"Les Vérités Éternelles", Résolutions du Nouvel An

Chacun, certainement, a pris de bonnes résolutions pour le Nouvel An et, tout aussi certainement, n’a pas réussi à s’y tenir. Il y a forcément une raison à cet échec, tout comme au fait qu’à une certaine période de l’année, nous nous sentons enclins à prendre des résolutions. Ces raisons sont enfouies dans le tréfonds de notre être. À notre insu, probablement nous avons une perception naturelle de la loi occulte quand nous tenons compte de ce moment de l’année. Les anciens célébraient et comprenaient ce qu’ils appelaient «la naissance du Soleil», ou le retour du Soleil à son cours septentrional, qui débute le 21 décembre. Ils savaient que toutes les forces occultes de la Nature reprennent une tendance ascendante et croissante lorsque revient le Soleil. À mesure que les rayons du soleil deviennent plus chauds et plus forts, la puissance de toutes les autres forces à l’œuvre derrière le soleil, et derrière nous-mêmes, augmente en nous. Dans la marée montante du renouveau spirituel et psychique, tout ce que nous avons le désir de faire à une impulsion plus forte qu’à tout autre moment de l’année.

La raison de nos échecs est notre incompréhension de notre propre nature. Celle-ci entraîne une incapacité à utiliser la force et l’influence présentes en nous, en ce qui nous concerne physiquement, et nous éprouvons alors des difficultés à tenter de concrétiser nos résolutions, quelles qu’elles soient. Notre première erreur consiste à prendre des résolutions négatives, du genre "je ne boirai pas, ne mentirai pas, ne ferai pas ceci, ni cela". Alors que la bonne résolution à prendre serait de dire "je ferai ceci" — le contraire de ce que nous faisons actuellement. Dans ce cas, nous affirmons directement notre volonté, alors que l’autre forme de résolution nous met dans une position purement négative. Peut-être avons-nous pensé, à propos de nous-mêmes ou des autres, qu’en ne faisant pas un certain nombre de choses répréhensibles, nous serions «bons». En réalité, nous nous contentons de «ne pas être mauvais» — encore une attitude négative. La véritable bonté est une attitude positive.

Pour concrétiser nos résolutions, il nous faut faire appel à la volonté de l’homme, car cette volonté n’est limitée par aucune forme d’obstacle. Mais il ne s’agit pas ici de la volonté comprise dans son sens ordinaire. On a tendance à considérer qu’une personne très déterminée pour atteindre ses objectifs est douée d’une «forte volonté» et est d’un caractère très positif ; mais une telle personne ne manifeste qu’une certaine sorte de volonté. Bien plus que de la Volonté, elle a des désirs, très, très forts, et elle cherche à les satisfaire.

La volonté elle-même se manifeste de nombreuses façons, dont certaines phases passent tout à fait inaperçues. La volonté même de vivre est un aspect caché de la Volonté. Sans elle, nous ne vivrions pas. Ce n’est pas le corps qui nous retient ici-bas, mais le désir de vivre. Derrière la Volonté se tient toujours le Désir. De même, tous les organes et fonctions de notre corps furent élaborés jadis par un effort conscient. Même le processus de la digestion, de l’assimilation, les battements du cœur, les diverses qualités et fonction de l’ensemble des organes, tous furent développés par une évolution consciente. Actuellement, notre corps fonctionne de manière automatique, pendant que nous utilisons notre conscience, nos perceptions et notre attention dans d’autres domaines. Ainsi, notre volonté opère en fait dans toutes les parties de notre vie physique, bien que nous ne soyons pas toujours capables de le percevoir et de le comprendre. Il y a aussi une phase mentale de la volonté qui peut être cultivée par la pratique : la fixation de notre attention, ou la concentration dans certaines directions, qui est capable de produire les effets désirés.

Mais la Volonté véritable et réelle est connue comme Volonté Spirituelle : elle jaillit comme la lumière et tranche tous les obstacles comme une épée aiguisée. C’est cette Volonté, qui procède de la partie spirituelle la plus élevée de notre nature qui fait de l’homme le produit d’une évolution de l’intérieur vers l’extérieur, à travers toutes les formes de substance qui ont existé, et qui se poursuit en élaborant d’autres instruments dans l’état actuel de la matière. Tous les pouvoirs existants, ou susceptibles d’exister, sont latents dans la nature spirituelle, aussi mal exprimés qu’ils puissent être. Nous faisons appel à cette nature spirituelle, d’une certaine manière, mais dans une mesure réduite, parce que pour la plupart, nous sommes tellement obnubilés par l’existence physique que nous en sommes venus à la conclusion que la vie se résumait à celle-ci.

Nous fûmes autrefois conscients de notre nature spirituelle, mais, à mesure que nous sommes descendus jusqu’au niveau actuel, par les divers plans de matière, notre croissance s’est faite, dans le sens de l’intellect, aux dépens de la perception spirituelle. Avec notre intellect, nous raisonnons toujours des prémisses aux conclusions, alors que la nature spirituelle a le pouvoir de connaître directement la nature de toute chose considérée. Ainsi, notre gain sous l’angle de l’intellect s’est effectué au détriment de la vision spirituelle intérieure, et, en théologie, en science et en psychologie, il est inutile de procéder en partant des perceptions personnelles et physiques pour arriver à comprendre ce qu’est l’homme en réalité ; leurs causes psychologiques ne sont que des réflexions, des idées physiques. Si nous devons réaliser notre nature propre, il nous faut commencer au point le plus élevé de celle-ci – en assumant ce qu’Elle est, et en nous tenant au pouvoir de cette assomption. Nous commençons à voir clair du fait même de l’affirmation de la nature spirituelle.

Au point où nous en sommes, nous faisons toujours usage de notre volonté suivant la ligne de nos désirs, de nos attachements et répulsions, en croyant que tout cela constitue une base convenable pour la pensée et l’action. Ce qu’il nous faut avant tout c’est une base correcte pour notre pensée. Nous devons rejeter l’idée fausse que nous serions des créatures faibles, pécheresses, porteuses aussi des fautes de nos parents, ainsi que des parents qui les ont précédés, parce que nous sommes nés de cette façon. Nous devons rejeter l’idole mentale d’un créateur extérieur. Nous devons comprendre le but de la vie, voir que nous sommes la résultante des nombreuses vies antérieures qui ont été les nôtres et reconnaître le fait d’une évolution qui se produit suivant la loi — une loi à la fois vraie et miséricordieuse — qui opère partout. C’est parce que cette loi opère en suivant un mouvement cyclique d’impressions que nous avons tendance à prendre chaque année, des résolutions au Nouvel An. En comprenant et en utilisant cette loi de récurrence, nous pourrions concrétiser ces résolutions.

Cependant, ces résolutions sont souvent prises parce qu’il «convient» de le faire – sans qu’on s’attende réellement à les réaliser. Nous les gardons en mémoire pendant plusieurs jours — elles nous tiennent en respect quelque temps — puis, progressivement, les vieux désirs se réaffirment, et nous nous retrouvons à marcher sur l’ancienne route. Les résolutions ne nous feront jamais aucun bien si nous ne nous y tenons pas. Un désir n’est pas une obligation. Le simple désir ne nous mènera jamais à rien. Nous devons le maintenir, et adhérer à notre résolution ; nous devons exercer notre volonté, et nous attacher à l’objet de cette volonté sans défaillir. Nous ne pouvons nous débarrasser du mal en nous, ni d’aucune chose désagréable, simplement en y pensant ; car, comme on le dit à juste titre, c’est en pensant à une chose que nous y sommes attachés. Plus nous nous tenons à ne pas penser aux mauvaises choses en nous et mieux cela vaut ; pensons à leurs opposés, et le mal n’aura aucune chance de revenir. L’attachement se fait par la pensée, en tout premier lieu. Le désir existe tout d’abord dans la pensée. Puis, vient l’action. Il nous faut une base solide pour notre pensée si nous devons jamais nous exprimer comme nous devrions, c’est-à-dire comme des êtres spirituels.

Pourquoi avons-nous tous nos petites théories sur la vie, sur les religions ou les philosophies ? Parce qu’elles se conforment à nos propres désirs, et non parce qu’elles reflètent la vérité ou qu’elles donnent vraiment une explication à tous les mystères qui nous entourent. C’est la raison pour laquelle, après tant de milliers d’années de ce que nous appelons la civilisation, nous ne sommes pas devenus plus sages et tournons encore dans la vieille cage d’écureuil de la vie et de la mort, avec le chagrin, la souffrance et la douleur qui s’y attachent. Cependant, nous n’en sommes pas prisonniers, à moins de nous y enchaîner par nos pensées et nos actions. Nous ne sommes pas obligés par nécessité de passer toujours par ces plans d’erreur comme nous le faisons.

Il y a une chance pour nous, si nous comprenons notre véritable nature. Alors, prenons une grande résolution : celle de connaître, de penser juste, et d’agir juste ; d’acquérir quelque chose de la connaissance qui a toujours existé — la connaissance de l’homme en tant qu’être spirituel, qui le reste à travers toutes ses fluctuations dans le règne de la matière. A mesure que nous nous reposerons de plus en plus sur le Soi intérieur, nous commencerons à exprimer et à utiliser le pouvoir que nous avions déjà — et qui est bien supérieur à ce que nous imaginons. Nous devrions nous aider en saisissant les suggestions déjà faites dans les enseignements de la Théosophie — et qui sont celles des Maîtres. Alors, à mesure que le soutien de la volonté sera maintenu dans la direction de ce que nous désirons accomplir, une aide plus directe nous viendra des Frères Aînés, qui, à chaque instant, «sont désireux et anxieux de rencontrer ceux dont les yeux sont suffisamment ouverts pour voir leur véritable destiné et qui ont un cœur assez noble pour travailler pour la 'grande orpheline' – l’Humanité».