint l'illumination. D'après les écrits hindouistes, le véritable yogi traverse l'océan de la naissance, de la maladie, de la vieillesse et de la mort.

Une fois éveillée, cette énergie dormante parcourt les nâdis. Le mot nâdi vient de la racine sanscrite nad, qui signifie mouvement. Dans la Rigveda, le plus ancien livre hindouiste, le mot nâdi est synonyme de « flux ». Le concept de nâdi est proche de celui de canal; tout canal où circule un élément est un nâdi. Les méridiens en acupuncture reposent sur le même principe: flux du système cardio-vasculaire, flux du système lymphatique, nerfs, muscles, artères, veines, manovahini ou manovaha (le canal de l'esprit) et chittavaha (le canal de l'être). Nâdi peut ainsi être traduit par « vaisseau », « canal », « cordon », « tube » ou « conduit ».

Conformément à la définition précédente, il existe deux sortes de nâdis :

 - Canaux invisibles de l'énergie subtile

- Physiques... canaux visibles de l'énergie subtile tels que cordons, vaisseaux ou tubes.

Cette explication montre clairement que les nâdis ne comprennent pas uniquement les nerfs, mais toutes sortes de canaux; c'est pourquoi on n'utilise pas le terme « nerfs » pour les nâdis dans les textes de l'Ayurveda, l'ancienne médecine indienne. En anatomie tantrique, on ne trouve pas de description des systèmes nerveux physique et subtile. La tradition différencie deux éléments fondamentaux dans l'univers: la matière et l'énergie ou, en d’autres termes, la saguna (« avec attributs ») et la nirguna (« sans attributs »).

Dans le tantra, la matière est traitée comme le véhicule de l’énergie, que l’on considère comme conscience (sauf toutefois l'énergie dénuée de conscience). Cette 6nergie, lorsqu ' elle devient consciente, trouve son propre véhicule, le manas ou esprit. La conscience est quadruple et composée des éléments suivants :

-        ManasEsprit

-        BuddhiIntellect

-        Ahamkara      Identification (ego)

-        ChittaÊtre

Tout en prenant des formes physiques, elle s'étend à travers cinq koshas, ou enveloppes, réagit dans tout le corps physique, son meilleur moyen d'expression. Ces enveloppes sont :

-        Annamayi kosha                Enveloppe de la matière

-        Pranamayi kosha                Enveloppe de l’air vital

-        Manomayi kosha                Enveloppe de l’esprit

-        Vijnânamayi kosha    Enveloppe de la connaissance

-        Anandamayi kosha    Enveloppe de la béatitude

 Le corps physique réunit trois composants appelés mula prakriti :

 -       (1) manas               (esprit),

-        (2) buddhi               (intellect),

-        (3) ahamkara           (ego/identification), et Pranamayi Kosha

  Les cinq enveloppes de la conscience Manomayi Kosha Xijnânamayi  cinq éléments:

-        (4) âkâsha              (espace/éther),

-        (5) vâyu                 (air),

-        (6) agni                  (feu),

-        (7) âpah                 (eau)

-        (8) prilhvi                (terre).

 Les cinq éléments constituent les trois doshas, ou humeurs fondamentales du corps :

-        Vayu                      vent (de l'élément air)

-        Pilla                       Bile (de l'élément feu)

-        Kapha           Muqueuse (combinaison des éléments eau et terre)

Il existe par ailleurs trois gunas, ou qualités, qui agissent par l'intermédiaire des doshas :

-        Saltwa                   (sérénité, clarté)

-        Rajas            (passion)

-        Tamas                    (paresse, obscurité)

On se rend compte ainsi que toute l'octave des prakriti est représentée dans l'organisme humain (un proverbe tantrique connu dit « il en est du microcosme comme du macrocosme »). La force qui assure les connexions dans tout ce réseau est vâyu prâna, qui agit à travers certains nâdis Prana vaha Nâdi (porteur de la force prânique) et Manovaha Nadi (porteur de la force mentale).